Bonjour, tu veux être mon ami?

*Tu crois que les Elfes vont accepter de nous recevoir ?*
*Je ne vois pas pourquoi ils refuseraient. Nous sommes pacifiques, et puis ils accueillent déjà quelques réfugiés à Osillon.*
*Si leur soutiens est déjà acquis, pourquoi les rencontrer ?*
*J’aimerais avoir des chiffres précis. Savoir jusqu’à quel point on peut compter sur eux.*

Ils campaient à la lisière de la Forêt Gardienne, dans ce qui fut un territoire vanyalien jadis. Le ciel était clair, parsemé d’étoiles. Mais si les cieux étaient clairs, la nuit elle, était sombre, du fait de l’absence de lune. Un vent léger soufflait un air froid venu du nord et faisait se rapprocher du feu les membres de l’équipée.
Marek, dans des habits d’une couleur rare chez lui –marron et vert foncé, pour mieux se camoufler, était assis en tailleur au coin du feu, mangeant un bout en discutant avec Hathir, dont l’Eldunarì reposait dans un sac à côté de l’ex-dragonnier.
Autour de lui, un soldat et une magicienne, qui lui servaient d’escorte. Le soldat n’était autre que Nicko, l’ancien garde du corps de Myad du temps où celle-ci était Ambassadrice de l’Alliance. Nicko était l’un des rares qui atteignait à peu près la taille de Marek, pour une carrure presque similaire. Sa chevelure blonde descendait au niveau de ses épaules, et un bouc lui mangeait le menton. Ses yeux bleus montraient la lassitude que le soldat éprouvait de ce voyage contraignant en territoire ennemi.
Marek appréciait beaucoup Nicko, de pars son sérieux, sa discipline, et son sens de l’amitié exemplaire. C’était un parfait soldat, puissant et loyal. Et un bon ami qui plus est. Il était bien content que l’homme, à peine plus âgé que lui, avait survécu à ce qu’on appelait maintenant « La Purge Impériale ».
Du Völlar Andlát, comme on l’appelait lui à present –et ce n’était pas pour lui déplaire au fond-, déplaça son regard vers la jeune magicienne, collée à Nicko. Il s’agissait de Jenna, une amie d’enfance du soldat. Anciennement espionne, elle s’était reconvertie à la magie et le duo faisait des ravages lors des batailles. Secrètement amoureux l’un de l’autre, ils leur avaient fallu plusieurs années pour s’en rendre compte et finalement Marek les avait mariés dans la plus stricte intimité un matin de printemps il y a un an à présent. Les cheveux roux, longs et lisses de la magicienne s’emmêlaient à ceux de son amant alors qu’ils partageaient la même couverture sous le regard amusé de leur supérieur, qui pensait à sa propre femme, restée loin et en sécurité avec leurs enfants.
Marek avait décidé de partir en petit comité, pour éviter que le Repaire ou les alentours ne se retrouvent sans défenses pendant ses visites diplomatiques.
Plus loin broutaient les montures de la délégation. Marek avait pris Rejän pour ce voyage, Midnight étant au manoir. Le grand cheval noir se tenait à côté de Snola, la jument blanche de Nicko, et Avlord, l’étalon brun de Jenna.

Les tentes étaient déjà montées, et le repas presque terminé. Marek jeta son trognon de pomme au feu et lança au couple :

- Allez vous coucher tous les deux, je prends le premier tour de garde.

C’était comme s’il avait réveillé les tourtereaux, hypnotisés par les flammes rouges rubis que Marek avait créés il y a un bon moment. Ils échangèrent des sourires, et se levèrent, saluant Marek, avant d’aller se coucher sous leur tente commune.

- Et faites pas trop de bruit hein, oubliez pas que j’ai l’ouïe fine ! lança-t-il en rigolant. Il entendit Nicko rire et Jenna soupirer. Logique. Ah les femmes…

Il ferma les yeux, éteignit le feu, et se concentra sur les alentours. Le tout était de ne pas se laisser surprendre pendant la nuit, alors qu’ils étaient si près de la forêt où ils seraient surement en sécurité. D’ailleurs il était étrange qu’aucun elfe ne se soit encore montré… Ils attendaient peut-être le matin…

[…]

Voilà plusieurs jours que Marek, Nicko et Jenna chevauchaient au pas dans le Du Weldenvarden, et toujours aucun signe des elfes. Pas d’escorte, personne pour vérifier leur chemin vers Ellesmera. Ils étaient vraiment très… discrets.
Ils s’étaient reposés une journée à Osillon, informant alors le Du Älfakyn Varden de leur visite diplomatique. On les attendait à coup sûr à la capitale, mais ils auraient pu se perdre qu’il en aurait été de même.

*J’ai l’impression que les elfes se sont repliés sur eux-mêmes depuis les derniers évènements.* dit alors Hathir à Marek.
*On dirait bien. Il va falloir faire avec…*

[…]

Ellesméra. C’était la deuxième fois que Marek s’y rendait. La dernière fois, c’était pour l’enterrement la précédente reine… Derrière lui, Nicko et Jenna étaient émerveillés par la beauté de la ville. Leur chef mit pied à terre et ils firent de même.
Marek fit apparaître Nordrassil –en mode druidique-, enleva la capuche qu’il avait finalement remis, et attendit qu’on vienne le chercher.

Cinq mois. Cinq mois qu'Ellenwen se rongeait les sangs en songeant au chef de l'Alliance, dont elle n'avait eu que des nouvelles indirectes. Elle savait qu'il avait survécu à la tentative de massacre de l'Empire - heureusement ! - et qu'il était même devenu l'heureux père d'adorables jumeaux. Mais elle n'avait pas réussi à savoir ce qu'il était advenu de lui et de sa fille après la perte de leurs territoires. Quelques membres du nouveau clan, réfugiés à Osillon l'avaient assuré qu'il ne craignait rien et qu'ils étaient en sécurité, mais elle redoutait toujours une mauvaise nouvelle. Surtout que, bien qu'elle a évité la destruction totale de son clan, elle n'avait reçu aucune visite, ni aucun mot pour accepter officiellement l'hospitalité des elfes. Et cela commençait à créer quelques tensions avec plusieurs des grandes maisons elfiques, gênées par la présence d'humains dans la forêt. Assise à son bureau, elle remâchait de sombres pensées. Aussi, lorsqu'un elfe surexcité, les joues colorées d'un rouge tout à fait indécent, pénétra dans son bureau, releva-t-elle la tête avec surprise.

- Le seigneur Marek ! Il arrive !

- QUOI ?!

- Le seigneur Marek ! Il arrive !

- ...

- On vient de nous annoncer la venue du seigneur Marek, il est parvenu jusqu'à Ellesméra.

- ???

- Les éclaireurs chargés de nous avertir de leur venue ont été détourné pour contrer une petite excursion des ombres. Ils n'ont pas pu nous prévenir à temps. Et le seigneur Marek et sa troupe vous attendent aux portes de la ville !

- Allez les chercher ! Immédiatement et introduisez les dans cette maison.

La reine leva les yeux au ciel. Bon sang ! Si elle courrait comme une folle pour les rejoindre, son peuple n'allait pas apprécier le manque de cérémonial. Mais si elle les faisait trop attendre... ce n'était pas très correct. Sans perdre un seul instant, elle ressembla ce qui lui restait de dignité pour cacher son énervement et se précipita dans ses appartements, en criant mentalement.

*Laïaga ! Marek et une escorte de l'Alliance viennent d'arriver à Ellesméra ! On... enfin je... c'était pas prévu !*

Rapidement, elle tira d'un coffre de bois, sculpté aux armes de sa maison, une longue robe blanche, retenue au niveau des seins par une large bande de tissus bleu, accroché à son cou par un anneau d'argent finement ciselé. Ses longues manches s'évasaient à partir du poignet et laissait ses épaules entièrement nues. Elle l'enfila rapidement, ses cheveux s'emmêlant dans les boutons qui la fermaient, dans le dos. Elle ronchonna, s'escrima quelques instants et réussit à remporter la victoire. Puis, courant nus pieds sur le plancher de bois, elle coiffa ses longs cheveux noirs et raides avant d'enfiler - toujours en courant - une paire de sandale de cuir.

Spoiler:

____________

Aux portes de la ville, une délégation se dépêchait pour accueillir le seigneur Marek et son escorte. Une dizaine d'elfes, de tous âges et de tout sexe les entourèrent, heureux de cette visite imprévu. Tous saluèrent le nouveau venu d'une même voix, les paroles rituelles de l'ancien langage résonnant joyeusement.

- Bienvenu à Ellesméra, Marek elda. Nous sommes heureux de vous recevoir. La reine vous attend, suivez nous.

Marek n'eut pas à attendre longtemps avant de voir les elfes réagir. Une véritable effervescence avait envahit le beau-peuple d'Ellesméra à l'arrivée de la mini-délégation du Du Mor'ranr Knìfr.
Tout les habitants les saluaient avec entrain, comme si on accueillait un dieu vivant. Marek sentit l'esprit de Jenna frôler le sien, dans une muette demande de communication.
L'ex-dragonnier ouvrit son esprit, et joignit à la conversation celui de Nicko.

*Ils ont l'air particulièrement heureux de nous revoir. C'est presque étonnant!*
*Oui, mais je vous rappelle que j'ai quand même fait partie de l'équipe de sauvetage de leur reine. Ça aide à entretenir des relations.*

Marek sentait la joie mêlée à la surprise du jeune couple et celle de Hathir. Ce dernier laissait son esprit voguer, frôlant ceux des elfes, annonçant que oui, Hathir, le grand dragon noir de Marek, n'étais pas définitivement mort. Que son esprit se pérennisait dans le temps grâce à son Eldunarì.

- Bienvenu à Ellesméra, Marek elda. Nous sommes heureux de vous recevoir. La reine vous attend, suivez nous.

Marek inclina la tête en signe de remerciement et continuait de saluer la foule de sa main droite -la gauche tenant Nordrassil.
Il se pencha vers l'elfe qui l'accompagnait et lui demanda:

- Je vois que la sécurité a bien été augmentée depuis les derniers évènements dans le Du Weldenvarden. Je suis content de voir que les elfes n'ont rien perdu de leur splendeur malgré les derniers évènements!

[color=darkred]*Tu n'as jamais été un très bon rhéteur hein?*[color] lui dit Hathir.
*C'était surtout le boulot de Samoth... Mais j'essaie.*

Ils marchèrent ainsi pendant une bonne minute en direction du palais. Marek, dans sa tenue marron et vert foncé, sa longue cape frôlant le sol, faisant disparaître Nordrassil -il ne craignait plus rien ici.
Derrière lui, Nicko, ses cheveux blonds pendant sur ses épaules, portait l'armure traditionnelle de l'Alliance, argentée à la cape bleu marine, à laquelle on avait juste changée le blason pour y inclure celui du Du Mor'ranr Knifr: le Gedweÿ Ignasia entouré de branche d'olivier et de deux épées croisées. Comme Marek, il se battait avec deux épées, qu'on retrouvait dans son dos. A ses côtés se tenait Jenna, dans une robe bleu marine de magicienne, une large cape de la même couleur dans son dos, ses cheveux roux attachés en une grande queue de cheval. Tous les deux abordaient une mine solennelle qui masquait mal l'émerveillement dont il était envahit.

[Comme je sais pas comment tu veux faire la rencontre, je te laisse la faire Mr.Gold

]

Spoiler:

*Laïaga ! Marek et une escorte de l'Alliance viennent d'arriver à Ellesméra !*

Je haussai un sourcil. Je sentais l’esprit de mon aimée totalement en ébullition. Et empli de joie. J’eus un sourire amusé. De savoir Marek en vie me rassurait également, même si de ce que je connaissais du dangereux chef de ce qui avait été l’Alliance, il aurait bien fallu une armée ou deux pour l’abattre. Néanmoins, les derniers mois avaient été particulièrement riches en mauvaises nouvelles, et d’en apprendre une bonne, une fois de temps en temps, ça faisait chaud au cœur. C’était ce genre de mois qui me rappelait pourquoi, pendant quelques temps, je m’étais enfermé dans un cocon de détachement glacial et inhumain.

*On... enfin je... c'était pas prévu !*

Sans blague ?

*J’imagine bien que tu me l’aurais dit, autrement, lui répondis-je dans un rire mental.*

Je jetai un regard alentour. Loin au-dessous de moi s’étendaient le Du Weldenvarden, moutonnement émeraude d’arbres sur des milliers de kilomètres, qui finissait par se muer, à l’ouest en pleines fertiles, et au sud en un désert aride.

*On rentre à la maison je suppose ? fit la voix de Yarrock dans ma tête.*
-Tu sais que t’es un rapide, toi ?*

Il poussa un grognement faussement outré et d’un brusque cambrement des reins, m’envoya voler, ou plutôt tomber vers les arbres en battant des bras.

*Gros con...*

J’entendis le rire du dragon exploser dans ma tête, ses sensations qui se déversaient en moi, ses ailes qui se repliaient le long de son corps, la sensation de vitesse, l’incroyable euphorie de sa chute, de son vol, tandis qu’il fendait les nuées et me rattrapait, plus rapide que le vent ; je m’accrochai au dernier instant à ses écailles tandis qu’il me dépassait, le genre d’acte surhumain que seul un dragonnier pouvait réaliser, me retrouvant moins d’une seconde après juché sur la selle de cuir épais, cramponné au pommeau pour ne pas me faire arracher par le vent relatif. J’éclatai de rire à mon tour.
Yarrock déploya légèrement les ailes, nous faisant redresser en douceur, presque sans décélérer, avant de les étendre entièrement pour accélérer encore un peu.

*Je parie qu’on arrive avant toi ! fis-je à Ellen’.*

Ellenwen était, étrangement, souvent prise par ses responsabilités de reine des elfes, surtout après les événements récents, et moi, seul et désœuvré, je préférais m’éloigner de la capitale sylvestre que de côtoyer des elfes qui ne m’aimaient définitivement pas.
Il y en avait bien quelques uns qui m’appréciaient, surtout les guerriers avec qui je m’étais battu qui avaient survécu à la guerre des dragons, mais l’ambiance restait majoritairement assez tendu.
Cette petite escapade en vol avec Yarrock avait le double but de me détendre, et de me permettre de vérifier qu’on pouvait se rendre jusqu’au territoire de l’ancienne Alliance, en vol, sans risques. J’avais beau me répéter que le monde tournait très bien sans moi, que je pouvais tout simplement profiter du temps que je pouvais passer avec Ellenwen, être spectateur passif des événements sordides qui avaient lieu en Alagaësia m’horripilait. J’avais le pouvoir de changer les choses. D’influer. A quoi bon du pouvoir si on ne s’en sert pas, hein ?
J’étais cependant bien loin d’avoir poussé jusqu’à l’Alagaësia, et nous faisons maintenant demi-tour à tire d’ailes. J’étais couché sur le dos de Yarrock pour mieux pénétrer dans l’air, c’est fou comme les vieux réflexes revenaient vite. Rapidement les arbres se clairsemèrent et laissèrent place à la cité elfique. Yarrock piqua droit vers le palais, au dernier moment, il ouvrit grand les ailes, nous stoppant en quelques instants à dix mètres du sol. Je souris en voyant les regards des elfes tandis que nous descendions. Ça me rappelait mon arrivée, huit mois plus tôt, après que nous ayons échappé au royaume des morts. Tout aussi tape-à-l’oeil, l’effet de surprise en moins.

-Salut à toi, Marek, lui dis-je en sautant à bas de mon dragon. Et à vous aussi, fis-je en désignant ses deux gardes du corps. Heureux que vous soyez encore en vie les amis !

Je n’avais pas souvent croisé Marek Krayt, mais les rares fois où ça s’était produit cela n’avait pas été anodin, et mes mots étaient sincères.

