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Learning to believe. [MonoRp]

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Myad


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Learning to believe. [MonoRp] Vide

Myad
Message Sujet: Learning to believe. [MonoRp] | Mer 2 Sep 2009 - 12:44


Dans ce MonoRp, je vais développer l'histoire, la constitution, le rôle des Gardiens. Mais aussi faire découvrir à Myad plusieurs choses qu'elle ignorait au sujet de son potentiel, de ses forces et de ses faiblesses. Pour ceux que ça intéresse, pour faire évoluer mon perso et pour permettre à Yenlui un peu plus tard de passer à autre chose. Bonne lecture Mr.Red

INTRODUCTION

- Ce n'est pas pour me parler du beau temps que tu m'as demandé de venir, Ayahantê.
- Tu as raison. Ce n'est pas uniquement pour le plaisir de te voir.
- Ah, parce que tu as plaisir à me voir ?
- Bien sûr. Tu es mon père, mon mentor, mon prince. C'est vers toi que je me tourne si je veux des réponses.
- Tu as toujours des questions à poser, ma fille.
- Je les garde souvent pour moi.
- Cela revient au même puisque je les entends en toi...
- ...Père, j'aimerais que vous me parliez des Gardiens.
- Lire ce livre ne t'a pas suffi ?
- Non...
- C'est normal. Il a été écrit à partir de témoignages, pas de confessions des premiers concernés.
- Personne n'explique pourquoi je suis la seule. Il n'y aucune explication sur ce que sont devenues les Forces dépourvues de Gardien. Il y a surtout des récits de leurs exploits, de leurs pouvoirs et...
- Une réflexion sur les Gardiennes des Forces Absolues. C'est cela qui t'a fait tiquer le plus, n'est-ce pas ? Cette différence, cette fascination.
- Tu n'es pas une femme...
- Voilà une pensée pleine de sagesse.
- Et pourtant, tu as porté en toi la noirceur du Mal et de la Mort. Pourquoi ?
- Tu connais le dicton qui dit : une exception confirme la règle ? C'est à peu près ça.
*Tu voulais que nous rejoignons la cité, Athor, mais il nous sera impossible de parler de ces choses-là à Goterada. Il faut rester ici.*
- Ce n'est pas grave, Arget. Nous sommes tous les deux plus à l'aise dans la nature qu'enfermés entre des tentures de velours.
- J'ignorais que toi aussi.
- Je suis un drow, Myad, pas un démon. J'ai beau vénérer la Mort, je sais apprécier l'apaisement de la vie...
*Il n'a pas toujours pensé ça.*
- Tu te trompes. Je n'en avais pas conscience.
*C'est à travers Minëria que tu as trouvé ce fameux équilibre.*
- Minë était ma vie, j'étais sa mort. C'est cela que tu dois comprendre en tout premier, Ayahantê. Sans équilibre, tu te détruis toi-même. Le tien est aussi précieux que fragile.
*Athor a eu besoin de l'entité opposée pour connaître la paix. Toi, tu n'as attendu personne. Tu t'adaptes aux émanations du monde...*
- Sache que je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider. Peut-être que cela ne suffira pas. Peut-être qu'il y aura toujours des questions qui danseront dans ta tête.
- J'aurai toujours des questions. C'est ce qui me permet d'avancer. Si je n'avais rien à chercher, je n'aurais plus aucune raison d'exister. L'être est fait pour progresser. Stagner, c'est tendre vers la régression.
- Puis vers la fin.
- En effet...
*A quelle fin penses-tu ?*
- A celle du corps.
*Tu fais erreur. Bien pire que ça. La fin de l'âme... La nuit de la vie. L'errance... Un fantôme qui fait semblant d'être encore parmi nous. Un sort pire que la mort.*
- Vous parlez beaucoup de la mort, vous les drows.
- Mais vous aussi, ma chère fille, vous aussi. Après tout, ne fait-elle pas partie de votre vie ?
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Mer 2 Sep 2009 - 13:08


