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[Fièvre d'ombres] [PV]

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Myad


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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Myad
Message Sujet: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mar 6 Mar 2012 - 1:34


« Fièvre d'ombres »

I
« Stupeur et tremblements »

*Myad... Regarde le soleil se lever.*

La Dragonnière tourna le dos à la fenêtre, déployant son ombre sur l'élégant bureau de pierre qu'elle touchait du bout des doigts. Des doigts graciles et agiles, dont la finesse trompeuse n'empêchait pas la force. Ils s'approchèrent une nouvelle fois du coffre qui y était posé, comme irrésistiblement attirées par cette boîte noire sertie de pierres précieuses formant des arabesques fantaisistes. Ses ongles tâtèrent un rubis, éprouvant encore l'incrustation des pierres qui se révélaient remarquablement travaillées. Cela n'aurait pas dû l'étonner ; si on lui permettait de dévaluer beaucoup de choses concernant ses ancêtres de l'Outreterre, elle n'était pas en mesure de dévaluer la qualité unique de leur art. Leur joaillerie était joueuse, ténébreuse, sérieuse et langoureuse à la fois. Myad y était particulièrement sensible et il n'était pas très compliqué de deviner pourquoi. Elle refusait de faire face à la lumière orange qui précède les premiers rayons or du jour sans s'expliquer pourquoi. Peut-être parce que l'impossibilité d'admirer ce spectacle pour les heures, peut-être les semaines à venir la plongeait dans une mélancolie telle qu'elle préférait ne pas avoir à subir cette dernière fois. Yenlui, lui, s'en gavait littéralement, absorbé dans sa contemplation avec tant d'attention que cela en paraissait artificiel. Lui qui semblait luire de sa propre lumière face à une aurore jalouse se réfugiait dans la routine pour s'y réconforter. Il ne pourrait pas l'accompagner et il n'avait pas cherché à le faire.
Historiquement, des dragons avaient vécu dans les cités drow les plus vastes, mais à quel prix ! Déprimés tels des bêtes en cage, ils dépérissaient lentement en emportant leur Dragonnier dans leur triste folie. Ceux qui étaient restés lucides étaient les rares qui, prenant conscience du sacrifice que consentaient pour eux leurs compagnons, offraient aux créatures magiques des escapades régulières vers la surface. Son père, notamment. Arget avait plusieurs milliers d'années et, si elle avait été obligée de stopper sa croissance rapidement pour pouvoir rendre possible son existence dans les souterrains, elle avait appris à vivre sans lumière et sans guère d'espace. Elle ne souhaitait pas cela son fils, même pour une courte période, et Myad le savait. La relation des drows avec les dragons est conflictuelle ; pour preuve, actuellement, seuls trois d'entre eux sont vivants, pour combien d'elfes sylvains ? De plus, la simple présence d'un dragon n'était pas envisageable dans le cadre de leur mission. Il leur fallait discrétion : ils étaient d'une taille non négligeable. Il leur fallait garder la tête froide : il aurait été facile de perdre son calme devant la menace d'un des membres du duo. Enfin, dans le cas de Myad, il fallait que Yenlui reste à la surface au cas où Oryon et Yawë auraient besoin d'eux.

Ses doigts ouvrirent le coffret sans qu'elle ne s'en rende compte. Ils connaissaient le mécanisme, ils savaient soulever le couvercle sans produire le moindre son. Le coffre se laissa faire. A le regarder ainsi, il semblait totalement impossible qu'un sortilège extrêmement puissant le rende à la fois indestructible et accessible à un seul type de personne. Pourtant c'était une précaution aussi discrète que nécessaire.
L'épais coussin de velours noir possédait 4 emplacements, dont deux étaient vides.
Myad y passa la main avec un de ses sourires les plus rares, merveilleux de douceur et de tendresse. Un triangle et un cercle. C'était comme s'ils étaient toujours quelque part près d'elle à palpiter, forces omniprésentes confortablement endormies dans leurs porteurs. Elle ne toucha pas aux deux autres pierres précieuses, hormis de son regard aigu. Le Saphir et l'Emeraude attendaient encore leurs Gardiens. Les Diamants émettaient cette légère vibration électrique, cet éclat ravivé qu'ils prenaient toujours en présence d'autres Sources originelles. Celles-ci s'illuminèrent en réponse. Myad se sentait étrangement confiante ; elle trouverait ses deux derniers frères ou sœurs, elle n'en doutait pas un instant. Peut-être en avait-elle déjà trouvé une... Mais cela, elle ne pourrait le vérifier que si elle revenait vivante de Gôterada, et cela devait être son souci principal. Avant toute révélation.

Le coffre se referma dans un chuintement, cette fois. Elle caressa le couvercle sur lequel des créatures mythologiques s'affrontaient sans pitié.

Bientôt, promit-elle silencieusement. Bientôt, je te le promets.

Elle se retourna pour affronter la fenêtre. Elle vit mourir l'aube, naître le jour véritable, lui qui l'éblouit de ses rayons insolents.

*Partons. Il serait malséant de rater notre propre rendez-vous.*

Yenlui eut un grognement qui ressemblait à une sorte de ricanement.

*Tu as raison. La mort n'attend pas.*

¤

Pour des raisons mystérieuses à tous ceux qui ne connaissaient ni Myad ni son apprenti, celle-ci ne daigna pas l'informer de ses projets. Elle lui confia plusieurs missions successives, qui allaient l'occuper et l'inquiéter de façon suffisante pour l'éloigner de la capitale pour quelques semaines. Si Yawë le dragon qui l'accompagnait n'avait cure que l'Impératrice périsse dans les profondeurs du monde, ce n'était pas le cas de son Dragonnier qui aurait sûrement engueulé son maître ou en la forçant à l'emmener avec elle. Et pour rien au monde Ayahantê n'avait l'intention de le faire, du moins pas maintenant. Découvrir Gôterada pouvait être gage de folie pour celui qui n'était pas assez protégé de son propre cœur, et s'il devenait un homme, Oryon n'était pas encore capable d'affronter pareil choc des cultures. Les membres de sa propre Compagnie n'avaient pas été priés de l'accompagner ; ils le savaient et en avaient été plus ou moins courroucés, mais ils n'avaient pas essayé de contester.
Au petit matin donc, l'Impératrice avait distribué ses ordres pour la période à venir et avait plié bagage.
Elle avait renouvelé ses réserves d'antidotes, poisons, onguents divers ; ses armes avaient secrètement été enduites de son sang, rendant leur morsure particulièrement venimeuse. Propres, aiguisées, vérifiées. Sa double faux resterait à Dras Leona. Préférant le fouet, le kukri et ses gantelets aux griffes d'acier, l'Impératrice vêtit ses vêtements de voyage. Épaisse cape noire à capuche, hautes bottes noires à boucles, gants en peau de serpent et cette délicieuse combinaison noire qui recouvrait l'intégralité de sa peau. Elle glissa son casque sur sa tête avant de mettre sa capuche, voilant et protégeant ainsi une bonne partie de son visage. Dans son bagage, l'ancienne Errante ne manqua pas de prévoir de la viande et du poisson séché, des fruits secs, de l'alcool et des pierres précieuses – monnaie universelle compréhensible par tous. Lorsqu'elle harnacha Quentel, la lézarde à plumes noires, Myad prit soin de répartir autour de la selle le poids de son équipement, notamment celui qui lui permettrait de camper. Elle caressa machinalement le bec puissant de la bête, qui secoua ses belles plumes mauves. Les lézards à plumes étaient une sous-espèce des lézards de monte couramment utilisés par les drows comme des chevaux. Certains s'étaient éparpillés à la surface. On les apparentait aux dragons mais, ainsi que se plaisait à le rappeler Yenlui, ils n'avaient guère d'autre point commun que des écailles et des yeux globuleux. Ils ne mangeaient même pas de viande, insistait le dragon avec consternation.

Yenlui partit trois heures après sa Dragonnière sur le dos de Quentel. Il valait mieux que l'on les croie sur deux affaires différentes, donc de moindre importance. Toujours ces foutues apparences.

La journée était bien avancée lorsque Myad posa enfin pied sur le point de rendez-vous. Elle descendit effectivement à terre, rejoignant l'énorme reptile doré qui se prélassait dans la lumière de l'après-midi, trois sangliers éparpillés autour de lui, dont l'un simplement entamé.

*Tu compenses le stress par la nourriture, amicio ?*

Le dragon fit mine de l'ignorer, mais elle perçut son amusement.

*Méfie-toi, je pourrais devenir très anxieux et devoir dévorer ton misérable petit poney.*

Quentel s'était mise à brouter, s'attirant un regard particulièrement méprisant du dragon qui fit rire sa Dragonnière.

*Nous sommes en avance. C'est bien. C'est toujours plus confortable d'accueillir les autres.*

La Crête n'était pas le lieu le plus agréable pour se reposer, néanmoins il ferait l'affaire. Navrée de ne pouvoir quitter son casque ni sa cape, Myad se contenta de s'allonger dans l'herbe près de son compagnon en guise de repos. Ses épaulières, genouillères et autres pièces de métal attendaient sur Quentel, enveloppées dans la couverture. Pour le moment elles ne l'ennuieraient pas et c'était tant mieux.

*Tu n'as pas relancé le sortilège qui teintait ta peau*

C'était une question-affirmation. Il constatait le fait que, depuis l'empoisonnement qui avait failli la tuer et l'avait obligée à annuler ce sort permanent pour faire usage de toute sa magie, Myad avait conservé sa peau d'origine. Un épiderme gris perle, étonnamment lisse et luisant comme le métal.

*Tout le monde en parle dans la capitale. Ils sont tous très impressionnés que j'aie résisté à une sorte de malédiction. C'est comme une cicatrice de guerre, dans leur tête. Si je remets le sortilège en place, je brise ce charme. Et c'est toujours utile.*

Yenlui n'était pas stupide. Il doutait que sa compagne ait renoncé à masque sa couleur de peau, due à son métissage drow elfe, simplement pour des motifs politiques.
Cela pouvait être parce qu'ils se rendaient en Outreterre, là où tout le monde savait qui elle était et d'où elle venait – en la détestant en conséquence.
Mais peut-être aussi parce que Ayahantê avait trouvé une occasion de s'accepter en tant qu'hybride, totalement, absolument. Mais elle ne l'avouerait peut-être jamais.


Dernière édition par Myad le Ven 27 Avr 2012 - 21:57, édité 1 fois
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Djenka

Espionne du Cam Serarna

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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Djenka
Espionne du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mar 6 Mar 2012 - 21:45


*C’est l’heure de la chasse petite Drow. Réveille toi, et rejoins moi sur la Crête*

De sa chambre obscure et sans fenêtre, Djenka n’avait aucune idée de l’heure qu’il était. Vivre dans les tavernes mal fréquentées étaient presque devenu son quotidien ces derniers temps, et elle ne s’en plaignait pas. La discrétion qu’elles offraient était non négligeable, malgré la piètre qualité des chambres.
Mais pour Dark, l’heure de la chasse signifiait l’aube.
Elle s’étira longuement dans ses draps, tel un félin, et se leva enfin, avec pour seule envie de retourner se cacher dans son lit pour ne pas avoir à affronter les journées qui arrivent. Goterada. La cité devait être maintenant plongée dans un chaos total, qu’elle avait fuit pleine de honte. Maintenant plus le choix, il fallait y repartir, avec des renforts, et rétablir la situation, si c’était encore possible. La dragonnière aurait du rester sur place, et éliminer toute menace d’un coup de poignard. Elle était une tueuse, et que son maître l’oblige à fuir était pour elle contre nature. Elle soupira, et partit se doucher, pour se débarrasser de ses sombres pensées. Echec, quand elle en sortir une dizaine de minutes plus tard, elle était toujours aussi préoccupée. Elle s’habilla simplement de ses vêtements en cuir et d’une cape de voyage. Ces habits étaient faits pour le combat, et donc totalement en accord avec la situation. Inutile de s’encombrer de jolies robes de princesses. Seuls ses bijoux orneraient sont corps, rien de plus précieux.
Malgré la tenue moulante, elle avait réussit à coudre plusieurs petites poches sur ses manches, contenant principalement ses poisons habituels, complétant la discrète dague attachée à sa ceinture. Son épée de dragonnière serait là, mais ne serait surement pas adaptées à tous les endroits exigus que pouvait cacher la cité des drows. Une fois prête, elle termina son sac de voyage, ce qui fut rapide. Quelques couvertures, une autre tenue, et surtout des provisions. Elle n’emportait que le strict nécessaire, les soins étant déjà rangés dans les sacoches de la scelle d’Akar. Elle s’immisça dans l’esprit de la dragonne, et apprit que le jour était désormais là. Cette dernière traquait en du ciel un groupe de biches qui tentait de fuir l’immense créature en comptant sur les arbres protecteurs pour leur survie. Elle revint à son propre corps, et décida qu’étant en avance, elle s’occuperait de son jeune cheval, qu’elle n’avait que trop délaissé.
Quelques minutes plus tard, la jeune femme quitta sa chambre, et descendit pour payer copieusement l’aubergiste, et quitta le bâtiment, sans prendre de petit déjeuner. Elle se dirigea vers les écuries, où Akar l’attendait déjà. Aussi chaleureux que d’habitude, le cheval hennit joyeusement à son entrée. Souriante, elle s’approcha de lui, et lui donna une pomme qu’elle avait gardée, après quelques secondes de caresses. A une heure si matinale, le palefrenier de l’auberge n’était pas levé. Tant mieux, elle préférait préparer sa monture elle-même, qui d’ailleurs n’en serait que plus heureuse.
Une demi-heure plus tard, ils étaient sur les routes. Djenka laissa le choix du rythme à sa monture, qui malgré sa fougue habituelle, décida d’un petit galop tranquille. Le principal était de ne pas être en retard.

*Tu ne l’es pas. Personne n’est encore sur le lieu de rendez-vous *-précisa la dragonne, qui déjeunait non loin du lieu où ils se réuniraient
*Bien. Je suis là dans moins d’une heure, je préfère ne pas fatiguer Akar avant ce qui l’attend *
*C’est sur qu’avec cette boule de poil, le voyage sera plus long. Ca t’apprendra à venir d’un peuple qui préfère vivre sous terre. Autant se lier à un nain !*

*Vanyali n’a pas l’air malheureuse de sa situation. Et au moins, ton compagnon correspondrait à ton caractère, si l’on en croit ce que l’on dit des nains *

Pour seule réponse, la créature grogna mentalement, et Djenka la sentit se lever, à la recherche d’un lac ou d’une rivière. Sacré dragonne ! Et dire qu’elle ne l’accompagnerait pas à Goterada. La dragonnière se sentait nue, sans arme, trop habituée à avoir sa compagne protégeant ses arrières, utilisant le corps de la drow avec ses propres sens développés pour l’avertir d’un quelconque danger. Là-bas, elle serait seule, ne pouvant se fier qu’à son corps et ses sens, tous deux meilleurs depuis son dernier apprentissage.
Quelques minutes à peine plus tard, elle arriva à l’endroit où elle devait retrouver Abysse. La jeune femme avait été tenue au courant de l’expédition, et comme Djenka s’y attendait, elle avait accepté de les accompagner. La drow se réjouissait à cette idée, appréciant autant Abysse que ses talents. Quelques jours plus tôt, elles avaient convenu d’un lieu de rendez-vous avant de rejoindre les autres.
Elle n’attendit pas une minute avant d’entendre des bruits de sabots. Elle se retourna, et accueillit d’un grand sourire la femme blonde qu’elle n’avait pas vu depuis des mois. Akar quant à lui saluait d’un coup de tête le nouveau cheval.

-Bonjour Abysse. Malgré les sombres circonstances, je suis heureuse de te revoir !

Mais surtout honorée de sa présence pour cette dangereuse mission. Un coup d’œil au soleil la prévint qu’il ne fallait plus tarder

-Mettons nous en route, nous discuterons en chemin. Ce n’est plus très loin, mais je préfère être à l’avance

D’une pression des genoux, le cheval repartit au trot, mettant au défi son homologue de le dépasser.
Deux kilomètres avant le point de rendez-vous, une large ombre les masqua du soleil.

*Salutations femme du désert. C’est un plaisir de partager ma drow avec toi quelque temps*

Dark voulait arriver en même temps que Djenka, et avait donc quitté les bois, pour les rejoindre. Quelques minutes plus tard, la dragonnière aperçut Myad, et fit avancer plus vite sa monture.
Dark quant à elle, atterrit gracieusement près de la masse d’or, et déposa à ses pattes une biche encore fraiche. Partager la chasse était un privilège que Yenlui possédait. Elle lui donna un petit coup de langue en guise de bonjour, avant d’étendre son cou pour souffler dans les cheveux de Myad, comme à son habitude, avant de frotter tendrement son museau contre le visage grisé de l’hybride.
Djenka mit pied à terre, et tint sa monture par la bride, cette dernière ne désirant qu’une chose, s’éloigner de ce lézard géant. Elle s’approcha de l’Impératrice, et la serra dans ses bras. Elles étaient seules, et la drow ne comptait se retenir avec son amie, malgré leur différence de rang.

-Bonjour Ayahantê. Tu es bien plus belle avec ce teint, tu as bien fait de le conserver. Que penseraient les drows si leur Princesse illégitime se cachait de sa nature ? - demanda-t-elle réthoriquement en se dirigeant vers le dragon pour caresser affectueusement ses magnifiques écailles dorées – Bonjour Yenlui. Ta présence protectrice va autant me manquer que celle de Dark –rajouta doucement la dragonnière

Laissant Abysse se présenter, elle s’installa entre les deux reptiles. Ils étaient si serrés l’un contre l’autre, qu’il était difficile de ne pas toucher Yenlui en s’asseyant sur la patte de Dark, pourtant plutôt imposante. Mais ça ne la dérangeait pas, elle se sentait bien, entre eux, protégée. La femme au dragon attendit donc que les prochains arrivants soient là, ne sachant exactement qui viendrait ou non
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Abysse Yclette


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http://abysse-yclette.deviantart.com/

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Abysse Yclette
Représentante de l'Equilibrium
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mar 6 Mar 2012 - 22:38



Encore gênée par la démarche de sa monture, Abysse tentait tant bien que mal de maintenir son assiette. Elle n’avait guère chevauché depuis quelques années. Préférant se déplacer à pied afin de sentir foulée après foulée les lieues avalées, elle se sentait un tantinet mal à l’aise. Heureusement, la jeune femme pouvait compter sur son agilité naturelle pour conserver un équilibre respectable et ne point gêner sa monture. Elle avait soigneusement choisi son cheval. Il s’agissait d’une jument tranquille. Sa robe baie l’avait rapidement séduite et l’éclair intelligent qui animait son regard avait arrêté son choix. Parfois, Abysse allait jusqu’à tendre son esprit vers l’animal. Il n’en ressortait qu’un calme apaisant et bienveillant.

Paix

C’est ainsi qu’elle l’avait nommé. Son nom trouvait une étrange consonance en ces temps troubles. Tandis qu’Abysse approchait de son lieu de rendez-vous, elle se remémorait les informations que Djenka lui avait données. La jeune femme ne s’était guère attendue à retrouver l’elfe noire dans la capitale léonnienne. C’était non sans surprise qu’elles s’étaient retrouvées autour d’un verre pour partager les récits de leurs péripéties depuis le tragique combat dans le désert. Elles avaient conversées longtemps, échangeant quelques plaisanteries et discutant des troubles de l’époque actuelle. Ainsi, Abysse apprit que l’elfe noire avait désormais intégré les rangs de l’Empire.

Au terme de leurs retrouvailles, Djenka lui avait alors proposé un bien étrange voyage. Insistant sur l’utilité de ses capacités, elle avait réussi à convaincre Abysse de l’accompagner en Outreterre. Il s’agissait d’une contrée éloignée où vivaient les fameux elfes à la peau sombre, les Drows. La jeune femme n’avait lu que quelques vagues récits à propos de ce peuple souterrain. Vivants reclus, ils n’échangeaient guère avec les autres populations de l’Alagaësia. On racontait qu’il s’agissait d’un peuple guerrier aux mœurs sanguinaires. Sa curiosité ayant été attisée, la jeune femme avait accepté non sans demander quelques informations supplémentaires sur les raisons d’un tel voyage.

Apparemment, le peuple Drow connaissait lui aussi une période sombre et incertaine. Voyant là l’occasion d’accroître son savoir d’historienne, Abysse se prépara rapidement pour le voyage. Une semaine plus tard, elle était en route pour rejoindre Djenka. Approchant du lieu de rencontre, Abysse chassa ces dernières pensées. Elle apercevait l’immense silhouette de Dark, la dragonne. L’elfe noire devait donc être à ses côtés. Abysse pressa les flancs de sa monture afin d’arriver rapidement à leur hauteur.

- Le plaisir est également pour moi, Djenka la Dragonnière.

Chaleureusement accueillie par l’elfe noire et la dragonne, Abysse ne put empêcher d’esquisser un sourire. Certes, les temps n’étaient guère aux festivités mais elle ressentait tout de même une certaine joie à retrouver des visages familiers.

* Je te salue également, Grande Dragonne *

Femme du désert, elle la surnommait ainsi en écho aux combats qu’elles avaient menées dans le désert. Et Dark ne croyait pas si bien dire. L’espace d’une seconde, la jeune femme se laissa aller à un élan mélancolique, songeant à ses terres originaires. Y retournerait-elle un jour à la manière de Djenka ?

L’elfe noire ne lui laissa guère le temps de trouver une réponse. Il était temps de partir. Elles devaient rejoindre d’autres compagnons de voyage. Djenka était restée évasive sur leur identité. Guère inquiétée, Abysse comptait sur leur rencontre pour se faire une idée. Elle possédait l’art et la manière de juger avec justesse dès le premier abord.

Silencieuses durant une grande partie du trajet, les jeunes femmes n’échangèrent que très peu de mots. Djenka semblait relativement soucieuse et Abysse appréhendait les rencontres à venir. Finalement, au détour d’une longue courbe, elles aperçurent une jeune femme à la chevelure d’ébène. Cette dernière était également accompagnée d’un dragon. Bien que plus petit que Dark, il avait atteint une taille respectable. Les dragons se saluèrent affectueusement tandis que Djenka saluait la femme à la chevelure opulente. Restée jusque là en retrait, Abysse démonta rapidement et s'approcha à son tour.

La jeune femme détailla rapidement ses gestes et attitudes. Tout dans son port réclamait une certaine noblesse et une aura qui faisait écho à sa nature de Dragonnière. L’espace d’un instant, la jeune femme douta de sa propre utilité pour l’expédition. En quoi pouvait-elle bien rivaliser avec ces deux dragonnières et leur compagnon ? Chassant rapidement ses doutes, la jeune femme n’oubliait pas pour autant ses manières et elle salua l’inconnue. D’après les propos de Djenka, elle appartenait à une certaine noblesse au sein des Drow.

- Majesté, je me présente : Abysse, modeste mercenaire, pour vous accompagner dans cette expédition en Outreterre.

Abysse lui offrit un sourire amical tandis qu’elle détaillait rapidement son interlocutrice. Bien que sombre, sa peau n’offrait pas les mêmes teintes ténébreuses que celles de Djenka. Il devait sans doute s’agir d’une sang-mêlé. La jeune femme reconnaissait cependant dans son port altier et son regard inquisiteur l’apparat de nobles titres. A y regarder de plus près, l’inconnue possédait des caractéristiques étonnantes. Si l’on omettait son teint, ses yeux étincelants et ses formes alléchantes n’étaient pas sans rappeler les rares descriptions qu’on lui avait faite de l’Impératrice. Reconnaissant les rumeurs courant sur ses origines, Abysse finit par faire le rapprochement. Elle s’inclina rapidement, empruntant une mine confuse.

- Pardonnez, Impératrice, je suis confondue.

Les courtoisies échangées, elle pivota légèrement pour faire face à son dragon. Il aurait été malvenu de ne pas le saluer.

- Et je vous salue également, Dragon Mordoré.


Dernière édition par Abysse Yclette le Mer 7 Mar 2012 - 21:57, édité 1 fois
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Kellran


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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Kellran
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mer 7 Mar 2012 - 19:16


Le trajet de Du Weldenvarden vers la Crête se déroulait sans anicroches. Il fallait dire que la situation géographique offrait déjà un bénéfice certain aux deux Dragonniers. Hormis une zone minime véritablement exposée au joug du Saint-Empire, qu’ils n’avaient pas encore atteinte, ils survolaient constamment les cimes élancées des arbres de la forêt, royaume jusque là invaincu des Elfes. De plus, rares étaient ceux qui osaient – ou même se sentaient capables - d’arrêter la progression d’un Dragonnier monté sur son fier dragon. Hormis un autre Dragonnier, ils n’avaient donc rien à craindre. Kellran rêvassait, doucement bercé par les battements d’ailes de sa dragonne inépuisable, volant si vite qu’elle donnerait l’impression à quiconque l’admirerait d’en bas de contempler une étoile filante faite de feu et d’or bénir le ciel. Delva avait encore grandi durant les trois mois passés depuis leur escapade à Dras-Leona. Elle s’était allongée, avait gagné en vitesse, mais également en agilité et en force. Ses membres gracieux vibraient de puissance, ses muscles parfaitement dessinés roulaient sous ses écailles éclatantes. Pour le Fils du Soleil, sa dragonne était sans conteste la plus belle créature existant dans le monde, la digne et merveilleuse remplaçante de sa première dragonne, Iliani. Un sourire mélancolique éclaira ses traits alors que Delva trouvait le temps, malgré son vol, de lui envoyer une vague d’amour qui le réchauffait mieux que n’importe quel feu. Il avait de la chance, et ne se lasserait jamais de l’avouer.

L’Elfe se tourna pour suivre du regard son compagnon de voyage. Max l’accompagnait, droit sur son dragon aux écailles émeraude, la parfaite représentation d’un Dragonnier humain dans toute sa gloire. Kellran était rassuré d’avoir à ses côtés un ami qu’il connaissait, au vu de leur destination. Il aurait aussi bien pu se retrouver embarquer dans une aventure, seul au milieu d’un groupe de personnages inconnus, en direction d’un pays inconnu. Il ricana de l’ironie de cette perspective, lui qui avait passé une dizaine d’années dans un pays inconnu, entouré d’inconnus. Malgré tout, la présence de Max le réconfortait. Il adressa un hochement de tête à son vieil ami avant de reprendre sa surveillance du ciel devant eux. Le temps clair, dégagé, avec à peine quelques nuages blancs pour cacher le bleu limpide de la voûte céleste, les poussait à voler plus vite et plus loin que jamais. Bientôt, ils cesseraient de survoler la forêt et se retrouveraient en territoire impérial. A l’altitude où ils volaient, ils n’auraient à s’inquiéter ni des flèches, ni des sorts lancés contre eux.

L’Elfe avait reçu un message deux jours auparavant, un message écrit de la main de l’Impératrice en personne, qui lui était destiné pour qu’il le remette en mains propres à Ellenwen, sa Reine. Sans savoir ce qui l’attendait, Kellran ne put s’empêcher d’ouvrir la lettre pour prendre connaissance de son contenu ; après tout, il n’était pas spécifié qu’il lui était interdit de la lire. Myad recherchait un Elfe oisif et prêt à faire partie d’un groupe de combattants triés sur le volet pour une mission de pacification dans un pays lointain en proie à des troubles. Une espèce déclinante, proche de l’auto-destruction, avait-elle précisé. Elle demandait à Ellenwen son appui dans cette expédition, en lui envoyant l’un des siens. Kellran avait acquiescé, décidé à s’imposer comme candidat, mais le message disparut dans les flammes dès que l’Elfe eut fini sa lecture, scellant ainsi irrémédiablement ce qui était par ailleurs un choix. Sans message écrit à délivrer, Kellran ne pouvait se présenter devant sa Reine et lui expliquer la situation. Autrement dit, il devait automatiquement se présenter au rendez-vous, sans en avertir Ellenwen. Le hasard avait fait que Max était près de lui lors de cet événement. Il en avait donc parlé à son ami, qui avait insisté pour l’accompagner. Les raisons de l’humain le regardaient, aussi ne lui posa-t-il aucune question, se contentant d’accepter avec joie.
Kellran avait ensuite fait le voyage jusqu’à sa demeure, où il avait préparé le matériel nécessaire à ce qui serait un voyage vers l’inconnu. Le rendez-vous étant fixé deux jours plus tard, il avait dit à Max de l’attendre à Ellesméra le lendemain matin, et de profiter d’une nuit de repos. L’Elfe fit de même, aussi impatient que Delva de revoir l’Impératrice et son dragon.

Le Fils du Soleil était prévoyant. Harnaché de son équipement guerrier au grand complet, il brillait à la lumière de l’astre du jour. Ses épaulières, ses bracelets et ses canons d’avant-bras luisaient de l’éclat de l’acier parfaitement entretenu. Il avait récemment intégré des gants faits de plates d’acier finement assemblés, et sertis de griffes capables d’ouvrir la gorge d’un homme sans le moindre effort. Un bonus qui le rendait dangereux, même désarmé. Son torse nu n’était protégé que par une plaque pectorale couvrant la zone autour de son cœur. Des jambières terminaient la liste des pièces d’armures qu’il portait sur lui. Par-dessus cela, il portait un pantalon de lin, gris-vert. Une bande de tissu rouge cachait habilement ses deux ceintures entrecroisées supportant le poids du fourreau contenant ses poignards jumeaux. Autour de son cou, un foulard du même tissu écarlate lui enserrait la gorge et pendait dans son dos, si large qu’il faisait penser à une petite cape. Le fauchard dont il avait hérité dans les Terres Lointaines était fixé à la selle de sa dragonne, il n’attendait que d’être utilisé au combat et de faire couler le sang des ennemis.
- Nous sommes au-dessus de Ceunon, crut-il bon d’avertir Max, même s’il était certain que son ami avait déjà remarqué ce détail.
Ceunon, la dernière cité elfique avant le territoire de l’Empire. Ils étaient presque arrivés au lieu du rendez-vous. Une fois en vue de Carvahall, ils obliqueraient pour amorcer la dernière étape de leur voyage vers la Crête, un lieu particulier dans le cœur de Kellran, mais aussi dans celui de Max, qui y avait passé une grande partie de sa vie. Ce point commun entre les deux Dragonniers ne faisait que renforcer l’affection qu’il ressentait pour l’humain. Il espérait que son appartenance au Nomins, un clan officiellement neutre mais aux alliances brumeuses, ne le mettrait pas en danger face à l’Impératrice et à ses « compagnons ». Le fait était que Kellran ne désirait aucunement avoir à se battre contre Myad pour protéger le mari d’Equina, mais qu’il le ferait sans hésiter si cela s’imposait.
- Carvahall, annonça-t-il un peu plus tard.
L’Elfe hocha de la tête pour lui-même. Plus que quelques minutes, et il reverrait l’Impératrice après un trimestre passé à attendre ce moment. Cette attirance, facilement dissimulable une fois loin de la demi-drow, continuait de surprendre le Fils du Soleil. La liste de ce qui lui plaisait chez Myad était longue comme un bras, mais au point de le hanter jour et nuit, il y avait un pont de mystères. Pour l’instant, nul ne connaissait les liens entre lui et l’Impératrice, et Kellran espérait que ça ne changerait pas avant qu’il l’ait décidé.
- Nous y sommes, souffla l’Elfe alors que la clairière du rendez-vous se découpait dans le lointain.
Apparemment, ils n’étaient pas les premiers arrivés, à voir les silhouettes présentes. Deux étaient indubitablement des dragons. Il y avait également deux bipèdes, et deux chevaux à ce qu’il semblait. Non, trois bipèdes, se corrigea-t-il après avoir approché. L’un d’eux, presque invisible entre les deux créatures draconiques, lui avait d’abord échappé. Parmi ces bipèdes, il y avait Myad et deux femmes qui lui étaient inconnues. Parmi les dragons, Yenlui bien sûr, et…
« C’est qui celle-là ?! » rugit mentalement Delva en apercevant la femelle dragon qui collait outrageusement Yenlui.
Une vague de jalousie brûlante envahit Kellran, fidèle écho de ce que ressentait sa compagne à écailles. Il tempéra ce sentiment par un rire amusé, tapota le cou de Delva.
« Pas de conclusions hâtives, compagne de mon cœur. Reste calme. »
Dans un grondement étouffé, la dragonne se posa, rebondit plusieurs fois sur ses pattes et stabilisa son atterrissage. Kellran sauta à bas de sa selle, et s’approcha du petit groupe de femmes.
- Je vous salue, fit-il en portant deux doigts à ses lèvres, comme l’exigeait la tradition elfique, puis s’inclina dans un salut plus humain.
Il se redressa, plongea tour à tour son regard ambré dans les yeux de chacune, et leur sourit amicalement. Le souffle de vent qui caressa son dos lui indiqua que Max venait également d’atterrir. Delva vint se placer à la gauche de son Dragonnier, terriblement silencieuse, son attention toute tournée vers Yenlui et la femelle qui semblait scotchée à lui. La tension dans ses muscles trahissait son trouble, son inquiétude.
« Ne reste pas muette ! » la réprimanda son Dragonnier.
La dragonne souffla un nuage de fumée, regarda Yenlui, cligna des paupières et tourna la tête vers l’autre femelle.
« Qui es-tu ? » demanda-t-elle sèchement, avec un effort colossal pour ne pas être trop agressive.
Kellran eut envie de lever les yeux au ciel. Les ennuis commençaient déjà, à peine deux minutes après leur arrivée.


