A force d'avoir une vie aussi mouvementée, Myad aurait dû être habituée à ce qu'elle soit bouleversée. Ce n'était bien entendu pas le cas - l'inverse aurait été trop facile. Vous vous rendez compte ? La laisser se remettre pour l'assommer sans qu'elle ne ressente rien ? Cela n'aurait eu aucun intérêt. L'hybride était vouée à la solitude de la souffrance, et toute solide qu'elle soit, il lui était chaque fois un peu plus dur de se relever de ses chutes. Chutes qu'elle ne provoquait pas ; on la poussait. Le Destin trottinait autour de ses hanches en la mordillant dans le cou, riant et dansant, avant de la pousser d'un doigt innocent, pour qu'elle tombe, tombe, tombe...
Une chaleur très douce, incroyablement apaisante, coula autour de son âme en tâchant d'apaiser ses tourments. Le soleil après la pluie, la lumière après l'obscurité. Une présence familière et rassurante qui adoucissait sa solitude et la tirait en douceur du précipice.

*Yenlui...*
*Ayahantê.*

Sa voix grave, chaude, beaucoup plus mûre qu'à son éclosion, empli sa Dragonnière d'une joie pétillante. Son absence lui pesait. Si cette souffrance était verrouillée quelque part dans son coeur abîmé, le revoir lui rappelait ce qu'ils étaient l'un pour l'autre ; Myad n'aimait jamais à moitié. Et son affection pour son dragon en était la preuve vivante, volante et dorée.

*Marek a agi avec son coeur, pas avec sa tête.*
*Les gentils font des choses stupides.*
*Et les méchants s'inquiètent pour les gentils ?*

Une certaine ironie teintait les pensées du reptile tandis qu'il suivait, à travers le regard de sa compagne, sa course dans les rues bondées.

*Non. Les méchants font semblant de rien mais commettent les mêmes erreurs, tout en refusant de l'admettre.*

Elle songea à Brexinga, à sa réaction démesurée, à sa joie démesurée, au fait qu'il l'avait tout simplement ignorée.
La colère lui vrilla le coeur.
Une fois attachée à quelqu'un, surtout aussi proche, la jeune femme supportait difficilement la concurrence... A moins d'y avoir toujours été habituée. Marek avait bien une épouse. Elle appréciait Leyra, c'était une amie après tout. Mais... Mais. L'élève aimait, respectait, protégeait son maître. Le maître devait faire de même pour son apprenti. Il ne devait pas y avoir de zone d'ombre, de donnée floue, d'imprécision. Pas de Krystale. Qu'était cette engeance pour mettre le chaos là où il ne fallait pas ? A cause d'elle, l'Empereur était méconnaissable. A cause d'elle, Marek avait failli mourir.

*Cela ne te ressemble pas.*
*La jalousie, hein ? Je ne suis pas jalouse.*
*Alors qu'as-tu ?*
*Je suis en colère, c'est tout.*
*Contre qui ?*

Silence. Myad mâchonna plusieurs réponses possibles, puis finit par opter pour la meilleure.

*Tout le monde.*

Le dragon, amusé, accueillit cette conclusion acerbe en hochant doucement la tête. Il examinait depuis quelques secondes déjà une petite, toute petite silhouette qui se faufilait entre les gens sans leur prêter nulle attention. La foule se fendait sans trop de mal, le mauve autour de son cou et l'épée dans sa main étant des arguments suffisants.

*Il se dirige vers le cimetière.*
*Merci.*

Même sans l'aide de son compagnon perché sur les toîts, elle l'aurait trouvé.
N'importe où, n'importe quand, la Gardienne retrouverait son frère de coeur. Qu'importe comment. Elle ralentit sa course, approchant de rues beaucoup plus silencieuses et bien moins animées que le reste de la ville.

Elle se glissa d'un pas vif dans le lieu consacré aux morts ; c'était la première fois. Il faut dire que ceux qu'elle avait perdu avaient été désintégrés par... Elle-même, en quelque sorte. Personne n'aurait pu - voulu - les enterrer. La demi-drow n'avait pas envie d'y aller un jour pour quelqu'un.
Il était là.
Elle s'arrêta.

