Nombre de messages : 22351Âge : 34 |
Ellenwen | Dirigeante de l'Equilibrium |
| Sujet: Teirm | Mer 8 Avr 2009 - 18:10
|
| Comme tout bon visiteur, Norbert s'était pointé dans Teirm par la porte d'or. Ce simple bout de bois flanqué de tours était devenu légendaire en l'espace de quelques semaines, il avait suffit que le chantier de celui-ci soit abouti pour que les esprits s'échauffent. Et l'homme de passage qu'il était du bien avouer que la chose resplendissait, il y avait deux énormes donjons candides se dressant comme deux soldats au garde-à-vous. C'étaient les sentinelles de l'empire, les gardiens de la civilisation, comme on les appelait dans le coin. Les hommes de l'empereur ne tarissaient pas d'éloge envers le petit chef-d'œuvre, ils s'infatuaient volontiers de quelque chose qui n'était pas de leur, plastronnaient comme des coqs dès qu'un malheureux prononçait les mots « Porte d'Or ». Mais maintenant, il pouvait presque comprendre ces vantardises. C'était assommant de clarté, ça chiait des monceaux de lumières dans toutes les orbites, comme dans des latrines même. Et quand ça ne trouvait pas de victime ça partait loin, très loin, pour illuminer le rivage à des kilomètres de là. Pourtant, le soleil pointait à peine le bout de son nez gibbeux, bien caché derrière des nappes de brume dorée. Norbert soupçonnait un enchantement adroit de se cacher derrière la blancheur intolérable de ces tours... Et puis il passa sous la porte à proprement parler, celle qui donnait à tout cet enchevêtrement de pierre son nom. Elle n'était pas dorée, ni faite d'or, mais elle avait le mérite d'arborer fièrement la brillance de tout un fatras qui damasquinait ses battants. De l'or, de l'argent, des émeraudes, des rubis et d'autres pierres dont on imaginait même pas le nom. Il se dessinait aussi des scènes étranges, des processions incompréhensibles figées dans le bois et le fer. Il y avait des arpètes qui couraient entre des marchands, qui tout un coup cédaient leur place à des soldats en armes. On comptait parmi leurs rangs des trucs, des démons et des machins aux yeux de saphir. C'était bien dommage d'avoir sué sur tout cet ouvrage en sachant pertinemment qu'un ou deux coups de béliers pouvaient le réduire à néant, c'était stupide, con même !
Et, d'autor, il sut que l'intérieur était du même acabit. Les bâtiments bordant la voie affichaient la même prétention, dans leur austérité ou leur surenchère, tous respiraient quelque chose d'écrasant. Ils voulaient vous happer dans leurs formes, vous attirer sous leurs arches, vous attacher à leurs colonnes. Ils faisaient tout pour être remarqués, captaient la lumière du soleil pour se mettre en valeur, crachaient parfois des trombes d'eau pour faire plus de bruit que les autres. Et cela fonctionnait ; des centaines de personnes grouillaient parmi leurs entrailles marbrées, tout un peuple qui coulait dans les veines de la ville, coagulait un peu au milieu des places, s'amassait dans les bains, les temples en l'honneur de divinités dont Norbert n'imaginait même pas le nom, allait nourrir des marchés, des ateliers, des industries qui beuglaient perpétuellement. Il semblait incroyable à Norbert qu'un tel salmigondis urbain ait pu naître en si peu de temps. Il était tout bonnement inhumain de construire quelque chose de semblable et, qui plus est, de lui insuffler la vie en si peu de temps. Lui voyait cela, les oiseaux voyaient ceci. Libérés du joug des hautes façades, de la promiscuité des rues, ils pouvaient pleinement appréhender cette vaste croûte qui rongeait la côte, et ils pouvaient voir qu'elle était grisâtre par endroits. Là où les rues perçaient le moins, là ou rien n'était vraiment dégagé. Le chantier sale, immonde, grouillant d'hommes en haillons et dégoulinant de morts d'épuisement usait habilement des ombres obeptrices pour mener sa barque. Complètement cachés aux yeux des badauds et des nouveaux arrivants. Mais peu à peu