Survol Je survole les-montagnes-cracheuses-de-feu, depuis plusieurs heures. Je ne suis pas fatiguée. Il ne faut pas. Les dragons doivent combattre, être rapides. Je survole le feu-qui-brûle, et crache mon feu-bleu, qui, pas encore développé, ne dure que quelques fractions de secondes ,et ne fait pas grand mal, comparé à l'immensité de ces démons de feu, immobiles depuis des siècles. Je rugis de rage. Tout cela fait écho parmi les cendres qui-tombent-du-ciel-en-colère, et parmi le calme sinistre et dangereux des montagnes-cracheuses-de-feu. Je n'ai pas de but particulier, si ce n'est de voler, voler à la rencontre de mon dragonnier, que j'aurais du attendre sagement dans mon œuf-bleu-à-l'écaille-plus-dure-que-de-la-roche. Je me pose, le bleu de mes jeunes écailles contrastant avec le noir sanguinolent des éléments des montagnes. Aujourd'hui est un jour agité. Je prends mon envol, poussant sur mes membres tout fins, pas du tout musclés. Je descends dans l'atmosphère basse, et inspire pendant de longues secondes une grosse quantité d'oxygène, qui me permet de remonter très haut , en effleurant de mes ailes les nuages. C'est ce que j'appelle liberté. Une liberté trop calme cependant. Je veux de l'action, je veux combattre, mais n'y arrive pas, n'y arrive jamais! Je rugis! Je rugis jusqu'à manquer d'oxygène. Je me pose tranquillement sur le sol, guettant la moindre chose. Mais pas d'illusions, ici, rares sont les plantes, arbres magnifiques, tant par leur splendeur, que par leur âge atteignant parfois plusieurs millénaires. Ici et là, je vois des chèvres des montagnes. Il me répugne de tuer certains animaux, fiers, dignes. Mais ici, la loi de la chasse, du plus fort est valable pour tous. Aussi, je prends mon envol, planant au-dessus des animaux apeurés, tel un rapace attaquant un lièvre. Je choisis finalement ma cible, un bouc mâle, apparemment trop imprudent, trop querelleur. Ce n'est pas bien d'avoir ces défauts. Pourtant je les ai. Je fond sur lui et plante mes crocs dans son corps, sans regret. Après son dernier souffle de vie, je dévore ma proie, et sens l'énergie affluer en moi tel le feu-jaillissant-des-montagnes. Je suis en Alagaësia. Et j'attends mon dragonnier. Je suis Wyrda, et je combattrais jusqu'au bout de ma vie, malgré mes faiblesses, et mes défauts.