AccueilDernières imagesS'enregistrerConnexionRechercher
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon : la prochaine extension Pokémon sera EV6.5 Fable ...
Voir le deal

Partagez|

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Zell Armn


Nombre de messages : 1811
Âge : 34

http://sia-69.forumprod.com

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Zell Armn
Message Sujet: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Dim 20 Avr 2008 - 23:09


Zell chevaucha une grande partie de la matinée, posant des questions à droite à gauche, en quête d'un maximum d'informations sur sa jeune victime. Il mobilisa tout son tact et son doigté, pour raviver les plus détails dans les mémoires à trous de ces gens de villes. Mais quand il ne tombait pas sur une impasse, les discours étaient tellement truffés de "me semble-t-il", de "peut-être", et autres termes soulevant le doute, qu'il fut incapable d'obtenir une ébauche d'idée quand à l'endroit où se trouvait sa proie.
Cependant, avec patience, comme une bête sauvage à l'affût du moindre indice, il continua d'interroger chaque passant, ne gagnant rien d'autre que la certitude que sa victime était toujours en ville.
Pourtant, un homme si jeune doté d'une telle chevelure, vêtu de noir, ne pouvait pas passer inaperçut. Quelqu'un avait forcément du le voir, pas seulement "peut-être" l'entrapercevoir, à moins bien sûr que c ne fut le fil d'un tel, ou le vieux de l'hôtel chose, voir même la femme de bidule qui voit que d'un oeil. Ca, sur les ragôts d'Urû'Baen il était renseigné... Mais en attendait il restait incapable de le trouver.

Au bout d'un moment, en passant dans une rue peu large, son regard bleu vert était tombé sur l'enseigne d'une petite boutique, qui avait éveillé une multitude de souvenir dans son esprit. A cette endroit , la rue s'élargissait, formant une sorte de petite place devant la bicoque, à l'intérieur de laquelle une foule d'objet hétéroclite s'entassaient sous un monso de poussière. Sur l'enseigne, seulement quelques lettres de bois avaient été posé, formant le nom du propriétaire. Allar...
Allar qui avait fait parti de la troupe. Qui l'avait quitté, dix ans avant qu'il n'en fasse autant. Qui avait abandonné des hommes qui étaient comme une famille pour lui, pour gagner ce misérable troqué poussiéreux et à l'abandon. Si les autres savaient dans quelle misère il avait fini...
Le mercenaire fit avancer son cheval, mit pied à terre avec légèreté. Avec soin, il lia les rênes à un poteau, qui n'avait pas du soutenir à son clou la moindre lanterne depuis des lustres. Du tranchant de sa main gantée, il balaya une des vitre pour mieux sonder l'intérieur, aussi vivant qu'une armure vide.

Il se détourna de la fenêtre, et examina la porte avec attention. Elle aurait pu être en pâte brisée... Etonnant qu'un coup de vent ne l'ai pas arraché. Néanmoins, et malgré ses apparences de ruines, elle était fermée à double tour. Zell soupira, comme il l'avait fait de nombreuses fois déjà ce matin, et recula d'un pas. Sans regarder ni à droite ni à gauche, il assura son équilibre sur un pied, envoyant l'autre avec force en plein centre de la porte, qui explosa en morceau dans un fracas résonnant.
Le jeune homme s'imobilisa, oreille tendu, à l'écoute. Comme rien d'autre que le brouaha lointain des rues adjacentes ne lui parvint, il se détendit et pénétra dans la pièce. De l'intérieur elle semblait encore plus à l'abandon. De tout s'entassait partout, donnant un caractére étroit à ce lieu sinistre. Ce qui convaincu Zell qu'il avait bien fait d'entrer fut l'absence quasi totale de poussière au sol. Quelqu'un devait fouler ce parquet régulièrement, tout les jours. Allar, sûrement.
En quelque pas il fut devant le petit comptoir, sur lequel rien ne reposait d'autre qu'une clochette. Si l'ancien mercenaire était là, il avait à coup sûr entendu le bruit des épaisses chaussures de cuir et d'acier du jeune homme. Par préccotion de ne pas être ignoré, ce dernier attrapa l'objet de bronze qui servait d'alarme, et le secoua en se sentant passablement débile. Vraiment, un tueur de sa trempe réduit à secouer un machin pareil, dans un lieu pareil... Sentant tout le ridicule de la situation peser sur ses épaules, il jeta la clochette dans la paroie en bois qui lui faisait face. Avec un bruit matte, le bord de bronze de la cloche s'enfonça dans le mur.

Les poings sur les hanches, restant toujours du côté client du comptoir, Zell se mit en face de la porte d'où partait un escalier, menant probablement à l'étage. D'un ton peu avenant et moyennement enclin à se faire discuter, le mercenaire appela d'une voix forte.


"Allar espèce de vieille chiure de rat!! Montre-toi avant que je ne fracasse ta boutique!"

La menace, ou le ton employé, du faire de l'effet au propriétaire des lieux, puisqu'un bruit de pas résonna au dessus de sa tête. Il regarda le plafond, comme si au travers il pouvait suivre les déplacements trainant du vieil homme. Le son se dirigea vers là où, approximativement, il imaginait que l'escalier arrivait, puis résonnèrent dans celui-ci. Le jeune assassin se demanda si il n'allait pas craquer et gravir les marches pour descendre ce vieux débris manu military, mais au même moment un vieux papy encadra sa silouhette voutée dans la porte.
Vêtu d'une tunique longue et sale, jaunâtre, d'où dépassait deux maigres mollets velus et des pieds assez grand dans des charantaises aux couleurs passées, le vieil homme collait parfaitement, sur le plan odeur du moins, à la qualification "chiure de rat". Du rat, il avait également hérité un corps malingre et maladif, un visage en longueur tout ridé, au long nez, dont les narines comme les oreilles étaient généreusement fournies. Une barbe de quelques jours lui dévorait irrégulièrement le visage, lequel était rehaussé d'une touffe grasse entre le grisâtre et le jaune pisseux, mi long. Le haut du crâne était largement dégarni, ce qui ne l'empêchait pas d'être gras. Par ailleurs ce déficite capillaire était compensé par l'épaisse barrière de sourcils gris, sous lequel un regard pâle, lubrifié et décoloré, luisait comme de billes au clair de lune.

