J’arrivai dans une plaine désolée. Je ne m’attendais pas vraiment à ça. Ni à rien de ce que je vis, en fait. Je savais que la Dras avait subie des changements radicaux, cependant je n’avais pas imaginé qu’ils étaient aussi radicaux. Dans mes souvenirs, la ville était entourée d’une forêt et de champs cultivés, or il n’y avait plus rien de tout cela.
Les murailles pour leur part étaient maintenant entièrement blanches et formaient une étoile, la téléportation offrait ce privilège que l’on avait un point de vue d’ensemble du monde entier pendant la fraction de seconde qui sépare deux pensées. Très peu de temps donc.
Mais le plus chamboulant, c’était la porte. Ce n’était qu’un chambranle en rubis. Un magnifique chambranle. C’était comme si le cadre de la porte avait été la plus belle œuvre de joaillerie de tous les temps. Des runes étaient gravées dans le rubis, certaines que je reconnaissais et d’autres non, au pouvoir plus ou moins puissant, parfois inexistant.
Il n’y avait pas de garde, dommage, j’aurais bien aimé me défouler sur quelqu’un. Sans m’attarder plus d’un dixième de seconde sur la beauté de la porte ou la salubrité nouvelle de la ville, je passai l’entrée, mon arme immense toujours à la main.
Je comprenais plus ou moins ce qui avait motivé son apparition. Mon souhait d’avoir une arme de siège. Bon bien sûr ce n’en était pas une, mais c’était déjà très, très, très gros pour un humain. La ville se déroulait devant moi, et personne ne tenta de me stopper.
Dommage, encore une fois. J’arrivai finalement au centre de la ville. Ou presque. Il s’y dressait maintenant d’impressionnants murs aussi blancs et hauts que ceux enserrant la ville, et au centre de cette seconde enceinte se dressait une tour immense. Noire. Son sommet formait comme des serres se refermant sur quelque chose d’intangible.
Je tendis la main en laissant échapper un sourire profondément sadique, et mes doigts prirent entre eux le sommet de la tour, rendu plus petit que mon point par la perspective. Ils se refermèrent, et le sommet de la tour disparut derrière mes doigts joints.

-Je vous tuerai, soufflai-je.

Je me retournai. L’on ne m’avait sans doute pas repéré en tant que maître dragonnier vu que je dissimulais les flux de magie depuis mon entrée dans la ville, cependant un vagabond armé d’une épée plus lourde que lui, voilà qui n’était pas commun.
Je plaçai dans un baudrier de mon dos qui n’était pas là avant que je ne me téléporte. Je m’en allai vers une taverne ayant pignon sur rue. Elle était bondée. J’entrai à l’intérieur et fis sensation, rien qu’en voyant mon arme, beaucoup de monde s’éloignait.

-Belle journée les gars, lançai-je à la cantonade avec un entrain feint. On me répondit par des grognements. Allez, hauts les cœurs ! Tournée générale ! ajoutai-je.

Cette fois la foule se montra plus enthousiaste et je m’assis à une table bien pleine, commandant pour la forme une choppe de bière que je ne souhaitais absolument pas. Je ne souhaitais qu’Althéa. Je sirotai cependant le breuvage qui n’était en rien délicieux, mais tout juste passable.

-Joli la tour au milieu de la ville, dis-je l’air de rien. J’ai entendu dire qu’elle appartenait à la Guilde.

Préciser « des Ténèbres » n’était jamais une bonne chose.

-Ça se peut, me dit un paysan du cru. Qu’est-ce que ça peut te faire, étranger ?
-Rien rien, réponds-je. Pas d’inquiétudes, je ne souhaite pas vous attirer d’ennuis. Mais n’empêche…Je suis soufflé par la prestance de cette ville et de ses habitants.

Il y eut quelques murmures, grognements, sifflements, je fis mine de ne rien voir et continuai de mon air niai d’arriviste stupide.

-Il n’y a pas des elfes dans le coin des fois ?
-Pourquoi tu veux savoir ça ? me demanda le paysan.

Fichtre et foutre, je ne m’attendais pas à subir un interrogatoire en règle.

-Elles sont chaudes, à ce qu’on dit, rétorquai-je du tac-au-tac. Et vraiment bonnes au lit. J’ai jamais essayé, ce serait un bon coup à tirer non ? Surtout dans une si belle ville ! Vous n’en avez vraiment vu aucune ?
-Ien a bien quelques unes, dit un autre homme à la carrure plus massive que le fermier. Je crois que tu en trouveras même une qui fait des passes, mais elle se déplace pas pour rien la garce. Mais ne t’attends pas à en trouver à chaque coin de rue.

Je serrai les dents, cependant n’en laissai rien paraître extérieurement. J’avais envie de tabasser ces idiots jusqu’à ce qu’ils me disent ce que je voulais savoir, cependant ce n’aurait pas té diplomatique, et indigne du roi de l’Empire.

-Les catins j’aime pas. Elle est brune ?
-Blonde.
-Ben tiens. J’en veux pas de ta pute de luxe.
-Des elfes brunes, ça existe pas, abruti.

