Erelia venait tout juste d'ouvrir les yeux, et tout ce qu'elle voyait, c'était un ciel sans nuage où luisaient des milliers d'étoiles. Elle percevait aussi les bruissement des feuilles qui se balançaient au rythme lent du zéphyr. L'odeur du sous-bois, de l'herbe, de la mousse odorante et de la terre, lui éclaircirent les idées. Elle se redressa et se mit sur son séant. Elle était bien dans un bois... ou une forêt. Mais comment diable c'était-elle retrouvée ici ? Enfouissant son visage dans ses mains, elle se mit à la recherche de ses souvenirs à travers le brouillard de sa mémoire. Elle se souvenait les ambrassades de ses parents, les quaies de Teirm et le bateau marchand qui devait l'amener ... où déjà ? Ah oui ! Au temple de Kadass, dans le Surda ! Que pouvait-elle donc faire dans un bois en pleine nuit ?

Et soudain, ce fut comme un éclair déchirant les ténèbres: le bateau assaillit en pleine mer par une bande de pirate battant sous un pavillon des armoiries de Galbatorix ! Cette infâme pourriture avait beau ne plus être, d'anciens fanatiques combattaient encore sous ses couleurs, espérant son retour improbable. Les fils de chacals avaient eu tôt fait d'occir l'équipage et de mettre le feu à l'embarcation ! Elle se souvenait d'avoir courue vers sa cabine afin d'y prendre sa masse, mais lorsqu'elle en était ressortie, prête à en découdre, quelque chose ou quelqu'un l'avait lâchement frapper derrière la tête. Ensuite ce n'est qu'un goût d'eau salée qui lui revient en mémoire, puis plus rien... le trou noir.

S'étonnant encore de la façon dont elle put arriver ici, Erelia pris le temps de regarder à côté d'elle. Ses yeux s'ouvrir comme jamais ! Sa masse et son livre tant chéris étaient à seulement quelques centimètres d'elle ! Prenant le livre avec délicatesse, elle le feuilleta pour vérifier son état: le cuir de la couverture avait été partiellement délavé par le sel de la mer, mais par miracle, l'encre n'avait pas coulée, et tous les écrits étaient parfaitement lisibles ! C'était totalement improbable ! Erelia se demanda sur le coup si elle n'était pas la victime d'un de ces Fênes, bêtes démoniaques dont les mères racontent les méfaits aux petites filles le soir afin qu'il ne leur prenne pas l'envie de sortir après la nuit tombée. Car c'était bien sorcellerie que de sauvegarder un livre des éléments ! Cette pensée la paniqua et elle se saisit aussitôt de sa masse ! Démons ou non, elle devait se préparer à recevoir la chose, ou la personne, qui l'avait amenée ici. Le feu mourrant ne pouvait signifier qu'une chose: on l'avait laissée pour quelque temps mais on ne tarderait sûrement pas à revenir. Restait à mettre un visage sur ce "on" !

Erelia s'empressa donc de se dissimuler dans un petit buisson touffu, au pied d'un chêne, et d'attendre pour voir à quoi pouvait bien ressembler son sauveur, ou son geôlier.

Pasiphaé chevauchait depuis plusieurs jours déjà sans but apparent. Elle était jusqu'à présent sur une route mais la nuit tomba et elle perdit son chemin. Se faisant un passage à travers des plantes sauvages, son cheval ne broncha pas. La magicienne le soignerait après. Pour l'instant, il fallait trouver un endroit abrité où dormir. Un chêne apparut à la vue de la jeune dragonnière et celle-ci dirigea son cheval jusqu'à lui. Là, elle serait en sécurité. Sortant son dragon de sa sacoche, elle le prit dans ses bras et déscendit de son cheval. Se dirigeant vers l'arbre, elle entendit un bruit dans le buisson. En se concentrant, elle entendit une respiration.

*Un bandit. Un voleur !* pensa-t-elle.

Alors, une bourasque de vent passa vers le buisson pour propulser la personne qui s'y caché hors d'eux. Pasiphaé reconnut des contours féminins. Continuant d'user de sa magie pour bloquer la personne contre le tronc de l'arbre sans qu'elle ne puisse faire un geste, la jeune dragonnière s'approcha doucement, essayant de voir si la personne avait des armes. La nuit était trop noire pour voir ça. Il fallait qu'elle la fouille. Se rapprochant, elle hésita un instant. Arrivée à un mètre de la femme, elle s'arrêta nette.

