Et quel nouvel ami ! Fort heureusement, il ne s'agissait pas de ce cher Mr Green et malheureusement pas de l'une des ces personnes que j'aurai bien aimé compter dans notre petite magouille, à savoir quelqu'un sur lequel ne pèserait aucun soupçon. Mais non, pour peu que je m'en souvienne, celui là devait paraître un tantinet louche ne serait-ce que parce qu'il avait passé un temps court, mais suffisamment long, avec mon troisième conspiré qui se terrait quelque part à Urû'Baen et je savais pertinemment que c'était un endroit dont on ne le tirerait pas de force sans subir quelques contrecoups. C'est que visiblement, ses colocataires ectoplasmiques semblaient l'apprécier, le bougre !

" Des nouvelles d'Urû' Baen ?, demandai-je au héraut qui rajustait l'écharpe pourpre de sa fonction en toute hâte, comme s'il était au beau milieu d'officiel parmi les plus influents.
- Fort beaucoup , me répondit-il avec un sourire qui me fit penser que je risquait de ne pas en apprécier certaines. Tout d'abord, le capitaine Zoriam..."

Je haussai un sourcil à la mention du mot capitaine, me demandant si sa langue avait fourché ou s'il avait utilisé ce mot délibérément pour mieux marquer toute la considération qu'il portait au décisions du gouvernement en place. Il dut plutôt bien le prendre car son sourire s'agrandit davantage.

"Bien qu'il ait été destitué de ses fonctions et qu'un nouveau capitaine ait accepté de prendre sa place, la majorité de ses hommes n'obéissent à ses ordres qu'après en avoir discuté avec Sendivogue et Gauledouin. Je ne pensais pas que je le dirai un jour, mais je plains le nouveau capitaine...
- Tant que ça ?
- Oh oui,, me répondit-il en s'asseyant sur la table qui grinça de manière fort inquiétante. Il doit faire appliquer les ordres du conseil par des soldats qui font tout pour les biaiser sans pour autant désobéir. Il a cru qu'en rétrogradant Sendivogue et Gauledouin au rang de simple soldat, il parviendrait à se faire respecter, mais ça n'a fait qu'empirer la situation. Maintenant, il est obliger de jongler tout en marchant sur des oeufs s'il veut éviter de retrouver toutes ses affaires de l'autre coté du repaire. Et le pire dans tout ça, c'est que je crois qu'il a parfaitement conscience que sans lui, Urû'Baen serait tout aussi bien défendue. Entre nous, si c'est comme ça avec la troisième, j'ose à peine imaginer ce que c'est avec celle de Mr Green. Même le conseil semble être désespéré à ce sujet.
- D'un autre côté, qui pourrait commander cette bande de verdâtre si ce n'est leur verdâtre en chef ?
- Personne et c'est ça le problème. Des collègues à moi ont été envoyés à Sil'Arn pour parler au régent qui lui seul semble avoir un embryon d'influence sur les tribus du désert et par là sur les fanatiques de Mr Green. Enfin, c'est ce qu'il parait."

Je restai silencieux tandis que le héraut continuait à me rapportait tout ce qu'il avait entendu et tout ce qui avait été fait. Certains faits, je les connaissais mais parmi les autres, certains me plongeaient dans une vive inquiétude. Amener la division de Mr Green à obéir à quelqu'un d'autre était quelque chose d'impossible puisque il était à leurs yeux, quelque chose comme une figure héroïques, si ce n'était carrément un dieu. Cela, c'était un véritable secret de polichinelle et envoyer des hérauts au régent de Sil'Arn n'allait pas régler les choses. Cela aussi les Dix devaient le savoir, et pourtant ils l'avaient fait, ce qui n'augurait rien de bon. Auraient-il l'intention de lever une armée là bas ? C'était ce que j'aurai fait à leur place...

" Et puis il parait qu'ils ont mis des contrats sur votre tête, à tous les trois. Rien d'officiel bien sûr, parce que...
- QUOI ?!
- Je disais que dès que vous pointerez votre nez dehors, vous risquez d'avoir des chasseurs de prime à vos basques et que vous feriez mieux de suivre l'exemple du Capitaine Zoriam ou alors...
- M'assurer que ces crétins tombent au plus vite.
- Mais ce ne sera pas aussi facile. Sindarian agit de concert avec eux et elle a sans doute plus de partisans que nous le soupçonnons.
- Et le Conseil semble bien sûr de lui, trop pour des hommes qui comptent sur le seul soutien de leur clan...
- Ils sont peut-être mégalos, qui sait ?"

Pour être mégalos, ils l'étaient mais il y avait quelque chose dans cette assurance qui ne cessait de me travailler. Peut-être était-il temps d'aller jeter un coup d'oeil mais il serait difficile pour moi de passer incognito dans les couloirs les plus fréquentés. Je relevais la tête et croisait le regard du héraut. Lui aussi me regarda, comme s'il venait subitement de songer à la même chose que moi.

" Les murs ! On pourrait demander aux habitants du QG de nous aider !", s'exclama-t-il avant de se rectifier par un "Heu non... en fin de compte" en voyant la tête de deux pieds de longs que je tirais. J'aurai préféré tenter une approche à la Mr Green plutôt que de côtoyer ces spectres...
- Ou étendre la magie qui nous fait passer à travers les murs."

* Je tiens tout de même à te signaler que ce que tu appelle mur, ou paroi, s'appelle aussi plancher. Je n'ai jamais vu de lave de ma vie et je n'ai pas envie de commencer à cause d'une erreur de calcul.*, me glissa alors Walsir avec une nuance de reproche dans la voix. Lui aussi voulait jouer les conspirateurs mais cela aurait inévitablement susciter une myriade de questions, à moins que je ne fasse croire à tout le monde que j'étais un dragonnier et que mon dragon risquait de rappliquer.

