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Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir]

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Azfrael


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Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] Vide

Azfrael
Message Sujet: Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] | Lun 15 Sep 2008 - 13:23


Identité :


Prénom et nom : Azfrael le Vagabond

Race : Probablement humain

Sexe : Probablement masculin

Âge : Difficile à déterminer selon sa coiffure, etc. Lui même ne le sait pas.


Histoire :


De toutes les idées que j'ai jamais eues, celle ci me parait de loin la plus bizarre, autant qu'elle me parait essentielle. Sans même en savoir les causes, je ne cesse d'éprouver cette crainte irrépressible de devoir perdre un jour ma vie. Non pas l'étincelle qui anime mon corps et me permets chaque jour de marcher, respirer, mais tout ce que j'ai vécu, ce qui a forgé mon être. A coup sûr, cette tâche ne ferait que me plonger dans un désespoir plus grand que celui qui est le mien actuellement, mais une voix au fond de mon esprit chuchote que j'en ai grandement besoin. Plus encore même que je ne pourrai l'imaginer. Coucher toute la souffrance de ma vie sur un simple bout de parchemin moisi serait-il suffisant pour l'estomper comme le peintre qui mouille son pinceau ? Se rendre compte qu'il n'y a dans sa vie aucun moment de bonheur qui ne soit taché d'une auréole de douleur m'aidera-t-il à me dire que je n'ai plus rien à perdre ? Là encore, je ne pense pas que quiconque ait une réponse à m'apporter sur ce sujet. Je ne puis qu'essayer, et voire ce qui se passera dans l'espoir que cela me fasse au moins passer le temps. L'espoir, une chose futile qui ne fait que donner un motif pour ne pas tomber dans la folie. Elle serait pourtant si douce pour moi...

Ma raison... Je me demandais si je n'étais pas en train de la perdre tout simplement, à vouloir me lancer dans cette entreprise. J'en avais certes les moyens, sous forme de bouts de peau et d'écorces lissées comme parchemin, de clous pour plumes, et pour toute encre, mon seul sang. Il n'avait ni la couleur profonde, ni la fluidité des encres qu'il m'étais arrivé de voir dans un passé indéfini, mais sa couleur sombre aux reflets rouges devrait suffire.
Quelle naïveté qu'étais la mienne de penser que tout serait aussi simple. Dès les premières arabesques brisées tracées par mes doigts gourds, mon sang n'avait fait que se répandre en dégoulinades rouges. J'avais longuement peiné , éclairé par la lumière chiche d'une torche mourante; tout ça pour parler de mes espoirs et de mes inquiétudes...
Pouah ! Je me dégouttai moi même par ma propre pitié, mais je persévérai, déterminé à en écrire le plus possible avant que l'on ne revienne me chercher. De nouveau, je forçais l'assemblage bleuissant de meurtrissures qu'était mon dos à se pencher légèrement. Ce simple geste suffit à m'arracher un gémissement pitoyable. C'était là tout ce que ma gorge en feu était capable de produire. Même un chiot affamé aurait fait mieux...
Pendant quelque temps, je laissais la douleur pulser jusqu'à ce qu'elle ne soit plus réduite qu'à une sensation d'arrière plan. Elle était toujours présente, mais l'habitude aidant, elle ne serait pas source de distraction.
Avec maintes grimaces, je parvins à tenir gauchement le clou dans ma main gauche et en trempa la pointe dans le petit filet sanglant qui courrait le long de mon bras...


Aussi loin que ma mémoire me porte, j'arrive à me voir enfant. Quel âge avait-je alors ? De cela, je n'arrive pas à me rappeler, comme pour beaucoup de choses. Quel serait la différence si je le savais ? Je ne sais même pas depuis combien de temps je hante cette demi-vie, loin du soleil et de la nuit...

La frustration grandit en moi à chacun de ces mots. J'étais incapable de mener une tâche sans même dévier sur ma situation actuelle. Etait ce un signe que j'avais commencé à oublier ? Je refusai d'y croire et me remis à écrire avec opiniâtreté.

J'ai l'impression que mes souvenirs filent entre mes doigts comme la laine d'un accroc, mais je me rappelle certaines choses concernant mon enfance. Des choses heureuses mais qui pour moi seront toujours teintées de culpabilité.