Son arôme courut le long de ses poumons, plus épicé, plus violent encore qu'autrefois... Au-delà du bonheur qu'elle ressentait à le retrouver, le courant électrique qui l'appelait était toujours présent, aussi vivace. C'était comme si leur lien s'était accru. Il est vrai qu'à présent, Marek était lui aussi un Gardien. Les deux derniers... Ou les deux premiers ? Peut-être qu'un jour leur famille serait réunie. Peut-être. En attendant il était sa deuxième famille...
Et elle n'aurait pour rien au monde raté l'occasion de le retrouver.

- M'Ehiatê Raï... l'appela-t-elle, doucement, pour qu'il se retourne.

Celle qui avait plus de deux fois son age se glissa derrière lui, doucement, entourant de ses bras son corps puissant. La dernière fois qu'elle l'avait étreint, il était inconscient.
Elle pouvait sentir sa force, sa tension aussi, sous sa peau dorée.

- Mon ami, mon frère...

Elle se blottit contre lui, une étrange sensation de paix l'envahissant... Et son collier émettant une chaleur persistante.
Le Rubis et les Diamants réunis. Les pierres précieuses pétillaient paisiblement. Enfin ensemble.

Juché sur Midnight, Nordrassil en main, Marek allait au pas à travers les rues sombres de Dras Léona, sa ville natale. Le cimetière était de l'autre côté de la ville, un peu à l'extérieur. Une aubaine, au moins il n'y aurait pas trop de monde.
Il se sentait oppressé au milieu des soldats de l'Empire. Et surtout... observé.[/i]

* On nous suit du regard. * commenta son aïeul.
* Je venais de m'en faire la réflexion.*
* C'est un dragon. Doré. Comme Kael'Thas...* ajouta Fuhalla avec une note de regrée au souvenir de son dragon.
* Laisse moi deviner: c'est un mâle plutôt jeune non?*
* Euh... Oui... *

Un sourire s'étira dans l'ombre de la capuche de Marek.

* Yenlui...*
* Tu le connais? *
* Oh oui, c'est le dragon de Myad! * répondit le pyromancien d'un ton enjoué.

[...]


Marek arrêta sa monture devant la grille du cimetière, et sauta sur le sol. Il attacha le cheval à un piquet et flatta son encolure.

* Nous y voilà. *

Il avança, toujours sous le couvert de l'identité de Fuhalla, Nordrassil lui servant de canne à la manière d'un vieux docteur un peu fou.

* Je trouve que ça te va bien, ce style druidique. *
* Peut-être. Mais que pour le civil alors. J'ai toujours préféré les grosses armures en temps de guerre.*
Fuhalla eut un rire mental mais ne répondit pas.


Après quelques minutes de recherche, il finit par s'agenouiller devant la tombe de ses parents. Des tombes simples, sans fleur.
L'émeraude de Nordrassil s'illumina alors. D'habitude, cela signifiait que des lianes sortiraient du sol pour emprisonner un éventuel ennemi. Mais sous cette forme, la magie créa un joli parterre de fleurs autour des tombes des Krayt.

* Merci... * pensa Marek, le coeur serré.
* Ils sont aussi mes enfants, je leur dois bien ça... *


Perdu dans ses pensées, l'ex dragonnier ne sentit pas sa soeur de coeur arriver dans son dos.
C'est le rubis, qui en vibrant légèrement, lui fit comprendre qu'il avait de la visite. Se relevant, lâchant Nordrassil, il accueillit avec joie Myad dans ses bras.
Elle avait changé. Son entraînement avec Brexinga l'avait rendu encore plus farouche physiquement. Mais c'était toujours la même Myad qu'il avait connu...

- Oh Myad... Merci... Merci pour tout... Tu m'as tellement manqué!

La brûlure de son parfum, le flamboiement de sa peau à travers le tissu firent frissonner la jeune femme - pas de froid, mais d'apaisement, de joie. Il était là, il était là, il était là. Marek la prenait dans ses bras et la serrait contre lui. Tous les nuages, les vents glacés cessèrent de tourmenter le ciel de son coeur pour ne laisser qu'un limpide bleu d'été. Les pendentifs s'entrechoquaient presque, celui de la jeune femme prisonnier de son corset ne pouvant entrer en contact avec son homologue. Elle respirait lentement, profondément, s'imbibant de sa présence.