*Et si je me trompais ?* songea-t-elle

Un doute s'immiça dans l'esprit de Pasi' qui n'osa plus bouger. Mais la personne était toujours plaquée contre l'arbre... Peut-être devait-elle utiliser des moyens plus... civilisés. Elle lacha la pression magique pour que la femme soit libre de ses mouvements et fit simplement un geste de protection pour Birg, son dragonneau. Le silence s'installa et juste le bruissement des feuille osait le déranger de temps à autre. Puis la magicienne décida de faire quelque chose.

*Qui es-tu ?* demanda-t-elle simplement par pensée.

Erelia était encore tétanisée par la peur ! Cette jeune femme venait de la plaquée contre l'arbre par la seule force de sa pensée ! Elle ne put retenir un sanglot lorsque ces mots résonnèrent dans sa tête: *Qui es-tu ?*.

-"Je vous en prie, ne me faites pas de mal ! Je ne sais pas où je suis, ni comment j'ai atterrie ici ! Tout ce que je souhaite, c'est rentrer chez moi !"

Puis se souvenant que la jeune femme lui avait demander qui elle était:

-"Je me prénomme Erelia ! Ma famille réside à Teirm ! J'étais en route pour le Surda afin de finir ma formation de prêtresse et de guérisseuse, lorsque des pirates ont coulés notre navire ! J'ai perdue connaissance sur le bateau. Je me suis réveillée ici et me suis cachée de peur d'avoir été enlevée par des personnes mal intentionnées ! Ayez pitié !"

Erelia fondit alors en larme, ne sachant ce qui allait à présent lui arriver.

Pasiphaé se mordit la lèvre jusqu'au sang. Elle n'avait même pas besoin de lire dans l'esprit de la femme pour sentir sa peur.

*Je me suis trompée...*

En sentant son liquide vital s'écouler sur son menton, elle arrêta enfin de se mordre et ferma les yeux pour ne pas voir le sanglot de cette inconnue qu'elle avait déjà traumatisé...

*Ca commence bien...*

En réouvrant les yeux, elle luta pour qu'ils ne brillent pas. Elle était dégoutée de ce qu'elle avait fait.

*Je... Je suis désolé... Je croyais que vous seriez aussi quelqu'un de mal intentionné. Je n'ai pas réfléchit et j'ai agit par reflexe. D'habitude ceux qu'on croise cachés derrière des buissons n'ont pas des idées saintes. Et bien Erelia, je me nomme Pasiphaé. Tu es au milieu de nul part, en fait, je ne sais pas trop non plus où c'est ici. J'ai un très mauvais sens de l'orientation. Mais pour me faire pardonner j'ai un cheval. Je n'en ait pas d'autre mais un cheval pour deux c'est mieu que rien.* continua-t-elle mentalement avec la femme.

Pasiphaé se décontracta et desserra ses bras pour ne pas étouffer Birg.

*Merci* adressa-t-il à sa maitresse.

Puis le coup du dragonneau se tourna vers l'étrangère.

*Comme ma dragonnière ne m'a pas présenté, je suppose que je dois le faire moi-même. Je me nomme Birg.*

Erelia ne put s'empêcher de sursauter à la fois de soulagement et de surprise ! Elle n'en croyait pas ses yeux !

-"Un dragon ! Et qui parle !"

S'apercevant soudain de sa grossièreté, elle rajouta:

-"Excusez-moi, messire Birg ! Je n'ai jamais eu l'occasion, dans toute ma vie, de voir un dragon ! C'est pour moi un immense honneur !"
Et se tournant vers la jeune femme:

-"Madame, cela signifie que vous êtes un dragonnier ! Je m'incline devant vous et suis vôtre dévouée !"

Ajoutant le geste à la parole, Erelia baissa la tête. C'est alors qu'elle vit dans la semi-pénombre les pattes éraflées du cheval. Aussi ne put-elle s'empêcher d'ajouter, toujours la tête baissée:

-"Dame ! Vôtre cheval est blesser ! Accepteriez vous que je le soigne ? Il y a ici toutes les plantes nécessaires pour le désinfecter et lui assurer une bonne guérison rapide !"