Je ne me rappelle plus du nom de ce village, mais son image danse de temps en temps devant mes yeux, comme pour grandir davantage le sentiment de perte qui m'habite.
Il devait y avoir une vingtaine de maisons. Vingt formes allongées qui dressaient leurs murs blanchis au plâtre le long de quelques rues de terre battue. Un toit en chaume les protégeait des intempéries et des volets aux couleurs vives égayaient la blancheur de leurs murs. Tout fleurait bon le parfum des fleurs, la fraîcheur de l'herbe verte et la senteur de résine de la forêt toute proche.
Un cadre enchanteur qui pourtant ne suffisait pas à l'enfant que j'étais. Du haut de mon petit mètre, j'y voyais une prison dorée qui m'empêchait de devenir un jour un grand héros.


Mes yeux me piquèrent davantage à la seule évocation de ce souvenir. J'avais été jeune, et ô combien idiot de ne pas en profiter. L'envie de pleurer devant tant de gâchis me pris et un sanglot secoua mon corps, ramenant avec lui la douleur. D'un reniflement, je repris ma tâche. Il le fallait.

A cette époque appartenant à un autre monde, je ressemblais à un garçon comme des milliers d'autres. Ma chevelure brune et courte ne semblait obéir à aucune notion d'ordre et se retrouvait souvent mêlée de duvets, et de bourrissons issus de l'activité passionnante d'un gamin dans des champs non cultivés. A force de jeux et de bagarre, mes vêtements laissaient passer l'air par une quantité ahurissante de trous. Ma mère, une femme aux yeux d'un vert pétillant ne cessait de me gronder sur ce sujet.
Mon père était du même avis sur ma question, mais j'échappai toujours à la punition. Je les regardais d'un air attendrissant, mes yeux couleur d'ambre exagérément brillant. Dès que je sentais que j'avais gagné, mes lèvres s'écartaient en un sourire radieux et je me tenais tranquille pour le reste de la journée.
Puis un beau jour, mon monde commença à changer imperceptiblement. Les hommes prenaient une mine grave et nous mettaient davantage la bride sur le coup. Nous n'avions plus le droit de sortir seuls la nuit et je me rappelle en éprouver une frustration toute infantile.

En dépit de cela, la fête des moissons avait eu lieu dans la bonne ambiance. il avait fait un temps parfait cet été et les épis croulaient sous les grains dorés. Cette nuit là, la lune était pleine et dispensait sa leur argentées sur les robes blanches de nos mères.
J'ai beaucoup oublié de cette soirée là, mais une chose est toujours restée ancrée dans mon esprit. Il soufflait une douce brise estivale qui gonflait les jupes blanches d'Anilia.
Celle nuit là, elle était encore plus belle que jamais, des rubans d'un bleu chatoyant piqueté dans son épaisse et lustrée chevelure dorée. Son rire incessant résonnait dans mon cœur en une cascade de notes joyeuses. Une mélodie enchanteresse qui me transportaient alors dans un univers dont elle était le centre. Maintenant que je tente de me remémorer ces évènements, les autres ont disparus, remplacés par ce rire. Anilia. Mon premier amour, bien que je ne me le fus jamais réellement avoué.
A l’époque, je ne pensais éprouver rien d’autre que de l’amitié à son égard. Pour mes yeux d’enfants, elle possédait quelque chose d’irréel qui la plaçait bien au dessus d’un petit garnement. C’est sans doute pour cette raison que je n’ai jamais osé lui demander une danse ce soir là. La regarder me suffisait...


Sans que je ne le veuille, ma main s’était peu à peu arrêtée à l’évocation de cette soirée. C’était là la dernière fois que j’avais vu Aliana et le souvenir le plus vif et chatoyant que j’avais. Le reste de mon enfance s’offrait aux yeux de ma mémoire pareil à un spectacle de silhouettes vagissantes noyées dans la brume. De temps à autres, j’en apercevais quelques éclats, mais ils s’effritaient entre mes doigts. Ecrire était la seule chose que je pouvais faire pour espérer conserver ces rares instants…

Ce fut aussi cette nuit là qu’il m’arriva une chose des plus étranges. J’ignore quand le sommeil eu raison de mon excitation, mais je finis par m’endormir dans la fraîcheur de l’herbe et à rêver. Ce fut le rêve e plus étrange de ma vie, et il garde en lui une clarté qui ne cesse de me surprendre. Peut-être que le coucher sur le papier l’aidera à mieux le comprendre. Les pièces s’assemblent dans ma mémoire pour former un puzzle dont il ne me manque qu’une seule pièce pour le compléter. Voici les sensations qui ont longtemps hanté mes nuits. D’images, il n’y en a pas. Je crois que je les ai toutes oubliées, à moins qu’elles n’aient jamais été présentes.