Je regardai l’homme, un troisième, qui venait de m’interpeler. « Les elfes brunes ça existe, la femme que j’aime en est une.» C’est ce que j’avais envie de lui répondre. C’est ce que je ne dis pas. Il haussa les épaules devant mon silence.

-‘fin moi ‘dis ça j’dis rien. Elles ont aussi bien pu se teindre.
-Maintenant que tu le dis, dit le fermier, j’ai vu une belle femme qui traversait la ville. Elle avait pas l’air tout à fait consentante, mais elle était magnifique, tu la retrouveras peut-être dans les bas-fonds. Elle elle te prendra sans doute pas cher…

Je regardai l’homme, essayant de décrypter. Il était question d’une femme un peu trop belle pour être une humaine et emmenée de force. Au moins je savais où elle était maintenant.

-Tu parles de prostitution là ?
-Ben oui, qu…

Mon poing le cueillit au menton et l’envoya voler sur plusieurs mètres tandis que sa chaise se renversait et que des éclats d’os et du sang giclaient. Les volutes de magie se dissipèrent tandis que l’homme retouchait le sol, après être violemment entré en contact avec un mur.
Il serait KO pour un moment, lui.
Il y eut un instant de grâce, puis tous les occupants de l’endroit me sautèrent dessus de concert. En quelques minutes, il n’y avait plus que des cadavres et des corps assommés. Je sortis de l’endroit ave un sourire satisfait. Ces adversaires ne valaient pas un clou, mais au moins j’avais pu me passer un peu les nerfs.
Je savais ce que je voulais savoir, pour entrer dans le Concil, il n’y avait maintenant qu’une seule solution…
…la sphère d’énergie fusa de ma main tendue vers le sommet de la tour noire, traçant un éclair vert tandis que le brouillage sur les flux que j’avais instauré se dissipait.

La sphère d'energie ricochat sur ce qui semblait etre un bouclier, et se perdit dans le ciel...Un eclat de rire se fit entendre. Gerwöz était derriere lui.Un sourire cruel accroché au levres, un peu moqueur...

"Comme c'est touchant...Tu pense pouvoir t'attaquer au concil? Tu devrai savoir que tout maitre dragonnier que tu est tu n'a même pas le dixieme de l'energie qu'il te faudrait..."

Il leva un doigt devant lui, et fit non avec (xD)

'Tututut, on essai pas de me tuer, dans la mesure ou je suis le seul a savoir ou est Althéa et comment empecher qu'elle meure, ce serai bien dommage d'avoir a m'oter la vie, pour ensuite voir celle qu'on aime mourrir...Qu'en pense tu?"

Gerwöz se mit a faire les cents pas, toujour en regardant Laïaga, au moindre geste suspect l'ombre partirait...

"Il serait dans ton interet de me faire parler a ce moment...Tu pourrai commencer en louant mon ingéniosité, peut etre serai je plus clément ensuite...ou du moin peut etre que je repondrait a certaines de tes questions."

L'ombre haussa les épaules.

"Mais aprés tout, je ne peut t'obliger a rien, tu peut crier tapper ici tant que tu veut, ces murs sont infranchissables, et dans tout les cas Althéa ne se trouve pas derriere...
Althéa, ce nom sonne bien dans ma bouche..."

Gerwöz s'arreta un instant de marcher pour sourire:

"En fait, le seul moyen de penetrer ici serai que je t'en donne la permission...En revenche, tu as presque envoyer chier la derniere personne qui pouvait t'aider...A ce sujet quand tu le reverra, tu lui dira qu'il a le bonjour de Gerwöz et que les réponses a ses question se trouvent profondement enfouit..."

Comme je m’y attendais, un formidable bouclier ceignait l’endroit. Je ressentis, quand la sphère ricocha, tout le déplacement d’énergie qui avait servi à la repousser. Une merveille digne du Némésis. Aucun bouclier n’était infaillible. Il n’y avait plus personne à la Guilde capable d’user d’autant d’énergie que moi, et une gemme, même chargée d’une énergie plusieurs fois supérieure à la mienne, ne peut se recharger seule.
Quant aux Ombres, ils étaient tombés l’un après l’autre pendant la dernière guerre, de sorte qu’il n’en restait plus beaucoup. Cependant un nombre suffisant de magiciens suffirait à m’empêcher de percer ce bouclier.
Quoi que je pensais vraiment être capable de le traverser.
J’écoutai les paroles de Gerwöz en souriant. Un petit sourire sadique et profondément haineux. Sans répondre, je le laissais déblatérer. Je me tournai vers lui, prêt à riposter à la moindre menace, plongeant mon regard vert émeraude un peu délavé dans le sien, bleu et tellement vivant, tellement factice.

-Tu es un être pitoyable, Ombre, vraiment pitoyable. Tu ne sais même pas ce que veut dire le mot « puissance ». Tu n’es pas comme moi, et tu ne le seras jamais. Alors fais-moi plaisir, continuai-je froidement, cesse de me menacer. Si j’avais voulu que tu meures, tu ne serais déjà plus de ce monde.