Dernière édition par Kellran le Sam 14 Avr 2012 - 14:42, édité 1 fois
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Max


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Max
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mer 7 Mar 2012 - 21:43


Deux dragons volaient dans le ciel d'une journée particulièrement clair. L'un était de la même couleur du soleil avec un air céleste tandis que l'autre, plus grand, miroitait comme un nuage d'émeraude parcourant les cieux. Les deux propriétaires de ces majestueuses créatures ailées étaient de très grand ami. Kellran, Fils du Soleil, était un grand guerrier elfe et n'avait à rougir devant personne d'autre, hormis peut-être devant son reflet. Quand à Max, le rôdeur imprévisible en toute circonstances.

Ils volaient depuis quelques heures déjà. Deux jours auparavant, un éclaireur avait donné un message à son ami, qu'il avait décacheté sans hésiter. La missive parlait d'un voyage dans un monde inconnus, un mission dangereuse, des guerriers discrets mais aguerrit... Les yeux de Max pétillait lorsque Kellran lui avait parlé de cette quête. Le rôdeur était attiré par la mission et s'était proposé pour accompagner le fils du Soleil ! Autant ne pas faire le voyage seul ! En réalité, l'humain profiterait de l'occasion pour entreprendre une conversation directement avec l'impératrice pour des questions diplomatiques. De plus, ses cent ans d'exil lui avait pesé lourd et il s'en rendait compte à présent, il avait peur de se retrouver à nouveau sans personne...
Les deux dragonniers sillonnait le ciel tout en surveillant leur magnifique continent. Bientôt, son ami lui indiqua l'emplacement d'une cité elfe.


«Nous sommes au-dessus de Ceunon»

Sortant Max de ses pensées, il lui répondit chaleureusement.

« Je n'ai jamais eu l'occasion de la visiter, peut-être dès notre retour si l'envie me tente toujours. »

Le dragonnier sourit à l'elfe avant de reprendre sa surveillance. Son équipement avait bien changé depuis qu'il vivait dans le désert, à Sil'Arn. En effet, il avait troqué son armure lourde de plate par un plastron un peu plus léger -mais tout aussi résistant- qui s’arrêtait au niveau de ses épaules. Pour protéger ses bras, l'homme avait fait faire deux beaux bras d'armure qu'il avait enfilé et qui se terminaient par deux gantelets d'acier avec des articulations de très bonne conception qui ne le gênait en aucun cas lorsqu'il avait ses armes en moins. De belles jambières lui protégeait les jambes des tibias jusqu'au cuisses sous forme de plusieurs pièces pour ne pas entraver ses mouvements.
Par dessus le tout, il portait une grande cape noir qui volait avec la vitesse du vol. En ce qui concernait les armes, il portait son long sabre magique dans le dos ainsi que deux longues dagues entrecroisées. Cinq autres belle dagues à lancer et son arc avec le carquois prêt à craquer complétaient son équipement.


«Carvahall» annonça l'Elfe.

Max eut une boule au ventre... Il n'était resté que deux jours dans sa maison depuis son retour pour prendre des choses qui avaient une grande valeur autant sentimentale que financière. Son ancienne demeure lui manquait énormément. Mais l'angoisse de la rencontre montait de plus en plus ce qui l'obligea à ne plus penser à ces tristes sentiments.
Qu'allait penser l'impératrice de sa présence ? Pouvait-il dire qu'il était le général du Nomins ? Serait-il le bienvenu ou bien rejeté comme de vulgaires épluchures au compost ?
Le général n'avait jamais connu l'impératrice, et pour cause, elle n'existait pas encore lors de son exil ! Il savait juste ce que Kellran lui avait apprit, histoire de la reconnaître. Une belle demi dröw, aux cheveux noirs.
Il triturait nerveusement la bride de cuir et ferma les yeux pour se calmer...Mais malheureusement le Fils du Soleil prévint bien trop tôt à son goût les paroles qu'il redoutait déjà
.

« Nous y sommes. »

L'humain se ressaisit tant bien que mal et laissa Kellran prendre les devants pour arriver. Il pouvait distinguer trois personnes sur le petit plateau du rendez-vous avec diverses monture dont des dragons. L'un d'eux fit penser à Delva, mais en beaucoup plus grand dû à son âge plus avancé supposa t-il.
Dans une tempête de poussière, l'immense dragon vert se posa de façon majestueuse, comme si rien ne pouvait l'ébranler. Derrière son frère d'arme, le rôdeur observait son ami ainsi que la scène des présentation. Sa dragonne avait l'air tendu, n'avait-elle jamais eu autant de représentant de sa race ?
Mais trêve de rêverie, c'était à son tour de se présenter, après tout, le Nomins n'était sûrement pas invité et sa majesté ne devait pas s'attendre à rencontrer un de ses représentants.
Descendant prestement de son dragon, l'humain s'inclina devant tout le monde, main sur le cœur. Il regarda tour à tour les trois guerrières et reconnue la dite impératrice. Le peau grises et les yeux flamboyant comme deux braises, elle avait l'air armé jusqu'aux dents. Sans masquer ses marques tribales sur son visage, il s'annonça.


« Bien le bonjour votre Altesse. Je suis Max et... ». Pouvait-il le dire devant tant d'inconnues ? Après tout ils allaient vivre ensemble pendant un certains temps, autant mettre cartes sur table dès le début ! C'est ainsi que le rôdeur mit en miette sa couverture.

« ...Je suis le général des armées du Nomins Ageati. J'ai profité de votre appel envers le peuple sylvestre pour m'immiscer dans votre quête. Je souhaiterais prouver que le mon clan est digne de confiance. De plus, lorsque tout ce qui suivra sera achevé, je ne vous cacherais pas que je souhaite une audience. Je suis bien sûr prêt à tout répéter en ancien langage si tel est votre souhait. »

Le ton employé était plus que courtois, l'humain savait à qui il parlait. Ce fut sur le même ton qu'il parla aux deux autres représentantes de la gente féminine. L'impératrice attirait son regard d'une manière qu'il ne pouvait expliquer. Non ce n'étais de l'attirance physique, mais autre chose...

« Bien le bonjour mesdemoiselles. »

Athorn sortit une gerbe de flammes pour saluer à sa façon, se bidonnant intérieurement du ton qu'employait son maître, qu'il était ridicule !
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Jeu 8 Mar 2012 - 0:10


Il est souvent des actes que l’on n’accepte pas de soi, d’autres qui nous semblent si naturels qu’ils se fondent en nous et en nos valeurs profondes.
Le meurtre – le premier sang, généralement – était des plus terribles. Celui que l’on commet, que l’on aide à commettre, que l’on observe sans agir… Causer la mort d’un être vivant est une culpabilité que certaines personnes ne supportent pas de leur existence, alors même qu’il s’agit de guerriers ou de bourreaux. Il y avait beaucoup d’autres choses difficiles à vivre, et surtout, à faire siennes ; le deuil, la trahison, le vice… Ils changent selon les individus, évoluant selon le caractère puis le vécu.

Myad, par exemple, n’éprouvait absolument aucun état d’âme à tuer. Elle pouvait passer sa journée à ôter des vies sans ressentir une seule once de regret, hormis peut-être celui d’avoir perdu son temps à abattre du bétail emberlingué de métal. La torture lui était non seulement indifférente, mais au-delà, une aide à l’interrogatoire et dans les sombres moments, un défouloir. Il lui arrivait de saigner des gens pour se nourrir de leur sang avec moins de sentiment qu’elle n’en eut ressenti en égorgeant un mouton.
En revanche, la demi-drow vivait très mal les dissonances entre la voix de la raison, elle qui dictait au quotidien la plupart de ses actions, et celle de ses passions. La sauvagerie amorale qui la prenait parfois comme une fièvre lui était insupportable, son rôle même de Gardienne la démangeait en une piqûre éternelle – jamais ne pourrait-elle être véritablement, complètement maître d’elle-même en un accord parfait ? Un monstre épris de perfection ne peut être en paix.

Ainsi réfléchissait le dragon lui étant lié, qui la regardait du haut de son long cou arqué. Alors que la compagne de son cœur s’était allongée dans l’herbe haute, dans une apparente envie de se reposer, il sentit au contraire ses habituels conflits revenir la tourmenter.
Spectateur impuissant, le fils d’Arget n’essaya pas d’intervenir ; si elle commençait à perdre son calme, il l’apaiserait aussitôt, si elle avait besoin de lui ou de son avis, il serait heureux de lui rendre ce service… Néanmoins le dilemme qui agitait actuellement l’esprit toujours tumultueux de l’Impératrice ne pouvait pas être réglé par sa propre personne. Ils n’avaient pas les mêmes enjeux, la même histoire ; Myad avait une fâcheuse tendance à s’attirer les ennuis les plus épineux, comme destinée à souffrir de ses choix et à payer tout bonheur arraché, alors que lui-même avait mené jusqu’ici une existence plutôt paisible. De plus, lorsque sa Dragonnière se mettait à penser à Kellran, le dragon prenait maintenant ses distances. Chaque fois qu’elle n’avait pas été capable de repousser cette pensée au fin fond d’elle-même – c’est-à-dire systématiquement – la demi-drow devenait volcan et blizzard, cataclysme contraint de frustration et de désespoir. On n’aurait jamais cru à la voir si paisiblement couchée sur le sol nu qu’elle était si mal.
Yenlui savait qu’elle espérait violemment que ce soit Kellran qui ait été choisi par Ellenwen pour cette mission, si la Reine avait daigné répondre à sa requête. Cet espoir douloureux était contrecarré par des milliers d’arguments qui attestaient que des retrouvailles seraient une mauvaise idée, surtout dans ces conditions. Des souvenirs fusaient entre deux pensées folles, troublant le rythme de son cœur et celui de son dragon, qui repoussa son dernier sanglier avec dépit. Delva lui manquait indéniablement ; il pensait souvent à la dragonne d’or, tendrement, tristement. Il n’avait pas le rapport pervers qu’entretenait Ayahantê vis-à-vis de sa propre obsession, c’est-à-dire qu’elle la rejetait, effrayée de se sentir si dépendante d’un autre être… Et refusant de perdre son cœur une nouvelle fois.

Le dragon ferma à demi les yeux en humant le ciel. Il sentit le vent… Des chevaux. Il ouvrit les yeux, balayant l’horizon d’un regard calme. Deux chevaux. La symphonie familière d’un vol draconique accompagna cette constatation, qui le fit redresser vivement la tête dans cette autre direction. Il étendit aussitôt son esprit vers elle, l’entrelaçant dans une étreinte affectueuse. Ils s’étaient quitté il y a peu, mais à présent qu’ils passaient leurs jours ensemble, il s’était habitué à sa constante présence.

*Et voici Dark, douce et fascinante orchidée noire* l’accueillit-il.

Il s’ébroua pour se forcer à sortir de ses réflexions et se leva même à demi pour saluer Dark lorsqu’elle serait proche de lui.
Dès qu’il eut senti les cheveux, Myad s’était relevée, aussi discrètement qu’une ombre filant entre les rayons de soleil. Elle fit basculer sa capuche et ôta son casque dès qu’elle eut reconnu la silhouette féline de Djenka sur son jeune étalon. Elle coinça la pièce de métal entre son flanc et son bras gauche, se déplaçant lentement sur le côté sans perdre une miette de leur arrivée. Elle avait entendu parler de cette Abysse, d’une part par Djenka et Dark, d’autre part par ses propres sources à qui elle avait demandé une petite enquête. Les deux cavalières la rejoignirent sans se presser. Dark déploya ses ailes immenses et atterrit en toute grâce, accompagnant son salut caressant de grognements loin d’être agressifs. L’Impératrice toucha son visage du sien, savourant les yeux clos le contact dur, bouillant, délicieux des écailles ébène de son amie.

*Ta compagnie nous est toujours un plaisir* lui confia-t-elle en toute honnêteté.

Après l’avoir saluée Dark se coucha auprès de Yenlui en lui offrant le partage de sa proie, privilège qu’ils avaient l’un envers l’autre comme avec les membres les plus proches de leur race. Il frotta sa gueule contre la sienne pour la remercier avant d’en croquer un morceau, la colonne vertébrale crépitant faiblement sous la force de ses mâchoires.
Djenka et Abysse mirent pied à terre ; la première trottina vers elle de ses foulées dansantes, et ce fut en écartant les bras qu’elle accueillit la fabuleuse espionne dans les siens.

- Bonjour Djenka, celle-qui-luit-entre-les-ombres, lui dit-elle en drow avec un clin d’oeil.
-Bonjour Ayahantê. Tu es bien plus belle avec ce teint, tu as bien fait de le conserver. Que penseraient les drows si leur Princesse illégitime se cachait de sa nature ?
- Nul doute qu’ils m’en aimeraient un peu plus, ironisa-t-elle avec un sourire sarcastique.

Elle était contente qu’elle soit là, vraiment heureuse d’avoir son amie et presque comparse à ses côtés. Djenka était la seule sur la surface à pouvoir comprendre certains de ses aspects les plus obscurs, et elle était Dragonnière d’une personne qu’elle aimait beaucoup.

- Bonjour Yenlui. Ta présence protectrice va autant me manquer que celle de Dark.
*Cela aurait été trop facile de venir avec vous, il faut laisser un peu d’amusement aux bipèdes, sinon ils s’ennuient* plaisanta-t-il en baissant la tête pour lui souffler dans le cou en grognant gentiment.

Myad revint vers la nouvelle venue, qu’elle observa longuement d’un regard acéré mais paisible. On s’habituait généralement aux examens chirurgicaux de l’Impératrice, observation constante, silencieuse et indéchiffrable dont elle affublait tout le monde. Les nouveaux y avaient doublement droit.
L’assassine n’était pas une humaine pure souche, c’était évident ; de surcroît Myad ne connaissait aucune peuplade dotée d’une apparence de ce type. Ces magnifiques yeux bleus étaient des océans de mélancolie, un défi de mystères entremêlés et fuyants ; on devinait les secrets et pensées qui y nageaient sans pouvoir jamais les saisir. Ils échappaient à toute prise tels des poissons retournant à l’abîme. Elles s’observèrent toutes deux un certain temps, Abysse de façon prudente et presque timide comme il est sage de faire quand on méconnait son interlocuteur. Visiblement Djenka ne l’avait pas prévenue de son identité, mais vu la réputation qui la précédait, Myad doutait que son ignorance ne perdure longtemps.

- Majesté, je me présente : Abysse, modeste mercenaire, pour vous accompagner dans cette expédition en Outreterre.
- Salut à toi, Abysse, répondit doucement Myad alors que ses lèvres s’étiraient en un sourire de biais. En effet tu es bien modeste, si je considère les louanges que l’on m’a fait à ton endroit.

La jeune femme – du moins, l’apparente jeune femme, corrigea l’Impératrice en supposant à son parfum qu’elle avait du sang elfe, lui sourit elle aussi. Elle était très belle, pour tous ceux qui trouvaient ses longs cheveux pâles magnifiques et non effrayants. Elle qui aimait les gens exceptionnels, cette demoiselle était forcément pour lui plaire. Brusquement, son expression se troubla, signe éloquent qui précéda un salut beaucoup plus formel que celui qui avait précédé. Le sourire de Myad s’élargit.

- Pardonnez, Impératrice, je suis confondue.

Elle ne répondit rien mais se tourna vers Yenlui, qui avait approché sa gueule des deux femelles pour prendre part à la conversation. Il humait lui aussi Abysse, qui fut forcée de prendre en compte sa présence ; le mercenaire le salua fort courtoisement.

- Et je vous salue également, Dragon Mordoré.

*Yenlui est mon nom, guerrière. Reçois mon amitié puisque Dark t’a donné la sienne.*

- Si jamais la Reine des elfes a daigné lire notre message, son émissaire ne devrait pas tarder, annonça Myad de son habituel ton froid, calme et franc. En attendant, Djenka, Abysse, parlez-moi de l’équipement que vous…

Une vague de joie envahit si brutalement l’esprit de la Dragonnière qu’elle ne put poursuivre sa phrase, celle-ci se perdant dans les limbes alors qu’elle restait hébétée une bonne seconde. Après s’être vigoureusement secouée, et avec un grondement agacé à l’intention de Yenlui, elle leva les yeux dans la même direction que son compagnon.

- Quand on parle du loup…

Tout le monde imita le dragon d’or, qui tenait le cou pour regarder les deux superbes créatures grossir à vue d’œil au fur et à mesure de leur progression.
Personne ne put donc observer l’étrange expression que prit le visage de la demi-drow, une sorte de spasme, qui n’était en réalité que l’expression d’une intense excitation, un bonheur pétillant, si violemment effacé qu’elle parut n’avoir jamais existé. Yenlui irradiait de joie, tant et si bien que ses grognement impatients, sa queue battant légèrement le sol et les étincelles dans son regard étaient très clairs sur son sentiment vis-à-vis de la dragonne d’or qu’il ne quittait pas des yeux. Myad fut obligée de se détacher assez sèchement de lui pour garder un minimum de prestance, non sans le rabrouer avec mauvaise humeur. Mais il ne l’écoutait pas. Déjà parce qu’il était obnubilé par ses proches retrouvailles. Ensuite parce qu’il savait que ce n’était qu’une façade.
Les prunelles reptiliennes restèrent en effet scotchées au même endroit un long moment, illisibles et pourtant bouillonnantes, avant de passer à l’autre silhouette.
Elle cligna des yeux, interloquée. Même Yenlui, qui sentit son désarroi, se calma un peu pour l’interroger.

*Un Dragonnier humain, chevauchant un grand dragon vert… Nous ne le connaissons pas, nous ne l’avons pas contacté… Que peut-il bien faire ici ?*
*Le casse-croûte ?*

Le dragon était plus âgé que Delva, Yenlui et même Dark. C’était donc une personne à la puissance non négligeable. Un allié des elfes, qui plus est, puisqu’il accompagnait Kellran et que Kellran ne faisait pas de quartier avec les méchants – enfin, presque tous les méchants.
Myad frémit imperceptiblement. Elle serra les poings dans ses gants de peau de serpent avant de les croiser sur sa poitrine, soucieuse.

Delva avait grandi, à l’instar de son homologue masculin, mais d’une manière différente ; ils étaient tous deux fascinants à comparer, de par leur ressemblance première – yeux rouge sang, écailles or virulent – et leurs nombreuses et subtiles différences. Elle était fine et gracieuse, élégante et bondissante. Il était fort et fier, une force et une sagesse sauvages.
Yenlui fit mine de se lever mais il avait à peine levé l’antérieur qu’il s’immobilisa, intrigué. Quelque chose n’allait pas.
La dragonne atterrit en petits sauts charmants, se rapprochant d’eux sans démontrer de joie, ce qui l’attrista, et s’avança vers eux avec une attitude nettement défavorable. Yenlui ne put retenir un gémissement bas, que seul Dark dut entendre. Qu’est-ce qu’il avait fait aux femelles aujourd’hui ?

*Laisse-les faire, c’est leur problème* intervint Myad, doucement mais fermement.
*C’est moi le problème ?*
*Aie confiance en moi, tu n’y es pour rien.*

Kellran descendit du dos de sa compagne pour s’avancer vers eux. Il était toujours aussi magnifique. Elle pouvait avoir foi en sa mémoire, cette fois, qui avait fidèlement retranscrit la beauté de son visage, le dessin de son sourire moqueur, ses cheveux chatoyants… Ses yeux fauves. Ses bras musculeux…
Quelque chose se déchira dans la poitrine de l’Impératrice – seul signe de son trouble, ses pupilles s’étrécirent sous la douleur. Le reste de son corps resta impassible.
L’elfe et son ami humain les saluèrent à la manière elfique. Myad savait s’adapter à ses interlocuteurs ; elle leur rendit la pareille, prêtant dès à présent autant d’attention au Dragonnier inconnu qu’à Kellran… Voire plus, étant donné les circonstances.

- Je vous salue.
- Salut à toi Kellran, fils du Soleil, répondit Myad sur le même ton qu’elle avait accueilli Abysse, doux mais distant.

Lorsque leurs regards se croisèrent, ses entrailles flamboyèrent.

- Je suis honorée qu’Ellenwen ait accepté de me confier, non seulement l’un des siens, mais qui plus est un Dragonnier aussi talentueux.

L’Impératrice se tourna vers Delva, ainsi que Yenlui, et la salua en ancien langage, mais elle ne l’entendait pas elle s’en doutait. Yenlui, lui, pencha la tête de côté, reposant la patte qu’il avait levée dans un trouble évident.

*Delva* l’appela-t-il tendrement, lui transmettant toute la joie qu’il avait à la revoir et à quel point il la trouvait belle.

Laissant les reptiles à leurs affaires, Myad se tourna vers l’inconnu. C’était un humain de bonne facture, remarqua-t-elle, quoi qu’elle lui trouvait une attitude légèrement précautionneuse – avait-il été blessé récemment ? Ou bien était-il fatigué ? Elle ne pouvait rien dire là-dessus. Il paraissait homme sain, paisible. Ce n’était pas quelqu’un comme son père qui irradiait de vice, de morts et de ténèbres. Un humain dans ce qui se faisait de meilleur.

- Bonjour à toi, inconnu. On m’appelle Myad, se présenta-t-elle – tout en sachant que ce serait inutile.
« Bien le bonjour votre Altesse. Je suis Max et... ».

Il hésita, s’attirant la curiosité de l’Impératrice dont l’écoute du nom ne l’avait pas instruite plus que ça.

« ...Je suis le général des armées du Nomins Ageati. J'ai profité de votre appel envers le peuple sylvestre pour m'immiscer dans votre quête. Je souhaiterais prouver que le mon clan est digne de confiance. De plus, lorsque tout ce qui suivra sera achevé, je ne vous cacherais pas que je souhaite une audience. Je suis bien sûr prêt à tout répéter en ancien langage si tel est votre souhait. »

Myad l’écouta sans l’interrompre ou montrer un signe d’impatience une seule fois. Quand il eut fini de parler, elle hocha la tête et prit la parole à son tour :

- Nous avions renoncé à quêter votre aide, la voici qui s’offre à nous. Tu es le bienvenu, Max, et je salue ton compagnon avec autant de reconnaissance. Nous ne serons pas trop de cinq pour régler cette histoire, ajouta-t-elle d’un ton à la fois amusé et sinistre. Voici Djenka, elfe noire native de l’Outreterre et Dragonnière de Dark, et voici Abysse, talentueuse mercenaire.
« Bien le bonjour mesdemoiselles. »

Le dragon qui accompagnait Max sembla se gausser de son compagnon et en laissa échapper quelques flammes, ce qui fit sourire l’Impératrice. Elle aimait les gens naturellement nobles, plutôt que les nobles beaucoup trop humains qu’elle avait envie d’étriper au quotidien.

- A présent que les présentations sont faites, nous allons passer directement à ce qui nous rassemble ici.

Ayahantê se plaça de façon à ce que tout le monde puisse la voir, juste à côté de Quentel qui les ignorait totalement pour se goinfrer de jeunes pousses.

- Je suis fille du prince héritier de l’Outreterre, Athor, et il s’agit du berceau de Djenka. Nous avons fui Gôterada, la dernière cité survivante du royaume, mais nous aimons ce peuple. Malgré lui et malgré nous, ajouta-t-elle en grimaçant. Au-delà de notre égoïste souci, nous souhaitons préserver une race entière de l’extermination qu’elle essaie elle-même de se faire subir. Les elfes noirs qui ont fui à la surface il y a plusieurs centaines d’années ne comptent plus qu’un seul survivant. Je ne souhaite pas ce sort à la cité.

Elle plongea la main dans l’un des sacs que portait la selle de Quenthel et en sortit un rouleau de parchemin, qu’elle ne déplia pas tout de suite. Son autre main rangea son casque.

- Il faut connaître mieux son ennemi que soi-même, dit-on. Si je devais résumer les drows, je n’utiliserai que quatre mots. Intelligence, séduction, malice et ambition. Retenez également que le dieu qu’ils vénèrent influe sur leurs valeurs profondes. Les drows de la surface étaient modérés, toléraient la lumière du soleil, se soutenaient et les mâles pouvaient accéder au pouvoir. Ce n’est pas le cas où nous allons. Chaque famille, appelée Maison, est dirigée par une Mère Matrone, c’est-à-dire une cheffe de famille qui nomme sa Première fille, Deuxième fille, etc. La Reine a tout pouvoir sur les Mères Matrones. On raconte que la toute première Reine s’est imposée au pouvoir, après avoir été choisie, elle et ses descendants, pour gouverner par la déesse araignée Lolth. Légende ou vérité, elle possède un atout magique qui s’appelle la Voix et force tout mâle drow, et dans une moindre mesure, les femelles, à lui obéir. Ce pouvoir est censé assurer le pouvoir à ses descendantes, mais il y a un problème. Moi.

Elle eut une sorte de mouvement négligent, comme si elle chassait une mouche, et poursuivit :

- Ma tante, dernière Reine de sang en date, a été… Tuée, disons (elle échangea un regard avec Djenka) sans laisser de fille. Mon père n’a eu qu’un seul enfant femelle, il ne l’a pas élevé en Outreterre et c’est une bâtarde. Par conséquent il a été élu une nouvelle Reine. On l’a enchantée pour lui donner la Voix, mais cet équilibre fragile n’a pas duré. Imaginez la réaction des Mères Matrones : si elles suppriment cette Reine, pourquoi ne serait-elles pas élues à sa place, puisque n’importe qui peut le devenir ? Résultat, la cité était à feu et à sang il y a une dizaine de jours. J’ignore dans quel état elle est aujourd’hui, mais ils n’auront pas eu le temps de faire trop de dégâts. Avec de la chance ils auront juste rayé la peinture…

Ayahantê les examina un court instant avant d’ajouter :

- Il va nous falloir évaluer la situation et replacer une Reine sur le trône. Quelqu’un qui n’en bougera pas et qui s’y tiendra correctement. Peut-être ainsi finiront-ils par s’ouvrir un peu sur la surface. Cela nécessitera de détecter les pommes pourries, de les abattre discrètement, de trouver des racines royales quelconques, au défaut de jauger les individus les plus aptes au pouvoir… Avec, si possible, de la diplomatie. Avant de vous montrer le plan qui se trouve ici, je voudrais que vous avaliez ces fioles.

L’une des poches à sa ceinture contenait de minuscules fioles noires, qu’elle leur lança chacun leur tour et en garda une pour elle. Il y en avait une dizaine.

- Haïssez-moi si vous voulez quand vous l’aurez bue, tout ce qui compte, c’est que vous le fassiez, sinon vous ne pourrez pas nous accompagner.

Seules Djenka et elle savaient ce que contenaient ces fioles, c’est-à-dire du sang de l’elfe noire, prélevé la veille. Elle allait faire mine de boire une fiole vide, elle le savait, mais c’était le seul moyen de mettre les autres en confiance.
Yenlui se crispa.
Ils n’allaient pas aimer du tout.
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Djenka

Espionne du Cam Serarna

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Djenka
Espionne du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Jeu 8 Mar 2012 - 10:22


Toujours sur ces grosses pattes écailleuses, la drow regarda Abysse s’excuser de ne pas avoir reconnu Myad . « Et mince ! » se dit-elle en se mordant les lèvres. Elle ne l’avait même pas prévenu que l’Impératrice en personne les convoquait ! Pour elle, la demi-elfe était plus une amie-sœur-princesse que la dirigeante du Saint Empire, et ne pensait pas forcément à la considérer comme tel en petit comité. Peu importe, l’hybride préférait la sincérité. Pourvu qu’Abysse ne soit pas hostile envers les Léoniens…

- Quand on parle du loup…

A ces mots, les deux femelles imitèrent leurs compagnons, et levèrent la tête vers le ciel qui amenait deux nouveaux dragons. Comme beaucoup de deux pattes, Djenka appréciait beaucoup admirer le vol des dragons. Il y en avait un magnifique et imposant couleur émeraude, et un autre d’une belle couleur dorée.

*C’est en effet un belle couleur si on apprécie le fait de scintiller toute la journée comme une torche*

A ces mots, la drow comprit, et se contenta de quitter ses amis à écailles, fuyant ce qui arrivait, tapotant au passage la patte de Yenlui d’un air compatissant.
En effet, ce n’était ni sa couleur étincelante, ni le comportement amoureux de Yenlui qui révéla l’identité de la dragonne à Dark, mais plutôt l’odeur que le vent leur apportait. Cette fameuse odeur qu’elle avait découverte sur son ami au lendemain de sa rencontre sauvage avec la femelle.

*En effet, le casse-croute arrive* commenta distraitement Dark, en réponse à Yenlui qui avait désormais bien du mal à dissimuler ses pensées

Djenka ignora l’attitude stupide de sa compagne, qui s'était pourtant promit de faire des effort et être agréable envers la nouvelle compagne de Yenlui, et vint se placer entre les deux femmes. Myad était devenue bien trop bizarre pour ne pas attirer l’attention de l’elfe sombre. Puis, elle comprit en voyant les dragons atterrir. Le nouvel elfe dont son amie s’était entiché. Décidemment, le duo Impérial ne perdait pas de temps en ce moment. S’il y avait bien une chose qu’on ne pouvait reprocher à l’Impératrice, c’était son gout pour les mâles. Son regard pétillant d’amusement contrastait avec le ton solennel dont elle usait en s’adressant à Myad

-Très appréciable en effet- commenta-t-elle, qui n’avait rien à voir avec le choix de la Reine Ellenwen

Cependant, ils eurent tout deux une attitude étrange envers l’autre, ce qui ne plaisait pas à Ayahantê si on en croyait son ton trop sec.
Le dragon émeraude resta près de son compagnon, tandis que la femelle se dirigea vers Yenlui et Dark sans tarder. Sa parole raisonna dans l’esprit de la drow, qui se raidit. Elle jeta un coup d’œil inquiet à sa dragonne, ce qui confirma ses craintes. Les présentations reptiliennes ne se feraient pas dans les meilleures conditions…
Aucun bipède ne pouvait ignorer la tension qu’il y avait entre les deux femelles, et ils eurent tous le bon sens de ne pas s’interposer. La dragonne jaugea la petite d’un œil mauvais, un grondement sourd dans la gorge. Dans sa jeunesse, elle avait vu couramment des dragonnes se quereller pour un mâle. Là, elles devaient se partager Yenlui, ce dont Dark n’avait pas l’habitude, même si elles ne ressentaient pas le même amour. Cependant, l’imprudence de la dragonne était étonnante. Nul ne pouvait ignorer ce ton sec, qui n’était en rien dans les habitudes d’un jeune dragon s’adressant à un ainé inconnu. Que cherchait-elle ? Un affrontement ? La dragonne s’en donnerait à cœur joie pour la satisfaire ! Cependant, elle fut stoppée net.

