-Dark ça suffit, calmes toi, nous nous trompons sur toute la ligne

La dragonne sombre tourna furieusement sa tête écailleuse vers elle, pour lui jeter un regard noir. Excédée, elle grogna, et lui tourna le dos, marchant lentement, avant de revenir sur ses pas. Elle fit celà durant quelque secondes, et répondit enfin à sa dragonnière.

* La bague que t'a offerte la Reine n'a pas fait ça pour rien *
- Ce n'est qu'une simple bague remplie d'énergie, il n'y a rien d'étonnant à cela
* Tu sais très bien que c'est faux. Cette bague est également une sorte de lien entre Athor, Hatondre, et toi. Cette chose étrange qu'elle a fait, cette aveuglante lumière et ce cris qui a résonné dans notre tête, ce n'était pas rien. Un des drows est mort, ou vous a trahis. Hatondre était en compagnie de Myad, si il est mort, Myad doit être...*

Elle ne pu finir sa phrase. Elle envoya un violent coup de queue sur le sol, le fissurant. Cependant, cela ne calmait pas cette rage qui bouillonait en elle. Mais pourquoi ne l'avait-elle pas suivit? Elle savait que c'était dangereux. Elle rugit de colère, et refrappa une nouvelle fois le sol de sa puissante queue.
Djenka quant à elle, regardait, inquiète. Elle savait pertinemment que Dark avait raison, seulement c'était impossible. Ni Athor, ni Hatondre ne pouvait être mort. Mais quoi alors...? Avec un soupir, elle se releva, enleva la poussière de sa robe, prit son épée par terre, et déclara

- Très bien, nous partons pour Goterada au plus vite. Je vais à la taverne chercher mes affaires. Aides moi à me téléporter s'il te plait

Un flot d'énergie magique se déversa en elle, et elle disparu. La dragonne appreciait ce que sa drow faisait pour elle. Dark savait bien que quelque chose n'allait pas, le lien qui l'unissait à Myad était très fort. Furieuse et triste, elle poussa une nouvelle fois un rugissement, une plainte, et tomba lourdement sur le sol, allongée. Pourquoi n'avait-elle pas eu de nouvelles, par Arget ou Athor? Elle les détestait. Les détestait à tous. A tous, de l'avoir empecher de la suivre dans cette espèce de mission dangereuse. Riddicule. Dark connaissait Myad presque mieux que nimporte qui, elle savait encore ce qui était bien ou pas pour elle.
Soudain, la dragonne releva brusquement la tête. Elle huma l'air. Aucuns doutes. Elle la sentait à des centaines de mètres.
La gardienne était de retour au repère...

[C'est mignooon]

Cela ne faisait que deux heures que d'un miracle un petit monstre avait changé la vie de la demi-drow. Et pourtant, déjà, elle frémissait d'envie de mettre le monde entier au courant. Oui, il fallait qu'elle en parle, qu'elle le dise, voie sur les visages aimés cette fierté qui la flattait avec tant de douceur. Marek rirait, lui ébourifferait les cheveux, et la taquinerait sur ses goûts en matière de prénoms. Leyra et Hally lui diraient des choses gentilles, et leur sourire ferait naître le sien, par un étrange mimétisme. Dark... Ah, Dark. La jeune femme perdit de sa joie, et cela se ressentit sur la foulée de sa monture ; Kisarod perçut son désarroi, sa tristesse subite. Il ralentit aussitôt, prenant un trot saccadé, nerveux. Le dragonneau était tombé de sommeil peu après son éclosion, épuisé ; il dormait paisiblement, roulé en boule contre le ventre chaud de sa déesse. Afin de ne pas le réveiller, Myad caressa la peau fine et rouge de son étalon, qui s'apaisa jusqu'à prendre le pas.
Son père avaité été si fier, Arget si soulagée ! Pourtant ils s'étaient contentés de lui délivrer quelques conseils, et pfuit, ils s'étaient envolés. Des paroles sages que la demi-drow se répéta avec délices. Les bébés réclament beaucoup (voire trop d'attention), sont parfois épuisants par leur enthousiasme débordant, et grandissent vite. Ils sont très fragiles, très curieux, donc deux fois plus fragiles. Myad songea que même sans ces paroles minimes elle aurait veillé sur lui, comme une chatte sur son chaton, mieux même. Parce qu'une chatte n'est pas l'équivalent d'une bombe atomique. C'en est presque dangereux pour lui, d'ailleurs...
La pyrocorne s'ébroua, et une nuée d'étincelles s'envola derrière eux. La plaine entre les arbres s'étendait avec langueur, longueur et fantasme, comme affamée de ce monde qu'elle aspirait entier. L'océan d'un vert tendre, jeune de printemps se pliait sous le vent. Myad dit quelque chose en drow, d'une voix vibrante d'émotion, et la monture s'arrêta. Le mâle leva les yeux, oreilles pointées vers l'horizon, et se cabra avec fougue. Battant l'air des antérieurs, il recula un postérieur, presque sur le point de ses renverser. Hennissant de sa voix reptilienne, la pyrocorne s'effraya ainsi devant la silhouette qui fonçait sur eux - avant de retomber sur ses jambes avec un claquement sonore. Myad le contint d'une main sur le garrot, les yeux fixés sur la masse noire qui avançait vers eux.
Elle avait tellement pensé à elle. A sa douleur, son inquiétude. La Gardienne finit par ne se plus retenir son plaisir de la voir, et dégaina Wirda. Levant l'épée, elle accueillit son amie. Lorsque la dragonne s'arrêta, sublime, gracieuse et pourtant tremblante d'émotion - laquelle, ou lesquelles, Myad ne sut lire sur cette gueule torturée - elle la salua avec beaucoup de chaleur. Rengainant, elle descendit de Kisarod et caressa affectueusement les joues râpeuses de la fille de Zsgenin.