* N'y songe même pas. Jamais je ne m'abaisserai à jouer les toutous obéissants.*

Là, voilà qui était dit et renforçait ma théorie selon laquelle Walsir était un fervent opposant du pacte qui liait les dragons aux humains et aux elfes. Bref, on était pas là pour discuter de ça...

- Ca devrait être possible de mettre un ensemble de petits tuyaux pour arriver à la salle de réunion. Vous n'auriez pas les horaires de rondes, par hasard ?
- Heu non..."

Bon, nous allions devoir quelque peu improviser et dans ce cas, ce n'était pas la peine d'échafauder de longs plans tarabiscotés. Je fis signe au héraut de me suivre jusqu'à la salle de magie où j'espérais trouver quelque chose d'utile et revenir ici pour élaborer le plan en fonction de ce qui avait été trouvé.

" Temps de partir non ?"

Je sais, ma petite et fausse question avait l'air de tomber comme un cheveu sur la soupe mais l'attente commençait à devenir insupportable. Grace au ciel, je n'étais pas claustrophobe mais rester cloitré dans cette salle qui n'en avait que le nom mettait mes nerfs à rude épreuve. Surtout si c'était pour tirer des plans qui, je le sentais bien, n'allaient certainement pas se réaliser comme je l'aurai voulu. Quelle que sois la manière dont je m'y suis pris par le passé, il y avait toujours cette petite anicroche, ce petit détail qui coin. Dans les bons jours tout du moins parce que les mauvais...
Et bien les mauvais, cette maudite prémonition venait m'assaillir. Rien de très précis, juste un sentiment de malaise ou pire encore quelque chose qui me travaille sans même que je m'en rende compte. Aujourd'hui serait sans doute un jour comme ça mais Walsir veillait au grain. Enfin, c'est ce que j'espérais. Rien ne vaut un second point vue sur la situation et ce qui se passe dans votre esprit.

" Eh bien, si vous le dites..."

Le héraut me suivit sans broncher, comme si lui aussi était en proie à un quelconque déchirement intérieur. Lui n'avait pas trop de problèmes avec le conseil des Dix et, dans un sens, ce qu'il faisait en cet instant précis revenait à un plus grand sacrifice que si cela aurait été moi. En d'autres temps et d'autres lieux, je lui aurait dit ce que je pensais de lui mais là, ce ne me semblait pas opportun, mais alors pas du tout...

A peine l'entrée de notre trou fut elle franchie qu'un grand fracas résonna derrière nous. Nos deux regards se croisèrent, juste le temps que nos deux épées soient tirées au clair.

" Bah d'où il sort celui là ?", fit le héraut, visiblement surpris de trouver quelqu'un à l'endroit que nous venions juste de quitter.
Je ne prononçai pas le moindre mot, toujours sous le choc d'être passé à deux doigts de la catastrophe. Depuis quand ce type nous écoutait-il ? Qu'avait-il entendu précisément ? Etait-il le seul ? comment avait-il fait ?
Toutes ces questions se bousculèrent dans ma tête mais une seule parvint à franchir le rempart serré de mes lèvres.

" Pour qui travaillez vous ?"

Mon regard ne s'était pas détaché une seule seconde de l'intrus, froid et dur. J'étais prêt à le tuer si la réponse ne me plaisait pas où s'il tentait quoi que ce soit contre nous...
Quoique. En le regardant comme il était, à moitié affalé sur la table et complètement misérable, il me vint une idée. Un petit peu diabolique, particulièrement fourbe. Pas à ma hauteur de celle dont j'avais été victime mais elle était loin de me faire gagner des rangs parmi les adeptes de la morale. Ce serait même plutôt l'inverse.

" Après toi !", fis-je en l'encourageant à se diriger vers la direction voulue à l'aide de la pointe de Tranchenuit. " Changement de plan. Nous allons rendre visite à nos chers dirigeants..."

Mieux valait y aller franchement maintenant que nous étions découverts.

" Tu peux encore faire demi tour..."

Un air indigné se peignit sur la figure du héraut et je regrettai aussitôt ma proposition et ce qu'elle pouvait sous entendre sans que je n'en ait eu la quelconque intention...

" Au fait, il est passé où, Valentin ?" s'inquiéta le portier une fois que tous furent partis. C'était le seul qu'il n'avait pas vu passer.

Ici, l'être doué de rêverie que je suis se permet d'imaginer un peu ce qui pourrait se passer, si soudainement, une voix jaillit de nulle part répondait :

" À travers le mur, portier. Et il entendra les grillons des Enfers, lorsque les Ténébres le priveront de sa vie.
- Mais on s'en fout de ce mot de passe. Pis vous êtes qui ?

Fin du rêve, retour au rêve...

" Du mur," marmonne Valentin en réponse à la question de l'héraut. Mais très vite, il abondonne tout air bravache en voyant le capitaine Garnyiss - pour lui, c'est toujours le capitaine, qu'importe les ordres du Conseil, et même si il a tué Amayläe. C'est un truc qui s'oublie pas si facilement, l'instinct de commander.

" Pour qui travaillez-vous ?" demanda alors Garnyiss, avant de se raviser et de lui intimer à l'aide de son épée de le préceder jusqu'à la salle du Conseil. D'ailleurs, à l'heure qu'il était, dame Sindarian devait s'y rendre elle aussi, non ?

