Une entrée discrète (rp ouvert à tous)

La mâtiné était bien avancée et la chaleur commençait à se faire ressentir. Le soleil de plomb pesait lourdement sur mes épaules, telle une cape de métal chauffé à blanc et l’ombre était rare malgré les hauts arbres qui bordaient la route. Lorsque j’aperçus le petit bosquet tout proche, je ne pus m’empêcher de ressentir de la joie. Enfin un peu de fraicheur. J’en pris la direction en augmentant un peu ma cadence et accueillis l’ombre avec plaisir. Il ne s’agissait que d’une petite étendu d’herbe jonchée d’arbre maigre mais, c’était toujours mieux que la route en plein cagnard.

Je pénétrai de quelques mètre afin d’être bien au frais et je m’installai confortablement au sol, contre un arbre au tronc un peu plus épais que les autres. Je ramenai devant moi mon sac de cuir que j’utilisais pour ranger mes provisions et fit un rapide inventaire de ce dont je disposais pour calmer ma faim grandissante. Le bilan fut médiocre : un peu de pain noir et quelques morceaux de fromages plus que secs s’étalaient sous mes yeux. Cela faisait plusieurs jours que je n’avais pas traversés de ville et put me ravitailler correctement, les vivres commençaient à manquer sérieusement. Fort heureusement, la solution à mon problème vint de lui-même. A quelques pas de moi, un lapin potelé montra le bout de son nez. Je déposai mon sac dans l’herbe fraîche et me défit de mon ceinturon qui retenait mon épée et ma dague. Je tendis la main vers mon arc et me remis debout le plus discrètement possible mais dès que je fis un pas en direction de l’animal, je vis ses oreilles s’orienter dans ma direction et il déguerpit à toute vitesse.

Si je voulais manger, je n’avais pas d’autre choix que de lui courir après. Avec cette chaleur, la chose n’avait rien de réjouissant mais bon, une bonne pitance nécessite toujours quelques efforts. Je laissai donc mes affaires aux pieds de l’arbre en espérant les retrouver à mon retour, et mis à courir. L’animal allait vite mais mes longues enjambées me permirent de maintenir une distance suffisamment courte pour ne pas le perdre de vue. Le lapin suivait une course sinueuse, profitant des touffes d’herbe plus importante pour se cacher de moi, mais la peur le poussait toujours à repartir et à revenir dans ma ligne de mire. Je décochai une première flèche lorsque celui-ci ressortit d’un buisson de jeunes bais mais mon projectile ne put le toucher. La course reprit.

L’animal était rusé et la pensé de me faire avoir par un simple lapin me fit accélérer. De quoi j’aurais l’air si je n’étais même pas capable d’attraper un lapin ? Ce n’était pas ma première chasse, loin de là, mais malgré mon expérience et la honte que je sentais grandir au fond de moi, je ne pus que m’apercevoir qu’il m’avait semé. Comment avait-il fait ? Ca c’était un mystère. La réponse la plus plausible était qu’il devait se cacher à proximité. Je continuai donc à le rechercher et sa cachette me devint rapidement évidente. Je vis un petit terrier, perdu au milieu des racines d’un arbre mort et des traces fraîches y menaient.

Je m’approchai délicatement, en tachant de faire le moins de bruit possible, je tenais une flèche encoché à mon arc et je regardai à l’intérieur de l’antre. Ce que j’y vis me bouleversa. Le lapin que j’avais poursuivi se tenait là, entouré par cinq petits lapereaux. Les petits se tenaient recroquevillés et pelotonnés contre l’adulte, qui se révéla être leur mère. Je continuais de tenir mon arc dans leurs directions et les yeux de la lapine se posèrent sur moi. Son regard était terrifié et semblait m’implorer de ne pas tirer. Je restai un moment dans la même position à les observer, sentant les réclamations de mon estomac souhaitant recevoir de la nourriture. Malgré toutes les plaintes de mon esprit logique et de ma faim, je ne pus décocher ma flèche. Le spectacle qui était sous mes yeux était trop attendrissant pour que je puisse y mettre fin d’une manière aussi horrible.

Je me détournai d’eux et repartis en sens inverse, reprenant la direction de « mon » arbre. Je pris mon temps, espérant remarquer une autre proie mais je ne trouvai rien. Ma faim me tiraillant toujours, je fus contraint de me rabattre sur des bais juteuses et quelques fruits que je pus cueillir. Je dégustai mes maigres trouvailles, tranquillement adossé à l’arbre (ou mes affaires n’avaient pas disparues). Les fruits me rassasièrent quelques peu mais, si je voulais manger quelques choses de plus consistant il me faudrait me rendre en ville.