- Je suis là, Dark, je suis là, déclara-t-elle en baisant son museau. Tu n'as plus à t'inquiéter. Comme tu m'as manquée !

Le bébé collé à son ventre, retenu par une sangle, gesticula. Une petite tête dorée, timide et fripée, se dégagea de la cape. Il paraissait minuscule à côté de Dark. Après avoir écarquillé ses grands yeux rouges à la vue d'un pareil steack de muscles (bon sang que les gens étaient grands ><), il retourna vite fait bien fait se cacher sous le tissu. Ce fut si rapide que Myad se demanda comment allait réagir son amie.

La rejoindre. Il fallait la rejoindre au plus vite. Seulement, dans quel état la dragonne allait-elle retrouver la princesse? Et si elle avait encore explosée? Elle en frémit de peur, et accéléra. Après avoir prévenu Djenka qu'il était inutile de partir, qu'elle pouvait rester à la taverne, Dark s'était mis en route vers cette odeur familière. Elle bouillonait toujours intérieurement, elle se haissait de ne pas avoir suivis Myad, et aurai du la protéger, elle savait bien que quelque chose n'allait pas. Elle se promettait qu'elle partirai tuer la chose qui lui avait fait du mal. Quand il s'agissait de Myad, Hathir et bien sur Djenka, la dragonne laissait ressortir son côté redoutablement sauvage, prête à dévorer tout ceux qui lui barreront la route.
Après quelques minutes de vol, elle sentait la présence de son amie, et vit au loin, un point rouge avancer rapidement. Tiens, encore une nouelle monture. La dragonne rugit, de bonheur, annonçant son arrivée. Elle se posa très lourdement sur le sol à une bonne dizaines de mètre, et courait en leur direction. Elle s'en fichait d'effrayer ou non la monture de flamme, ce qu'elle voulait, c'était voir la demi-drow, et s'assurer qu'elle était en bonne santé. Plus elle s'approchait, plus elle remarquait que apparemment, elle n'avait rien de changé. Elle ralentit, manifestant sa joie en grognant doucement, et trottina jusqu'à elle. Elle descendit du cheval, et Dark s'arreta, la laissant arriver. Elle ne savait pas si elle devait lui en vouloir, la réprimander, la prendre dans ses pattes, ou quoi d'autre encore. Seulement, lorsqu'elle ne fut qu'a quelques centimètres d'elle, elle oublia presque tout, et la laissa la caresser.
Elle ferma les yeux, sa gueule contre la tête de l'elfe, et ronronna.