*Nianiania... Joue au malin...*

Tout en loupant une marche de l'escalier, en se retenant in extremis à la rampe, Ellenwen esquissa un large sourire, bien peu digne d'une reine elfe. Laïaga revenait. Elle pouvait sentir son esprit se rapprocher d'elle. Et elle sentait son exaltation à voler à nouveau sur son dragon. Depuis leur retour fracassant à Ellesméra - un jet de flammes, le dragon avait même osé le jet de flammes ! - elle avait vu l'ancien sorcier, qu'elle avait presque toujours connu sans son dragon, redevenir le dragonnier qu'il avait été. Il avait retrouvé tous ses réflexes, jusqu'à celui d'ouvrir aisément son esprit et de rigoler tout seul quand son dragon tentait une blague. Comme elle, lorsque Finwë était là. Elle ressentit un bref pincement au coeur, vite chassé par la joie de son compagnon. Même si elle n'était toujours pas très à l'aise en présence de Yarrock, le moindre contact avec l'esprit de l'un de deux survoltait son quota de bien-être pour plusieurs heures. Au passage, elle attrapa deux fines boucles d'oreilles et deux pinces en argent qu'elle planta dans ses cheveux blonds, inhabituellement ordonnés. Elle posait un diadème sur son front lorsque la sensation la saisit. Prise de vertige, le coeur au bord des lèvres, elle s'assit en tremblant. Elle hoqueta et manqua de s'affaler par terre.

*Bande de décérébrés ! Laïaga arrête de jouer au con !*

Elle réussissait à avoir le vertige rien qu'à sentir l'euphorie de son compagnon. Elle le sentait chuter, elle pouvait presque sentir le vent sur sa peau et dans ses cheveux. Ou les gouttes de rosées déposées par les nuages. Et le brusque retour sur le dragon, la sensation de ne faire qu'un. Son coeur battait la chamade. Elle ferma en partie son esprit, pour se reprendre. Dire qu'ils étaient censés représenter l'autorité suprême de l'Alagaësia. L'alliance de la force et de l'intelligence. L'ultime sagesse millénaire. Et qu'ils jouaient encore au con comme deux enfants. En lui collant une trouille mémorable au passage ! D'une pensée, elle menaça son ami des pires représailles. Une petite vision de banquets interminables parmi les plus haut dignitaires elfes, une séance de couture ou de chant, ou devoir lui tenir compagnie pendant qu'elle écoutait les divers rapports des Älkakyns...

*Forcément, si toutes les cinq minutes tu me forces à m'assoir dans un fauteuil parce que tu me refiles le vertige, ça va pas m'aider beaucoup !*

Elle tenta prudemment de se relever, puis, comme le sol avait cessé de danser la gigue sous ses pieds, elle reprit sa course. D'une allure plus que soutenue, à deux doigts de la course, elle traversa l'immense demeure qui avait été celle d'Islanzadi. Elle attrapa une fleur du bout des doigts et la piqua dans ses cheveux. Au passage, deux trois ordres fusèrent, pour la préparation d'un banquet et la préparation de maisons pour ses hôtes. Lorsqu'elle sortit enfin par l'immense portail végétal, elle avait laissé derrière elle un chaos organisé qui s'affairait dans tous les sens. Elle traversa les rues, les joues empourprées par la joie et la hâte. Elle ne ralentit que lorsqu'un brusque courant d'air lui apprit qu'effectivement, Laïaga arriverait avant elle. Et en grande pompe encore !

*Tu as triché !*

Lorsqu'elle déboucha devant le petit groupe d'ambassadeur, elle marchait presque normalement, un grand sourire sur les lèvres et les yeux brillant de joie. Ainsi, elle avait l'air très jeune, bien plus jeune que son statut de reine n'aurait pu laissé penser et démentait le cérémonial de ses paroles et de ses gestes.

- Marek elda ! Je suis heureuse de vous revoir ! Magicienne, guerrier, bienvenus à Ellesméra ! Je suis désolée pour cet accueil improvisé, les éclaireurs chargés de vous accompagner et de nous prévenir de notre présence ont du faire face à une menace de l'Empire et n'ont pu nous prévenir à temps.

*J'espère que Laïaga ne vous a pas fait peur. Il est encore très joueur...*

Marek releva soudainement la tête, imité par Jenna. Elle aussi l'avait sentit. Une puissante présence qui venait du ciel. Quelque chose de familier pour Marek cependant, et qui ne l'était pas pour la jeune magicienne du Mor'ranr. Il ne fallut pas longtemps à Marek pour identifier ce qui était une partie de cette présence qu'on sentait: Laïaga. Mais qu'elle était la deuxième partie, qui lui semblait elle aussi familière? Et surtout... Que faisait Laïaga ici?

"Marek..." dit timidement Jenna. Marek leur avait ordonné de le tutoyer et de l'appeler par son prénom. "Qui est-ce?"

L'ex-dragonnier sourit.

"Nul autre que le célèbre Laïaga. Il fait normalement partie du St Empire mais c'est un peu flou je crois... Il m'a délivré quand j'étais emprisonné au Concile, et on l'a sortit en même temps que la Reine Ellenwen de Dras Leona. Je me demande ce que signifie sa présence ici..."

Marek sentit alors que Hathir était intrigué. Apparemment, la deuxième présence avec Laïaga l'intéressait fortement.

*On dirait.... Un dragon!*
*La première fois que j'ai vu Laïaga, il avait effectivement un dragon. Mais j'avais entendu dire qu'il l'avait rejeté!*
*Faut croire qu'il a changé d'avis...*

Et il se posa. Un énorme dragon vert se posa près d'eux et Laïaga en descendit. Marek reconnut tout de suite le dragon qu'il avait vu lorsque son dragonnier l'avait délivrer à Dras Leona. Aucun doute là dessus...

Laïaga salut la petite troupe. Marek lui répondit en souriant:

"Salut à toi, Laïaga. Content de voir que tu t'es bien remis de notre dernière rencontre à Dras! Tu as choisis Ellesméra comme ville de convalescence?

Le dragonnier n'eut pas le temps de lui répondre qu'Ellenwen arrivait en grande pompe, visiblement heureuse de le revoir. Marek la trouvait bien plus jeune, et en meilleure forme, que la dernière fois qu'il l'avait vu..

- Marek elda ! Je suis heureuse de vous revoir ! Magicienne, guerrier, bienvenus à Ellesméra ! Je suis désolée pour cet accueil improvisé, les éclaireurs chargés de vous accompagner et de nous prévenir de notre présence ont du faire face à une menace de l'Empire et n'ont pu nous prévenir à temps.

Marek s'inclina et répondit:

- Ne vous en faite pas, Ellenwen Drottning. Ce qui compte, c'est que nous soyons là vous et moi, l'accueil importe peu!

Il se recula pour présenter son escorte:

- Je vous présente Jenna, une de nos plus brillante magicienne, et son compagnon Nicko, un de mes fidèles lieutenants. Nous sommes ici au nom du Du Mor'ranr Knìfr, qui remplace feu le Du Vanyali Ebrithil, dont il ne reste que la forteresse, la majorité de ses dragonniers, et à peine une centaine de soldats.

Gardant son sourire, qu'il avait du mal à quitter, il continua, passant une main dans la barbe qui rongeait ses joues et son menton:

- J'espère cependant que nous n'arrivons pas à un moment inapproprié...

Il se dit alors qu'il devait avoir une sale tête. Ses cheveux cours pleins de poussière, la balafre qui lui barrait le visage... Et ses vêtements salis par des jours et des jours de marche. Il jeta un coup d'oeil à ses compagnons et remarqua que leur état laissait également à désirer. La chevelure rousse de Jenna était parsemé de branchage et sa robe presque aussi sale que la cape de Marek, et l'armure de Nicko ne brillait plus que par sa saleté... Il faisait bien tâche à côté de la reine des Elfes, sublime dans une robe qui lui allait à ravir. D'ailleurs, le Gardien du Feu surpris un regard de Laïaga vers Ellenwen... Un regard que lui connaissait bien, pour l'avoir vu pendant toute la durée du trajet entre Jenna et Nicko... Ainsi donc, Laïaga était ici parce qu'il.... Rhoo décidément, la vie politique en Alagaësia était bien étrange.

Sujet: Re: Bonjour, tu veux être mon ami? | Sam 10 Mar 2012 - 13:07

Spoiler:

-Ville de convalescence... C’est peut-être pas le bon mot, je dois pas avoir la vie la plus reposant envisageable, ici.

Étrange, quand j’y pense, je m’étais toujours dit qu’Ellesméra devait être un havre de paix où je pourrais me laisser aller tranquillement... et puis en fin de compte, j’y étais constamment sur mes gardes, tu parles d’un repos ! Non, ville de convalescence, ce n’était définitivement pas le bon mot.
C’est à ce moment qu’arriva Ellenwen, avançant d’un pas mesuré, cérémonial. Et moi je sentais la joie qui bouillonnait dans son esprit, si bien que je l’aurais plutôt vue courir et sauter au cou de l’ancien chef de l’Alliance.

-Marek elda ! Je suis heureuse de vous revoir ! commença-t-elle. Magicienne, guerrier, bienvenus à Ellesméra ! Je suis désolée pour cet accueil improvisé, les éclaireurs chargés de vous accompagner et de nous prévenir de notre présence ont du faire face à une menace de l'Empire et n'ont pu nous prévenir à temps.

J’observai Marek s’incliner, et présenter ses amis à la reine des elfes. Une magicienne et un guerrier, que je ne connaissais pas, mais qu’il avait l’air de considérer comme étant dignes de confiance. Je me demandais pourquoi quelqu’un comme Marek avait besoin d’une escorte. Peut-être juste pour lui tenir compagnie pendant le voyage ? Pour ne pas se sentir trop seul.
Ellenwen, elle, semblait ravie, rajeunie même. Je souris en la regardant, dans une robe blanche et bleue, les cheveux pour une fois attachés et plus ou moins disciplinés.

*Tu es magnifique, tu sais ? lui dis-je avec amusement.*

Je me retins de l’enlacer et de l’embrasser, c’eut été indécent, au milieu d’une réunion politique entre deux des puissants de ce monde. Une réunion au sommet... Ellenwen qui souriait comme une gamine, et trois voyageurs crottés et fatigués, non moins contents, et un dragonnier qui revenait d’une ballade où il s’amusait comme un petit garçon.
En voilà, une belle brochette, les amis !

-Au vu du grand sourire de la reine des elfes ici présente, je pense que tu déranges pas du tout, lui fis-je remarquer sur le ton de la plaisanterie.

Mais cette petite visite de courtoisie n’avait pas l’air d’avoir été annoncée, et les trois survivants du Du Vanyali Ebrithil n’étaient certainement pas là pour profiter de l’air pur de la campagne et cueillir des champignons.

*En parlant de cueillir des champignons, je vais aller manger un bout moi.
-Ah la la, ces humains qui discutent, c’est d’un chiant... fis-je en le singeant. C’est ça ?
-Tu me connais, si on m’écoutait, on irait se faire l’armée impériale demain et ça serait réglé.
-On la prend en sandwich et on la décime c’est ça ? Toi d’un côté et moi de l’autre ? *

Yarrock émit un grognement et décolla, bien plus discrètement que quand il avait atterri, ce qui signifie que plutôt que de déraciner une quinzaine d’arbres aux alentours, il se contenta de souffler les maisons les plus proches.

*Mauvaise langue...*

J’eus un petit rire intérieur tandis qu’il partait avant de recentrer mon attention sur Marek :

-Néanmoins, je serais curieux de savoir ce qui t’emmène.

Sujet: Re: Bonjour, tu veux être mon ami? | Jeu 15 Mar 2012 - 15:06

Ellenwen retint un rire moqueur à la question de Marek... et à la réponse de Laïaga. Ellesméra, ville de convalence... C'était un concept, une idée pour quelqu'un qui connaissait bien mal les elfes. Comme si, à la différence des cités humaines, les cités elfiques étaient des lieux paisibles, où chacun passait son temps à déambuler sans bruit dans les rues. Comme si les elfes ne connaissaient ni les rancoeurs - très tenaces chez eux - ni l'excitation -il n'avait donc jamais vu de fêtes elfiques ? Surtout connaissait Laïaga, qui avait aidé à mettre en place la plus grande machine à tuer les elfes depuis Galbatorix. Du moins Marek ne semblait pas être au courant de la relation qu'elle entretenait avec son ancien neveu. Elle eut un grand sourire malicieux, presque angélique.

- Disons plutôt qu'il est ici en visite de courtoisie. Il me soutient et m'apporte un peu de... réconfort au milieu de tant de travail et de soucis.

Et, au cas où Marek ne saisisse pas l'allusion, elle posa la main sur le bras de son compagnon et lui adressa un sourire complice. Elle se moquait bien des regards des elfes alentours. Après tout, il était temps qu'ils commencent à s'y habituer. En 1500 ans, elle n'avait jamais choisi de compagnon. Maintenant qu'elle en avait un, elle n'était pas prête de le perdre. Et si ses subordonnés continuaient de tirer la tête, elle ne doutait pas que Laïaga, avec sa bonne humeur, son courage et sa gentillesse, ne finisse par vaincre leurs réserves. Elle sentit son regard glisser sur elle et son admiration. Il était toujours bon de constater que ses efforts étaient remarqués. Surtout quand on en faisait aussi peu souvent.

*C'est gentil, merci. On dirait que tu découvres que je peux être présentable...*

Plus famillièrement qu'elle ne l'aurait dû pour une rencontre officielle, la reine salua les deux compagnons du chef de l'Alliance d'un sourire et d'un signe de la tête.

- Je suis heureuse de vous rencontrer, Jenna, Nicko. Soyez les bienvenus à Ellesméra. Il n'y a jamais de moment inaproprié pour voir ou revoir des amis. Votre venue est une bonne nouvelle, cela faisait quelques temps que je n'arrivais plus à avoir des nouvelles de votre clan.

Elle reprit légèrement son sérieux. Après tout, même si la venue de Marek l'emplissait de joie, il n'était probablement pas venu faire une simple visite de courtoisie et ses devoirs de reine la rappelait à l'ordre. D'une part, elle se devait de leur offrir l'hospitalité. Au vu des tenues crottées et de la fatigue qu'elle lisait dans les yeux des trois voyageurs, une nuit de sommeil, des vêtements propres et un bon bain seraient une bonne idée. Et il était plus que temps qu'elle s'informe plus en avant sur le nouveau clan. Tout ce qu'elle savait n'était que le fruit de rumeurs, de colportages et de ragots, plus ou moins fiables. Si elle était bien placée pour connaitre l'état de l'armée du Mor'ran Knifr - elle-même ayant tenté d'empêcher sa totale destruction - elle ne connaissait rien des ambitions, des projets et des moyens du nouveau clan.

- Je connais, en partie, l'état de vos forces, Marek elda. Vous pourrez retrouver nombre de vos soldats à Osilon, notre ville frontière. Nous avons ouvert nos portes pour accueillir le plus possible de réfugiés, à défaut de pouvoir empêcher la destruction de votre clan et l'appropriation de vos terres par l'Empire. Elle secoua doucement la tête. Mais laissons ces choses sérieuses pour l'instant. Vous devez être épuisés. Suivez-moi, des chambres vous attendent à la maison Izlansadi.

Marchant au côté du Gardien du feu, elle conduisit les voyageurs à travers des dédales de branchages, de buissons et de fleurs qui formaient les rues d'Ellesméra. A mesure de leur avancée, de nombreux elfes se joignaient à leur escorte. Certains jouaient de la flûte, d'autres chantaient doucement, riaient et célébraient l'arrivée des représentants du Mor'ran. A un moment, Ellenwen baissa légèrement la voix, pour n'être audible que de Laïaga, dont elle n'avait pas lâché le bras, et Marek.

