[RP qui se serait produit chronologiquement il y a deux semaines avant les RPs datant du 15 novembre]

"Il chassait" qu'il disait lorsqu'on lui demandait ce qu'il faisait, tout simplement. Il y avait comme détail uniquement le fait qu'on ne lui avait pas encore demandé. Il s'était écarté des chemins au nord du pays pour se retrouver en pleins bois, entre Osilon et Ceunon

Raphaël marchait lentement à côté de son cheval, Elhadan, qu'il retenait par les sangles de sa selle. La bête et le maitre étaient calmes, ce dernier aillant du temps libre investissait son temps à chercher des ingrédients quelconques pour des mixtures variées et aléatoires. Il cherchait également quelque chose qui pourrait impressionner ses yeux, quelque paysage magnifique qui le sidérerait. Ce n'était pas encore arrivé. L'alchimie l'intéressait depuis peu de temps, il était un novice. C'était davantage par curiosité car il ne pouvait empoisonner le type d'arme qu'il utilisait ou ne pouvait guérir qui que ce soit d'autre que lui-même. Il tentait d'oublier ce qu'il lui était arrivé, se convaincant que les évènements n'avaient pas dépendus de lui, un peu à la manière des stoïciens. Il était triste que Raphaël était encore si instable. L'ombre s'échappait encore de lui faiblement, lui donnant une apparence inquiétante et malveillante.

Amplifiait à cette aura la puissante obscurité qui voilait la forêt. La grande lune éclairait la scène, mais les sous-bois étaient toujours faible en luminosité. Raphaël y voyait très bien pourtant, probablement à force d'avoir le noir dans les yeux. Il faisait beau dehors, et chaud. Il n'y avaient que quelques nuages ça-et-là, mais rien n'entravait la beauté du ciel autre que le branchage épais des conifères qui entourait le sombre personnage et sa monture. Ce n'étais pas un endroit dense et les arbres étaient tous espacé de quelques mètres entre eux, mais aucun n'était petit. L'ouest du Du Weldenvarden était fournis en énorme sapins. Le sentier était calme.

Elhadan l'avait vu, l'Elfe. Il était juste derrière. Le cheval tapait de ses sabots avants pour prévenir son maître qui de manière très tranquille s'approchait de lui. Il eut le temps de l'atteindre puis de fouiller dans les sacs accrochés à la selle. Ce fut alors qu'il sortait une bouteille d'ale d'Uru'Baën et qu'il en buvait une gorgée qu'il entendit la voix derrière lui. Il tourna les épaules et prit conscience de l'Elfe devant lui, d'Adav. Il soupira en regardant à nouveau Elhadan, lui tapotant gentiment sur le flanc. Raphaël se tourna ensuite entièrement vers l'Elfe, qu'il constata plutôt jeunot et pas totalement en confiance. Il avait croisé ceux aux oreilles pointues auparavant, et généralement il puait la surestime d'eux, regardait les autres de haut et fanfaronnait avec leur extraordinaire beauté. Il se rappelait même avoir affronté un Elfe pauvre dans une taverne parce qu'il haïssait son manque de savoir-vivre, à coup de poings dans la tronche, c'était lorsqu'il avait vingt-cinq ans. Joyeuses années, se disait-il.

Buvant une autre gorgée de bière nordique, Raphaël fit un examen rapide de la situation et du personnage devant lui. C'était plutôt simple en effet, il apprit qu'il était en territoire elfique, quoiqu'il s'en doutait un peu depuis son entrée dans les bois, et on s'inquiétait de lui. Ironiquement, sa réponse fut rapide et courte.

- Non, je ne le peux.

Il eut l'ombre d'un sourire, aimant fournir des réponses déconcertantes à ceux qui questionnaient. Quel était ses intentions? Il pourrait fournir une réponse plus utile si il le savait lui même. Il n'allait tout-de-même pas répondre qu'il voulait noyer son chagrin et se mettre à pleurer.

- Je ne dois pas trop déranger étant donné que vous n'êtes pas quinze de nombre, et que ton arme est encore en fourreau. Laisse moi.

Le temps de dire les deux derniers mots, Raphaël avait perdu son sourire et s'était retourné vers son cheval, repartant au même trot lent qu'il avait marché depuis son entrée dans les bois. Il ne souhaitait pas la compagnie d'un Elfe enquiquineur.