*Dark, elle est jeune, et n’a pas tes moeurs sauvages, ne tient pas compte de son imprudence*
*La jeunesse n’excuse en rien le manque de respect envers un ainé, bien au contraire*lui répondit sèchement la dragonne, désirant que la drow se mêle de ses affaires de deux pattes
*Sois tolérante, tu gâches leurs retrouvailles à ses yeux. Si quelques années plus tôt, tu avais trouvée une dragonne collée à Hathir, comment aurais-tu réagis ?*

Elle l’aurait immédiatement défié, et probablement mise en pièce. La réflexion passait après dans ce genre de situation. En cela, la petite dorée lui ressemblait, elle était impulsive, bien que moins réfléchie tout de même. Mais après tout, l’amour valait tout les risques... Dark comprit que Delva ne la défiait pas réellement, mais était inquiète. Si elle avait seulement prit la peine de se lier mentalement avec Yenlui ne serait-ce que peu de temps, au lieu de batifoler près d’un lac, elle se serait épargné ces peurs inutiles. Elle se releva, dévoilant toute sa hauteur, et abaissa sa gueule un peu au dessus de la dragonne, et lui répondit avec la même sècheresse

*Celle qui a protégé Yenlui et s’est occupé de lui alors que tu n’étais qu’un œuf. Mon nom est Dark. Gardes pour toi tes inquiétudes Delva, et les actes qu’elles pourraient entraîner.*

Ses yeux argentés ne quittaient pas ceux de Delva qui la fixait d’un air impertinent. La fierté des dragonnes ne leur permettait pas de s’entendre pour le moment. Cependant, la nouvelle devait s’adapter à l’univers de Yenlui, et non l’inverse. Et si ce n’était pas le cas, tant pis ! De par sa nature sauvage, Dark ne réfléchissait pas toujours comme les autres dragons. Pour elle, les rivaux ne servaient qu’à être tués, elle ne pensait pas à son dragonnier, lié à la créature, qui souffrirait d’une telle perte. Elle ne pensait même pas au dragon inconnu, qui par principe se rallierait à la petite. Puis, liée comme elle l’était à Yenlui, elle sentit son désespoir, et une peine immense en lui, ce qui fendit le cœur de Dark. Ce qu’elles faisaient étaient terrible, et elle ne pensait pas au principal intéressé… Par respect pour son ami, la dragonne d’ébène décida d’ignorer le manque de chaleur de sa nouvelle compagne, et s’éloigna, non sans un grognement menaçant. Elle vint se placer près du dragon émeraude qu’elle salua, montrant aux jeunes amoureux qu’elle préférait la compagnie de ce nouvel arrivant, plutôt que de supporter les humeurs de la femelle.
Bien que Dark ne l’avouerait jamais, Djenka savait pertinemment qu’elle appréciait le comportement de la jeune dragonne. Pour tout dire, le caractère des deux femelles était similaire en de nombreux points. Avec les années, la dragonne sombre avait acquit la sagesse qui avait remplacé l’impulsivité dangereuse que possédait Delva, mais à part ça, peu de différence. Ce qui rassurait Dark, était que la petite garderait jalousement Yenlui et montrerait les crocs aux autres femelles. Il était entre de bonnes pattes, elle en était certaine.
D’un geste elfique, elle répondit au salut de Kellran avec un sourire amusé, et ne put s’empêcher de commenter

-Votre dragonne est très…protectrice, vous devez en être fier.

Elle se tourna ensuite vers l’humain qui se présenta à l’Impératrice. Pendant ce temps, Djenka inclina la tête devant le dragon vert, murmurant un salut en ancien langage qu’il entendrait.

-Bien le bonjour mesdemoiselles
-Bonjours Général –répondit-elle poliment, laissant l’Impératrice les présenter

Puis sans attendre, Myad parla de la mission, et de leur destination. Djenka l’écouta attentivement, curieuse de la façon dont elle présenterait les choses. Elle décrivit sa race d’une manière bien plus noble que d’autres ne le ferait, et elle ne put que lui en être reconnaissante. Certains auraient plus mis l’accent sur leur nature manipulatrice et meurtrière… Elle écouta la suite du récit, où l’Impératrice expliquait en quelques mots le fonctionnement royal du peuple sombre, et la mise en place de l’enfant capricieuse au pouvoir suite à l’Incarnation de Myad. Puis, en une phrase, elle décrivit joliment l’horreur qui habitait aujourd’hui Goterada. Mais le plus étonnant, restait le fait qu’elle espérait trouver, comme elle le disait si bien, « des racines royales ». A moins qu’Athor ne cache un autre enfant –ce qui finalement ne serait pas une si mauvaise chose- il y avait très peu de chance que ça se produise…

-Avant de vous montrer le plan qui se trouve ici, je voudrais que vous avaliez ces fioles.

D’un geste vif, elle attrapa la fiole au vol. Sans observer le liquide sombre, elle l’ouvrit, et huma l’odeur familière qu’elle dégageait. « Non merci, j’en ai déjà un bon stock » fut la seule chose qu’elle voulut dire, mais il n’était pas question d’éveiller la curiosité des autres.
Elle regarda Myad, qui elle seule pouvait lire l’imperceptible inquiétude qui se cachait derrière l’éclat doré de ses yeux, et amena la fiole à ses lèvres, attendant non sans appréhension la réaction de ses compagnons de voyage.

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Abysse Yclette


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Abysse Yclette
Représentante de l'Equilibrium
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Jeu 8 Mar 2012 - 12:35


- Salut à toi, Abysse, répondit doucement Myad alors que ses lèvres s’étiraient en un sourire de biais. En effet tu es bien modeste, si je considère les louanges que l’on m’a faites à ton endroit.

- Hélas, je me fis davantage à la valeur des actes d’un homme qu’aux rumeurs qu’il laisse courir à son sujet, répondit-elle, amère.

D’une discrétion extrême, Abysse tenait toujours à taire les bruits à son sujet. Pas une seule fois, elle n’avait révélé ses véritables talents en présence d’inconnus. Ou alors ceux-ci avaient péris. Hélas, par deux fois, elle avait commis l’erreur de se mêler d’histoires d’hommes. Cette mission dans le désert, en compagnie de Dark et Djenka, avait annoncé le début des rumeurs à son sujet. Et, obéissant à une folle intuition, elle avait rejoint les rangs combattants Nuit et sa horde de dragons sauvages. Une fois de plus, elle n’avait pu s’empêcher de briller aux yeux de ses supérieurs. Malgré sa désertion au moment où les armées de la Coalition pointaient enfin vers la victoires, elle n’avait su endiguer les rumeurs qui prononçait son nom.

Que n’ai-je été stupide de ne pas endosser une autre identité.

Et elle venait à se demander si elle n’avait pas agi simplement par orgueil. Tout homme rêvait de briller un jour aux yeux de ses comparses. On lui avait pourtant appris à refuser de telles ambitions. S’inquiétant soudainement de sa mortalité et de la futilité de son existence, sans doute avait-elle nourri secrètement l’espoir de voir son nom perdurer dans le temps. C’était une lutte vaine et aujourd’hui elle n’en éprouvait que de la honte. Désormais, il lui serait plus difficile de recouvrir un anonymat total afin de parcourir l’Alagaësia. Trop de visages la connaissaient pour ce qu’elle était, du moins, en grande partie.

Abysse n’eut guère le loisir de continuer dans ses pensées tortueuses. De nouvelles présences se faisaient sentir et elle se tourna dans leur direction sans même pouvoir les voir. Les dragonnières les avaient également perçues. Du coin de l’œil, la jeune femme observa les réactions déroutantes de l’Impératrice. Jusque-là, elle se réservait à son rôle de souveraine et se contentait d’une douceur réservait à l’égard de Djenka. A présent, on pouvait la voir refouler avec difficulté sa jubilation. Sans doute attendait-elle dans ses nouveaux venus plus d’espoir que ne pouvait l’imaginer Abysse. Toujours étant qu’elle tut son amusement, à l’instar de Djenka, et se contenta d’attendre en silence.

A son grand désarroi, la jeune femme vit approcher deux nouveaux dragons montés de leur compagnon. Et vint alors la fatidique question où Abysse douta une fois de plus de son utilité dans l’expédition. Djenka ne s’était-elle pas fourvoyée ? Elle ne pouvait que les ralentir. Abysse ne possédait ni l’endurance, ni la force et encore moins la magie de ces dragonniers. A ses yeux, ils brillaient d’une aura trop puissante pour elle. Elle ne parviendrait qu’à se déplacer dans leur ombre, silencieuse. Alors, la jeune femme entrevit enfin l’utilité de sa présence. Face au charisme de ses dragonniers, elle n’aurait aucun mal à s’effacer. Ainsi, elle pourrait agir discrètement et remplir la base besogne des espions et des assassins. Sans doute Myad avait-elle entrevu cette alternative en acceptant la présence de la jeune femme ?

Les dragons étaient enfin parvenus à leur hauteur. Les dragonniers avaient sautés à bas de leur puissante monture et s’approchaient davantage. Bien que concentrée sur ces derniers, les mouvements de la dragonne dorée à l’égard de Dark et Yenlui ne put échapper à la jeune femme. Une véritable tension s’était tissée en l’espace de quelques secondes entre les deux femelles. Et le jeune mâle de l’Impératrice ne semblait guère en tirer fierté.

Des histoires de dragons, grogna-t-elle intérieurement.

Mieux valait ne pas s’y intéresser de peur d’attirer leur inimitié. Bien qu’ayant reçu l’amitié de Dark, elle connaissait l’irascibilité de certains dragons et tenait à s’en préserver. Elle reporta donc son attention sur les deux nouveaux venus. L’un était un elfe, sa physionomie ne pouvait que le trahir, et l’autre un humain, sans nul doute. Il dégageait cependant une force qui avait sans doute plus d’un lien avec son statut de dragonnier. L’elfe les salua à la manière de son peuple, puis, d’une façon plus humaine. Il brûlait d’une ferveur étrange. Elle sentait la réserve de l’Impératrice et de cet elfe. Nul doute qu’ils aient été en d’autres temps plus que des connaissances diplomatiques.

L’Empire ne pouvait guère se cacher des appétits de leur souveraine. Abysse chassa ses dernières pensées tandis que l’humain dragonnier se présentait à son tour. A sa grande surprise, il se révéla être un personnage important d’un clan discret mais néanmoins puissant. Visiblement, il attendait beaucoup de cette entrevue et de l’expédition. La jeune femme, quant à elle, reconnut ne connaître que très peu de détail concernant le Nomins Ageati. Elle savait simplement qu’il conservait une position relativement neutre entre les autres peuples de l’Alagaësia. Abysse se promit de tenter d’en apprendre davantage à son retour d’Outreterre.

A son grand dam, Abysse n’eut pas le loisir de se présenter de son propre chef. L’Impératrice la désigna comme mercenaire aux nouveaux arrivants. Hélas, elle employa quelques adjectifs qu’Abysse ne put qu’accueillir avec dédain. Il ne servait à rien de chercher à se détacher de l’image que lui offrait l’Impératrice. Elle ne pouvait cependant s’empêcher d’éprouver une certaine réserve. L’indiquer comme le faisait Myad impliquait qu’Abysse ait à faire ses preuves durant l’expédition. Sans doute aurait-elle donc à employer tous ses talents pour convaincre ses compagnons. Toujours étant que la jeune femme salua poliment à son tour les nouveaux venus.

Laissant là ses projections dans l’avenir, Abysse reporta son attention sur l’Impératrice. Cette dernière s’était plongée dans une explication concise des mœurs du peuple Drow et des troubles qui l’agitaient actuellement. La jeune femme ingéra sans piper mot toutes les informations, les enregistrant soigneusement dans un coin de son esprit. Elle en analyserait le contenu en détail plus tard. La jeune femme était davantage concentrée sur le nom et l’attitude de Myad. Elle y perçait un détachement qu’elle ne parvenait pas tout à fait à expliquer.

Se stoppant net dans ses explications, l’Impératrice leur présenta des fioles contenant un liquide épais et sombre. Elle les obligeait à les boire avant de continuer ses propres explications. Djenka l’attrapa avec méfiance, détailla le contenu de la fiole. Elle crut lire une étincelle de compréhension dans son regard. Apparemment, l’elfe noire savait ce que l’Impératrice voulait leur faire boire. Abysse attrapa sa fiole et la considéra avec suspection. Sur la défensive, Myad ne cherchait pourtant pas à expliquer ses soudaines volontés. L’important était qu’on boive ces maudites fioles.

La jeune femme observa attentivement le liquide sombre et en détecta une odeur qui ne fit que l’inquiéter davantage. Cela ressemblait un peu trop à son goût à du sang bien qu’elle ne put déterminer à quelle créature vivante cela pouvait appartenir. Du coin de l’œil, Abysse jeta un regard méfiant à l’Impératrice. Elle ne pouvait guère lui faire confiance, mais avait-elle vraiment le choix ? La jeune femme reposa alors toutes ses certitudes sur la résistance aux poisons qu’on lui avait enseignés. Certains de son Ordre pouvaient même jusqu’à analyser le poison et le modifier dans leur organisme pour en annihilé tous les effets néfastes.

Abysse n’en était guère à ce stade pour autant. Elle savait simplement reconnaître les poisons les plus répandus et ralentir leur effet afin de s’en débarrasser rapidement. Ici, cela ne lui serait donc que d’une utilité dérisoire. La jeune femme porta cependant la fiole à ses lèvres sans quitter l’Impératrice des yeux. Son propre regard brûlait d’une rage noire.

Tes appétits sanglants ne concernent que toi, Myad, mais si tu t’avises de nous empoisonner, je me chargerais de répandre le tien, songea-t-elle.

Elle se savait tout à fait capable de bondir sur l’Impératrice avant même que le poison, si c’en était bien un, n’ait pu faire effet. Abysse comptait sur ses capacités et percer les défenses et la surprise de Myad. Abysse considéra un instant la rage qui bouillait en elle et sa répulsion méfiante vis-à-vis de l’Impératrice. Elle ne parvenait tout à fait à l’expliquer. Sans doute les humeurs défiantes des dragons influaient plus qu’elle ne le croyait sur son propre esprit. Toujours étant que la jeune femme avala d’un trait le liquide opaque. L’hésitation n’était plus permise.
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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Jeu 8 Mar 2012 - 21:31


Une dragonne en colère était une vision terrible. Une dragonne jalouse également, voire plus, car la jalousie rendait les réactions imprévisibles. Delva avait l’art d’afficher une expression de circonstance ; ici en l’occurrence, ses yeux rouges vrillés sur la femelle couleur d’ébène étaient fixes, animés par des tourbillons intérieurs de peur inexpliquée, d’énervement et d’une furieuse envie de hurler. Elle avait été si heureuse de revoir Yenlui, elle avait volé plus vite que jamais, distançant presque le grand et fort dragon de Max tant sa hâte était sans limites. Elle avait tant de choses à lui dire, tant de temps à rattraper. Et que voyait-elle en arrivant ? Yenlui, collé à une autre femelle. Bien sûr, rien ne laissait à penser que le mâle ait fait quoi que ce soit de contraire. Et puis, rien n’autorisait Delva à penser que Yenlui lui appartenait. Pourtant…
Pourtant.
Elle trouva sa colère stupide, incongrue, inexcusable. Et ça l’énerva encore plus.
« Calme-toi. » lui conseilla mentalement Kellran, après un très bref coup d’œil inquiet.
La femelle répondit à la question de Delva, réponse qu’elle accueillit avec un détachement clinique, glacial. La protectrice de Yenlui, rien que ça. Elle se nommait Dark, un nom que Delva ne risquait pas d’oublier de sitôt. Par les esprits, si la dragonne avait su que l’amour s’accompagnait de ce poison insidieux et incontrôlable qu’était la jalousie, elle aurait tout fait pour s’en abstenir. Agitant furieusement sa queue, elle soutint vaillamment le regard argenté de celle qui était son aînée, avisant qu’il était stupide d’oser défier une dragonne en tous points supérieure à elle. Mais si Dark avait cherché à lui voler Yenlui, elle l’aurait égorgée, aînée ou pas. Après un grognement menaçant, la femelle s’éloigna, laissant Delva seule avec celui qui rendait ses actes irréfléchis. La détresse qu’elle lut dans la posture, le regard et l’esprit de Yenlui la fit frémir. Elle se rendait pleinement compte de son idiotie, de sa fougue puérile. Toute la sagesse de leur race ne l’avait pas empêchée de se comporter comme un bébé à peine sorti de l’œuf. Delva renâcla, peinée. Yenlui l’avait appelée, elle mesurait pleinement la joie sincère qu’il exprimait de la revoir. Et elle avait osé douter de lui.
« Oui, tu es idiote. Maintenant fais-toi pardonner ! » fit remarquer l’Elfe, non sans amusement.
Delva ronronna doucement et frôla le museau du dragon d’or avec ses naseaux. Toute colère envolée, elle n’était plus qu’amour.
« Excuse-moi. J’ai parlé injustement. »

Satisfait de voir ce problème désamorcé, Kellran retourna sa concentration vers la conversation en cours. Myad avait exprimé son bonheur de constater qu’il avait été choisi pour représenter le peuple elfique lors de cette « mission ». Il ne fallait pas vraiment être un génie pour lire entre les lignes, et voir qu’elle était véritablement heureuse de le revoir. Elle s’efforçait de le cacher, une réaction tout à fait compréhensible. Lui-même ne laissait rien paraître des émotions bousculant les barrières de son sang-froid, maintenant qu’il était si proche d’elle. Il se devait de faire comme s’il ne s’était rien passé, par respect pour l’Impératrice, par respect pour leur expédition également. Les sentiments, ici, n’entraient pas en ligne de compte. Seuls comptaient les actes et les motivations.
Lorsque Max s’était présenté, Kellran avait craint le danger. Il n’en fut rien, ce qui le soulagea. Au contraire, Myad semblait satisfaite de la présence du général du Nomins dans le groupe. N’ayant plus à craindre pour la vie de son ami, l’Elfe se détendit légèrement et prit le temps de contempler plus en détail les deux compagnes de l’Impératrice. L’une avait la peau sombre reconnaissable des Elfes Noirs. Elle était très belle, incarnant à la perfection l’image de la fascination pour les ténèbres. Aussi mystérieuse et exotique que Myad, un exploit qui ne manquait pas d’impressionner le Fils du Soleil. D’ailleurs, l’Impératrice semblait avoir choisi de laisser enfin apparaître sa véritable teinte de peau, d’un sublime gris argenté. Sans l’illusion de la peau couleur de pêche, avait-elle dit, beaucoup se seraient effrayé de cette différence. Un éclat malicieux fusa dans ses yeux ambrés ; il ne faisait pas partie de la majorité, semblait-il. Kellran tourna ensuite son regard vers Abysse, la talentueuse mercenaire vantée par l’Impératrice. En effet, le maintien de la femme, mais surtout la fermeté de ses traits, indiquait qu’elle pouvait tuer sans sourciller, et qu’elle le faisait avec talent. Kellran ne ressentait pas de magie autour de cette femme, mais préféra ne pas se fier à cette première impression rapide. D’instinct, il jugea que toutes deux étaient de dangereuses adversaires et qu’il ne valait mieux pas se les mettre à dos. Heureusement pour lui, la dénommée Djenka n’avait pas pris comme une insulte l’agression verbale de Delva contre sa dragonne. Au contraire, elle semblait s’amuser du caractère possessif et protecteur de la créature dorée, et l’exprima à voix haute à l’Elfe, qui haussa des épaules en soupirant.
- Elle n’est pas aussi protectrice avec moi, j’en ai peur. Pour peu, je me ferais tuer sans qu’elle le remarque.
Un jet de flammes sortit des naseaux de la dragonne ; Kellran l’évita de peu et partit d’un grand rire.
- Et susceptible, avec ça.
Il lança son esprit vers la dragonne de Djenka, lui demandant implicitement l’autorisation de parler.
« Pardonne à Delva son manque de politesse. Elle est tendue et stressée ces derniers temps, et revoir Yenlui la rendait si heureuse. Elle a parlé sans réfléchir. »
Espérant que Dark accepterait les excuses et qu’il n’y aurait pas de tensions entre les deux femelles, l’Elfe put suivre les explications de Myad. Celle-ci leur exposa la situation en Outreterre, raconta ses origines familiales, décrivit la nature du peuple drow et leur hiérarchie, où les femelles régnaient en maîtresses absolues. Lorsque le petit discours fut terminé, Kellran classa ce lot d’informations par ordre d’importance et ne manqua pas de constater ce qui sautait aux yeux : par le sang, Myad était toute désignée pour prétendre au trône d’Outreterre. Par le sang, elle était la seule encore capable d’employer naturellement la Voix, ce pouvoir étrange qui permettait de dominer les mâles drows. Le seul obstacle était son statut de « bâtarde », que les Mères Matrones ne manqueraient pas de brandir comme des bannières à leur cause. Il sourit intérieurement de voir que l’Impératrice avait un talent hors du commun pour sauter à pieds joints dans les ennuis. Comme lui. Il se demanda si Myad contrôlait réellement la Voix, si elle en avait déjà fait l’expérience. Si oui, sur qui ? Le seul Elfe Noir mâle de sa connaissance étant Charlie, il douta que ce dernier se laisse dominer par quiconque, même magiquement. Si c’était le cas, la sécurité d’Ellesméra serait compromise en cas de guerre ouverte entre l’Impératrice et Du Weldenvarden.
Une autre donnée vint titiller l’Elfe. S’il aidait Myad à sauver son peuple, à placer une reine plus indulgente sur le trône, et que celle-ci ouvrait des négociations avec la surface, il se pouvait qu’une alliance se forme entre le Saint-Empire et l’Outreterre. Cela renforcerait encore la puissance de l’Empire, déjà par trop dominant en Alagaësia. Finalement sa présence dans l’expédition serait une bonne chose, car il pourrait surveiller de près le déroulement et éviter qu’une telle catastrophe politique se produise. Malgré ses sentiments pour l’Impératrice, il ne mettrait pas son peuple en danger.

Enfin, Myad lança des fioles remplies d’un fluide foncé, Kellran rattrapa habilement celle qui lui était destinée et l’analysa du coin de l’œil. A la lumière, le fluide avait une légère teinte rouge, rappelant la couleur d’un sang très foncé. L’Impératrice leur dit de boire le contenu de la fiole, même si cela signifiait de la haïr par la suite. Une telle déclaration inquiéta l’Elfe, curieux de savoir en quoi cela les aiderait dans leur expédition. Il voyait la réticence des autres membres du groupe, le léger trouble de Djenka, qui semblait en savoir plus qu’eux sur ce mystérieux liquide. Abysse était figée, et une lueur menaçante voilait son regard. Lorsqu’il déboucha la fiole, une odeur inconnue et familière à la fois le submergea. Un bref instant, l’air se chargea d’électricité statique tant la méfiance étouffait l’atmosphère.
« Kellran… » souffla Delva, inquiète.
L’Elfe éclata de rire et souleva sa fiole dans une parodie de toast.
- Je ne voudrais pas rater un nouveau voyage hors d’Alagaësia pour si peu.
Il vida d’une gorgée le contenu de la fiole, secoua la tête lorsqu’il reconnut le relent métallique si caractéristique du sang. Fallait-il se prendre pour un vampire si on voulait être accepté en Outreterre ? pensa ironiquement le Fils du Soleil en brisant la fiole vide entre ses doigts, la réduisant en poussière.
- Et maintenant, vas-tu nous expliquer ce que nous apportera ce breuvage si… délicieux ? demanda-t-il, devenu parfaitement sérieux.
Il croisa les bras, surveillant discrètement les agissements des autres. Il se doutait que certains s’inquiéteraient d’une tentative d’empoisonnement, ce qui était légitime. Max notamment pouvait suspecter un piège visant à éliminer l’un des hauts-gradés du Nomins. Kellran avait confiance en Myad, aussi avait-il bu le premier. Son ami pouvait tout aussi bien attendre de voir si un quelconque poison le tuerait sur place. La mort de Kellran ne serait pas une perte irremplaçable si elle advenait, le peuple elfique ne manquait pas de valeureux guerriers dévoués à la cause. Il attendait simplement des éclaircissements, maintenant qu’il avait obéi aux « ordres » de l’Impératrice.


Dernière édition par Kellran le Sam 14 Avr 2012 - 14:43, édité 1 fois
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Max


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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Max
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Ven 9 Mar 2012 - 17:34


La tension qui tenait les trois dragons mettait mal à l'aise Athorn qui restait près de son maître. Il baissa son long cou devant Myad en guise de salut. Au bout d'un certains temps où la prises des paris pour un combat draconnique aurait été bienvenue, la dragonne la plus âgé s'écarta à contrecœur pour s'avancer près de la créature verte. Le reptile mâle lui envoya une vague d'apaisement pour détendre un peu l'ambiance avant d'observer l'attitude de l'impératrice envers son maître.

On ne pouvait nier que Myad avait une certaine prestance où l'autorité émanait autant de son corps que de ses paroles. Au moins avait elle accepté la présence de l'humain, ce qui le rassurait grandement au vu de son appartenance au Nomins. Il ne savait pas grand chose des opérations à venir ainsi que sur le peuple drow, hormis le fait qu'il avait la peau teinté de gris comme celle qui dirigeait le petit groupe. Au moins il n'était pas le seul à avoir une marque physique peu commune, si dit Max en pensant à ses marques tribales.


-A présent que les présentations sont faites, nous allons passer directement à ce qui nous rassemble ici annonça t-elle

Le rôdeur rejoignit Kellran pour éviter de se mettre trop à l'écart dès de début. Il lui sourit discrètement avant de donner toute son attention à l'impératrice qui les avait convié. Il écoutait, buvant chacun de ses mots pour saisir la moindre information. Ainsi il apprit de précieuses choses sur ce peuple souterrain où seul les femelles dominait. Max ne se permit pas de juger les événements qui s'étaient passés ainsi que leur mode de vie mais essaya de se projeter dans l'avenir lorsque le groupe arrivera. Mais ce n'était pas chose aisé au vu des connaissances limitées sur ce peuple à part entière. Il comprit qu'ils seraient constamment sans la lumière de l'astre solaire...enfin temps que la petite communauté ne se trouvait pas plongé dans le noir le plus abyssal, il n'en avait cure. A la fin de ses explications, Myad lança à chacun des bipèdes présent une fiole noir dont il fallait avaler le contenu. L'humain attrapa habilement la petite fiole l'air intrigué. Tout en enlevant le bouchon, il huma le liquide d'aspect assez écœurant. Ce n'était pas qu'il avait peur de mourir, mais il aimait savoir ce qu'il consommait... Une légère odeur de fer sortait lentement...du sang ! Il regarda l'impératrice d'un air étonné. Qu'était-ce donc que cette plaisanterie !

-Haïssez-moi si vous voulez quand vous l’aurez bue, tout ce qui compte, c’est que vous le fassiez, sinon vous ne pourrez pas nous accompagner.

Au moins le message était clair... Max vit Abysse boire avec une certaine rage au cœur tandis que le Fils du Soleil buvait d'une traite sans plus de réaction. Djenka quand à elle, avait eu une réaction assez difficile à interpréter. Peut-être avait elle compris pourquoi ces disposition plutôt...étrange. C'était son tour... A moins qu'elle lisait dans l'avenir, Myad n'avait pu préméditer l'empoisonnement du général du Nomins car il ne devait pas se trouver ici même à la base...Sans plus réfléchir à une tentative d'assassinat, le dragonnier bu l'étrange potion... Le goût âcre du sang coula dans sa gorge trop longtemps pour lui. Ce fut Kellran qui brisa en premier le silence.

-Et maintenant, vas-tu nous expliquer ce que nous apportera ce breuvage si… délicieux ? 

Le rôdeur sourit discrètement à la remarque de son frère d'armes et attendait avec le même empressement l'explication à ce geste. De plus, il souhaitait apprendre au plus vite ce que le groupe devra faire exactement une fois là-bas. Tous les regards était à présent fixés sur Myad, ne cillant pas d'une paupière sous cette pression.

[HRP: désolé c'est un peu court ^^']
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Ven 9 Mar 2012 - 20:06


Depuis sa plus tendre enfance, Yenlui avait grandi presque exclusivement avec des femelles. Le seul mâle qui l'avait pris sous son aile quant il était petit avait été Hathir, qui avait réussi à l'amadouer suffisamment pour se faire ami du dragonneau grognon. Hormi lui, il avait été bercé par de nombreuses visites de sa mère, les câlineries de ses sœurs écloses avant lui, la tendresse et les jeux de Dark. Gâté et adoré sans réserve. Ainsi les femmes lui avaient toujours semblé dignes d'admiration, êtres essentiellement doux et gentils qui savaient guérir toutes les peines. Aujourd'hui il se trouvait face à une situation assez délicate dont les raisons le poussaient à revoir son opinion quelque idéaliste.
Sa mère aurait ri de lui en l'appelant naïf ; personne n'est parfait, aurait-elle rappelé. Ils étaient des dragons, avec une fierté aussi grande qu'une montagne et un goût inné pour le combat.
Il le savait mais le constater de visu lui faisait tout de même quelque chose. Le dragon avait du mal à croire que les deux femelles qu'il aimait le plus au monde hors de sa famille se tenaient l'une face à l'autre de cette façon. Il n'avait jamais vu Dark rejeter quelqu'un, encore moi une jeunette comme Delva, et il n'avait pas soupçonné que sa belle dorée puisse se montrer agressive sans raison valable. Certains se seraient peut-être moqué de son innocence, voire de son inaction – pourquoi n'en profitait-il pas, pourquoi ne les rabrouait-il pas ? Parce que c'était tout simplement pas dans son caractère. Yenlui était modéré et réfléchi, il respectait autant ses congénères mâles que femelles. Il se contenta par conséquent d'assister, inquiet mais impuissant, à demi-levé, à l'affrontement psychologique de Dark et de Delva. Finalement, l'aînée émit un grognement méprisant avant de s'éloigner en prenant soin de s'écarter d'elle assez largement. Yenlui s'assit, reposant ses antérieurs devant lui à présent que le conflit se dégonflait. Dark alla saluer le dragon dont ils ne connaissaient pas encore le nom ; Delva elle, se tourna vers lui avec l'air plutôt... Déconfit. Le dragon la couvait du regard mais ne bougea pas. Ce fut elle qui, toute penaude, le rejoignit pour le caresser tendrement de son museau. Il lui rendit ses caresses en ronronnant pleinement, yeux clos pour mieux savourer ces retrouvailles.