- Je voudrais vous féliciter, Marek elda, pour la naissance de vos enfants. J'espère que l'accouchement s'est bien passé et que votre épouse s'est bien remise. Les enfants sont une bénédiction, vous devez être heureux.

Sujet: Re: Bonjour, tu veux être mon ami? | Mar 20 Mar 2012 - 15:55

Jenna et Nicko ne pouvait détacher leur regard de la reine des Elfes. Ce n’était pas la première fois qu’ils voyaient un représentant du beau peuple, évidemment, mais… Ellenwen avait quelque chose de différent. Elle semblait beaucoup plus amicale et ouverte que les autres.

Le Chef du Du Mor’ranr Knifr s’amusait de l’émerveillement de ses deux amis. Il se rappelait la première fois qu’il était venu dans la capitale elfique. Lui qui avait vécu à Dras Leona, puis à Urû’bean… C’était un sacré changement !

- Je suis heureuse de vous rencontrer, Jenna, Nicko. Soyez les bienvenus à Ellesméra.

Le couple s’inclina et bredouilla une réponse presque solennelle, un genre de « Merci bien, c’est chouette chez vous dites-donc ! » mais en plus classieux.

- Il n'y a jamais de moment inaproprié pour voir ou revoir des amis. Votre venue est une bonne nouvelle, cela faisait quelques temps que je n'arrivais plus à avoir des nouvelles de votre clan.
- Je le sais, et je m’en excuse. Vous comprendrez que nous avions d’autre préoccupations depuis un certains temps…

- Je connais, en partie, l'état de vos forces, Marek elda. Vous pourrez retrouver nombre de vos soldats à Osilon, notre ville frontière. Nous avons ouvert nos portes pour accueillir le plus possible de réfugiés, à défaut de pouvoir empêcher la destruction de votre clan et l'appropriation de vos terres par l'Empire.
- Nous avons séjourné à Osilon en venant. J’ai pu voir cela de moi-même. C’est un miracle que tant d’hommes aient pu être sauvé ! En cela je vous suis infiniment reconnaissant…

En effet, Marek avait pu compter une cinquantaine de membre de l’Alliance à Osilion, dont une vingtaine de soldats – le reste étant leur famille pour la plupart. Soit tout de même un cinquième de ses forces actuelles !

- Mais laissons ces choses sérieuses pour l'instant. Vous devez être épuisés. Suivez-moi, des chambres vous attendent à la maison Izlansadi.

La mini-délégation du Mor’ranr suivit la reine et son prince charmant vers le palais. En chemin, la discussion s’entama. Laïaga lui demanda ce qui l’amenait, et Marek lui répondit qu’il venait simplement aux nouvelles, et en quêtes d’hommes qui se seraient réfugiés parmi les elfes.
A un moment, la reine se pencha vers lui et lui souffla :
- Je voudrais vous féliciter, Marek elda, pour la naissance de vos enfants. J'espère que l'accouchement s'est bien passé et que votre épouse s'est bien remise. Les enfants sont une bénédiction, vous devez être heureux.

Marek lui répondit sur le même ton de confidence.

- A vrai dire ce fut le pire accouchement que j’ai jamais vu, même si je n’en ai pas vu tant que ça à vrai dire. Il semblerait que mon beau-père n’apprécie guère le bonheur de sa fille et… bref. Au final tout c’est bien terminé. Les enfants et la mère sont en pleine forme, et nous pouvons partager ce bonheur avec Hally, qui a également accouché d’un fils.

[Je suis en manque d’inspi Sad

]

Sujet: Re: Bonjour, tu veux être mon ami? | Jeu 29 Mar 2012 - 22:06

-Mais laissons ces choses sérieuses pour l'instant. Vous devez être épuisés. Suivez-moi, des chambres vous attendent à la maison Izlansadi.

C’est ainsi que nous partîmes à travers les rues d’Ellesméra, toutes de terre et de bois, Marek Ellen’ et moi, accompagnés des deux soldats du nouveau clan né des cendres de l’Alliance, le Du Mor’ranr Knifr, et d’une cohorte d’elfes qui allait grandissante. Comme dans les villes humaines, les nouvelles allaient bon train, et Marek était un héros à Ellesméra.
Tandis que nous marchions, le maître du feu m’expliqua qu’il venait à la pêche aux informations, et chercher d’éventuels survivants qui auraient échoué à la capitale. Je me demandai combien d’hommes pouvait encore compter l’Alliance... euh... le Mor’ranr. Pas assez pour mener une guerre, certes, mais à quel point étaient-ils en mauvaise position ?
Et combien de temps cette situation allait durer ? L’Empire dominait presque intégralement l’Alagaësia. Il avait des vues sur la forêt gardienne. Ni les elfes, aussi immortels que peu nombreux, ni les rescapés de l’Alliance, encore moins nombreux et sensiblement moins immortels, n’avaient la force de s’opposer à la machine de guerre léonienne.

-Je voudrais vous féliciter, Marek elda, pour la naissance de vos enfants. J'espère que l'accouchement s'est bien passé et que votre épouse s'est bien remise. Les enfants sont une bénédiction, vous devez être heureux.

Les mots d’Ellenwen me remmenèrent à l’instant présent et me firent remarquer que j’avançais perdu dans mes pensées depuis un bon moment déjà, en me laissant guider par elle. Les questions stratégiques auraient bien le temps de venir sur le tapis plus tard.

-A vrai dire ce fut le pire accouchement que j’ai jamais vu, même si je n’en ai pas vu tant que ça à vrai dire.

Tiens, tu te répètes mon vieux... Je me retins de lui faire la remarque, le laissant continuer pour entendre la suite. Pour Marek, comme moi, et bien des gens de ma connaissance, ne dérogeait pas à cette vieille loi immuable de la nature... qu’avait établie un certain Melssie... Ou Merffie... Un truc comme ça. Le pire arrive toujours.

-Il semblerait que mon beau-père n’apprécie guère le bonheur de sa fille et… reprit Marek. Bref. Au final tout c’est bien terminé. Les enfants et la mère sont en pleine forme, et nous pouvons partager ce bonheur avec Hally, qui a également accouché d’un fils.
-C’est beau, l’amour filial, quand même, continuai-je sur le même ton que les deux autres, en faisant allusion au beau-père. Enfin, heureux pour toi, Marek, lui dis-je dans un sourire.

Des enfants humm... Je n’étais pas du tout au courant. Ces enfants avaient choisi une période bien sombre pour arriver. Un peu de lumière au milieu d’une nuit qui semblait ne pas vouloir finir ? Bah, Marek Krayt quoi, j’imaginais mal ce type se laisser abattre par quoi que ce soit, aussi pourrie que puisse être la situation.

-Qu’est-ce qu’il voulait, au juste, ton beau-père ? questionnai-je, poussé par la curiosité.

Ellenwen observait les trois nouveaux venus, un petit sourire un coin sur les lèvres. Nicko et Jenna semblaient tellement intimidés par Ellesméra et par ses habitants. Comme si soudainement leurs rêves d'enfants étaient devenus réalité. Ou qu'ils n'arrivaient pas vraiment à se repérer au milieu de la flore de la cité elfique, qu'ils ne distinguaient pas les maisons dans les arbres, ou qu'ils peinaient à repérer les nombreuses rues qui courraient, bordées de fleurs. Ou qu'ils étaient impressionnés par leurs habitants qui, pourtant, leur réservaient un accueil chaleureux et enthousiaste. Amusée, la reine les observait du coin de l'oeil, se rappelant en comparaison la désinvolture de son compagnon à son arrivée à la capitale, lui qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que d'arriver triomphalement sur Yarrock. L'idiot. Mais, consciente du malaise de ses hôtes, elle tendit délicatement son esprit vers eux et leur accorda une petite bouffée de réconfort. S'adressant particulièrement à Jenna, probablement plus habituée aux contacts mentaux que son compagnon, elle la rassura.

*Ne soyez donc pas si cérémonieux. Vous êtes ici en amis, non en tant qu'étrangers. Si vous vous renfermez, les elfes se renfermeront à leur tour et vous ne parviendrez qu'à être plus mal à l'aise encore. Profitez plutôt de la ville, peu d'humains ont eu la chance de la contempler.*

Puis, rattrapant la conversation qu'elle avait avec Marek, elle songea à Osilon et aux soldats qu'elle avait pu secourir. Elle en connaissait plusieurs, ayant participé à la confection à la hâte de plusieurs de leurs maisons. La ville elfique était devenue méconnaissable. Mais elle savait aussi que pour chaque soldat qu'elle avait pu sauvé, le double était tombé, souvent au milieu de ses propres hommes. L'horreur de la guerre et sa tristesse devant le carnage inutile qui avait eu lieu la crispa légèrement. Elle n'avait pas véritablement envie d'en parler maintenant, pas après la joie qu'elle avait ressenti en voyant Marek encore en vie, aussi fut-elle soulagée de l'entendre continuer sur le sujet de sa famille. Elle apprit avec surprise les difficultés de l'accouchement, depuis quand le père de Leyra était-il encore en vie ?, et la naissance d'un autre enfant. Ainsi la dragonnière Hally, qu'elle ne connaissait à vrai dire que de vue, avait elle aussi donné naissance. Mais avant que sa curiosité ne l'emporte sur son sens, limité, de la bienséance, celle de Laïaga l'emporta.

-Qu’est-ce qu’il voulait, au juste, ton beau-père ?

Elle nota le tutoiement, l'envia et continua :

- N'y avait-il aucun moyen de le tenir à l'écart de l'accouchement ? En tout cas, je suis ravie pour vous et pour Hally. Transmettez-lui toutes nos félicitations...

Elle hésita un instant, consciente que sa proposition pourrait sembler incongrue. Mais même si Leyra et Hally restait des dragonnières, rompues à l'art du combat, elles n'en restaient pas moins deux jeunes mères et élever leurs enfants dans un pays en guerre n'était pas forcément la chose la plus agréable et la plus aisée qui soit. Quant à la demeure de Marek, si ses informations n'étaient pas mauvaises, il demeura quelque part dans le fin fond du Surda. A une distance peu confortable du territoire de l'Alliance que Marek ne devait pas pouvoir souvent quitter. Interrogeant du regard Laïaga, qui devait avoir suivi une bonne partie de son raisonnement mental, elle se lança, baissant à nouveau la voix.

- Ma proposition vous semblera peut-être un peu cavalière, Marek, mais si vous et votre femme souhaitez vous installez dans notre forêt pour élever vos enfants loin de la guerre et dans une sécurité relative mais pour le moment réelle, je serais heureuse de chanter une habitation pour votre famille. Il vous serait peut-être plus agréable et pratique de ne pas devoir sans cesse parcourir des centaines de lieux pour vous retrouver. Cette proposition est bien sur également valable pour la dragonnière Hally. Je vous en prie, prenez le temps de réfléchir.

Tout en parlant, ils continuèrent de marcher, toujours escortés de nombreux elfes rayonnants. Longeant les arbres millénaires de la forêt, ils traversèrent plusieurs clairières décorées de guirlandes de fleurs et où les branches basses des arbres semblaient servir de bancs. Après une dizaine de minutes, arrivés un peu à l'écart de la ville, ils se trouvèrent devant une immense haie de sapins dans laquelle se dessinait les formes d'un portail, sculpté dans le bois, les feuilles et l'enchevêtrement des branches. Quelques fleurs, incongrues au milieu des conifères, avivaient et égayaient l'ensemble.

- La demeure Islanzadi. Vous voilà arrivés. Vous allez bientôt pouvoir profiter d'un repos bien mérité.

Elle fit un signe discret à un elfe à ses côtés et lui donna rapidement quelques ordres mentaux avant de prononcer deux mots en ancien langages. Les branchages se séparèrent, les nœuds du bois tournèrent lentement, ouvrant la porte qui menait au domaine royal. Devant les visiteurs s'étendaient une vaste prairies, semées d'arbres, parcourues de ruisseaux, jonchées de fleurs. Ce fut seulement au bout de quelques pas que les humains, peut habituer aux constructions elfiques, purent distinguer les contours peu conventionnels d'une demeure. Certaines pièces étaient uniquement séparées par des ruisseaux ou un rideau de fleurs. D'autres encore étaient formées d'arbres frêles dont les branches se rejoignaient en hauteur pour former un dôme de feuilles qui laissait passer la lumière tamisée du soleil. Toutes formaient un ensemble confus, ouvert à tous mais où chacun semblait trouver instantanément sa place... et son orientation. Sans hésiter Ellenwen traversa s'orienta dans la demeure, répondant aux saluts des elfes présents. Elle ne s'arrêta que lorsqu'ils furent parvenus dans ce qui semblait être la partie est de la demeure, réservée aux invités de marque. Là un long couloir était marqué par un enchevêtrement d'arbres et de buissons au milieu desquels des portes, à demi invisibles se remarquaient. La reine en effleura deux du bout des doigts et se recula pour permettre à ses invités de distinguer les pièces ainsi ouvertes. Toutes deux étaient formées du tronc des arbres, rendus polis et lissés par la magie elfique, comme un mur humain recouvert de lambris. Aucune branche, aucune feuille ne dépassait de l'ensemble sur plusieurs mètres jusqu'à ce qu'elles ne se rejoignent pour former un dôme semi opaque, d'une nuance étonnante entre le vert, l'ivoire et un brun clair. Les murs de la première des chambres, plus vaste, étaient richement gravés et ciselés, incrustés de fleurs aux pétales délicats. De petits filets d'or soulignaient discrètement les circonvolutions du bois. Quelques lueurs magiques, habillement dissimulées derrière de petits panneaux ou des plaques de verre colorées éclairaient l'ensemble d'une lumière douce et délicate. Le sol était formé d'un tapis de mousse tendre. La seconde, plus simple, plus naturelle aussi, était quand à elle décorée de bouquets d'iris et de roses fraiches et parfumées qui embaumaient l'air. Quelques branches se détachaient de l'ensemble pour former des étrangères placées à hauteur d'hommes. L'herbe poussait librement, entrecoupée de marguerites et de coquelicot. Les deux pièces contenaient un vaste lit pour deux personnes sur lequel reposaient des vêtements propres et vivement colorés ainsi que, dans la deuxième, une fine parure en argent pour Jenna, un arc elfique pour Nicko et, dans la seconde, un diadème d'or. Un vaste bureau, quelques étagères, un table et quelques chaises complétaient l'ensemble. Cachée derrière un rideau de lianes, une petite alcôve abritait une salle de bain. La reine sourit et observa la réaction de ses convives puis, s'inclina légèrement, prononça simplement :

- Bienvenu à Ellesméra.

Puis, après un petit instant de silence, elle se tourna malicieusement vers Jenna et Nicko.

- Il m'a semblé que vous préféreriez une chambre unique mais si la situation vous dérange, je puis vous en ouvrir une seconde. Elle reprit son sérieux et, s'adressant à tous, poursuivit. Vous trouverez dans vos chambre de quoi vous laver de la poussière du voyage et des vêtements propres. Je vous laisse profiter à votre guise d'un repos bien mérité. Vous pourrez nous retrouver dans ce que vous appelleriez mon boudoir afin de vous restaurer. Un elfe vous y conduira.

Elle salua à nouveau respectueusement le chef du Morran et s'apprêta à les laisser quelques instants. Effleurant du bout des doigts la main de son compagnon, elle lui fit signe de la suivre. Peut-être allaient-ils même enfin pouvoir profiter de quelques instants d'intimités avant que les obligations de son rang ne la rattrapent.

*Qu'en penses-tu ? Un petit tête à tête avec moi t'agréerait-il ?*

[J'espère que ça te va ><]

Au fur et à mesure que le groupe avançait, Marek ne pouvait s’empêcher de s’émerveiller devant la beauté d’Ellesméra. Malgré les guerres, malgré le temps, la ville ne perdait rien de ses merveilles. Comme si le temps s’arrêtait à la lisière de la forêt et préservait ses habitants du monde extérieur.