La nuit avait posé son doux voile au-dessus du monde, l'enveloppant pour quelques heures de ses attentions et de son charme. C’était une de ces soirées où tout vous incite à vous coucher sur l’herbe, fermer les yeux et écouter. Ecouter le silence. S’imprégner de la paix endormie. Méditer, ou juste rester là, calme et détendu, à la merci de tous et de personne. L'être aux cheveux imaculés leva les yeux vers la superbe, délicate nappe d’un noir étincelant, piquetée d’étoiles et orné d’un gros diamant rond ; la lune, amante présente, témoin d’un petit rien, ou d'un énorme tout. Un silence dénué d'animosité s'était installé entre eux. Nul besoin de paroles inutiles lorsque la nature étale devant vous avec évidence ses plus stupéfiants atours.
Pourtant ils étaient là pour parler, pour communiquer, pour réfléchir. Un partage de savoirs qui ne concernaient qu'eux.
Celui qui était le plus en retrait, couvert par l'ombre hâchée d'un arbre dégageait quelque chose de spécial. Même à cent pas, il répandait avec un naturel surprenant une aura de mystère et de noirceur à en faner les fleurs. Il fut un temps où, en les touchant, il les faisait bien faner, les fleurs... Un fléau qui foulait une terre fertile en la rendant stériles, rien que par le contact de sa peau nue. Un monstre qui nourrissait son pouvoir en assistant, forçant, ou mettant en scène la mort d'être vivants. Qui se réjouissait de leur douleur. Cette personne était un elfe noir ; un être complexe que les hommes ont oublié. Peut-être ont-il bien fait. Il est de grande taille pour un drow, généralement petits. Il toise à peu près autant qu'un humain adulte. Sa peau a la couleur du raisin, d'un mauve profond. A présent qu'il fait nuit, il se font presque dans l'obscurité. Sa beauté est évidente, ses traits finement dessinés font ressortir plus encore son aura ; un nez affirmé, un menton avancé, une bouche expresive, des sourcils tracés au pinceau. C'est un seigneur, il le sait, on le sent. De très longs cheveux blancs naissent sur sa tête pour ensuite flotter dans la bise. Ils sont aussi fins que la soie, plus purs que l'éclat de la lune. Ils sont attachés en queue de cheval par une attache en tête de mort, transpercée d'une lettre étrange. Le métal d'un noir aux reflets rouges luit d'un éclat venimeux. Ses yeux aussi, luisent. Des yeux de serpent. Leur couleur se détache nettement dans l'obscurité ; deux iris d'un rouge vif tournent leur lame vers le ciel, insondables. Leur pupille se rétracte en un mince trait sous la caresse de la lumière. Deux cicatrices ornent son visage, des cicatrices que la magie et le temps n'ont pas vaincu. Il porte un simple pantalon de cuir noir, brodé d'argent, torse nu. Il a croisé les bras et il admire la nuit.

La plaine s'ouvre devant lui, un immense plateau de cheveux émeraude qui bleuissent sous l'éclat lunaire. Plaine dominée par une montagne d'argent. Une gigantesque dragonne s'est couchée sur le matelas murmurant. Sa taille n'est pas exceptionnelle, elle pourrait tutoyer les étoiles. Mais quel intérêt ? Comprenant qu'une taille excessive la gênerait, elle a bloqué sa croissance par magie. Mille ans. Mille années se promènent dans sa magnifique tête triangulaire. Et pourtant ses beaux yeux rubis sont emplis de douceur ; elle regarde un minuscule être qui gesticule entre ses antérieurs. C'est un bébé. Son bébé. Le premier qu'elle a pondu et le dernier à éclore. Le neuvième. Tous ont éclos : seuls trois vivent encore, petites flammes de vie et d'amour dans son coeur de mère. Arget se penche pour toucher son fils du museau. Il se fige, la regarde. Il a ses yeux. Sa longue langue pourpre entreprend de nettoyer ses écailles dorés. Il a la robe de son père. Père dont elle n'a avoué l'identité à personne, pas même à Athor à l'époque, comme elle lui avait promis. Un noble et superbe dragon d'or...
Un peu plus loin, silhouette nette sur le flou obscur, il y a une dernière personne.
C'est une femme. Une femme de taille moyenne, peut-être plus grande qu'une humaine ordinaire mais pas plus qu'un homme. Elle est debout, la tête levée vers le ciel, les yeux grand ouverts. Peut-on dire qu'elle est belle ?...
Belle, qu'est-ce que ça veut dire, belle ? Est-ce que cela veut dire qu'elle est admirable, qu'elle attire les faveurs et qu'elle chatouille les hommes ? Que les femmes la jalousent et que son entrée fait vibrer tous les coeurs d'émotion ?... Si c'est cela belle elle ne l'est pas. Elle est autre chose. Mieux, pire, selon ce qu'on voudra.
Parfaite.
La perfection fait peur, elle inquiète, elle dérange. La perfection est incontestable, claque violente jusqu'aux tréfonds des entrailles, secouant l'âme jusqu'à l'ébranler. C'est une notion abstraite qui se trouve aujourd'hui réalisée. Pourtant elle n'est pas belle. C'est un équilibre entre deux extrêmes, un milieu pour deux notions... Une inévitable perfection.
La beauté force l'admiration, la perfection forge la répulsion. On se méfie toujours de ce qui nous dépasse, n'est-ce pas ?