Zell toisa cette loque humaine avec écoeurement, refusant d'y toucher. Le vieillard ne sembla pas le reconnaitre, ce qui n'était pas surprenant étant donné qu'il devait être à moitié aveugle. S'armant de patience, et espérant que par dessus le marqué il n'était pas sourd, le mercenaire résuma ce qui l'amenait, sans se présenter. Qui sait, en proie à une crise de grande joie, ce vieux putois aurait été capable de le serrer dans ses bras. Et il n'était pas sûr de pouvoir se défaire de cette odeur ignoble après l'avoir toucher.


"Un homme jeune, la vingtaine, vêtu de noir et pourvu d'une longue chevelure blanche, est en ville à cette heure. Je veux savoir où le trouver."

Le papy gratta sa calvicie, son regard vide fixé au sol. Avec un pincement des lèvres écoeuré, le mercenaire détourna les yeux pour ne plus voir la fine pluie de crasse et de chair morte provoqué par les démangaison du vieux. Il avait du oublié jusqu'à la signification du mot "se laver"...
Allar, puisque c'était bien lui, marmonna des paroles vagues et sans intérêt. Zell eut beau se concentrer, il ne parvint pas à distinguer une seule syllabe intelligible. Il le laissa néanmoins faire, supposant que ce flot intarissable de murmure servirait peut-être à lui raviver la mémoire. Il faillit même s'assoupir, et ce fut ce qui lui fit défaut. Le vieillard se jeta brusquement sur lui et lui saisit le poignet, en parlant de choses et d'autres, dépourvues de sens. Ses nerfs déjà mient à rudes épreuves, par une matinée de recherche infructueuse et le cadre répugnant où il végétait depuis vingt minutes, le mercenaire tendit sa main libres pour coller une gifle au vieux radoteur.

Libéré de sa faible poigne, il le prit au cou et le souleva, s'apprêtant à lui exposer des arguments verbaux convainquant. Il nota alors l'aspect mou de la tête, qui pendait à présent sur le côté, comme si les os de sa nuque n'existaient pas. Le jeune homme le secoua un peu, ayant l'impression de tenir au bout de son bras une marionnette.


"L'est cassé..."

Une moue d'enfant contrie passa sur son visage. Il écarta les doigts, laissant choir le corps sans se préoccuper de savoir si il était encore actif ou non.
A grand pas, il fit volte face et retourna à l'air libre, sentant le besoin de respirer quelque chose de pur. Au passage il s'essuya les mains sur ce qui devait être un rideau.
Dehors, il s'assit sur le bord extérieur de la fenêtre. Si Allar était mort il perdait une source d'informations, quoique gâteuse, assez précieuse.
Il soupira...


*Encore?*

... et, bras croisés sur la poitrine, sonda le ciel loin au dessus des hauts bâtiments. Pour combien de temps sa proie serait en ville? Il ne pouvait pas le traquer dans tout l'Alagaësia. Dans le pire des cas, on pourrait sûrement le renseigner à la taverne local, mais ç'aurait été éveillé l'attention...
Il jura de façon peu poétique, se promit de ne pas en rester là.

Bouton d'or, impatient de manger et de rallier une écurie fraîche et entretenue, donna quelques petites coups de museaux dans l'épaules du jeune humain. D'une main distraite, Zell lui caressa le front, repoussant la crinière qui voilait l'oeil droit de l'animal. C'était une chance que sa proie fut dans une ville bien précise, parce que les sources d'informations y étaient nombreuses. Souvent, dans ce genre de situation, il mettait moins de deux jours pour accomplir sa mission.
Revenir en haut Aller en bas
Velthégor


Nombre de messages : 422
Âge : 33



Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Velthégor
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Ven 25 Avr 2008 - 18:30


Un faucon noir vient alors se poser à une fenêtre de la boutique , il avait un message sur ses serres . Il s'approcha de Zell , ce dernier devait le reconnaitre , Kagan l'avait déjà contacté de cette façon par le passé , quand Velthégor devait être maitrisé et " livré " . Mais cette fois le message de Kagan est totalement différent . Voila le corps du message :

Nous devons changer le contrat à cause de nouveaux éléments dont je viens de prendre conscience . Le tuer serait difficile et surtout inutile pour l'instant . Le nouveau contrat , est le suivant , Velthégor a besoin d'une aide extérieure pour se contrôler et apprendre à contrôler ses dons . Cependant , prends garde à toi , ne sous estime pas ses talents et ses amis , essaye de l'attaquer quand il est seul , cet entraînement lui est réservé . N'oublie jamais qu'il ne doit pas mourir .

A la fin du message , un dessin de Velthégor était fait , pour que Zell ne se trompe pas de cible . Cependant il devait déjà le trouver , ce qui était difficile pour l'instant . Pendant que Zell lisait le message , le faucon s'envola sur le toit de la boutique , il regardait les alentours , il était la dans le but de prévenir Zell du changement de contrat .
Revenir en haut Aller en bas
Zell Armn


Nombre de messages : 1811
Âge : 34

http://sia-69.forumprod.com

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Zell Armn
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Ven 25 Avr 2008 - 19:02


Le mercenaire regarda le message, la bouche légèrement ouverte sur une bordée de jurons muets. Décidément Kagan avait de l'humour... Déjà la dernière fois il lui avait envoyé cette maudite volaille, et il avait dû convaincre manu military un passant de lui en lire le contenu. Et voilà qu'il se trouvait de nouveau dans la même impasse. Lui, un des plus grand mercenaire, réduit à incapacité par quelques mots...
Il lâcha un cri de frustration. Qu n'avait-il donc pas apprit à lire enfant!