*Ne soyez donc pas si cérémonieux. Vous êtes ici en amis, non en tant qu'étrangers. Si vous vous renfermez, les elfes se renfermeront à leur tour et vous ne parviendrez qu'à être plus mal à l'aise encore. Profitez plutôt de la ville, peu d'humains ont eu la chance de la contempler.*

Jenna sursauta au contact de l’esprit de la Reine. Un esprit complexe, ancien. Elle sentait la joie mêlée à la tristesse, des chants et des mélopées tristes et joyeuses à la fois… C’était très étonnant. La jeune humaine ne sut quoi répondre, et donc se contenta de transmettre le message à Nicko, tout en continuant de suivre le groupe de tête.

Le Gardien du Feu sentit la curiosité de Laïaga concernant son beau-père. Une curiosité bien légitime.[/i]

-Qu’est-ce qu’il voulait, au juste, ton beau-père ?
- Et bien on ne sait pas vraiment. Apparemment, mon beau-père est un Ombre. Je crois qu’il ne supporte pas le bonheur de sa fille, bonheur qu’il n’a pas pu avoir avec sa femme ou un truc comme ça.
- N'y avait-il aucun moyen de le tenir à l'écart de l'accouchement ? En tout cas, je suis ravie pour vous et pour Hally. Transmettez-lui toutes nos félicitations...
- Je crains que non. On ne sait même pas où il était, mais Leyra a clairement ressenti l’énergie de son père. Et puis perdre du sang à la place des eaux, ça n’a rien de naturel si vous voulez mon avis… Enfin bon, c’est du passé. Je vous remercie et je transmettrais bien sur le message !

Si jamais il revoyait Hally un jour. Cela faisait un moment qu’il n’avait plus de nouvelle de celle qu’il avait nommé Ambassadrice avec Leyra. D’ailleurs, il n’avait plus beaucoup de nouvelles de tout le clan. Il agissait bien souvent seul, avec ses soldats, seul dans ce monde dangereux…
La voix cristalline de la Reine des Elfes le tira de ses sombres pensées, le faisant sursauter.
- Ma proposition vous semblera peut-être un peu cavalière, Marek, mais si vous et votre femme souhaitez vous installez dans notre forêt pour élever vos enfants loin de la guerre et dans une sécurité relative mais pour le moment réelle, je serais heureuse de chanter une habitation pour votre famille. Il vous serait peut-être plus agréable et pratique de ne pas devoir sans cesse parcourir des centaines de lieux pour vous retrouver. Cette proposition est bien sur également valable pour la dragonnière Hally. Je vous en prie, prenez le temps de réfléchir.

Marek resta songeur un instant. Décidemment, après la proposition de Max, Général du Nomins, voilà une proposition de la Reine des Elfes… Tout le monde voulait venir en aide au Mor’ranr, c’était beau à voir… Il répondit en souriant :

- C’est une proposition intéressante, votre majesté. Mais il sera très dur de quitter le Manoir. Beaucoup de choses y sont… liées par magie, et ne peuvent en sortir si facilement. Il pensait surtout au personnel, notamment Nielas, condamné à passer l’éternité entre les murs de la bâtisse qu’il avait construit de son vivant. On travaille justement à un moyen rapide de transport entre le Manoir de Karazhan et Doru Mor’anrea. Je ne sais pas encore comment, mais on trouvera. Ne vous en faites pas, mon manoir est au moins aussi protégé que Dras Leona, voire plus. En ce qui concerne Hally, je lui proposerais. Même si elle passe beaucoup de temps parmi nous, elle serait surement enchanté de vivre ici, dans le pays de son amant.

Derrière eux, Nicko et Jenna ne perdaient pas une miette du spectacle qui s’offrait à eux, sans écouter le trio de tête. Pour Nicko, qui n’utilisait pas la magie, la ville sylvestre était plus impressionnante que pour Jenna, qui voyait ça d’un œil de magicienne. Mais elle restait une femme, et s’émerveiller devant les choses de la vie et de la nature comme une grand-mère devant son petit fils qui grandit parce qu’elle ne l’a pas vu depuis dix ans, c’était son lot.

Ils étaient à présent devant la demeure Islanzadi. Hasard du timing ou réaction aux paroles de la Reine, au moment où elle prononça le mot « repas », l’estomac de Nicko gargouilla bruyamment.

- J’en connais un qui se réjouis déjà du bon repas que vous nous promettez ! lança Marek en donnant une tape sur l’épaule de Nicko, qui était à présent aussi rouge que les cheveux de sa compagne. Cette dernière retenait d’ailleurs avec peine un fou rire qui aurait été bien incongru devant tant de personnes puissantes.

Ils entrèrent dans la demeure. Marek ne put retenir un sifflement admiratif, accompagné d’un « ouaaaaaaa » discret de Jenna. C’était tout simplement magnifique. Rien à voir avec l’imposante bâtisse qu’était le Manoir, ou la forteresse de Doru Mor’anrea. Découvrant leurs chambres, les yeux des invités se mirent à briller devant tant de confort, après une semaine de voyage à cheval.
Même le sol, tapissé de mousse, était d’un confort remarquable. Ils furent tirés de leur contemplation par la voix d’Ellenwen.

– Bienvenue à Ellesméra.

Ah bah oui, là, on était les bienvenues. Si les invités logeaient dans de si belles pièces, que devaient être les appartements de la reine ?
Cette dernière se tourna vers le jeune couple :

- Il m'a semblé que vous préféreriez une chambre unique mais si la situation vous dérange, je puis vous en ouvrir une seconde.

Marek ne put s’empêcher de rire devant l’air gênés de Jenna et Nicko. Eux qui avaient eu si peu d’intimité depuis une semaine, ils avaient du retard à rattraper. Même si, il fallait l’avouer, ils ne semblaient pas se rendre compte parfois que Marek ne dormait pas souvent…

Vous trouverez dans vos chambres de quoi vous laver de la poussière du voyage et des vêtements propres. Je vous laisse profiter à votre guise d'un repos bien mérité. Vous pourrez nous retrouver dans ce que vous appelleriez mon boudoir afin de vous restaurer. Un elfe vous y conduira.

Marek s’inclina en remerciements. Il remarqua le petit geste de la main d’Ellenwen vers Laïaga (je vous l’avais dit que je le verrais ) et ne put s’empêcher de sentir bien seul sans Leyra…
Il laissa les deux tourtereaux dans leur chambre et rejoignit la sienne. Il commença par enlever ses bottes, heureux de sentir la mousse sous ses pieds, puis fis disparaître Nordrassil. Il s’approcha de son lit et vit le diadème d’or posé dessus. Une belle pièce, qui le fit sourire. Des objets en or, il en avait tout une pièce au manoir, mais celui-là aurait une place spéciale dans sa collection, il se le promettait. Il lança à ses amis mentalement :

* Vous avez trois quarts d’heure. Je pense que ça suffira pour vous laver, et vous… reposer.*

Il sentit la petite tape mentale de Jenna. C’est qu’elle prenait de l’aplomb la magicienne ! Voilà qui faisait plaisir à Marek, qui voyait plus le couple comme des amis que comme des subordonnés.
Il commença à se déshabillé, puis plongea dans l’eau chaude revigorante. Cinq minutes plus tard, il sortit du bain, passa en mode séchage rapide (on enflamme le corps rapidement pour pas faire flamber toute la forêt), et mit les vêtements qu’Ellenwen lui proposait. Il n’était pas habitué à porter autant de couleur, mais bon. Il se vêtit donc de la chemise rouge, du pantalon vert sombre et de la cape couleur terre. Ah, ça changeait du noir, c’est sûr.
Il retourna vers le bain, et passant la main sur l’eau, il se focalisa sur Leyra en lançant :

- Draumr Kòpa.

Sa femme apparut dans le reflet. Toujours aussi belle, et souriante, s’occupant de leurs enfants, qui grandissaient si vite… Déjà huit mois. Bientôt, les premiers mots. Les premiers pas… Puis l’école, les amours, et bientôt Marek se retrouverait grand-père…
Il regarda encore un instant la femme de sa vie, qui lui manquait tellement, avant de mettre fin au sort. Il était fatigué. Il s’allongea sur le lit, paré pour une micro sieste réparateur. Il irait chercher le couple tout à l’heure…

/*********************************************/

[i]Enfin seuls ! Voilà un moment que Nicko et Jenna attendait depuis un moment. Surtout Nicko à vrai dire. Il s’approcha de sa petite amie, et l’enlaça en l’embrassant dans le cou. Elle se retourna, déposant un baiser sur ses lèvres.

- Tu as vu les présents de la reine sur notre lit ?

Nicko, qui n’avait eu d’yeux que pour Jenna depuis une minute, se retourna vers le lit. Un arc elfique et une belle parure argentée étaient déposés là. Le soldat soupira.

- De toutes les armes que je sais utiliser, il a fallu qu’on m’en offre une que je n’ai jamais su manier comme il faut…
- Et bien voilà une occasion de t’entrainer ! répondit la magicienne rousse d’un air malicieux. En tout cas j’adore cette parure !

Nicko retrouva son sourire. Oui, grâce à cet arc, il apprendrait à maitriser l’archerie qui lui faisait défaut.

- Et si nous allions nous laver ?

[…]

- Qu’est-ce qu’il fait ? Il avait dit trois quarts d’heure !

Nicko et Jenna étaient prêts à aller manger. La magicienne était à présent vêtue d’une belle robe vert bouteille, qui mettait sa chevelure rousse en valeur. Elle avait même mit la parure d’argent. Elle avait retrouvé son sourire, au grand plaisir de Nicko, qui en plus de s’être rasé, était à présent vêtu d’un complet bleu marine chemise-pantalon-cape. Lui n’avait pas pris l’arc, décidé à ne pas porter d’arme qui l’encombrerait pour rien ici.
Ils attendaient donc là tous les deux leur chef qui ne venait pas. Ce n’était pourtant pas dans ses habitudes d’être en retard.

Jenna ferma les yeux, étendant son esprit dans la chambre d’à côté.

- Il dort ! s’exclama-t-elle.

Nicko rit et, échangeant un regard avec sa bien-aimée, s’accordèrent sur la suite. Ils ouvrirent la porte de la chambre de Marek, et se jetèrent sur lit. Marek fut réveillé en sursaut et, ouvrant les yeux, découvrit les visages de Jenna et Nicko qui souriaient.

- Faut croire qu’une heure aurait été mieux non ?

Marek sourit.

- Je crois oui ! Allez en route, j’entendais l’estomac de Nicko gronder à travers le mur tout à l’heure.

Le couple se dégagea pour laisser leur chef se lever. Ce dernier attrapa le diadème d’or et le posa sur sa tête, destiné à faire honneur à ce présent. Il remarqua la parure de Jenna, et en déduisit qu’il s’agissait de son cadeau à elle. Cependant, il ne remarqua rien du côté de Nicko.

- Un arc. dit le soldat, en réponse à sa question muette.

[…]

Et les voici dans le « boudoir » de la reine, devant une immense table de banquet, garnis de tout ce que la nature pouvait donner de végétal. Marek, comme Nicko, regretta l’absence de viande, mais quand on était invité à la table de la Reine des Elfes, il fallait savoir faire quelques concessions.
Ni Ellenwen, ni Laïaga n’étaient encore là. Le protocole faisait qu’ils devaient attendre, quand même. Alors ils tournèrent en rond dans la pièce, s’émerveillant de la beauté des lieux, le silence seulement ponctué des gargouillis de leurs estomacs appelant la nourriture sur la table…

[Aller, je m'incruste]

En approchant des abords de la cité elfiques, Tenel Ka s'apperçut à son plus grand déplaisir que la population était en effervescence. Bien que ce terme soit un peu fort pour une population habituée à évoluer selon un rythme très différent de celui des humains. Venant de passer près de trois années complètes en compagnie d'une elfe, la dragonnière observait d'un oeil critique l'agitation de la foule. Il était étrange et déplacé de voir autant d'elfes quitter leurs demeures à l'approche de la nuit quand une grande cérémonie n'était pas prévue. Or la jeune femme avait attentivement vérifié qu'elle n'arriverait pas à Ellesméra pendant une de ces fêtes. Il s'agissait donc d'un évènement exceptionnel qui risquait de faire perdre toute discrétion à son passage. Qui plus est, Tenel Ka n'ayant que très rarement mis les pieds dans la Capitale elfique et ne parcourant plus les terres d'Alageasia depuis longtemps sa venue pouvait être remarquée.

*Rien n'est jamais facile* pensa-t-elle en resserrant instinctivement son étreinte sur son sac. La jeune femme aux cheveux de neige préféra garder sa cape et se déplaça aussi sereinement et discrètement que possible en périphérie de la foule. Ayant adopté la manière de se déplacer de son maitre armurier, elle pû faire illusion au regards distraits que pouvaient lui accorder certains elfes. Certains mumures ça et là lui apprirent que des invités surprises étaient à présent accueillis par la Reine Ellenween. Rassurée de savoir son amie dans la cité, Tenel Ka se dit préférable d'attendre un peu avant de tenter de la contacter.
Un nom attire brusquement son attention. Marek. Apparement son ami, Chef de Clan et ancien élève était un des invités de la Reine. Un soulagement pour la jeune femme. Si quelqu'un pouvait avoir une vague idée de l'importance de ce qu'elle transportait c'était bien Marek. Elle aurait peut être plus de facilités à approcher Marek qu'Ellen.

Suivant à la lettre les instructions que Rhünon lui avait apprises, Tenel Ka trouva sans grande difficulté la forge de son maitre. Tous les accès à la demeure étaient baricadés par magie et la jeune femme doutait que quiconque, y compris les puissants mages elfiques se risquent à tester ces défenses. Avec un sourire la dragonnière entreprit de retirer une à une les protections de la porte de derrière. Rhünon avait accepter que son élève ai un lieu de résidence discret mais ne souhaitait pas faire croire à son retour alors qu'elle poursuivait ses recherches dans un autre pays.

La jeune femme s'empressa de passer la porte le plus rapidement possible et déposa son sac dans un recoin particulier avant de l'entourer d'un puissant sort de protection lui-même entouré par un sort discimulation. Le sort de discimulation rendait le recoin particulièrement banal et ennuyeux aux yeux de tout observateur autre que Tenel Ka.
La jeune femme alla s'installer dans un fauteuil, s'entourra de sa cape de voyage et se résolu à une longue attente, la foule ne partirait as en quelques heures.

.............

De son côté, Nicta fesait de son mieux pour rester discrète malgrès sa taille imposante. Elle aussi était consciente de la vigilence accrue des elfes même si elle n'en comprenait pas les raisons. La dragonne compris en même temps que sa dragonnière que le temps pourtant précieux risquait de jouer contre elles si Tenel Ka n'arrivait pas à rencontrer Ellenween assez vite. D'un autre côté il était normal que la Reine des Elfes ne soit pas aisément accessible au premier venu -même si ce dernier était un dragonnier.
Le vent tourna et Nicta détecta une nouvelle odeur, une odeur famillière et souffrée. Se ramassant prête à réagir à tout mouvement suspect, elle sonda attentivement les environs de son regard ambré.

La demeure Islanzadi... J’eus un petit sourire en entendant le sifflement de Marek. Impressionnant hein ? Ça avait dû me faire un peu le même effet la première fois ; j’étais déjà venu à Ellesméra, et j’avais l’habitude des maisons arboricoles chantées par les elfes et leur étonnante magie, mais ça... Bah, ça quoi. C’était incomparable.
Et maintenant c’était ma maison. Pas trop le même genre que le manoir du Vallon Perdu, au Hadarac.

-Bienvenue à Ellesméra, annonça ma chère et tendre.