* Aïe, aïe, aïe...*

Retour à Sindarian, et à son escorte, qui passe d'ailleurs non loin de là. Pas de doute, ils vont se croiser. Cinq secondes,...,deux secondes, une seconde. C'est fait, ils se voient. Garnyiss, le héraut et Valentin, et Sindarian et ses dix soldats. Ca va être beau à voir - ou sanglant, au choix des interessés. L'émissaire du Nomins Ageati se fige, remarque l'adolescent, et avec un sourire amusé, ordonne, simplement :

" Courez jusqu'à la salle du Conseil, emparez vous des Dix, avant ce *** de traître de capitaine. Maintenant !"

Puis comme si de rien n'était :

" Capitaine Garnyiss, quelle joie de vous revoir ! Cela faisait longtemps. La mort d'Amayläe, non ? Qu'est ce que vous faites de vos journées, maintenant qu'elles sont libres de toute obligation ?"

Gagner du temps, le temps que les autres s'emparent du pouvoir...

Diantre, quelles étaient donc mes chances de tomber sur quelqu’un au beau milieu de ce dédale de tunnels tous plus engageants les uns que les autres. Une sur un million, sans doute, ça expliquerait pas mal de choses.
Sindarian devant moi par commencer, plus malpolie que d’habitude. Déjà, j’entends Walsir m’expliquer par le menu tout ce que je devrai répliquer au charmant qualificatif précédant le mot traitre. Surprenant de sa part, je me serais plutôt attendu à ce qu’il me demande gentiment de l’étriper au lieu d’utiliser un vocabulaire aussi fleuri. Minute, maintenant que j’y pense, c’est de moi qu’il doit le tenir, ce vocabulaire. L’autre ne se prive d’ailleurs pas de me le faire remarquer.
* Oh la ferme ! *, lui réponds-je avec humeur. J’ai déjà suffisamment à penser sans pour devoir y rajouter les jérémiades incessantes d’un dragon qui n’en a plus que le caractère...
Bon bon d’accord, je n’ai rien dis, tout le monde retourne à ses petites occupations. A savoir continuer ce que nous étions en train de faire, mais en silence. Mine de rien, il y a un sacré écho dans le tunnel – c’est parfois même embarrassant pour certaines personnes – et les murs ont bien plus que des oreilles. Ils renferment également des espions pas très discrets à la solde de Sindarian et sans doute d’autres joyeusetés. Enfin joyeusetés, je ne suis pas sûr que le mot convienne parfaitement.
« Oh la routine », fais-je dans un haussement d’épaulr. « Manger, boire, s’entrainer enfin, je suis sûr que vous savez ce que c’est. Quoique, après réflexion, je… Oh oubliez ça !»

Pas besoin d’être un génie pour se douter qu’arrêter la soldatesque de Sindarian sera chose fort bruyante et fort délicate compte tenu de tous les paramètres en jeux. Dix magiciens – ou pire – ce n’est pas de la tarte à affronter en temps normal, alors s’ils sont préparés et remontés comme des coucous…

« Vous ne vous êtes jamais retrouvés en tête à tête avec l’autre verdâtre pendant plus d’une minute, n’est-ce pas ? »

Le héraut m’adresse un léger clin d’œil, comme si cela le faisait bien marrer. En même temps, il m’apprend que la cavalerie devrait débouler d’ici peu. Comment ? Pas la moindre idée. Moins j’en sais, mieux ce sera au cas où je viendrais à être capturé et puis, Mr. Green et les plans longuement préparés, je suis à peu près sûr que ça fait au moins trois.

« Et vous ? Qu’est ce que vos hommes comptent faire ? Un bowling ?»

Sur ces mots, je dégaine Tranchenuit et la pointe vers Siandarian.

[color:a196= #006300] « Comprenez qu’il n’y a rien de personnel là dedans. »

*Tiens donc ?*
« Mais je ne peux tout simplement pas vous laisser interférer, Sindar…
– Mouahahahahaaaaa ! Uhuhu !! »

Je laisse échapper un soupir désespéré. Irrécupérable. Ce type est tout bonnement irrécupérable. Comme si un rire machiavélique répercuté de toutes parts allait effrayer quiconque ! Au mieux perdront-ils quelques précieuses secondes à se demander s’ils ne risquent pas de se retrouver nez à nez avec un chameaux de guerre. C’est toujours mieux que rien, mais quand même.

« Ecartez vous ou trouvez vous de quoi vous défendre ! »
* Diantre, quelle théatralité !*

Et le rire de :mrgreen : de ponctuer la pensée de Walsir tandis qu’il pointe le bout de son sourire Colgate devant les hommes de Sindarian. Le premier d’une série un peu plus longue. Personne n’avait cru que quatre péquenots et demi n’allaient tout de même pas tenter de renverser le Conseil des Dix à eux tous seuls ? Si ?

Avec un sourire entendu, Sindarian écouta Garnyiss lui raconter sa vie depuis le meurtre d'Amayläe. Rahlala, ce que ça pouvait être passionnant. Pour résumer, il n'avait rien changer à ses habitudes. Le Nomins Ageati était-il donc si peu décidé à lui mettre la main dessus pour qu'il ait pu continuer à vivre sa vie comme si de rien n'était, et en plus fomenter un complot contre le Conseil des Dix ? Enfin, tout ça changerait quand le Conseil serait renversé, que ce fut par l'un, ou par l'autre.

«Quel autre verd...? » Les yeux de Sindarian s'écarquillèrent. «  Vous vous êtes allié à lui ? » demanda-t-elle, abasourdie. Un soupçon de compassion passa dans son regard, et la brusque envie de s'écarter pour laisser passer le capitaine, afin que sa tragique alliance avec Mr Green prenne fin le plus tôt possible. Par tous les dieux, il devait vraiment être désespéré, pour se trouver dans cette situation.