- Oh Myad... Merci... Merci pour tout... Tu m'as tellement manqué!
- Toi aussi, mon frère, toi aussi tu m'as manqué...

Elle se pelotonna contre lui, son visage dans le cou irradiant de chaleur de son ami. Cela ne la dérangeait pas - c'était comme si il avait toujours été ainsi. Comme une évidence.

- Mais c'est à moi de te remercier. Tu as accepté mon départ, tu m'acceptes toujours dans tes bras malgré nos positions politiques. Tu ne m'en veux pas d'avoir... De n'avoir rien pu faire tout à l'heure.

Cela la contrariait beaucoup, c'était certain.

- Tu es rétabli, à ce que je vois ? Voilà une bonne chose. Je suis navrée de n'être pas restée plus longtemps, mais je craignais que l'Empereur ne vienne lui-même me chercher.

Elle lui mordilla le cou prudemment de ses canines pointues, joueuse, avant de se reculer pour mêler leurs yeux.

- Alors, ami Gardien ? murmura-t-elle. Parle-moi de ce que j'ai eu le crime de rater : ta révélation, tes impressions. Raconte-moi.

Lorsqu'il découvrit son visage, la jeune femme tressaillit presque en apercevant une expression qu'elle ne lui connaissait pas. Marek joyeux, fantasque et insouciant, où était-il sinon étouffé par la tristesse, la fatigue et la lassitude ? Lassitude qui le poussa à se façonner un siège de terre, demande de repos qui n'attira aucun commentaire de son amie mais qui ne l'imita pas non plus. Elle était certes secouée psychologiquement, mais son corps était on ne peut plus vivant. Entre son entraînement quotidien, les missions diverses et la manie de Brexinga à la pousser toujours plus loin, Ayahantê avait intérêt à être au mieux de sa forme.

- Je n'en peux plus je dois te l'avouer. Après ce qui est arrivé au manoir, cela fait une semaine que je chevauche pour ramener Krystale à Brexinga, et voilà comment je suis accueillis...

Il n'y avait que les tendres pour croire naïvement en la générosité d'un seigneur. A sa place, la Leonienne aurait contacté Brexinga à l'avance, par un messager, pour lui faire savoir à la fois sa découverte et ses intentions pacifiques. Il fallait toujours prendre des gants avec ses ennemis, et Marek sur ce coup n'avait absolumment pas été prudent.

- Je ne verrais pas pourquoi je t'en voudrais. La vie est faite de choix, tu fais les tiens, ils te mènent où tu veux. Je suis également content de te voir revenir dans mes bras malgré ça! Les choses changent. Heureusement, il y en a qui ne changent jamais...
- Mes choix ne me mènent pas toujours où je le voudrais, car ils m'éloignent de toi. Cependant, j'aime à croire que notre amitié fait partie de ces choses qui ne changeront jamais.

Marek resta silencieux un moment ; Myad s'approcha de lui pour lui caresser les cheveux, soucieuse. Il avait l'air harassé. D'un autre côté, il n'avait pas été épargné ces derniers temps...

- La révélation... Je t'avoue avoir eu du mal à l'encaisser au début. J'ai d'ailleurs démissionner de mon poste à l'Alliance, laissant la place à Samoth. Tu sait qu'il a choisit Leyra comme seconde?

Oui, elle le savait. Ce changement de chef avait beaucoup fait parler à Dras Leona. Ayahantê avait été à la fois soulagée, car cela déplaçait le viseur ailleurs que sur son frère de coeur, mais avait été contrariée de trouver un ami à elle à la place. Ne pouvaient-ils y mettre quelqu'un qu'elle n'aurait aucun remords à tuer ? Il y en avait tellement...
Quand à Leyra... Si c'était une Dragonnière, et une femme de réflexion, elle souhaita pour elle qu'il ne lui faille jamais assumer la charge de chef à son tour. Cela n'avait rien de personnel ; l'épouse Krayt n'avait pas les épaules, tout simplement. Seconde, par contre, pourquoi pas effectivement.

- Sinon je m'adapte. Regarde cette tenue par exemple.