Ça, nul doute qu’ils devaient se sentir les bienvenus, pensai-je tandis qu’Ellen’ montrait aux invités leurs chambres, magnifiques comme le reste de l’endroit. Je veux dire, cette bâtisse entière est faite d’arbre, on a l’impression de marcher dans une prairie couverte, pleine de couleurs vives piquées ici et là sur un fond brun et vert. Quand on connaissait le coin depuis mille cinq cent ans ça ne devait plus faire le même effet, il n’empêche que c’était assez impressionnant.
J’eus un petit sourire, au rire de Marek et à la gêne apparente qui habitait ses deux amants de garde du corps, qui se gardèrent bien de demander des chambres séparées. Je saluai à mon tour les trois voyageurs, puis emboîtai le pas à Ellenwen, répondant au discret signe qu’elle m’avait fait. Et puis de toute manière, depuis quelques mois, nous étions si étroitement liés que sa pensée dépassait souvent ses mots quand elle avait quelque chose à me dire.

*Qu’en penses-tu ? demanda-t-elle en pensée. Un tête-à-tête avec moi t’agréerait-il ?
-Une entrevue privée avec la reine des elfes en personne ? lui répondis-je en riant. Votre majesté m’honore ! Je te suis, dis-je en prenant sa main dans la mienne.*

Geste qui eut pour effet de m’attirer quelques regards en coin tandis que nous déambulions dans les couleurs toujours aussi dépaysants de la demeure Islanzadi, mais beaucoup moins que ce à quoi j’avais pu avoir droit avant, remarquai-je. Soit que l’endroit avait un effet apaisant sur les elfes, soit qu’ils commençaient à accepter ma présence ici.
Ellenwen s’arrêta soudain devant un treillis de branches qui ressemblait, à mes yeux, en tout point à nombre de ceux que nous avions déjà dépassé, mais qui s’ouvrit complaisamment quand ses doigts glissèrent dessus pour dévoiler ses appartements privés. C’est vrai que quand j’avais l’impression que nous déambulions, Ellen’ elle savait très bien où elle allait. Je n’étais pas encore habitué à cette architecture si déroutante et étais incapable de m’y retrouver le moins du monde.

*Les quartiers de son altesse, rien que ça, la taquinai-je tandis que nous entrions dans sa chambre.
-Idiot, me rétorqua-t-elle.*

J’eus un petit rire, l’entrelacs de branches qui faisait office de porte se referma derrière nous. J’avais beau le prendre à la légère, cela faisait longtemps que nous n’avions pu profiter l’un de l’autre, et j’étais ravi de cette occasion qui se présentait.

*Toi-même.*

Mes lèvres se posèrent les siennes tandis que je prenais ses mains dans les miennes.

*Tu penses qu’on en a pour combien de temps de tranquillité devant nous ?
-Je sais pas, une petite heure sans doute. Ils avaient tous l’air exténué, ils nous feront bien l’heur de se reposer un peu !
-Oh.*

Ça faisait court, une petite heure, pour profiter de la femme qu’on aimait. Je l’embrassai à nouveau ; le baiser dura plus longtemps, mes mains quittèrent les siennes pour épouser son corps, caresser ses courbes, mes lèvres s’aventurèrent au creux de son cou. J’ouvris le collier d’argent et défis les quelques boutons qui retenaient la si jolie robe qu’Ellen’ avait enfilé en quatrième vitesse peu de temps auparavant, la faisant glisser à ses pieds sans considération aucune. Mes lèvres descendirent encore, et encore, déposant de légers baisers sur sa peau., et cette fois plus question de s’obstiner à ne pas regarder son corps pour ne pas me retrouver en fâcheuse posture.
Brindille qui se plie sous l’étreinte enflammée
D’un brasier de rubis aux langues affamées
C’était le début d’un poème de Sulamande que j’avais entendu longtemps auparavant. Il convenait admirablement bien la situation...

<><><><><>

-Je t’ai déjà dit combien tu es belle ? demandai-je, faussement curieux.

Nous étions allongés encore nus dans le grand lit des appartements d’Ellen’, à plus ou moins nous lever, nous rhabiller, et aller attendre Marek, Jenna et Nicko dans ce fameux boudoir. Définitivement, une petite heure, c’était court.

*Laïaga, fini de rêvasser, fit la voix de Yarrock dans mon esprit, je sens une présence... inattendue, pas loin de la ville.
-Inattendue comment ? questionnai-je, intrigué.
-Je vais te dire ça... Reste à l’écoute !*

Je grommelai intérieurement, mais Yarrock n’en savait certainement pas plus que ce qu’il m’avait dit.

-Il serait peut-être temps d’y aller, suggéra Ellenwen en se levant, et commençant de se rhabiller.
-J’ai l’impression qu’on vient à peine d’arriver... Enfin bon, un instant, j’attends des nouvelles de Yarrock.

<><><><><>

Une présence inattendue. Yarrock n’en savait effectivement pas plus. Il ressentait la présence d’un dragon, et son instinct lui soufflait que ce dragon n’aurait pas dû se trouver là. Aussi intrigué que l’était Laïaga, il décolla pour voler à la rencontre de cette présence, quelque part dans les cieux au-dessus de la cité elfque.
Ce qu’il découvrit, ce fut un grand dragon doré... ou plutôt une dragonne, comprit-il quand il put enfin la reconnaître.

*Nicta ! lui lança-t-il en se rapprochant. Ça faisait bien longtemps...*

Yarrock se rapprocha jusqu’à être plutôt près de la dragonne dorée. Nicta était la dragonne de Tenel Ka. Toutes deux étaient des amies, à lui et à Laïaga, mais des amis disparus depuis longtemps maintenant, sans qu’ils ne sachent pourquoi. Et là brutalement, elles réapparaissaient ? Comme ça sans prévenir, comme si elles revenaient d’une petite ballade en forêt ?

*Tenel Ka n’est pas avec toi ? questionna Yarrock. Et surtout, qu’est-ce qui t’emmène ici ? Et puis... Oh bon sang, tu as un million de choses à me raconter toi.*

<><><><><>

-Nicta est au-dessus d’Ellesméra, annonçai-je finalement.

J’avais suivi l’exemple d’Ellen’ et commencé de me rhabiller également, puis tourné en rond en attendant que Yarrock veuille bien éclairer ma lanterne. Il venait de le faire.

-La dragonne de Tenel Ka, tu te souviens ? Il vient juste de la rencontrer, je sais pas ce qu’elle fait là. Enfin...

Je haussai les épaules en enfilant mes bottes avant de me lever.

-Désolé de t’avoir fait attendre.

Nous quittâmes la chambre royale pour nous rendre au boudoir où nous deviens retrouver Marek et ses amis.

[Désolée Marie mais j'ai trop envie d'écrire, vu que Laïaga informe Ellen' tu peux utiliser les élements que je fourni ici]

Un reflet vert attira l'attention de Nicta, un dragon venait dans sa direction. Un dragon encore plus grand qu'elle et ce n'était pas Namoinor. La dragonne dorée se mis à planer à l'approche de son visiteur dont la voix résonna bientôt dans son esprit.

*Nicta! Ca faisait bien longtemps!*

Si elle n'avait pas reconnu son ami, Nicta en serait -littéralement- tombée des nues. Yarrock. Cela faisait plus de trois années que Nicta et Tenel Ka avaient quitté les frontières de l'Alageasia et à ce moment là, Yarrock avait lui-même disparu de la circulation depuis près d'un an après avoir désavoué son dragonnier.

*Tenel Ka n’est pas avec toi ? questionna Yarrock. Et surtout, qu’est-ce qui t’emmène ici ? Et puis... Oh bon sang, tu as un million de choses à me raconter toi.*

La dragonne secoua la tête et se reprit.
*Des choses à raconter? Oui c'est sûr mais je ne serais pas la seule! Depuis combien de temps es-tu de retour? Tu as recréé ton lien avec Laïaga? Où est-il?*

Nicta s'interrompit une seconde avant de reprendre.
*Question idiote, bien sûr il doit être à Ellesméra comme Tenel Ka. Elle est dans la ville et doit contacter Ellenween au plus vite mais avec l'arrivée de Marek et l'agitation que cela a entrainé ce ne sera pas facile. On a besoin d'être discrétes.
Tenel Ka a trouvé des rapports de l'Alliance dans nos points relais et les derniers évènements ayant conduit à la création du Du Mor'ranr Knifr nous poussent à garder notre retour secret aussi longtemps que possible.*

..........

Dans la demeure de Rhunön, Tenel Ka se redressa dans son fauteuil. Yarrock et Nicta parlaient. Ainis son ami et ancien professeur était à nouveau un dragonnier. Cette nouvelle la fis sourire dans la pénombre.

Main dans la main, dans les longs couloirs de la maison Islanzadi, Ellen et Laïaga déambulaient, heureux d'avoir quelques minutes pour eux. En silence, un sourire moqueur au coin des lèvres, la reine des elfes s'amusait des quelques regards noirs que certains elfes lançaient à son compagnon. Comme s'ils n'étaient pas encore habitués, depuis huit mois qu'ils étaient revenus du royaume des morts, à les voir ensemble. Certains avaient du mal à s'habituer au changement. Elle éclata de rire à la pensée de son compagnon... que l'endroit puisse avoir un effet apaisant sur les nerfs de ses sujets étaient... divertissantes. Comme si le palais n'était qu'un rail de coke ou un joint qui diffusait lentement dans leurs esprits.

*Mais non, c'est qu'ils commencent à t'adorer voyons... Comment n'aimeraient-ils pas un jeune et noble dragonnier comme toi ?*

Elle sourit doucement, renforçant le nombre de regards noirs lancés tout autour d'eux. Habituellement, elle aurait répliqué par quelques regards noirs, juste pour essayer de faire comprendre à ses adorables sujets combien elle désapprouvait l'ostracisme dont était frappé son compagnon. Mais là, la perspective alléchante de pouvoir passer quelques heures ensemble la rendait euphorique. Cela faisait si longtemps qu'ils n'avaient pas pu profiter d'être un peu seuls. Et en général, épuisée par ses journées de folie, la reine s'endormait sur le champ. Lorsqu'ils arrivèrent devant la chambre, Ellenwen se retourna vers son compagnon, dont elle n'avait pas lâché la main, et lui lança un léger clin d'oeil... avant de rougir comme une pivoine en sentant les pensées de son compagnon. Il avait les pensées beaucoup plus... entreprenantes que les siennes... A la limite de la décence. Elle rit, et se hâte de se faufiler dans la chance, avant que l'un de ses conseillers ne surprennent sa reine rougir comme une jeune fille effarouchée et qu'il ne devine pourquoi. Un fin sourire sur les lèvres, elle referma la porte et dévisagea Laïaga Sin Saïan. Les pommettes légèrement rouges, les yeux brillants elle se mordillait les lèvres tout en lui répondant. Elle sentait son coeur battre, plus vite qu'à l'ordinaire, résonnant dans ses tempes. Une heure. Ils avaient une heure en tout. Une éternité pour elle, célibataire depuis si longtemps, et une fraction de secondes pour rattraper tout leur retard. Elle rendit son baiser, caressant doucement son visage.

*Ca me rappelle une certaine nuit de tempête, quelque part dans la Crête.*

_______________________ + 18 ans _______________________

Spoiler:

Blottie contre le corps de son amant, un sourire béat et bienheureux aux lèvres, Ellenwen peinait à trouver la motivation pour sortir de son lit. Elle releva la tête quand le son de sa voix la tira de sa torpeur. Elle lui sourit, glissa sa tête dans le creux de son cou.

- Tes yeux me l'ont souvent répété pendant cette heure... Mais je te remercie. T'ai-je déjà dit combien j'étais bien avec toi ?

Mutine, elle fronça le nez et rit. Avant de froncer légèrement les sourcils. Elle sentait l'esprit de son compagnon s'éloigner d'elle. Il devait être en conversation avec Yarrock, l'une des seules choses qu'elle avait du mal à saisir - elle n'y tenait d'ailleurs absolument pas. Et pour que le dragon les dérange dans un instant pareil, ce devait être important. En attendant, elle se releva à contre-coeur et entreprit de se rhabiller. Elle enfila à nouveau sa robe et entreprit de se recoiffer. Puis, soucieuse, elle s'assit sur le lit sans parler. Lorsque l'information lui parvint, elle ouvrit de grands yeux.

*Nicta ? La dragonne de Tenel Ka ? Mais mais mais mais... Je croyais qu'elles avaient quitté Ellesméra il y a bien longtemps.*

Un petit millier de questions se bousculaient dans l'esprit de la reine. Elle savait que la dragonnière avait suivi Rhunön pour perfectionner son art de la ferronnerie et que, pendant un moment au moins, elle avait décidé de ne pas revenir. Ce retour imprévu, dans une période si troublée, n'était pas forcément un bon signe, indépendamment de la joie que la reine pouvait ressentir à l'idée de revoir sa vieille amie. Sans compter qu'elle ne parvenait pas à comprendre pourquoi elle était venue à Ellesméra. Elle appartenait à l'Alliance, et aurait dû normalement tenter de rejoindre Marek, le chef du clan. Et pourquoi n'était-elle pas venu directement au palais de la reine si elle avait une information capitale à révéler. Pourquoi semblait-elle se cacher ? Et se cacher où d'ailleurs ? Et comment comptait-elle cacher une énorme dragonne qui survolait Ellesméra ? Bientôt, toute la ville serait au courant. Les elfes, sur le pied de guerre depuis les derniers raids léoniens, scrutaient toute la forêt parce que leur vie en dépendait. Le moment de bonheur calme et tendre s'était déjà envolée. Ellenwen grimaça avec tristesse et fit signe à son compagnon de la suivre.

*C'est étrange comme visite. J'espère qu'il ne s'agit pas d'une mauvaise nouvelle.*

Alors qu'ils sortaient de la chambre, un elfe surgit devant eux. Les traits visiblement tirés par l'excitation, il prit le temps de saluer la reine, portant deux doigts à ses lèvres, et de gratifier Laïaga d'un regard noir dans la pure tradition elfique des regards noirs. Avec un petit sourire, Ellenwen songea qu'elle avait raison. Pour justifier une telle excitation chez les elfes, il fallait au moins une nouvelle d'importance. Le retour de Tenel Ka n'était pas passé inaperçu...

- Ma reine ! Une intrusion a été commise chez Rhunön. Les barrières de la porte de derrière ont été retiré !

L'atelier de Rhunön, elle aurait du y penser.

- Personne n'a vu ou entendu quoique ce soit, et ce n'est pas un d'entre nous qui est dedans. Nous ne savons pas comment il a pu parvenir jusqu'ici. Nos meilleurs mages tentent une approche pour encercler l'intrus.

- Surtout pas !

D'un signe la reine fit taire l'elfe. Ainsi, Tenel était bien revenue en secret. Et si elle avait décidé se rester dans cet atelier désert depuis des décennies, il y avait probablement peu de chance qu'elle apprécie qu'un bataillon d'elfes viennent la surprendre. Restait à trouver un moyen d'entrer en contact avec la dragonnière, sans en parler à Marek ou à qui que ce soit.

- Il s'agit d'une visite pour moi. Une petite maladresse, rien de plus. Arrangez-vous pour éloigner le plus d'elfes possibles, cette rencontre doit rester secrète. Préparez la chambre d'invités dans ma demeure, notre visiteur y sera installé plus discrètement. Amenez-y nourritures et vêtements, je sens que nous n'avons pas fini d'avoir des visiteurs...

La reine sourit, satisfaite. Malgré tout, elle était heureuse de voir les elfes reprendre vie et regagner de l'importance dans la politique internationale. Et malgré toutes les difficultés, et le manque de temps, qu'elle voyait se profiler, elle se frottait les mains de revoir tant de vieux amis.