Mais l'émissaire étouffa vite ce sentiment, consciente que même si Garnyiss constituait un moindre mal que le Conseil des Dix, ce serait un mal tout de même pour le Nomins Ageati. Quoique...elle pourrait très bien se servir de lui pour parvenir à ses fins. Ce qui se retournerait contre elle au final, bien entendu.

« Oh, mes hommes, vous savez...Ce ne sont des grands garçons, maintenant, ils font ce qu'ils veulent. Surtout quand... »

Sindarian se tut brusquement. Garnyiss venait de dégainer son épée, et la pointait d'un air menaçant vers elle...


Valentin avait profité d'un moment inattention du capitaine pour lui fausser compagnie, et rejoindre Sindarian le plus discrètement possible.

« Rien de personnel ? Oh, très bien, alors. »

La jeune femme sortit d'on ne sait où une boule de 5 centimètres de diamètre, qu'elle soupesa avant de lancer au capitaine :

« Approchez si vous l'osez. »

Retentit alors un rire à vous glacer le sang, le genre de rire que vous ne souhaiteriez n'entendre qu'une seule fois, à défaut de jamais. De surprise, Sindarian lâcha la boule, qui rebondit une fois, deux fois, avant d'aller exploser au pied du capitaine, libérant une fumée noire dans laquelle on ne voyait rien. Etait-il nécessaire de préciser que Sindarian et Valentin en profitèrent pour s'escamoter en direction de la salle du Conseil, par une voie que leur dix hommes ?


« Wahou ! Comment faites vous pour avoir un sourire aussi blanc, Mister Green ? » demanda, émerveillé, Evarless, un jeune homme fraichement recruté par la conspiration, tandis que les neufs autres de la bande hésitaient sur la conduite à tenir.

« J'ai tout essayé, vous savez, pour avoir des dents blanches comme les vôtres. J'ai mâchonné des herbes, je me suis frotté les dents avec des pâtes immondes, mais rien n'y fait. Ca ne vous dérange pas si je reste pour discuter avec le capitaine ? » demanda t-il alors, se tournant vers les autres. Ceux-ci, partagés entre l'hilarité et la sérieuse envie de mener à bien leur mission, loin de Mr Green, acquiescèrent en cœur, l'un d'eux se permettant même d'ajouter un «  Non, non, vas-y, les dents, c'est importants. » avant de partir.

« De vrais copains...Ah oui, vous voulez du thé vert ? » proposa Evarless à Mister Green, sortant de nul part une flasque et deux tasses.

[On va mettre ça sur le fait que Tranchenuit mène sa petite vie dans son coin ]

" Exactement, lui."

L'arme absolue par excellence, capable de pétrifier une armée par sa seule présence et le choc visuel qu'elle engendre. Ca ne se fait pas de cracher sur une telle opportunité, surtout si elle est parfaitement capable tant de se défendre que d'attaquer. Mr. Green n'est pas devenu capitaine à cause son simple sourire, il faut bien le reconnaitre.

A l'heure qu'il est, il doit sans doute avoir rejoint les hommes de Sinadarian. Pour faire quoi ? Personne ne saurait le dire à l'heure actuelle tant le bonhomme est lunatique et imprévisible. toutefois, s'il devient sérieux, il devrait me donner le temps nécessaire pour passer outre Sindarian. Elle même semble avoir autant envie de se battre que moi, j'imagine. la preuve en est de ce qu'elle tient entre ses mains. Une boule d'apparence inoffensive. Un autre coup tordu en perspective oui ! Je connais suffisamment l'état d'esprit de certaines personnalités du Nomins Ageati pour savoir qu'il y a toujours un coup fourré quelque part.

Sitôt la boule de sindarian tombée au sol, la fumée s'en échappe, aussi noire qu'un puit de charbon. Elle s'insinue dans chaque recoin, transformant cette section de tunnel en une mer de ténèbres. Empoisonnée, peut-être...
Cette seule idée suffit à mettre Walsir sens dessus dessous. Mourir empoisonné, voilà une perspective qui semble l'amuser au plus haut point. Serait-il devenu suicidaire sans que je n'e m'en aperçoive.

* Non, c'est juste que j'ai jamais testé..., ricane-il tout en me laissant me débrouiller avec ce que je tire de sa présence. A savoir dans ce cas ci, un odorat suffisamment développé pour pouvoir suivre Sindarian à la trace grâce aux indications de Walsir - de quoi se poser des questions tout de même...

Fort heureusement pour mes orteils, la fumée s'est étendu moins loin que je ne le pensais. Mes yeux piquent toujours à cause de la fumée mais j'arrive au moins à y voir quelque chose, même si en l'occurrence, il n'y a rien. Pas la moindre trace de Sindarian mais d'après Walsir, elle est toute proche. Oui mais non...
Il y a bien d'autres moyens de rejoindre la salle du Conseil sans devoir passer par cette diablesse. Des raccourcis à prendre ou des passages - pardons tunnels secrets - à emprunter pour la dépasser. A défaut d'être un éléphant, Walsir en possède la mémoire ainsi qu'une patience hors bornes. Combien de fois me suis je réveillé perdu au milieu de nulle part entouré de roche volcanique ?
" Pourquoi pas ? "

La voix de Mr. Green résonne à nouveau plus proche cette fois, et teintée d'un net amusement.

" Divertir un diversion, ce doit être amusant, non ?", ajoute-t-il, une drôle de lueur dans le regard. Le genre de celles qui vous donnent envie de fuir sur le champ, fut-ce pour tomber au fond d'un ravin. Ce n'est pas tant la proposition du thé qui le fait réagir ainsi - en d'autres circonstances, il aurait même sorti des biscuits d'on ne sait où - mais plutôt le moment où cette proposition a été faite et son but évident, en complète contradiction avec ses buts à lui.