il se résorbait, très bien même. Le blanc bouffait la poussière moutonneuse de la construction, la poussait dans ses derniers retranchement pour la gober d'un coup sec ; et quand la dernière pierre serait posée, elle inhumerait le dernier corps du dernier homme mort pour la ville... Mais Norbert n'avait présentement rien à secouer de tout cela, et ça n'effleurait même pas son encéphale subjugué par la hauteur des immeubles qu'il longeait. Tant de maisons les unes sur les autres, avec tant de gens dedans et autant dehors. Il n'avait jamais rien vu de semblable, sauf peut-être à Urû'Baen. Même Dras-Leona ne déployait pas d'ingéniosité ou d'inhumanité dans son horizontalité. Oui, c'était une ville plate, une ville humaine avec ses allées, ses arbres, ses petits immeubles. Teirm était une ville debout qui vous toisait avec mépris, vous crachait tout ce qu'elle avait à la gueule et tentait ensuite de vous aveugler avec ses splendeurs splanchniques. C'était une cité insane, la ville de la folie, elle tentait d'égaler les pigeons aujourd'hui, et demain elle serait tentée d'égaler les nuages, les cieux irrespirables, et puis les dieux peut-être, et tout l'univers enfin ! Il y avait dans sa beauté quelque chose de malsain, de vicié, une chose si obscure qu'on ne la voyait pas. Un truc qui sentait la charogne... Norbert était mal à l'aise, en fait. Il avait du mal à assimiler tout ça, à éviter les gouttes de pluie qui commençaient à tomber, et qui se disloquaient lamentablement au sol pour ruisseler dans les égouts. Il y avait de tout dans cet organisme trop complexe pour lui.
Mais il voulait quand même ne pas mourir idiot, après tout, c'était sa curiosité qui le poussait à transbahuter sa carcasse partout. Son nouvel et unique objectif était, maintenant, de savoir. Tout simplement. Il n'eut pas de mal à trouver les autorités compétentes dans ce capharnaüm ordonné, il n'avait qu'à suivre la longue avenue qui menait à la citadelle. Il était tout naturel d'avancer tout droit, d'être bousculé, d'être tourné dans l'autre sens par un coup de coude et remis en place par un autre ; mais on avançait toujours dans cette cité folle. S'arrêter exposait à bien des mésaventures. Il y avait trop de monde pour s'arrêter dans cette fureur urbaine, alors on avançait par instinct de survie, comme un mouton qui aimerait ne pas se faire piétiner par ses pairs. Et quand on avançait, c'était vers la sortie ou vers le centre. Il n'y avait pas d'autre alternative pour l'étranger, celui qui ne connaissait pas les rouages de la circulation locale et qu'on prenait, à juste titre, pour un idiot. Norbert avait bien inconsciemment opté pour la deuxième solution, et il se retrouve nez à nez avec le cœur de Teirm. C'était un fort beau promontoire, sûrement totalement artificiel, auquel il pouvait accrocher de vagues souvenirs. Il y avait le vieux mur remis à neuf, les vieilles voies qui grimpaient tout droit vers les altitudes. On voyait de plus en plus de gardes à mesure que l'on grimpait, et les immeubles devenaient rapidement de moins en moins en haut, et puis on les dominait du regard, et enfin on y pensait plus, ils n'étaient plus que de vagues formes dans la brume. Seuls les soldats restaient avec leurs petits airs inquisiteurs, leurs mâchoires serrées et leurs uniformes trop bien tenus. Norbert remarqua que l'un d'eux se décrispait parfois, qu'il souriait même, que ses yeux lançaient des lueurs bizarres. On se demandait ce qu'il foutait ici, s'il n'était pas juste un abruti ayant enfilé le mauvais costume pour le grand spectacle. En tout cas il ne détacha son œil bizarre de Norbert que lorsque son nerf optique fut trop court, et alors il regagna l'orbite de son propriétaire et son attention se dissipa. C'était très intriguant, tout le monde épiait tout le monde sans se soucier de personne, on se demandait ce qu'il fallait en conclure... Rien, sûrement. Rien était la seule réponse plausible.