Elle savait à présent que Pasiphaé ne lui ferait aucun mal, aussi voulait-elle se montrer utile, dans cette forêt dont nul ne semblait connaître la sortie.

*Moi aussi j'en suis encore étonnée d'être dragonnière... Et je ne mérite aucuns respects supérieur de ta part, après ce que je t'ai fait.*

Pasiphaé lança un regard à son cheval. Elle n'avait plus la force de le guerrir... Elle était épuisée par le voyage.

*Je veux bien en effet que tu m'aide à le soigner...*

La dragonnière remarqua que son dragon se tenait fièrement.

*On dirait que tu as les chevilles qui enflent.*

Le dragon ignora la réfléction et se lova confortablement dans les bras de Pasiphaé. Elle sourit et se dirigea vers son cheval.

*Je peux guérir l'exterieur des plaies mais pas l'interieur...* conversa-t-elle mentalement avec la femme.

Erelia s'empressa de ramasser ce dont elle aurait besoin pour faire un cataplasme à l'équidé. Des fougères, quelques baies vertes et une Amproüse, sorte de liane poussant au raz du sol, feront parfaitement l'affaire. Déposant sa cueillette sur une pierre de bonne taille, elle revint vers Pasiphaé et lui dit:

-"Excusez moi, j'ai laisser tomber mon livre et ma masse dans le buisson... j'en ai besoin pour le remède. Si vous voulez bien me pardonner !"

Se mettant aussitôt à quatre pattes, elle disparue entre les feuilles, puis réapparut presque aussitôt. Ne laissant ni le temps à la jeune dragonière et à son dragon d'admirer l'arme qu'elle tenait à présent dans sa main gauche, elle revint au dessus de la pierre et se mit à piler les plantes de façon méthodique.

-"Ce sera bientôt prêt !"

Pasiphaé observa la façon de faire le remède. Elle qui voyageait souvent, celà lui serait surement utile une autre fois. Malheureusement elle ne retiendrait surement pas toutes les étapes. Pendant qu'Erelia préparait le cataplasme, la dragonnière regarda les plaies du cheval et décida de reboucher les plaies qui n'étaient pas profondes par magie. Une fois le travail fait, elle se laissa s'appuyer du dos contre le tronc d'arbre et glisser jusqu'au sol. Celà faisait plusieurs jours qu'elle voyageait sans beaucoup manger, et utiliser la magie ne faisait que la fatiguer un peu plus. En parlant de nourriture, elle devait trouver de quoi manger.

*Je m'en occupe !* raisonna une voix dans sa tête.

Aussitôt, le dragon déscendit des bras de Pasiphaé et partit chasser. Celle-ci décida de s'affairer donc à une autre tache : allumer un feu pour supporter la nuit froide qui avait déjà commencé depuis quelques heures. Entassant des bouts de bois, elle plaça simplement sa main par dessus les brindilles.

*Brisingr.*

Le tas de bois s'enflamma et éclaira enfin les deux jeunes femmes... Pasiphaé put enfin voir le visage d'Erelia et la trouva bien belle. Son dragon qui revenait de la chasse avec un lapin de la même taille que lui qui pendait mollement dans sa gueule en trainant aussi un peu parterre pensait la même chose.

*Pas mal pour une humaine.*

*Tu vas pas non plus avoir des vues sur les filles humaines ?*

*Bien sur que non, les dragonnes sont bien superieures aux humaines, en intelligence et en beauté.*

*Tout est relatif.*

*Mais ne t'inquiète pas, tu es mon humaine préférée.*

Erelia fût émerveillée de voir par quelle simplicité Pasiphaé avait allumer le feu.
Elle déchira le bas de sa robe en lin afin d'avoir plusieurs bandelettes de tailles égales. Elle étala ensuite la pâte obtenue dessus et s'approcha du cheval.

-"Calme, calme ! Je vais te soigner ! N'ai pas peur !"
Le cheval ne broncha pas lorsqu'elle lui appliqua les bandages.

*Tiens, il me semble y avoir moins de griffure que tout à l'heure...*

Après lui avoir emmailloter les quatres pattes et s'être assurer que les cataplasmes de tomberaient pas, elle revint s'asseoir près du feu, face à Birg et Pasiphaé.