Ses cheveux sont comme de l'or qu'on aurait manipulé pour en faire du fil. Ils ondulent dans son dos, en boucles généreuses, lâches et nonchalantes telles des corolles de fleurs. Ils se soulèvent sous les caresses du vent, qui les manie et les câline en de tendres embrassades, faisant jouer la lumière de la lune dans la soie ensoleillée. Ses bras sont étendus sur le côté, son corps cambré pour mieux savourer les offrandes du ciel ; les muscles fins arrondissent le velours de sa peau en de douces collines, luisants et fermes sous l'oeil attendri de la lune. Ses jambes sont tendues, comme si elles voulaient la porter plus haut, vers le ciel, nager dans l'océan obscur de la nuit, goûter les étoiles... Sa robe immaculée voltige en d'immenses vagues autour d'elle, gaie et vivante, le tissu virevolatant à sa guise dans l'air et les secrets. Ses bras sont ceints de rubans blancs de son poignet jusqu'au-dessus du coude Ses épaules sont nues, pas de manches et pas de foulard, ses pieds nus sont découverts par le zéphyr impudique. Son visage, indescriptible, inspire à celui qui le regarde un mélange étrange de fascination et de répulsion. Elle ouvre les yeux - de longs cils blonds dévoilent des prunelles reptiliennes. L'émeraude énigmatique scintille comme un bijou en reflétant l'éclat de l'astre nocturne. La pupille, béante, se rétracte aussitôt sous les assauts de la lumière et se fait aussi fine que possible. Un sourire paisible étire ses lèvres d'un rose pâle, pétales délicats sur un soyeux de pêche.

- Viens, maintenant.

Elle ne bouge pas. Seul son esprit tel un feu follet fugace, vole jusqu'à l'elfe noir pour se fondre avec lui.

- Viens... Mon enfant. Il est temps...

La jeune femme baisse doucement la tête et la tourne en arrière. L'émeraude et le rubis s'entremêlent et se parlent en silence. Les dragons se sont immobilisés ; ils la regardent. Elle jète un dernier regard à la nuit, comme pour s'assurer de son soutien, et revient en arrière d'un pas aérien et voluptueux.

- J'arrive, mon père...
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Lun 7 Sep 2009 - 16:10


- Assieds-toi.

La jeune femme obéit. Elle n'a aucune raison de se rebeller. Il est la seule famille qui lui reste, celui qui la comprend le mieux au monde, et son prince de surcroît. Elle s'agenouille, sa robe s'étale gracieusement autour d'elle en un arum déchu. Il s'assieds face à elle, jambes croisées.

- Tu n'en as sûrement pas conscience, mais tu ressembles beaucoup à ta mère.

Elle le regarde, longtemps, cherchant d'un regard mystérieux à percer l'insondable mur de sang qui lui cache les pensées de son père.

- J'aurais aimé la connaître, murmure-t-elle.
- Il y a beaucoup de choses que j'aurais aimé, ma fille, et pourtant toutes ne se sont pas produites. Je comprends que tu te sentes démunie face à des ravages que tu es incapable d'endiguer, mais c'est ainsi. C'était son destin.
- Mourir est le destin de tous, fait-elle remarquer.
- Mourir en accouchant, c'était uniquement le sien, corrigea-t-il.

Silence.

