Orwlia venait de quitter Osilion, le cœur lourd de perdre un allié, mais réconfortée par le fiat que Phöenix est retrouvé sa bien-aimée. Arrivée dans une clairière des plus charmantes, la magicienne s'assit par terre, dos contre un arbre. En y repensant, les événements depuis qu'elle avait repris conscience s'étaient succédés à un rythme effréné, ne lui laissant que peu de moments pour faire le point sur sa vie. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle s'était réveillée dans le corps d'une gamine de six ans, vivant les pires tortures, et qu'elle avait "par inadvertance" massacré ses geôliers, sauf un. Elle avait ensuite erré pendant quatre ans, pour finir presque morte de fatigue devant la porte d'Eatir. Celui-ci avait recueilli la jeune fille, et Orwlia s'était rendormie. Une banale histoire, en fin de compte, excepté le fait qu'elle possédait le corps d'Eldeen, et qu'elle ne savait pas du tout pourquoi. Et cela la laissait perplexe…
Ainsi plongée dans ses pensées, elle ne vit pas tout de suite l'éclair blanc qui illumina un instant la clairière. Quand elle s'en rendit compte, il ne restait sur le sol qu'un sac et un cimeterre, qu'elle reconnut comme étant la propriété d'Eatir. Elle se leva donc et ramassa les affaires. Le magicien ne se serait jamais séparé de ses biens de cette manière, et Orwlia commençait sérieusement à être inquiète. Elle vit alors sortit du sac une petite tête de taupe, qui la regardait avec de grands yeux. Prise d'une soudaine idée, Orwlia pénétra l'esprit de la taupe, et vit alors ce qui s'était passé. Eatir pris dans une embuscade, avec un homme en noir qui le regardait méchamment, et ensuite le corps d'Eatir nimbé de flammes blanches et …
La jeune fille arrêta soudainement de sonder l'esprit de la taupe. Ses yeux se remplirent de tristesse, mais elle ne pouvait l'exprimer par des larmes. Eatir, celui qui avait veillé sur elle, celui qui l'avait aimé malgré ce qu'elle était, Eatir était mort. Des larmes écarlates coulèrent le long de ses joues, et elle ressentie une profonde douleur dans tout son être : douleur d'avoir perdu un être cher, et douleur physique…
À la fois triste et furieuse contre elle-même d'avoir laissé le magicien seul, elle se mit à frapper du poing un arbre voisin. Au bout de quelques coups, l'arbre était déjà assez abîmé, et les articulations de la jeune fille se teintaient du même rouge que le sang qui coulait de ses yeux. Mais bientôt les larmes qui coulaient et allaient s'écraser sur la peau pâle comme la mort de la magicienne n'étaient plus versées par Orwlia…
Le flot qui coulait sur les joues de la jeune fille, non plus versées pour un ami, mais pour un protecteur, s'arrêta aussi vite qu'il était venu. Dans les yeux bleus comme la nuit de la magicienne ne brillait pas seulement de la tristesse, mais aussi une colère froide, que rien ne pourrait arrêter. Elle examina rapidement le contenu du sac d'Eatir, et ne choisit d'emporter avec elle que ce qui restait de champignons, un rouleau de parchemin et une sphère étrange, translucide, et où passaient de fugitifs reflets. La jeune fille prit aussi délicatement entre ses mains la taupe, et la plaça dans sa sacoche. Avec l'eau de sa gourde, elle effaça les traces que le sang avait laissé, prit à sa ceinture la cimeterre à la lame d'argent, et se préparait à partir quand elle aperçut sur le sol, au pied de l'arbre, une gemme de la taille d'une larme, couleur rubis. Elle la ramassa, admirant un instant sa pureté, et partit alors pour de bon…
Sujet: Dans une clairière baignée par le soleil... | Lun 12 Mar 2007 - 22:28