Il s'était dit qu'une vue d'ensemble l'aiderait à déchirer l'écran de mélasse qui lui embrouillait l'esprit, mais rien ne l'aida. Cette carte n'eut pas l'effet escompté, elle était inutile au plus haut point, elle n'aidait rien ni personne, elle était presque néfaste...
En attendant une description plus sexy... Bien sûr, tout cela correspond à l'état supposé de la ville à la fin de la reconstruction, mais les parties encore en chantier sont cachées \o/
A à E : ports et arsenaux
- Spoiler:
A : Arsenal de Teirm : Ceint par une muraille de pierre de deux kilomètres, l'arsenal emploie quelques dix mille personnes. Il est une vraie fourmilière à travers laquelle circulent ouvriers, marchand et convois de matériaux par centaines. Cependant, l'esthétique n'a pas été sacrifiée sur l'autel de la rentabilité : les bâtiments sont aussi imposants qu'élégants. Les voûtes sont délicates, les fenêtres ornées, le faîte des colonnes finement ciselé. Enfin, de nombreux temples et statues consacrés au culte d'Enohaï parsèment le quartier.
B : Port d'Isaac : Petite vanité du concepteur de la nouvelle Teirm, le port d'Isaac est un port comme les autres. Principalement marchand, il est l'exact contraire du port de la chaîne.
C : Port de la Chaîne : ce port est constitué de vastes bassins ou une centaine de galères de guerre se tient sur le pied de guerre en permanence. Il rassemble aussi de nombreux ateliers produisant l'équipement nécessaire à toute armada qui se respecte : grappins, arbalètes, balistes, catapultes embarquées, « blindages », têtes d'éperons.
D : Port Impérial : Port réservé au mouillage des galères dorées, l'élite de la flotte impériale.
E : Port du Septentrion : un port, tout simplement. On y négocie, vend, achète.
1 à 9 : La Citadelle
- Spoiler:
1 : Palais Impérial : Petit bijou d'architecture, la palais impérial rassemble en son sein les appartements de l'empereur, lorsqu'il est en visite. Il comporte aussi plusieurs salles de conseil, des casernements, des bains, des bibliothèques, des chapelles. Bien sûr, tout cela est solidement gardé.
2 : Temple de Mastaï : Le plus beau temple de la ville pour la plus grande des divinités de l'Empire. Concentré de marbres roses, blancs, noirs et des pierres les plus blanches de l'Alagaësia, le temple renferme une statue en or de la divinité.
3 : Place de l'Empereur : Si quelque chose doit être dit aux habitants de Teirm, c'est ici que cela se fait. La place est vaste, propre et bordée de colonnes monumentales.
4 : Conseil des arcanes : Ce lieu sacré garde jalousement les secrets magiques de l'empire. Y sont archivés et enseignés des millénaires de magie et de sorcellerie. Il est aussi un temple tout entier à la gloire de Malchiaë. Y entrer sans y avoir été invité relève du suicide.
5 : Le grand phare : Comme son nom l'indique, le grand phare guide les navires vers les ports de la ville. Comme l'indique aussi son nom, sa hauteur est faramineuse.
6 : Mur de la Citadelle : L'un des seuls vestiges encore visible de l'ancienne Teirm. L'antédiluvien mur de la Citadelle est aussi solide que majestueux. Il ceint la Citadelle entièrement, aussi bien du côté de la mer que de la ville.
7 : Tour aux mille soupirs : derrière ce nom aussi éculé qu'évocateur se cache la seule et unique prison de la ville. Ses pensionnaires sont rares, mais ils ne sortent que très rarement, voire jamais.
8 : Écuries impériales : Les écuries sont une immense caserne abritant l'élite des légions, les cataphractaires. Ceux-ci sont l'élite de ces vétérans. Leur rôle est de maintenir l'ordre dans la cité et de veiller à la sécurité de ses dirigeants. Comptant parmi eux de nombreux mages soldats, ils sont de ceux que l'on affronte pas à la légère, même quand on est un dragonnier...