[ je m'incruste ! Ce rp se passe avant celui dans les Crêtes. Il se déroule durant sa traversée de l'Alagaësia pour se rendre au nord. ]

Depuis combien de temps déjà ? Elle avait quitta l’Alagaësia, tête baissée, esprit remplis de remords depuis plusieurs années. Elle ne saurait pas pour autant déterminer quand exactement elle s’était dirigée vers les terres de l’Est. La jeune Or’hen avait quitté ses terres natales peu après la grande bataille contre l’Empire. Elle avait quitté son armée sans un mot. Ils n’avaient pas réellement besoin d’elle. Ils ne s’étaient certainement pas formalisés de sa désertion. Lasse de semer carnage et mort sur son passage, Abysse avait donc quitté cette guerre l’esprit emplis de doutes quant à sa réelle raison de vivre. Elle ne savait plus quoi faire. C’était dans ce but qu’elle était partie s’exiler dans les terres de l’Est. Peu de gens en étaient revenus indemnes. Elle ne savait absolument pas ce qui l’y attendait. Elle s’y rendait un peu la mort dans l’âme avec le désespoir pour seule cause.

Abysse, accompagnée de sa toute jeune dragonne, avait marché sans relâche pendant des mois avant de trouver une quelconque trace de vie à l’Est de l’Hardarac. Et puis, finalement, elle était enfin tombée sur un petit village. Là bas, elle y avait rencontré un peuple d’humanoïdes à la peau entièrement noire et recouvertes de motifs colorés. Outre leur apparence originale, ces hommes là vivaient en totale union avec la nature. Bien entendu, ils ne se montraient pas aussi fanatiques que les elfes sur ce point. Ils se contentaient de savourer ce que leur offrait la nature et l’en remerciait dignement en la respectant. C’est donc dans ce village qu’Abysse fit la connaissance de grands sages qui avaient vécus depuis l’origine des mondes. Du moins, c’est ce qu’ils prétendaient.

La jeune Or’hen apprit beaucoup à leurs côtés. Elle fit aussi la connaissance d’une sorcière shaman. Tout comme elle, cette dernière maîtrisait l’art de la lumière. Elle lui apprit à guérir par la magie mais aussi à créer des incantations et des pentacles afin d’invoquer et enchaîner des esprits. Pour ce dernier point, Abysse peinait encore beaucoup à le maîtriser. La sorcière lui avait confié qu’elle ne pouvait rien lui apprendre de plus. Si elle peinait à maîtriser l’invocation et surtout la maîtrise de l’esprit, c’était parce qu’elle manquait de maturité, de sagesse. Ainsi, il ne lui manquait juste que de l’expérience. Son exil et son initiation aux arts sombres dura près de cinq années.

Et puis, il vint un temps où elle comprit qu’elle n’avait plus rien à faire en ce lieu. Sa place n’était pas ici. Et puis, l’Alagaësia qu’elle avait brutalement quitté lui manquait aussi. Sans réellement l’avouer, Abysse quitta donc les terres de l’Est et ses maîtres. Elle voulut retourner en Crête en passant par le Hardarac. A peine eut-elle marché plusieurs heures dans le désert qu’elle sentit une terrible pression dans l’atmosphère. Il s’en dégageait une haine féroce, incommensurable. Abysse se résigna donc à ne pas passer par le désert, ce dernier semblait être devenu un peu trop dangereux depuis son exil. Elle passa donc par les hautes montagnes naines puis par le royaume du Surda. Heureusement pour elle, Alundra avait considérablement grandit et n’avait pas lésiné sur son entraînement. Ainsi, Abysse put voyager sur le dos de sa dragonne, en sillonnant les cieux.

Non sans une grande surprise, la jeune Or’hen trouva l’Alagaësia extrêmement changée depuis son départ. Ce n’était pas spécialement que les villes s’étaient agrandies ou assombries. Disons que le changement se trouvait plutôt dans le cœur de ses habitants. Ils semblaient plus méfiants, plus sombres et globalement moins heureux. On se croyait, à s’y méprendre, à l’orée d’une guerre. Abysse ne put en être que consternée. Elle ne souhaitait pas vraiment y prendre part. Elle ne voulait plus se battre, se mêler aux sempiternels carnages et aux violents combats ensanglantés. Elle en avait eu assez. Et pourtant, sa conscience lui intimait de défendre vaillamment la vie des pauvres innocents et surtout leur bonheur. N’étaient-ce pas là de terribles sentiments pour une farouche guerrière Or’hen ? Certains appellent cela l’ironie du sort.