J’entends autour de moi le bruit de l’herbe qui ondoie doucement et le chant des grillons et courtilières. Non loin, un capharnaüm de bruit tend à dominer tous les autres et m’effraie. Je sens des brins d’herbe contre ma face et entends le bruit de ma course. Patapom patapom. Les sons se font plus nets, plus précis. Non loin de moi, une souris couine, mais je ne lui prête aucune attention. Une senteur vient me chatouiller les narines. Elle réveille en moi une faim grondante. Sans attendre, j’augmente ma vitesse et l’odeur se fait de plus en plus forte. Le vent se fend devant moi et je sens monter en moi une exaltation sauvage. Mes muscles se détendent, et je mords la chaire tiède. Le sang rentre passe à travers mes dents, et son goût de fer m’enivre. Cela finit par céder sous mes efforts, et je commence à arracher des lambeaux de chair tendre. Je fini lorsque mon estomac est rempli généreusement. Je sens alors un besoin de repos, et retourne m’allonger dans l’herbe.

Je n’ouvrai les yeux que lorsque le soleil me chatouilla les paupières. Autour de moi, j’entendais confusément des bruits de conversations. Graves, inquiets. Mes parents étaient penchés sur moi, en compagnie d’autres villageois. Je restais assis comme un imbécile à me demander ce que j’avais bien pu faire, et ne me rendis compte qu’au bout de quelques minutes que j’étais nu comme un vers. Je sentis distinctement une vague de chaleur monter dans mes joues. J’avais toujours eu une nette propension à rougis pour tout et n’importe quoi. Ce jour là, je ne fis donc pas exception à la règle.
Ce jour là et les deux suivants, je les passais enfermé dans la pièce exiguë qui me faisait office de chambre. Par la lucarne ouverte, j’entendais mes camarades jouer, et en haïssait d’autant plus mes parents. Cela aussi, je devais le porter comme un fardeau…
Le quatrième jour, je pus enfin sortir, et en profitai aussitôt pour faire les quatre cents coups, jusqu’à l’arrivée d’un groupe de cavalier. J’aurai sans nul doute mieux fait de débusquer les araignées dans la cave, mais comment aurai-je pu savoir ce qui allait se passer ?
Les cavaliers arrivèrent, donc. Des bêtes royales pour mes yeux plus habitués aux lourds chevaux de traits et aux ânes qu’à de véritables chevaux. Très vite, nous nous rassemblâmes vers ces voyageurs. Il en passait de temps à autre dans notre village, mais rarement aussi richement vêtus et aussi nombreux que ceux là. Une promesse de vente à venir, et plus prosaïquement, des histoires à raconter à nos voisins. Quelle crédulité que fut la notre ! Et quelle stupidité la mienne. A mes yeux, ils avaient l’air accueillant et bien disposés, mais quelque chose ne cessait d’aller et venir dans mon esprit. Sang, haine, danger ! J’ignorai cette voix attribuée sur le coup à une réminiscence d’un vieux cauchemar
Nos parents leur souhaitèrent la bienvenue, et commencèrent la conversation. Avaient-ils besoin de quelque chose ? Désiraient-ils se reposer ? Très vite, nous nous désintéressâmes de tout cela pour retourner jouer. Nous en avions assez vu, et ils seraient sans doute encore là le lendemain. Je tournais donc le dos à l’attroupement et proposai quelque chose que j’ai oublié depuis.
DANGER !!
Une brusque impulsion raidit mes muscles et, sans même en avoir franchement conscience, je me carapatais comme un lièvre poursuivi par un loup. Je ne jetai pas même un regard en arrière, ce qui expliqua que je ne vis pas ce qui se passa. Une voix brailla de ne pas le laisser s’échapper puis j’entendis le son d’un cheval lancé au galop à une vingtaine de mètres derrière moi.
J’entendis des cris, et deux autres cavaliers apparurent devant moi. Alors seulement, je me retournai. Il m’était impossible de maintenir l’allure d’un cheval et quelque chose en moi me criait de faire face. J’aurai mieux fait de ne rien faire.
Des cavaliers avaient mis pied à terre et menaçaient les adultes de leurs longues épées. Au pied de l’un d’entre eux gisait un cadavre que je reconnus comme étant celui du chef de village. Une flaque de sang s’étendait lentement autour de son corps, provocant chez moi un haut le corps. J’ignore combien de temps je restai figé, désemparé, perdu, avant que des cavaliers me prêtassent une parcelle de leur attention. Ils louchaient sur moi et échangeaient des mots qu’un accent à trancher au couteau rendait incompréhensibles.
Il n’y a rien de plus dangereux qu’un fauve acculé ; cela, je pouvais le certifier. A peine les cavaliers m’eurent-ils touchés que je me mis à mordre, griffer, donner des coups à tout ce qui se passait à ma portée. Plus rien ne comptait pour moi, hormis la survie. Ce mot vibrait en moi à chacun de mes coups. Survivre peu importe le prix. Aujourd’hui encore, j’ignore d’où me venait cet instinct et pourquoi je n’abandonnais pas devant des prédateurs qui me surclassaient de la manière la plus nette possible. Finalement, je sentis quelque chose exploser derrière mon cadre, et vis le monde tournoyer autour de moi avant de plonger dans le noir le plus total.

