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De là où je viens, deux lunes se partagent la nuit.

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Arsarks


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De là où je viens, deux lunes se partagent la nuit. Vide

Arsarks
Message Sujet: De là où je viens, deux lunes se partagent la nuit. | Sam 22 Juil 2017 - 14:28


Pas un bruit. Pas un souffle. Perchée et immobile, la petite silhouette maculée de boue guettait. Le point d'eau en contrebas accueillerait bientôt la visite quotidienne du cervidé qu'elle convoitait, elle n'en doutait pas. Ce n'était pas tout à fait un caprice ; elle n'avait pas besoin de tant de viande pour elle seule, mais les fourrures qu'elle portait commençaient à montrer des signes d'usure et la sublime créature lui fournirait bien d'autres matériaux. Sans oublier les bois.. un instant elle se perdit dans ses songes. Chez elle, il était coutumier d'inclure la gueule de l'animal au vêtement afin que ses attributs servent d'ornement. Il ne lui semblait cependant pas avoir déjà vu quelqu'un avec un capuchon orné de bois ici. Elle bougea avec une lenteur infinie pour chasser la raideur de ses membres sans émettre le moindre son ou faire frémir son perchoir de verdure. Patience. Plus d'une heure s'écoula encore sans qu'elle ne désespéra. Un bruissement léger, quelques mouvements dans les buissons en contrebas ; il était là. Toujours immobile, Arsarks se contenta de le laisser approcher. Le tuer à une si faible distance n'aurait pas été un problème mais elle souhaiter épargner le cuir. Il lui fallait donc pouvoir directement viser la gorge. D'une seconde à l'autre l'angle fut le bon et elle étendit son bras avec une vélocité surprenante. Le geste sec après une longue immobilité envoya une désagréable sensation jusqu'à l'épaule, mais elle l'ignora. Le trident vient se ficher dans la gorge de l'animal qui lâcha un gargouillis immonde en signe de souffrance avant de fuir dans une direction aléatoire.

Classique. Elle aurait préféré qu'il ne souffre pas mais, elle n'avait jamais été douée pour le tir à l'arc et si la technique de chasse avait son côté cruel, elle n'en était pas moins efficace. Le trident, lesté de grelot, tintinnabulait au loin, lui indiquant la direction à suivre. Bientôt l'animal s'écroulerait, épuisé d'avoir perdu trop de sang et probablement à moitié étouffé dans sa propre hémoglobine. L'arme pouvait bien se décrocher en cours de route, elle avait déjà effectué sa mission première ; il ne restait plus à Arsarks qu'à remonter la piste, poignard en main. Le cerf l'avait rapidement distancée mais, la jeune femme avait pour elle une endurance dont sa proie ne pouvait plus se targuer. Avec un sanglier, elle aurait été nettement moins confiante : même sévèrement blessées, ces créatures pouvaient déployer des quantités d'énergie hallucinante et se montrer des plus agressives. Les grelots ne tintaient plus, signe que le serf avait ralenti l'allure, voire s'était écroulé. Une branche brisée, une trace dans la boue, de la mousse arrachée, un agglomérat de sang. La piste était globalement aisée à suivre mais, la chasseuse ne pouvait se permettre de courir et risquer de louper une trace. Et enfin elle le vit. Essoufflé et le regard vitreux, le trident toujours fiché dans sa chair l'avait à moitié bloqué dans des broussailles. Il tenta de se redresser en la voyant approcher. En vain, ses pattes ne pouvaient plus supporter son poids. Presque avec délicatesse, elle ¨pressa son corps contre celui de l'animal pour l'empêcher de ruer. D'un geste sûr, le poignard vint embrasser le cœur du cervidé.

Que ton voyage soit paisible.

S'occuper de la carcasse lui pris le reste de la journée. Elle enterra les entrailles et marqua le lieu d'un cercle de galets clairs, comme le voulait la tradition de chez elle. Le cercle représentait l'infini, la tombe marquait ainsi l'harmonie du monde à laquelle toute créature appartenait. À part celles issues de la corruption. La lourde besogne lui rendit sa solitude plus flagrante. Parfois elle oubliait. Sa famille de sang comme les caravaniers semblaient appartenir à un passé flou. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, elle aurait rit en groupe, raconté une histoire tout en travaillant ou écouté les autres chanter. Avec un soupir las elle leva les yeux vers le ciel grisonnant. Alors qu'elle aurait eu besoin d'un temps sec, les nuages s'amoncelaient, guère menaçant mais déjà prometteurs d'une belle averse à venir. Les tendons et la peau étant sa priorité, elle les mis à sécher puis entreprit de récolter la graisse et faire cuire un maximum de viande. Elle pourrait toujours enterrer le reste et revenir le chercher le lendemain en espérant que les charognards, petits comme grands, l'épargnent. Les bois étaient vraiment magnifiques... avec un nouveau soupire elle regretta de ne pas avoir de talent de coutelier pour en faire quelque chose. Mais peut être pourrait-elle le troquer à un artisant ? Mh, non. Elle avait beau n'être qu'aux pieds des Béors, Aberon, la grande ville la plus proche, restait à bien des jours de marche. À nouveau, elle se sentit terriblement seule. Ce rythme de vie avait beau être semblable à ce qu'elle avait toujours connu, elle ne tiendra pas encore plusieurs lunes sans sombrer dans la folie. Survivre, oui, et encore... Si elle avait toujours parlé seule, la manie était devenue une nécessité.

Le ciel n'avait de cesse de s'assombrir. Cédant à sa morosité, la conteuse lâcha un cris rageur et envoya un coup de pied dans un caillou. Quelques secondes s'écoulèrent dans le silence, jusqu'à ce qu'elle se résigne à aller se rincer du sang qui la maculait et à plier bagages. Elle n'aurait pas le temps de regagner son abris avant la pluie, encore moins avant la tombée de la nuit, sa traque l'avait menée bien trop loin et elle était maintenant chargée. Résignée, elle pris la route d'une large grotte repérée à l'aller. L'abris, trop vaste, ne lui permettrait pas d'être bien au chaud mais, au moins, elle y serait protégée de la pluie.

Si aucun ours n'a investi les lieux.. Si j'arrive avant la pluie, je pourrais ramasser du bois et faire un feu.

Mais l'univers est moqueur : un fin crachin débuta dans les minutes qui suivirent puis s'intensifia. Sa chevelure nacrée dégoulinait et n'avait plus rien d'hirsute quand elle retrouva l'abris en question. Repérée de loin, la grotte lui avait seulement semblé être une énorme crevasse. Arrivée à sa lisière, l'étrangère réalisa qu'elle était également profonde. Un énorme boyau dont la fin se perdait dans l'obscurité grandissante. Qu'importe, elle n'avait nulle intention d'allerse frotter à toutes les chauves souris qui avaient dû y élir dommicile. Assise bien au sec, elle contempla les pleurs célestes. Sans réfléchir elle se mis à jouer de sa flûte de pan en dansant doucement. Un air empli de mélancolie. Pas à pas, mue par une tension étrange, elle s'enfonça doucement dans la grotte.

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