*Excuse-moi. J’ai parlé injustement.*
*Tu es toute pardonnée. Je voudrais que rien ne vienne gâcher ce moment que j'ai tant attendu.*

Ils se tinrent tous deux l'un à côté de l'autre tels deux statues d'or, érigées ici en hommage à la beauté de leur race, immobiles, silencieux et attentifs aux discussions que menait l'Impératrice. Yenlui était satisfait d'observer chez ses interlocuteurs une attention complète ; ils s'impliquaient en s'informant et c'était plus qu'important, vital.
Un grondement bref lui échappa lorsqu'il se rappela une nouvelle fois qu'il ne pourrait pas s'y rendre.
Une pensée exceptionnellement inquiétante et frustrante pour tous les dragons ici présents.

Le sang, sève des animaux et monnaie du destin...

Myad n'était allée en Outreterre que quatre fois en soixante-dix ans d'existence, dont deux qu'elle avait passé comme une bête d'expérience entre les geôles, la salle de torture et la place publique. Les deux autres fois avaient été secrètement organisées par son père. Celui-ci l'avait emmenée au nez et à la barbe de ses congénères dans la cité sans qu'ils puissent s'en rendre compte, et ce pour plusieurs raisons. Tout d'abord Athor était un magicien hors norme ; il lui était aisé de duper les gardes, de camoufler la présence de sa fille, de masquer son aura. Ensuite parce qu'il avait emprunté un passage dont les siens avaient oublié l'existence... Et qu'il s'était approprié pour son usage personnel.
L'Impératrice les vit tous renifler le contenu de la fiole d'un air suspicieux, ce pour quoi elle ne pouvait pas leur en vouloir. Elle ne comprenait pas cependant le regard haineux que lui adressa Abysse, elle qui était neutre et n'avait donc aucune raison politique de craindre un assassinat par le poison. Le fait qu'elle puisse désirer leur mort était assez illogique, après avoir pris toutes ces précautions et avoir laissé tant de hasard dans le choix de ses partenaires.
Mais il ne faut jamais faire confiance impunément.
Et on se méfie d'autant plus de ceux qui consomment du sang.

Kellran fut celui qui se montra le plus expéditif ; courage ou confiance, il fut néanmoins suivi par Max et les deux femmes en firent autant. C'était tout ce que la demi-drow demandait. Quand ce fut fait, elle hocha la tête d'un air satisfait.

- Parfait.
- Et maintenant, vas-tu nous expliquer ce que nous apportera ce breuvage si… délicieux ? 

Le plus boute-en-train, hein ? Ayahantê tourna la tête vers lui pour le piquer un instant d'un regard malicieux, hésitant à prendre une mine grave pour lui annoncer sa décomposition prochaine... Mais elle se contint, son humour macabre n'étant sans doute pas le plus approprié en la circonstance.

- Oh, mais bien entendu, répondit-elle d'un ton velouté. Vous venez d'ingérer du sang d'elfe noir, généreusement confié par Djenka. Je me serais servie de mon propre sang si ses propriétés avaient été similaires.

Le sang de Myad était irradié par l'influence des deux Diamants. Le Blanc lui conférait un côté extrêmement nourrissant ; elle se demandait même si quelques gouttes ne pouvaient pas guérir la plus grave des maladies. Néanmoins... Elle n'avait jamais pu en faire la démonstration puisque la Mort y dormait. De tous les poisons qu'elle connaissait, son sang était le plus rapide et le plus douloureux, décomposant les organes et les structures nerveuses à une vitesse hallucinante.
Elle leur fit signe d'approcher avant de dérouler le parchemin devant eux.

[Hrp : j'ai fait ce que j'ai pu sur Paint, soyez indulgents]
Spoiler:

La carte avait été dessinée à la plume avec des encres colorées pour figurer des symboles. Le trait était précis et sans fioriture. Un doigt tapota l'étoile à quatre branches situées sur la gauche du document.

- Ce passage a été construit il y a plusieurs milliers d'années, quand les elfes noirs fréquentaient les Royaumes sous le Soleil une fois la nuit tombée. Il a été délaissé au fil du temps jusqu'à ce que le prince soit le seul à l'utiliser. Personne n'a jamais su comment il allait et venait hors de l'Outreterre sans se faire voir. Exactement ce qu'il nous faut. Il ne laisse passer que les espèces animales non intelligentes et les individus porteurs de sang drow.

L'Impératrice pointa le premier espace important qu'ils rencontreraient.

- Meol'Nyn est le plus important carrefour marchand inter-racial de ce royaume. Nous pourrons y goûter directement l'ambiance actuelle. Bien sûr, nous pourrons acheter des ressources et d'éventuelles informations... Mais il vaut mieux éviter de se faire connaître, de toute façon. En théorie, nous emprunterons le premier accès pour Gôterada, mais il est possible qu'il soit fermé, et dans ce cas... Son doigt glissa sur la droite. Il nous faudra traverser le lac souterrain Nash'Uzzeili jusqu'à ce second accès, en espérant qu'il soit ouvert.

Elle roula la carte d'un geste vif avant de la ranger à sa place. D'un regard aigu elle interrogea ses compagnons, en quête d'éventuelles questions.

- Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous devrions y aller.

Elle prit les chaînes qui servaient de rênes à sa monture écailleuse avant de s'avancer doucement vers son compagnon doré. Il l'observait avec tant d'intensité qu'il lui sembla un instant qu'il allait changer d'avis et l'emmener loin d'ici pour toujours. Le dragon eut une sorte de rire étouffé.

*Je ne jurerai pas que l'idée ne m'a pas traversé l'esprit.*
*Surtout, ne restez pas ensemble. Quatre dragons de factions ennemies qui s'installent au même endroit pendant plusieurs jours, c'est plutôt louche...*

Yenlui lança un regard douloureux à la dragonne d'or. Il venait juste de la retrouver... Il ne l'avait vue qu'une fois ! Devait-il déjà s'en séparer à cause de cette maudite prudence ?

*Deux dragons attireront moins l'attention... Surtout deux qui se ressemblent... Va savoir pourquoi.*

Myad tendit les mains pour prendre la gueule du dragon entre ses paumes ; il la dévisagea quelques secondes, quelques minuscules secondes avant de lui décerner son dernier adieu, par une étreinte mentale d'un amour comme seuls le connaissent les dragons et leurs Dragonniers.

*A bientôt, petite chose, enfant maudit que j'aime tant. Puisse-tu me revenir plus heureuse qu'avant.*
*Je trouverai ta mère.*

Le dragon se redressa sans la quitter des yeux.

*Je n'ai jamais douté de toi.*

Elle lui sourit tendrement et ce fut la dernière démonstration d'amour qu'elle s'accorda. Reprenant son visage sérieux, l'Impératrice lui tourna le dos et monta sur le lézard à plumes d'un geste gracieux. Une fois en selle, elle ajusta ses rênes, Quenthel sursauta en reculant ses grosses pattes, relevant la tête en caquetant de frayeur. Myad la calma en murmurant à voix basse, à la fois menaçante et apaisante. La créature finit par cesser de s'agiter, observant le monde de ses gros yeux ronds et stupides.

- Adieu, dragons. Prenez soin de vous en notre absence.

*Delva... J'aimerais rester à tes côtés, me le permets-tu ?*

Tâchant d'ignorer son dragon à présent qu'ils se séparaient physiquement, Ayahantêe claqua de la langue et le lézard bondit en avant de sa foulée serpentine en gloussant d'enthousiasme. Myad leva les yeux au ciel mais ne fit aucun commentaire. Levant un bras, elle fit signe d'avancer à sa suite.

Ils déambulèrent une dizaines de minutes dans le silence le plus complet en s'enfonçant de plus en plus dans la montagne. Lorsque Myad leva de nouveau le bras droit pour demander l'arrêt, rien dans l'environnement n'indiquait une porte secrète vers l'Outreterre.
Elle s'était arrêtée en plein milieu d'un chemin ardu contre le flanc de la montagne. Ses gants touchèrent la pierre en tapotements légers. Elle finit par trouver ce qu'elle désirait – un minuscule dessin d'araignée légèrement pâle, presque complètement caché par les fougères. Approchant son visage du dessin, la jeune femme l'examina avant de se mordre froidement le pouce et d'y appliquer son sang. Le dessin noircit aussitôt – l'air frémit, comme épaissi, troublé par une onde de magie.

- Foncez sans réfléchir, ordonna-t-elle.

Et elle talonna les flancs de Quentel, qui renâcla d'abord – ayant prévu la frayeur de sa monture couarde, la Dragonnière sortit son fouet au clair. Il claqua dans le vide, sans toucher les flancs de l'animal, mais ce simple son la motiva assez pour que la lézarde se précipite dans le mur en pépiant sa terreur. Le mur l'avala comme un songe, et elle disparut.

*

Dès que les ténèbres envahirent son champ de vision, et qu'elle sentit sur son visage découvert la différence de température, la cavalière modéra sa monture pour la faire ralentir. La pente était assez brutale et même si les lézards de monte sont d'excellents grimpeurs, elle préférait éviter de prendre de la vitesse à l'aveugle. Elle la fit néanmoins avancer de quelques pas, la créature nyctalope s'étant subitement raidie non sous le choc de l'obscurité mais sous le froid soudain. Myad savait exactement où elle avait rangé une torche et elle la sortit. Lorsqu'elle l'alluma sans employer de magie, ses compagnons surgissaient derrière elle. Une fois qu'ils se furent tous rassemblés à ses côtés, l'Impératrice descendit de selle pour prendre sa monture par la bride.

- Félicitations, vous êtes tous fous, ou tous courageux, ironisa-t-elle, mais dans un sourire il y avait un respect véritable.

Elle examina la paroi. L'architecture était très abîmée car négligée depuis des milliers d'années ; le plafond portait des fresques en relief ébréchées, certains trous sombres attestant de l'ancienne présence de pierres précieuses. Ils disposaient de deux mètres de hauteur pour un mètre cinquante de largeur ; les cuisses écailleuses de Quenthel frôlaient les murs, constitués de voûtes s'alignant à l'infini comme les côtes d'un serpent monstrueux. La lueur de la torche donnait une forme de couleur à cet environnement triste.

- Vous devriez descendre de cheval, cela économiserait leurs forces et vous éviterait de tomber de selle en cas de frayeur intempestive... Nous ne sommes pas les seuls indésirables, ici.

Et sur ces paroles réconfortantes, la fille d'Athor prit la tête de la troupe d'un pas constant mais lent, la pente brutale était cruellement lisse à certains endroits et accidentée là où la pierre s'était effondrée...
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Djenka

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Djenka
Espionne du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 12 Mar 2012 - 15:10


Alors qu’elle venait à peine de le rejoindre, Dark se sentit apaisé par la présence du dragon émeraude. En voilà une agréable sensation, après ce mélange de colère, de jalousie, et d’envie de sang. Elle remercia son congénère d’un faible ronronnement avant de s’allonger sur le sol près de lui, aussi délicatement que pouvait le faire une créature si imposante. Le spectacle des amoureux se retrouvant était certes émouvant, mais ne lui convenant pas, elle décida d’observer les deux pattes, encore un peu tendue. A la tombée de la nuit, elle proposerait une bonne chasse à Yenlui, rien de mieux pour se dégourdir les pattes et ne penser à rien !

Les réactions ne se firent pas attendre, et était toutes plus ou moins différentes, voire amusante. Celle d’Abysse cependant ne prêtait pas au rire. En bonne assassin, la jeune femme savait qu’il ne fallait jamais sous-estimer son ennemi, et que la moindre fiole d’un liquide à l’apparence inoffensif pouvait tuer un homme avant qu’il n’ait finit de l’ingérer, ou le faire souffrir atrocement des jours durant avant de le laisser enfin rejoindre les bras accueillant de la mort. Le regard qu’elle lançait donc à l’Impératrice n’était en rien excessif. Djenka la savait sans famille en Alagaesia, et parcourant sans cesse les routes, ce qui était peu propice à l’amitié et l’attachement. Cependant, l’elfe noire se promit qu’elle réussirait à apprendre partiellement à Abysse à faire confiance, et ne pas suspecter n’importe quel inconnu, aussi difficile que cela pouvait-être.
Kellran lui fut plus amusant. S’il semblait hésiter au début, il chassa bien vite toutes mauvaises pensées, et avala le contenu de la fiole d’une gorgée

Et maintenant, vas-tu nous expliquer ce que nous apportera ce breuvage si… délicieux ?

Un léger sourire s’afficha sur les lèvres la drow. Il ne s’agissait pas non plus de se vexer si une réaction était excessivement mauvaise, mais quand même, ça faisait plaisir à entendre tout ça !
Max eut une réaction moins enjouée, et ne semblait apprécier le gout de son sang. Abysse quant à elle ne réagit pas, elle but simplement, attendant probablement que quelque chose se passe.
Au moins, avec des degrés d’appréhension différents, ils avaient tous bu, ce qui était primordial.

-Vous venez d'ingérer du sang d'elfe noir, généreusement confié par Djenka. Je me serais servie de mon propre sang si ses propriétés avaient été similaires.
-Autant arriver en vie. Si ça vous a plu, n’hésitez pas, j’en ai encore un bon stock –rajouta-t-elle d’un ton joueur

Ils s’approchèrent ensuite tous de l’Impératrice qui déroula un long parchemin devant eux. En le reconnaissant, la drow feula très doucement, bruit imperceptible aux oreilles humaines. Les elfes noirs avaient toujours été un peuple qui vivait seul et tranquille caché des êtres vivants sur la Terre pour ne pas être importunés par leur présence ennuyante. Et voilà que Myad dévoilait à 4 inconnus un plan comportant plusieurs accès à la cité. Même Dark ne savait comment y aller, Arget s’assurant à chacune de leurs visite que la dragonne ne puisse revenir seule !

*L’urgence de la situation ne permet aucun secret. Myad ne souhaite offenser les drows en ce geste, elle fait ça pour les aider*

Le ton calme et rassurant de la dragonne apaisa Djenka. Elle avait raison, et de toute façon, ils n’avaient pas le choix. Quelle expédition suivrait à l’aveugle un inconnu, pour une mission qui ne signifie rien à leurs yeux ?
Même le secret concernant le souterrain d’Athor –comme l’avait appelé Djenka en découvrant comment son maître se déplaçait si facilement vers la surface- elle ne l’avait découvert que lorsque Dark était venue pour la première fois à Goterada, ne pouvant emprunter un autre chemin. Tout ceci avait quand même quelque chose d’offensant.
Ainsi, il passerait par Meol’Nyn, et peut-être même par le lac. Elle frissonna à cette seconde suggestion, à l’idée de cette étendue d’eau qui n’avait rien d’un lac accueillant au milieu d’une belle clairière ensoleillée.
Il était désormais l’heure de partir.
Dark se releva, et sans prêter plus attention aux petits bipèdes qu’il n’en fallait pour le pas les écraser, elle se dirigea vers son elfe, qui ouvrit largement les bras pour enserrer le bout de son museau. La dragonne gardait pour elle son inquiétude. Bien que jeune, Djenka était une tueuse et espionne accomplie, elle avait joué avec la mort plus d’une fois. Aucune raison de s’inquiéter donc. Mais tout de même, c’était à contre cœur qu’elle la laissait partir si loin en terre désormais hostile. Avec un triste gémissement, elle tenta d’enfoncer un peu plus sa gueule dans les petits bras de la drow, qui la serra plus fort

*Mon cœur aussi semble se déchirer à l’idée de m’éloigner de toi. Mais nous seront bientôt réunies de nouveau belle dragonne. Tâche de prendre soin de toi durant mon absence*
[color=#ffffff]*Et toi, tâche de revenir vite. Et même si cela semble impossible, pour une fois évite les ennuis inutiles*
*J’essaierai, mais je ne te promets rien. Tu vas me manquer *-termina Djenka en déposant un baiser entre ses naseaux, avant de s’éloigner

Akar vint de lui-même vers la drow, qui le flatta quelques secondes avant de monter en scelle. Le cheval savait qu’un long voyage l’attendait, et il n’en était que trop impatient. Il tirait déjà sur son mors, réclamant de prendre la route aussitôt. Il fut satisfait en voyant l’Impératrice juchée sur son gros lézard passer devant.
Un dernier regard vers Dark, et Djenka ferma son esprit à la dragonne en partant, inutile de faire durer les adieux.
De son côté, la dragonne les regarda s’éloigner, et se tourna vers Yenlui, pour qu’ils rentrent à Dras Leona. Cependant, le jeune dragon semblait avoir d’autres plans, et désirer rester auprès de sa nouvelle compagne. Tant pis pour la chasse de ce soir, se dit-elle avec amertume. Elle reporta alors de nouveau son regard sur le petit groupe de deux pattes, envoyant une vague d’amour et d’inquiétude à Myad, qui risquait plus que tout autre sa vie en se rendant dans la cité.


A peine quelques minutes plus tard, ils s’arrêtèrent. Sans poser de questions, elle observa d’un œil toutefois interrogateur son amie toucher délicatement la montagne qui se dressait devant eux. L’étrange rituel dura quelques secondes, puis l’Impératrice se blessa, et appliqua son sang sur la pierre froide, avant de se fondre dans la montagne.
Haussant les épaules, elle tira sur les rênes d’Akar pour se positionner face à l’entrée. Le cheval ne comprenait pas ce qu’on lui demandait, et refusa obstinément de foncer contre un mur. Les murmures rassurant de l’elfe n’y firent rien, il n’avait pas encore assez confiance en elle pour foncer sur une montagne. Elle soupira, déjà lasse, et mit pied à terre. Elle arracha un bout de tissu d’un vêtement qu’elle avait dans sa sacoche, et banda les yeux du cheval, tout en lui transmettant des pensées apaisantes. Elle tint ensuite fermement les rênes du capricieux, avant de s’enfoncer à son tour dans la montagne, l’obligeant à la suivre.
D’un geste, elle ôta le foulard des yeux d’Akar, et s’avança un peu, pour ne pas gêner le futur arrivant.
Ils étaient dans le fameux tunnel, bien que Djenka ne se souvienne pas d’avoir jamais employé cette entrée. Finalement, peut-être n’était-elle jamais venue ici.
Le tunnel n’était pas bien haut, ni bien large. Et pourtant, il était hors de question de remonter en scelle étant donné le terrain dangereux qui les attendait.
Toujours sans discuter, Djenka suivit lentement Myad, à la faible lumière de la torche, en espérant que cette fois-ci sa monture lui ferait confiance pour la guider sur cette pente peu accueillante.

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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 12 Mar 2012 - 21:04


Une fois que tous eurent bu le contenu de leur fiole, Myad leur annonça ce qu’ils avaient plus ou moins deviné. Kellran se passa une main dans les cheveux, sa langue roulant à l’intérieur de sa bouche pour analyser les dernières bribes du goût de ce sang qu’il avait osé ingérer sans se poser de questions. Le sang de Djenka, le sang d’une Elfe Noire. Ca ou autre chose, se dit-il en haussant des épaules. La saveur n’était pas franchement agréable, mais pas répugnante pour autant. Pour un Elfe, le Fils du Soleil ne se laissait pas choquer par la simple idée d’avaler du fluide vital, tout comme il ne se privait pas d’un morceau de viande par moments. Ladite Elfe Noire répondit d’un ton plein d’humour qui ne manqua pas de faire rire le Dragonnier, appréciant la malice de sa « compagne de pacification ». Il retint une réponse tout aussi malicieuse, comprenant qu’il valait mieux être sérieux à partir de maintenant. Myad les invita à s’approcher pour consulter la carte qu’elle avait dessinée, une carte représentant schématiquement l’Outreterre et les accès qu’ils emprunteraient pour y accéder sans se faire repérer. Ainsi dessiné, le pays des Drows semblait insignifiant, mais son expérience d’explorateur poussa Kellran à se dire qu’il avait en face de lui une surface considérable de souterrains contenant sans doute des cités entières, des bâtiments par milliers, des lieux secrets. Un véritable labyrinthe en gros, pour un voyageur non averti.
Citant quelques noms suivis d’explications, l’Impératrice résuma en gros leur itinéraire puis rangea la carte et leur annonça qu’il était temps d’y aller. Elle se tourna vers les dragons pour leur conseiller de ne pas rester ensemble afin d’être discrets. Kellran frissonna, ses appréhensions formant une dague qui transperça sa chair. Il avait vite compris que Delva ne pourrait pas l’accompagner, déjà car elle n’était pas faite pour les pays souterrains, mais surtout car le portail indiqué par Myad ne laissait passer que les créatures sans intelligence. Pauvre dragonne, trahie par sa finesse d’esprit.
« Si tu veux, je mange Djenka pour récupérer son sang, et je t’accompagne. »
Kellran sourit, même s’il sentait que la dragonne aurait bien été capable d’agir ainsi pour ne pas le laisser seul. Soupirant, il s’approcha de sa compagne et posa une main sur son museau écailleux.
« Je serai bien entouré. Tu imagines, seul célibataire en compagnie de trois beautés ? »
Delva ricana, retroussant sa lèvre supérieure pour dévoiler ses crocs éclatants. Elle jeta un regard à Myad et la désigna de la tête.
« Va dire ça à cette beauté-là ! »
Ils pouffèrent tous deux, étouffant leurs inquiétudes réciproques sous une dose d’humour. La dragonne lui envoya une image de Myad le pourchassant, un fouet à la main, et ses yeux rouges brûlant de colère. Kellran imita bravement l’effroi puis serra le cou de sa dragonne avec tendresse.
« Au moins je mourrai par amour. Il y a pire comme mort, non ? »
Delva cligna de l’œil en signe d’assentiment et le repoussa doucement.
« Va, et reviens-moi vite. J’aimerais que tu sois là quand… tu sais… »
Kellran se retourna vers Yenlui et lui sourit.
« Veille sur elle en mon absence, noble dragon. Elle est ce que j’ai de plus précieux. »

Le Fils du Soleil revint auprès du groupe, prêt pour le départ. Il avait récupéré son fauchard qui pendait désormais dans son dos, retenu par une lanière de cuir. La lame de glaive pointée vers le bas flottait à quelques centimètres du sol, menaçant les vers de terre et les fourmis. Kellran ne doutait pas que l’arme trouverait bientôt des ennemis bien plus dangereux. Avec un dernier regard pour sa dragonne, il coupa tout contact mental hormis le lien indestructible de leurs âmes jumelles. Se sentant soudain horriblement seul et vide, il eut grand peine à ne pas restaurer immédiatement ce lien, et se força à avancer. Le voyage vers l’Outreterre commençait.

---

L’Elfe suivait le mouvement, laissant Myad guider le petit groupe vers le portail secret qu’ils emprunteraient pour pénétrer dans le pays des Elfes Noirs. Il n’avait pas remarqué la monture étrange de l’Impératrice, un énorme lézard de nature inconnue idéalement grand pour servir de moyen de locomotion. La bête, à l’esprit rudimentaire, était si discrète qu’elle aurait échappé au regard de l’Elfe en toute autre occasion. Certainement une créature originaire du pays où ils allaient. Kellran grimaça, à l’idée d’avoir à effectuer à pieds un voyage qui nécessitait peut-être plusieurs semaines de marche.
En vérité, ils n’étaient pas si loin de leur but, qui se situait plus en profondeur dans la montagne où ils s’étaient donné rendez-vous. Le décor autour d’eux se résumait à de la roche, de la mousse, des fougères courageuses poussant entre les cailloux. Rien d’exceptionnel, et aucun signe indiquant qu’il pouvait y avoir là la porte vers un monde sous terre. Pourtant, l’Impératrice s’arrêta, ayant trouvé ce qu’elle cherchait, un symbole gravé dans la roche que Kellran ne prit pas la peine de chercher à voir de plus près. Elle mordit la chair tendre de son pouce, faisant couler son sang qu’elle appliqua sur le dessin. Aussitôt, Kellran sentit la magie à l’œuvre, et faillit bien ne pas entendre l’ordre de Myad tant sa concentration était tendue vers les étranges enchantements qui vibraient dans l’air autour d’eux. L’Impératrice mena sa monture écailleuse vers l’avant, dans un claquement bruyant de son fouet qui rappela à l’Elfe l’image que Delva lui avait transmise. Il comprenait la peur du lézard géant. Lorsque la dame et sa monture traversèrent le mur de roche, disparaissant derrière sans même un frémissement, Kellran soupira.
- Je déteste faire ça. Les illusions, ça me rend malade !
Il se tourna vers Max, acquiesça faiblement pour lui souhaiter bon courage, sans savoir si l’humain aurait plus ou moins de difficultés que lui à se décider pour traverser. Forçant ses jambes à bouger, l’Elfe ferma les yeux et se projeta en avant. Il traversa le rideau de roche, ressentant à peine un picotement - dû à la magie - sur sa peau, et rejoignit Myad de l’autre côté.
Il faisait froid à l’intérieur de la montagne. Froid et humide, mais pas suffisamment pour déstabiliser l’Elfe malgré son torse nu. Il regarda autour de lui, appréciant la lumière fournie par l’Impératrice, et constata qu’ils se tenaient au bord d’une pente sèche menant au cœur même de la terre. La galerie souterraine, loin d’égaler la splendeur du savoir-faire des Nains, avait quelque chose de massif et d’ancestral qui forçait l’humilité. Le couloir était assez large pour deux hommes de front, pas plus. Heureusement, il était suffisamment haut pour ne pas avoir à baisser la tête en avançant. Des fresques émoussées garnissaient les murs, attestant de la présence d’artistes parmi le peuple Drow. Kellran passa sa main droite sur les sculptures et les sentit s’effriter doucement sous ses doigts. Derrière lui, les autres arrivaient.

---

Une fois seule dans son esprit, Delva resta une bonne minute silencieuse, faisant le deuil de cette précieuse complicité avec son Dragonnier. Elle trembla de la tête aux pieds, horrifiée de ce silence brutal qui lui martelait l’esprit, et poussa un gémissement ténu qui ne fut audible que d’elle et de Yenlui. C’était la première fois qu’elle était totalement coupée de Kellran, une expérience qu’elle n’accepterait plus jamais de vivre si elle avait son mot à dire. Elle se pressa un peu plus contre Yenlui, cherchant chez le mâle la chaleur de son réconfort. Le dragon de l’Impératrice connaissait déjà l’effet que cela faisait d’être coupé de sa compagne d’esprit. La dragonne espérait que sa force la soutiendrait un peu.
« Oui, reste avec moi. » le supplia-t-elle.
La dragonne se calma peu à peu, retrouvant l’assurance qui la caractérisait en toutes autres occasions. Elle s’écarta de Yenlui et plongea son regard vermillon dans celui de son jumeau.
« Il faut qu’on parle. » annonça-t-elle fermement. « Mais d’abord, nous devrions partir ailleurs. »
Delva tourna la tête vers Dark, à l’écart, et Athorn le dragon émeraude de Max, et renifla :
« Ton amie veut peut-être que tu lui tiennes compagnie. Après l’avoir si mal traitée, je m’en veux qu’elle doive rester seule. »
Elle leva les yeux vers son jumeau, attendant de savoir quoi faire.

---

Lorsque tous eurent traversé, Myad les félicita puis leur conseilla de descendre de cheval, une précaution que le Fils du Soleil n’avait pas à prendre en compte. En revanche, l’annonce qu’ils n’étaient pas seuls dans ces galeries l’intéressa, et il redoubla de prudence. Il n’osait pas imaginer le type de créatures vivant dans ces bas-fonds abandonnés de tous. Le lézard géant de l’Impératrice ne le rassurait pas sur ce qu’ils risquaient de rencontrer.
- Je penserai à revenir ici pour une promenade romantique, murmura-t-il ironiquement.
Doucement, il étendit son esprit dans toutes les directions, quêtant une présence étrangère. Il grimaça discrètement de ne pas sentir Delva, se secoua et suivit Myad vers les profondeurs ténébreuses de l’Outreterre, veillant à ne pas perdre l’équilibre sur la pente raide et glissante d’humidité du souterrain tandis qu’il marchait au côté de son ami, suicidaire d’avoir décidé de l’accompagner dans ce périple.


Dernière édition par Kellran le Sam 14 Avr 2012 - 14:43, édité 1 fois
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Max


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Max
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 12 Mar 2012 - 22:47


Le grand dragon émeraude parut satisfait quand à la réaction de Dark et se coucha à son tour près d'elle tout en tendant le cou vers son maître. L'angoisse de la séparation à venir fissurait son grand cœur, il ne voulait pas quitter son dragonnier, ne pas se retrouver seul... Il avait faillit le perdre il y a peu de temps, et rien qu'à l'idée de ne pas veiller sur son bipède lui minait le moral. Il pensait rejoindre les rôdeurs qui se cachaient dans les Crêtes, il sera en sécurité au moins et l'idée de refaire le trajet jusqu'aux forêts du peuple sylvestre où retourner à Sil'Arn seul ne l'enchantait guère.

Quand à son maître, il attendait la réponse de l'impératrice avec impatience, bien qu'il ai désormais une idée assez précise de la substance que le groupe avait ingéré.


- Oh, mais bien entendu, répondit-elle d'un ton velouté. Vous venez d'ingérer du sang d'elfe noir, généreusement confié par Djenka. Je me serais servie de mon propre sang si ses propriétés avaient été similaires.

L'humain ne daigna pas réagir à cette nouvelle. Mais que voulait-elle dire par les propriétés de son sang ? Pourquoi ne pouvait-on pas le boire ? Bien que ce n'était pas un délice de consommer le fameux liquide vermeil, rien de naturel pouvait faire en sorte qu'un sang ne sois pas buvable. Rejetant ces questions qui n'avaient pas lieu d'être, Max grimaça à la réplique de Djenka au sujet de son sang.
Revenant au sujet principal, il écoutait attentivement les explications de Myad tout en enregistrant dans les moindres détails la carte qu'elle venait de dérouler. Ainsi deux chemins principaux s'offraient aux aventuriers. Comme s'attendait le dragonnier, le marché sera une plaque tournante pour recueillir des informations, et même se procurer certaines choses si jamais la situation l'exigeait. Il faudra être prudent, surtout pour les non drow, car un groupe qui débarque de nul part ne passe jamais inaperçu. C'est à ce moment là que l'homme devina qu'à un moment donnée, ils devront être obligé de se séparer, les laissant seuls dans une cité hostile et inconnue. Après ses consignes brèves mais précises, le moment tant redouté arriva.


-Si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous devrions y aller.

Une longue plainte sourde venant du plus profond de la gorge d'Athorn. La tristesse pouvait se lire sur son large museau emplit d'une détresse sans nom. Son maître le rejoignit non sans appréhension et embrassa sans plus tarder la gueule de sa belle et fière monture.

*Tu vas me manquer petit homme... Fais très attention à toi d'accord ? Et reviens moi entier cette fois s'il te plaît, pas d'autres frayeur comme la dernière fois... Tu as bien tout ton équipement ? Tes onguents, antipoisons et tout le reste ?*

Le comportement père poule fit sourire le rôdeur qui caressa tendrement les joues de son dragon. Il allait tellement lui manquer... Qu'était-il sans lui ? Un simple humain qui n'aurait jamais vécu de si bons moments. Heureusement qu'Athorn était là...