La suite fut une succession de réveils marqués par une migraine impitoyable, et d’inconscience bénie. Lorsque je pus enfin tenir conscient plus d’une poignée de secondes, je remarquai que j’étais dans un chariot ouvert. Bâillonné, pieds et poings liés. Entassé comme du bétail contre mes camardes de jeu. Certains pleuraient, mais la plupart gardaient un silence pitoyable. Pour ma part, je n’avais d’yeux que pour nos parents, entravés le long des murs, à l’aplomb des toits les plus avancés. Leurs visages étaient étrangement brillants, et il flottait dans l’air une forte odeur d’huile.
Avec force secousses, le chariot s’ébranla, nous arrachant les gémissements pitoyables de bêtes blessées. De nos parents montèrent des supplications, mais ils ne reçurent que des coups pour les faire taire. Les cavaliers finirent par remonter sur les montures et deux d’entre eux lancèrent des torches enflammées contre les toits. Les langues orangées partirent à l’assaut du chaume qui commença à se répandre en débris enflammés un peu partout.
Je me souviens avoir hurlé. Hurlé de toutes mes forces. Hurlé que je les aimais, et que je regrettais tout. Je me rappelle le pan embrasé qui tomba sous mes yeux, me coupant à la vue de mes parents. Du chariot qui prenait de la vitesse. Des hurlements atroces et des pleurs. De la fumée qui me faisait tousser.
Je me rappelle l’atroce sentiment de perte qui noya jusqu’à mes larmes et du village en feu. Ma vie partait en fumée sous mes yeux. Noire et âcre. Charriant l’odeur de la mort. J’aurai voulu mourir sur-le-champ, oublier. Tout sauf voir la mort à l’œuvre. Je cherchai l’inconscience en espérant ne plus me réveiller. Je ne trouvai que le regard méprisant et cruel du cavalier qui fermai la marche. Et le faucon d’argent brodé sur son brassard de velours noir. La dernière chose que je devais emporter dans les ténèbres qui m’enveloppèrent peu après…



Dernière édition par Azfrael le Mer 17 Sep 2008 - 17:22, édité 9 fois
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Ellenwen

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Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] Vide

Ellenwen
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Message Sujet: Re: Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] | Mar 16 Sep 2008 - 14:12


Il faut 5 lignes de caractérielle et de physique Wink
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Azfrael


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Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] Vide

Azfrael
Message Sujet: Re: Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] | Mer 17 Sep 2008 - 16:23