* Tu m'as énormement manqué, et sache que je sait parfaitement que quelque chose s'est mal passé. Que tu le veuilles ou non, désormais je t'accompagnerai pour ce genre de mission, tu ne restera plus jamais sans surveillance, tu attire bien trop le danger. J'étais folle d'inquiétude, Djenka et moi allions partir pour la cité des drows. *

Elle était soulagée, et cela s'entendait. Puis, toujours collée à Myad, Dark sentit une petite secousse au niveau du ventre ce celle-ci. Inquiète, elle redressa sa tête brusquement, grognant de surprise. Puis, comme venant de nulle part, une petite tête d'or, aussi grosse que l'oeil de Dark, surgit d'un sac. Grognant de plus belle pour manifester sa surprise, elle allait s'approcher, lorsque celle-ci disparu

* Mais qu'est ce que c'est que ce...*

Sans trop réfléchir, la dragonne sombre enfoui sa tête sous le tissu, poussant Myad sans le vouloir. Un nouveau grognement, amusé cette fois-ci, se fit entendre. Elle redressa la tête, avec cette fois-ci, la petit bête sur le museau. Louchant pour le regarder, elle s'allongea, et le posa sur le sol, le collant à sa poitrine pour qu'il ne prenne pas froid. Un regard vers la nouvelle dragonnière, elle déclara.

* Mais cette petite chose adorable ressemble étrangement à un dragon tout juste né *

Souriante, elle baissa la tête, et lécha le dragonneau.

* Je suppose que tu es l'heureuse élue - dit-elle d'une voix pleine de noblesse - Je te félicite Myad, tu mérite d'avoir avec toi la plus belle créature sur terre et dans les air, qu'est un dragon. Il n'aurai pas choisit mieux. Je suppose qu'il est le fils d'Arget. Je suis très fière de toi demi-drow, je sais que tu en prendra soin, et qu'il deviendra aussi grand et fort que sa mère à tes côtés *

Il était vraiment petit quand même. Mais qu'est ce qu'il était beau ! Elle était si heureuse pour son amie, qu'elle ai enfin touché l'oeuf de la dragonne d'argent, car cet oeuf lui était destiné, c'était sur.

* Djenka, t'adresse ses plus sincères félicitations, elle attendait ce jour depuis longtemps, celui où le fils d'Arget s'ouvrirai à la princesse. Elle ajoute aussi qu'elle à hate de faire des balades à dos de dragons en ta compagnie avec...*

Elle jeta un coup d'oeil interrogateur à l'elfe, et rajouta

* Avec qui d'ailleurs? Lui as-tu donné un nom ? *

Le soulagement de son amie toucha beaucoup la jeune femme, qui accueillit ses tendres reproches avec un autre sourire. L'intervention involontaire du bébé dragon, caché sous sa cape tel un intrus dans un placard, la fit grogner de surprise ; immobile, la demi-drow la laissa s'approcher sans faire de geste pour l'encourager ou la rebuter. C'est avec une excitation grandissante qu'elle la vit hésiter, s'interroger, puis plonger le museau dans son col. La Gardienne éclata de rire lorsque les écailles froides chatouillèrent sa peau, qu'elle sentit le petit gesticuler en piaulant de peur.

- Tu m'as démasquée ! plaisanta-t-elle.

Le dragonneau avait l'air bien pitoyable entre les mâchoires puissantes de la femelle. Durant une micro-seconde, elle eut peur, surtout d'après le regard affolé, rancunier et stupéfait qu'il lui lança ; mais une fois qu'il fut reposé entre les antérieurs rassurants de Dark, il cessa de couiner et de gesticuler. Levant sa tête triangulaire rehaussée de pics, il toisa avec beaucoup de sérieux cette personne très grande et très forte. Myad sentit son coeur s'envoler quand il se tourna vers elle, interrogateur, et avec cette lueur affamée qu'il avait lorsqu'elle était éloignée. Attirée par une force irrésistible, la Gardienne s'approcha, s'agenouilla et tendit la main pour lui gratter le menton.
Le reptile émit un grognement (style : t'as enfin bougé tes fesses, je commençais à m'impatienter) satisfait et ronronna doucement. Myad regarda avec bonheur son amie lécher son bébé. Elle accueillit avec respect, émotion les compliments qu'elle lui adressa.

- C'est très aimable à toi, adorable dragonne, dit-elle joyeusement. Tes compliments me font chaud au coeur. Tu as raison, c'est le dernier oeuf d'Arget... Moi qui comptais parcourir le pays pour lui trouver son Dragonnier ! Remercie Djenka pour moi. Il va sans dire que nous ferons tous quatre de longues chevauchées, quand il sera un peu plus gros que ça...