*Tu vas me manquer aussi ma montagne d'émeraude. Et oui j'ai tout prit, tout est dans ma besace et mon casque accroché sous ma cape. Je te promets que je ne reviendrais pas dans le même état qu'après la bataille du Hadarac. Je ne me battrais pas seul. Il faudra vous séparer par contre, quatre dragon au même endroit c'est trop louche, tu devrais aller...*

*...Rejoindre les Rôdeurs oui ne t'en fais pas, j'en avais l'intention. Je t'attendrais et serais prêt à partir te chercher à chaque secondes de la journée ou de la nuit.*

Une grosse larme ruissela le long du museau du reptile centenaire avant de ronronner une dernière fois contre le torse de sa moitié de vie.
Pour éviter de retarder le groupe, Max se détacha doucement de l'énorme bête et suivit le groupe qui marchait dans les pas de la monture de l'impératrice ; Un gros lézard. Sa constitution devait être idéale pour errer dans les souterrains, avec beaucoup moins de risque de tomber. Il n'avait pas de monture mais cette situation l'arrangeait, au moins elle ne le gênerais pas en cas d'embuscade. A un moment donné, Myad se mit le pouce en sang pour ouvrir une sorte de porte magique après avoir imbibé un étrange symbole de son liquide vital. Son ami Elfe se tourna vers lui avec un sourire peu rassuré tout en lançant :


- Je déteste faire ça. Les illusions, ça me rend malade !

Le rôdeur ne put s'empêcher de rire avant d'avancer droit devant l'illusions, non sans une petite appréhension de ce qu'il découvrirait par la suite.
Il atterrit dans un tunnel où l'air frais lui caressa agréablement le visage, cela lui changeait du désert ! La cheffe de l'expédition alluma une torche qui illumina le tunnel où ils se trouvaient désormais. Un beau tunnel avec de nombreuses traces en tout genre de l'histoire drow par d'anciennes peintures et même d'étranges sculptures.
Le dragonnier attendit que tout le groupe soit rassemblé avant de prendre la parole pour l apremière fois après s'être présenté et leur proposa dans un murmure.


- Si je puis me permettre, j'ai de la gomme à mettre dans la bouche contenant plusieurs antipoisons dont certains assez rares. La base est de la sève de cornouiller pour former la gomme et le goût s'apparente aux fleurs d'acacia. C'est à chiquer de temps en temps et à laisser diffuser. L'effet dure une demie-journée environ. De plus, elle contient l'antidote d'un poison de ma fabrication, en j'aimerais pas vraiment tuer quelqu'un du groupe par accident.

Sans plus attendre, il prit dans sa besace une gomme rectangulaire qu'il mit à la bouche pour augmenter sa résistance aux poisons et attendit la réaction de ses compagnons.
Après plusieurs minutes, Max ressentit qu'ils n'étaient pas seuls dans les alentours et prit son arc, prêt à encocher une flèches empoisonnée pour la ficher contre un éventuel ennemis...



A la surface des Crêtes, Athorn était encore chamboulé par le départ de son maître mais s'en remettait petit à petit grâce au silence qui était installé depuis un certains temps entre les quatre reptiles. La petite dragonne de Kellran l'a contacta soudainement.

« Ton amie veut peut-être que tu lui tiennes compagnie. Après l’avoir si mal traitée, je m’en veux qu’elle doive rester seule. »

Malgré sa jeunesse, Delva se rendait compte de certaines de ses erreurs, qui lui apprendront dans le futur à se forger une vraie identité. Le dragon vert inclina la tête avant de lui répondre.

*Je lui tiendrais compagnie si elle le souhaite et autant de temps qu'elle le souhaitera. Partez et profitez, quatre dragon au même endroit n'est pas rassurant pour les habitants de la plaine de Palancar et risquerait d'alerter une patrouille. Je resterais caché dans les Crête en sécurité, et resterai alerte à tout retour. Si jamais vous êtes trop loin pour arriver, je veillerais. Vous pouvez partir la conscience tranquille*

Malgré la tristesse qui avait envahit son cœur, Athorn savait rester serein en toute situation même si la peur s'insinuait de plus en plus quand à la folle mission que Max avait accepté...
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Abysse Yclette


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Abysse Yclette
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Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Sam 17 Mar 2012 - 18:26


Myad leur expliqua sans détour la nature du liquide qu’ils avaient dû boire. Ainsi, il s’agissait du sang de drow et plus particulièrement celui de Djenka. Abysse se retint de soupirer. Elle s’était doutée que la fiole contenait du sang. Quant à savoir qu’il appartenait à la dragonnière, elle ne savait si elle devait se sentir réellement rassurée. A présent, elle pouvait mettre de côté l’hypothèse de l’empoisonnement. Lentement, Abysse effaça l’air circonspect qui tirait les traits de son visage, recouvrant un masque calme et inexpressif.

S’ensuivit ensuite des explications relativement détaillées sur les lieux à découvrir et le voyage à effectuer. Ecoutant en silence, Abysse analysait la situation et tentait de se reconstituer une image mentale de leur trajet à venir. Et puis les explications touchèrent à leur terme. Le voyage pouvait enfin commencer. Non sans une certaine surprise, la jeune femme constata que les dragons ne les accompagneraient pas. Reculant de quelques pas, elle se tint en retrait tandis que les dragonniers faisaient leurs adieux.

On pouvait lire sur leur visage une réelle douleur à l’idée de la séparation à venir. Abysse ne pouvait saisir le lien qui les unissait. Elle n’avait nullement sa place ici. Ainsi, la jeune femme se contenta de se placer à l’écart, le regard perdu à l’horizon. Elle s’apprêtait à accompagner quatre dragonniers puissants et possédants de multiples influences dans l’Alagaësia. Quant à elle, pauvre mercenaire à ses heures perdues, Abysse ne possédait ni les titres, ni les capacités pour rivaliser avec eux. Le seul avantage qu’elle saurait tirer de cette aventure était de pouvoir se mouvoir en toute discrétion, ombre parmi l’éclat brillant des dragonniers.

Au terme de minutes qui lui parurent trop longues, les dragons finirent par s’envoler vers une destination que seule Abysse ignorait. Les dragonniers restèrent un instant immobile, suivant certainement par l’esprit l’envol de leur compagnon. Puis, ils rassemblèrent leurs effets, prêt à entamer le voyage vers les terres oubliées des Drows. La jeune femme conserva le silence durant tout le trajet qui les mena à l’ouverture béante d’une caverne. Les ténèbres ne filtraient aucune lumière dans cet antre inconnue. Elle semblait s’enfoncer dans les profondeurs de la terre.

Abysse nota avec soin la position exacte de cette caverne. Il s’agissait du véritable point de départ de leur voyage en terre drow. Ici, ils quittaient tout ce qu’ils avaient pu connaître pour plonger dans un monde de ténèbres et d’inconnues. La jeune femme démonta rapidement de son cheval, lui ôta selles et fontes et le délesta enfin de ses mors. A l’instar de ses compagnons, elle dû laisser sa monture pour plonger dans les ténèbres du souterrain. Sans l’ombre d’un regard en arrière, ils s’enfoncèrent dans les entrailles de la terre.

Nous ne sommes pas les seuls indésirables, ici.

Les derniers propos de l’Impératrice tracèrent une pointe d’inquiétude dans l’esprit de la jeune femme. Le goût métallique du sang de drow ne la quittait plus et lui rappelait à chaque instant le voyage insensé qu’elle entreprenait. A cette idée, Abysse se sentait rassérénée. Confiante en ses capacités, les inconnus à venir ne l’inquiétait guère.
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Sam 17 Mar 2012 - 18:33


Douloureux déchirement.

Yenlui avait été plusieurs séparé physiquement de sa Dragonnière, par le fait des choses, ce qui lui permettait de moins appréhender ce moment auquel il ne s’était pourtant pas habitué. Il doutait qu’il puisse jamais s’y faire… Cependant, lorsqu’il sentit la personne assise à côté de lui se presser contre son flanc dans un minuscule gémissement, le dragon se sentit mieux. Delva était là, se souvint-il, ils se soutiendraient ensemble.

« Oui, reste avec moi. »
*Je suis là, Delva, je suis là avec toi* lui murmura-t-il doucement en l’enveloppant de paix et de chaleur.

Le fils d’Arget ferma les yeux et frotta doucement sa gorge contre le dessus de la tête de sa compagne qui était plus petite que lui ; il se réconfortait en la réconfortant, heureux de sa seule présence, qu’il avait attendue des jours durant. Quand Delva sembla s’être apaisée, elle se redressa pour mêler ses yeux des siens avec détermination ; il attendit, attentif.

« Il faut qu’on parle. »

Yenlui écarquilla les yeux – comme n’importe quel mâle de n’importe quelle espèce vivante, cette phrase le rendit aussitôt nerveux – mais il ne fit aucun commentaire.

*Quand tu voudras, autant que tu voudras* accepta-t-il sans réserve.
« Mais d’abord, nous devrions partir ailleurs. »

Delva tourna alors la tête vers Dark et le dragon dénommé Athorn, qui se présentaient l’un à l’autre avec beaucoup plus de civisme que celle avec laquelle Delva et Dark tout à l’heure. Yenlui vit que cette dernière lui jetait des coups d’oeils contrariés, un peu triste et même agacés, il lui répondit de son regard le plus affectueux – et amusé. Il ne manquerait pas de taquiner sa vieille amie après une telle incartade. Il savait qu’elles finiraient par s’apprécier, ces deux caractérielles, mais le temps n’était pas encore venu.

*Belle rose noire, nous allons rester sur ce territoire pour attendre nos compagnons. Il faudrait que tu rejoignes Dras Leona pour ne pas éveiller les soupçons du Concile… Je sais que cela te coûte de quitter ces lieux, mais je te promets que nous te ramènerons Djenka dès qu’elle sortira. Je connais l’entrée du souterrain. Nous reviendrons ici les guetter matin et soir.*

Le dragon d’or se leva, les rayons descendants du soleil nimbant chacune de ses écailles d’étincelles dorées. Il remarqua que Delva arborait une robe légèrement plus cuivrée que la sienne. Détails que tout cela et qui la rendait toujours plus chère à ses yeux. Il salua Athorn d’un coup de tête dans le vide, étreignit mentalement son aînée et toucha la gueule de Delva de la sienne.

*Nous pouvons partir, yeux-de-feu* lui confia-t-il doucement, en commençant à marcher.

Il avait repéré un torrent à quelques minutes de marche paisible où ils pourraient s’abreuver.

*

Lorsque Max prit la parole, la Dame noire ne s’arrêta pas, mais elle porta néanmoins une oreille tout à fait attentive au général du Nomins.

- Si je puis me permettre, j'ai de la gomme à mettre dans la bouche contenant plusieurs antipoisons dont certains assez rares. La base est de la sève de cornouiller pour former la gomme et le goût s'apparente aux fleurs d'acacia. C'est à chiquer de temps en temps et à laisser diffuser. L'effet dure une demie-journée environ. De plus, elle contient l'antidote d'un poison de ma fabrication, en j'aimerais pas vraiment tuer quelqu'un du groupe par accident.

C’était quelqu’un de prévenant, qualité fort utile là où ils se rendaient. La prudence est toujours de mise toutefois elle devient obligatoire dès à présent que vous côtoyez des créatures de sourires et de ténèbres. Les naïfs, les confiants devenaient fous avant de s’en être rendus compte, l’aura de douceur les faisant scintiller de façon presque magnétique pour ceux qui se nourrissent de pareille innocence. A voir ses compagnons, Myad doutait qu’aucun d’entre eux ne soit d’une pureté infaillible. La philanthropie et la morale pouvaient cependant lui poser problème plus tard, mais ça, c’était un autre problème.
Tendant le bras en arrière, l’Impératrice forma un réceptacle de sa main en signe de demande. Bien qu’il ne fut pas directement derrière lui, la demi-drow se doutait qu’un Dragonnier puissant ne manquerait pas de voir un geste semblable, d’autant plus qu’il devait être aux aguets dans cet environnement inconnu.

L’air légèrement capiteux semblait s’être quelque peu alourdi d’une poussière minérale, sans doute exhalée par les fresques abîmées. La figure de Lolth, la déesse araignée, y état régulièrement représentée en compagnie des symboles des autres dieux ; un croissant de lune fendu d’une épée pour sa fille, un masque de fer pour son ennemi juré, qui prône la suprématie des mâles… Myad se demanda si un petit cours de théologie drow devait être dispensé. Après une seconde de réflexion, elle n’en fit rien. Premièrement parce qu’ils n’étaient pas ici à l’école ; ils n’avaient besoin de connaître que des informations utiles en les circonstances, et elle leur avait déjà parlé de Lolth. Deuxièmement parce qu’elle ne connaissait pas les conséquences que pourraient avoir ses paroles. Le savoir est le pouvoir, ainsi que l’Impératrice le répétait à ses Conseillers les plus obtus. Si les êtres de la surface connaissaient au moins un chemin vers l’Outreterre, la route approximative vers Gôterada et les principales notions de leur civilisation, c’était bien assez. Prendre ce chemin secret avait également un avantage quant à son accès ; Ayahantê savait pertinemment que sans un elfe noir, jamais des étrangers ne pourraient y entrer. Sans Djenka ou sans Charlie, donc, à moins qu’ils n’arrivent à dénicher un autre drow en surface pour lui demander – plus ou moins gentiment – de leur ouvrir la voie. A moins qu’ils n’en prélèvent sur des cadavres… Ce qui était autre chose. Myad leur ferait jurer en ancien langage qu’ils n’en avaient pas apporté d’aucune façon à la surface à la fin du voyage pour éviter ce délicat souci…

Ils marchaient déjà depuis une dizaine de minutes dans un silence contemplatif lorsqu’un murmure sarcastique s’éleva, brisant la mélopée monotone des sabots, du cliquetis du métal et du frottement des vêtements. Myad l’aurait reconnue entre mille et se raidit imperceptiblement, tirée brutalement de ses pensées lointaines.

- Je penserai à revenir ici pour une promenade romantique…
- Ta dulcinée ne manquerait pas de se pâmer devant tant d’originalité, répondit-elle sur le même ton.

Autant les elfes pouvaient rester des heures sans s’adresser la parole, emmurés dans un silence paisible, autant les humains en seraient embarrassés, voire angoissés. L’elfe hybride se décida donc à reprendre la parole quelques minutes plus tard.

- Nous atteindrons le carrefour marchand demain dans l’après-midi… Normalement, ajouta-t-elle d’un ton amusé.

Quenthel reniflait l’air avec curiosité mais désinvolture, nullement dérangée par cet environnement nouveau. Les lézards à plume vivaient à la surface depuis plusieurs centaines d’années ; ils étaient plus grands, plus épais et leurs robes étaient beaucoup plus chatoyantes que celles de leurs cousins d’Outreterre, mais ils étaient moins malins et surtout moins discrets. Ils avaient cependant gardé leur excellente vision nocturne et cet organe si précieux qui leur permettait de se repérer dans le noir le plus complet, dont la mystérieuse efficacité impressionnait Myad. La créature ne semblait guère perturbée par le tunnel qu’elle explorait pour la première fois ; la Dragonnière sortit une poignée de feuilles grasses d’une petite sacoche bourrée de végétaux qu’elle approcha de son gros bec. Le reptile roucoula grassement en les percevant avant d’onduler le cou pour réclamer sa friandise. Elle le lui donna d’un geste lent pour ne pas exciter la bête. Toute stupide qu’elle fut, la lézarde adulte avait un bec assez puissant pour lui couper la main en un clin d’œil.

- Djenka, je crains que ton cheval ne suvive à ce voyage, dit-elle en flattant le cou noir de sa main libre. Demain, le manque de lumière le rendra nerveux et imprévisible. Après-demain, ils refusera peut-être même de s’alimenter. Tu pourrais le lâcher ici ; ils retrouveraient la sortie seuls, ou bien tu peux continuer avec lui ; c’est à vous de décider. Si Quenthel ne vous rebute pas, vous tous, je tâcherai de vous trouver deux de ses cousins. Vous verrez, ils sont…

Elle se tut soudain, sa voix mourant comme une porte qui se ferme. Devant elle, le vide. Tout come son cœur à l’instant – vide de toute émotion, son sang glacé dans ses veines. Un trou dans le sol, rectangulaire, leur bloquait la route. Myad cependant ne voyait pas que cela ; en effet, étant en tête, elle avait tout loisir d’en détailler le contenu.
Ses narines frémirent, tout comme celles de Quenthel, qui eut un mouvement de recul, et comme les chevaux, qui eurent une réaction plutôt violente. Myad pencha la tête, ses yeux rivés sur le sol.
Levant la main en signe d’arrêt, elle s’accroupit et tendit la main devant elle, effleurant l’arête de la lance barbelée la plus proche de son gant noir. Elle était terne de sang séché.

- Ce piège n’aurait pas dû se déclencher, dit-elle lentement en frottant ses doigts l’un contre l’autre, pensive.

A une dizaine de mètres plus bas, à demi couchés dans un liquide saumâtre qui empestait la décoction de sorcière et la chair pourrie, des cadavres éparpillés. L’odeur était si forte qu’il était impossible de discerner l’espèce des corps à leur fragrance. Néanmoins, en se penchant en avant, les mains posées sur le bord du gouffre artificiel, elle arriva à identifier leurs armures, leurs armes.

- Des femelles drow, s’étonna-t-elle à voix haute. Deux prêtresses, quatre guerrières et un mage… La crème de la crème. Comment ont-ils pu s’infiltrer ici ?

La jeune femme se releva sans attendre et tapota un relief dans le mur en prononçant une longue et complexe formule. Dès que la dernière syllabe sortit de sa bouche, les deux pans de pierre qui constituaient habituellement le chemin sortirent des fentes dans le mur où elles s’étaient brusquement rangées lors du déclenchement du piège. En un grincement, le chemin fut reconstitué. Un silence lourd pesait sur le petit groupe. Myad se tourna soudain vers Djenka, et elle ne riait pas du tout.

- Comment ont-ils pu trouver cet accès ? Il n’était connu que de mon père, toi et moi !

Elle darda de son regard ardent celui, déterminé, de Djenka qui ne cilla pas. Après une seconde de réflexion, l’Impératrice secoua la tête, l’air de dénigrer une hypothèse.

- Je n’aime pas ça du tout. Mon père a donné, à Djenka et moi, et à nous seulement, le l’existence de ce souterrain, et les moyens de désactiver les pièges qui s’y trouvent. Il ne l’a dit à personne d’autre… Ou bien il y a été contraint. Il aura « omis » de les prévenir des détails...

Myad se détourna de ses compagnons d’aventure car elle savait que son expression était devenue franchement prédatrice. Elle doutait que Max ou Abysse et encore moins Kellran ne voient d’un bon oeil la cruauté impatiente et la colère impitoyable qui rendaient ses traits presque démoniaques. La présence de Djenka l’aida cependant à retrouver très rapidement le contrôle de ses expressions ; elle aussi aimait Athor, qui avait plus pris soin d’elle que son père – un très bel homme sans nul doute, mais un incapable et un imbécile. Le prince avait confié à Myad qu’il lui semblait presque impossible que si belle et intelligente elfe noire soit née de parents aussi imparfaits. Myad n’avait jamais vu ces gens mais elle avait cru comprendre qu’il s’agissait de ses nombreux non-partisans. Les Quatûnd, Maison de petite taille, avait fait montre de nombreuses fois que le nombre n’empêche pas le vice. Féroces, fourbes, fiers. Leurs femelles aux yeux or étaient dites bénies, elles en étaient d’autant plus chouchoutées et jalousées. Djenka n’aurait eu aucun mal à devenir Mère Matrone, songea l’hybride avec un mélange d’amusement et d’inquiétude.
Chaque personne qui l’accompagnait posait sa problématique propre. Djenka était loyale, elle pouvait avoir confiance en elle – mais elle avait ses comptes à régler, sans doute des désirs précis… Qu’il lui faudrait prendre en compte.

- Voilà qui n’est pas pour nous arranger. Ces gens étaient après toi, Djenka. Te trouver, te faire taire, contrôler cet accès à la surface… Ce n’est plus seulement la Reine qui a des ennuis, le prince aussi.

La princesse reprit la marche, son attitude radicalement différente ; ses mouvements étaient devenus plus rapides, contrôlés et gracieux, elle avançait sensiblement plus vite et dans un parfait silence. Quenthel avançait la tête rentrée, sensible à l’ambiance.
Le chemin s’était stabilisé, même élargi ; à plusieurs reprises ils durent descendre des pentes aussi lisses que vertigineuses avant de retrouver un plat qui serait définitif jusqu’à la fin de ce tunnel. Une importante cavité, creusée artificiellement dans la roche, ouvrait sur une fontaine tarie, entourée de bancs eux aussi taillés dans la paroi, de si habile façon qu’ils ressemblaient à des créatures de cauchemar paisiblement endormies dans un sommeil de pierre précaire. Il y avait des ailes, des griffes énormes, des tentacules. Myad examina la fontaine mais n’y trouva pas d’eau. Elle s’obstina néanmoins à triturer un mécanisme, geste qui déclencha un grand claquement à quelques pas.

- Ils avaient réussi à détecter et à briser celui-ci, pesta-t-elle dans un sifflement reptilien.

Son regard glissa jusqu’à Djenka, où elle y lut le même sentiment d’urgence qu’elle ressentait, et s’égara jusqu’à Kellran. Cette vision la brûla de tout son corps comme une douce blessure ; elle revint aussitôt à la fontaine, vérifiant bien que le piège était hors-service avant de continuer.

Il en fut ainsi de tout l’après-midi ; ils constatèrent que quatre autres pièges avaient été désactivés.
Le froid s’était renforcé et l’atmosphère était pure, libérée de la poussière de roche, semblant cristalliser le silence.

- Dans une douzaine de mètres, nous nous arrêterons dans une grotte qui servait de gîte aux voyageurs. Nous y passerons la nuit.

Tout en parlant, Myad fouillait l’obscurité de toutes ses forces, la cherchant avec une attention maximale. L’avaient-ils tuée ? Ou bien étaient-ils passés en comprenant le subterfuge ?
Une fente énorme, noire dans le mur gauche… Des os éparpillés sur le sol. Il n’y avait aucune poussière sur ces os. Ils étaient lisses, propres, et brillants.
La bête jaillit sans prévenir, obscurcissant sa vision de sa masse gigantesque dans un rugissement suraigu.
Quenthel recula si vivement qu’elle en bouscula sa cavalière, qui se prit la créature de plein fouet, et renversa Djenka qu’elle fit tomber en arrière. Encore accrochée à Myad par ses rênes, la lézarde émit un gargouillis lorsque son mors la coupa net dans sa course, et s’agita en vain pour échapper à ce prédateur imprévu.
Couchée par terre avec un bras immobilisé par les rênes qui s’étaient emmêlées tout autour, Myad respirait l’haleine fétide de son assaillant, dont les longs crocs minces étaient jaunes et luisants de bave. Au-dessus d’un nez triangulaire et rose, deux yeux en amande d’un vert luisant se fendaient de pupilles verticales. Une épaisse toison d’un noir brunâtre lui tenait lieu de chevelure et venait chatouiller la peau de Myad. Ses pattes puissantes étaient recouvertes d’un court pelage d’un noir luisant.

- Tu aurais pu t’essuyer les babines pour nous accueillir décemment, Jejtirâ.

Le sphynx émit un rire qui ressemblait à un monstrueux mélange entre un gloussement de fillette et un grondement d’ours. Elle lécha le visage de sa proie, provocatrice, avant de se reculer suffisamment pour la laisser respirer. La créature s’assit sans se départir de son vilain sourire.

- Tu as laissé passer des étrangers.
- Ils ont correctement répondu à mon énigme, répondit Jejtirâ de sa voix étrange en utilisant la langue commune de la surface – d’ordinaire, elle parlait en drow.

Ce qui rappela à Myad ce que lui avait dit son père la première fois qu’elle l’avait vue : « Méfie-toi de ce que tu crois connaître. » Jusqu’ici elle s’était dite que Jejtirâ ne sortait de son sommeil que pour vérifier par une énigme que c’était bien Athor qui passait par ici, ou ses affiliés. A présent elle réalisait amèrement que le prince l’avait peut-être cantonnée là, mais ce n’était pas pour ses beaux yeux qu’elle la laisserait passer.

- Quels appétissants voyageurs, fit la créature en dévisageant très longuement chacune des autres personnes présentes. Sauriez-vous répondre à mon énigme ? Vous n’avez droit de ne soumettre que trois réponses, alors choisissez bien. Si vous avez faux vous m’aurez ennuyée, alors je vous mangerai.

Un très bref instant Myad songea à la tuer. Ils étaient nombreux, elle était seule. Mais… Seraient-ils assez fort ? Un sphynx est une créature d’autant plus dangereuse qu’elle est capricieuse.
Se tournant vers ses compagnons, la princesse les fixa d’un air interrogateur. Devant leur résignation, leur curiosité ou leur enthousiasme, elle revint vers Jejtirâ et lui fit signe d’énoncer son énigme.

- Je suis le refuge du pauvre et du fou, votre seul ami. Vous pouvez me parler mais ne me verrez jamais. Qui suis-je ?

[Interdiction de chercher la réponse sur Internet ]
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Djenka

Espionne du Cam Serarna

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Djenka
Espionne du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Dim 18 Mar 2012 - 19:20


Un vide total. Elle tâtonna la zone de son esprit où se trouvait habituellement Djenka, mais elle n’y trouva qu’un mur impénétrable. La drow se trouvait désormais à un endroit ou l’esprit de la dragonne ne pouvait la rejoindre. Plus de préoccupations inutiles de bipèdes qui parasitaient sa tête, tout était désormais calme, serein. Mais plus non plus de cet amour inconditionnel, ni cette complicité qui les liait comme rien ni personne d’autre ne pouvait le faire. Elle était seule.
Avant de retrouver Djenka, elle avait passé la première année de sa vie seule, sans compagnon de lien, mais avec cet étrange sentiment d’imperfection, comme si elle n’était pas complète. Depuis qu’elle avait retrouvé l’elfe pour qui elle avait éclos, le lien s’était fait, indestructible. Et depuis, chaque séparation était insupportable. On ne s’habitue jamais au manque, on apprend seulement à vivre avec.
Le regard de la jeune Delva la sortit de ses ruminations. Elle souhaitait rester avec son dragon, mais se préoccupait tout de même de la dragonne sombre. Etonnant. Cependant, Dark préférait les laisser tranquille, et apparemment, Yenlui partageait son avis. Elle ignora l’amour qui débordait de lui, et remercia Athorn qui se proposait de rester en sa compagnie. Décidemment, ce dragon plus âgé, qui semblait avoir acquit la patience des ainés, était une bonne compagnie, et Dark espérait qu’ils auraient l’occasion de faire plus ample connaissance.

*Merci, mais je ne souhaite pas te déranger, si d’autres tâches t’attendent ailleurs. La solitude n’a jamais été dérangeante pour moi*

Puis, la voix de Yenlui raisonna dans son esprit, étant plus celle du dragon Impérial, que celle d’un ami. Elle devait rentrer, pendant que lui et Delva restaient. Peu importe. Elle sentirait le retour de Djenka, même si elle se trouvait à des centaines de kilomètres. Elle rentrerait donc à la Capitale des Ombres, pleine de frustration.

*Tu me trouveras aux appartements de Djenka si besoin. Appelles moi si vous avez des ennuis, je serais là en moins d’une minute. Adieux enfants du Soleil*-dit-elle aux jeunes dragons dorés alors qu’ils s’éloignaient.

Sans savoir comment ni pourquoi, elle sentit cependant qu’elle devait rester là, au moins quelques minutes de plus. Elle ne se releva donc pas, et d’un regard neutre, fixa le chemin qu’avaient prit les deux pattes, et attendit.

¤¤¤

Maintenant qu’ils étaient tous là, ils pouvaient avancer. La pente était raide, et le jeune cheval pas à son aise. Les chemins montagneux ne le dérangeaient guère d’habitude, mais il n’aimait pas l’obscurité, et le faisait bien savoir. D’un ton sec, la drow le réprimanda, jurant intérieurement. Il allait signaler leur présence à toutes créatures, et ce n’était vraiment pas une bonne chose en ces lieux maudits. Puis la voix du général se fit entendre discrète tout en restant parfaitement audible. Il proposait un anti-poison à effet longue durée, qui paralysait plusieurs sortes de poisons. Bonne idée. Djenka aurait préféré qu’il énonce la totalité de ce que contenait cette fameuse gomme, mais n’en dit mots. Comme tout tueur, elle avait également ses secrets pour contrer la mort, et la provoquer, et il était déplacer de demander à d’autres de les révéler. Elle se tut donc, et imita Myad, acceptant en toute confiance ce fameux antidote. Elle ne s’en servirait pas pour le moment, si tout se passait bien, ils n’en auraient pas besoin avant d’atteindre la cité commerciale, ou même Goterada, s’ils se faisaient assez discrets.

- Nous atteindrons le carrefour marchand demain dans l’après-midi… Normalement

A ces mots, l’elfe noire se raidit. La procession était lente, bien trop lente… Seule, dans sa fuite, elle avait fait le chemin en moins d’un jour, perdant du temps à sauver sa vie des nombreux pièges. Là, la situation était différente, ils marchaient d’un rythme lente, alors que lors de son dernier passage, elle courrait comme un diable pour retourner à la surface, en quête d’aide, qui, même si elle était bienvenue, risquait désormais d’arriver trop tard. Qu’en serait-il de Goterada, le lendemain ?
Mis à part son maître, Djenka n’avait rien à perdre. Elle était l’unique héritière Quatûnd, aucuns parents n’étaient encore en vie. Quant à ses amis et bien… En acceptant l’enseignement du couple millénaire, elle avait du renoncer à tout véritable attachement. Mais malgré tout, son peuple risquait de s’éteindre, et elle devait agir. Et puis, bien qu’étant une des plus puissantes personnes qu’elle connaisse, Athor risquait peut-être quelque chose…

- Djenka, je crains que ton cheval ne survive à ce voyage

Oui, c’était certain. Elle avait vu de nombreuses créatures périr de la vie souterraine, et ne souhaitait pas un tel sort à sa monture. La bête était jeune, et pleine de vie. Et puis, ici, elle les ralentirait tous. La jeune femme se retourna, et posa d’un geste doux sa main sombre sur la gueule du cheval. En quelques secondes, elle lui transmit suffisamment d’images pour qu’il comprenne qu’il ne pouvait l’accompagner, et qu’il devait rejoindre son autre amie, le gros lézard noir, qui la mènerait à la maison. Sans chercher à comprendre, Akar frotta délicatement sa tête couleur chocolat contre celle de sa maîtresse, et sans attendre, fit demi-tour à pas prudent sur la pente. Il trouverait le chemin, elle en était sure. Puis, la voix de l’Impératrice mourut, d’un ton inquiétant. Elle se retourna brusquement, en alerte, et vit son amie leur faire signe de s’arrêter. Résistant à son amie de s’approcher, elle mit tout ses sens en alerte, dans l’attente d’un bruit qui trahirait de la présence d’un indésirable. Seulement, la seule chose qu’ils repérèrent, fut une horrible odeur pestilentielle. Même pas une demi-heure, et les ennuis commençaient !

- Ce piège n’aurait pas dû se déclencher

Fronçant le nez, elle s’approcha lentement de son amie, et découvrir l’horrible spectacle qui se déploya sous ses yeux. Des drows étaient passés par ici, et ce piège avait eu raison d’eux. A son dernier passage, ils n’étaient pas encore là… Elle posa sa main sur l’épaule de Myad qui s’approchait du bord, de peur qu’elle ne les rejoigne. Puis, telle une furie, la Princesse se releva, et hurla

- Comment ont-ils pu trouver cet accès ? Il n’était connu que de mon père, toi et moi!