Ma main traça difficilement le dernier point. Je n’irai pas plus loin pour le moment : je n’en avais pas le courage, et surtout l’envie me manquait. Mon enfance, la seule chose dont je souhaitais me souvenir, s’était arrêtée ce jour là. Ce qui suivit ne fut qu’une longue marche dans l’ombre qui n’eu jamais de fin. Je n’espérai même pas la délivrance, certain qu’elle me serait refusée jusqu’au bout. Il n’y avait plus que la douleur, la faim et l’épuisement. Même pas la fatigue ; j’avais dépassé ce stade depuis bien longtemps.
Fini les espoirs d’évasion, de vent frais et de liberté. Ils avaient été brisés. Rompus par les cahots du voyage émaillés de haltes qui ne nous laissaient que plus harassés. Nul ne nous avait arrêté jusqu’à la mer. Et là encore, il n’y avait pas eu une seule personne pour empêcher le bateau de prendre le large. Personne…
Nous avions été parqués comme du bétail dans une cale aux remugles hideux, ballottés au gré du roulis pendant des jours et des nuits que nous avions cessé de compter. Il n’y avait que la nourriture moisie et les coups de fouets pour rythmer notre traversée.
Ceux qui avaient nourri l’espoir que tout ceci n’était que passager en furent pour leur frais. A peine avions nous été débarqués sur une terre au parler inconnu que nous avions à nouveau été parqués dans des chariots. Où avions-nous donc été emmenés ? Pourquoi tant de cruauté pour des enfants comme nous ? Ces questions étaient et demeuraient encore sans réponse. Plus personne n’avait trouvé la force de pleurer ni même de gémir. Tout était devenu d’une totale insipidité.
Lorsque finalement nous étions arrivés à notre destination, nous étions trop épuisés pour nous en réjouir ou même jeter un regard sur le ciel constellé d’étoile. C’était la dernière fois que nous étions à l’air libre et que…|

Le son lourd de pas ferré me sorti de mes pensées et je rangeai en hâte les bouts d’écorce éparpillés. Hors de question qu’il voie tout ceci en ma présence !


« Ah, le chien s’est réveillé. Allez debout !! »

Je ne bronchai pas, trop désespéré pour seulement songer à résister. Au prix de maintes douleurs, je parvins à me redresser et me cognais la tête contre le plafond trop bas. D’une démarche titubante, je m’approchais des barreaux, attendant le cliquetis des clefs dans la serrure. Mon geôlier me toisa de haut avec tout le mépris dont il était capable

« Bien, bon chien !! »

Je ne relevai pas la remarque et me contentai d’avancer. Résister ne servait à rien. La cicatrice qui boursouflait mon dos en était la preuve. Je le suivis donc à travers le dédale de tunnels éclairé par des torches pour les quartiers où nous autres prisonniers étions parqués, et d’étranges globes lumineux en ce qui concernait la mine en elle-même.
Peu à peu, le son des pioches se fit entendre avec davantage de netteté. D’un coup d’œil apeuré, j’observai l’avancée des travaux. Je marquai ma surprise par un arrêt soudain. Devant moi, des mineurs dans un état guère plus flamboyant que le mien donnaient du pic dans les parois veinées d’argent. D’autre étayaient la voûte par des madriers de bois au rythme du fouet.
Soudain, une douleur me vrilla le flan droit, et je me tournais en dévoilant mes dents à la manière d’un loup.


« Allez, fini de rêvasser ! Avance !! »

Mon geôlier venait de retirer non sans la faire tourner une pique garnie de barbelé et à présent, il me faisait signe d’avancer. Comme d’habitude, je me dirigeai vers les mineurs, persuadé c’était là la tâche qui m’était assignée. Comme avant qu’une des voûtes ne s’effondre sur mon groupe. Ce moment précis, j’avais vainement appelé la mort de tous mes vœux : quelque chose en moi refusait de me laisser mourir. Stupide corps ! Pourquoi avait-il donc fallu qu’il me retienne à la vie ?

« Pas par la ! Là bas…»

Là bas ? Je posais un regard interrogateur sur la direction indiquée. Pourquoi ? Les filons d’argents affleuraient et…
Maintenant que je m’en apercevais, le labeur continuait comme si de rien n'était. De toute évidence, ce n’étaient pas de l’or qu’ils cherchaient. Mais alors quoi ? Pour la première fois depuis des années de captivité, ma curiosité venait de ressurgir, accompagnée de la sensation depuis longtemps honnie. Danger ! Par je ne sais quel manière, je le sentais pulser tout autour de moi, réveiller des choses que j’avais oublié. Je sentis l’intention de mon geôlier avant qu’il ne passe à l’acte et bien malgré moi, suivit enfin son ordre. Inutile de souffrir davantage. C’était lâche, j’en avais conscience et ça me dégoûtais de moi-même.