-"Comment fais-tu pour me parler dans ma tête ? J'avais ouïe dire que les dragonniers et leurs dragons communiquaient par pensées, mais je ne savais pas que vous pouviez faire de même avec ... de simples mortels..."

*Les magiciens peuvent parler par pensées. Avant d'être dragonnière, j'ai d'abord été magicienne et je l'ai appris... J'était un peu obligé. En fait, je ne peux que parler par pensée. Sinon, je suis muette.* confia-t-elle.

*Ca nous fait point commun, les dragons aussi parlent par pensées.* rassura-t-il sa maitresse.

Pasiphaé souria puis remercia Erelia d'avoir fait un remède pour son cheval et s'excusa pour sa robe qu'elle avait du déchirer. La dragonnière aurait put le faire aussi avec le tissu noire de sa robe mais n'avait pas réagit tout de suite. Aussi, elle s'excusa de ça. Puis elle prit le lapin et le dépeça puis se servit d'une fine branche pour le faire cuire par dessus le feu.

*J'espère que tu manges de la viande... Je n'ai que ça.*

Elle attendit que le lapin soit cuit puis en donna les trois quats à Birg puis sépara le morceau qu'il restait en deux pars égales. Les proportions étaient bien suffisantes. Puis Pasi' repensa à ce que lui avait dit Erelia au début.

*Mais au fait, comment tu t'es retrouvé là ?*

Le visage de la jeune fille se rembrunit immédiatement. Visiblement, la simple pensée de ses souvenirs semblaient douloureux.

-"C'est... difficile à expliquer... Je suppose que rien de tout cela n'est dû au hasard ! Voyez-vous, je suis en voie de devenir officiellement Prêtresse de Mitra et Guérisseuse. Mon père m'a offert cette masse à mon départ du port de Teirm, il y a de cela une lune environ. Je m'étais embarquée sur un navire marchand, qui fesait route vers le Surda. Il était convenu que je débarque à Feinster et que de là je prenne la route pour Dauth, où se trouve le temple qui me verra intrônisée. Mais des .. pouilleux ! Des fils de chacals ! Des raclures de latrines nous ont attaqués en pleine mer !"

Elle avait à présent les larmes aux yeux.

-"Je les ai vu nous aborder ! L'équipage à bien tenter de se défendre, mais en vain ! Moi-même, je me souviens avoir courru vers ma cabine afin d'y prendre ma masse et de vendre chèrement ma vie ! En ressortant, je me souviens juste avoir vu des tas de cadavres dans des mares de sang et le feu sur le pont qui léchait déjà les voiles ! Puis un coup dans ma nuque. Je ne sais toujours pas si il s'agissait d'un de ces pirates ou d'une poulie battante... Ensuite ... un goût salé dans la bouche et les ténèbres... Je me suis réveillée ici même ! Le plus bizarre, c'est qu'on a pris soin de poser ma masse et mon livre à mes côtés... Ensuite je me suis cachée et vous êtes arrivés ! Voilà toute l'histoire..."

Elle se tamponna les yeux avec sa manche, se trouvant si bête à pleurer, elle qui n'hésiterait pas un instant à abattre sa massue sur le crâne de ces maudits forbans !

*Etrange...*

Pasiphaé ne voyait vraiment pas la solution à cette bizzarerie... Surement était-ce quelqu'un qui l'avait transporté jusque là... Mais ça ne devait pas être des pirates...

*Il n'y avait pas d'autres survivants à par toi ? Aucuns corps manquants ?*

Elle savait qu'elle posait des question douleureuses mais peut-être y avait-il un espoir pour que se soit quelqu'un qui tienne à elle qui l'ait sauvé... En fait elle n'en savait rien. Décidant de changer de sujet, elle entama son morceau de lapin en regardant le ciel.

*Tu as une destination précise où tu veux aller à présent ? Je n'ai nul par où aller, et avoir de la compagnie en chevauchant ne serais pas de refut ! Mon cheval est robuste, il pourra nous porter toutes les deux.*

*Et moi on m'oublie.*

*Enfin oui, tout les trois...*

Les yeux de la dragonnière commencèrent à se fermer petit à petit mais elle lutta pour ne pas s'endormir avant d'avoir finit son lapin...