L’elfe soutint le regard lourd de son amie, et plissa ses yeux dorés sans répondre. La soupçonnait-elle de trahison ? Elle qui n’avait pour seul parent que le propre père de l’Impératrice ? Puis, la raison rattrapa les idées de l’Impératrice. Elle était inquiète pour son père, voilà tout. Le monde entier pouvait-être contre elle après tout. Comme l’aurait fait Dark, Djenka entoura son amie d’une vague apaisante et pleine d’amour. Ce n’était pas le moment pour laisser place à la haine, qui fausserait probablement leurs jugements.
Après un long silence, l’elfe noire se risqua d’une voix neutre à parler

-Je pense en effet qu’il a parlé sous la contrainte de son vieux passage vers la surface. Quand il m’a dit de partir, il semblait pressé et inquiet, deux sentiments inhabituels chez lui. Mais à mon avis, il sait ce qu’il fait. Athor ne risque rien, il a pendant plusieurs centaines d’années survécu à tous les complots visant à le tuer, et charmé tout ses ennemis pour garder subtilement une place dans la politique drows. Et si quelqu’un à réussit à pénétrer son esprit, c’est qu’il la voulu. Crois-tu que quelqu’un puisse abattre la muraille d’esprit d’Arget, protégeant son dragonnier ? C’est impossible.

De ce qu’elle avait dit, elle en était certaine. Personne n’était capable de violer l’esprit du Prince. Par contre, il était fort probable qu’en ce moment même, il soit détenu prisonnier quelque part. Sans s’en être rendue compte, elle avait saisie la dague qui décorait sa ceinture, et la faisait tourner entre ses doigts de gestes nerveux. Comment osaient-ils s’en prendre au Prince millénaire qui les protégeait depuis si longtemps. D’un geste haineux, elle rangea son arme, et écouta douloureusement les paroles de l’hybride

- Voilà qui n’est pas pour nous arranger. Ces gens étaient après toi, Djenka. Te trouver, te faire taire, contrôler cet accès à la surface… Ce n’est plus seulement la Reine qui a des ennuis, le prince aussi.
-Ils n’étaient pas encore entrés dans le tunnel lorsque j’en suis sortie. Même si j’aurais préféré, pour m’occuper moi-même de ces traitres. Ce qui signifie que même s’il a des ennuis, Athor y était prêt. Il savait qu’il ne pouvait venir avec moi… Je n’aurais du jamais quitter cette fichue cité – rajouta-t-elle furieusement

Ensemble, les deux dragonniers auraient très bien pu rétablir l’ordre et punir les coupables ! Pourquoi donc tenait-il tant à ce qu’elle parte rejoindre la Princesse ?? Si jamais il perdait la vie durant cette guerre, jamais Djenka ne se pardonnerait la mort de ses maitres, et tuerai de sang froid toutes personnes mêlées à cet acte.
D’un pas semblable à celui d’un cheval que l’on retient de s’élancer, la drow suivit Myad dans le long tunnel. Elle n’avait qu’une envie, continuer seule, à son propre rythme, et retrouver Athor et Arget…

Elle ruminait encore ses sombres pensées lorsqu’ils atteignirent la place des Bêtes de la Fontaine. Djenka n’aimait pas cet endroit, elle ne s’y sentait pas à l’aise. Il était froid, sombre et bien plus lugubre que le reste du tunnel. Les bêtes semblaient vous fixer pour se réveiller au moindre faux pas. Vraiment désagréable ! Elle s’assit à contre coeur sur un de ses bancs froids, et attendit. Ce piège là, il était plus long à désamorcer que dangereux, il était possible qu’ils soient encore ici durant de longues minutes.

- Ils avaient réussi à détecter et à briser celui-ci

Comme si le tentacule de la bête sur laquelle elle était venait de la chatouiller, elle se leva d’un bond. Impossible ! Soit ils étaient très malins, soit l’esprit d’Athor leur avait révélé bien plus d’informations qu’il ne fallait… Peut-être d’autres drows étaient en embuscades, sachant que Djenka avait pour mission d’aller chercher de l’aide auprès de la Princesse, cette fameuse femme qui menaçait leur trône… Elle garda pour elle ses craintes d’attentat contre Myad. Inutile d’inquiéter le reste du groupe, si d’autres étaient là, elle le saurait avant de les voir.

-Il est de plus en plus probable que nous ne soyons pas seuls. Difficile de confirmer cette hypothèse, beaucoup de créatures sont capable de dissimuler leurs esprit aux…

Sa phrase se termina avec un cri surpris de la drow, qui s’étala sur le sol, Ayahantê sur ses jambes. Une seconde plus tard, l’horrible créature vint se poster sur l’hybride, avec son effroyable sourire. Djenka ne put s’empêcher de frémir, et feula discrètement contre le Sphynx. A chaque apparition elle donnait l’envie à la drow de fuir. Bien que pleine de charme, elle la trouvait effrayante et malsaine. Mais là, avec une femme qui écrasait ses jambes, impossible de bouger, elle se contenta donc de la regarder s’amuser de la réaction qu’elle suscitait.
Jejtirâ se recula, et s’assit au milieu du groupe comme si elle était là depuis le début

- Tu as laissé passer des étrangers.
- Ils ont correctement répondu à mon énigme
-Tu connaissais leurs intentions ! –répliqua la drow d’un ton glacial dans sa langue maternelle tout en se relevant

Elle épousseta ses vêtements tandis que le sphynx expliquait aux autres leurs seules et uniques chances de s’en sortir. Les énigmes, elle n’aimait pas, c’était plutôt le genre de Dark, qui passerait volontiers de longues heures en la compagnie de l’affreuse bête. En se redressant, elle croisa le regard meurtrier de Myad, et s’affola, lui faisant discrètement non de la tête. Impossible d’essayer de tuer Jejtirâ, elle était bien plus puissante et dévastatrice qu’elle ne pouvait le montrer ! Ce serait pure folie d’oser s’en prendre à cette créature si fière et orgueilleuse. Elle fit un imperceptible sourire carnassier à son amie, induisant que de toutes façons, en cas de mauvaises réponses, elles auraient tout le loisir de se défendre contre le sphynx.
La fameuse et tant attendue énigme la sorti de ses rêves meurtriers

- Je suis le refuge du pauvre et du fou, votre seul ami. Vous pouvez me parler mais ne me verrez jamais. Qui suis-je ?

Avant même de réfléchir, l’elfe noire se tourna vers ses compagnons. Le sphynx ne les laisserait pas tous s’exprimer, et si quelqu’un connaissait d’emblée la réponse, qu’il s’impose.
Le refuge du pauvre et du fou… Autant l’un que l’autre passe leur temps à ruminer leurs pensées, l’un à cause de ses soucis, l’autre parce qu’il voit en son esprit un interlocuteur intéressant. L’esprit. C’était la seule réponse qui lui venait en tête. En effet, on se parle souvent à soi-même…
De crainte d’une mauvaise réponse, elle murmura ses réflexions au groupe, laissant Myad donner ensuite les trois réponses au Sphynx.
Ah, si les dragons étaient là…

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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 19 Mar 2012 - 19:34


Le groupe de « sauveteurs » formé par Myad avait quelque chose de mythique par son originalité et sa diversité. Elfe, Elfes Noires et humains unis dans un but commun. Tous différents, tous étranges et mystérieux. Il ne manquait qu’un Nain et un Urgal pour faire bonne mesure, voire peut-être un Ra’zac. Les sens en éveil, Kellran ne manquait aucun détail, à tel point qu’il percevait même l’absence de ces détails. Abysse, silencieuse et renfermée, se déplaçait aussi silencieusement que sa bouche était close, des qualités parfaites pour un assassin aguerri. Myad, confiante, ouvrait la marche, traçant la voie au reste de son expédition. Max, quant à lui, prit la parole au bout d’un moment, proposant son remède maison contre les empoisonnements. L’Elfe eut un sourire dissimulé par les ténèbres du souterrain, tandis qu’il félicitait intérieurement son ami de ses excellentes idées en matière de sécurité préventive. Lorsque la main de l’humain se tendit vers lui, il refusa néanmoins :
- J’ai mes propres astuces contre le poison et les autres méthodes d’assassinat.
Il reporta son attention sur la route devant lui, son regard se faisant malicieux en tombant sur Myad. La réflexion qu’elle avait lâchée en réponse à son commentaire ironique résonnait encore dans ses oreilles, manquant le faire rire. Sa dulcinée… Il imaginait parfaitement l’Impératrice se pâmant d’émerveillement devant ce délicieux endroit chargé de toiles d’araignée, puant l’humidité et la poussière flottante. Un régal. Heureusement pour l’Elfe, il oubliait facilement ces petits désagréments lorsqu’il examinait de plus près les fresques murales surgissant de l’obscurité. Il avait bien vite remarqué la récurrence de certains motifs, principalement le symbole du masque, dont il dessinait parfois les courbes du doigt au passage. Il ressentait toute la puissance virile cachée sous cette personnification, la force secrète d’un personnage destiné à se battre contre une loi supérieure. Sa curiosité tenue en laisse, le Fils du Soleil ne posait aucune question, préférant découvrir par lui-même ce dont il aurait besoin par la suite.

Un peu après, Myad leur annonça qu’ils arriveraient au carrefour le lendemain. Kellran se rappelait la carte qu’elle leur avait montré, aussi hocha-t-il la tête, classant ces informations dans un coin de sa mémoire. Il se languissait déjà de la surface, son air pur, son monde ouvert et libre. Le goût désagréable laissé par les poussières au fond de sa gorge le rebutait. A certains moments, il se sentait capable de déployer toute sa magie pour percer un puits vers l’extérieur, amener la lumière du soleil dans ce couloir sombre, rafraîchir l’atmosphère. Par chance, il avait vécu plusieurs années parmi les Nains, à Farthen Dur, et avait une certaine expérience des séjours souterrains. Malgré tout, il se sentait à l’étroit, étouffé, emprisonné, et il détestait cela. Il attendait donc avec une certaine impatience d’atteindre un lieu plus vaste, une caverne, une cité. Et il n’était certainement pas le seul à souffrir. Les animaux de la surface, particulièrement sensibles aux changements de décor, ne supportaient pas longtemps de sentir peser sur eux le poids de milliers de tonnes de roches et de terre. Myad en était arrivée à la même conclusion car elle conseilla à Djenka de laisser partir sa monture pour éviter qu’elle ne dépérisse. Une bonne idée. Elle proposa ensuite de leur trouver deux autres spécimens de ces lézards géants dont elle se servait comme monture, ce à quoi Kellran préféra ne pas répondre. Il n’avait aucune, mais alors absolument aucune envie de poser ses fesses sur une de ces bestioles gluantes au regard stupide. Il n’eut pas le temps d’exposer sa réticence, car Myad se tut en plein milieu d’une phrase, figée dans une attitude inquiète. L’Elfe suivit son regard et remarqua le fossé qui s’ouvrait devant eux, coupant littéralement le chemin en deux par un rectangle noir comme le néant. A en croire l’expression de l’Impératrice, cela n’aurait pas dû se trouver là. Effectivement, pensa Kellran avec un rictus ironique, les fosses ne faisaient pas bon ménage sur une route. Principalement quand la fosse en question était tapissée de pieux capables d’embrocher des bœufs. L’odeur qui en montait indiqua à l’Elfe que plusieurs victimes avaient récemment fait les frais du piège. L’odeur de décomposition était forte, il devait y avoir plus de deux cadavres. Myad descendit de sa monture, suivie de Kellran qui se pencha en avant pour scruter les profondeurs du trou. Il avait vu juste ; sept cadavres jonchaient le fond, armés et équipés pour le combat. De là où il était, il ne pouvait pas juger s’il s’agissait d’Elfes Noirs mais il ne voyait pas quelle autre race aurait traversé ces souterrains. L’Impératrice confirma son hypothèse, allant même jusqu’à définir leur métier. Des unités d’élite apparemment. Tandis qu’il réfléchissait aux rebondissements de leur aventure, Myad referma le piège en s’aidant d’une longue incantation dont il ne comprit pas un traître mot. Elle se tourna ensuite vers Djenka, froide et déterminée comme la mort. L’espace d’un moment, la tension devint électrique. La possibilité que Djenka ait trahi flotta dans l’air. Les mains de l’Elfe s’approchèrent des manches de ses poignards, le fauchard inutile dans un espace exigu. Son regard ambré surveilla Myad, lisant discrètement sur ses traits l’expression qui indiquerait une attaque imminente. Elle arborait le visage d’une prédatrice prête à frapper, cruelle, impitoyable, féroce. Kellran tira la lame d’un demi-centimètre, l’éclat du métal brillant sur les murs à la lueur de la torche non loin. Puis la situation se détendit aussi sec, et l’Elfe put relâcher sa vigilance. Djenka et l’Impératrice discutèrent de leur découverte, avançant des hypothèses dont Kellran ne pouvait pas comprendre la profondeur. Il s’avança sur le chemin reconstitué, impressionné par l’absence de signes révélant la présence d’une fosse mortelle en-dessous d’eux. L’Elfe soupira : les Drows semblaient doués en matière de pièges…

***
Rassurée par la présence de Yenlui, Delva écouta plus sereinement les conseils que celui-ci prodigua à Dark, puis la remarque d’Athorn. Elle ne manqua pas de constater la frustration de l’autre femelle malgré son accord apparent de rester seule. Comme si être séparée de sa compagne Dragonnier n’était pas suffisamment éprouvant. La dragonne dorée n’insista pas, suivit Yenlui en ronronnant doucement pour exprimer le plaisir qu’elle ressentait d’être à ses côtés. Elle souriait bêtement du nom qu’il lui avait donné : « yeux-de-feu », un nom qui leur convenait à tous deux. Au fur et à mesure des jours, plusieurs détails différenciaient les deux jumeaux, la couleur de leurs écailles imperceptiblement dissemblable, la forme des épines parcourant leur colonne vertébrale, le physique de leur crâne. Ils étaient pourtant deux dragons symbolisant parfaitement le soleil, comme l’avait fait remarquer Dark en les laissant partir. Lumineux, radieux, brûlants. Elle se sentit fière, gonfla ses poumons en redressant la tête. Au loin, de l’eau s’écoulait bruyamment, annonçant la proximité d’un torrent de montagne et peut-être d’un lac ou d’un étang. Delva se dirigea vers le bruit, espérant trouver un endroit dégagé où se coucher et attendre le retour de son Dragonnier qui lui manquait de plus en plus à chaque seconde. A peine quelques minutes plus tard, ils atteignirent l’endroit en question, rien de plus qu’une clairière couverte d’herbes rases, une cavité rocheuse remplie d’une eau provenant d’une fine cascade à flanc de roche. Le lieu ne manquait pas de charme et pouvait se révéler confortable avec un peu d’aménagement. D’un violent coup de patte, la dragonne envoya voler un tronc d’arbre mort couché en plein milieu de la clairière, puis plongea la gueule dans l’eau pour s’abreuver, comme si de rien n’était. La tension dans sa posture révélait néanmoins l’inquiétude qui s’insinuait en elle comme un poison, la peur pour Kellran, mais aussi le stress de ce qu’elle allait annoncer à Yenlui. Elle but longuement, s’écarta et se roula en boule dans un coin de la clairière. Son regard perçant d’un rouge profond se leva vers son jumeau. Un voile d’inquiétude y flottait.
***

L’après-midi touchait à sa fin dans le souterrain, du moins c’est ce qu’il semblait au Dragonnier d’après ses estimations. Ils avaient parcouru une bonne distance, évité de peu plusieurs glissades dangereuses et avaient enfin trouvé un chemin plat et stable. Myad avait découvert plusieurs autres pièges, ceux-là désactivés et donc devenus inoffensifs. Cela démontrait le talent de ceux qui avaient pourchassé Djenka. Ce n’était pas bon signe, évidemment. Kellran se sentait mieux maintenant, car l’air autour de lui n’était plus pollué par la poussière de roche. Il respirait mieux, cela l’aidait grandement à supporter d’être sous terre. L’Impératrice annonça qu’ils passeraient la nuit dans une grotte non loin, un choix judicieux pour cette première journée de voyage. Pourtant, lorsqu’il la regarda, elle était toujours tendue, à la recherche de quelque chose. Dans le noir se profilait lentement une ouverture balafrant le mur de roche. S’agissait-il de la grotte en question ? L’Elfe étendit sa perception et sursauta violemment. Dans un tintement de métal, il dégaina ses poignards et s’avança. Trop tard.
Une bête indéterminée bondit sur l’Impératrice, la faisant chuter de sa monture qui percuta Djenka et la déstabilisa. Le rugissement inhumain de la créature résonna violemment, sifflant d’entre deux murailles de crocs pointus, jaunâtres, exhalant un nuage fétide d’haleine faisandée. Le Fils du Soleil se porta en avant, prêt à étriper la bête en moins d’une seconde. Mais les paroles de Myad le stoppèrent net.
« Jejtîra ? »
Il regarda l’Impératrice, puis la créature, cherchant dans sa mémoire des images lui permettant de déterminer la race de ce qu’il avait sous les yeux. Rien ne lui venait à l’esprit. En tout cas, Myad semblait connaître son agresseur et ne pas avoir peur de ce qu’il pourrait lui faire, alors l’Elfe rengaina ses armes, attendant la suite. Jejtîra libéra sa victime, s’assit sur son arrière-train en leur adressant un rictus qui n’avait rien d’agréable, répondant à la question de l’Impératrice avec une parfaite maîtrise du langage de la surface. Le mot « énigme » retint l’attention de l’Elfe. Il avait entendu parler de créatures légendaires énonçant des énigmes aux voyageurs. Ceux qui répondaient poursuivaient leur chemin sans danger, ceux qui se trompaient… disparaissaient. L’haleine de la bête ne laissait aucun doute sur ce qu’il advenait des personnes ayant échoué.

Il ne fallut pas longtemps pour que Jejtîra leur propose ce marché dangereux. Elle énonça les règles, puis souffla son énigme, en réponse au signe de l’Impératrice.
Kellran éclata de rire. Il repensa aux soirées passées à ces jeux avec Delva, faisant travailler leur imagination, leur intelligence. Si elle le voyait maintenant, devoir répondre à une énigme pour sauver sa peau, elle ne manquerait pas d’apprécier l’ironie du sort.
Je suis le refuge du pauvre et du fou, votre seul ami. Vous pouvez me parler mais ne me verrez jamais. Qui suis-je ?
L’Elfe jeta un coup d’œil à ses compagnons d’aventure, jaugeant leurs réactions. Djenka ne tarda à murmurer une proposition, laissant à son amie le soin de répondre lorsqu’ils auraient choisi. Sans se départir d’un sourire, Kellran croisa les bras et se tourna vers Max pour savoir son avis. Lui-même avait sa petite idée sur la réponse mais il n’était pas pressé de l’exposer.


Dernière édition par Kellran le Sam 14 Avr 2012 - 14:43, édité 1 fois
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Max


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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Max
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 19 Mar 2012 - 21:44


Athorn regardait au loin les deux dragons dorés s'en aller au loin pour profiter de leur retrouvailles. Il se retourna vers sa congénère qui lui parlait. La séparation pesait encore dans son coeur, mais il s'efforçait de ne pas y songer. C'était la première fois depuis bien longtemps qu'il n'avait pas trouvé autant de dragons d'un coup, et ce sentiment lui réchauffait profondément l'esprit.

*Merci, mais je ne souhaite pas te déranger, si d’autres tâches t’attendent ailleurs. La solitude n’a jamais été dérangeante pour moi*

La créature émeraude afficha un semblant de sourire avant de rétorquer.

*Je n'ai rien à faire spécifiquement ne t'inquiètes pas. Je peux attendre jusqu'à ce que tu décides de faire, j'ai tout la vie pour faire ce que je veux.*

Le grand reptile vert s'allongea doucement auprès de la dragonne tout en la fixant.

¤¤¤


Le groupe de suicidaire déambulait encore et toujours dans le tunnel, s'enfonçant de plus en plus dans les entrailles de l'Alagaësia. D'un simple geste, l'impératrice avait accepté la proposition du rôdeur. Celui-ci ne fit pas attendre et déposa trois bout de gomme, en prévention, tout comme dans la paume de Djenka. Il ne savait pas combien de temps ils resteraient cloîtrés en Outreterre, mieux valait trop que pas assez. La réponse de son frère d'armes intrigua l'humain qui répliqua à la rigolade :

-Je n'ai aucun doutes sur tes talents d'assassinat mon ami, mais quand à tes résistances aux poisons, j'ai quelques doutes malgré la confiance aveugle que j'ai en toi.

Néanmoins le dragonnier n'insista point et suivit le rythme tout en lançant un clin d’œil au Fils du Soleil. L'air ambiant était remplit de fine particules de poussières et sûrement d'autres choses qui donnaient de temps en temps envie au dragonnier de tousser. Par respect du silence et pour ne pas attirer des oreilles indiscrètes, Max se retenait. Soudain, Myad annonça :

- Nous atteindrons le carrefour marchand demain dans l’après-midi… Normalement.

Le général sourit face à cette remarque. Comment reconnaître le matin de l'après-midi dans l'obscurité la plus totale ! Encore pour le moment c'était assez facile d'estimer le temps, mais dans quelques heures, ce sera beaucoup plus dur de se rendre compte de temps passé. La cheffe de l'expédition brisa à nouveau le silence pour suggérer que les chevaux n'étaient pas fait pour ce genre de quête et qu'il valait mieux les relâcher avant que ce ne soit trop tard ; Sage décision en soit. Et d'un coup, son expression serein changea du tout au tout. Elle ressemblait plus à un félin prit au piège, prête à égorger n'importe quelle personne voulant lui nuire.
Des femelles drows étaient empalées à des longues lances qui se situaient au fond d'un énorme trou. D'après la dirigeante du Saint-Empire, ces femelles n'étaient pas n'importe qui. Par pur réflexe, Max encocha silencieuse une flèche et étendit ses sens autour d'eux. Rien dans les alentours n'annonçait une quelconque hostilité.
Myad s'approcha d'un des murs du tunnel avant de marmonner des phrases purement inconnues à l'humain. Comme par magie, deux gros blocs de pierre couvrirent le piège pour laisser le passage libre.


- Comment ont-ils pu trouver cet accès ? Il n’était connu que de mon père, toi et moi !

Ce fut à ce moment là que le dragonnier, comme tout les autres membres du groupe, comprit qu'il y avait un réel problème. Qui plus est pendant un bref moment, la suspicion sur Djenka ne faisait aucun doute.

- Je n’aime pas ça du tout. Mon père a donné, à Djenka et moi, et à nous seulement, le l’existence de ce souterrain, et les moyens de désactiver les pièges qui s’y trouvent. Il ne l’a dit à personne d’autre… Ou bien il y a été contraint. Il aura « omis » de les prévenir des détails...

Le visage de l'impératrice n'avait rien de l'impression de douceur qui en ressortait avant leur départ. Il ressemblait désormais à une sauvagerie contenue, une haine palpable ainsi qu'une inquiétude certaine. Après avoir partagé ce dernier sentiment au reste du groupe, les cinq guerriers continuèrent leur route, marchant dans les pas de l'héritière légitime du trône. Le rythme de marche s’accélérait de plus en plus mais restait néanmoins prudent. Après tout, il devait certainement rester plusieurs pièges, il ne fallait pas tomber dedans, qu'ils soient déclenchés ou non. Pendant plusieurs heures, Max suivait machinalement Myad. Il n'avait aucune connaissance des pièges du peuple d'Outreterre et ne souhaitait pas prendre d'initiative au risque de mettre en danger la vie du groupe entier. A contrario, le rôdeur guettait chaque recoins d'obscurité afin de repérer malgré tout leurs efforts un ennemis potentiel. Il caressait doucement les plumes d'oie de sa flèche empoisonnée, prêt à la ficher entre les deux yeux d'un drow un peu trop louche à ses yeux.

- Dans une douzaine de mètres, nous nous arrêterons dans une grotte qui servait de gîte aux voyageurs. Nous y passerons la nuit.

La nuit était déjà là ? Bien que ses jambes réclamaient un peu de sommeil après avoir marché pendant des heures dans des tunnels plus ou moins étroits ou entretenus, Max restait alerte. Soudain, sans prévenir, une étrange masse noire déboula d'une fente. La bête n'était pas plus grande qu'un homme mais on pouvait deviner une musculature non négligeable sous son épaisse fourrure. De grands crocs luisait à la lumière de la torche, comme s'ils n'avaient qu'une envie : détruire le groupe et le dévorer sauvagement. Sans crier gare, Max tendit son arc et mit en joue cette bête sortit de nul part. Si il avançait d'un pas de plus, la flèche sifflerait jusqu'à son cou.

- Tu aurais pu t’essuyer les babines pour nous accueillir décemment, Jejtirâ.

Le général fit une tête plus qu'étonné en entendant le ton que prenait la meneuse du groupe à l'encontre de cette bête. Sans relâcher la tension qu'il exerçait sur la corde de son arc, Max écoutait les étranges retrouvailles entre la créature et l'impératrice. Une réponse exacte à l'énigme de la gardienne des lieux et le passage leur serait ouvert, sinon...le groupe leur servirait de casse croûte. Le rôdeur n'avait qu'une seule envie, lui décocher une promesse de mort en pleine tête, ce qu'il s'abstint d'exécuter.
L'homme détestait les énigmes, il avait toujours été nul à ce genre d'épreuves et n'osa rien dire. Trois chances, c'était peu, il ne souhaitait en aucun cas risquer une réponse qui les rapprocheraient tous d'un combat à mort... Dans l'énigme, l'histoire du refuge du fou lui posait un problème et Max n'arrivait pas à mettre en corrélation un lieu commun... Tout en tournant doucement autour du monstre, il remarqua le regard que lui lançait Kellran. Il contacta le groupe par pensées :


*Je suis désolé mais je ne serais pas d'une grande aide sur cette épreuve hormis nous rapprocher de ses horribles crocs. Mais je suis prêt à régler le problème d'une façon plus radicale si jamais on devait en venir là.*

Le chef des rôdeurs respirait lentement, attentifs au moindre gestes qui prouverait à ette créature mythologique qu'elle ne respecterait pas sa parole. Cette situation inédites l'excitait, l'adrénaline s'emparait de son corps, son sanglant passé resurgissait dans chaque parcelles de son être. Mais il ne craquerait pas, pas maintenant en tout cas...
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Abysse Yclette


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Abysse Yclette
Représentante de l'Equilibrium
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Sam 24 Mar 2012 - 22:51


Tandis qu’elle évoluait silencieusement dans les couloirs sombres, Abysse mâchonnait la gomme offerte par Max. Le goût amer du purgatif lui laissait une désagréable sensation d’habitude. Dès son plus jeune âge, ses instructeurs l’en faisaient préparer et mastiquer tout en lui apprenant à confectionner des poisons aux effets divers. Le Cornouiller restait toutefois un des purgatifs les plus efficaces pour la plupart des poisons. La jeune femme repensa alors à sa lame qu’elle avait enduite de morteracine, un poison subtil et presque immédiat. Elle en avait même eu recours pour achever un dragon dans le désert, bien avant le début de la guerre.

Un autre temps, une autre époque.

Attentive aux moindres détails que ses sens pouvaient lui offrir, Abysse tentait de tracer une carte mentale des lieues parcourues. Il était difficile de se repérer dans les souterrains tant les embranchements étaient nombreux et bien trop similaires à son goût. Effleurant du bout des doigts une paroi humide, elle se surprit à penser à Hotto. L’Or’hen possédait une affinité surprenante avec la terre. Abysse regrettait sa faculté de deviner les moindres aspérités du terrain par un simple toucher. Elle aurait sans doute dû le prier de l’accompagner.

Soudain, Myad marqua une pause. Le reste du groupe l’imita sans un bruit. Elle passa ses mains sur les parois qui les entouraient. Suivant ses gestes du regard, la jeune femme perçut son trouble. Des pièges avaient été enclenchés. Quelques pas plus loin, plusieurs pics ressortaient de la pierre sombre. Les pointes étaient ensanglantées. A pas prudents, ils s’en approchèrent. Le sang était bien assez frais pour les inquiéter. Abysse jeta un œil critique aux pointes. Elles n’étaient certainement pas les seuls pièges que recelaient ces tunnels.

L’impératrice semblait elle aussi prise au dépourvu et ne cacha pas son étonnement. Passant une main sur une des lames qui hérissait la paroi, Abysse murmura d’un ton froid, dénué de sentiment :

- Rudimentaire, mais terriblement efficace.

Myad soupçonnait des elfes noirs d’avoir voulu suivre Djenka lors de sa dernière excursion en Outreterre. A l’écouter, seules les deux jeunes femmes connaissaient l’existence de ces tunnels débouchant sur le reste de l’Alagaësia. Abysse ne voyait rien de bien rassurant dans ses propos. Evidemment, elle aurait eu de nombreuses questions à poser aux deux jeunes femmes. Cependant, elle devinait que leurs pensées étaient ailleurs et qu’elle n’aurait su trouver les réponses désirées. Ainsi, Abysse préféra demeurer silencieuse. Tout cela, elle le saurait tôt ou tard.

A mesure que la troupe avançait, d’autres pièges furent découverts. Déclenchés, ils n’étaient plus que de vaines menaces pour les voyageurs. Abysse éprouvait néanmoins une certaine inquiétude à l’approche d’un nouveau piège. S’ils ne l’avaient pas encore réalisé jusque-là, les voyageurs pouvaient désormais sentir qu’ils n’étaient guère les bienvenus. Alerte, elle essayait de deviner les prochaines surprises que lui réserveraient les lieux. Elle était toutefois bien loin de s’imaginer la prochaine rencontre qui allait suivre.

Débouchant sur une embouchure plus vaste, véritable point de rencontre, la petite troupe fut stoppée par une imposante silhouette. Les babines encore ensanglantées, un sphinx leur faisait face. Plissant les yeux, Abysse mit plusieurs secondes à accepter le spectacle que ses yeux lui offraient. Un animal tout droit tiré des mythologies les plus anciennes se tenait là, indifférent. Myad lui adressa la parole sans marque de respect apparente. Visiblement, ce n’était pas la première fois qu’ils se rencontraient. Djenka non plus ne semblait guère intimidée par la créature.

Elles échangèrent quelques mots qui n’avaient rien d’une discussion amicale. Se tenant en retrait, Abysse écoutait attentivement. Il était question d’autres voyageurs, visiblement indésirables, que le sphinx avait laissé passer. Gardien de ces souterrains, il soumettait chaque passant à une énigme. Et, à en juger par les ossements jonchés çà et là, l’échec n’était pas recommandé. Sans plus de détours, le sphinx soumit une nouvelle énigme à la petite troupe. Un sourire éloquent étiraient ses babines sombres.

- Je suis le refuge du pauvre et du fou, votre seul ami. Vous pouvez me parler mais ne me verrez jamais. Qui suis-je ?

Abysse ne connaissait pas la réponse à cette énigme. Elle détailla minutieusement le sphinx qui lui faisait face. Scrutant ses muscles, son ossature et son agilité, la jeune femme jaugeait son adversaire. Bien que plus grand et sans doute plus puissant, elle pensait pouvoir en venir à bout. Avec l’aide de ses compagnons, ils ne rencontreraient pas trop de difficulté pour éliminer le sphinx. Abysse plissa les yeux, en proie à de profondes réflexions. En attendant, ils pouvaient toujours essayer de trouver une réponse.

Les voyageurs se jetaient des regards interrogateurs. Bien qu’ayant déjà emprunté ces souterrains, ni Djenka, ni Myad ne semblaient connaître la réponse à cette énigme. De toute évidence, le sphinx prenait soin de renouveler ses énigmes. Abysse croisa le regard de l’elfe nommé Kellran et s’arrêta un instant sur lui. Il semblait confiant. Peut-être possédait-il une idée de la réponse. Si c’était le cas, il attendait visiblement les propositions de ses pairs. C’était bien le genre des elfes ça. Toujours attendre et n’agir qu’en dernier recours.