*Laïaga, peux-tu transmettre à Nicta de s'éloigner le plus possible de la ville et de se mêler à tous les esprits de la forêt ? Pour l'instant, personne ne l'a repéré mais je doute que ça dure.*

Restait maintenant à trouver comment entrer en contact, discrètement avec Tenel. Elle ne pouvait y envoyer Laïaga, à son grand regret, Marek risquant de se poser des questions. Un conseiller était exclu. Si la jeune femme ne s'était pas montrée à tous, elle tenait probablement à rencontrer Ellenwen seule à seule. Ne restait plus qu'une solution...

*Ah bah enfin !*

Ellenwen sourit du ton boudeur du loup, avec un peu de culpabilité. Ces derniers mois, partagée entre Laïaga et ses conseillers, elle n'avait guère eu l'occasion de profiter de Finwë. Et elle avait eu un peu tendance à l'oublier, surtout que celui-ci, peut à l'aise dans les villes elfiques, passait le plus clair de son temps à vagabonder dans la forêt.

*Excuse moi, Finwë. Pourrais-tu, ô noble loup, te charger de la présente mission ?*

*Hum... Avec plaisir, ô grande reine. Laisse moi un quart d'heure pour pouvoir atteindre le centre-ville. Je te tiendrais au courant.*

*Merci !*

L'échange avait duré une bonne dizaines de minutes. Assez pour les mettre en retard. Marek allait râler. Ou multiplier les allusions grivoises s'il avait eu le temps de récupérer. Échangeant un sourire avec Laïaga, les deux amants accélérèrent le pas. Après avoir dû répondre à plusieurs questions inquiètes de divers conseillers - Tenel n'avait vraiment pas été discrète - qui les mirent encore plus en retard, ils parvinrent enfin dans le boudoir où les trois ambassadeurs du Mor'ran les attendaient, visiblement affamés. Les tables couvertes de de plats recherchés semblaient attirer leurs regards. Ainsi, ils les avaient attendu... Avec une petite grimace d'excuse, la reine fit signe aux trois voyageurs de se servir.

- Je suis confuse pour notre retard. Je me suis fait rattraper par mes conseillers qui ne semblent pas pouvoir s'en sortir sans moi... Je vous en prie, mangez, il était inutile de nous attendre.

***

A la lisière de la forêt, Finwë laissa tomber la proie qu'il poursuivait et se hâta de rentrer à Ellesméra. Cela faisait plusieurs jours qu'il n'y avait pas mis les pattes. Trop de monde d'agitation et de bruit. Sans compter qu'Ellen était presque toujours absente, occupée ou juste trop fatiguée pour qu'il puisse profiter de sa présence. Et si, au fond, il aimait bien Laïaga, il n'avait guère eu l'occasion de découvrir le jeune homme. Quand il parvint enfin aux premières maisons-arbres, il huma l'air alentours, cherchant des effluves de fer et de feu qui le mènerait jusqu'à la forge. Un instant perdu, les odeurs étaient faibles et recouvertes de fragrances plus récentes, il finit par s'y retrouver en sentant une odeur qu'il n'avait plus senti depuis longtemps. L'odeur d'un dragon, mêlé à celui d'une elfe, des effluves à la fois amères, âpres, des odeurs de souffre qui se mêlaient au parfum plus délicat de la peau féminine. Du savon, de la sueur, peut-être une pointe de parfum. Se faufilant dans les rues, il parvint jusqu'à l'arrière de la maison de Rhunön, bizarrement désertée. Avant d'entrer, il ouvrit son esprit, cherchant celui de la visiteuse et s'annonça, pour ne pas l'effrayer.

*Tenel ka, cela faisait longtemps que nous n'étiez pas venue nous honorer de votre présence ? Seriez-vous d'accord pour me laisser entrer ? Ellen n'a malheureusement pas pu se décommander.*

L'attention de Tenel Ka était encore tournée vers les cieux où Nicta et Yarrock discutaient. La dragonne dorée devait s'éloigner le plus possible de la cité elfique affin d'éviter d'être trop aisément repérable -chose difficile compte tenu de sa taille et malgrès la présence de nuages. Nicta demanda au dragon vert des précision pour se 'meller aux esprits de la forêt' un concept assez étrange pour un dragon.
L'oeil de la dragonnière aux cheveux de neige fut attiré par le mouvement d'une feuille au vent. Tenel Ka se détourna pour se reconcentrer sur la conversation de Nicta avant de se figer. Le vent? Mais la cité elfique possédait de puissantes protections magique et bien que le vent et la pluie puissent aisément passer, il était impossible que le vent ne fasse bouger su'une feuille sur une banche. Désormais attentive, la jeune femme réalisa que le bruissement des feuilles, pourtant d'aspect aléatoire, pouvait discimuler le déplacement de plusieurs elfes. La dragonnière respira, se déplaça pour disparaitre du champs de vision de ses observateurs sans paraitre suspecter leur présence ensuite elle expira profondément puis ferma les yeux. A présent qu'elle cherchait des sons bien particuliers de respiration et de battements de coeurs, Tenel Ka pouvait identifier la présence d'au moins une vingtaine de soldats reconnaissables à leur respiration posée. S'y ajoutait une dizaine de mages elfiques qui pouvaient donne des difficultés à un dragonnier, une telle assemblée confirmait que sa présence avait été repérée et que la cité serait bientôt avertie de la présence d'un intrut. Tendue, la jeune femme se demanda comment sortir de cette situation sans se faire blesser et surtout sans blesser un seul elfe.
La tension grandissait, les elfes avaient remarqués qu'elle ne revenait pas dans le fauteuil et commençaient se douter que leur intrut avait détecté leur présence. Tenel Ka se ressaisit et revint à sa place présédente porteuse d'un livre qu'elle commença à feuilleter à la lumière venant de l'extérieur. Elle perçut clairement le soulagement des observateurs qui recommençaient à se déplacer en imitant les sons de la forêt. Puis leurs pas se stopèrent net avant même qu'ils soient totalement en position de l'encercler. Cet arrêt inquièta la dragonnière car à l'heure actuelleet sans information conttraire les soldats ne pouvaient imaginer menace plus importante dans la ville. Or ils reprirent leurs déplacemeents en sens inverse, s'éloignant de la demeure de Rhunön. Interloquée, Tenel Ka continua à feuilleter distraitement son livre se demandant la raison de se replit et sous quelle forme pourrait bien se présenter une seconde approche.

La réponse à cette dernièère intérogation ne tarda pas. Le bruit fluide d'un loup se déplaçant dans le sous-bois se fit entendre. La dragonnière se rappella alors qu'Elllenween avait un loup et que ce dernier -Finwë- était très sympatique. Il ne tarda pas à s'annoncer.
*Tenel ka, cela faisait longtemps que nous n'étiez pas venue nous honorer de votre présence ? Seriez-vous d'accord pour me laisser entrer ? Ellen n'a malheureusement pas pu se décommander.*
Soulagée, Tenel Ka alla jusqu'à la porte qu'elle avait déverrouillée en arrivant et laissa entrer le loup dans l'atelier de Rhunön. La dragonnière revint s'assoir et sourit à Finwë.
"J'ai vu que je n'avais pas été aussi discrète que je le pensais et je me demandais comment m'en sortir sans blesser personne. Ensuite je tiens à ce que ma présencen à Ellesméra reste dans l'ombre mais pas au prix de la santé des elfes. Or si l'un d'eux me cause la moindre égratinure je crains que Nicta attérisse au plus près pour me porter secours." raison pour laquelle elle avait préalablement fermé son esprit à sa dragonne. "Je pésume que c'est Ellenween qui a éloigné ceux qui venaient encercler l'atelier. Enfin bref, j'ai besoin de rencontrer Ellenween pour lui confier la garde d'un objet de grande valeur pour l'ensemble de la communauté des dragonniers. Est-il possible de mettre cet objet en lieu sûr? Etant donné le peu d'informations que j'ai pu obtenir sur la situation actuelle du Du Mor'ranr Knifr j'ai préféré venir ici en premier lieu. De plus étant donné la nature de ce que je vais confier aux elfes, et le fait que à part Rhunön et moi-même, il y a peu de personnes capables d'en faire usage; je crois nécessaire que nos alliés sachent que nous ne nous réservons pas l'usage d'un tel don du ciel."
La jeune femme s'interrompit. Son discours devenait bien trop complexe or elle préférait la franchise et faire attention aux termes qu'elle utilisait, en présence d'un ami, lui déplaisait fortement. Elle n'avait prononcé aucun mensonge mais ne pouvoir parler librement lui peusait.
"J'ai besoin de parler de vive voix à Ellen' aussi vite que possible, bien que je sois consciente que ce ne soit pas facile pour elle. La seule bonne nouvelle pour nous deux c'est que Marek sais ce qui m'anène iciet qu'il comprendra l'importancede l'objet en question. J'ignorais qu'il serait à Ellesméra lors de mon arrivée."
Tenel Ka souri à la pensée de pouvoir bientôt parler avec Marek, l'apprenti dragonnier avait bien évolué depuis ses premiers cours et elle amerait savoir ce qu'était devenue Leyra.

L'estomac de Marek commençait à montrer de plus en plus des signes d'impatience. Et on entendait également celui de Nicko réclamer son dû. Mais que faisaient Laïaga et Ellenwen?
Ils patientèrent encore cinq bonnes minutes avant de voir débarquer le couple, à moitié essoufflé. Sur cette dernière observation, Marek préféra pour une fois en conclure sur la précipitation dont ils avaient fait preuve pour atténuer le retard que sur un quelconque évènement privé qui ne regardait personne.

- Je suis confuse pour notre retard. Je me suis fait rattraper par mes conseillers qui ne semblent pas pouvoir s'en sortir sans moi... Je vous en prie, mangez, il était inutile de nous attendre.

C’est alors que l’esprit de Jenna effleura celui de Marek. Surpris, celui-ci permis l’intrusion.

*Elle ment.*
*Quoi? On va pas manger?* s’insurgea Marek.
*Ah les hommes.. Je vous jure! Je parlais de ses conseillers. Ils ne sont pas la seule cause de son retard…*
*Mais… Comment tu peux savoir ça toi ?*
*J’étais espionne avant d’être magicienne je te rappelle. Même si c’est infime, je peux voir qu’elle ment… Mais je ne sais pas pourquoi…*
*Je vais te le dire moi. Regarde-là. Elle est bien coiffée. Mieux qu’avant. Donc elle s’est recoiffée. Ellenwen n’est pas le genre à prendre excessivement soin de son apparence. Elle a donc dût être bien dépeignée. Laïaga de son côté est encore moins peigné que tout à l’heure. Ses vêtements sont légèrement débraillés, Ellenwen a le teint un peu rouge et lui à un sourire satisfait sur les lèvres. Je te fais un dessin ?*
*Tu veux dire que….* fit la voix de Nicko, qui avait visiblement suivit la conversation.

Marek attrapa une pomme, la frotta à sa chemise, et croqua dedans avant de conclure.

*Leur sieste a duré plus longtemps que la vôtre !*

Jenna et Nicko lui lâchèrent un regard surpris, ne s’attendant pas à cette chute-là.

Avalant sa bouchée de pomme, Marek dit à Ellenwen (tin j’allais marqué Marie >< ça me fait pareil avec Anais xD) :

- Ah ça, moi j’ai de la chance. Mes seuls conseillers sont des amis proches. Ils savent quand il ne faut pas me déranger si me ralentir !

Il croqua à nouveau dans sa pomme et à la surprise de tout le monde, Jenna prit la parole.

- Votre Majesté, sachez que vos lits sont très confortable ! J’ai été agréablement surprise par tout le confort que vous avez mis à notre disposition. Et je tenais à vous remercier, au nom de Nicko et moi, pour vos présents. Cette parure est magnifique…
- Et Nicko, coupa Marek, va enfin pouvoir s’entrainer à tirer à l’arc avec une arme digne de ce nom ! Et moi je vous remercie pour ce magnifique diadème !

Jenna se pencha vers la reine et chuchota :

- Même si j’ai peur qu’il finisse par être trop petit pour lui si vous voyez ce que je veux dire…

Marek, qui avait tout entendu, lança :

- Hé dis donc toi ! Votre Majesté, je ne sais pas ce que vous lui avait fait, mais je la trouve beaucoup moins timide qu’en arrivant !

Soudain, une sensation bizarre envahit Marek. Comme s’il sentait la présence de quelqu’un de très familier… Quelqu’un qu’il n’avait pas vu depuis longtemps… La sensation s’en alla aussi vite qu’elle arriva, aussi Marek cru à un effet de son imagination. Qu’est-ce que son maître aurait fait ici de toute manière hein ?

Je me sentais d’une humeur plutôt guillerette quand nous entrâmes dans le boudoir de la reine des elfes. Bien sûr la présence de Tenel Ka à Ellesméra était étrange, et apportait potentiellement son lot de mauvaises nouvelles, et Ellen’ y avait pensé aussi bien que moi. Mais voilà Tenel Ka était ici à Ellesméra, et c’était une petite lueur d’espoir de plus, non ? Quelles que soient les raisons qu’elle pouvait bien avoir de se cacher.
Et puis, aujourd’hui pour la première fois, j’avais fait l’amour avec Ellen’, et puis... et puis... Je ne me rendis compte du petit sourire en coin que j’arborais, avec une légère gêne, qu’en croisant le regard investigateur de Marek. Fichtre, on serait si transparents que ça ?

-Je suis confuse pour notre retard... commença Ellenwen, ne livrant soigneusement qu’une petite partie de la vérité.

Pauvres conseillers, pensai-je, pour une fois que la situation exigeait vraiment de faire appel à leur reine, même s’ils ne s’en rendaient pas forcément tout à fait compte, ils se retrouvaient à porter le chapeau. Personnellement, je n’étais pas plus désolé que ça, mais je n’ajoutai rien.

-Ah ça, moi j’ai de la chance. Mes seuls conseillers sont des amis proches, rétorqua Marek.

J’écoutai d’une oreille distraite leur conversation, à lui, Ellen’ et la magicienne Jenna, me rappelant avec un amusement que je n’avais jamais éprouvé sur le moment les conseillers et autres fonctionnaires qui gravitaient autour de moi du temps où j’étais un membre important de l’Empire. Il faut croire que je m’étais si bien ingénié à les forcer à l’indépendance, et sans doute Myad après, qu’ils avaient fini par décider tous seuls des guerres à livrer.
En même temps, je m’enquérais auprès de Yarrock de ce qu’il se passait dans les cieux, au-dessus de la ville. Il venait d’éclairer Nicta sur le concept de se mêler aux esprits de la forêt : mêler son esprit à celui des animaux qui peuplaient le Du Weldenvarden, se dissimuler pour que les mages elfes à l’affût ne remarquent pas cette présence si unique au-dessus de leurs têtes, nuages ou pas nuages.

*Je vais nous éloigner un peu, me dit Yarrock.*

J’acquiesçai mentalement.

*Tenel est cachée dans la maison de la vieille forgeronne, Rhünon, le mis-je au courant. Finwë est allé parler avec elle.*

A son tour d’acquiescer tandis que je m’asseyais à la table garnie d’un véritable festin, à côté de ma compagne, grignotant distraitement quelque uns des mets et toujours sans faire attention à la conversation, tout concentré que j’étais sur mon dragon, bien que j’essayasse de tenir Ellenwen informée de ce qu’il se passait.

