Les tenants et aboutissants du grand plan mis au point par le Concile des Ombres n’étaient pas très claires. Pas pour Johanne, Johanne Desper, contre-amiral de la flotte Concilienne. Pourtant elle obéissait. Ses troupes feraient leur travail, comme on le lui avait demandé, avec la maîtrise et l’efficacité qui la caractérisait.
-Terre à vue, mon amiral, lui déclara le capitaine de frégate qui commandait la galeïa sur laquelle elle se trouvait.
Desper hocha la tête en observant le profil côtier qui se dessinait à l’horizon. Ses vaisseaux légers n’avaient pas la possibilité d’embarquer des engins de siège, cependant, elle avait dix mille hommes sous ses ordres, à elle et trois de ses confrères. Ça compensait efficacement quelques lance-pierres géants.
A tribord se dressait Reavstone, la cité côtière, ses navires décrivirent une courbe peu marquée pour rallier la ville. Elle était entourée de champs, Desper n’avait pas l’intention de prendre la ville, cependant, elle comptait leur faire un peu peur.
La galère filait, mue par le fameux moteur humain autant que par ses voiles. La quadragénaire fit craquer les jointures de ses doigts. Si leurs adversaires se révélaient mieux organisés que ce qu’elle avait supposé, elle risquait d’en pâtir, cependant, elle le saurait bien assez tôt.
Avec elle, elle emportait plusieurs navires, la terre se rapprochait de plus en plus, elle doutait que qui que ce soit, prenne une flotte de vingt-cinq galères pour autre chose qu’une armée d’invasion, ou, au mieux, une bande de pirates très puissantes.
L’agitation prit de l’ampleur, on n’arrêtait pas bouger, les soldats se préparaient, les rameurs donnaient ce qu’il leur restait de forces, espérant rapidement toucher terre pour pouvoir se reposer tandis que d’autres s’occupaient d’aller se faire tuer.
Les galères touchèrent la plage presque simultanément, les militaires débarquèrent en bon ordre.
-On y va, ordonna le contre-amiral.
L’ordre fut relayé. Les troupes se lancèrent à l’assaut de ce qui entourait la ville, tandis que des dromons s’occupaient des navires dans le port, au nombre de cinq, elles n’avaient qu’à s’opposer à une marine marchande sans défenses et effectuer un blocus du port.