Elle le couva d'un regard affectueux. Le bébé bâilla, s'étira de toute sa silhouette fine et maladroite, se roula en boule. Il s'endormit presque aussitôt, sous les caresses douces des deux femelles. Myad vérifia d'une écoute attentive que Kisarod n'était pas loin ; la pyrocorne vagabondait à la recherche de ces satanés lézards.
La question de Dark la surprit dans cette observation. Se tournant vers elle à nouveau, elle lui sourit avec une certaine timidité.

- J'ai pensé que Yenlui pourrait faire un joli nom...

Puis, cédant à l'envie de raconter à son amie :

- Il m'a mordue, quand il a éclos, rit-elle. Tu trouves ça logique, toi ?

Pour ne pas mentir, Dark était heureuse. Elle n'avait jamais vu de dragonneau aussi petit, Eluna était tout de même, beaucoup plus grande. Il était si mignon, on avait l'impression qu'il fallait toujours rester près de lui, de peur qu'il ne lui arrive quelque chose. Et dire, que Dark ressemblait à ça, il y a de cela plus d'un an. Et bientôt, peut-être qu'elle aussi un dragonneau. mais bon, elle était encore jeune, elle avait des centaines d'années devant elle, pour y penser. Allongée, elle posa sa tête sur le sol, entre ses deux pattes, là ou étaient désormais Myad et le dragonneau. De cette façon, elle était à leur hauteur. La relation que la demidrow entretenait déjà avec son petit protégé était attendrissante.

* Saches que je garderai toujours un oeil sur ton petit. Je sais que Arget est très occupée, c'est une dragonne qui a beaucoup plus de responsabilités. Ses soeurs s'occuperont également de lui, j'en suis persuadée. Seulement en cas de conflit, je préèfre quand même être derrières les deux petites soeur, juste au cas ou * -finit-elle avec un clin d'oeil

Le petit dragon se mit en boule, et s'endormit. Dark lui souffla un peu d'air chaud, et le laissa se reposer. Yenlui...il s'appelait Yenlui.

* Ce nom lui va a ravir, c'est très joli *

C'est sur, que c'était bien plus original que Dark. Elle lui raconta ensuite le moment de l'éclosion, ou cette petite bète l'avait mordu. Elle ne pu retenir un grondement amusé.

* Et bien, au moins, on peut dire qu'il ne fait pas comme les autres. Et puis dans ce monde, que peut-on qualifier de logique? Moi je trouve que c'est une approche assez... mignonne *

Ce petit côté sauvage que Yenlui avait l'air d'avoir lui plaisait. Beaucoup trop de dragons semblait ne plus avoir de nature sauvage, et c'était bien dommage.

* Et ou comptes tu faire ta formation de dragonnière belle demi-drow ? A l'école des dragonniers ? Il est peut-être un peu jeune, il faut surement attendre une ou deux semaine quand même...*

Sa... Formation ? Le sublime visage se fendit d'un non moins sublime sourire et elle dit d'une voix amusée :

- Yenlui n'a éclos qu'il y a une heure ou deux, alors vois-tu, je n'ai pas commencé à y réfléchir.

Mais il le faudrait bien. La jeune femme attarda ses doigts sur ces épines dures qui résistaient sous la pression. Fragile, certes. Sans défense, il ne fallait pas pousser. Son regard se perdit dans les limbes.
La question était en effet à se poser. Allait-elle, comme Marek, Leyra, Hally, Samoth et tant d'autres, se rendre à la fameuse Ecole ? Y suivre l'enseignement qu'il convenait de recevoir, se mêler à la foule, devoir tolérer l'enfermement ? Myad est un être profondément attaché à la liberté. C'eut été sa période sombre, elle aurait déjà refusé, face à sa haine farouche de toutes ces choses. Plus le fait qu'elle aurait craint de raser la propriété en se mettant en colère. Car, oui, ce fait était à prendre en compte. Elle ne se voyait pas se rendre en cours, et dire à son professeur avec des yeux de biche : ceci pourrait être la dernière heure de votre vie, mais je vous remercie de me procurer un enseignement si périlleux. Aujourd'hui elle regardait la situation plus calmement, elle était plus sociable, elle était plus confiante. Pourrait-elle... ? Et Dark, et Djenka, elles n'allaient pas à l'Ecole. Arget et Athor pouvaient compléter les conseils du maître qu'elles avaient pris en l'absence (provisoire, paraît-il) d'Hatondrê. Pourquoi ne ferait-elle pas pareil ?...
La jeune femme laissa son esprit ouvert à son amie afin qu'elle puisse suivre son raisonnement, ses doutes, ses conclusions.