" Mais plus tard, j'ai des affaires autrement plus importantes à m'occuper, fiston."

Et Mr. Green de disparaitre dans un panache de fumée verte évoquant - très curieusement - un rayonnant pour réapparaitre un peu plus près de la salle du conseil des Dix, un impressionnant sabre à la main...

Les tunnels se succèdent encore et encore, chacun plus peuplé que les précédents. La rumeur commence à se répandre, ou tout du moins un curiosité qui n'amènera rien de bon. diantre, ne peuvent-ils donc pas ouvrir les yeux pour une fois ? Une bifurcation plus tard et me voilà surgissant à nouveau devant Sindarian, quelque peu essoufflé mais toujours aussi déterminé. Qui sait les ennuis que celle-là pourrait causer ?

" Comme on se retrouve. Je vous ai manqué ? Ou le sort vos petits amis magouilleurs du conseil vous tient-il tellement à coeur qu'il ne laisse plus de place à autre chose dans votre esprit ?

Par un quelconque miracle, le sourire de Mr Green parvint à s'élargir encore plus qu'il ne l'était déjà. Par sa seule présence, le voilà qui arrivait à déstabiliser tout un commando. Il aurait pu en profiter pour les tuer à cet instant précis, profitant de l'effet de surprise pour jouer la bourrasque verte et tailladeuse mais il n'en fit rien. Après tout, il n'avait rien contre ces gens, qui étaient du même clan que lui. Seul un coup en traitre de la Destinée avait fait en sorte qu'ils se trouvent du mauvais côté de la ligne.

" J'aurai du me douter que le coup du thé n'était pas dépourvu de toute arrière pensée", avoua-t-il d'un ton songeur tout en restant sur ses gardes. Il reconnaissait dans le conseil des Dix une sacrée bande de vicieux prêts à utiliser tous les coups jamais inventés par l'humanité. " Mais à ce point... Même mes propres hommes ne sont pas allés aussi loin..."

Ils se contentaient juste de le vénérer comme un guerrier des temps anciens, lui qui avait défié et occis en combat singulier le grand Tyr'Zan, pour ne citer que l'une de ces vermines de magiciens lorgnant sur Sil'Arn. Certains allaient même jusqu'à voir en lui la réincarnation d'une quelconque divinité guerrière mais l'aimer... Cela laissait la seule partie logique de son esprit complètement pantoise.

" Toutefois, vous ne voudriez pas briser le coeur de votre subordonné, n'est ce pas ? Alors que diriez vous de baisser vos armes et de renoncez à la folie que vous vous apprêtiez à commettre en vain puisque tout sera bientôt terminé..., leur suggéra-t-il d'un ton aimable, tout en effectuant nonchalamment quelques moulinets avec son cimeterre.


" Ma faute ?", répétai je, complètement sidéré par les dires de Sindarian. Comment pouvait-elle seulement songer à faire reposer l'entière accession au pouvoir du conseil des Dix sur mes épaules ? Oh, je vois... " Je fais un parfait bouc émissaire, n'est-ce pas ? Le traître par excellence, avec un grand T majuscule qui plus est !"

Mon amertume transparaissait clairement dans mes mots, bien plus que je ne l'aurai souhaité, mais comment aurait-il pu en être autrement. D'accord, j'étais impliqué dans la mort d'Amayläe ainsi que Zoriam et l'autre verdâtre mais honnêtement, personne n'avait donc trouvé louche que trois hauts gradés du Nomins Ageati décident sans crier gare de s'en prendre à leur chef de clan ? Personne ne s'était demandé comment le Conseil des Dix avait été courant ? Bordel ! Ils avaient été élus, choisis par des gens sans même que je n'aie à les pousser en ce sens. Alors pourquoi s'acharnait-elle à tout ramener à moi ?

" Vous voulez savoir pourquoi nous avons tué Amayläe ?", lui lançai-je tandis qu'elle faisait mine de vouloir passer à n'importe qu'elle prix.

elle se figea à mes mots et lança un regard lourd d'interrogations. Ainsi donc, elle voulait le savoir et si je parvenais à la convaincre que nous n'avions fait que ce qui devait être fait, alors peut-être ne nous considérait-elle plus comme des ennemis mais plutôt comme d'éventuels alliés.

" Je ne sais pas si elle avait pleinement conscience de ce qu'elle faisait réellement, poursuivis-je, mais voyez vous, le lien entre dragon et dragonnier c'est comme une balance plus ou moins bien équilibrée. Ce qu'était en train de faire Amayläe quand nous sommes arrivés, c'était de mettre à mal cet équilibre en dévorant l'âme de son dragon. A terme, cela lui aurait permis d'acquérir une puissance bien supérieure mais plus encore, à pouvoir atteindre l'écheveau de magie qui lie les dragons aux elfes, aux nains ainsi qu'aux humains et à travers lui. Disons qu'elle serait devenue l'égale d'une déesse pervertie par ce qui lui avait permis de pouvoir déséquilibrer complètement la balance. Elle devait mourir, sans quoi nous ne serions pas là en train d'avoir cette discussion.", achevai-je d'un ton sombre.

De nombreuses questions planaient sur le comment et d'autres détails troublants de tout ceci. Si Sindarian vouait entrer dans les détails, j'avais bien peur de ne pouvoir lui apporter en réponse que mon ignorance...