-"Je crains malheureusement être la seule survivante... ceux qui n'ont pas été tuer par les pirates sont certainements morts brûlés ou noyés... J'avais bien penser à essayer de retrouver cette bande de pirate pour me venger, mais il est clair que seule, je n'ai aucune chance. Et rejoindre le temple à présent n'a plus d'importance. Je serais plus utile dehors qu'à passer mes journées dans des livres et à officier des messes !"

Voyant que Birg finissait son lapin, elle lui tendit sa part:

-"Messire, voulez-vous un peu plus de lapin ? Je ne le mangerais pas..."

Elle ajouta, de peur que Pasiphaé ne crois qu'elle mettait en doute ses donts culinaires:

-"Je ne mange jamais de viande... C'est contre mes principes..."

Elle ne put s'empêcher de rougir en pensant que, perdue au fin fond d'une forêt inconnue, ne pas manger de viande devait être aussi loufoque que si elle s'était promener nue avec des navets autour du cou au beau milieu des rues de Teirm.
La fatigue s'abattit tout à coup sur elle. Elle s'endormit avant même d'entendre la réponse de Birg, les émotions de la nuit ayant eu raison de ses limites physiques.

Birg ne se fit pas prier deux fois et prit le morceau d'Erelia. Celle-ci s'endormit vite d'ailleurs. Pasiphaé détacha sa cape de ses épaules et la mit comme couverture pour la femme. Elle n'avait pas été vexé par le refus de manger de la viande d'Erelia car beaucoups de personnes n'acceptent pas de faire ça, notemment les elfes. Pasiphaé s'allongea alors et Birg fit de même sur le ventre de sa dragonnière.

*Bonne nuit mon humaine préférée.*

*Bonne nuit mon dragon préféré...*

Sur ces mots, les deux êtres s'endormirent. Puis la nuit passa et Pasiphaé se réveilla en sursaut. Surement avait-elle fait un cauchemard. Le soleil était en train de se lever quand elle ouvrit les paupières.

*Bien, comme ça on va pouvoir partir tôt.*

Elle éteignit le feu et réveilla Erelia.

*On va devoir partir, réveil toi. Plus vite nous serons partit, plus vite nous serons arrivé. De même que tu ne m'as pas précisé de destination...*

Birg quand a lui était déjà monté sur le cheval en sautant sur l'etrier puis sur la selle.

Erelia se réveilla aussitôt. Etrangement, elle n'avait pas fait de mauvais rêves, comme si le fait d'avoir parler de ses malheurs l'avait "exorciser". Ou alors tout cela était encore trop récent pour qu'elle en fasse des cauchemards.

Pour la première fois, elle put nettement distinguer la figure de Pasiphaé. Elle semblait plus jeune qu'elle. Son teint était extrêmement pâle, ce qui lui donnait une impression fragile, effet renforcé par ses longs cheveux d'un noir de jaie, qui lui tombaient dans le dos. Néanmoins on lisait dans ses yeux bleux beaucoup de détermination et une droiture sans faille.

*Comme les miens* ne put-elle s'empêcher de penser.

-"Bonjour dame Pasiphaé, bonjour messire Birg. Je me dépêche !"

Elle ramassa son arme et son livre, puis se redressa, serrant la cape de Pasiphaé contre elle. C'est alors qu'elle vit les magnifiques habits de Pasiphaé: une longue robe d'un noir très sombre, qui semblait un morceau de nuit taillé dans du velours, et de fins gants, noirs également, qui lui donnaient une grande prestance.

*Moi et ma vieille robe en lin délavée et déchirée, nous faisont bien pâle figure à ses côtés ! On croirait une princesse et sa servante ! C'est amusant.*

-"Voici ton manteau...Je pense ne plus rien avoir à faire ici. Il est clair que la personne ou la chose qui m'a amener là ne reviendra pas. Je peux aisément monter en croupe. Par chance, mon père a un ami qui élève des chevaux dans les champs environnants Teirm, et celui-ci m'a appris à monter ! Au moins ne tomberais-je pas tous les cents pas ! Mais avant, je vais enlever les cataplasmes du cheval. Il ira mieux ainsi."

Joignant le geste à la parole, elle délia les fins morceaux de tissu et examina les plaies.

