Un fleuve courait juste à l’est de la ville de Petrovya. Et à l’est de ce fleuve se trouvaient les montagnes des Béors, le repère séculaire des nains. Mais ce n’étaient pas de petits êtres trapus qui s’apprêtaient à prendre part à la guerre, non, c’étaient des hommes, tout ce qu’il y a de plus humains. Les mages qui patrouillaient dans un très large périmètre autour de Petrovya rapportait une troupe forte de plus de cinquante mille hommes, de moins de soixante-quinze mille, mais ils ne pouvaient pas se montrer plus précis.
Taipei n’avait avec lui que trente mille hommes, mais il s’agirait de les utiliser à bon escient. Ils étaient bien plus proches de leur cible que leurs adversaires, vu leur point de départ, ce qui compensait le temps passé à les repérer précisément. Les hommes qui arrivaient devraient forcément traverser ce fleuve qui allait se jeter dans la mer du Sud, et pour cela, il faudrait bien emprunter un pont, ou un gué, mais la plupart étaient trop étroits pour faire passer une pleine armée. Bien sûr, le fleuve était long, l’armée adverse pouvait aussi bien se décider à le longer jusqu’à son embouchure pour trouver un autre point de passage.
Mais ce serait un détour énorme. C’est pourquoi les gens du Concile planchaient plus sur un passage par le pont le plus large qui soit dans un rayon restreint autour de la dernière position enregistrée de l’armée inconnue. C’était un large édifice qui enjambait le fleuve à un endroit où il faisait trois cent mètres de large. Le passage était pavé, assez large pour faire passer dix cavaliers de front sans se serrer, et les arcades soutenant l’édifice rendaient une impression d’immuable solidité. Dix mille hommes arrivèrent peu après leur départ à ce point, mais il n’y avait pas encore d’ennemi en vue. Saper les fondations du pont aurait été le plus radical, cependant ça prendrait du temps, et l’armée inconnue n’allait pas non plus attendre qu’ils aient gentiment fini la guerre.
Aussi se mirent-ils simplement en place, dressant des barricades, et entreprenant de faire construire des engins de siège qui serviraient à occuper l’ennemi.
Mais ce n’étaient que dix mille hommes qui se trouvaient ici, et c’était bien suffisant pour défendre un pont. Les vingt mille autres se déployaient en amont et en aval pour couper la route à l’armée adverse au cas probable où elle chercherait à éviter un combat défavorable.