Pour le moment, tout ce qu’Abysse désirait c’était en savoir plus sur la situation actuelle de l’Alagaësia. Avec ces renseignements en poche, alors peut-être qu’elle pourrait prendre une quelconque décision quant à cette guerre. En attendant, elle ne pouvait en être que la simple spectatrice. Pour le moment, Abysse se trouvait sur la route principale qui menait à la capitale. Elle avait la certitude de pouvoir trouver des réponses là-bas. Elle préférait voyager à pied afin de pouvoir réfléchir à ce qu’elle pourrait bien faire une fois arrivée. Alundra la distançait, là haut, dans les cieux et s’amusait à décrire de larges cercles autour d’elle.

* J'ai faim, je vais chasser. *

Abysse ferma les yeux tout en continuant de marcher. Elle plongea dans l'esprit de la dragonne afin de voir à travers ses yeux. En l'espace d'une seconde, elle se retrouva au milieu des cieux à survoler une épaisse et dense forêt. Elle piqua subitement pour raser la cime des arbres et repérer une proie. Elle remarqua une ombre dans la forêt. En regardant de plus près, elle reconnut un chasseur. Avant même qu'elle ne passe à autre chose, elle fut tirée de l'esprit de la dragonne. A force de rêvasser, Abysse avait trébuché. Elle ré-atterrit donc douloureusement dans son corps, à genoux, les mains posées sur le sol. La jeune femme releva la tête pour regarder autour d'elle. Sans s'en rendre compte, elle s'était perdue dans la forêt qu'Alundra survolait.

Je restai quelques temps à me reposer, profitant du calme et de la fraicheur relative du lieu. Mais mon voyage n’était pas terminé et ma faim, bien que légèrement endormi, se faisait toujours ressentir. Je m’extirpai de ma légère somnolence et me releva. Je remis mon baudrier à la ceinture et réajusta mon sac de voyage sur mon dos mais, je conservai mon arc à la main au cas où une proie moins attendrissante se ferait remarquer.

Je repris donc ma route d’un pas certain, préférant continuer dans l’ombre de la forêt jouxtant la route, que sur celle-ci même. Je restais aux aguets et je fus donc surpris lorsqu’une silhouette de grande envergure me survola. Je regardai dans les cieux mais je n’y vis qu’un vague forme sans vraiment parvenir à l’identifier. Vu la taille de la créature, il devait s’agir d’un dragon et ce simple fait me fit sourire. Comme beaucoup de gens, les dragons me fascinaient et j’avais toujours souhaité en rencontrer, voir pouvoir me lier avec l’un d’eux. Jusqu’à présent, cette chance ne m’avait pas été accordée mais je restais confiant dans l’avenir. Peut être même, pourrais-je rencontrer un Dragonnier.

Je continuais de marcher en tachant de suivre la silhouette qui vola haut dans le ciel et m’engouffra encore plus loin au cœur de la forêt qu’était devenu le petit bosquet. Il y avait un fort risque que je me perde à agir ainsi mais la possibilité de voir de prêt un Dragon me motiva plus que cette peur minime. Mes pas s’accélèrent d’eux même afin de ne pas me faire distancer de trop et je me mis à courir sans même m’en rendre compte. Mon épée battait contre ma hanche, provoquant un bruit de métal assez fracassant, il n’y avait plus aucunes chances que j’attrape un quelconque animal désormais. Rapidement, je me retrouvai à bout de souffle et fut contraint de faire une pause. Je regardai le paysage autour de moi et constata que comme je m’y attendais, je ne savais plus du tout où je me trouvais.

L’ombre projeté par le Dragon avait disparu et je me retrouvais sans point de repère. Je me remis en marche doucement, tachant de reprendre mon souffle en même temps. Je remis mon arc en travers de mon sac sur mon dos, juste à côté du carquois de flèche et humas l’air frais, teinté de diverses odeur de fleurs. Il faisait longtemps que je ne m’étais pas retrouvé en pleine forêt et les sensations étaient agréables. Certes j’étais perdu mais bon ce n’était pas dramatique. En continuant mon escapade forestière, je remarquai des traces de pas de petite taille. Je n’étais donc pas seul dans cette forêt, la personne pourrait peut être m’aider à retrouver la route ou encore mieux peut être qu’elle pourrait m’indiquer où trouver le Dragon. Je repartis de plus belle, tachant d’être attentif à tout mouvements ou marque sur le sol.