- C'est assez confus, admit-elle avec tristesse. Il est clair que je vais m'occuper de lui seule, avec le prince et Arget pour m'aider. Mais j'ignore ce que je ferais par la suite.

Un silence paisible se pelotonna autour d'elles. Jusqu'à ce que Myad se souvienne du lourd récit qu'elle avait à faire, les deux amies furent en paix.

- Dark ?... Je vais te raconter ce qui s'est passé.

Ce fut dit avec douceur, pourtant la brusquerie était évidente ; comme un acide, les mots brûlèrent les tendres lèvres de la demi-elfe.
Ses yeux étaient très sérieux, sombres, douloureux. Non, elle n'avait toujours pas digéré le traitement (elle aurait peut-être même préféré les tortures drows) qu'elle avait subi. Cela resterait un passage désagréable, très désagréable de son existence.
Soupir.

- Ce n'est pas en glorieuse héroïne que je reviens à vous, murmura-t-elle avec tristesse. Si je n'avais pas été sauvée, comme d'habitude, j'aurais peut-être été tuée. Et si je ne l'avais pas fait, j'aurais erré partout et nulle part jusqu'à redevenir moi-même, abrutie de sang et de mort. Alors, même si tu m'en veux, même si j'admets que tu avais raison, je vais te demander de m'écouter. Je vais te raconter ce qui m'a valu ce silence durant dix jours. Et ce qui explique ceci.

La Gardienne plia les doigts et remua sa main. L'or envoya des étincelles sur les écailles noires de la dragonne. Un épais, noble anneau d'or, où il manquait une pierre précieuse...

[ Désolée du retard :X]

Toujours contre le petit et l'elfe, la dragonne sourit, dévoilant ses crocs. Il est vrai qu'il était peut-êter un peu jeune pour penser à l'apprentissage, mais plus vite il commençait, mieux ça allait être.

* Hatondrê étant parti en mission -et d'une voix plus grave elle continua - et je sais parfaitement qu'il n'a pas l'air d'être revenu, Djenka a fait appel à un maître dragonnier pour son apprentissage, elle à un peu peur d'aller seule à l'école de magie. Mais elle n'a pas encore commencé *

Et si elle avait bien compris, Myad souhaitait également faire de même, s'occupant seule de Yenlui avec le prince.

* Tu as raison -l'encouragea-t-elle - Athor et sa mère seront les plus aptes à t'aider pour le moment, et puis, le temps ne presse pas, profites bien de cette petites boules d'écailles, ça gradit vite ces petites bètes là. Un jour, tu le porte dans tes bras, et le lendemain, tu es sur son puissant dos tandis qu'il crache des torrents de flammes *

Enfin...Presque. Mais il était vrai que les dragons grandissent très rapidement, surtout quand ils sont petits.
Toujours en admiration devant le dragonneau, Dark entendit la petite voix de Myad, qui souhaitait lui raconter son récit. Tournant le regard vers elle, elle lui répondit de sa voix la plus douce.

* Je t'écoute Ayahantê *

Après un soupir, l'elfe continua :

- Ce n'est pas en glorieuse héroïne que je reviens à vous, murmura-t-elle avec tristesse. Si je n'avais pas été sauvée, comme d'habitude, j'aurais peut-être été tuée. Et si je ne l'avais pas fait, j'aurais erré partout et nulle part jusqu'à redevenir moi-même, abrutie de sang et de mort. Alors, même si tu m'en veux, même si j'admets que tu avais raison, je vais te demander de m'écouter. Je vais te raconter ce qui m'a valu ce silence durant dix jours. Et ce qui explique ceci.

Un grognement surpris, et la dragonne leva la tête, de stupéfaction. Elle se rapprocha ensuite, reniflant l'anneau, un regard interrogateur vers Myad. Comment, avait-elle eu ceci, et dans cet état.