9 : Le Sénat : Le Sénat ressemble plus à une cathédrale qu'à une assemblée ; et pourtant, c'est d'ici qu'est régie la ville.
10 à 19 : Lieux importants
- Spoiler:
10 : La Chaîne : C'est tout simplement une immense chaîne jetée à travers l'estuaire. En cas de danger elle est tendue afin d'empêcher l'accès au fleuve.
11 : Forum de Kuasta : Ce forum est l'endroit où viennent s'établir les marchands de Kuasta et, plus généralement, du Sud.
12 : Forum du Palais : Immense, immaculé. Voilà deux mots qui pourraient tout à fait correspondre au forum du palais s'il n'était pas en permanence envahi par la foule. Lieu de rendez-vous des commerçants du monde entier, il est aussi le théâtre de spectacles et de cérémonies religieuses.
13 : Les Grands Bains : Nombreux sont les thermes dans la cité, mais ceux-ci sont de loin les plus remarquables. Véritable merveille architecturale, ces bains dominent les alentours de leur masse dentelée par le burin habile des sculpteurs et le bec des pigeons.
14 : Marché aux Légumes : C'est ici que se retrouvent la plupart des paysans de la région pour écouler leur récolte. Par extension, on y vend aussi du bétail, de la viande... Enfin bref, tout ce qui concerne de près ou de loin les estomacs de nos concitoyens.
15 : Tour de la Chaîne : Veillant de près à la sûreté de l'estuaire, la garnison de la tour est aussi chargée de la collecte des taxes portuaires de toute la ville.
16 : Place de Narda
17 : Colonne Sacrée : Cette place a été aménagée autour d'une seule et même chose : la colonne sacrée. Il s'agit d'une immense colonne -justement- sculptée en une frise retraçant l'histoire de la Guilde et, finalement, de l'Empire. Au sommet dudit pylône se dresse une statue de l'empereur actuel.
20 à 25 : L'adduction d'eau
- Spoiler:
20 ; 21 ; 22 ; 23 ; 24 : Il s'agit des citernes de la ville. Alimentées par les eaux de pluies ou des aqueducs, ce sont-elles qui fournissent son eau à Teirm.
25 ; 25' : L'Aqueduc Woardak : Prenant sa source dans la Crête, cet aqueduc achemine jusqu'à Teirm la majeur partie de son eau. Bien qu'en grande partie souterrain, il émerge parfois et se présente alors sous la forme de séries d'aches étagées.
30 à 50 : Portes fortifiées
- Spoiler:
45 : La Porte d'Or : La plus monumentale des portes de la cité. Ses battants d'une dizaine de mètres de haut sont damasquinés de larges arabesques d'or et d'argent ; y sont aussi incrustées des pierres précieuses prélevées sur les corps de garde de Dras-Leona.
Tu croyais pas que j'allais écrire 20 fois la même chose non plus ?
Les murs :
- Spoiler:
Les murs de la cité, excepté celui de la citadelle, sont tous bâtis sur le même modèle : Un fossé de quelques 18 mètres de larges et 6 de profondeur, pouvant être rempli par les eaux du fleuves si besoin est. Ce même fossé est bordé, côté cité, d'un parapet haut comme un homme et percé d'archères. Derrière se dresse une muraille de sept mètres en moyenne, et large de deux. Enfin, protégé par ces deux obstacles, apparaît le rempart principal. Presque deux fois plus haut que la muraille, sa largeur avoisine les sept mètres.
Sur ces deux dernières défense sont disposées – à intervalles réguliers- des tours. On en compte pas moins de 200 (sur les première et deuxième enceintes)
Un mur simple protège la cité du côté de la mer.
Enfin, le mur de la citadelle est à l'image de la cité à laquelle il appartenait : gigantesque. En le conservant, il a été décidé que la Citadelle resterait à sa hauteur d'origine. Ainsi tout cela surplombe-t-il la cité entière.
|
|