[mademoiselle ^^ ]

Elfrania resta étrangement calme lorsque la femme aux cheveux tirant légèrement sur l'émeraude sauta devant eux. C'était plutôt étrange, des cheveux de cette couleur. Enfin, il y avait bien des dragons émeraudes, alors pourquoi pas des cheveux. A moins que ce ne soit une sorte de coloration, ce qui semblait beaucoup plus plausible.
La dragonnière n'eut même pas le temps de la saluer que la 'gardienne' avait repris son poste, dissimulée par l'épais feuillage vert tendre de l'arbre.
Les deux elfes ne tardèrent pas à déboucher dans un véritable ville au coeur de la forêt. Les abres étaient icic plus grand qu'à l'extérieur de la ville, et pouvaient sans peine porter les constructions sur leurs branches maîtresses. Etrangement, il n'y avait que des femmes dans cette ville.
fianelement, ils arrivèrent au pied d'une maison plus grande que les autres, où, apparement résidait la cheftaine de la tribu de l'air, comme Phöenix les appelait. Et cette fameuse cheftaine avait d'ailleurs accouché d'un bébé que tout le monde voulait voir...

" Pourquoi pas ?"

[il y a un truc que je comprends pas: les maisons sont dans les cimes, donc la porte est dans la cime, et pourtant, c'est noir de monde devant la porte... Comment ils font pour tenir ?^^]

[On va dire que celle-là ne l'est pas ^^ Et après tout, elles peuvent voler pour attendre la terrasse d'entrée ^^ Mais c'est une excellente remarque ^^]

Phöenix adressa un sourire radieux à Elfrania, puis se fit reconnaître des femmes qui étaient agglutinées comme des abeilles devant du miel sur le perron. Toutes se retournèrent, puis firent un grand écart pour laisser passer leur souverain en s'inclinant avec le plus profond des respects. Ces femmes regardaient aussi l'elfe qui l'accompagnait, sans doute sa future femme. Certaines étaient jalouses de voir une telle beauté se dégageant naturellement de cette fiancée alors qu'elles auraient voulu faire des pieds et des mains pour que leur roi les remarque. Mais elles se faisaient des illusions, car le jeune homme n'avait d'yeux que pour celle qui le faisait chavirer, à savoir la belle dragonnière qui se trouvait à ses côtés.

Une fois le seuil passé, Phöenix se fit entendre en appelant le nouveau père d'une voix forte et amusée :

"Excusez-nous, on a vu de la lumière, et on est entré...
- Phöenix ??
- Non, c'est ta conscience, abruti...
- Oh ça va, hein !" , répondit une voix chaude avec un accent différent de celui du roi d'Hyrule.

Passant d'un couloir à un autre, Darunia apparut, rayonnant comme jamais devant le jeune couple. Il salua le dragonnier en lui serrant une main franche, puis s'arrêta devant Elfrania, qu'il avait déjà vu quand ils étaient venus dans le désert, dans cette ville en verre où elle avait bien failli rester d'ailleurs... Il s'inclina en déposant un baiser sur sa main libre et lui adressa un sourire chaleureux :

"Bienvenue parmi nous, Elfrania. Je suis Darunia, Maître de la Terre. Enchanté de vous revoir.
- Alors, elle est où la merveille ?
- Suivez moi !"

La voix de l'homme à haute taille se faisait fébrile, impatiente. Dans les couloirs de la maison boisée, ils faillirent buter dans une tornade vivante, à savoir les deux enfants d’environ douze ans de Darunia et Saria, des demi frères et sœurs. Le fils, Korys, semblable au père comme deux gouttes d’eau, portait des cheveux en bataille aussi brun que le fond de ses yeux malicieux. Quant à la fille du maître de l’Air, Saelya, elle portait la même chevelure foncée aux reflets d’émeraude que les autres femmes de son clan, ainsi que des yeux aussi pétillants que ceux de son demi frère. Elle lui courait après en lui hurlant dessus :

« Reviens ici, petit monstre, que je te fasse payer la honte que tu viens de me coller !
- Pourtant ça devrait pas changer d’habitude ! » , répliqua-t-il d’un ton moqueur.

Obligeant les adultes à se coller contre le mur pour ne pas se faire violemment bousculer, ils passèrent en adressant un bref salut aux invités de marque qui venaient d’entrer chez eux. Darunia les avertit d’une voix ferme :

« Les enfants, calmez vous un peu ! Si vous me recassez le service de votre mère, je vous obligerai à le refaire sans aucune magie, vu ? »

D’eux-mêmes, les enfants s’arrêtèrent de courir puis rejoignirent leurs chambres respectives. Le Maître de la Terre soupira, puis invita ses hôtes du moment à pénétrer dans le salon.