Au bout de plusieurs minutes qui se révélèrent être une véritable torture pour mon organisme poussé à ses limites, nous arrivâmes devant une porte flanquée de deux gardes au visage dissimulé derrière un masque de faucon, à l’instar de celui qui m’avait sorti de ma cellule.
Sans un mot, il me fit signe d’entrer et je perçus comme un éclair de sympathie, sinon de pitié dans le brun de ses yeux.
DANGER !!
Je sursautai comme si on m’avait piqué et regardai autour de moi l’air hagard. Pour un peu, j’aurai demandé qui venait de parler, mais je n’en fis rien. Ici, les chiens n’avaient pas le droit à la parole. Sur ces entrefaites, la porte s’ouvrit dans un grincement théâtral, trou noir qui m’attirait dans ses bras. Mes jambes se mirent en branle et j’entrai dans la pièce.
La porte se referma derrière moi, me laissant seul dans une version à peine plus confortable d’un bout de tunnel inachevé. Seul ? Je me rendis compte de mon erreur lorsqu’une voix rocailleuse se fit entendre à coté de moi.


« C’est lui ? Ma foi, je ne suis même pas sûr qu’il fasse l’affaire. Il serait capable de me claquer entre les doigts, comme ça !

Il y eut un bruit de claquement de doigt et les couleurs semblèrent se tordre jusqu’à laisser apparaître deux individus masqués vêtus de manteaux bruns qui ne laissaient voir que le bout de leurs chaussures.

- Ce n’est pas à vous de choisir tel ou tel candidat …

Il y avait un ton de déférence dans cette voix qui me fit frémir…

- Inutile de me le rappeler ! Soupir amusé. Plus tôt ce sera fait, plus tôt j’en aurai fini. Je n’ai pas que ça à faire, moi…

L’un des deux dut faire un signe qui m’échappa car je me retrouvai brusquement plaqué au sol par une main invisible. Sur le coup, je restai sans souffle et tentai d’aspirer un air chargé de poussière. Je toussai.
J’entendis un grognement réprobateur et fit une tentative de me relever. C’était stupide et fou, mais je ne pouvais rester là sans rien faire.
Après es genoux, ce fut ma tête qui explosa de douleur. J’avais l’impression que mon esprit était étiré plus que de raison, torturé sans la moindre pitié. Je pris ma tête dans les mains comme pour me protéger et hurlai pour tenter d’exorciser la douleur qui me poussait au bord de la folie. Quelqu’un était en train de pousser mon esprit à faire quelque chose qui me dépassait totalement. Et moi, misérable petite chose, je ne pouvais qu’hurler et supplier que tout ceci s’arrête. J’assistai malgré moi à ce que pensais être ma fin. Un courant d’une puissance phénoménale emportait mon esprit se fracasser contre une barrière dont j’ignorai l’existence. La délivrance tant attendue était proche. Je sentis mon esprit heurter cette barrière immatérielle….
Je m'attendais à sentir mon esprit exploser sous l'impact, ce que j'étais être réduit en poussière. Mon corps ne serait rien de plus qu'une coquille vide. Mes poumons continueront de fonctionner, mon corps pourra encore se mouvoir, mais de moi, il ne restera rien. Pas même une étincelle. Juste un vide béant.
Je songeai à tout cela et trouvai une seule chose de bien dans tout cela. C'en serait fini de mes tourments. Enfin !!

Je m'étais réjoui trop tôt. La barrière que j'avais senti en moi commença à s'effriter sous les coups de butoir de mon esprit. Pourquoi mon tortionnaire faisait-il cela ? Et qu'est ce que cela me ferait ? Je l'ignorai totalement et ma peur s'en trouva grandie au point qu'elle éclipsa tout autre chose. Plus de douleur, plus de doute. Juste la peur qui me prenait les tripes. Celle d'aller sur un chemin inconnu dont je sentais pertinemment qu'il n'en sortirait rien de bon. C'était inéluctable, tout comme le fait que la barrière céda brusquement.
J'imagine avoir laissé échapper un petit cri à cet instant car avec une netteté presque effrayante, je perçus les voix de mes tortionnaires.