Ce qui en fait restait à prouver. Tout dépendait de qui aurait l’initiative. Si je la prenais et créais un bouclier l’empêchant de ce téléporter, il n’avait plus aucune chance. S’il décidait de partir sans attendre que je frappe sa téléportation se réaliserait avant que je puisse finaliser un sort.
Je tournai le dos à l’Ombre et m’approchai du mur à pas mesurés, posant une main sur les pierres blanches, et le bouclier qui protégeait tout ça. Le Concile des Ombres sur lequel j’avais régné pendant des siècles.
Mon ancien domaine.
Et il se dressait devant moi, et retenait la femme que j’aimais.

-Svean…Il survivra très bien sans ma considération, n’aies crainte. Fais-moi entrer, ordonnai-je.

Je plongeai mes yeux dans ceux de Gerwöz, de nouveau, et cette fois plus la moindre trace d’humanité n’y résidait. Comme deux billes qui avaient autrefois été de petits êtres vivants, il ne restait plus que le souvenir.

Un faible rire franchit les levres de Gerwöz, celui ci s'amplifia jusqu'a résonner aux alentours comme si des disaines de personnes se trouvaient dans cette même rue a rire...Il se remit a faire les cents pas, pour deux raisons, il n'aimait pas trop rester immobile quand il reflechissait, et ensuite ça permettrait d'eviter une attaque venant de la part du dragonnier, bien que Gerwöz pensait que le fait d'etre en mouvement n'arreterai pas grand chose.
L'ombre s'arretat a coté du mur séparant la ville du concil.

"Tu sait sur quel principe fonctionne le bouclier de la demeure de Svean? En parlant de ce dernier, tu crois qu'il te laisserai tuer la seule personne qui a reponse a toutes les question qu'il se pose? D'autant plus que je viens de le contacter...Si je ne suis pas capable de lutter contre toi, lui le fera..."

Gerwöz n'en douttait pas une seconde, les gens qui étaient animé de nobles envie étaient aisément manipulable, Svean voulait racheter ses pechers, et ça commençait par tuer le Némésis, or il ne savait pas ce qu'il s'était passé, Gerwöz était présent dans le concil, Takhis avait la mémoire effacée, l'ombre venait de confirmer a Svean qu'il possedait toutes les réponses a ses questions. Svean viendrait, c'était obligé, et quand il verrait Laïaga voulant le tuer, il l'épargnerai, juste assez afin de lui permettre de se degager une sortie de secour, qui était le concil...

"Allons allons, ne commet pas d'actions inconsidérées, entrer dans le concil, et que vas tu faire, crier tapper criser détruire? Et je doit te laisser entrer? Sans rien dire? Bien sur...
Non je ne pense pas, Althéa est bien la ou elle est, dans deux mois elle mourra, et ce que tu entre ou pas, peut etre même que si tu entre vu que je suis le seul a savoir ou se trouve ce qui pourrai la sauver, tu la condamnerai..."

Gerwöz haussa les épaules et se remit a arpenter la rue de long en large.

"Aprés c'est a toi de voir, mais il n'y a pas 36 solutions, soit tu part, et tu te resigne a ton sort, soit tu tente de me tuer et Svean réagira, dans le cas contraire je mourrai et Althéa avec.Si tu tente d'entrer tu va te heurter au bouclier qu'a ériger le Némésis, il a un point faible, un seul, le même que celui de la demeure de Svean...
En fait je pense que la meilleure des solutions qui s'offre a toi c'est de repartir maintenant..." L'ombre avait prononcé le dernier mots avec un ton appuyé, il savait que si Laïaga attaquait, il tiendrait au maximum 30 secondes...Il avait fait durer son temp de parole jus'qua ce qu'il entende des pas précipités dans la rue, Svean n'allait pas tardé a arriver...

Je regardai Gerwöz en haussant un sourcil. Amusé. Il parlait il parlait, il gagnait du temps, pour je ne savais quoi, mais il essayait de gagner du temps. La réponse m’apparut…Quand l’Ombre me l’expliqua. Il attendait simplement que Svean arriva, et ce dernier ne tarderait forcément pas, vu qu’il était suffisamment bon magicien pour se téléporter.
Je souris, un sourire carnassier. Amusé. Sadique. Tout ça à la fois. Il n’y avait pas trente-six solutions, il avait raison, cependant il s’attendait sans doute à une réaction qui n’allait pas venir. Ou pas entièrement. Pourquoi ? Simplement parce que j’avais suffisamment confiance en moi pour penser pouvoir délivrer Althéa. Pour en être sûr. Gerwöz ou pas.

-Très bien, je m’en vais, répondis-je d’une voix suave. Petit test de réflexe ?

Alors que je parlais, un bouclier anti-téléportation se dressa autour de l’Ombre. De un mètre de rayon, il l’entourait maintenant. Et une centaine de sphères d’énergie jaillirent de ma main pour fuser vers lui, cependant il y avait trente sphères d’énergie vides réparties au milieu de soixante-dix d’énergie.
En fait, j’étais assez curieux de voir comment il allait s’en sortir. S’il allait s’en sortir. Mais je n’avais pas le temps. J’indiquai où je me rendais à Yarrock, et je disparus.