- Mais pourquoi ?
- C'est pourtant simple. La vie l'a quittée.
- Vous vous moquez de moi ?
- Je n'oserais pas, voyons.
- La vie nous quitte toujours quand on meurt ! C'est même pour cela qu'on meurt !
- Je ne parlais pas de la vie en général, Ayahantê. Je parlais du Diamant blanc, le Bien, la Paix, la Vie. En te mettant au monde, elle t'a transmis son pouvoir. Littéralement, elle t'a donné sa Vie.
- Et toi...
- Je t'ai donné ma Mort. Cela peut paraître irréel, et pourtant, c'est vrai. Même si je le voulais, je ne peux pas mourir.
- Et si c'était moi qui le voulais ?

Silence.

- Je suppose que ce serait possible. On peut échapper à la mort, pas à l'entité elle-même.
- Vous savez, à qui vous adresser, Arget et toi, si la vie vous pèse.

Il rit doucement.

- Tu me parais bien moins douce et innocente ces derniers temps, Myad.
- Le monde est tranquille, la paix est installée. Je suis équilibrée, plus moi-même.
- Tant mieux. Une âme pure ne pourrait supporter certaines vérités que je vais te dire.

Elle penche la tête de côté.

- Comme ?
- Tu verras. Arget et Yenlui vont aller se promener, qu'en penses-tu ?

Elle les regarde, et sourit.

- Je ne peux qu'approuver. Yenlui adore passer du temps avec sa mère.

*Il en a besoin. Ton père n'est pas seul à vouloir parler à son enfant.*
*Apprends-moi à chasser le sanglier !*
*Tu es un peu petit pour ce genre de proies, tu ne trouves pas, Myad ?*
*Absolument. Mon chéri, tu es...*
*Ne m'appelle pas mon chéri ! C'est laid, c'est niais !*

Un grognement l'interrompt dans sa tirade ; deux immenses ailes argentées se libèrent de leur prison immobile et s'étalent dans la clairière. Soufflé par la vague, le dragonneau culbute sur plusieurs mètres avant de s'immobiliser. Surpris, il se relève, oscille et se secoue. Sa mère est prête à s'envoler, n'attend que lui. Pourtant, il hésite. La petite bête lève une patte, tend le cou, gémit.
Myad se tourne brusquement vers lui, cherchant ses yeux.
Longtemps, il la regarde. Déchiré à l'idée de la quitter. Malgré son horrible caractère, il l'a choisit et il l'adore, c'est sa Dragonnière. Ils sont tous le temps ensemble, rarement éloignés, parfois à quelques pas jamais plus. Perdre son esprit auprès du sien le met dans un état de désespoir profond. La jeune femme sent ce manque autant que lui - seulement, plus âgée, n'hésite pas : elle sait que la séparation est inévitable. Le dragonneau, lui, a pris sa décision. Il prend son élan et prend le galop pour la rejoindre. N'y tenant plus, il file à toute vitesse, jeune loup tout d'or étincelant - leurs yeux fondus dans la même peur de se quitter. Tout à coup, il s'arrête, les pattes courant dans le vide. Se recroquevillant par réflexe, il se laisse faire entre les puissantes mâchoires maternelles. Arget soulève son petit dans les airs, sa tête énorme surplombant la nature et les êtres.

*Myad* appelle le dragonneau.
*Yenlui* lui répond aussitôt une voix féminine.
*A tout à l'heure* les interrompt la dragonne de titane et d'argent...

Et elle s'envole, soulevant des masses d'air et faisant trembler la forêt. L'herbe ondoie comme un océan sous elle tandis que son corps s'élève d'abord lentement, puis à une vitesse stupéfiante.
La jeune femme sent son coeur se fendre. L'esprit familier du bébé dragon, teigneux et ombrageux, s'éloigne jusqu'à disparaître... La laissant seule et démunie. Toute seule... Elle touche son bras. Excepté ce signe de faiblesse son visage garde une expression neutre.
Pourtant, ce n'est pas la peine ; son père face à elle ressent toutes entières sa peine et son inquiétude...

- Vous me faites penser à Arget et moi, il y a longtemps.

Elle lève la tête.