-"C'est parfait, elles sont refermées et je ne vois aucune trace de purulence."

Elle replia les bandages et les mis dans sa poche. Devant le regard interrogateur de Birg, elle lui dit:

-"Je les garde pour un usage ultérieur. Je les laverais au prochain ruisseau, ils pourront encore nous être utile. On ne sait jamais ce qui peut arriver, surtout lorsque nous partons sans destination précise !"

Sur ce, elle empoigna l'arrière de la selle et se hissa sur l'arrière train de l'équidé. Son geste n'était pas parfait, mais on voyait bien que ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait. Birg était juste devant elle, sur la selle, son regard incroyablement intelligent fixé sur elle. Elle en était sûre, il pouvait parfaitement sonder son âme d'un simple coup d'oeil.

Pasiphaé pris sa cape et la mit par dessus sa robe. Le tissu cachait parfaitement son habit. Elle salua Erelia puis enleva la selle du cheval, puisqu'elle dérangerait plutôt qu'autre chose et qu'en plus ça ferait un poid de moins pour son cheval. Erelia monta puis la dragonnière fit de même, se plaça derrière la femme. Birg resta devant, confortablement installé... Mais à son regard curieux, la jeune femme sut qu'il faisait une bétise... Il lisait dans les pensées d'Erelia ! Aussi commença-t-elle une discution privée avec son dragon.

*Birg, les pensées sont les choses les plus personnelles qu'on a. Elle ne peut pas encore défendre son esprit alors n'en profite pas.*

*On apprend beaucoup de chose en regardant les pensées.*

*Mais il ne faut pas le faire.*

*Savais-tu qu'elle trouve ta robe très jolie ?*

Pasiphaé rougit.

*On ne peut jamais parler serieusement avec toi.*

Sur ce, elle arrêta la discution privée. Puis avant de faire avancer son cheval, la question de la direction à prendre revint.

*Erelia, je crois que je vais te laisser prendre les rênes, j'ai une légère tendance à me perdre tout le temps...*

Erelia ne put s'empêcher de rire

-"Par les saintes reliques de Mitra ! C'est que moi-même j'arrive à me perdre dans les rues de Teirm, alors que j'y suis née ! Nous allons former une bonne équipe !"

Vraiment, cette situation était très drôle. Elle avait faillis mourir, avait rencontrer une dragonnière et on dragon au plus profond de ce qui pouvait aussi bien être le Du Weldenvarden, et voilà qu'elles semblaient l'une comme l'autre incapable de se situer dans l'espace !

-"A mon sens, le mieux à faire est encore d'aller tout droit ! Avec un peu de chance nous finirons par déboucher sur une clairière, un chemin ou même un village ! Et si nous ne trouvons rien, il sera toujours temps de faire une cabane dans les bois et vivre commedes elfes !"

*Vivre en dehors de la civilisation, je pourrais tenir mais qu'un certain temps. On va bien réussir un jour où l'autre à trouver quelque chose !*

Pasiphaé fit avancer son cheval au trot avec une léger pression des cuisses sur les flancs mais laissa les rênes. Tant qu'à aller quelque part, autant que ce soit le cheval qui guide. Ca ne pourrait pas être pire que les deux humaines qui étaient sur son dos.

*C'est vrai qu'on forme une bonne équipe... Enfin là ce n'est que le début...* ironisa-t-elle.

Puis elle donna plus de moue aux rênes pour que le cheval puisse sauter un buisson qui était devant lui. Puis le cheval sauta et retomba souplement sur ses pattes et repris son petit trot tout en douceur. Pasiphaé qui avait beaucoup voyagé ses temps ci c'était habituée à des figures comme ça. Pourtant, quelques mois auparavent, elle se serait écrasé par terre sans même comprendre ce qu'il lui arrivait.

*Les temps ont changés depuis...* pensa-t-elle.

Erelia ne pensait plus qu'à une chose: ne surtout pas tomber. Elle serrait ses jambes contre le crin court de l'animal en invoquant Mitra de les préserver de la chute, car malgré qu'elle eut appris à monter, trotter dans une forêt était aux antipôdes du champ si familier. De plus elle n'était guère rassurée. L'air semblait changer, s'alourdir, comme si un mal se cachait quelque part.