* Mais qu'est-ce-qui s'est donc passé...?*

Myad s'apprêta à raconter l'un des passages les moins glorieux de son demi-siècle de son existence. Pas le pire, oh non, loin de là. Son enfermement était une douce rêverie en comparaison de la torture psychique et physique qu'elle avait subi des jours durant chez les drows. Evitant le regard aigü de la dragonne noire, elle prit la parole d'une voix empreinte de mélancolie.

- Nous avons, Hatondrê et moi, réussi à trouver le château où habitait le cerveau de l'organisation. Quelques recherches, un peu d'argent, quelques coulure de sang, et nous avions eu une adresse. Un bal y avait lieu, avec semble-t-il de nombreux membres d'une secte montante, donnée par le chef lui-même. Nous devions trouver et intercepter cette personne. Cela ne s'est pas passé comme je l'avais prévu...

Et c'était un euphémisme. ><

- J'ai repéré une femme qui paraissait correspondre, grâce à un tatouage sur son épaule. Ah, et puis il faut que je t'explique de quelle organisation il s'agit.

La demi-drow eut un sourire sans joie.

- En gros, il s'agit d'intellectuels humains, de magiciens frustrés et de dégénérés assoiffés de violence qui ont pour but l'éradication des autres bipèdes. Elfes, nains, tout ce qui a deux jambes, une raison et un semblant de potentiel est considéré comme un ennemi. Ils font partie du passé, ils ont donné vie aux humains, à présent ils doivent laisser place à la masse écrasante. Que la descendance prenne la place de l'ascendance ! Il me semble que c'était leur slogan.

Pause méditative.

- Nous sommes rentrés dans le château. J'ai... Suivi Hatondrê parce que je pensais qu'il avait trouvé une piste. Il m'a mené dans un amphithéâtre horrible, un théâtre d'horreur, propre calme et silencieux mais qui m'a vidée de mon courage. C'est à partir de là que j'ai commencé à comprendre. Nous avons été stupides, Dark, tellement stupides ! Non, pas stupides, naïfs. Toi et moi parce que nous pensions qu'un ami est toujours loyal, père et Arget parce qu'ils pensaient qu'un drow est imprégné de la loyauté ! Ah, mon amie, comme nous avons été trahis !

Son désarroi, sa frustration étaient encore bien vifs. Ils laissaient un goût amer sur sa langue.

- Hatondrê était l'un des membres les plus puissants, ou plutôt le plus puissant de la secte des Libérateurs. Il n'a jamais été question de s'attaquer à l'Alliance. Ni même de Marek... J'avais tellement peur pour lui que j'ai failli...

Failli ? Oui, c'est-à-dire ? Déclencher une guerre interespèces en se transformant en Arme ? S'incarner pour l'éternité ? Ou juste mourrir, aussi, c'était bien. Ses pensées flottaient jusqu'à la dragonne. Les souvenirs violents de son combat, des paroles, de sa demi-mort suffisaient à faire le récit.

Elle s'allongea plus confortablement, c'est-à-dire qu'elle s'était affalé sur le côté droit, dépliant son aile gauche, avec toujours Myad et Yenlui entre ses pattes. Son regard d'argent fixait toujours l'elfe, sans jamais cligner. Elle se rappelait encore la première fois où elles s'étaient rencontrée, c'était il y a bien logntemps. Qui aurai pu croire, qu'une simple demi-drow et une dragonne sauvage deviendraient si proche. Désormais, pour cette dragonne, elle était bien plus qu'une simple demi-drow, et personne ne dirai le contraire. Elle soupira, envoyant sans le vouloir un petit coup de vent chaud, et écouta son amie lui raconter son récit. Quand elle fit allusion à cette société secrète, Dark se retint de grogner tellement c'était riddicule.
Djenka, toujours de la taverne, ne pouvait s'empecher de suivre la conversation en même temps. Contrairement à Dark, qui tachait de garder son calme, bien que au fil du récit, la colère montait en elle, Djenka était de plus en plus agitée sur sa chaise. Elle s'imaginait clairement la scène, et pensait que Hatondrê était mort. La tristesse commençait à lui monter, lorsqu'elle entendit dans sa tête, une Myad désespérée.

Nous avons été stupides, Dark, tellement stupides ! Non, pas stupides, naïfs. Toi et moi parce que nous pensions qu'un ami est toujours loyal, père et Arget parce qu'ils pensaient qu'un drow est imprégné de la loyauté ! Ah, mon amie, comme nous avons été trahis !