[Et bien moi aussi je squatte! Mouahahaha et si le cadavre puant te plais pas... Tant pis? Non je plaisante si l'odeur t'incommode je supprimerais le post ]

De vieilles légendes parlent d'un héros vivant loin à l'Est. Un barbare, Antilope le Troax (j'ai presque honte de moi), à la tête d'une armée de combattants féroces. On dit que là où Antilope marche, l'herbe ne repousse pas.
Un fait qui n'a jamais été prouvé scientifiquement jusque là. Mais il se trouve qu'Antilope n'est pas le seul dans ce cas là. En effet, un homme (enfin ce qu'il en reste), nommé Jehan Congost, avait ce don là. Oh il était magicien, mais ceci ne découlait pas directement de cela.
Jehan était un mort vivant. Un cadavre ambulant. Ses pieds nus étaient tellement... pourris, que l'herbe en dessous finissait par dépérir et mourir...

Ce mort vivant marchait dans le territoire de l'Alagaësia depuis un long moment. Il s'était finalement laissé séduire par l'Empire. Au moins là bas, les Ombres n'allaient pas le repousser.

Même si l'hiver était encore là, le soleil frappait fort ici. Et imaginez un tas de chair en décomposition en plein soleil je vous parle pas de l'odeur... Ni de la chair qui commence à bouillir.

Il alla donc se réfugier dans un bois non loin. Comment attirer des proies si on sent à des kilomètres à la ronde? Lui s'en fichait, il n'avait plus d'odorat. Mais son ventre criait famine lui!

Une ombre passa sur le bois. Jehan leva les orbites. Un dragon... Donc un dragonnier non loin... Le dragon paraissait jeune, donc un dragonnier sans trop d'expérience...
Il continua d'avancer, avec son bâton comme canne.

Finalement ses sens démoniste lui indiquèrent une présence dans le secteur. Un humain. Mais pas le dragonnier... Tant pis, ça reste de la chaire fraiche quand même...

Il rabattit sa capuche sur sa figure. Le vent était avec lui, impossible que l'homme puisse sentir l'odeur.

En arrivant à hauteur de l'humain, il avisa un homme de bonne facture. Du muscle, donc de la viande...

Il planta son bâton dans le sol en le tenant toujours. Vu comme ça, encapuchonné, la cape rabattue devant lui, on aurait simplement dit un sinistre magicien avec un joli bâton.

Un rire d'outre-tombe résonna dans le bois. Une voix gutturale, rauque comme un torrent de cailloux, sortit de sous la capuche:

- Et bien petit, on est perdu?

En fait, seule sa main droite cadavérique (à moitié en décomposition pour être exacte) tenant son bâton était visible de son corps.

Quelques regards circulaires autour d’elle confirmèrent ses doutes, elle était bien perdue au milieu de cette forêt. Abysse soupira, se releva lentement et jeta un regard vers le ciel. Les arbres étaient tellement hauts et la forêt tellement dense qu’on ne voyait qu’un petit fragment bleu pâle de ciel. Bon, en fait, elle n’avait pas vraiment besoin de voir le ciel pour savoir où était sa compagne. La jeune femme rabattit le capuchon de sa cape et enfila ses gants de cuir.

* Dis, j’en ai marre de marcher, tu ne voudrais pas atterrir pour qu’on vole ensemble ? *

* C’est sympa mais tu as vu l’épaisseur de la forêt ? Je vais me retrouver avec plein de branche dans les crocs si j’atterris là. *

Abysse soupira. De toute évidence, la jeune dragonne faisait exprès de se moquer d’elle. Après tout, il y avait de quoi rire d’elle. Elle s’était perdue bêtement dans la forêt en rêvassant. Ca en était complètement ridicule. Elle fronça les sourcils, légèrement amère.

* Bon et bien, tu n’aurais pas repéré une clairière dégagée dans le coin pour que tu puisses atterrir ? *

* Je vais voir ça. Dirige-toi vers l’Est, je crois qu’il y en a une. Je vais essayer survoler l’endroit pour ça. *

Sans un mot de plus, Abysse suivit les instructions d’Alundra en s’assurant de marcher le plus silencieusement possible. Elle ne tenait pas à ce qu’on la repère. Abysse était plutôt du genre à se faire discrète. Alundra lui envoya une image d’une clairière. La jeune femme accéléra donc le pas tout en vaillant à ne pas faire de bruit.