La grande pièce spacieuse laissait apparaître les branches épaisses du grand chêne où la maison avait été bâtie. Un flot de couleurs automnales envahissait les parois boisées, apportant une touche naturelle et une odeur sylvestre tout à fait particulière et agréable. Des portraits étaient accrochés au mur, peints d’une main délicate. Elle représentait des paysages d’Hyrule, comme la grande Cascade, la chaîne montagneuse du Péril et bien d’autres encore. Les autres désignaient la famille de Saria ainsi que son mari Darunia et ses enfants.

La jeune femme était assise dans un confortable fauteuil, tenant un nourrisson dans ses bras. Elle le regardait d’un amour maternel, en lui chantant des petites berceuses de son pays, faisant gentiment gazouiller le petit garçon. Elle leva la tête vers l’entrée, puis salua Phöenix d’un signe de tête, puis Elfrania, avec un grand sourire franc et amical :

« Je suis ravie de faire votre connaissance, Elfrania. Je suis Saria, Maître de l’Air. Phöenix nous a vraiment beaucoup parlé de vous… vraiment beaucoup… » , ajouta-t-elle en glissant un regard amusé sur le roi d’Hyrule qui vira au rouge pivoine.

Celui-ci ne s’en formalisa pas pour autant et se pencha vers le minuscule bébé qui le regarda avec des yeux ronds. Un sourire étira les lèvres du jeune homme qui chatouilla délicatement le gamin avec son doigt, qui paraissait immense pour le bébé. Celui-ci louchait quand le dragonnier approchait son doigt du nez du garçon, ce qui faisait rire sa mère. Sans lui demander son avis, elle mit son fils dans les bras de Phöenix. Ce dernier hésita puis adopta instinctivement la posture nécessaire à ce que le nouveau-né n’ait pas la tête vers le sol. Il berça le bébé, puis demanda sans le quitter des yeux :

« Alors, comment il s’appelle ? »

Un silence de plomb s’installa à la suite de la question. L’elfe leva la tête vers eux, en voyant leur hésitation. Puis Darunia prit la parole d’une voix peu assurée :

« On a décidé de l’appeler Sheik, en mémoire du courage et de la force que possédait… »

Le Maître de la Terre s’arrêta de parler, en remarquant l’expression de Phöenix. Il baissa ses yeux de saphir sur l’enfant, des yeux qui s’embuaient de larmes. Il en laissa rouler une, puis fit un sourire, presque paternel, au nourrisson :

« Alors je lui souhaite de l’être autant que l’était mon dragon… »

Il déposa un baiser sur le front de… Sheik, puis ravala toutes ses larmes comme si rien ne s’était passé. Il se mit près d’Elfrania, en émettant un petit rire, d’une voix cassée :

« Tu veux le prendre ? Tu vas voir, ça fait… tout drôle. »

Elfrania regarda avec une curiosité dissimulée l'intérieur de la maison dans laquelle ils venaient d'entrer. L'architecture mêlait à la perfection la beauté tout en gardant un aspect naturel. Des noeuds couraient le long du bois et dessinaient de fins motifs, sans jamais sembler indésirables. Le tout exhalait une fine odeur de sèvre et de résine.
Partout, on s'écartait sur leur passage, avec de profondes révérences. La dragonnière n'était pas habituée à cela, et elle ne tarda pas à en être plutôt gênée. Jamais de 'foule' ne s'était inclinée devant elle de cette manière. Pour le moment, l'elfe espérait que ce ne serait pas comme ça tout le temps, même si ce voeu ne semblait pas devoir se réaliser de sitôt. Pour l'instant, elle regrettait le temps où Phöenix était Phöenix, un elfe sans histoire et pas le roi d'un lointain pays ou une figure quasiment mythique pour ses gens. Et dire qu'elle allait bientôt être reine. La plupart des petites filles en avaient leur rêve le plus cher, mais Elfrania ne voulait pas de cette royauté qui transformait la plupart de l'entourage en une flopé de personnes plus hypocrites que les autres. Même à Hyrule, où tout semblait si parfait, il y avait des gens comme ça, et même beaucoup plus que l'on pourrait le croire. Le contraire n'aurait été qu'une folle utopie.

Elfrania fut interrompue dans ses pensées par la voix grave d'un homme. Une voix qu'elle avait déjà entendue quelque part. Lorsque elle vit le propriétaire de cette voix, elle compris où elle l'avait vu, à savoir dans le désert, juste en dehors de Sil'Arn plus précisément.

"Enchantée de faire votre connaissance, Darunia."