Cependant il se calma rapidement, entendant un gémissement venant de l'intérieur. En tournant la tête, il apperçut Allar qui tentait de se relever péniblement. Bien que répugné à l'idée de devoir de nouveau l'approcher, Zell alla se planter devant lui, et le garda bloqué au sol en posant un pied sur la poitrine du vieillard. Arrachant quasiment son immense épée de son dos, il en planta le bout de la lame dans le sol, non loin de la tête du vieil homme. Ce dernier la regarda d'un oeil surprit, quoiqu'un peu plus éveillé, puis leva son rgard vitreux sur le jeune homme, sans pour autant le reconnaitre.
Par instant il ne dit rien, sachant que ça vallait mieux pour lui. Il se contenta d'attrapé le parchemin que l'inconnu armé venait de brandir sous son nez, de l'autre tirant ses lunettes et les mettant sur son nez. D'une voix chevrotante, mais claire, il fit la lecture.


"Nous devons changer le contrat à cause de nouveaux éléments dont je viens de prendre conscience . Le tuer serait difficile et surtout inutile pour l'instant . Le nouveau contrat , est le suivant , Velthégor a besoin d'une aide extérieure pour se contrôler et apprendre à contrôler ses dons . Cependant , prends garde à toi , ne sous estime pas ses talents et ses amis , essaye de l'attaquer quand il est seul , cet entraînement lui est réservé . N'oublie jamais qu'il ne doit pas mourir . "

Le regard myope se posa sur Zell qui semblait réfléchir. "Une aide extérieur", sinon dit, lui. Ca c'était clair, et c'était peut-être la seule chose qui l'était, mise à part le fait aussi qu'il n'avait plus le droit de tuer Velthégor. Sa mine s'assombrit, voyant la possibilité d'inondé le sol de sang s'échapper. Il arracha le papier des mains du boutiquier, déchira le bas avec la représentation de Velthégor et roula le reste en boule. D'un geste des plus naturel, il mit un genou à terre et obligea le grand père à ouvrir la bouche, pour lui coller la boulette dedans. Pendant que le vieux machait avec application, Zell continua de réfléchir. Il ne devait plus tuer l'autre mais l'aider à se contrôler, lui et ses dons... Décidément l'elfe avait oublié quelles étaient ses priorités! Il n'avait aucun envi de devoir affronter ce type sans avoir à le tuer. Au contraire même, il ne devait surtout pas le tuer.
Et dans son monde où tout tournait autour du principe "tuer ou se faire tuer", c'était pas très bon signe.

Le jeune mercenaire remit son épée au fourreau et flanqua une tarte au vieux, qui hésita à recracher la boule. Mais il avait été mercenaire lui aussi, et il savait ce que le regard de Zell voulait dire. Sans rechigner, il avala le papier avec une mine dégouté.
Le guerrier hocha la tête, satisfait, et se dressa au dessus de lui de toute sa hauteur.


"Bien, alors maintenant tu vas me dire si tu connais ce mec."

Après un court examin du dessin, Allar secoua la tête avec un haussement d'épaule.

"J'sais qu'il est en ville, mais j'sais pas où. Demande à la taverne ils..."

Un pied apparut dans son champ de vision et lui explosa la mâchoire avant qu'il eut fini. Le mercenaire plia le papier déchiré et le glissa dans son harnais, avant de tourner le dos et sortir de la boutique.

"Merci."

Allar retint les larmes qui lui montait aux yeux, bavant plus que crachant quelques dents mêlées au sang et à la salive qui lui noyaient la bouche. Ce type ressemblait à un autre qu'il avait connu... Mais il n'eut pas le temps de se questionner plus, et se douta qu'il était préférable pour lui d'oublier la venue de ce gars.
De son côté, assez peu satisfait au final de cette petite visite, Zell défit les rênes de son cheval et sauta sur son dos, avant de s'éloigner dans les rues d'Urû'baen à la recherche de ce Velthégor. Et son instinct lui disait qu'il n'était pas au bout de ses surprises...
Revenir en haut Aller en bas
Accalon MorteLame


Nombre de messages : 11
Âge : 31



Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Accalon MorteLame
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Dim 14 Mar 2010 - 15:25


Urû'baen, une ville pourrie. Rien de plus, rien de moins. L'illustration grandeur nature du gouffre entre riches et pauvres.
À la création du monde, les Dieux ont prôné le partage et l'égalité. Mais la nature humaine pervertit tout, et le partage est devenu le fruit de la dépravation des hommes. Les uns ont la nourriture, les autres ont la faim. Les uns ont l'argent, les autres ont le travail. Certains ont l'envie, d'autres la nécessité. Ils étaient tous égaux par leurs différences... Et Urû baen était telle coupée en deux sous ce soleil crépusculaire.

Accalon était d'abord passé devant la grande bibliothèque. Un bâtiment puant le luxe et la richesse, autant intellectuelle que matérielle, les deux allant de paire. Ensuite, il s'était arrêté dans une auberge, un peu mitée, qui disons le directement avec l'expression triviale, avait déjà moins de gue*le. Là-bas, il avait pris une chambre et une collation rapide puis était parti farfouiller dans les moindres recoins de la cité. Rapidement, la qualité du décor c'était dégradée. Les ruelles se resserraient et s'assombrissaient, le soleil aurait déjà été couché qu'on n'aurait pas observé de différences majeures. L'air pur laissait place à des nuages nauséabonds -heureusement- irréguliers qui vagabondaient de place en place, témoins de quelques vies dans les maisonnées. Et on était encore loin des pires sous-bassements de la ville.