La fumée venait seulement de se dissiper, laissant le héraut quelque peu seul dans un milieu qu'il ne pouvait que considérer comme hostile. Le fait qu'il fréquentait les traitres s'était sans doute répandu comme une trainée de poudre. Aussi se résolu-t-il à faire ce qu'il avait été convenu de faire si jamais il venait à être démasqué : se rendre à un point de rendez vous connu des seuls conspirés et attendre l'arrivée du capitaine Zoriam. Il s'apprêtait à emprunter l'un des tunnels lorsque la fumée revint au grand galop. Encore un coup de cette Sindarian, pesta-t-il tout en maudissant son manque de chance. Mieux valait donc éviter de trainer dans le coin...

" Eh ! Qui a éteint la lumière ?", s'exclama-t-il, surpris de se retrouver subitement plongé dans un noir plus opaque que celui provoqué par précédente vague de fumée. Là, c'était comme si quelqu'un avait subitement désactivé la magie qui éclairait les tunnels creusés dans le Nomodutom.
Mieux valait oublier le plan et comment dire, improviser...


Déjà ? Le héraut venait juste de faire son apparition du tunnel dont venait Sindarian, haletant et brillant de sueur du fait de sa course probablement. Son arrivée me fit tout de même tiquer, tant l'arrivée aussi tôt dans la partie de Zoriam me semblait irréaliste, voire même miraculeuse. Alors un accro dans le plan ? Peut-être même un corps d'élite chargé de nous éliminer tous...

" Vu que nos objectifs ne semblent pas être si éloignés que ça, je vous propose d'agir ensemble au lieu de bavasser !", suggérai-je à Sindarian non sans écarter de mon esprit qu'elle puisse être en train de jouer la comédie pour mieux me frapper par derrière. Je fis signe au héraut de nous suivre. Une épée de plus ne pourrait que nous aider...

" Euh, vous pouvez attendre quelques instants, s'il vous plait ? demanda le chef de groupe, avant que le groupe se réunisse en cercle, et se mette à murmurer, jetant de temps en temps de coups d'œil vers Mister Green. Puis, finalement, ils se tournèrent tous vers Mister Green, leurs armes dégainées.

"Je suis désolé, capitaine, mais nous ne pou…"

" Miiiiiiiiiiiiiiiiiiister Greeeeeeeeen !"

Totalement essoufflé, Evarless se précipita entre ses anciens collègues et Mister Green, faisant de son corps un barrage entre les deux groupes. Des larmes de frustration coulaient de ses yeux. D'un ton suppliant, il s'adressa au chef du groupe :

" Monsieur, vous ne pouvez pas. C'est Mister Green ! Il vous tuerait ! Et puis…"

Lui aussi dégaina son épée, s'égratignant au passage la main, et la brandissant d'un air gauche, il lança :

" Monsieur, vous allez devoir me passer sur le corps.
- Evarless, dégage du chemin."
- Non monsieur."

Le chef se tourna vers Mister Green, et d'une voix lasse, demanda :

" Encore deux minutes, s'il vous plait."

Nouveau conciliabule, nouvelle décision.

" Désolé, Evarless. Va t-en de là avant de te faire tuer."
- Non monsieur." répondit le jeune homme en tremblant. Ce qu'il esperait maintenant, c'était un dernier réconfort, avant que la mort vienne le faucher. Ce qu'il aurait aimé, c'est que Mister Green lui prenne la main.
- Alors tant pis pour toi…"
" A l'attaque !!!"


Pendant ce temps…cinq minutes plus tôt

Vishwar s'était approchée des gardes, et en attendant que la cavalerie arrive, discutait avec eux de sujets légers, le cœur lourd. Dans quelques minutes, ils mourraient, défendant leur cause...

" Miiiiiiiiiiiiiiiiiiister Greeeeeeeeen !"

Les deux gardes et la saltimbanque se regardèrent.

" C'était quoi ça ?"
" Mister Green ?"

Aussitôt, l'un des gardes ferma les yeux, se concentrant. Vishwar se mordit la lèvre : les ennuis commençaient. La cavalerie allait arriver, mais pas celle qu'elle espérait. Enfin, le garde rouvrit les yeux.

" Le Conseil est prévenu. La garde arrive."

Et en effet, on entendait des hommes en armes qui approchaient. Trop bruyants pour être une force d'attaque de la rébellion. Une cinquantaine d'homme déboucha de couloirs latéraux. La moitié se posta devant la porte du Conseil, prêt à la défendre au prix de leur vie, tandis que le reste se dirigea vers l'origine du Mister Green, le plus silencieusement possible. Et lorsqu'ils virent le groupe…

" A l'attaque !"



" Vous voulez savoir pourquoi nous avons tué Amayläe ?"

Sindarian se figea, alors même qu'elle atteignait Garnyiss. Surprise, elle le regarda, une lueur de détresse dans les yeux. Bien sûr qu'elle voulait savoir, avoir la certitude que Vhyn n'était pas mort pour rien, simplement pour la défense de traitres avides de pouvoir...Alors, elle l'écouta.
Et elle le crût. Eldeen, lorsqu'elle était cheffe du Nomins Ageati, avant que la mort vienne la faucher, avait l'habitude de lui parler de sujets diverses. Un jour, elles avaient abordées le lien entre dragon et dragonnier, et la dragonnière le lui avait expliqué en des termes similaires. Elle avait juste ajouter avec un certain dégoût que celui qui oserait déséquilibrer cette balance devait être fou, même si il désirait plus que tout le pouvoir. Cela s'accompagnait nécessairement de la mort du dragon, et il constituait une part si importante de l'esprit du dragonnier que ce dernier deviendrait fou. Un dieu fou. Le monde devait à tout pris éviter cela.

Le héraut que Sindarian avait plongé dans le noir arriva alors, un brin essoufflé. L'émissaire lui adressa un sourire mi-figue, mi-raisin, compatissant avec ce qu'il avait du subir dans les ténèbres...