* Euh, mauvaise nouvelle. Ya un chasseur deux-pattes qui m’a vue et qui s’est mis en tête de chasser du dragon. En plus, tu te diriges droit vers lui à ce rythme. *

Abysse jura. Elle qui voulait se montrer discrète, elle avait bien raté son coup. Alundra n’y était pour rien. Elle n’y pouvait rien si elle se voyait d’aussi loin. Elle ne pouvait l’en blâmer. Rien de tout ceci ne se serait passé si elle ne s’était pas mise à rêvasser au lieu de regarder où elle posait les pieds.

* Bon, tant pis. Je vais lui faire peur, peut-être qu’il lâchera le morceau. *

Elle venait de repérer sa présence. Pour un chasseur, il était plutôt bruyant d’ailleurs. En moins d’une minute, elle arriva à sa portée. Une odeur étrange de mort lui parvint alors aux narines. Abysse se stoppa aussitôt et se dissimula derrière une fourrée. Cette odeur de pourri lui rappelait quelque chose dont elle n’avait pas spécialement envie de se remémorer. Elle fronça les sourcils. Un homme sortit de l’ombre. Du moins une silhouette de forme humaine encapuchonnée fit son apparition. Il n’y avait aucun doute sur le fait que l’odeur nauséabonde se dégageait bien de cette apparition. Ce ne fut que lorsque l’inconnu dévoila son sceptre qu’Abysse le reconnut. Elle plissa le nez. On eu dit que l’odeur putride venait de prendre encore plus d’ampleur.

* Ça se complique on dirait. *

Alundra n’eut pas besoin de plus d’explications pour comprendre la situation. Elle connaissait tout de la jeune femme, son passé compris.

* Ne t’inquiète pas. Je suis là en cas de pépin. *

Sans plus d’hésitation, elle sortit à son tour de l’ombre. Abysse se redressa de tout son haut et ôta son capuchon pour que Jehan puisse voir son visage. Les sourcils légèrement froncés, elle ne paraissait guère enchantée de revoir le mort vivant. La jeune femme se saisit de son bâton, Dejarin, qu’elle avait bloqué dans son dos et s’appuya dessus. Elle jeta un regard amusé au chasseur à la longue épée.

- Salut, on dirait que t’as fait une mauvaise rencontre. Moi, c’est Abysse.

Elle se tourna ensuite vers le Comte de Tirisfal avec un sourire mauvais. Elle avait une revanche à prendre sur la pourriture ambulante.

- Je croyais t’avoir creusé un beau petit trou pour ta nouvelle tombe, on dirait que ca ne t’as pas suffit. Qu’est-ce que tu viens faire là tas de chair en putréfaction ?

Mon cheminement continua pendant un tant relativement long avant que je repère de nouveau l’ombre formé par la silhouette du dragon. Les traces sur le sol avait quand à elle disparu et j’ignorais à quel type de personne elle appartenait. Elles étaient assez fines et démontraient une manière plus qu’agile de se déplacer, je doutais qu’elles soient celles d’un être humain. J’étais tellement perdu dans mes pensées que je ne faisais guère attention à ce qu’il se passait autour de moi et je ne remarquai la sombre silhouette que lorsque celle –ci s’adressa à moi.

- « Et bien petit, on est perdu ? »

Je me retournai et fis face à l’inconnu. Ses traits m’étaient dissimulés pas une large capuche et de son corps je ne pouvais qu’apercevoir sa main droite, tenant son bâton finement décoré. De la distance où je me trouvais, je ne sus dire pourquoi mais sa main me semblait bizarre, comme anormalement décharnée. Sa voix, comme le rire qui l’avait précédé, était particulière. Dès que je l’entendis, j’eus comme une sorte de nausée. Elle évoquait pour moi une image de pourriture, de moisissure et de chair en décomposition. Son allure générale, si bizarre, me faisait penser avoir affaire à un magicien. L’un de ces charlatans, aimant discourir pendant des heures de tout et de rien. Par pur réflexe et instinct de conservation, je sortis doucement mon épée du fourreau. J’ignore pourquoi je fis ceci mais, la vision de l’individu avait déclenché une alarme en moi.