Comme s'il se contentait de fermer la bouche ou de bouger un orteil, son ami s'embrasa violemment, le rougeoiement des flammes faisant reculer la demi-drow et rétrécir ses pupilles. Elle observa avec intérêt la luminescence très visible du Rubis au coeur de ce torrent de sang avant que tout ne s'évanouisse en un clin d'oeil.
Myad mima un applaudissement, un sourire amusé aux lèvres, sa façon de le taquiner sur ce déploiement inutile de puissance.

- En plus d'être à mon gout, elle est entièrement ignifugée. Parfaite non?

La jeune femme approuva, sérieuse.

- C'est la moindre des choses. A quoi cela sert-il d'avoir un grand pouvoir si l'on ne peut s'en servir pour protéger ceux que l'on aime ?

Ou ses intérêts. Ou son argent. Ou même ceux que l'on hait. Bref, protéger, quoi. Elle examina attentivement la matière du vêtement ignifuge, intéressée, tout en continuant :

- J'aimerais te demander de notre famille brisée, mais je préfère que tu ne m'en donne pas. Dis-leur simplement que je ne les ai pas oublié et qu'ils sont toujours en mon coeur.

Marek savait de qui elle parlait : lui, Leyra et Hally, leurs dragonnes, Samoth et Djenka, Dark bien sûr. Si elle ne voulait rien savoir c'était par prudence. On ne sait jamais.

- Mais dis-moi...

Elle se redressa, sourcils froncés. Son regard de faucon fixa intensément son interlocuteur durant quelques instants, incisif.
Cela faisait un moment que Yenlui et une part de son esprit avaient remarqué que certaines choses clochaient.

- ... Qu'est-il arrivé à Hathir ?

Les craintes du duo de Dragonniers au service de l'Empire se révélèrent confirmés ; anxieux, Yenlui tendit le cou de là où il se trouvait, geste inconscient tandis qu'il regardait à travers les yeux de sa compagne. Ils retinrent leur souffle ensemble lorsque les pupilles de chat glissèrent sur la marque morte, alliance terminée, fantôme brûlé qui ornait la paume de Marek. Myad expira lentement, remontant son regard indéchiffrable pour croiser celui de son frère.

- Je ne suis plus Dragonnier... Hathir n'a apparemment pas survécu quand Malsabot s'est emparé de mon esprit... Dark est maintenant veuve et leurs enfants orphelin...

La jeune femme hocha doucement la tête pour lui signifier qu'elle comprenait, qu'elle n'avait pas besoin de lui. Ses doigts frôlèrent sa joue en une caresse de papillon. Le temps arrangerait la blessure, sans jamais la guérir.

- Et toi? Comment va Yenlui? Je l'ai sentit qui nous espionnait tout à l'heure...

La demi-drow sourit, dévoilant la pointe de ses canines.

*Comme un dragon au service d'un petit monstre peut aller. Ravi de te revoir, Marek.*

- Il grandit à son rythme. Tu sais qu'il pousse plus lentement que la norme, alors je profite encore un peu de sa taille raisonnable. Quand je pense que si nous survivons, il attendra un jour le gigantisme d'Arget...

S'ils survivaient.

- L'Empereur est juste et bon avec nous. Il nous apprend de nombreuses choses. Je veux que tu saches que je ne suis pas malheureuse, ici. Il ne manque qu'un droit de visite à Aberon de temps en temps pour que je m'estime satisfaite.

Marek envoya un sourire mental (si si ça se fait^^) à Yenlui et son regard gris de lune se tourna vers celui de sa presque-soeur.

- Profite, profite. Quand il faudra l'aider à se curer les crocs parce qu'il aura manger un mouton sans enlever la laine, tu verras c'est moins drôle!

Il rit un petit coup et écouta la suite du récit de Myad.

- L'Empereur est juste et bon avec nous. Il nous apprend de nombreuses choses. Je veux que tu saches que je ne suis pas malheureuse, ici. Il ne manque qu'un droit de visite à Aberon de temps en temps pour que je m'estime satisfaite.

[Omg ça me rappelle la Théologie de Naheulbeuk et l'apparition des Dieux en Terre de Fangh: "Il vit que c'était juste et bon. Et vachement destroy"...]