" D'accord, capitaine Garnyiss. J'accepte votre proposition. De toute façon, mes hommes devraient bientôt être arrivés devant les portes du Conseil. Mister Green aussi, je suppose..." ajouta t-elle avant de fourrer la main dans ses poches et d'en extraire une des fameuses pierres qui permettaient de traverser les murs. Celle-ci brilla un faible instant, puis s'éteignit. Sindarian fronça les sourcils, songeuse.

" C'est bizarre, je n'arrive pas à contacter le groupe qui devait s'y rendre. Ni Vish..."

Et pour cause...

Mr Green soupira devant le manège de la petite troupe. Non pas que ses jours étaient comptés - rester dans les mémoires était une forme d'immortalité tout à fait satisfaisante pour lui - mais voyez vous, il y avait tout du même du pain sur la planche, et ce n'était pas d'une vulgaire baguette dont il s'agissait. Il était même prêt à leur demander de se bouger un peu histoire qu'on en finisse ou même à remettre leur différend à plus tard, voire beaucoup plus tard au cas où l'un d'entre eux venait à mourir, lorsque la majorité sembla se décider à enfin agir. D'éclatant, le sourire de Mr Green se fit franchement carnassier, en total accord avec la lueur qui venait de s'allumer dans ses yeux. Eux mêmes, leurs enfants, leurs petits enfants et tous leurs descendants à venir ne manqueraient pas de craindre les bonshommes verts, eussent-ils rien d'autre en commun avec Mr Green que la couleur.
Heureusement pour le futur de ces générations, deux mots hurler avec force conviction vinrent empêcher la démonstration de Mr Green qui soupira une seconde fois. Coincé comme une tranche de jambon entre deux généreuses tranches d'imbéciles. Car imbécile, il fallait l'être assurément pour dévoiler sa présence en hurlant à tue tête comme un malade alors qu'il y avait un écho monstre dans tous ces tunnels. La preuve, il y avait encore un autre abruti qui criait encore à l'attaque, comme si il était une roue coincée dans l'ornière profonde et boueuse de la stupidité.
En bon capitaine des armées qu'il était et vétérant chevronnés, Mr Green fit la seule chose à faire. Il se téléporta dans un pouf ! derrière les hommes de Sindarian et lança avec le plus grand des sérieux :

" Quinze..."

Sur son ordre, des filaments émeraudes se lovèrent autour de son corps, formant une résille protectrice faiblement luminescente; on ne sortait pas vivant d'une confrontation avec un magicien sans connaitre deux trois trucs, même si la préférence se portait plus sur le découpage que la carbonisation.

" Quatorze..."

La garde était maintenant toute proche, armes rutilantes prêtes à l'emploi et déjà plusieurs boules de feux fusèrent en direction des hommes de Sindarian. Ne pas laisser à l'ennemi le temps de prendre pied avant le corps à corps.

" Treize..."

Mr Green poursuivait son petit décompte, aussi imperturbable qu'une statue jusqu'au moment où il disparu sans crier gare pour réapparaitre une fraction de seconde derrière la première vague de garde où il ne resta que le temps de lancer comme un filet de lumière verte autour de lui. Les attaques mentales se fracassèrent sur ses défenses, laissant présumer qu'il y avait d'autres magiciens que ceux qu'il voyait présentement.

" Douze...", reprit-il, juste avant de glisser en apparté, " Vous avez des magiciens parmi vous ou vous êtes une bande de guignols ?"

" A l'attaque !"

Et bah dites donc, il y en avait toujours à la ramasse... Quoique, c'était le même en fin de compte, surprenant, mais moins que l'effet de son fameux filet. Là où il touchait les armures, celles ci se mettaient à fumer et siffler comme si on avait versé de l'acide dessus...


Bien voilà une chose de faite. Une bonne chose que je n'aurai pas à regretter avant que le but qui nous rassemblait ait été accompli. Pour ce qui se passerait après, les choses risquaient d'être fort différentes mais je préférait ne pas y penser. Je me connaissait suffisamment bien pour savoir que si je faisait une telle chose, je risquai de me laisser distraire, ce qui pourrait d'avérer quelque peu problématique pour ma survie. J'étais en territoire ennemi, pour ainsi dire, et je ne devrai pas une seule seconde perdre ce point de vue.

" Raison de plus pour ne pas tenter de nous entretuer ! ", , glissai-je à Sindarian tout en la précédant dans le dédale de couloir, l'épée au clair. Des bruits de bataille ne tardèrent pas à se faire entendre, portés par l'écho au point qu'il était impossible de déterminer leur provenance. Adieu la discrétion, bonjour la diversion, surtout si Mr Green s'y trouvait, laissait furieusement une tentative de passage en force.
Raison de plus pour tenter d'entrer dans la salle du conseil par des moyens dérobés. En faisant fondre la roche par exemple mais nous aurions été démasqués rien qu'à l'odeur, ou en bourrinant comme un malade contre les parois du tunnel mais là encore, je doutais de notre capacité à faire tout cela discrètement. Aussi quelqu'un avait-il proposé de recourir aux moyens utilisés pour creuser les tunnels.

[color:cf84=006300]" Au fait, vous n'auriez pas un des trucs que votre... Valentin c'est ça ? a utilisé pour jouer les passe muraille ?"

ce serait tellement plus pratique que de créer un nouveau tunnel, quoi qu'en dise Walsir et ses prévisions alarmistes.

" Nous pourrions nous emparer des points stratégiques et..."

Je laissai mon murmure s'éteindre sur ce sous entendu des plus évidents avant de me plaquer dans un recoin d'ombre. Des bruits de pas se rapprochait, rapidement et inexorablement...