Elle se figea sur sa chaise, stupéfaite, tandis que sa dragonne se mettait à rugir de colère, se relevant brusquement. Elle referma brusquement son aile avec un bruit sec, et se mit à tourner autour de Myad, comme pour se calmer, en écoutant la suite du récit. Elle pu voir ce que Myad avait enduré, ressentir ce qu'elle ressentait, et pour la deuxième fois en l'espace de quelques minutes, elle frappa le sol de sa queue, laissant cette fois-ci un enorme trou. Elle rugit une seconde fois, claqua sa machoire, et s'arreta.

* Ce n'est pas possible, il n'a pas pu faire ça. Je ressens les sentiments de Djenka, et Athor a raison, un drow ne pourrait jamais trahir les siens *

Elle se posa de nouveau sur le sol, collée à Myad, toujours aussi furieuse. Elle frotta sa tête contre elle, comme pour la rassurée, lui dire que tout était finie.

* Dark, tout les drows ne sont pas comme ça. Regarde, la violence et le sang ne m'ont jamais attiré autant que les autres drows, bien que j'aime le combat...*
* Nous avons vu Hatondrê, il n'avait pas l'iar d'un traitre, je l'aurai senti...*
* Ce n'est pas de ta faute Skulblaka, il a trompé tout le monde. Et son dragon, qu'en est-il ?*

Ah oui, elle n'avait pas pensé à cela... Elle questionna la nouvelle dragonnière.

* Et son dragon, où est-il ? Il est autant un traitre que le drow, si je le retrouve... Et dailleurs, Hatondrê est-il mort ? *

Sentant sa colère, la drow pénétra une nouvelle fois dans son esprit pour la calmer.

* Nous ne pouvons tuer un dragon ou son dragonnier drow sans l'accord de la Reine *
* Elle sera vengée, je en dois rien à ta reine, ne me suis pas si tu le désire, mais moi, je ferai en sorte que ce traitre ne soit plus capable de faire de mal à personne *

Légèrement calmée, elle posa sa lourde tête sur la jambe de Myad, non loin du dragonneau.

* Je n'aurai jamais du te laisser partir Myad, j'ai été stupide *

Yenlui fut réveillé en sursaut lorsqu'une secousse sismique l'éleva à trente centimètres du sol. Poussant un cri suraigu, il plongea dans les bras de sa Dragonnière silencieuse et s'y roula en boule. Celle-ci pressa doucement contre son ventre la petite chose tremblante, chaude et vivante, qui avait placé sa vie entre ses mains. Elle contempla, déprimée tout à coup, la dragonne tourner autour d'elle, claquant les pattes, griffant la terre, rugissant de colère. Il fallait s'y attendre ; elle s'y était attendue. Cela ne l'empêchait pas de ressentir cette culpabilité acide qui lui faisait si mal, parfois.
Le reptile finit par s'allonger, brusquement, et les oiseaux s'envolèrent en piaillant tant elle fit de bruit. Son ventre contre le dos de la demi-drow était très chaud ; chaleur diffuse qui vint apaiser les muscles crispés de sa nuque, de son dos. Une tête énorme, et d'une grande douceur, vint se frotter contre elle ; Myad embrassa son museau, son front, caressa ses joues au toucher de pierre. La mélancolie s'envolait dès que ses attentions la concernaient. Grâce à l'affection de Dark, Myad reprenait vie.
Ah... Kayru. La Gardienne l'avait vu le jour même de son sauvetage. Rien qu'à ce souvenir, une bile immonde envahit sa bouche.

- Comme le veut l'engagement entre dragons et Dragonniers, dit-elle avec une lenteur chargée de tristesse, à la seconde où Hatondrê a perdu la vie, Kayru est mort avec lui.

Les drows s'étaient déchaînés sur les cadavres des traîtres. Heureusement pour eux qu'ils étaient morts ; sinon, ils auraient connu les pires tourments que l'ingéniosité elfique ait pu inventer. Myad avait vu certaines choses. Ecoeurée - ce que n'aurait pas ressenti la Myad sombre - elle avait préféré s'abstenir des autes châtiments.

- Ne tiens pas rigueur au dragon de saphir, ajouta-t-elle. Il n'était pas du tout au courant de ce que trafiquait son compagnon. La rupture entre eux était telle, que lorsqu'ils sont morts, ils sont morts seuls. Hatondrê avait prit soin de se détacher le plus possible de Kayru. Dans le seul et unique but de le protéger. Le problème, c'est que cela n'a pas fonctionné.