- Je ne doute pas de l'hospitalité de l'Empereur avec ses amis. Je vois que tu t'es musclée, tu parais encore plus féroce comme ça. Pour ton droit de visite, tu sais que tu auras toujours une chambre au manoir au pire. Et ton père est toujours le bienvenue chez nous...

Un corbeau passa au dessus d'eux en croassant.

- Je ne me suis que trop attardé ici. Ma tête est mise à prix je te le rappelle.

Il se leva, et son fauteuil improvisé retourna à la terre d'où il venait.
Il serra Myad dans ses bras, et l'embrassa sur le front.

- Se fut un réel plaisir de t'avoir revu, frangine. Prenez soin de vous deux et puissions-nous nous revoir ailleurs que sur le champs de bataille!

Il ramassa Nordrassil, rabattit sa capuche sur son visage. La protection de Fuhalla était toujours active. Après une révérence devant sa soeur de coeur, il retourna vers Midnight.

Il détacha le cheval, et grimpa dessus. Il passa le bâton dans son dos, et regarda Myad. Lui faisant un signe de la main, il fit se cabrer sa monture qui hennit.

Puis il se retourna, et quitta la ville. Il avait fait ce qu'il avait eu à faire...

[MDR j'adore ta citation]

- Je ne doute pas de l'hospitalité de l'Empereur avec ses amis. Je vois que tu t'es musclée, tu parais encore plus féroce comme ça. Pour ton droit de visite, tu sais que tu auras toujours une chambre au manoir au pire. Et ton père est toujours le bienvenue chez nous...

Qu'il soit ou non le bienvenu, Athor aimait s'incruster dans les problèmes et dans la vie des autres. La jeune femme sourit à cette pensée mais remercia d'un signe de tête la tolérance et la confiance de son ami. C'était tout ce dont elle avait besoin de sa part ; qu'il continue de l'aimer malgré celui qu'elle supportait. Il n'avait qu'à l'apprécier pour ce qu'elle était.
D'ailleurs, frère de coeur de la Léonienne ou pas, Marek ferait mieux de ne pas rester plus longtemps. Non que sa présence la gênait, mais... De toute façon, il en vint lui aussi à cette conclusion.

- Je ne me suis que trop attardé ici. Ma tête est mise à prix je te le rappelle.
- Rappel inutile, je ne le sais que trop bien, soupira la demi-drow.

Une dernière étreinte... Avant combien de temps ? Yenlui les observait, même à des kilomètres, percevant comme la sienne la tristesse de ces séparations.

- Se fut un réel plaisir de t'avoir revu, frangine. Prenez soin de vous deux et puissions-nous nous revoir ailleurs que sur le champs de bataille!

Ayahantê se détacha de lui, perdant tout sourire devant cette perspective malheureusement très probable.

- Plaisir trop court que j'eusse aimer prolonger, mon cher frère. Que le Rubis te guide de sa sagesse millénaire, et que les Gardiens soient de nouveau réunis dans la joie... Et non dans la peine.

Elle se signa à la manière des drows pour lui souhaiter bon voyage, et le regarda s'éloigner sur son cheval étrange.

*Etrange ? C'est toi qui parles d'étrangeté ?*
*Et oui, tout arrive.*

La jeune femme resta un moment plantée au milieu du cimetière, pensive, sans un regard pour les morts oubliés ici.

*Rentrons-nous ?*

La question ultime. Myad resta silencieuse quelques instants.

*Nous avions à partir après-demain, non ? Une mission d'assassinat pour moi, une d'exploration pour toi.*
*Après-demain, oui.*
*Disons que nous prenons deux jours d'avance. Sait-on jamais.*

Sans un commentaire, Yenlui étendit ses ailes, s'éleva gracieusement dans le ciel et rejoignit sa Dragonnière pour un ultime au revoir.

*Ne commets pas de stupidités en mon absence.*
*Et toi de gamineries.*
*Je ne suis plus un bébé, je te le rappelle.*
*Nous verrons cela quand je pourrai sur ton dos voler.*

Le dragon lui lécha la figure.

*Ce temps viendra bien assez tôt, crois-moi.*

Et il s'envola.