« Nous y sommes finalement arrivés, n'est ce pas ?
- J'avoue avoir été surpris par tant de résistance. C'est plutôt inhabituel.
- Il aurait été initié à la magie ?
- Lui ? Certainement pas. C'est juste que... il y a quelque chose chez lui qui cloche, et je n'arrive pas à savoir quoi.
- Nous aurons tout le temps d'élucider cela plus tard. Silence soucieux. Continue ton œuvre, Sorcier. Quoi que ce soit, je ne pense pas qu'un autre esprit puisse en venir à bout.»

L'autre du se laisser convaincre car tous deux cessèrent de parler et je sentit à l'emprise du sorcier se resserrer sur mon esprit. J'avais cru qu'il en avait fini avec moi, mais il n'en était rien. Je ne le savais pas encore, mais il ne faisait que commencer.
Bien que conscient de ma propre faiblesse, je tentai de lui résister, à défaut de pouvoir le bannir de mon esprit. La seule chose que j'obtins fut une douleur atroce qui broya en moi toute velléité. Qui étais-je pour espérer m'en sortir ? Mon esprit fut traîné bien malgré lui vers la zone au-delà de la barrière, et j'y sentis quelque chose de différent. Un horizon de possibilités et une nouvelle force qui fut bien vite bridée par la seule volonté du sorcier. Il ne parla pas, et pourtant sa voix résonna dans mon esprit. Plus sèche qu’une brindille, et plus moqueuse que le rire d’une hyène. Bien malgré moi, je sentis sa malveillance s’insinuer dans le moindre recoin de mon esprit. Tout ce que je croyais être à l’abri, il prenait un malin plaisir à le mettre à nu et à le tourner en ridicule. Avec une méticulosité effrayante, il passa tous mes souvenirs en revue et les souilla de manière irrémédiable. Quand je devais penser à Anilia, je ne revoyais plus celle qui avait fait l’objet de nombre de mes rêves d’enfants. Je ne devais voir qu’une chose humaine, vulnérable qui n’était là que pour…
Les mots et surtout l’envie me manqueraient toujours pour décrire cela. Le sorcier avait superposé son point de vue à mes souvenirs et avait bien pris soin de faire en sorte que je me rende compte de ce qu’il avait fait sans pouvoir y changer quoi que ce soit. A ce moment, je sus que le désespoir n’aurait jamais de limite en moi, et j’étais près à faire n’importe quoi pour qu’il cesse cela, et je le fis.

Avec le recul, je ne peux que me rendre compte avec impuissance que c’était là exactement ce que le sorcier attendait de moi. Que mon esprit soit sa chose. Une chose soumise qui se plierait à la moindre de ses volontés sans même chercher à comprendre. Voilà à quoi il m’avait réduit en une heure, là où un nombre incalculable de jours, voire d’années avait échoué.

Je sentis la satisfaction du sorcier quand les restes de ma dignité et de ma fierté volèrent en éclat. Il se retira de mon esprit aussi promptement qu’il s’y était introduit et me laissa revenir dans un état normal. L’étau autour de ma tête se desserra et je me surpris à sentir un goût de sang dans ma bouche. A un moment ou à un autre, j’avais du me mordre la langue jusqu’au sang.


« Allez, assis ! »

C’était l’homme qui accompagnait le sorcier. Je sentais tout son mépris pour moi dans ses deux mots mais j’obéis comme un chien bien dressé obéit. En silence et aussi rapidement qu’il le pu. Mes muscles ne cessèrent de trembler tandis que je me redressai. Lorsque je fus enfin assis en tailleur sur le sol et que mon corps cessa de s’agiter intempestivement, le sorcier s’adressa à moi.

« Regarde moi ! »

En dépit de ma peur de croiser ne serait ce que son regard, je levais vers lui mes yeux rougis et douloureux. Son regard accrocha le mien, et je frémis en décryptant tout ce qui s’y reflétait.