*Suis-moi, fit le grand dragon vert à Nicta, éloignons-nous d’ici si tu tiens à ne pas te faire remarquer.*

Il tourna une fois autour de Nicta, dans les nuages, avant de prendre la direction du nord, s’éloignant d’Ellesméra en vérifiant qu’elle le suivait. Les elfes surveillaient le sud, l’est et l’ouest, empêchant quiconque qui n’y soit pas le bienvenu de pénétrer dans leur forêt, et ils s’en sortaient plutôt bien, même si apparemment un dragonnier d’expérience pouvait passer entre les mailles du filet... enfin, jusqu’à un certain point.
Mais le nord de la forêt, plus inaccessible, était aussi moins surveillé et Yarrock voulait qu’ils soient tranquille. Tandis qu’ils volaient il revint sur la question de Nicta qu’il avait évitée :

*Sinon, pour Laïaga et moi, c’est une longue histoire, lui dit-il. Mais pour faire court, il était si près de se sacrifier pour quelqu’un qu’il aimait, comme un con, sans espoir de réussite, que j’me suis dit qu’il était redevenu le dragonnier que j’avais perdu... et plus une espèce de marionnette de la Guilde des Ténèbres. Ça fait que, oui, on a recréé notre lien.*

Je sentis un léger frisson me parcourir l’échine en entendant les mots de Yarrock. On a recréé notre lien. Aussi simple que ça.
Quand il jugea qu’il était assez loin de la ville, Yarrock se posa entre des arbres, se retournant pour voir si Nicta l’avait suivi.

*Bon, là, on devrait pas nous emmerder, reprit-il à son intention. Alors dis-moi, pourquoi est-ce que toi et Tenel Ka ne voulez pas être vues ? Vous n’avez jamais eu de problèmes avec les elfes non ?*

Et puis, elles avaient de puissants amis en ville, à commencer par la maîtresse des lieux, alors qu’est-ce qui pouvait bien les motiver à se cacher malgré tout ? Quelles nouvelles mystérieuses est-ce qu’elles pouvaient bien apporter ? Je me demandai si Marek se doutait de quelque chose ; en me concentrant sur elle, maintenant que je savais qui et où chercher, je pouvais sentir la présence, ténue et diffuse, de Tenel Ka. Marek n’avait aucune raison de chercher Tenel Ka, dans une maison abandonnée, juste maintenant, non ? Non, naturellement, pourtant une espèce de sixième sens né de l’habitude de ce genre de situations me soufflait qu’il devait au moins un début d’intuition de ce qu’il se passait, alors je l’observai d’un air détaché tandis que lui, et son garde du corps, faisaient particulièrement honneur au repas et taquinaient la jeune magicienne. Je lui aurais bien posé directement la question, mais Tenel Ka avait expressément demandé à être discrète, alors...

Nicta suivi les indications de son ami Yarrock et vira sur une aile afin de le suivre d'assez près pour sembler faire partie de son sillage sans pour autant géner le dragon vert dans son vol. Elle était consciente qu'avec leurs tailles respectives ils ne risquaient pas de rester discrets bien longtemps malgré le fait que les elfes devaient moins observer les déplacements d'un dragon aussi ancien que Yarrock. D'un autre côté étant donné les antécédents de Laïaga et la méfiance innée des elfes on ne pouvait jamais être sûrs de quoi que ce soit.
L'exercice de méler son esprit aux différents animaux peuplant l'immence forêt du Du Weldenvarden devint un sujet plus sensible. Bien que la dragonne ai partagé l'expérience de sa dragonnière dans ce domaine, elle avait des difficultés à accepter de méler son esprit à celui de ses proies potentielles en particulier en sachant parfaitement comment cela avait déja influencé le régime alimentaire d'un certain nombre de dragonniers. Enfin, c'était pour une bonne cause et Nicta surmonta assez rapidement ses premières difficultés pour se discimuler au regards des elfes scrutateurs, gardiens de l'intégrité de la cité d'Ellesméra.

La dragonne aux écailles couleur soleil se dirigea donc, à la suite de Yarrock vers le nord du Du Weldenvarden. Une région rarement visitée de par son éloignement des cités elfiques connues et pourtant défendue par les sorts de protection du beau peuple. Il s'agissait d'une zone foisonnante de vie, où discimuler son esprit était plus aisé malgré l'influence que cela pouvait avoir l'estomac presque vide de la dragonne.
Le grand dragon vert se mis alors à lui expliquer comment il avait appris que son ancien dragonnier était prêt à se sacrifier pour un être aimé. Une telle évocation de Laïaga fit sourire Nicta et Tenel Ka, toutes deux étaient ravies d'apprendre ce revirement de la part de leur ami. Bien que des signes aient déja été plus ou moins visibles lors de l'évasion de Tenel Ka du Concile des Ombres. Enfin, Yarrock et Laïaga s'étaient retrouvés c'était une grande nouvelle qui méritait leurs félicitations.
Nicta attérit près de son ami et soupira. Au moins la clairière était suffisament grande pour accueillir deux dragons de leur importance. La dragonne attendit quelques secondes le temps de vérifier avec Tenel Ka ce qu'elle pouvait apprendre à Yarrock et donc à Laïaga.

Pour se donner le temps de réfléchir, la dragonne demanda à Yarrock si la personne que Laïaga aimait se trouvait à Ellesméra. Quelle ne fut pas sa surprise d'apprendre qu'il s'agissait d'Ellenween et qu'ils dinaient tous les deux avec Marek et deux garde du corps du Du Mor'ranr Knifr. Tant de choses auraient pu entraver leur rote mais il semblerait qu'à l'arrivée les évènement tournaient en leur faveur malgré le contexte tendu. Nicta ne pu retenir un éclat de rire, calcinant une branche proche.
*Pour une coïncidence! On voulait surtout contacter les elfes pour mettre à l'abri un bien précieux pour les dragonniers. De plus il nous semblait important de partager ce don avec tous les dragonniers, pas en réserver l'accès aux seuls membres du l'Alliance, enfin du Du Mor'ranr Knifr. Au moins si Tenel Ka arrive à entrer dans la demeure d'Ellenween et à lui confier notre chargement tout ira bien.*
Se reprenant, la dragonne regarda Yarrock dans les yeux.
*Oui, je sais, je n'ai pas encore répondu à ta question. Mais que dirait Laïaga de posséder une nouvelle épée qui ait la même couleur que tes écailles? Nous ramenons du vif acier et Tenel Ka a appris de Rhunön comment le forger.*
Cette fois c'était au dragon aux écailles couleur émeraude d'être surpris.

.......

Tenel Ka avait discuté un moment avec Finwë et après une concertation entre le loup et la Reine des elfes, le noble canidé ressorti de l'atelier de Rhunön en demandant à la dragonnière de le suivre. Tous deux firent quelques détours pour éviter le gros de la foule et Finwë indiqua à Tenel Ka comment atteindre les accès arrières de la demeure d'Ellenween ainsi que des mots de passe qui lui permettraient d'entrer sans être arrêtée -malgré son apparence actuelle. La jeune femme suivi les indications à la lettre et fut introduite dans le Palais et conduite rapidement à une petite chambre. Les choses s'étaient passées vit et Tenel Ka n'avait pas prété un oeil attentif à la décoration du palais. Elle pouvait à présent le faire dans cette pièce, petite par ses dimensions mais chaleureuse et bien apprétée. Le style elfique, leur art de chanter le bois afin de lui donner forme au fur et à mesure de sa croissance était palpable ici et les fioritures dans les veines de bois montrait l'intérêt et l'attention que les artistes avaient apporté à cette demeure.
Bien qu'ayant dismulé sa présence tout le long de son voyage, la dragonnière savait qu'elle ne pouvait qu'atténuer l'étincelle de sa personnalité, pas la faire disparaitre. Pour autant la jeune femme profita du plaisir de se débaasser enfin de la poussièe de son voyageet regretta de ne pas avoir pensé à récupérer une tenue plus convenable pour une audience avec Ellenween lors de son passage éclair à sa demeure dans les Beors. Par chance, ses hôtes lui fournissaient une garde-robe ainsi que quelques bijoux.

Après un court échange mental avec Ellenween, Tenel Ka fût autorisée à rejoindre la salle du banquet et escortée comme il se devait par deux magiciens elfes. Un certain nombre de conseillers se retournèrent pour observer cette humaine qui passait et certains -enfin la plupart- se renfrognièrent en la reconnaissant. La dragonnière passa par une porte secondaire et ne se fit pas annoncer.
Le repas approchait de sa conclusion étant donné le nombre de desserts présents devant les convives. Tenel Ka arrivait face à Laïaga et Ellenween, tous deux en bout de table et avertis de son arrivée. Sur les trois sièges qui leur faisaient face, se trouvaient deux personnes que Tenel Ka n'avait jamais vu. Mais le dernier, le plus éloigné d'Ellenween et donc le mieux placé pour avoir accès à un plus grand nombre de plats sans rencontrer de résistances était Marek Krayt

Annulant ses sorts de protection qui discimulaient en partie son identitée, à l'instant même où Marek prenait une grande gorgée de vin, Tenel Ka s'avança en souriant. Son sourire s'agrandit quand la gorgée en question eût quelques difficultées à passer entrainant une toux plus ou moins discrète chez le jeune homme.
"Alors Chef? On ne sait plus boire?" demanda-t-elle d'un air joyeux.
La dragonnière échangea un regard amusé avec Laïaga et Ellenween et les salua d'un signe de tête. La dragonnire se fit plus sérieuse quand elle croisa à nouveau le regard d'Ellenween, maintenant que cette dernière savait ce qu'elle avait introduit dans sa demeure comment la Reine des elfes allait-elle traiter cette question épineuse.

Ils étaient en retard, Ellenwen ne le voyait que trop bien. Elle n'avait même pas besoin d'entendre les estomacs de ses invités gargouiller pour le savoir. Rien que le regard surprit qu'ils leur avait réservé lui avait donné suffisamment d'indications. Pour ne pas les empêcher plus longtemps de manger, la reine se dirigea vers la table chargée de mets. Elle croisa au passage le regard de Marek, légèrement goguenard, et celui de Jenna, les pommettes légèrement rougies, un petit sourire sur les lèvres. Ellenwen sourit à son tour. L'excuse qu'elle leur avait donné - qui était plutôt sincère - ne semblait pas vraiment les avoir convaincu. Ils devaient être trop transparents, Laïaga et elle... Elle jeta un coup d'oeil rapide à son amant, sur ses cheveux dépeignés, sur ses vêtements remis à la hâte, sur son sourire. Elle se retourna Marek et lui lança un regard amusé. Après tout, elle n'avait pas de leçon à prendre de quelqu'un qui venait d'être père de deux enfants. A moins qu'elle n'ai loupé quelques leçons de biologie, elle ne pensait pas qu'ils aient pu se faire tout seuls. Et s'il n'y était pour rien, il aurait dû avoir une longue explication avec Leyra. Alors, à malin, malin et demi. Quant à Jenna et Nicko, elle était prête à parier qu'ils semblait un peu plus fatigués qu'avant leur arrivée. Sur quoi, avec une petite repentance mentale pour tous les elfes qu'elle risquait de choquer s'ils écoutaient au porte, elle se vengea de la petite réplique de Marek :

- Oh ne vous en faites pas, mes conseillers à moi ne seraient pas assez fous pour me déranger réellement. Les femmes ont un certain don pour faire comprendre quand elles veulent être tranquilles. Je pense que vous avez déjà dû le constater...

Elle retint un sourire, gardant un visage absolument innocent. Puis, pour donner l'exemple, elle attrapa un pain au miel sur la tablée et l'avala lentement, savourant chaque bouchée. Elle sentait qu'elle allait bien s'amuser lors de cette rencontre diplomatique, même si le facteur Tenel Ka l'inquiétait légèrement. Elle s'assit tranquillement et laissa passer quelques minutes de silence, savourant ce déjeuner simple (*simple ?!* songea-t-elle avec une grimace) en compagnie d'une compagnie agréable. Seuls Jenna et Nicko semblait encore un peu intimidés, ce qu'elle pouvait comprendre mais qui l'attristait. Elle aurait voulu pouvoir leur offrir un refuge paisible, pour leur faire oublier l'espace d'un instant les horreurs qu'ils avaient du voir durant les huit mois précédents. Elle allait leur proposer de suivre l'exemple de leur chef - qui croquait déjà allègrement dans une pomme - quand Jenna la prit par surprise en prenant la parole. Tout le monde se tut, béat devant la confiance qu'affichait soudainement la jeune fille. Elle accepta ses remerciements d'un signe de tête et tenta d'y couper court d'un signe de la main. Après tout, elle-même n'avait chanté aucune des armes présentes. Elle ne méritait pas tant de politesse.

- Je vous en prie. Vous êtes nos premiers visiteurs humains depuis plusieurs décennies. C'est moi qui suis votre obligée de venir ainsi nous rendre visite et nous tirer de notre isolement.

Que tant d'elfes rêvaient de garder. La reine sourit doucement à l'idée que beaucoup de sujets ne devaient pas voir cette visite du même oeil qu'elle. Elle s'apprêtait à reprendre la parole lorsque Jenna la prit de court et la surprit une nouvelle fois. La reine resta un instant bouche bée avant d'éclater de rire. La répartie était tellement imprévue, tellement à propos qu'elle ne put qu'admirer.

- Une répartie tellement vraie. Je suis heureuse que vous ne soyez pas restée réservée, Jenna. J'aurais manqué quelque chose.

Elle continuait de rire lorsqu'elle sentit l'esprit de Finwë touché le sien. Il avait retrouvé Tenel-Ka, dans la forge de Rhunön. Elle l'entendait répondre à la dragonnière, pour lui souhaiter la bienvenue et la rassurer sur les elfes. Aucun d'eux n'auraient attaqué sans un ordre de leur reine. Et Ellenwen n'était pas femme à déclencher un assaut, au plein milieu de la ville la plus sûre de tout l'Alagaësia, sans réfléchir préalablement. Elle sentit la dragonnière arriver, à mesure que Finwë la dirigeait dans les rues de la cité. Ce fut à cet instant qu'elle apprit l'identité du trésor rapporté par Tenel Ka. Elle resta de marbre. La confiance que lui manifestait la dragonnière la touchait, elle n'était pas sotte au point de ne pas comprendre tous les enjeux soulevés par le vif-argent mais... elle ne s'était jamais mêlée d'histoires de dragonnier et sentait les ennuis arriver à grand pas. Partager ce don avec tous les dragonniers ? Se rendait-elle réellement compte de ce que cela impliquait ? Avait-elle suffisamment suivit l'actualité politique pour comprendre le monceau de problème qui n'allait pas tarder à se poser à eux ? Comptait-elle aussi en donner aux dragonniers de l'Empire qui menaçait l'équilibre précaire du monde ? Et dans ce cas, comptait-elle les faire venir jusque dans les demeures sacrées des elfes, au risque de leur attirer des ennuis innombrables ? Ou comptait-elle en donner uniquement aux dragonniers alliés au risque de déclencher une nouvelle guerre ? La reine désespéra en silence quelques instants. Elle était heureuse de revoir son amie mais avait une folle envie de lui demander si elle savait vraiment dans quoi elle se lançait. Mais, à sentir la joie de la jeune femme lors de leurs courts échanges, elle décida de garder toutes ses questions pour elle et de feindre la joie. Elle se tourna vers Marek, un grand sourire aux lèvres, avant que la dragonnière n'entre dans la salle.

- Je crois que voici la vraie raison de mon retard...

[J'ai galéré à pondre ce truc merdique --"]

Marek était agréablement surpris par la nourriture elfique. S'il regrettait l'absence de viande, il ne pouvait que s'émerveiller du goût du pain, des fruits et autres légumes qui garnissaient la table. Et ce vin, ce vin mes amis! Un régal. Un rapide coup d'œil à sa gauche lui confirma que Nicko appréciait également le repas. Jenna, elle, dans des habitudes typiquement féminine, picorait dans son assiette quelques grains de raison. Faudrait pas grossir quoi…
Même si l'ambiance était plutôt détendue, Marek sentait une légèrement tension du côté d'Ellenwen, tension que Jenna, dans ses réflexes d'ancienne espionne, avait aussi ressentie. Que cachait-elle? Etait-ce en rapport avec l'impression qu'il avait eu tout à l'heure? Il se souvient alors de sa conversation avec Tenel Ka, près de Teirm, il y a bien longtemps de cela… Cette arme qui pendait à sa ceinture, ce vif-acier qu'elle avait retrouvé et ramener en Alagaësia… De quoi forger des armes, comme "avant".