*J'espère que ce n'est qu'une impression non fondée...*

Le cheval, lui, continuait tranquillement sa route à travers les buissons et sur les pentes recouvertes de feuilles mortes. Les arbres semblaient s'espacer de plus en plus, et l'équidé se mit à renâcler. Au détour d'un imposant rocher, les voyageuses et Birg tombèrent sur un paysage époustoufflant: un lac immense et cristallin, sur lequel des volutes de brouillard se faisaient et se défaisaient au rythme du vent, entouré de la forêt et de l'autre côté, une lueure. Erelia était à la fois fascinée et effrayée. Tout ici était si étrange... comme ce ciel devenu gris, ces arbres noires ou ce feu follet, là-bas. Quel était donc ce pays maudit ?

Le cheval se précipitait déjà pour boire l'eau du lac.

*Je comprend mieux son empressement; il avait soif ! Moi-même je me désaltèrerais bien, même si cet endroit me donne la chair de poule !*

Pasiphaé était ipnotisé par le paysage. Aussi ne fit elle pas attention quand son cheval s'abreuva. Vite, elle sentit à sa monture une faiblesse. Les deux voyageuses et Birg déscendirent. La jeune dragonnière baissa la tête. Dans le reflet de l'eau, elle vit les yeux de son cheval se fermer. Elle vit son cheval tomber à terre. Elle le vit trembler. Elle le vit immobile. Elle le vit mourire. Heureusement, ses cheveux lui cachait le visage, permettant ainsi que les autres ne voient pas ses larmes. Son cheval l'avait accompagné depuis le début et le perdre était un handicap autant qu'un déchirement au coeur, surtotu dans cet endroit lugubre. Par magie, elle enflamma le cadavre et d'une main, elle sècha discrètement ses larmes. Ensuite, elle se recula et regarda à l'horizon, les yeux dans le vague. Elle calma sa respiration puis déclara...

*Personne ne touche à rien de ce qui est ici. On a eut un exemple de ce qui peut arriver. Mais maintenant on a un gros problème : a pied, on ne voyagera pas vite. Il nous faut trouver une solution.*

Birg sembla percevoir sa tristesse car il fit une chose qu'il ne faisait pas souvent : il la réconforta.

*Nous allons y arriver...*

Pasiphaé reprit donc la marche suivit d'Erelia et Birg. Ils longèrent le lac pour se retrouver de l'autre côté et marchèrent en terrain inconnu. Alors, des batiments se dessinèrent à sa vue.

*On y est arrivé...*

La jeune dragonière alla jusqu'à la ville et fit ses aurevoirs à la femme qui l'accoompagnait.

*Maintenant tu vas pouvoir trouver ton chemin. J'espère que nous nous reverrons, Erelia. Je ne peux rester ici plus longtemps. Les chemins m'appellent. Peut-être à bientôt.*

Sur ce, elle prit un cheval attaché sur la route discrètement, sachant bien que ce qu'elle faisait était mal mais elle ne pouvait faire autrement. Elle n'avait presque rien comme argent sur elle. Elle prit Birg devant elle et lança son cheval au galop.

*Aurevoir, Erelia...*

Alors que Pasiphaé et Birg s'éloignaient déjà, Erelia s'écria:

- Au revoir !

* Et merci pour tout ! *

Ces mots, elle les avait penser si fort, en y mettant tout son coeur, qu'elle en était certaine: ses deux compagnons les avaient forcément entendus, ressentis au plus profond de leur âme.
D'ailleurs il lui avait sembler voir Pasiphaé tressaillir légèrement, et Birg avait brièvement retourner vers elle son long cou aux fines écailles, avant de disparaître au premier tournant.

Ce qu'elle venait de vivre l'avait transformer. Connaître une personne comme Pasiphaé, qui dans l'adversité n'avait pas hésiter à tout partager, sans concession, jamais Erelia n'aurait cru cela possible !
"Elle est digne d'être dragonnière ! Je comprend que Birg l'ait choisi !"

Elle remarqua alors de l'autre côté de la route où elle avait émerger un vieux bout de bois sur lequel était clouée une planche pourrissante. On pouvait encore y lire la peinture blanche écaillée:
<< Village de Lipone
Population: 58 67 81 >>