Sa lame grise à la ceinture, Accalon parcourait donc ce morne paysage, avec lequel ses vêtements clairs et brillants contrastaient. Son œil alerte fixait désespérément les derniers rayons du soleil, dans l'espoir d'en emprisonner ne serait-ce qu'un, et de pouvoir le conserver pour l'éternité. Depuis qu'il avait quitté le désert la chaleur de l'astre lui manquait. Dans ses contrés il était des plus traitres, pouvant passer du froid et blanc et jaune et brûlant en quelques heures. Il pouvait être bienfaisant comme destructeur par sa présence ou son absence. Il aurait fallu pouvoir le doser. Mais impossible. Ici, le soleil était maître, et l'Homme était esclave de sa nature. Dans le désert, le soleil était toujours là, à la fois blanc et chaud. Il ne quittait que très rarement ce paysage sur lequel il n'avait quasiment aucun impact. Les anciens disaient que même la nuit, le soleil était là, qu'il dardait encore la terre de ses rayons derrière le voile sombre qui couvrait son royaume. Là où l'herbe poussait, le soleil mourrait tous les soirs et naissait tous les matins. Le soleil mourrait... Par Brezeth, Dieu Soleil, quelle folie est-ce là ?
La nuit allait être orageuse : les nuages qui apparaissaient rendaient un ciel bas et lourd qui allié à l'horizon circulaire se faisait couvercle. Au fil des heures, l'impression d'enfermement serait de plus en plus grande. Il connaissait ces soirs de fer où la pluie étalaient ses longues traînées comme les barreaux d'une prison. Les cloches de la voûte d'azur hurleraient opiniâtrement contre le monde des hommes, qui ne feront que geindre jusqu'à l'arrivée du soleil nouveau.

De temps à autre, au détour d'une rue, il croisait une âme vivante. Un enfant apeuré à sa vue, une tête blonde portée par un corps frêle couvert de vêtements noircis par la poussière. Un vieillard aveugle, dont la canne était venue buter contre sa jambe. Une jeune femme au sourire envoûtant et à la chevelure d'or, une mère protectrice dont les marmots tiraient la robe, ou tout simplement un vagabond sale, miteux, souillé. Tous des esprits errants dans la souffrance, tous venus s'enterrer dans cette grande ville pour diverses raisons plus ou moins bonnes, sûrement aucun n'ayant rassasié son ambition et tous condamnés à vivre ici, y restant de gré, ou non.

Par endroit se trouvait une boutique, petite bâtisse abimé par le temps, dans laquelle on s'efforçait de gagner de l'argent -et non sa vie- dans un climat autre que la violence perpétuelle qui régissait ce monde. Parfois par lassitude, par incompétence, par résignation.

Bien évidemment, ce n'était pas par plaisir de contempler le paysage qu'Accalon traçait tout ce chemin. Il cherchait un foutoir dans une réelle, antre d'un ancien mercenaire qui refourguait ses restes. Et pour le coup, il était bien embêté, comprenez le ! Pour aller quelque part, il fallait dans un premier temps savoir où cela se trouvait.

Fourbu, il se mit dos à une bâtisse, les mains derrières le crâne, et ferma à demi les yeux pour regarder le flot de passant circuler -ou pas d'ailleurs- dans la ruelle. À force de racoler tous les types louches qu'il trouverait, un d'entre eux finira bien par cracher le morceau et lui indiquer où se trouvait cette foutue boutique. Allar de nom, croyait-il.


-Et merde ! lança-t-il avec cet accent spécieux des hommes avinés. Elle est où c'te foutue boutique ?!

Il chopa brutalement par le col un gars qui passait par là et brailla à nouveau :

-Par Brezeth ! cria-t-il en dardant sur lui un regard faussement vitreux, où est la boutique à Allar ?

La main tremblante il pointa derrière Accalon. Celui-ci jeta un coup d'œil par dessus son épaule avant de lâcher prise. Une pancarte bougeait au rythme posé du vent. Allar... Hum... Une situation quelque peu gênante. Il grimaça, grogna et passa la porte. Étalés un peu partout, des objets en tout genre, sans grands intérêts. Accalon enjamba ce qui ressemblait à un tas de tissus pour accéder au comptoir. L'endroit était désespérément vide. Pas plus mal, il pourrait fouiller et chaparder quelques trucs. Sans plus attendre, il fourra son nez dans ce foutoir.
Revenir en haut Aller en bas
Zell Armn


Nombre de messages : 1811
Âge : 34

http://sia-69.forumprod.com

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Zell Armn
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Dim 14 Mar 2010 - 16:04


Tenant son immense cheval de guerre par la bride, Zell avançait dans la rue sans se soucier de regarder ce que pouvait faire l'étalon. Instinctivement, ce dernier le suivait: il n'en demandait pas plus. Après, s'il bousculait un peu les passants, ou les piétinait un peu sur les bords... Et bien tant pis! Il avait assez peu de patience pour ne pas prendre la peine de s'en soucier. Chacun pour soi, dans ces quartiers laids et puants, c'était la règle d'or.
Un homme, une fois, l'attrapa par l'épaule pour exiger des excuses, Bouton d'Or l'ayant renversé en exécutant, pour une raison inconnue, un petit bond joyeux et léger (autant que possible pour une bête de sa taille) sur le côté. L'homme avait fini les quatre fers en l'air, avait voulu demander réparation auprès du propriétaire de l'animal... Zell avait répondu en deux temps: d'abord, par un regard noir et meurtrier. Puis par un coup de poing puissant entre les côtes de l'autre. Le geste avait tiré un cri de surprise à Thaura, qui avait plaqué ses deux mains devant sa bouche quand les yeux du mercenaire s'étaient tournés vers lui.