« Ecoute moi, je vais te refaire franchir cette barrière, et tu répéter mentalement tout ce que je te dirais. Sinon… »

Le souvenir de moi en train d’offrir à mère un bouquet de fleur ressurgi devant mes yeux. Le sorcier le laissa m’imprégner avant de l’avilir à sa façon. J’eu un spasme de dégoût et d’horreur et parlai d’une voix brisée.

« Je… Je ferai ce que vous me dîtes »

Il me couva du regard puis prononça une suite de sons qui n’avaient aucun sens jusqu’à ce que j’en fusse complètement imprégné. Il ne me les fit répéter qu’une seule fois avant d’agripper à nouveau mon esprit. Mon corps me trahis à cet instant et je m’écroulai à nouveau contre le sol, la tête en feu. Des éclairs dansèrent une sarabande infernale devant mes yeux mais je remarquai une ligne qui serpentait non loin de moi sur le sol.
Je n’eu pas le temps de réfléchir davantage à cela car déjà, le sorcier avait traîné mon esprit vers cette fameuse barrière. Je n’avais pas besoin de mes yeux dans l’immédiat et les fermai pour mieux me concentrer sur la tâche qui m’attendais. Je n’avais pas envie de voir plus de mes souvenirs souillés par le sorcier.
Lorsque cette barrière fut à nouveau franchie, je retrouvai avec soulagement la sensation qui l’accompagnait. C’était comme un feu qui m’embrasait sans me brûler et c’était en même temps différent. J’avais le sentiment que refermer cette barrière me plongerait dans le plus profond désespoir. Cette sensation agissait comme une drogue pour mon esprit déjà fragilisé, et j’en voulais toujours plus.
Une douleur soudaine m’averti que le sorcier s’impatientait et je commençai à réciter le premier mot. J’y mis toute ma volonté et toute ma concentration, à un point tel que je ne remarquais même pas que le sorcier avait brisé tous les liens qui le liaient à son esprit.

Je ne rouvris pas les yeux de peur de perdre toute ma concentration avant d’avoir récité les deux phrases. Elles franchirent mes lèvres à contrecœur et je retins mon souffle dans l’attente d’un quelque chose. Il ne se passa rien. Ou plutôt, je ne ressentis rien hormis une sorte de picotement dans mon esprit. Quelque chose bousculait mes pensées et cherchait à me dire quelque chose.

DANGER !!

Je sursautai devant la puissance qu’avait pris cette sorte de voix. Jamais encore elle ne s’était exprimée avec tant de clarté, ni avec tant de férocité. Un frisson parcouru tout mon être et je rouvris les yeux.
La pièce me semblait plus obscure bien qu’aucun lampe n’eut été enlevée. Il n’y avait rien. Seulement un froid qui s’insinuait sans la moindre difficulté dans les lambeaux de mes vêtements.
Brusquement, sans le moindre signe avant coureur, je sentis une peur panique s’emparer de moi. Des tréfonds insoupçonnés de mon être, l’instinct jaillir à l’état pur. Avec une férocité dont je ne me soupçonnais pas capable, je me jetai en avant…. Et heurtait une barrière invisible. Je levai les yeux vers les deux silhouettes encapuchonnées et perçus l’aura de peur qui émanait d’eux. Je sus aussi que je n’en étais pas la cause, et cela me fit encore plus peur. A la limite de mon champ de perception, je crus sentir quelque chose, derrière moi, ou juste au-dessus mais n'osai voir de quoi il retournait précisément.
Une fraction de seconde plus tard, le sol sembla s'embraser et je fis un pas en arrière par réflexe... et éclatai de rire. quel idiot que je faisais !!
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Azfrael
Message Sujet: Re: Azfrael [Fin de l'histoire et descriptions à venir] | Mer 24 Sep 2008 - 13:07


Le sol n'était nullement en feu et ce dont j'avais eu peu n'étaient que des lignes qui s'étaient soudainement mises à luire. Je ne pu m'empêcher de continuer à rire devant la parcelle de motif tracée devant mes pieds. toute ma tension s'évacua en quintes de rires hystériques. Un dessin !! J'avais eu peur d'un dessin !! Je ris de plus belle, tellement soulagé que je ne pouvais trouver des mots pour le qualifier…

to be continued very soon...
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