[ en action *-*]

Le Grand et vaillant Mr Green ne cessa de décompter même lorsque celui qui le regardait avec des étoiles dans les yeux manquait de se faire embrocher. Lui-même dû réfrénait les ardeurs guerrières d'un inconscient à grands coups de cimetière dans le tas. Il en résulta un grand fracas et des gerbes d'étincelles, empêchant Mr Green d'identifier le responsable de ce sauvetage in extremis.

« 10 »

Bien, songea-t-il en son fort intérieur. Ils avaient au moins un allié magicien dans les parages. Capable de téléporter des personnes est donc découvrir un repli stratégique vers des zone plus propice à leur infériorité numérique. Du genre étroit et bourré d'angle droit, si possible piégé. Celui où il y a quelques minutes à peine il avait vu un cheval coincé.

« Ah bah voilà ! Avec vos joujoux et votre remue-ménage, vous avez réussi à me déconcentrer ! »

Malheureusement pour lui, ses compagnons d'infortune venaient d'affirmer être une bande de guignols, réduisant par la même le nombre de stratégies élaborées par le vert capitaine à peau de chagrin - en effet, le temps manquait cruellement pour discuter des capacités des limites de chacun. Mais, en fin stratège qu'il était, Mr Green décida de pousser un peu plus loin son avantage psychologique.

« Huit ! »

Il accompagna cela d'un grand sourire de psychopathe et d'un geste provocateur à leur rencontre. Du coin de l'oeil, il remarqua que ladite bande de guignols sont meilleur des quelques surprises fort désagréables en réserve. En effet, il les vit sortir des sphères opaques qui n'auguraient rien de bon. Question bourrinage, Mr Green figurait parmi les mâitres en la matière mais quelques génies du Nomins avaient toutefois accompli le miracle de le surpasser. Certes, on pouvait considérer que les tunnels étaient souterrains et s'épargner par la même la difficile esquive d'une généreuse portion de colline larguée depuis très haute altitude par une bande de dragons chevronnés – la solution que préconisait un Mr Green ravi à l'idée de voir Dras Léona réduite à l'état de cratère fumant. En revanche rien, absolument rien ne le protégeait de ces objets d'apparence si inoffensive qui vous arrachait la moitié du visage en explosant si et seulement si vous étiez chanceux. Or les sphères que lançaient à présent les guignols correspondaient par leur apparence à ces joujoux explosifs.

« Sixquatredeuxun… »

Pas de boum ! Pas de grondement assourdissant propre à faire s'écrouler la galerie – un moyen comme un autre de régler le problème de l'infériorité numérique – pas même un petit plop. Dans un silence quasi effrayant – pour que des gens vous balancent des trucs dessus au lieu de fuir, c'est que ça devait être dangereux comme truc – les sphères se fracassèrent contre le sol, libérant des volutes de fumées noire et violettes - au grand dam de Mr Green qui n'y distingua pas la moindre nuance de sa couleur fétiche – qui rampèrent vers tout ce qui ce trouvait à portée. Le vert capitaine regarda avec un scepticisme croissant ces lambeaux brumeux s'enrouler autour de ses jambes comme ils le faisaient pour ses adversaires.

« Eh ! Ca chatouille même pas votre truc… »

La fin de la phrase de Mr Green fut noyée sous un concert d'exclamations mêlant terreur et douleur. Les magiciens face à lui se fendaient d'étrange mimiques au beau milieu de leurs camarades qui les regardaient, interloqués.
Bon, peut-être qu'ils n'étaient pas tous des guignols, songea Mr Green en élevant les hommes visés sur son échelle d'estime. Ils venaient ni plus ni moins que de lui fournir une diversion en or. Profitant de ce que les magiciens semblaient peu à peu perdre la raison – il y en avait un qui s'essayait à jouer les hommes araignées – le vert capitaine utilisa ses talent hors du commun pour la magie – il excellait dès qu'il s'agissait de promouvoir son apparence. Il arbora un sourire à la Rishester mais encore plus étincelant tandis qu'un feu émeraude s'allumait dans ses yeux.

« Zéro ! »

Un deuxième cimeterre apparu entre les mains de Mr Green, réfléchissant une lueur verte vénéneuse. Le sol commença à trembler à chacun de ses pas tandis que les volutes de fumée s'étiraient vers lui comme pour l'accueillir à bras ouverts. Tel un démon sortit tout droit des Enfers, il marcha implacablement vers ses adversaires, les sorts ricochant sur lui tel des cailloux sur le diamant.

« Mouahahahahahaha !! »

Le rire diabolique se répercuta dans tous les tunnels environnants, donnant l'impression qu'un choeur tout entier s'en donnait à coeur joie. Puis Mr Green fut sur ceux qui avaient repris leurs esprits. Tornade de métal et d'émeraude se fondant dans les ombres, la mort inscrite tant dans ses yeux que dans les lames qui virevoltaient entre ses mains. Voilà qui allait marquer les esprits des magiciens pour longtemps. Et il ferait en sorte qu'ils survivent pour raconter ce qu'il avaient vu. Pour que chacun ressente la peu la prochaine fois qu'il prendrait les armes.

La mort vêtue de vert, moissonant sans pitié au milieu du champ de bataille. Toute pitié derrière elle. Toute compassion évanouie. Toute humanité laissée loin derrière pour ne laisser les armes et faire résonner le chant de mort de Khrysn et Falandar par delà le temps et l'espace...


Ca sonnait plutôt bien comme truc à ceci près qu'il était le seul à connaitre le nom de ses armes - ce qui n'était qu'un détail insignifiant en fin de compte...

[suite à venir]