Zell, d'une humeur de chien? Il y avait de quoi, vu la montagne d'emmerde qui lui tombaient dessus. Sa philosophie était de ne pas s'en plaindre, de surtout fermer sa gueule en attendant que le vent tourne. La philosophie qu'il tenait de son père... Jusqu'alors, il s'en était toujours tiré à son avantage. La preuve: après avoir foutu sa carrière en l'air, avoir été recherché, avoir passé un an en prison... Il était de nouveau dehors, libre comme l'air.
Avec un morveux dont il se serait passé. Un contrat de dingue qu'il ne pourrait jamais remplir autrement qu'en y laissant sa peau. Et une rencontre avec des souvenirs dont il se serait bien passé. Les ennuis le poursuivaient, il n'y pouvait rien, et préférait attendre de croiser une bonne opportunité pour tenter de s'en sortir, plutôt que de demander de l'aider. A qui en aurait-il demandé, de toute façon? Ellen? Et puis quoi encore... Un an de prison avait suffit pour le dégouter des autres. En partie, du moins... Ou peut-être pas. Peu importe, il avait besoin de se poser, de réfléchir. Il voulait pouvoir fermer les yeux, pour les rouvrir fixer sur le Nord, et ne plus perdre ce dernier. Retrouver une logique dans ses pensées. Une chance de s'en tirer. Une chance de se venger, aussi, de ceux qui l'avaient vendu, et de la justice qui avait eut pitié de lui. Le condamner à l'enfermement plutôt que de le pendre...

Crachant un juron furieux, il s'arrêta devant la boutique d'Allar, où il logeait en attendant... En attendant de pouvoir reprendre sa vie à zéro, avec ses certitudes en poche. Le mercenaire attacha le cheval, observant Thaura du coin de l'oeil. Le garçon venait de sauter sur le sol, du haut de l'étalon qui mesurait facilement deux mètres au garrot. Et ce gamin, qu'est-ce qu'il allait en faire... Il avait envi de l'abandonner ici, de le laisser moisir chez Allar. Alors qu'en même temps, il se souvenait au sourire qu'avait pu avoir son propre père, à chaque fois qu'il avait posé les yeux sur lui. Il n'était pas sûr de pouvoir s'attacher à ce bâtard elfique, comme Mohran s'était attaché à lui.L'enfant croisa le regard de son père, et Zell ne put qu'apprécier qu'il ne baisse pas les yeux. Ce môme tenait au moins ça de lui: il tenait à ce que l'unique personne qu'il admirait soit fière de lui. Un sacré challenge, quand la personne en question se révélait s'appeler Zell Armn...

Le mercenaire poussa la porte de la boutique mitée, une main sur l'épaule du gamin.

"
Allar!! Sale..."

...ordure moisie galeuse, la suite aurait du ressembler, à peu près, à ça. Il ne se gênait pas pour parler à Allar sur ce ton qu'il avait toujours utilisé avec lui, avec ces mêmes mots, en dépit du mouflet ci-présent. S'il abrégea l'éloge du vieux mercenaire, ce fut sans doute à cause de la présence d'un type qui était bien trop en forme et bien vêtu (pour ce qu'il parvenait à voir de lui dans le trou obscur, poussiéreux et bordélique d'Allar) pour être le vieux mercenaire.

"
Tu cherches Allar?"

Pas de vouvoiement, ce type ne devait pas être un grand seigneur pour être ici. Seuls les mercenaires étaient assez dingues pour fréquenter cette boutique... Pas à tord, d'ailleurs, car Allar avait souvent ce qu'on cherchait.
Pour l'instant, c'était le cadet des soucis de Zell. Sa main droite se retira de l'épaule du garçon, prête à fuser vers la poignée de son épée qui dépassait par dessus son épaule. Paranoïa qu'il n'avait pas encore vraiment dompté, l'habitude d'être traqué, d'être un homme à abattre... Ce qu'il n'était plus. Mais se méfier de ses semblables, des autres mercenaires... Légèrement, à peine, il fronça les sourcils, son visage dur et froid, méfiant.

Sans se retourner, il devina que Thaura avait reculé d'un pas, pour s'appuyer au mur à côté de la porte, prêt à bondir à l'extérieur, à grimper sur Bouton d'Or et se tirer. Au moins, il avait rapidement retenu les règles premières à savoir, quand on avait sept ans, et qu'on trainait avec des mercenaires.
Revenir en haut Aller en bas
Accalon MorteLame


Nombre de messages : 11
Âge : 31



Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Accalon MorteLame
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Lun 15 Mar 2010 - 18:41


Profondément inspiré par le décor, Accalon avait fourré une dague dorée au pommeau contenant un rubis fallacieux dans sa botte droite, un couteau vaguement semblable dans sa gauche, et avait fait glisser deux colliers étranges dans sa manche. Aussi normaux étaient ses objets, aussi facilement pourrait-il les revendre au premier venu.
Ses yeux, vagabondant promptement d'étagères en étagères, croisèrent le regard d'un être de peinture. Qu'est-ce que cette relique pouvait faire dans un trou à rat pareil ? Un cadre en apparence d'or, une toile ancienne et déchirée par endroit, un portrait excellent. On y voyait fêter un prince au regard clairvoyant, et sa foule totalement enivrée dansait autour de lui. Cependant, pour un œil clairvoyant, son ivresse à lui n'était pas sans mélange. Se sentait-il vaincu dans son pouvoir de tyran ? Frustré et bafoué de ses prévisions et espérances ? Humilié dans son art d'engourdir les esprits ? De telles suppositions, non exactement justifiées, et pas totalement injustifiables, s'accumulaient dans son esprit alors qu'il contemplait le visage du prince, sur lequel la pâleur se rajoutait à chaque instant à la pâleur habituelle, comme la neige se rajoute à la neige. Ses lèvres se resserraient de plus en plus et ses yeux brûlaient d'un étrange feu semblable à celui de la jalousie et de la rancune alors même qu'il applaudissait ses amis bouffons, et bouffonnant si bien la mort. Quelques minutes plus tard, un coup de sifflet, aigus et rapide, vint l'interrompre dans son tourment.

