Les huit portes se dressaient de toute leur taille. A défaut de porte, il s’agissait plutôt de hautes arcades de roche blanche, elles semblaient taillées dans la précipitation, leurs arrêtes indéfinies, on aurait dit que les tailleurs qi s’étaient chargés du travail l’avait bâclé, mais il n’en était rien. Ceux qui avaient bâti les Chemins étaient des artistes de la magie, et ceux-là n’avaient rien laissé au hasard.
Des runes incompréhensibles au commun des mortels s’étalaient sur le fronton de chacune de ces portes, aucune des personnes qui entraient dans la salle ne pouvaient les déchiffrer, cependant, ces gens savaient que ces runes étaient importantes.
Soclès se plaça devant une des portes. La pièce était une caverne qui, pour sa part, était taillée à la perfection, et éclairée par des chandelles. Il y faisait sombre, et frais, mais c’était un lieu de haut pouvoir.
La jeune femme aux cheveux de feu enleva de son cou un pendentif en ébène, c’était un anneau plat sur lequel étaient gravés des mots en Ancien Langage. Elle souffla dessus, comme le lui avaient expliqué les mages, et une fine poussière couleur de nuit s’éleva dans l’air, traversant l’arcade en face de laquelle elle se trouvait.
Il y eut un miroitement, comme de l’air surchauffé en plein été, puis se dessina une place déserte de Dras Leona, proche de l’entrée du Concile. La place était circulaire et pavée, sans aucun ornement, et seules quelques portes donnaient dessus. Aucune n’était habitée : c’était un trompe-l’œil.
Soclès passa la porte, et se retrouva sur la place déserte. Elle se retourna, et vit la façade d’une maison, avec une porte en bois usé par le temps ouverte sur une pièce taillée dans la pierre, mais surtout, la pièce semblait trop grande pour la maison, elle était remplie de prisonniers encadrés par des soldats de la Guilde des Ténèbres, qui attendaient de passer.
Soclès dressa la main pour leur faire signe de ne pas bouger. Elle attendit quelques secondes avant qu’une des portes donnant sur la place ne s’ouvre, un homme en sortit, c’était un colosse de plus de deux mètres de haut à la carrure très impressionnante.
Il passa une main sur son crâne rasé et fixa Soclès avec un léger sourire.

-Quelle chaleur ! jeta-t-il.
-Oh oui, répondit la femme aux cheveux de feu dans un soupir. On se croirait dans les forges du Ciel…

L’homme opina du chef.

-C’est bon, ils peuvent venir.

Soclès fit un signe de la main en direction de la porte, un moulinet vif et sec faisant comprendre à ses hommes qu’ils pouvaient emmener les prisonniers. Aussitôt, des centaines de soldats capturés par l’Armée Noire pendant la dernière guerre firent leur apparition.
Des Vardens, des Impériaux et des Alliés. Beaucoup d’Impériaux, en second venaient les Alliés, mais les Vardens étaient plus rares, soit qu’ils avaient moins combattus, soit qu’ils ne se laissaient pas capturer.
Soclès n’en savait rien : à cette occasion, elle n’était que soldat, elle n’avait pris du galon qu’après.
Devant elle passa un géant, un homme presque aussi grand qu’André, celui qui l’avait accueillie quand elle avait emprunté le Chemin, elle se dit que celui-là ferait un galérien de grand luxe…