La passivité de cette race énervait au plus haut point la jeune femme. A ses yeux, cette inaction constante était un véritable gâchis de leur capacité. Elle détourna rapidement le regard et replongea dans ses propres réflexions. Une conscience extérieure vint alors effleurer ses pensées. Reconnaissant celle de Max, le dragonnier du Nomins, elle l’accepta et laissa ses pensées se diffuser dans son esprit. Abysse enviait cette capacité de pouvoir converser sans l’aide des mots, par simples images et suggestions. Elle savait simplement les recevoir mais était totalement incapable de partager ses propres pensées.

* Je suis désolé mais je ne serais pas d'une grande aide sur cette épreuve hormis nous rapprocher de ses horribles crocs. Mais je suis prêt à régler le problème d'une façon plus radicale si jamais on devait en venir là. *

Abysse remerciait la franchise du dragonnier. Bien qu’il avouait ses propres limites pour les énigmes, il s’annonçait prêt à engager les combats si nécessaire. Ainsi, la jeune femme savait qu’elle pourrait compter sur ses réactions en cas d’échec. Elle ne souhaitait guère servir de festin. Remémorant un à un les termes de l’énigme, Abysse tentait de trouver une réponse plausible. Il lui fallait analyser l’énigme dans son ensemble et repousser toute idée trop précise, se rapprochant d’un seul des termes. Abysse entrevit finalement le début d’une réponse.

Elle se tourna vers ses compagnons, incapable de dialoguer par la pensée, il lui faudrait s’exprimer à voix haute. Elle prenait ainsi le risque que le sphinx l’entende et prenne ses paroles pour une tentative de réponse. Se présentant volontairement de profil au gardien des lieux, elle fixa ses compagnons d’infortune.

- La solitude peut-être…

Laissant son indice en suspens, elle prenait tout à coup conscience de ses propres paroles. La réponse lui apparut soudain évidente. Une étincelle éclaira furtivement son regard. S’autorisant un sourire, Abysse reprit sur un ton plus confiant.

- Ou la conscience.

Elle posa son regard sur chacun de ses compagnons, cherchant leur approbation.
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Dim 25 Mar 2012 - 20:16


Yenlui accompagna sa comparse jusqu'au ruisseau, pleinement conscient de la tension qu'il percevait chez elle. Ce n'était sûrement pas dû qu'à la séparation de son Dragonnier, mais à quoi donc ?
Peut-être voulait-elle lui expliquer, sans savoir comment, que leur différence de clans posait v/craiment trop de problèmes. Ou bien avait-elle attendu qu'il se déplace jusqu'à elle au lieu d'attendre paresseusement le hasard d'une rencontre ? Tout cela l'aurait grandement étonné de la part de Delva, elle si sincère et spontanée ; si elle avait eu un problème avec lui ou son allégeance, elle le lui aurait dit aussitôt, avec son corps ou avec ses yeux. Non, non... C'était autre chose.

*Delva... Ne tourne donc pas autour du pot, tu me rends fou* lui confia le dragon avec un grognement mi nerveux, mi amusé.

Il se coucha près d'elle en lui donnant un petit coup de tête d'encouragement.

*As-tu peur que je me fâche ? Tu sais bien que je ne te ferai jamais aucun mal.*

¤

Myad n’aimait pas les énigmes.

Elle aimait les choses simples, directes, subtiles certes, mais sans détour. La dissimulation, les entrechats vicieux, les sous-entendus inutiles l’agaçaient fortement. Elle avait toujours laissé le soin à son père de répondre à Jejtîra ; à lui ces caprices intellectuels apparaissaient comme un jeu dont il ne se lassait pas. Aujourd’hui qu’il était absent, la créature lançait des œillades particulièrement insistantes à sa fille, ses hypnotiques iris vert pâle étincelant de malice. Myad le lui rendait sans faillir ; nul amusement ne teintait les siens. Ils étaient d’une température arctique et d’un tranchant indéniable.
La Dragonnière entendit les murmures de Djenka et entendit la confession prudente de Max, qui lui parurent étouffées alors que sa fixation sur la bête se faisait chaque seconde plus obsédante. Le sphinx ne se contentait plus de la regarder avec une curiosité provocatrice : elle chantait. Elle chantait au sein même de l’esprit de son interlocutrice, raide comme la justice, qui subissait en silence le poids de ces paroles étranges.

*Dans un berceau de ronces, il dort, il rit… Sur d’inconnus cadavres, il a grandi… Qui a dit qu’il était maudit ? Qui a dit qu’il était maudit ? Au Diable la prophétie, ce monstre qui ne l’envie ?*

La mélopée joueuse, enfantine, prononcée de ce ton tendre et guilleret, avait une connotation si malsaine que la Dragonnière lâcha un sifflement avant de fermer totalement son esprit, avant de tourner la tête vers ses comparses. Le sphinx gloussa, léchant sa patte de sa langue triangulaire avant de s’étirer langoureusement sur le sol de pierre.
Elle croisa le regard clair-obscur d’Abysse qui semblait beaucoup moins effacée que tout à l’heure, à la surface. A cause des dragons qui l’intimidaient ? Grâce à l’ambiance pesante qui les entourait ? Elle n’aurait su le dire et ne chercha pas de cause.

- La solitude peut-être…
- Peut-être bien…

L’Impératrice jeta un coup d’œil à contre-cœur à la créature, autant pour jauger sa réaction que pour la foudroyer du regard, qui resta indéchiffrable.

- Mon père et ses collections vivantes… murmura-t-elle avec une exaspération flagrante.
- Ou la conscience.

D’un regard, Abysse leur demanda à tous leur opinion sur sa proposition, une nouvelle fois, s’attirant cette fois l’intégralité de l’attention de la souveraine qui revint brusquement à elle. Durant une seconde, la demi-drow retourna cette réponse possible dans tous les sens – avant de décréter intérieurement qu’en effet, elle semblait exacte.
Ce fut aussi ce que dut se dire le gardien du souterrain, puisqu’il émit un sifflement admiratif.

- Bonne réponse, mortelle, roucoula Jejtîra.

L’attention se reporta de nouveau sur elle ; l’être de légendes les observa un par un, l’air toujours aussi curieux et cruel, sa longue queue pointue s’agitant doucement dans l’air.

- Vous êtes libres de poursuivre votre chemin.

On sentait dans sa voix une certaine déception, ce qui poussa Myad à rétorquer, ironique :

- Ne sois pas si triste, tu auras peut-être une chance de nous dévorer au retour.

La créature ricana avant de se glisser sur le côté, enfonçant son arrière-train au fond de sa grotte obscure en ne laissant dépasser que ses avant-bras humanoïdes et son énorme tête difforme.

- A moins que quelqu’un ne le fasse pour moi… Bon voyage…

Myad leva les yeux au ciel – vivement qu’ils soient passés et qu’ils soient enfin tranquilles ! – avant de ré enfourcher Quenthel d’un geste rapide.
La lézarde ne se fit pas prier ; dès que sa cavalière eut frôlé ses flancs de ses talons, elle bondit en avant avec tant d’enthousiasme que cette dernière laissa échapper un éclat de rire. Amusement aussitôt douché par la caresse, imposante, brutale, bestiale d’un esprit vieux comme le monde.

*Tout le monde a ses raisons de mentir, alors pourquoi dirait-on la vérité ?*

L’hybride se tut aussitôt, si raide sous la cape qui l’enveloppait que les déambulations de la lézarde s’en ressentirent. Des mains plus sèches que d’ordinaire lui ordonnèrent de ralentir pour attendre ses compagnons. Quenthel s’ébroua, nerveuse.
Myad n’était pas moins tendue.
L’énigmatique confession de Jejtîra n’était pas à prendre à la légère, et elle le savait. C’était justement ça le problème. Dans quels tortueux tunnels s’enfonçaient-ils tous les cinq ?

¤

La dizaine de minutes qui s’écoulèrent ensuite furent étonnamment silencieuses. La guide était emmurée dans une réflexion dont elle n’aimait ni les causes, ni les débouchés. Chaque question soulevée amenait des réponses déplaisantes ; chaque hypothèse en appelait d’autres, les certitudes ne pouvant qu’être désarmantes, désespérantes alors que les promesses de chaos s’amoncelaient sur leur route. Myad avait toujours cru son père omnipotent et elle commençait douloureusement à en douter. Qui est infaillible ? Les plus puissants ont des faiblesses. Tout le monde en a au moins une. Son pendentif battait régulièrement contre son ventre, bercé par l’allure de sa monture. Les méchants ont une étincelle de lumière qui cause soit leur salut, soit leur perte ; les gentils ne sont pas aussi lisses qu’ils le prétendent. Personne n’est incorruptible, aucune âme terrestre n’est complètement entachée. Elle savait quelle était la plus grande faiblesse de son père. Mais en quoi cela aurait-il pu le mettre dans des ennuis pareils ?

La Dragonnière soupira doucement. Elle le saurait bien assez tôt.

Ils finirent par atteindre une grotte naturelle si spacieuse que Quenthel, surprise par ce plafond soudain haut et ces murs éloignés, s’arrêta tout net. Grâce à des paroles réconfortantes sa meneuse réussit à la faire avancer jusqu’au ruisselet qui zigzaguait en la coupant en deux parties presque égales. Le lézard aspira l’eau dans de grands bruits clapotants alors que Myad descendait de sa selle, qu’elle ôta et posa contre un pilier façonné par la terre elle-même. Les drows qui avaient aménagé le souterrain n’avaient pas touché à cette grotte, dont les parois étaient déjà sculptées comme des pics hérissées, le sol semblable à de la lave refroidie et le plafond grimaçant de figures fantomatiques. Excepté le murmure de l’eau courante, on n’entendait aucun bruit.

- Nous passerons la nuit ici, dit-elle à voix haute. Vous pouvez boire cette eau, elle est pure. Et le sol est solide. Il n’y a pas non plus de piège dans ce secteur, ajouta-t-elle avec un sourire.

Son sourire s’évanouit lorsqu’elle perçut, comme une gifle, l’absence pesante de Yenlui. La Dragonnière chassa cette pensée aussi vite qu’elle lui était venue avant qu’elle ne devienne trop douloureuse.

- Il y a une cheminée d’air là-bas, reprit-elle en désignant un creux noir dans les remous du plafond. Il vous est possible de faire du feu si vous voulez.

Pourquoi dirait-on la vérité ?

Myad déboucla l’une des sangles de la lourde selle noire pour en sortir de la viande séchée, des fruits secs et des arachides. La lézarde, le museau encore dégoulinant d’eau fraîche, lui fit savoir d’un coup de tête sur l’épaule qu’elle avait faim. La dompteuse accéda à sa demande en tirant d’un autre rangement de longues pousses qu’elle lui tendit. Une fois son bec en possession des végétaux, le reptile se coucha sur le sol en roucoulant avec satisfaction. Myad lui flatta l’épaule, amusée par tant de simplicité. Tant qu’elle mangeait, dormait, courait, et était en sûreté, Quenthel était heureuse. Dommage que l’intelligence était proportionnelle au malheur ; les plus stupides étaient indéniablement les plus heureux.
Elle observa attentivement l’installation de chacun pour la nuit. Les gestes les plus anodins sont souvent révélateurs de notre histoire, de notre identité profonde. Silencieuse, curieuse, elle promenait ses yeux partout, et s’attardait sur Kellran. Inévitablement. A présent que l’inquiétude, l’omniprésence du danger s’étaient relâchés, elle ressentait sa présence comme une brûlure d’envie. Son odeur piquait ses poumons avec la malice de milliers de baisers crochus ; l’hybride ne dit ni ne fit cependant rien d’autre que d’éplucher des noix pour les croquer tranquillement, en lançant une ou deux à qui lui tendait la main. Ils avaient tous une expression cordiale de circonstance, même s’il y avait une ambiance indubitablement plus amicale, plus confiante à présent qu’ils avaient senti la brise glacée du danger leur caresser la nuque à tous. Ensemble, on est plus forts. Myad était fort satisfaite d’être entourée d’individus aussi différents, aussi exceptionnels.

Tout le monde a ses raisons de mentir.

Elle ne mentait jamais – contournait la vérité dans le pire des cas. Elle avait été baignée de tant de secrets… Mais tout le monde n’avait pas tant de scrupules. Les drows surtout. Son père… Son père avait oublié de lui parler d’un demi-frère qu’il avait conçu après un viol ; c’était cela qui poussait Myad à espérer une héritière du trône méconnue, qui sait le nombre de bâtards avant et après elle qui avait pu naître ? Y avait-il d’autres choses qu’Athor avait omis de lui dire ? Des vérités encore plus terribles que celles qu’il avait osé lui confier – et il lui en avait dit, des choses horribles…
L’Impératrice bascula la tête avec un nouveau soupir. Elle fixa le plafond en silence, longuement. Qu’avait bien voulu lui dire Jejtîra ?

¤

Le tour de garde fut instauré comme suit ; une heure par personne, en commençant par Ayahantê, qui s’était proposée.

- De toute façon, il me faut étudier mes cartes, avait-elle ajouté paisiblement. Dormez en paix. Nous sommes en sécurité ici.

Ce serait tout autre chose une fois dans la cité, mais ça, ils le savaient déjà.
Une fois qu’ils se furent tous endormis, Myad alla s’asseoir avec son fouet et une dague à la main à portée du feu qu’ils avaient allumé. Son crépitement et la danse mordorée de ses flammes donnait une ambiance bien plus chaleureuse à la grotte. Toutefois…
Elle avait froid.
L’elfe n’avait pas coutume de souffrir du froid ambiant ; cette sensation, elle le réalisa rapidement, venait du plus profond d’elle-même. Levant les mains devant elle, l’hybride en apprécia la couleur. Elles étaient normales… Mais glacées. Cette sensation grimpa le long de ses bras jusqu’à atteindre sa nuque, où un poids s’y écrasa pour ne plus en partir. L’Impératrice écarquilla les yeux alors qu’une sensation d’oppression pure pesait sur ses épaules avec une insistance inimaginable. Elle serra les doigts autour du manche de sa dague, soigneusement empoisonné avec son sang, alors qu’elle sondait les environs de son esprit. Rien. Elle ne trouvait rien.
Cela ne voulait pas dire que personne n’était à l’origine de cette impression… La princesse songea qu’elle aurait préféré être paranoïaque. Un prédateur qu’elle ne pouvait détecter, pourait-elle le vaincre ? La Dame sanglante en doutait.

L’angoisse se fit de plus en plus virulente, à tel point que Myad se secoua comme un animal assailli par des poux, effrayée par cette sensation qui s’accrochait à elle sans vouloir la lâcher. Elle roulait des yeux inquiets autour d’elle, incapable de se réfugier dans le giron de son dragon pour se noyer dans sa confiance, sa chaleur. Seule. Elle se sentait infiniment seule.
Kellran.
Elle n’était pas seule – son obsession était là. Cette certitude l’inonda d’un espoir désespéré qui lui brouilla l’esprit par sa virulence. L’hybride était atterrée devant ces sensations qui la terrassaient. Elle ne voulait qu’un peu de chaleur contre sa peau glacée. Kellran lui donnerait cette chaleur, juste un peu, il n’y avait qu’à s’approcher de lui… Sentir le velouté de sa chair contre sa joue, entendre sa respiration paisible… Caresser ses cheveux de soleil filé… L’Impératrice se glissa jusque lui telle une ombre dans un silence immuable pour s’agenouiller auprès de lui. Son odeur envahit ses poumons en une déflagration douce qui chassa son angoisse. Adieu les faux-semblants, ils n’avaient aucun poids ici. Ici c’était l’Enfer. Les lois ont changé ; au cœur des ténèbres, qu’il fait bon de toucher une personne aimée… La princesse se blottit contre son amant, le nez enfoui dans sa chevelure, sa main accrochée à son épaule. Accrochée à lui comme un bateau tourmenté par la tempête, refusant de quitter le port, de dériver vers les récifs et le néant des abysses… L’angoisse s’assourdit jusqu’à se faire supportable. Ce fut donc tout contre l’elfe, frémissante enfant, que la souveraine du Saint Empire Léonien veilla sur le campement.
Une heure après le début de son tour de garde, elle se détacha délicatement de Kellran en évitant à tout prix de le réveiller avant de sautiller silencieusement jusqu’à Max, qui s’était proposé après elle.

- Général, l’appela-t-elle doucement de sa voix chaude. Voulez-vous bien prendre le tour de garde, s’il vous plait ?

Il accepta, elle le remercia d’un murmure et rejoignit Quenthel un peu plus loin contre laquelle elle se coucha à même le sol. Même si l’hybride ne dormait pas, elle plongea néanmoins dans un état semblable, mélange de rêves et de réflexions qui n’étaient guère joyeuses…
Et dévièrent même jusqu’à ce qui pouvait s’approcher le plus possible du cauchemar.

- Mère, non, souffla-t-elle en se redressant brutalement, alors qu’Abysse finissait son tour de garde.

Elle l’avait dit en drow, ce qui expliqua le coup d’œil interrogateur que lui voua la mercenaire. L’elfe resta un instant abasourdie, sous le choc de ses propres songes.

- Tu peux retourner te coucher, je vais prendre la relève, chuchota-t-elle en se rapprochant du foyer.

En effet la demi-drow ne se sentait plus capable de se rendormir. Pas après ça…

Une fois qu’Abysse eut fermé les yeux, l’hybride replongea dans ses réflexions tout en examinant les alentours avec une attention accrue.
C’était comme assister à un spectacle, dont elle était un spectateur bâillonné et enchaîné. Ou plutôt ligoté. Une corde épaisse, gluante et blanchâtre. Suspendue dans le vide, Ayahantê avait assisté aux événements les plus douloureux de son passé, une seconde fois. Avec le sentiment d’être éventrée à chaque instant, vidée de ses souvenirs et de ses faux-semblants, jusqu’à son pendentif dont elle n’avait pas senti le poids rassurant. Ses doigts se refermèrent sur les Diamants, dont le contact lui fit un bienfait fou. Ils étaient toujours avec elle, toujours. Comme une main, un orteil, un œil.
Gardienne intrinsèquement.

Le jour devait être levé en surface depuis une heure ou deux lorsqu’ils commencèrent à se réveiller les uns les autres. Myad les salua tous d’un hochement de tête alors qu’ils ouvraient les yeux, remarquant avec surprise qu’aucun d’entre eux n’avait l’air d’avoir passé une bonne nuit. La mine de Djenka était carrément affreuse.
Elles échangèrent un regard éloquent. Il ne faisait plus aucun doute sur l’ampleur du chaos qui avait fleuri à Gôterada à présent.

- Je ne vous ferais pas l’affront de vous demander si vous avez bien dormi, dit-elle en mordant dans un lambeau de viande sèche.

Il leur fallait prendre des forces. Le reste du voyage promettait d’être plus qu’une simple ballade.

- Rien à signaler, cette nuit ? demanda-t-elle, au cas où, à la ronde.
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Max


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Max
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Lun 26 Mar 2012 - 23:40


La tension dans la grotte était à son comble. Chaque cellules qui composaient le rôdeur ressentaient l'excitation du combat ainsi qu'un certain type de magie, de maléfice qui oeuvrait depuis leur entrée en Outreterre. Il savait que le groupe n'était pas le bienvenu, mais pourquoi lorsqu'il s'engageait dans une mission, tout le monde voulait voir des morts...
Au fil de son apprentissage dans les Crêtes et de son mercenariat il y a fort longtemps, Max avait apprit à tuer sans sourciller...Il avait même apprit à aimer tuer... Ses pulsions meurtrières refaisaient souvent surfaces lors des batailles, où lorsqu'il sentait un danger planer sur lui, ou sur les gens qu'il aimait.
Dans les bas fonds de l'Alagaësia, Kellran faisait partie de ces personnes, et le général était prêt à se sacrifier, il était préparé à ce genre d'éventualités.

Perdu dans de vieux souvenirs, Abysse la ramena à la réalité.


- La solitude peut-être…

Elle cherchait la réponse à l'énigme, chose qu'apprécia le dragonnier qui n'avait qu'à peine essayé de percer à jour les quelques mots cités par le Sphinx.

- Ou la conscience.

Demandant leur opinion, Max suivit son instinct et approuva. Après tout, dans le pire des cas ils resterait encore deux chances pour se sortir de ce pétrin.

- Bonne réponse, mortelle, roucoula la bête. Vous êtes libres de poursuivre votre chemin.

A son grand soulagement, Max détendit la corde de son arc mais garda la flèche encoché , le périple ne faisait que commencer. Myad répliqua une boutade à la funeste créature avant de lui répondre sur le même ton. Le rôdeur ne prit pas garde des réflexions et attendit que la souveraine les invite à la suivre de nouveau. Soudain, une voix inconnue s'immisça au sein de son esprit pourtant bien cloîtré.

« Il est moral de bannir l’immoral, mais sache qu’ici, c’est une question de survie. »

Le rôdeur comprit que le sphinx s'adressait à lui seul. Sur un ton un peu dur, il lui rétorqua.

« Comment ça bannir l'immoral ? Une question de survie ? »

L'homme se doutait que la créature mythologique ne répondrait pas, sa tentative serait vaine. S'il parler de tuer, il ne bannirait pas la tuerie si leur survie en dépendait. Mais peut-être parlait-il de toute autre chose...
Ils avancèrent dans un nouveau tunnel avant que la main de la meneuse se leva sans hésitation. Qu'y avait-il encore ? Ils n'avançaient vraiment pas vite, mais le danger pesait et une boule au ventre s'installa légèrement chez le général du Nomins. Lançant un regard d'incompréhension à son ami elfe, il avançait aussi silencieusement que possible malgré les différents cliquetis des armures qui brisait le silence de plomb du boyau de pierre. Max se demandait dans combien de temps ils atteindraient la ville, où ils le savaient, serait un peu plus rassuré malgré la menace accrue.
Après plusieurs minutes, ou même des heures – le temps à marcher était dur à estimer-, une grande et grave échos pouvait s'entendre si l'on tendait l'oreille. Peu après, la petite communauté déboucha dans une immense grotte.
Myad déclara quelques consignes au groupe.


- Nous passerons la nuit ici. Vous pouvez boire cette eau, elle est pure. Et le sol est solide. Il n’y a pas non plus de piège dans ce secteur.

Rassuré, Max rangea son arc et sa flèche empoisonnée et entreprit de faire un rapide tour de la grotte. Myad disait vrai, le sol semblait bien solide, portant sur lui un nombre incalculable de tonnes de roches. Les parois étaient elles aussi solide et ne s'effritait pas lorsqu'on la grattait. Peut-être était-ce un ensemble de coulée de lave qui, au fil du temps et d'anciennes nappes phréatique à creuser pendant des millions d'années cette immense cavité. La présence d'eau pouvait expliquer cette hypothèse.
- Il y a une cheminée d’air là-bas, reprit la cheffe de l'expédition. Il vous est possible de faire du feu si vous voulez.


Avec un soulagement non feint, l'humain sortit de sa besace deux petites bûches qu'il positionna juste en dessous de la cheminée naturelle et l'alluma par magie. Le rôdeur était heureux de se débarrasser de ces poids non négligeables. Qui plus est, il avait prit trois grives qu'il fallait cuire au feu : de ce fait, il n'entamera pas ses réserves de viande sèches et autre produits à plus longue conservation. Il entreprit de les cuire et resta pensif avant de demander.

-Est-ce normal de ressentir autant de pression de rejet contre nous ?

En attendant que son maigre festin soit prêt, Max posait son sabre ainsi que son arme à distance près de lui, dénouant par de lents moulinets ses bras par toute ce stress... Et ce n'était que le début !

Plus tard dans la ''soirée'', Myad prit le premier tour de garde pour peaufiner son étude des cartes. En toute confiance, l'humain se coucha et entra peu de temps après entre une transe réparatrice et le sommeil, privilège qu'il avait acquis après tant d'années de dur labeur. Même si cet état second était beaucoup plus efficace qu'une bonne nuit de vrai sommeil, les transes réparatrices elfes donnait quand même de meilleurs résultat:autre avantage de cette race immortelle.
La première partie de la nuit se déroula sans incidents notables, lorsque...


- Général, murmura une voix.

L'homme concerné se réveilla d'un coup en dégainant une dague sous le cou de la personne qui s'était approchée un peu trop d'elle.

- Voulez-vous bien prendre le tour de garde, s’il vous plait ?

Gêné, il rengaina son arme avant de se lever en silence.

- Toutes mes excuses Majestée... Question d'habitude... bredouilla t-il à l'impératrice. Je pense que devant les prochaines semaines que nous allons vivres tous ensemble, on pourrait se tutoyer, oubliant tout titres ou autre marques de politesse qui rallonge plus qu'autre chose notre véritable identité en ce monde... Je dois avouer que je n'ai jamais prit l'habitude qu'on m'appelle par les différents titres que je possédais lorsque j'étais à la tête des Vardens ou que je possède en ce jour...

Il savait qu'il venait de révéler à la drow une ancienne facette de sa vie. Mais au point où il en était, ça n'avait plus d'importance... De plus, la souveraine du Saint-Empire Léonien l'attirait à confier des choses... Le général avait confiance en elle d'une manière indescriptible.

Quelques heures après, lors de sa garde, un étrange phénomène se produisit. Dans un coin de la grotte, il aperçut une masse noire, avec des pattes velues... une araignée. N'ayant rien ressentis depuis leur arrivée, il se leva sans un bruit en direction de l'invitée surprise. Mais à quelques mètres de l'arachnide, elle s'enfuit. Pensant à un pur hasard, il retourna près des braises mais au bout d'un certains temps, une dizaine d'araignées se situaient au même endroit que précédemment... Se doutant qu'elles s'enfuiraient à nouveaux, il entreprit de les enfermer dans une sorte de bouclier, le plus petit possible et renvoyait leur propre image, ne leur donnant aucune vue du campement. Le sortilège n'étant pas gourmand en énergie, le rôdeur le tiendrait jusqu'au levé du groupe. Que faisaient ces drôles de bestioles ? Peut-être que demain Myad saura éclairer ses doutes.

Il alla réveiller en douceur par une petite vague qui avait pour effet de picoter Kellran.


- A ton tour mon ami. Annonça t-il à son frère d'armes en lui tapotant tendrement l'épaule.

Le reste de la nuit fut chargée en cauchemars, ou peut-être en prémonitions...Nuit peuplée de créatures monstrueuses et difformes qui poursuivais le général. Elles essayaient de le capturer, leurs langues bleues dégoulinaient de salive qui réclamaient un repas frugal. Ces créatures de l'enfer étaient doté de centaines d'yeux globuleux qui regardaient leur victime apeurée. Et soudain, ce fut le drame. Dans sa course, le Max fantomatique trébucha, une chute interminable. Peu après, une sensation d'être menottée par des liens invisibles s'empara des poignée du pauvre hommes. Des traces de meurtrissures apparaissaient. Des yeux sortaient de nul part pour surveiller le prisonnier...

Ainsi s'acheva cette affreuse nuit. Il se leva tant bien que mal, l'impératrice étant déjà levée.


- Je ne vous ferais pas l’affront de vous demander si vous avez bien dormi annonça -telle au groupe.

Le rôdeur grommela silencieusement. En effet, sa nuit l'avait certes reposé malgré les images houleuses qui s'étaient emparées de lui. Le général grignota des fruits sec pour se remettre d'aplomb et prépara ses diverses affaires.

- Rien à signaler, cette nuit ? Demanda la drow.

C'est à ce moment là que Max attira par magie la petite sphère qui renfermait encore les araignées qui étaient apparues lors de sa garde.

- Je ne sais pas si c'est un incident important. Mais comme tu nous l'as expliqué avant notre entrée en Outreterre, les araignées sont importante chez les drows. Au départ, il y en avait une et ensuite, j'ai isolé ce groupe qui est apparut au même endroit. La sphère a un sort qui renvoie leur image comme un miroir, mais nous pouvons les examiner à leur insu par contre. Que fait-on ?

Il regarda particulièrement la meneuse du groupe, attendant la moindre décision avec impatience.
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Abysse Yclette


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Abysse Yclette
Représentante de l'Equilibrium
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mar 27 Mar 2012 - 18:51


- Bonne réponse, mortelle, roucoula Jejtîra.

Une victoire sans éclat. Abysse se contenta d’hausser les épaules, désinvolte. Ils venaient d’échapper à un combat mais elle savait que tôt ou tard, ils devraient prendre les armes pour défendre leur vie. Ce n’était que partie remise. Ayant trouvé la réponse à l’énigme, le groupe pouvait continuer son chemin. Myad lança cependant une dernière pique au sphinx qui se contenta d’une réponse sibylline avant de s’enfoncer dans les ténèbres de son antre. Une fraction de seconde avant que son horrible sourire s’efface, la jeune femme sentit la voix du sphinx résonner dans son esprit.

* Celui qui n’a aucun éclat n’a pas à le cacher. *

La voix n’était qu’un murmure empli de multiples menaces. Une fois de plus, Abysse haussa les épaules. Elle savait pertinemment ce qu’elle valait et en-là reposait une de ses plus grandes qualités. Les dragonniers qui l’accompagnaient étaient terriblement puissants. La jeune femme possédait toutefois quelques réserves qui pourraient la sortir d’un mauvais pas et ce, sans l’aide des dragonniers. Tandis que les dernières paroles du sphinx trouvaient échos dans son esprit, le groupe reprit son chemin. Myad avançait en tête sans jamais susciter le moindre doute quant au chemin à entreprendre.

Ils traversèrent des centaines de tunnels et embranchements tous presque identiques avant de faire une halte. Ecoutant son horloge biologique, Abysse devinait que le jour déclinait à l’extérieur. Par ailleurs, la faim commençait à la tirailler. Se contentant d’un repas frugal et baigné de silence, le groupe finit par diviser les tours de garde. L’Impératrice se désigna pour le premier, prétextant le besoin de se plonger dans ses cartes. Sans ajouter un mot, la jeune femme décida donc de tenter de trouver le sommeil. Bien que peu fatiguée, elle savait que les jours à venir ne lui laisseraient sans doute pas autant de temps pour se reposer.

En moins de temps qu’elle ne l’imaginait, Abysse sombra dans un profond sommeil. Celui-ci ne fut cependant pas dépourvu d’images et de rêves pour le moins étrange. Bénéficiant généralement d’un repos calme, la jeune femme n’avait guère plus fait de cauchemar depuis son enfance. A cette époque, ses nuits étaient bercées de formes incertaines, d’ombres difformes et de peurs sans nom. Elle se réveillait alors exsangue, au bord de l’évanouissement. Face aux difficultés qu’elle éprouvait pour surmonter ses cauchemars, ses formateurs lui avaient finalement appris quelques exercices de concentration permettant de dominer son imagination pour s’octroyer un sommeil sans rêve.

Abysse n’aurait jamais cru avoir un jour recours à ces exercices et encore moins les trouver totalement inefficaces. La perversion des lieux semblaient si grande que son esprit se trouvait étiré en des images terribles, évocatrices des pires tourments. A un moment, les dernières images de son rêve s’effacèrent pour laisser place à une obscurité totale. Croyant avoir retrouvé un sommeil plus calme, Abysse voulut effectuer quelques pas pour sonder ces nouveaux lieux oniriques. A son grand effroi, elle sentit alors des liens invisibles freiner ses mouvements. Les ténèbres étendaient ses langues froides sur ses bras nus pour l’empêcher de se dégager. Cherchant à fuir ces nouvelles entraves, Abysse sentit de nouveaux lambeaux s’accrocher à ses chevilles. Serpentant le long de ses membres, elles se resserraient inexorablement.