Quelque chose était sûr. Plus Elfrania rencontrait d'Hyruliens, plus elle se disait que son futur mariage aurait des conséquences plutôt indésirables, en particulier celle d'être reine. La dragonnière préférait plutôt l'anonymat et la tranquillité à la royauté. Mais il était trop tard pour faire demi tour, comme avant...
La dragonnière regarda amusée les enfants qui couraient comme des fous dans les couloirs, renversant un peu de tout sur leur passage. Aussi jeunes et joyeux. Ils ne rendaient pas compte de la chance qu'ils avaient. La chance d'avoir droit à une enfance joyeuse, leurs parents à leur coté. Tout cela ne faisait que raviver la tristesse d'Elfrania. Une tristesse tellement bien dissimulée que personne, pas même son fiancé ne pouvait détecter ou sentir. Elle regarda, un sourire sur les lèvres leurs deux garnements retourner en courant dans leur chambre.
Enfin, ils débouchèrent dans une pièce plus vaste que les autres, décorée de multiples fresques. Elfrania rendit son salut à Saria et gratifia sa dernière remarque d'un grand sourire.

" C'est étrange, ça ne me surprend pas venant de sa part ^^."

Elle regarda le bambin s'agiter dans les bras de Phöenix avant de se calmer tout en observant avec des d'immenses yeux curieux les personnes qui l'entouraient. Ses parents avaient choisi de l'appeler Sheik, tout comme l'ancien dragon de Phöenix.

" Je ne sais pas... Garde le pour l'instant."

Elfrania avait répondu à Phöenix d'une voix hésitante. Quelque chose l'empêchait de prendre le bambin dans ses bras. Quelque chose qui n'avait rien avoir avec celui ci, ni même avec les habitants d'Hyrule ou de Phöenix. Quelque chose qui venait d'elle, de ce qui s'était passé il y a si longtemps, et de ce qu'elle avait appris il y a peu. L'étrange elfe qui lui avait forcé la main à Teirm pour qu'elle vienne avec elle lui avait appris des choses plutôt terribles. Il lui avait expliqué, entre autres, qu'on cherchait à l'éliminer, elle. non pas d'une manière directe - chose qu'Elfrania aurait préféré - mais d'une manière beaucoup plus cruelle. La détruire en éliminant tout ce qui pouvait lui apporter de la joie, et lui faire oublier le cauchemar qu'elle avait vécu il y a si longtemps. Jusqu'à ce que la vie ne soit plus, pour la dragonnière, qu'un immense désert aride et noir, hanté par la mort, la tristesse et le désespoir. Jusqu'à ce que la seule chose qu'elle puisse désirer soit la mort. Une mort qui ne viendrait jamais. Une mort remplacée par la soumission et l'oubli de ce qu'elle était, d'Aldrae, de Phöenix...
Elfrania avait gardé tout cela secret et continuait de le faire. De plus, connaissant les facultés mentales de Phöenix, elle avait érigé, avec l'aide d'Aldrae et cet elfe mystérieux un mur totalement infranchissable, même par le Phénix Blanc. Et elle ne voulait pas mettre en danger la vie de ce si charmant bébé...

"Surtout au calme ^^." répondit-elle avec un immense sourire.
Et être au calme signifiait s'éloigner un peu des maisons, voire même quitter la ville. Elfrania avait grand besoin de respirer, sans toutes ces personnes qui passaient le plus clair de leur temps à les dévisager, où à multplier les courbettes sur leur passage. Décidémment, la royauté n'était pas du tout faite pour elle.
L'elfe salua chaleureusement les deux parents avant de se téléporter dans un endroit calme qu'elle avait repéré à l'aller. Passer une deuxième foix devant cette foule, elle ne l'aurait pas du tout supporté. Tant pis pour les curieux et curieuses...
Elfrania réapparu à l'extérieur de la ville, dans les branches d'un arbre, plus précisément. Elle trouva une position confortable dans l'épaisse ramure, attendant que son fiancé la rejoigne. Un jeu d'enfant pour lui.
Les immenses feuilles fuselées, émeraudes à l'extérieur, et d'un vert tendre et brillant à l'intérieur s'agitaient doucement sous le vent. Leur doux bruissement détendit l'elfe qui se perdit dans la contemplation des jeux de lumières sur les branches. Des tâches lumineuses, légèrement orangée dansaient follement sur l'écorce brun foncé des branches et dessinaient des formes qui changeaient tout le temps. Elfrania parvint difficilement à s'arracher au spectacle des jeux de lumière pour réfléchir à la manière dont elle allait annoncer à Phöenix qu'elle avait invité Spartan et Solmyr.

Après tout, ils étaient classés dans la catégorie des personnes maléfiques, donc à ne pas inviter à un mariage. Somme toute, les attaquer à vue, simplement parce qu'ils avaient des conceptions différentes des autres était totalement inutile. Et puis, Solmyr était suffisament intelligent pour ne pas faire ça. Il n'obéissait pas à ses pulsions, mais utilisait son intelligence pour agir. Pas étonnant qu'il soit un si bon stratège. D'ailleurs, c'était peut-être celui pour lequel Phöenix aurait le plus de mal à accepter la présence au mariage....