Je n’eux guère le temps d’approfondir la chose, ni même de répondre en fait, la phrase que mon esprit troublé avait commencé à formuler fut interrompu par un nouvel arrivant. Sortant de l’ombre, je vis une jeune femme apparaître. Très grande, plus que moi en tout cas, et doté d’une allure altière, la jeune femme marchait d’une allure agile et semblait prête à en découdre. En l’examinant de plus prêt, je pus remarquer ses oreilles plus effilé que la normale. Aurais-je devant moi une représentante du beau peuple ? Les elfes n’étaient pas légion en ces terres et c’était toujours un honneur d’en rencontrer. L’elfes se saisit d’un bâton qui se trouvait accroché dans son dos et me jeta un regard amusé. Lorsqu’elle s’exprima, sa voix fut aussi charmante que son physique et je fus immédiatement conquis.

- « Salut, on dirait que t’as fait une mauvaise rencontre. Moi, c’est Abysse. »

Sans attendre ma réponse, elle se tourna vers l’homme qui n’avait pas bougé jusque là. Son beau visage exprimait un sourire mauvais, comme si elle connaissait l’individu.

- « Je croyais t’avoir creusé un beau petit trou pour ta nouvelle tombe, on dirait que ca ne t’as pas suffit. Qu’est-ce que tu viens faire là tas de chair en putréfaction ? »

Tas de chair en putréfaction ? Mais que voulait-elle dire par là ? C’est vrai que l’homme avait une allure bizarre et qu’une odeur de pourriture emplissait peu à peu l’air mais de là à le traiter comme cela. Quoi qu’il en soit, le fait que les deux individus se connaissaient se confirmait. Malgré tout, je tenais quand même à me présenter. Je délaissai du regard l’homme pour me tourner à mon tour vers Abysse et malgré le fait qu’elle est faite preuve de familiarité en me tutoyant, je ne me voyais pas le faire à mon tour. Qu’elle soit aussi belle et surtout une elfe, me forçait à faire preuve de respect.

-« Enchanté Abysse. Je me nomme Locke D’Arkan et j’imagine que le dragon que j’ai vu survoler la forêt doit être lié à vous. De plus, vous semblez connaître cet individu à l’allure plus qu’étrange. Pourriez me dire ce qu’il me veut ? »

Je continuais de la dévisager en attendant sa réponse, tout en tachant de maintenir une certaine attention sur l’inconnu.

Une voix féminine, et pour le moins familière, résonna à côté de Jehan. Il se retourna, et reconnut la demi-elfe qu'il avait affronté la dernière fois.
Un sourire mauvais, caché par la capuche, s'étira sur ce qui restait de son visage. Il allait enfin pouvoir prendre sa revanche...

- Toi... Petite garce je vais pouvoir t'achever une bonne fois pour toute... Car en broyant mon bras, tu as provoqué ta propre perte!

Il dévoila alors son bras gauche, celui là même qu'Abysse avait réduit en bouillie. A la place du moignon en décomposition, il n'y avait plus qu'une sombre forme qui se terminait par une main. Un bras composé uniquement de ténèbres, et qui semblait aspirer la lumière autour de lui.
Avec ce même bras, et sans répondre au dénommé Locke, il ota sa capuche et laissa tomber sa cape, dévoilant alors son corps à l'humain.

Il était vêtu d'une longue robe sombre, déchirée de toute part. On pouvait voir ses organes internes qui bougeait, sauf le coeur qui évidemment ne battait plus. Les côtes étaient à nu, comme une bonne partie de ses os sur le bras droit et le visage. Ses cheveux, sales, retombait sur ses épaules. En enlevant ainsi la cape, il avait dégagé un vent d'odeur fétide qui tuerait même les plus coriaces des mouches...

Jehan se tourna alors vers l'humain et déclara en souriant:

- Quand on a un minimum de politesse, Locke d'Arkan, on ne dénigre pas un interlocuteur en parlant à quelqu'un d'autre... Mais je vais t'apprendre ce qu'il en coûte de croiser le chemin du Comte Jehan Congost!

Voilà. Comme ça il avait résumé un peu tout: Il était Comte, lui était impoli, et il allait le tuer. Simple et efficace.

Il tendit son bras gauche vers Locke. Le bras ténébreux s'étendit et en un quart de secondes il était à portée du coup de l'humain, près à l'étrangler... Jehan se demandait bien comment la demi-elfe, apparemment Dragonnière, allait réagir... Mais il l'attendait.

[Allez un peu de musique pour vous mettre dans l'ambiance :p]

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