Pour la jeune femme, il n’y avait pas plus terrible sentiment que de se sentir totalement entravée et incapable d’effectuer le moindre geste. Toute sa vie durant, Abysse avait toujours cherché à assoir une emprise sur les évènements. Elle redoutait de perdre pied et préférait anticiper toutes les situations possibles afin de ne jamais de laisser décontenancer. Et voilà que des liens invisibles, inexplicables l’empêchaient d’esquisser le moindre geste. Elle était prisonnière de ses propres incertitudes. Abysse aurait voulu hurler la terreur que lui inspiraient toutes ses images. Hélas, les liens s’étaient étendus jusqu’à son visage, étouffant ses cris.

Dans un ultime accès de rage, la jeune femme parvint à dégager un de ses bras. Ses mouvements étaient saccadés, son souffle haché mais elle parvint à défaire les liens qui entravaient ses jambes. Aussitôt, elle se lança dans une course éperdue. D’ordinaire rapide à la course, ses mouvements semblaient considérablement ralentis. Abysse sentait le souffle froid des ténèbres qui la poursuivait. Et partout devant elle ne s’étendait que l’obscurité déchiré par des milliers de petits éclats, semblables à des yeux de fauves. Plus un son ne parvenait à ses oreilles. Tandis qu’elle accélérait pour distancer ses terribles poursuivants, ses jambes s’enfoncèrent dans le sol soudainement devenu mouvant.

Abysse tomba à genoux, cherchant à se rattraper à une matière plus rigide. Ses mains battaient le vide, en vain. Elle entendait, non, elle sentait une ombre se rapprocher d’elle. Empêtrée dans le sol boueux, la jeune femme ne pouvait plus lui échapper. Le souffle glacial de l’ombre l’engourdissait. Ses mouvements se faisaient plus lents encore. Ses mains ne rencontraient que le vide et son corps s’enfonçait davantage dans le sol mouvant. Le souffle haletant, Abysse sentait des larmes de dépit rouler sur ses joues. Elles étaient brûlantes, insupportable. Et elle ne pouvait plus rien faire, elle avait perdu. Il était bien vain d’avoir pu espérer fuir aux ténèbres qui la poursuivaient. C’était terminé.

Regarde tes terreurs en face ou elles grimperont dans ton dos.

Ces paroles, susurrées à la porte de son esprit, étaient celles d’un de ses précepteurs. Abysse ne comprit d’où apparut le courage qui l’envahit de nouveau mais elle sut que cette fois-ci, elle ne fuirait plus. Il lui fallait affronter son adversaire et ne plus craindre la mort. Elle était prête à l’accueillir. La jeune femme sentit alors un pan du sol plus dur sous ses mains. Elle s’y raccrocha avec les dernières forces de l’espoir mêlées au regain de courage. Dans un geste vif, elle se retourna d’un bloc pour dévisager la terreur qui la poursuivait. Elle voulait rencontrer ses yeux et la défier, lui montrer qu’elle ne lui inspirait aucune peur.

Se relevant d’un bond, Abysse faillit percuter le visage de l’Impératrice qui se pencher sur elle. Le souffle court, elle la dévisagea un instant ne comprenant sa présence ici. Et puis ses souvenirs vinrent se remettre un à un en place. La jeune femme força un sourire sur ses traits qu’elle savait tirés et acquiesça. Il était temps de prendre son tour de garde. Elle se releva non sans sentir les douleurs de son corps courbaturé. Elle avait sans doute eu un sommeil plus agité qu’elle ne l’avait imaginé. Sans un mot et prenant garde à n’éveiller ses compagnons, Abysse prit la relève de la garde avec soulagement.

Les sens aux aguets, elle remettait de l’ordre dans son esprit. Abysse demeurait légèrement troublée par les rêves qui l’avaient hantée. Il y avait si longtemps qu’elle n’avait plu fait de tels cauchemars. Haussant les épaules, la jeune femme se força à vider son esprit et à ne plus penser. C’est en ces moments que l’on réalise qu’il est terriblement difficile de ne plus penser à une affaire qui nous préoccupe. Abysse décida donc de recentrer son attention sur les lieux, cherchant à percer les ténèbres de son regard acéré. Elle percevait des bruits, rassurants et discrets, des autres habitants des lieux. Au moins, ils n’étaient pas seuls. Et, curieusement, à cet instant, Abysse s’en trouvée rassurée.

*
**

Une heure plus tard, on vint relever la jeune femme de sa garde. Elle échangea un sourire timide avec son interlocuteur, devinant dans la pénombre sa mine soucieuse. Il n’avait sans doute pas trouvé un sommeil très reposant. Craignant de retrouver ses cauchemars, Abysse mit un certain temps à se rendormir. Elle parvint finalement à trouver le sommeil et cette fois-ci, il fut hanté d’images moins troublantes. La jeune femme courrait à perdre haleine dans une sombre forêt. Des arbres immenses la dominaient. Bien qu’elle ne perçut ni la trace d'une proie, ni celle d'un quelconque poursuivant, Abysse s'était lancée dans une course éperdue. Elle ne comprenait la raison qui la poussait à aller toujours plus vite, sans un regard en arrière. Il n'y avait que cette certitude absolue de courir, ce sentiment d'urgence qu'elle ne savait expliquer. Laissant ses pensées loin derrière elle, Abysse continua sa course jusqu’au réveil.

Ce dernier rêve laissa une étrange impression à la jeune femme tandis qu’elle rangeait soigneusement ses affaires. La troupe levait le camp. Chacun semblait rongé par ses propres démons et n’échangeait par conséquent aucun propos. Ce fut dans un silence morne que la troupe finit par replier le camp. Pragmatique, Abysse mis un soin particulier à empaqueter ses effets. Elle vérifiait une dernière fois que ses armes étaient bien attachées tandis que Myad creva le silence de plomb.

- Je ne vous ferais pas l’affront de vous demander si vous avez bien dormi, annonça -telle au groupe. Rien à signaler, cette nuit ?

Abysse haussa les épaules. Tous semblaient avoir passé une mauvaise nuit. Il ne servait donc à rien à s’épancher sur les cauchemars qui les avaient hantés. Max signala pourtant des présences étranges durant son tour de garde. La jeune femme retint un frisson tandis qu’il avouait avoir vu de grosses araignées trainer autour du camp. Grâce à ses talents magiques, il avait pu les écarter sans mal. Abysse regretta un instant de ne connaître de tels tours. La magie lui semblait parfaits un attrayant outil tandis qu’à d’autre moment elle en éprouvait une méfiance inexplicable.


Dernière édition par Abysse Yclette le Mer 28 Mar 2012 - 21:40, édité 1 fois
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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Mar 27 Mar 2012 - 21:10


L’Elfe s’amusait comme un petit fou. Non pas que la situation soit vraiment drôle, car la réponse de l’énigme déciderait de leur vie ou de leur mort. Malgré tout, Kellran aurait bien passé quelques temps avec le sphinx, mettant au défi ses talents et son intelligence. Il était bien le seul, semblait-il, à apprécier ces petits jeux de réflexion. Myad, désintéressée, attendait patiemment des réponses, Max avouait sans complexes ne pas avoir de talent. Le Fils du Soleil croisa le regard de l’humaine, Abysse, et vit qu’elle devinait certaines choses sur lui. Elle savait qu’il connaissait la réponse. Et cela l’énervait. Kellran lui adressa un clin d’œil amusé, sans se départir de son sourire. La femme pouvait bien le juger insolent, en être dégouté, cela lui importait autant qu’un grain de poussière sur sa veste. Et pour cause, il n’en portait pas.
« Une belle énigme, Sphinx. » pensa-t-il en lui-même, félicitant la créature de son génie. Si elle avait su à qui elle avait affaire, elle aurait toutefois évité de choisir cette énigme, car Kellran était passé suffisamment près des différents stades de folie pour savoir quel refuge évitait aux fous la mort et l’abandon.
La solitude peut-être…
La voix d’Abysse fit pétiller les yeux de l’Elfe. Il secoua très légèrement la tête, discret au point que personne ne vit sa désapprobation muette. La solitude n’était pas un refuge, loin de là. La solitude était la prison, le tourment, le cauchemar du pauvre et du fou, un gouffre insurmontable de ténèbres voraces. Il en savait quelque chose, oh ça oui.
« N’est-ce pas, Max ? »
Le sourire du Fils du Soleil s’agrandit en regardant le dos de son ami dans la pénombre. Max avait été en quelque sorte le déclencheur de sa plus terrible solitude, à l’époque où il était marié avec Equina. L’humain lui avait pris sa femme. Kellran avait cru devenir fou, et il l’était devenu dans une certaine mesure. Whedon…
L’Elfe chassa ces souvenirs comme l’on chasse une mouche.
Ou la conscience.
Il se passa une main dans les cheveux, dissimulant un regard satisfait derrière son bras nu. Il était heureux de constater qu’il avait bien fait de rester silencieux, laissant l’occasion à d’autres de faire leurs preuves. Abysse la discrète, la silencieuse, l’effacée, montrait qu’elle était une personne avec qui il fallait compter. La confirmation du sphinx arracha un rire à l’Elfe.

Myad termina la discussion avec la créature sur une boutade qui fit ricaner le Sphinx. La réponse, parfaitement rassurante, augmenta l’hilarité de l’Elfe. Il passa devant la créature, jetant un dernier regard sur son physique de bête hybride, en pensant qu’elle aurait fait une adversaire de taille. L’espace d’un instant, il eut l’impression que le Sphinx lui souriait, à lui seul. Un esprit sans âge fit pression sur ses barrières mentales, l’appelant à les abaisser pour lui délivrer un message. Kellran se détourna de la bête comme si de rien n’était mais laissa passer un bref aperçu de toute la force de l’esprit du Sphinx.
Les drows aussi voilent leurs vices d’un superbe sourire.
La phrase énigmatique résonna avec toute la puissance d’un glas funèbre. Kellran s’arrêta, le visage levé vers la voûte du plafond, et ferma les yeux. Leurs vices. Derrière lui, le sphinx disparaissait dans sa tanière, avalée par les ténèbres. Les drows aussi…
- Tu n’imagines pas à quel point… murmura-t-il.
« Je peux être pire que les drows. » termina-t-il mentalement, sachant que la créature serait la seule à entendre sa confession.
Rouvrant les yeux, il les laissa dériver douloureusement en direction de Myad, de nouveau perchée sur son lézard géant. Un soupir s’échappa de ses lèvres.
« Pire qu’un Drow, pire qu’un Homme, pire qu’un Ombre. Je suis le gris impitoyable d’un monde en noir et blanc. »
Enfin libres de poursuivre leur chemin, ils traversèrent des galeries interminables, plongés dans un silence digne des caveaux les plus profonds des cryptes. Autour d’eux, des ouvertures d’un noir béant indiquaient les entrées d’autres galeries menant à des lieux inconnus de l’Elfe. Il suivait l’Impératrice, leur guide, en direction d’un objectif encore indéfini. Tout cela pour quoi ?
Les drows aussi voilent leurs vices…
Après ce qui sembla des siècles de marche, ils arrivèrent enfin à leur étape de la journée, une grotte naturelle suffisamment spacieuse pour faire disparaître toute trace de claustrophobie des esprits du groupe. Une fissure dans le sol divisait en deux zones approximativement égales la caverne, laissant s’écouler un mince filet d’eau que Myad déclara pure. Un peu plus loin, une cheminée taillée dans la roche offrait la possibilité d’allumer un feu pour réchauffer et éclairer cet endroit par ailleurs douillet.
Ils s’installèrent chacun à leur façon, et entreprirent de restaurer leurs forces par le repos et un repas bienfaisants. De vieilles habitudes incitèrent l’Elfe à s’adosser contre la paroi de la grotte faisant face à l’entrée. Ainsi, il avait une vue dégagée sur ce qui pouvait entrer ou sortir du refuge, mais aussi une vision d’ensemble de la grotte et de ses occupants. Une nouvelle fois, son regard fut attiré par la silhouette de Myad, offrant de la nourriture à son étrange monture. Le cœur de Kellran se serra à la pensée de Delva, loin de lui. La dragonne avait-elle déjà annoncé la nouvelle à Yenlui ? Oui, certainement, depuis le temps qu’ils étaient partis…
***

Delva avait la gorge nouée, sa langue semblait de plomb. Des frissons mettaient à la torture son corps couvert d’écailles. Yenlui la regardait, parfaitement conscient de ses troubles. D’une voix douce teintée d’amusement, il l’incita à parler, l’encourageant ensuite d’un geste de la tête. S’il savait… La dragonne n’avait pas peur qu’il lui fasse du mal, non, sinon elle n’aurait pas insisté pour être avec lui. S’il savait comme c’était difficile de parler dans ces conditions.
« Yenlui… »
La dragonne grogna, en colère contre elle-même d’avoir tant de mal à annoncer ce qui était pourtant nécessaire. Sa queue s’abattit violemment sur le sol, la douleur envoyant une décharge électrique dans tout le corps de Delva qui respira brusquement. Un couinement fusa de sa gorge.
« Nous allons être parents. »
Elle se roula en boule, la queue entourant son corps telle une muraille de protection. Elle n’osait pas regarder le grand dragon en face, effrayée par sa réaction face à un tel bouleversement. Allait-il être heureux, effrayé, énervé ? Delva se rendait compte que malgré le merveilleux moment vécu avec lui, elle ne le connaissait qu’à peine. Et s’il ne désirait pas avoir de progéniture ? Et s’il ne se sentait pas prêt ? Et si…

***
Myad décréta un tour de garde, une action que Kellran approuva. Une heure par personne, cela n’avait rien d’insurmontable. L’Impératrice prit le premier tour, soi-disant pour consulter ses cartes. L’Elfe n’était pas dupe ; la demi-drow ne dormirait pas de sitôt, il le savait. Elle s’installa non loin de lui, dos au feu pour éviter de perdre l’usage de sa vision dans le noir. Le Fils du Soleil se délesta de son fauchard qu’il posa sur ses genoux, à portée de main en cas d’attaque. Ses paupières se fermèrent à demi, deux fentes félines dans le noir, fixées sur l’Impératrice. Deux étincelles dorées amoureuses d’une silhouette d’ombre sur fond de ténèbres.
Leurs vices…
Lentement, le sommeil l’emporta vers d’autres horizons. Le crépitement des flammes dans la cheminée rugissait en arrière-plan, leurs lueurs dansantes traçant des scènes indescriptibles sur les murs de la caverne. Réalité et fiction se mélangèrent jusqu’à devenir indissociables, dessinant des rêves sans queue ni tête. Durant un temps, il sentit une douce présence embellir son sommeil, il sentit un souffle chaud le long de son cou, des bras froids et pourtant irrésistibles autour de lui. Les visions indistinctes disparurent, remplacées par un éclat de lumière éclatante. Puis l’obscurité revint avec une telle force que soudain, les visions devinrent claires.
Il se sentit chuter, chuter jusqu’à rencontrer un sol branlant, instable, fait de graviers qui fuyaient constamment les semelles de ses sandales. Autour de lui, des sifflements menaçants montaient, murmuraient des promesses de mort, de désespoir éternel. Kellran ne respirait plus, il suait, d’une sueur glacée qui torturait son dos, paralysait ses bras. Ses jambes tremblaient, à peine capables de supporter son poids. Et ce noir insondable cachant des milliers d’yeux rivés sur lui, avides de le pourfendre, de goûter sa chair. Kellran recula, trébucha sans tomber, faible et pathétique expression d’une peur sans nom. Un rire cauchemardesque retentit derrière lui, annonciateur de tourments indicibles. Le monde bascula, le sol devint plafond. Il se sentait couché, lié par des entraves invisibles à un sol aussi noir que le ciel. Il eut l’impression que des langues affamées couraient sur sa peau, goûtant le festin à l’avance. Un hurlement de dégoût mourut dans sa gorge. Tout ça…
« Tout ça n’est qu’illusion ! »
Les monstres invisibles ricanèrent comme des hyènes, assurant leur victime du danger.
« Pitoyables résidus de cauchemar ! » hurla l’Elfe en esprit. « Vous n’êtes que faiblesse et mensonge. »
Les monstres crièrent, huèrent leur rage. Des griffes immatérielles transpercèrent le cœur du Fils du Soleil, déchirèrent sa gorge.
« Illusions, aberrations, voici ce qu’est un véritable cauchemar. » asséna l’Elfe en laissant son esprit s’ouvrir.
La Guerre des Phénix… le champ de bataille… viscères, cris de détresse, pleurs, et le fracas des armes, et ce ciel défiguré par les nuages noirs de la bataille… Iliani. La dragonne se dressait devant un rideau de flèches bourdonnant comme des insectes. Ses écailles souillées de sang, de terre, certaines brisées par les lames des épées. Kellran pleurait.
« Non… non ! »
La flèche trouva son chemin jusqu’au cœur de la créature, mettant fin à ses jours en quelques secondes. Et cette phrase, implorée, cette promesse :
Vis pour moi. Je t’aime.
« Rien n’est pire que de perdre un être aussi cher à mon cœur. Tout le reste n’est que poussière. »
Une griffe de lumière trancha dans le vif des ténèbres du cauchemar. Les monstres imaginaires disparurent, leurs cris étouffés.

Kellran s’éveilla juste à temps pour voir Max lui transmettre son tour de garde. L’Elfe réussit à sourire pour remercier son ami puis se redressa. Une main serrant la hampe de son fauchard, il riva ses yeux sur l’entrée de la grotte. Il n’y avait rien, sinon le silence oppressant et le vide. Clignant des paupières, il remarqua une bulle de magie enserrant dans sa toile quelques araignées d’une taille intéressante. Certainement l’œuvre de Max. Kellran se désintéressa bien vite des bestioles. Il y avait des dangers autrement plus inquiétants dans ces galeries, il le sentait. Le cauchemar n’était qu’un avant-goût, une mise en bouche. Il ne se demandait pas si ses compagnons avaient rêvé eux aussi de visions atroces, il se doutait que c’était le cas. La remarque de Myad à son réveil en était la preuve.
- Là où l’ennemi physique fait défaut, l’esprit supérieur lui succède en ces lieux, répondit-il à sa question.
Max amena sa bulle de magie à proximité du groupe pour que tout le monde voie ce qu’elle contenait. Pour les examiner. Que fait-on ? demandait l’humain.
Avant que quiconque puisse répondre, les araignées disparurent, transformées en boules de feu miniatures bien vite consumées, ne laissant que cendres. Kellran ramassa son fauchard, ses prunelles devenues puits de lumière par l’utilisation de la magie. Son visage était un masque impassible, l’incarnation du personnage impitoyable qu’il était face à ses ennemis.
Sans explications sur son acte, il tourna les talons et sortit de la caverne.


Dernière édition par Kellran le Sam 14 Avr 2012 - 14:44, édité 1 fois
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Djenka

Espionne du Cam Serarna

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[Fièvre d'ombres] [PV] Vide

Djenka
Espionne du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Fièvre d'ombres] [PV] | Sam 31 Mar 2012 - 10:27


Le Sphynx patientait, d’une attitude bien trop calme pour être rassurante, pendant que les bipèdes se concertaient. Kellran ne répondit rien, et affichait un air presque amusé, et trop satisfait. La drow l’ignora. S’il connaissait la réponse, pourquoi ne pas la dire immédiatement, au lieu de laisser Jejtîra commencer à s’imaginer le gout de son prochain repas ? Max, en bon guerrier, déclara simplement qu’il ne serait d’aucune aide pour l’énigme, mais le premier à attaquer. Inquiète, Djenka se retourna vers Jejtîra, qui pouvait évidemment prendre ces paroles comme une fière provocation d’un tout jeune humain. La bête fit comme si elle n’avait rien entendue, probablement certaine de tuer sans efforts les cinq voyageurs. Ce qui était d’ailleurs probablement le cas.
Puis, vint la réponse d’Abysse. Délicieux soulagement, qui leur donnait accès à la suite du souterrain.

« Vous êtes libres de poursuivre votre chemin. »

Sans un regard pour le Sphynx qui repartait dans sa tanière, la drow s’empressa de suivre l’Impératrice, qui lançait une dernière pique à la créature. De son habituel ton énigmatique, cette dernière rétorqua, laissant penser qu’ils n’auraient pas l’occasion de repasser par ici. Cette simple phrase accru la méfiance de la Dragonnière. Elle savait que ses paroles devaient être prises au sérieux, Jejtîra en savait bien plus que l’on ne pouvait l’imaginer, sage et vieille créature, qui méprisait autant qu’elle s’amusait des bipèdes.
A l’effusion mentale qui jaillissait de Max, Djenka comprit que la bête s’était amusée avec lui, le perturbant assez pour l’inquiéter…
La drow lui jeta un dernier regard, plein de dégout. Si elle s’amusait à jouer avec leurs nerfs dans cet endroit si glauque et sinistre, autant les tuer immédiatement. Comme en réponse à ses sombres pensées, le vieil esprit de Jejtîra s’imposa en elle

*Cette dragonne et toi avez au moins un point en commun : Vous avez construit votre identité sur des choses qu’on vous a racontées*

A ce contact, Djenka tressaillit. L’esprit du Sphynx s’était habilement glissé entre ses barrières mentales, telle l’eau qui s’échappe des doigts qui tentent vainement de la retenir. Il s’échappa aussi vite qu’il fut venu, la laissant de nouveau seule. Elle ne prit pas la peine de lui répondre, Jejtîra s’en moquait bien. Elle l’ignora donc, continuant son chemin derrière le gros lézard, de sa foulée féline, ses pensées s’égarant désormais vers cette étrange phrase.
Cette dragonne et toi… De quelle dragonne parlait-il ? De Dark ? Probablement. Qui d’autre après tout ? Dark et Arget étaient, à sa connaissance, les seules dragonnes ayant un lien avec elle, que le Sphynx connaissait.
Construit votre identité sur des choses qu’on vous a racontées. Si c’était Dark, la seule chose qu’elle pouvait affirmer, c’était que leur identité, elles l’avaient construite ensemble. Qu’entendait-il par « des choses qu’on vous a racontées ? ». Elles étaient toutes deux jeunes, comment pouvez-t-il dire que leur identité était déjà construite ? La drow bouillonait. Elle ne supportait pas les remarques sur l’unité qu’elle formait avec la dragonne, et certainement pas de cette fichue créature. Mais après tout, ce n’était pas une critique. Et ce n’était peut-être pas non plus de Dark qu’il s’agissait. D’un mouvement agacé de la tête, elle décida de penser à autre chose, sans pour autant oublier cette phrase énigmatique. Les Sphynx ne parlaient jamais pour rien. En avait-il fait autant pour les autres voyageurs ? La dragonnière ne se retourna pas, l’ambiance était pesante, et Myad devant elle s’emblait s’être encore plus renfermée sur elle-même. Oui, il s’était adressé au groupe entier



- Nous passerons la nuit ici. Vous pouvez boire cette eau, elle est pure. Et le sol est solide. Il n’y a pas non plus de piège dans ce secteur

Djenka soupira, presque de soulagement. Enfin ils allaient pouvoir se reposer un peu, et se détendre, malgré l’atmosphère pesante. Peut-être qu’après quelques heures de sommeil, ils se sentiraient mieux dans cet endroit hostile.
Elle s’approcha du feu qui venait d’être fait, s’assit en tailleur près de ses compagnons, et sortit de sa sacoche un lièvre qu’elle avait chassé en venant ce matin. Le seul repas de la journée, qui suffirait, elle achèterait de la viande fraiche et des fruits à la prochaine ville. Le bivouac ne ressemblait en rien à tous ceux qu’elle avait durant ses différents voyages. Tous semblaient enfermés dans leur esprit, ne faisant guère attention aux autres. Une solitude extrême. Et pourtant, ils étaient cinq, humain, elfe, drow, hybrides. Cinq voyageurs, lents et méfiants, déjouant les pièges mortels de ses souterrains.
Alors que les flammes dévoraient la chair du lapin, Djenka tenta d’étendre son esprit, loin. Elle sentit en premier celui de Kellran, bien trop puissant comparé à l’âge de Delva, un nouveau dragonnier n’avait pas cette puissance. Ensuite, celui de Max, inconnu avec une sorte d’aura apaisante, peut-être cela venait-il de son dragon. Celui de Myad, était sombre et changeant, comme à son habitude, sans la présence chaude de Yenlui. Puis, malgré son absence de magie, elle sentit celui d’Abysse briller bien plus fort que les humains normaux. Etrange.
Elle ne s’attarda pas sur ses compagnons, les ignorant d’une manière presque insulte, pour chercher quelque chose de plus puissant. Dark, Arget, la Reine, Athor. Mais rien. Elle hurlait leurs noms en pensées, mais n’obtint nulles réponses à cet appel. Ses yeux dorés pleins de peine s’attardèrent sur Myad. Il fallait se hater, et arriver à Goterada. Elle se renferma alors sur elle-même plus seule et déterminée que jamais. Il fallait les retrouver, tous.

Elle venait de terminer son maigre repas lorsque l’Impératrice déclara qu’elle prenait le premier tour de garde. La drow la remercia d’un hochement de tête, et se releva, emportant son paquetage avec elle, pour s’installer dans un coin, légèrement à l’écart. Elle s’accroupit, elle dégagea de son sac deux grosses couvertures, qui avaient probablement voyagé plus qu’elle. Elle étendit une sur le sol, bien que la dureté ne poserait aucun problème, le froid n’était pas agréable. Elle s’allongea donc sur le sol, et comme à son habitude, se roula en boule, sa deuxième couverture tout autour d’elle.
Epuisée, elle ne tarda pas à s’endormir.

Hélas, ce ne fut d’aucun repos. Le sommeil réparateur auquel elle s’attendait fuyait pour laisser place aux cauchemars les plus affreux. Dans ce monde étrange, elle était seule, et pourchassée.
La drow, étant plus chasseresse que proie, subissait son rêve, comme s’il était plus que de simples créations de l’esprit. Des créatures, bien trop immondes pour être réelles, la regardaient avidement, fuir ce qui semblait être des yeux, des immenses yeux, en l’attente d’une erreur pour se jeter sur elle. Puis, dans ce rêve si sombre, une lumière. Elle était si proche. Sans regarder en arrière, Djenka bondit vers cette lueur d’espoir, souhaitant s’échapper de ce rêve qui l’emprisonnait. Elle y était, plus qu’une foulée, elle serait à l’abris des yeux. Et là, elle s’écroula sur le sol, à quelques centimètres de son espoir de sorte. Elle hurla de rage et de frustration, feulant tel un chat en colère. Se relever, et repartir. Mais impossible. Ses membres semblaient liés à quelque chose d’invisible, de répondant plus à la drow, impuissante dans ce nouveau piège.

D’un geste vif, ses doigts se refermèrent sur le cou pâle de la personne qui venait la réveiller. La respiration haletante, l’elfe sombre la regarda quelques secondes, ne sachant si elle était réellement sortie de son cauchemar. Pas un ennemi. Elle relâcha progressivement sa prise

« Je… Je suis désolée. Je vais prendre mon tour de garde, essayez de vous reposer quelques heures. »

Se répandre en excuse était inutile. Tous ici comprenaient la tension qui régnait en chacun d’eux. Et à sa mine, la personne semblait aussi perturbé qu’elle. Elle se releva, soulagée de devoir enfin surveiller le campement. Elle s’étira, se faufila entre les corps endormi, et vint s’asseoir à l’entrée de la grotte, alerte. Ca serait toujours bien plus reposant que ces rêves...

Une nouvelle fois, elle se trompa. Elle avait passé des jours dans ses souterrains, et jamais elle n’avait eu aussi peur, ni même dans toute sa vie. Une peur qui venait du plus profond de son être, qui la tiraillait, la forçant à se lever, et s’enfuir. La dragonnière devait lutter pour rester en place, à son poste. Elle ne voulait pas. Elle était impuissante ici. Toutes forces semblaient la quitter, personne pour la protéger. Vulnérable, une proie. Encore ce sentiment qu’elle haïssait.
Elle soupira d’agacement, furieuse contre elle autant que contre ce lieux. Ils n’étaient pas seuls. Quelqu’un, ou quelque chose, était ici avec eux. Elle saisit sa dague, prête. Il les observait, se jouait d’eux sans jamais se montrer. Les minutes défilaient sans aucun signe de présence extérieure. Mais elle guettait encore et toujours, se déplaçant silencieusement, et furtivement tout autour du campement.
Cet endroit la rendait folle. Les ombres semblaient s’étirer pour prendre la forme de créatures inhumaines, d’étranges bruits se rapprochaient, toujours plus audibles que les respirations –pourtant trop fortes pour elle- de ses compagnons.

Elle n’arriverait plus à dormir, son tour de garde l’avait bien trop effrayé pour qu’elle puisse confier sa vie à un de ses autres compagnons. Elle décida alors de continuer. De toute manière, il ne restait qu’une heure, et ils se lèveraient sans doute. Et puis, pourquoi dormir ? Elle savait pertinemment ce qui l’attendait. Autant rester éveillée, malgré ce sentiment d’impuissance, elle était toujours plus à même d’agir que dans ses cauchemars…

Quelques heures, ou peut-être quelques minutes s’étaient écoulées. La drow n’en savait rien, et s’en fichait. Son désespoir était au plus haut point, plus rien n’avait d’importance. Peut-être était-ce ces souterrains, peut-être avait-elle un mauvais pressentiment concernant Goterada.
Ils émergèrent tous peu à peu, et malgré les quelques heures de repos, aucun d’eux ne semblaient en forme. Tous cette mine défaite, ou se mêle la peur, l’incompréhension, et la colère. Djenka se releva, ignorant ses jambes douloureuses d’être restée assise trop longtemps, et se dirigea vers ses affaires, jetant les couvertures dans sa sacoche. Se saisissant de son sac, elle se rapprocha du groupe, pour écouter Max qui se questionnait

- Je ne sais pas si c'est un incident important. Mais comme tu nous l'as expliqué avant notre entrée en Outreterre, les araignées sont importante chez les drows. Au départ, il y en avait une et ensuite, j'ai isolé ce groupe qui est apparut au même endroit. La sphère a un sort qui renvoie leur image comme un miroir, mais nous pouvons les examiner à leur insu par contre. Que fait-on ?

Intriguée, l’elfe sombre s’approcha. Comme sa race, elle aimait et vénérait les araignées. Leur présence ici n’était pas anodine, ce qui pouvait être autant inquiétant que rassurant. Alors qu’elle s’accroupissait pour les regarder, les petites sphères prirent feu sous ses yeux, et sous les bruit de pas de Kellran, qui disparaissait.
Un grondement sourd s’échappa de sa gorge alors qu’elle se retenait de le suivre. On ne tuait pas les araignées. Ou pas comme ça, sans raison ! Elle se retourna d’un mouvement lent vers Myad, et d’un ton tranchant déclara

« Il va falloir tenir ton elfe en laisse à Goterada, ou ses manières le feront tuer. »

Sans un autre regard pour le groupe, elle suivit les pas du dragonnier, toujours furieuse. Il ne savait pas ce que ce geste représentait, il avait fait ça sans mauvaise intention. Même si l’ignorance n’est pas une excuse, la nuit qu’ils avaient tous passé avait affuté leurs nerfs, de sorte qu’une tension régnait en permanence. Si des conflits se créaient maintenant, ils n’iraient pas bien loin.
Une longue inspiration plus tard, Djenka semblait calmée, mais toujours autant pressée de sortir d’ici.
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