Accalon détourna les yeux et propulsa d'un mouvement de bras, rapide comme un glaive, le tableau à l'autre bout de la pièce. Sorcellerie ! C'était une parfaite idéalisation, qu'il était impossible de ne pas supposer vivant, réelle. Ce spectacle avait embrumé son paysage, et à présent qu'il ne l'avait plus sou les yeux, la joie calme où s'ébaudissait son âme avant même d'avoir vu ses hommes avait totalement disparue.

En se retournant, il chercha à analyser sa soudaine douleur.


*Je viens de voir l'image d'un homme qui a survécu à la génération dont il fut le plus brillant amuseur... Il ne criait pas, il ne chantait aucune chanson, ni gaie ni lamentable, il n'implorait pas. Il était muet et immobile. Il avait abdiqué. Sa destinée était faite... Mais quel regard profond il promenait sur la foule et ses lumières...*

Il ne faisait aucun doute que la magie opérait encore et se fut dans un élan de désespoir incertain qu'Accalon dégaina sa MorteLame et pourfendit l'objet maléfique d'un vibrant coup d'épée. Problème réglé. Il rengaina.

" Allar!! Sale..."


… Sale ? Il ne put s'empêcher de jeter un regard, sinon sympathique, au moins curieux sur l'homme qui venait d'entrer. Il y a dans nos races jacassières, des individus qui accepteraient avec moins de répugnance qu'on leur coupe la tête, si une fois sur l'échafaud, ils pouvaient faire une des plus grande harangues, sans craindre que les tambours ne viennent leur couper la parole. À première vue, Accalon était un tambour.
Un enfant reculait sagement jusqu'à la porte, doucement, lentement.


"Tu cherches Allar?"

Il mit un certain temps à percuter, le mot n'évoquant déjà plus rien pour lui. Il fixa la main blanchâtre qui venait d'effectuer un mouvement suspect. Accalon n'était pas la pour le combat. Il gagnait sa vie par la lame, mais ne joutait pas pour le plaisir.

-Effectivement... En rentrant seul chez moi, à cette heure où la voix de la Sagesse n'est plus étouffée par les bruissements extérieurs, je me suis dit : Pourquoi ne pas rendre visite à cette vieille branche d'Allar ? Nous parlerons du bon vieux temps où il exerçait encore. Pas que je le connaisse de longue date, mais dans le métier, tout s'échange, les amis également. J'ai guerroyé avec quelques uns de ses anciens compagnons autrefois... En discutant, le lien s'est laissé trouvé.

Ce n'était pas une vérité totalement réelle, mais on ne pouvait la remettre en cause non plus. Tout en parlant, il avait fait un pas en avant pour quitter la pénombre. Si Allar débarquait, sinon content de la voir, au moins pourrait-il justifier son histoire et apaiser la méfiance de l'inconnu. Ou pas, d'ailleurs.
Revenir en haut Aller en bas
Zell Armn


Nombre de messages : 1811
Âge : 34

http://sia-69.forumprod.com

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Zell Armn
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Mer 17 Mar 2010 - 0:43


Le jeune mercenaire haussa un sourcil, apparemment étonné d'apprendre que certaines pouvaient réellement désirer entretenir une conversation avec Allar. Même pour parler du bon vieux temps. Surtout vu ce dont le vieillard se souvenait... Ce qui attira l'attention de Zell, ce fut l'une des dernières choses que prononça l'autre. Ses anciens compagnons d'autre fois... Ce type n'avait pas l'air beaucoup plus vieux que lui-même. S'il avait combattu avec d'anciens camarades d'Allar... Le vieil homme n'avait jamais eut d'autres compagnons que ceux qu'il lui avait connu. Ca faisait bien vingt ans, qu'Allar avait raccroché. Il était effectivement impossible que ce type ait pu combattre avec lui, mais... S'il avait combattu aux côtés d'anciens camarades, ça ne pouvait être qu'eux.

"
Ow..."

Ca avait l'air de vraiment le surprendre, mais il ne formula pas d'autres commentaires. lui-même n'aurait jamais eut l'idée de venir tuer du temps ici... Allar était à moitié sourd et sénile, et ça ne s'arrangeait pas avec les années...

Thaura avait du sentir son père se détendre, vu qu'il quitta le mur pour aller s'intéresser aux monceaux d'objets divers et variés qui s'entassaient de partout. Au même âge, Zell se serait jeté sur l'inconnu pour l'assommer de questions... Mais Thaura avait été élevé par une elfe. Et ça se voyait... Quand les adultes parlaient, lui restait discrètement en retrait. Peut-être écoutait-il seulement d'une oreille... Peut-être ne prêtait-il même pas un soupçon d'attention à tout ça.

Effectivement... En rentrant seul chez moi, à cette heure où la voix de la Sagesse n'est plus étouffée par les bruissements extérieurs, je me suis dit : Pourquoi ne pas rendre visite à cette vieille branche d'Allar ? Nous parlerons du bon vieux temps où il exerçait encore. Pas que je le connaisse de longue date, mais dans le métier, tout s'échange, les amis également. J'ai guerroyé avec quelques uns de ses anciens compagnons autrefois... En discutant, le lien s'est laissé trouvé.

"
Je savais pas qu'il pouvait encore discuter."

Un ton franchement sceptique, cependant il ne s'étala pas sur le sujet, gagnant seulement le comptoir pour abattre avec force la main dessus, la clochette destinée aux visiteurs tressautant et tombant par terre. Accompagnant le geste de la voix, le mercenaire appela le papi, sans aucune patience dans la voix. Il aurait pu être chez lui qu'il ne se serait pas comporté d'une autre façon...

"
Allar!!! Ramène ta face de rat par ici!"