Sachant que sa réponse était matière à considération particulière, notamment agressive, il prépara l'ombre sous lui de manière discrète. De dos, il savait que les seules partie non protégées par le fer étaient le cou et la tête, mais il était habitué aux flèches. Ici, il était avantagé car il faisait sombre, la lune étant cachée sous un quelque nuage, ce qui laissait reposer la tâche de tout éclairer aux étoiles. Adav ne vit jamais l'ombre sous Raphaël disparaître et se cacher dans son dos, sous même ses vêtements, prête à le protéger de quelconque flèche.

Les prudences étant faites, rien ne l'empêchait à nouveau de regarder les impressionnants conifères, il poursuivit sa marche sereine, toujours en buvant une gorgée de temps à autre.


[note, il boit de l'alcool ≠ il est saoul, juste pour ne pas se mélanger]

Raphaël préparait son dos mentalement, se préparant à une attaque. Il ne connaissait rien des Elfes ou très peu, au final. Qui était celui-ci? À bien y réfléchir, l'homme doutait d'une attaque dorsale, d'après sa jeunesse. Les jeunes sont soit en manque de confiance, soit en surplus, et Adav ne semblait pas être en surplus. D'après sa conclusion, l'Elfe allait tirer à côté de lui en guise d'avertissement puis lui sommer d'arrêter à nouveau, pas certain de devoir tirer à la première, ou seconde occasion. Raphaël n'eut pas totalement raison, il entendit l'humanoïde derrière lui démarrer un sprint puis bondir. Raphaël leva la tête légèrement vers le ciel en soupirant, voilà que le Gardien était devant lui. Après avoir bouchonné et ranger sa bouteille d'ale à la ceinture, Raphaël le regarda droit dans les yeux, l'air exaspéré. L'Elfe pouvait apercevoir une représentation presque physique de ce qu'étais le tourment et l'ombre au fond de ses yeux, deux sphères dont le bleu représentait un abstrait sombre, compliqué et douloureux.

Un brouillard noir se forma autour du corps de Raphaël, tourbillonnant autour de lui et plus précisément de sa main gauche, la main qui portait le gant de plaque protégé. Levant son bras de métal, un Naginata sans couleur s'y forma rapidement, la balance sur sa paume. Il reposa le bout de l'arme contre le sol et s'appuya sur elle.

- Je ne suis pas coopératif devant ceux qui exagère la défensive, mais je vais tout de même répondre honnêtement ; oui je représente un danger potentiel, et ce pour n'importe quel peuple. Mes intentions? Je n'en ai aucune.

L'honnêteté était quelque chose de très important pour Raphaël qui aurait pu parler toute sa vie en langue ancienne. Il ne mentit pas mais Adav ne pouvait en être sûr.

- Je n'attaquerai pas le premier, mais il se peut que je remplisse ma gourde dans la prochaine source d'eau que je rencontrerai, ajouta-t-il avec ironie, appuyant le fait qu'il trouvait la réaction d'Adav démesurée.

Il y avait pourtant encore deux hommes l'un devant l'autre, les armes prêtes à être utilisées. Un bruit de feuillage se fit retentir à leur gauche, cela distrait Raphaël qui tourna la tête. Il n'avait pas senti de présence autre que quelques lapins en arrière des conifères massifs. Il y avait quelque chose, ou quelqu'un derrière le tronc d'arbre situé à 9 ou 10 mètres d'eux.

Raphaël ne regardait plus Adav, il avait cessé de l'écouter lorsqu'il avait rangé son arme et se concentrait à 100% vers sa gauche. Il avait déjà senti une présence de ce type, mais il ne se rappelait pas de quoi il s'agissait, ça faisait peut-être 4 ans ou plus. S'appuyant sur son arme, il marcha avec une démarche extrêmement résolue hors du sentier, à l'opposée d'où il arrivait. Il eut à monter une petite colline et s'aida de ses mains. Il remarqua que l'Elfe derrière lui le suivait, mais il savait qu'il avait sa confiance, même si ça le surprenait. Au fond, comment se faisait-il qu'Adav lui fasse confiance? Bien sur, il ne l'avait écouté que distraitement après qu'il ait rangé son arme, mais Raphaël l'avait vu faire : il lui avait exprimé un petit semblant de sourire presque compatissant. Le Consolidateur crut comprendre que cet Elfe avait un don d'empathie.