Marek secoua la tête, chassant ses pensées sombres et ~~pleines de microbes de l'oubli~~ emplies de nostalgie.

Décidemment ce vin était bon. Et ces desserts aussi. Tout allait bien. Et puis la porte s'ouvrit…

Marek tourna la tête, la coupe à ses lèvres. Quand il reconnut Tenel Ka, la gorgée qu'il s'apprêtait à boire passa de travers.

"Alors Chef? On ne sait plus boire?"

Marek reposa sa coupe, s'éclaircit la gorge, et se levant, lança:

- Et toi, tu ne sais plus frapper aux portes maintenant?

Il marcha vers son ancien maître, les bras tendus, pour la serrer dans ses bras. Depuis le temps!

De son côté, Jenna effleura l'esprit de son compagnon.

*Oui mon cœur?* demanda le Général du Mor'ranr.
*Tu sais qui c'est?*[

Un sourire fendit le visage de Nicko. Pour une fois, il savait quelque chose que Jenna ne savait pas!

*C'est Tenel Ka, l'ancien maître de Marek!*

Jenna acquiesça mentalement, avant de se tourner vers son chef pour voir les retrouvailles.

Du vif-acier... Aussitôt fut-il mis au courant que Yarrock me fit passer l’information ; j’en avalais de travers mon grain de raisin, toussotai le plus discrètement possible pour ne pas déranger l’assemblée, et fis passer tout ça d’une lampée d’hydromel (cet hydromel était tout bonnement délicieux... Quoi qu’il me semblait me souvenir d’un, meilleur encore que j’avais « goûté » à une certaine occasion... Mais j’avais un peu de mal à me rappeler précisément de ladite occasion, allez comprendre).

*Tenel nous a remmené du vif-acier, informai-je Ellen’ tout de suite après, ne sachant pas ce que lui avait déjà appris Finwë. Intéressant non ?*

J’avais parlé avec une certaine ironie dans la voix, le vif-acier était une ressource rare et prisée, et la situation actuelle était pour le moins tendue entre les différentes puissances d’Alagaësia... Il n’était pas difficile d’imaginer ce que l’apparition de ce nouveau facteur dans l’équation pouvait avoir comme conséquences.
Mais bon, on était plus à une guerre près, non ? Ironie ou pas, ça ne me donnait pas vraiment envie de rire, toute cette histoire.
Et puis, si je n’avais pas été fichu d’y penser tout seul, la tension brusquement ressentie dans l’esprit d’Ellen’, au travers du lien si spécial que nous entretenions, m’aurait mis sur la voix. Ellen’ prit le parti de continuer à donner le change et feindre la bonne humeur, pour ma part je continuais d’avoir l’air détaché de la conversation et des piques que s’envoyaient gaiement les convives pour suivre la conversation de Yarrock et de Nicta.

*Une épée à la mode ancienne des dragonniers hein... Ce serait fantastique, et Laïaga adorerait en posséder une, fit le dragon émeraude.*

Il avait raison, mais il faut dire que ce n’était pas trop difficile à imaginer. Ces armes de légende faisaient rêver bien du monde, et je n’étais pas en reste. Plus que de puissants artefacts, elles étaient un symbole, et en ces temps de crise, en posséder une serait loin d’être anodin. Je me battais avec un bout de bois. Il avait beau voyager entre les mondes et trancher aussi bien le métal que la chaire ou même les sorts, ça restait un bout de bois en forme de sabre, et si je l’abandonnais un jour au bord d’une route, il risquait plus de terminer chez un paysan qui voudrait en faire une canne de marche que d’être reconnu à sa juste valeur. En bref il n’impressionnait pas grand monde, tout l’inverse d’une lame en vif-acier...

*Mais c’est aussi une arme dangereuse... continua-t-il.*

Merci mon vieux, tu viens d’enfoncer une porte ouverte.

*Je veux dire, comment est-ce que vous comptez vous en servir ? Ce n’est peut-être pas le bon moment pour forger des armes de vif-acier, qu’est-ce que t’en penses?*

Je continuais de picorer distraitement dans le banquet, imitant en cela la jeune magicienne, Jenna, quand Ellen’ lança :

-Je crois que voici la vraie raison de mon retard...

Je relevai brusquement la tête, tiré de la semi-rêverie dans laquelle j’étais plongé, et découvrant avec étonnement Tenel Ka, que venait d’annoncer ma belle reine des elfes. Pour le coup, Marek avait l’air encore plus étonné que moi.

-Alors chef ? On ne sait plus boire ? lui lança la dragonnière.
-Et toi, tu ne sais plus frapper aux portes maintenant ? lui rétorqua Marek en se levant.

Je les regarderai se serrer dans les bras l’un de l’autre, et adressai un petit salut de la main et un sourire chaleureux à la jeune femme.

-Que de retrouvailles aujourd’hui, lançai-je sur le ton de la plaisanterie. Ça me fait tellement plaisir de te revoir !

Cela faisait bien longtemps que je n’avais plus entendu parler de Tenel Ka, et plus longtemps encore que je ne l’avais plus croisée. Tenel Ka qui avait été, pour autant que je m’en souvienne, et même si ça n’avait pas été pendant longtemps, la seule apprentie que j’aie eue. Je m’étais vite rendu compte qu’enseigner la magie aux gens n’était pas fait pour moi, et n’avais pas renouvelé l’expérience.
Enfin, toujours est-il qu’après tout ce temps, et malgré les ennuis que son vif-acier risquait fort d’apporter, j’étais particulièrement heureux de retrouver la jeune femme. Décidément, aujourd’hui était vraiment une belle journée, envers et contre tout.

Si Marek avait été étonné de son arrivée, il se ressaisit très vite et l’accueillie à bras ouverts. La jeune femme apprécia de voir que malgré la situation actuelle, certaines choses ne changeaient pas et l’accolade de son ancien apprenti était une de ces choses. Le couple qui accompagnait le Gardien du feu semblait surprit mais l’homme devait la connaitre de réputation car il n’affichait pas la même curiosité que sa compagne. Tenel Ka souri à Marek.
« Quand j’ai passé le frontières et appris les grandes lignes des derniers évènements j’ai choisi de me diriger au plus vers un endroit où je pourrais discrètement m’informer des détails. Or j’ai manqué beaucoup de choses et je ne peux me permettre de fragiliser encore plus la situation politique par manque d’informations. »
La dragonnière se dirigea avec Marek vers la table pour prendre place tout en saluant Nicko et Jenna que son ami lui préenta dans les formes.

Laïaga la saluant à son tour, Tenel Ka lui sourit. La nouvelle situation de celui qui avait pendant une courte période été son professeur personnel l’avait agréablement surprise. Elle se doutait qu’il suivait la conversation entre leurs deux dragons et comprenait les réserves émises par Yarrock. Ensuite, la jeune femme ne se sentait pas d’humeur à inonder l’Alageasia de ses armes sans en évaluer les conséquences avant de commencer ce travail. C’était de cela dont elle désirait parler avec Ellenween, dans un tel contexte comment savoir comment les individus appelés à porter des armes en vif-acier allaient réagir et en faire usage. Déjà elle se sentait rassurée d’avoir laisser sa propre arme avec sa dragonne et d’avoir gardé son ancienne épée pour ses déplacements.
« Je suis également heureuse de te revoir Laïaga. Cela faisait bien trop longtemps que nous nous sommes vus. »
Le lieu et les dernières circonstances de cette dernière fois n’étaient pas à évoquer ici.

Nicta étira ses ailes pour les soulager un peu de leur long périple. Bien entendu sa dragonnière l’avait aidée à prolonger son endurance et amoindrit certaines difficultés en route mais la fatigue des muscles était bien présente.
*Oui les armes de vif-acier sont puissantes et surtout leur aspect est si reconnaissable qu’un certain prestige s’y rattache sans pour autant être lié à la qualité de l’arme en elle-même. Tous les dragonniers rêvent tôt ou tard de posséder une telle arme. Le plus difficile est de savoir ce qu’ils en feront une fois cette arme entre leurs mains.*

La dragonne dorée pouffa en ’voyant’ Marek s’étrangler avec son vin. Puis elle poursuivit sa conversation.
*Ca, on avait compris que c’était pas le moment de forger de telles armes. Déjà que nous avons décider d’apporter une quantité limitée de vif-acier en Alageasia, les derniers évènements compliquent encore plus la tâche.
Nous arrivons avec la possibilité de fournir des armes de légende alors que l’Alliance a disparu et que les survivants sont dispersés. Le Du Mor’ranr Knifr est un groupe que l’on pourrait désormais qualifier de paria et accèderait aux meilleurs armes connues. C’est pour ça que nous sommes à Ellesméra, le vif-acier a toujours était attribué aux dragonniers, mais il est hors de question que nos amis doutent que nous désirons le partager avec ceux qui en sont dignes.*

La dragonne aux écailles d’or soupira.
*Bien entendu, définir les critères qui permettront de dire si un dragonnier est digne ou pas de porter du vif-acier est une autre histoire.
Pour tester sa technique, Tenel Ka s’est déjà forgé une telle arme et pour le moment elle ne l’utilise pas de peur d’être prise pour cible par le Saint Empire Léonien. Il nous semble normal de rétablir un certain équilibre en ayant un représentant du peuple elfique en possession d’une telle arme. Pour être vraiment en accord avec cette idée il faudrait trouver un représentant des nain, un du Surda et quelqu’un de confiance dans le Saint Empire Léonien; ce qui n’est vraiment pas évident.*

Une fois assise, Tenel Ka regarda Ellenween et pris la parole.
« A part peut être Nicko et Jenna, vous savez ou vous vous doutez de la raison de ma présence ici. J’ai rapporté de mon voyage un objet qui pourrait être une bénédiction comme un fléau pour ce pays, et je posséde déjà une arme de ce métal. La question la plus épineuse est: dans le contexte actuel devons-nous user de cet avantage? Et si oui dans quelles conditions?. »
La dragonnière promena son regard gris sur les personnes présentes. Maintenant que le sujet était évoqué, ils devaient débattre du probléme jusqu’à trouver une solution qui serait accepté par tous, les conséquences soulevées par l’introduction du vif-acier étant bien trop nombreuses pour les décision s’y rapportant ne soient prises que par une seule personne.

Ellenwen, encore sous le choc des quelques révélations entendues - et dont elle savait qu'elles ne seraient pas les seules, pour son plus grand malheur, retrouva un léger sourire en entendant son compagnon s'étouffer à ses côtés. Avec une compassion tout elfique, elle admira sa tentative de diversion consistant à savourer une gorgée d'hydromel. Même Marek avait été plus crédible lorsqu'il avait vu arriver Tenel Ka, une arrivée qui avait pourtant dû légèrement le surprendre, en reposant lentement son verre, le temps de se donner une contenance. Alors que cracher un grain de raison, boire un peu trop vite de l'hydromel, les larmes aux yeux, et se retrouver l'air pensif en repensant à un autre hydromel, dans une autre demeure, dans un autre contexte, n'était pas le meilleur moyen de rester discret. La reine cacha un sourire, un peu jaune, en croquant dans une pomme qui lui était tombée sous la main. Mais lorsqu'elle répondit à son compagnon, elle était plus que sérieuse. Le sujet qu'ils évoquaient la rendait plus que nerveuse. Elle ne savait pas trop comment se positionner, ni même si elle avait à se positionner. Et les implications de cette nouvelle lui donnait légèrement le tournis.

*Je n'aurais pas dit vraiment intéressant. Flippant, bouleversant, désastreux, paradoxal, étrange, terrifiant, problématique... oui ça... ça s'approche de la vérité. C'est dans des moments comme ça que j'ai envie de rendre mon tablier et de partir me planquer quelque part dans une île au sud de l'Alagaësia. Et vivre d'amour et d'hydromel pendant quelques années.*

*Sincèrement, tu devrais plus surveiller tes elfes, Ellen. De ce que j'ai senti de l'esprit de Tenel Ka, elle est partie avec Rhünon. Et tu n'as pas été prévenu. Et je ne pense pas qu'Islanzadi non plus. Ce qui est un peu surprenant. De ce que je me souviens de tes souvenirs de la forgeronne, elle était très fidèle au pouvoir royal, je ne crois pas qu'elle aurait tenté une telle entreprise sans une bonne raison.*

Ellenwen acquiesça mentalement, sans rien ajouter. Elle était déjà surprise de découvrir que la vieille elfe était partie avec Tenel Ka, elle ne savait pas comment les deux femmes avaient pu se rencontrer - à part que Tenel était une elfe - ni pourquoi la première avait fait confiance à la seconde. Dans ces souvenirs, Rhünon était plutôt du genre farouche. Lorsqu'elle-même était revenue à Ellesméra après ses années d'exil, elle se souvenait que l'elfe avait pris une sorte de retraite, au fond de la forêt. Du moins n'était-elle déjà plus en ville. Mais elle chassa rapidement ces pensées de son esprit et observa avec plaisir les retrouvailles de la dragonnière avec ceux qui l'entouraient. A l'exception de Jenna et Nicko qui semblaient légèrement perdus, tous affichaient un grand sourire. Entre Marek qui retrouvait son maitre et une amie, Laïaga qui avait été assez proche d'elle si les souvenirs de l'elfe étaient bons. Jusqu'à elle qui affichait un léger sourire, heureuse de voir que tout ceux qui avaient compté pour elle lors de sa sortie de la forêt n'était pas encore mort. C'était une découverte agréable. Elle fit asseoir la jeune femme, lui proposant de se joindre à eux pour le repas. Puis, vint la question fatale que l'elfe redoutait. Elle avait espéré que la chaleur des retrouvailles, limitée pour le coup à quelques sourires, ajournerait quelques temps l'épineuse question qui allait bientôt se poser. Mais les questions de la dragonnière ne laissait pas la moindre place à l’atermoiement. La reine inspira profondément, méditant ce qu'elle allait prononcer. Elle choisit, pour une fois, une certaine sincérité. Sa voix était douce, pour tenter d'atténuer la portée de ces paroles.

- Un avantage ? Je ne suis pas sûre que le vif-d'argent puisse être réellement considérée comme un avantage. Pardonne-moi Tenel Ka si mes paroles vont te sembler un peu crues mais pour moi il s'agit plus d'une source de problème. Comme tu le soulignais, la situation est plus que tendue. Si jamais vos adversaires apprennent que vous disposez d'un tel métal, chacun va le désirer et le Moran n'est pas en mesure de le garder. Quant aux elfes, qui pourraient en être les gardiens, ils se retrouveraient dans la position délicate d'être les détenteurs d'un pouvoir qu'on leur jalouserait, eux que beaucoup de dragonniers méconnaissent. Qui peut, qui doit le garder ? Doit-on se le partager entre chaque clan, pour essayer de rétablir un certain équilibre mondial ? Je ne crois pas que cela soit une bonne solution. A l'intérieur même des clans règnent des dissensions qui peuvent faire éclater le chaos et la guerre d'un instant à l'autre. Si le vif-acier tombait entre des mains ennemis, cela ferait éclater de nouvelles possibilités au grand jour. Sans compter toutes les rivalités qui pourront et qui vont naître entre les dragonniers. Un ancien dragonnier, comme Marek, y aurait-il le droit en l'honneur de son ancien dragon ? Comment estimer, maintenant qu'il n'y a plus l'ordre des dragonniers, estimer qui est digne et qui mérite un tel honneur ?

Sujet: Re: Bonjour, tu veux être mon ami? |