Quelqu'un toussa à l'étage, ils purent entendre deux pantoufles se trainer sur le sol, suivit d'un bruit sourd, comme si... Comme si quelqu'un venait de se vautrer de tout son long. Zell leva les yeux au ciel, avant de se retourner, s'accoudant au comptoir en détaillant le visiteur. Il collait à l'idée que l'on pouvait généralement se faire d'un mercenaire, quoique... Quoique. Il y avait peut-être quelque chose de plus en ce type. Ou de moins... Il n'était pas très sûr de lui, mais ce gars avait quelque chose en lui, quelque chose qui faisait la différence.
Plongé dans ses pensées, le mercenaire ne remarqua que vaguement Thaura, filant derrière le comptoir pour aller grimper l'escalier, comptant sans doute aller voir ce que devenait Allar. Profitant de l'absence du gamin, Zell se reconnecta à la réalité, fixant l'inconnu, d'avantage sérieux et... Comme si ce qu'il disait avait une réelle importance, avait de la valeur à ses yeux.

"
Un de ses anciens compagnons s'appelait Mohran. Tu l'as connu?"

Croisant les bras, Zell garda son regard bleu vert posés sur l'autre. Il avait parlé doucement, un ton semblable à ces gestes que l'on avait quand on manipulait une précieuse relique. Un bien précieux souvenir... L'as-tu connu, le connais-tu encore, sais-tu seulement où il est? Il aurait voulu savoir, être sûr que Mohran était quelque part en Alagaësia, toujours en vie, toujours en forme... Non pas qu'il voulait le revoir, il n'aurait jamais trouvé que dire. Mais juste savoir...
Revenir en haut Aller en bas
Accalon MorteLame


Nombre de messages : 11
Âge : 31



Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Accalon MorteLame
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Mer 17 Mar 2010 - 18:03


La surprise pouvait se lire sur le visage de son interlocuteur, une surprise innocente bien que non désintéressée. Accalon prit un air faussement indigné quand son interlocuteur lui fit savoir que l'ancêtre était dans l'incapacité morale et physique de tenir une discussion un peu près logique.

« Que ses paroles aient un sens ou non, elles n'en restent pas moins pleine de la sagesse du Temps... La vieillesse a sûrement beaucoup plus à nous apprendre que tu ne le crois. »


Il n'en pensait pas moins mais n'en trouvait pas pour autant dommage qu'on puisse négliger ce savoir. La témérité de la jeunesse est de ne pas écouter les récits de ceux qui ont la vie derrière eux. Chaque expérience mérite d'être vécue personnellement pour qu'une leçon en soit tirée. Malheureusement, avec ce système d'éducation dû à l'orgueil, l'humanité ne fait que recommencer le cercle de la vie, une boucle vicieuse et éternelle. Jamais l'humain ne tendrait à s'élever de cette manière. Mais s'il devait en être autrement, ils ne seraient pas ce qu'ils sont.

Accalon était fidèle à cette nature qui était aussi la sienne. Il était perverti jusqu'à la moelle par l'avidité et complètement aviné par l'odeur des richesses, aussi négligeables pouvaient-elles êtres, et se débrouillait pour en suivre le cours. La seule raison pour laquelle il était venu parler à Allar était pour lui soutirer quelques informations sur un sujet précis, non pas pour faire œuvre du peu de sagesse qu'un tel individu -un mercenaire tout aussi prompt à la haine que lui-même et qui n'a pu tirer qu'une seule leçon de la vie : frappe vite et juste.

À voir comment l'inconnu se comportait en ce lieu, tout laissait à croire qu'il était ici chez lui. Mais on avait dû mal à croire que quelqu'un d'autre que ce vieillard décrépi puisse vivre dans cette ridicule et puante demeure. Surtout pas un enfant. Inconnu junior aurait-il dit, tellement la ressemblance entre les deux était évidente. Ils partageaient jusqu'au moindre traits de leur figure, peut-être même jusqu'à la plus accessoire expression.

C'est dans une totale indifférence qu'il contempla son interlocuteur démonter littéralement le comptoir en appelant le vieil homme. Quand celui-ci le dévisagea, il soutint son regard, affichant une innocence fallacieuse.


« Mohran, dis-tu ? Mohran … Un brave guerrier, puissant, légèrement fou aussi, dit-il en affichant un sourire moqueur. Mais d'une bonne folie, d'une démence de conquérant. Sa seule faiblesse était sûrement son moutard. Il ne ratait pas l'occasion de nous en faire l'éloge. Dommage... Ce n'est pas bon de s'attacher dans notre métier.
Après qu'on se soit fait écharpé, il faisait partie des quelques survivants... Je crois... Lui, et une partie de ses hommes. Nous nous sommes quittés là, dans le désert. C'était il y a six ans, presque jour pour jour. »

Dans une semaine, cela ferait six ans que sa vengeance était assouvie ; dans une semaine et trois jours, cela ferait six ans qu'il s'était pris la plus grande défaite de sa carrière. Il avait fuit comme un lâche, mais avec panache et courage, d'une certaine manière.

La situation opposait deux hommes qui n'avait en première vu en commun que la manière de gagner leur vie. Un fantôme blanc contre un esprit noir, l'un drapé de sombre et l'autre de clair. Le premier affichait un visage des plus sérieux, le second semblait se moquer du passé comme on pouvait rire de la mort. Il le fixait de ses yeux clairs et lui, lui rendait ce regard d'un œil sombre. Deux guerriers face à face, loin du combat, et ayant chacun leur chimère. Invisible et semblable à des illusions. Mais les illusions sont aussi vastes que les rapports des hommes entre eux ou les rapports des hommes avec les choses. Et lorsque l'illusion disparaît, c'est à dire, quand l'être nous apparaît autre que nous, que sa Chimère se dévoile, alors naît un sentiment étrange, moitié de regret pour le fantôme disparu et moitié de surprise devant la beauté du réel. Donc il portait tous les deux une splendide et infâme chimère, un poids loin d'être inerte, qui les étouffait et les englobait de ses muscles élastiques et puissants. Elle entourait de ses deux énormes griffes et s'attachait à la veste de leur monture. Aucun d'entre eux n'était irrité par la bête qu'ils avaient sur le dos : elle n'était que le poids de leur passé et ils devaient la considérer comme faisant partie d'eux même. Deux renégats.