Soudainement, Raphaël peina à respirer pendant une seconde, il se rappelait l'origine de cette présence... C'est de la personne qu'il haïssait le plus qu'il détenait sa connaissance des Ombres. La chose la plus importante : les Ombres sont incapable de faire le bien de nature, et ils sont en général des créatures intelligentes, habiles et puissantes. Les Ombres faibles ne survivent pas leur "naissance". C'est le premier point qui l'inquiétait, car, par convention, les Elfes sont ennemis aux Ombres. Qu'est-ce que ça foutait dans le Du Weldenvarden?

Quelque chose que lui avait dit son "maître" dans le passé lui traversa le cerveau à nouveau. Il lui avait dit que lui, Raphaël, partageait plus de points avec les Ombres que tout autre Humain. Cette pensée le déstabilisa d'abord, mais il décida d'en prendre compte pour juger les habilités de cette menace. La créature serait donc puissante, crainte, possédait une force, vitesse, endurance super-naturelle ainsi que cinq sens incroyablement développés. Ils étaient également des magiciens naturels. La majeure différence entre un Ombre et Raphaël, c'était que pour tuer le premier, il était nécessaire de lui porter un coup direct au cœur

Raphaël s'enfonçait donc légèrement entre les arbres, suivit d'Adav et d'Elhadan son cheval. Sa bonne vision nocturne l'appuyait dans sa démarche.

- Rangez la lame et prenez l'arc, dit-il avec une voix totalement neutre et sans expression, mais ferme. C'est à un Ombre que nous avons à faire, et celui-ci n'aura pas de bonnes intentions. Visez le cœur.

Ils continuèrent à se déplacer dans les bois à un rythme ni lent ni rapide. Raphaël, malgré qu'il donnait l'impression qu'il était sûr de lui, ignorait totalement ce qui l'attendait. Pourquoi avait-il donné ce commandement à Adav? Il ne le savait même pas. Peut-être que la vile créature n'attaquerait pas après tout.

Adav siffla entre ses dents. Les yeux rouges de la créature s'était posée sur le visage de son compagnon et semblait trouver très intéressant le spectacle qu'il avait devant lui. Comme si, au fond, il n'était pas venu tuer des elfes, comme tous ceux de sa race, mais pour trouver l'humain qui l'accompagnait. Un humain à qui Adav ne trouvait rien de véritablement exceptionnel. A part son étrange pouvoir de manipuler l'ombre, il ne semblait pas particulièrement doué en magie - il n'avait pas prêté attention au léger déplacement de la magie et n'avait pas fait attention à la venue de l'elfe. Peut-être était-il un excellent combattant - ce que son ignorance du type d'arme à privilégier en forêt remettait en cause - ou un personnage très important de l'Empire - fait encore plus douteux si l'on considérait la crasse sur ses vêtements et son air de paysan usé par une vie de travail. Et Raphaël lui-même semblait étrangement attiré par la noirceur de l'ombre. Comme s'il retrouvait en elle quelque chose de lui-même. Ca sentait mauvais. Si son compagnon le trahissait maintenant, il ne donnait pas cher de leur peau à tous les deux. Aussi se plaça-t-il sciemment entre les deux êtres, toujours en position d'attaque.

- Hé bien, l'elfe. Aurais-tu peur pour ton compagnon ? Tu te sens l'âme d'une nourrice à le protéger ainsi ? Oh, j'oubliais. Tu es le grand protecteur de cette forêt. Ta Reine t'a donné ma mission sacrée de la protéger... Va mon petit, je ne la souillerai pas longtemps. Et je promet même de te tuer très vite, pour que tu ne souffres pas.

Adav grinça des dents mais resta impassible. L'ombre ne cherchait qu'à le déstabiliser. Et il avait autre chose à faire que d'écouter ses fanfaronnades stériles. Aussi, quand la créature bondit brusquement entre les fourrées, fouettant l'air de son épée, il para le coup sans difficulté. A deux contre un, il avait encore toutes ses chances. D'un mot, il incanta un bouclier translucide qui vint se fixer sur Raphaël. C'était un sort primaire. Tellement primaire qu'il aurait pu l'accomplir en toutes circonstances sans même être perturbé. Il para une nouvelle attaque de l'ombre, avec plus de difficulté. Un coup qui lui rendit lui égratigna l'épaule, lui arrachant quelques gouttes de sang... avant que la plaie ne cicatrise lentement. Le combat était vraiment déloyal.