La jeune elfe grattait la petite tête dorée qui s'était enfouie sous ses cheveux. Leur couleur était indissociable, l'harmonie troublante.

- Je refuse que les autres paient pour mes erreurs, dit-elle avec détermination cette fois. C'est en cela que je refusais ta venue. J'aurais su ce qui m'attendait que j'aurais agi de même. Mais cela ne sert à rien de te charger de reproches. Je vais t'expliquer certaines choses.

Certaines choses qui atténuaient le tableau, trop noir et trop blanc à son goût. La réalité était pire, car plus nuancée.

- Il y a une quinzaine d'années de cela, tu le sais, j'ai connu ma première incarnation. Qui s'est ensuivie d'une explosion. Une cité a été rasée ; Ogêliah. Il y a une une centaine, peut-être des milliers de morts. A ce moment-là Hatondrê était en mission, loin de là. Son épouse, par contre, y était.

L'amour qu'il avait porté à cette femme, elle l'avait senti dès la première seconde où il lui en avait parlé. Ses yeux en la mentionnant avait étincellé de douleur et de regret...

- Zaora est morte sans qu'il puisse rien faire. En tant que Dragonnier, il a senti que quelque chose n'allait pas, même à distance. Il a quitté ses soldats en pleine bataille pour voler à son secours. Ils ont failli se faire massacrer. Si Athor n'avait pas répondu à l'appel, Hatondrê les aurait abandonné à leur mort. Il s'est rendu à la cité. Il ne l'a jamais retrouvée. Pas même des cendres ; elle avait été désintégrée. Ce jour-là, il jura de se venger, et de détruire l'existence du monstre qui avait tué son amante. L'elfe noir perdit toute bonne humeur, toute pitié, tout sens de l'honneur. Cette créature qui avait détruit sa vie était de sang royal, quelle infâmie ! Il se promit de se venger des drows, qui avait engendré pareille machine de guerre. Il rencontra par hasard Mademoiselle Shou, une humaine à l'intelligenre remarquable qui pouvait l'aider à réaliser ses rêves, si lui l'aidait à réaliser les siens. Le drow savait qu'il se condamnait en trahissant son peuple, sa reine et jusqu'à son dragon. Mais il n'avait plus envie de vivre, juste de détruire.

Myad ne blâmait pas le drow pour ce qu'il avait fait. C'était compréhensible. Cela expliquait pourquoi elle ne salissait pas sa mémoire ; elle le respectait.

- Le jour où ils devaient m'incarner, m'y bloquer grâce à un sort et se servir de moi comme Arme, quelque chose n'a pas fonctionné. Si j'ai réussi à m'échapper des couloirs pour monter jusqu'au toît, c'est grâce à Hatondrê. Il répugnait peut-être à m'achever là comme un vulgaire animal. Il voulait combattre, il voulait vaincre... Nous nous sommes battus, donc, et c'était comme si le temps s'était arrêté. Plus je le blessais, plus je sentais qu'il se laissait faire. Pourquoi ? A la fin, j'ai réussi à l'immobiliser, j'étais sur le point de le tuer. C'est là qu'il s'est décidé à me dire la vérité. Les images, les intentions, les regrets, les sons. Il a ôté son anneau, me l'a glissé entre mes lèvres, comme cela - elle mima une sorte de baiser - (remettre un bijou par ce geste est normalement réservé à la Reine, car il indique le plus fort respect possible pour cette personne) et il m'a dit quelque chose que je n'oublierais jamais.

Son regard se troubla.

- De toutes les abominations qu'il m'a été donné de connaître, vous êtes sans conteste la plus adorable
De toutes les injustices auxquelles il m'a été donné de constater, vous subissez la plus regrettable
Ô ma désirée Reine, le monde ne comprendra jamais que seule votre existence est condamnable.

Silence.

- Je lui ai répondu que la chose que je pouvais faire pour lui était de le tuer. Il m'a remerciée. Je l'ai achevé, j'ai mis l'anneau. Et mon père, avec Arget, est venu me chercher...

Tout à coup, il faisait froid. Yenlui ploya le cou, plongea ses yeux rouges dans les siens, et la regarda avec attention. Pourquoi sentait-il une chose molle, vaporeuse et douloureuse étreindre son petit coeur ?...