« Mais en quoi Mohran peut-il t'intéresser ? »
Revenir en haut Aller en bas
Zell Armn


Nombre de messages : 1811
Âge : 34

http://sia-69.forumprod.com

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Zell Armn
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] | Mer 17 Mar 2010 - 20:45


Le jeune mercenaire s'amusa d'un demi sourire de la sagesse que pouvait bien détenir Allar. Il ne doutait pas que le bonhomme ait eut sa période de gloire. Après tout, s'il avait fait parti de la même troupe que Morhan, c'était qu'il en avait à revendre. Mais avec le temps, il était devenu une vieille chose sénile et usée, un peu folle, quasiment incapable de reconnaitre se reconnaitre dans une glace. C'était un peu exagéré, si Allar était vieux, il ne perdait pas encore totalement la boule. Enfin quand même, il en était pas loin... En tout cas, il doutait sérieusement de pouvoir apprendre grand chose de sage, venant d'Allar. Ce dernier n'était peut-être pas un abruti, mais il n'avait jamais été un homme porté sur la réflexion, la sagesse... Ni sur la transmission de son savoir aux générations à venir. Il avait été un mercenaire de base, peut-être supérieur aux autres par ce qu'il faisait parti de ceux qui n'avaient peur de rien, pas même de mourir...

La suite, il l'écouta attentivement, se gardant bien de s'attarder sur le sourire de l'inconnu. Les mercenaires avaient, en général, bien peu de considération leurs semblables. Et quand par hasard un sortait du lot, comme lui-même avait pu le faire, il se faisait rapidement écraser par les autres... Ils ne se faisaient pas de cadeau entre eux, et toutes les occasions étaient à prendre. Mohran, un peu fou? Sans doute... Lui il l'avait toujours admiré, gamin qu'il était. Il l'avait même aimé, mais ça, c'était parce que c'était son père. Tout le monde l'avait toujours trouvé un brin cinglé, et il fallait sans doute l'être pour emmener un rejeton avec soi... L'éloge de son moutard... Zell baissa les yeux, se souvenant sans peine de ces jours, de ces mois, de cette année à crever de honte en prison. Il n'y avait plus d'éloge à faire, loin de la même. La seule chose que Mohran aurait ressenti, en posant les yeux sur lui, c'aurait été de la honte. Pour peu qu'il le accepte encore de le regarder...
Six ans jour pour jour. Presque six ans. A peu près à cette époque où il avait choisi de devenir réellement un tueur, plus qu'un mercenaire. Cette époque qui avait bien failli compter les dernières heures de sa vie... Tiens, il aurait préféré mourir de ce coup de poignard. C'aurait été plus facile.

"
Je lui dois quelque chose."

La vie? Un bien pitoyable cliché... Non, il lui devait juste sa fierté. Mohran avait toujours été fier de lui... A tord, puisqu'il s'était fait avoir comme un débutant. Il était pourtant bien placé pour savoir combien il pouvait être stupide d'accepter la compagnie de ses semblables, en étant soi-même recherché...
Il se garda d'ajouter quoique ce soit, et surtout de préciser que le moutard en question, s'était lui. Avec sa dignité en morceau, il ne se sentait aucun droit d'affirmer être le fils de qui que ce soit... Et surtout pas de Mohran. Au lieu de ça, il tira seulement un tabouret haut sur pied vers lui, s'asseyant en détaillant l'autre d'un nouveau coup d'œil. Il allait ajouter quelque chose, quand Thaura dévala les escaliers du bout des pieds, revenant dans la boutique sans avoir l'air essoufflé le moindre du monde. Sans hésiter, il s'adressa directement à son père, comme un soldat venant faire un rapport à son supérieur.

"
Al s'est fait mal. Il m'a dit qu'il arrivait, et il m'a donné ça."

L'enfant tendit une bouteille au mercenaire, qui l'attrapa et l'examina attentivement. Sans un mot, il scruta le bouchon, qui ne semblait pas avoir été défait, puis ouvrit et renifla le contenu. Vaguement rassuré, il indiqua la porte au mouflet d'un geste sec de la tête, et le semi-elfe y bondit sans un mot, gagnant l'extérieur pour veiller sur le cheval de guerre. Allez savoir qui des deux serait celui qui veille...
Le môme partit, Zell jeta un regard aux alentours, ne s'étonnant pas de ne pas trouver de verre. Dans le cas contraire, il ne se serait de toute façon pas risquer à s'en servir... Après avoir bu au goulot, il posa la bouteille sur le comptoir, la poussant à peine vers l'autre. Pas la peine de formuler le fond de sa pensée: si l'inconnu avait soif, il pouvait se servir. Allar n'était qu'un débris, mais son alcool de noix n'était pas mauvais.

"
Rien n'est bon pour notre métier."

Il avait mis l'accent sur le dernier mot, presque dédaigneux. Plus le temps passait, et plus il commençait à y croire, à ça. Que rien n'était bon pour eux.

"
On m'appelle Zell."

Le mercenaire bu une seconde rasade, avant de reposer la bouteille, l'éloignant cette fois-ci plus franchement de lui. Les gens normaux se seraient la main quand ils se présentaient, mais il n'était pas sûr d'être normal. Et puis, au cas où sa poisse aurait été contagieuse...
Revenir en haut Aller en bas





Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] Vide

Contenu sponsorisé
Message Sujet: Re: Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre] |


Revenir en haut Aller en bas

Où on enfonce les portes et martyrise les vieux [libre]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut

Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Brisingr, Chroniques de l'Alagaësia - Forum roleplay :: Hors RP :: Fantômes du passé :: RPs Achevés-
Ouvrir la Popote