- Vous deviez être très différents.
- Nous l'étions. Elle était calme, douce, timide. J'étais impulsif, cruel, provocant. Malgré nos désaccord presque constants, nous avions besoin de l'autre d'une manière violente. Séparés, nous n'étions pas complets. Crois-le ou non, je ne pouvais plus vivre sans elle, Gardien du Diamant noir ou pas. C'était mon ange, j'étais son démon.
- Comme pour ma mère...
- Le monde est fait de milieux, et dès qu'on trouve un extrême, il y a forcément près de lui son opposé. Je ne pourrais subsister sans Arget. Sans elle, d'ailleurs, j'aurais sombré dans la folie à la mort de Minë. Elle m'a permis de conserver mon équilibre. L'équilibre, Ayahantê, l'équilibre. C'est la seule chose que tu ne dois jamais oublier.
- Mon histoire non plus, je ne veux pas l'oublier.

Il lui sourit.

- Pour cela, je serai toujours là pour te la raconter...
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Lun 7 Sep 2009 - 19:24


- Parle-moi des Gardiens.

Il la toise quelques instants avant de se lancer. Sa voix grave, profonde et calme s'harmonise à la perfection avec l'atmosphère nocturne.

- Au commencement du monde, la nature était instable, partagée... Chaotique. Entre les incendies, les raz-de-marée, les tremblements de terre, tout n'était que désordre et opposition. Et puis les années, les siècles, les millénaires ont passé. Jusqu'à ce qu'enfin naisse un semblant d'équilibre. On appelle ces puissances les Forces Antiques. Peux-tu me les citer ?
- Gyu, Raï, Nux, Mao. Eau, feu, air, terre.

Il arbore une drôle d'expression, entre l'amusement et la fierté.

- Parles-tu souvent drow ou ne le fais-tu que pour me faire plaisir ?
- Pour tout dire...

Son visage se fit rêveur.

- Lorsque j'étais amnésique, j'avais l'habitude de jurer et de réfléchir dans une langue que je croyais avoir inventée. C'est en recouvrant la mémoire que j'ai réalisé que c'était du drow. Aujourd'hui je m'en sers avec Djenka, Arget et toi.
- Tu sais, j'ai eu très peur que tu ne réussisses pas à l'apprendre.
- Me croyais-tu stupide ?
- Non, bien entendu. Le problème vient de tes origines. Seuls les êtres dotés de sang drow sont capables de parler notre langue.
- J'aime cette idiome. Elle fait partie de moi.
- Je n'aurais pas dit mieux.

Elle passe sa main sur la douceur de sa robe.

- Et les Gardiens ?
- Les elfes sont les premiers êtres rationnels à faire leur apparition sur cette terre. Naturellement ils se sont intéressés aux Forces. Ils ont appris à les approcher, à les connaître. Certains ont poussé les recherches jusqu'à fusionner avec un élément.
- Fusionner ?
- Et oui, les premiers Gardiens étaient volontaires. L'individu manipulant une Force de façon si intime qu'elle a fini par le posséder. Le précurseur fut M'Ehiatê Raï. Il fut le premier à manipuler un élément : il était capable d'embraser l'air, d'enhardir les bûchers et de recouvrir son corps de flammes.
- Comment est-ce possible ? La chair est combustible !
- Un Gardien du Feu possède une peau, des organes et des os ignifuges.
- Il y le problème de la combustion : qu'est-ce qui nourrit la flamme ?
- Le feu est magique. Ce sont les pouvoirs, la volonté du Gardien qui la soutiennent. Lorsque son potentiel commence à baisser, le feu fait remonter la masse graisseuse glissée sous la peau pour s'en nourrir.

Elle l'observe un long moment avant de céder et d'approuver de la tête.

- Tu es toujours si critique, Myad.
- Ne l'es-tu pas autant que moi ?
- Oh non. Bien plus.
- Quel a été le Gardien suivant ?
- A ton avis ?

Il lui sourit à demi, la provocant d'une question aux trois possibles réponses.

- Me Gyu.
- Et pourquoi l'Eau ?
- Par opposition. Si un être enflammé voit le jour, on ne tardera pas à accueillir un être aquatique.
- Et tu as raison. C'est effectivement M'Ehiatê Gyu qui a suivi. Il a à ce point fusionné avec l'élément qu'il pouvait se liquéfier.
- Pardonne-moi père, mais cela dépasse les limites de ma crédulité.
- Pourquoi ? Tu es bien capable d'absorber la lumière et d'en créer. Ce qui peut sembler impossible.
- Il suffit d'un sort pour faire apparaître la lumière ; on ne peut changer aussi aisément un corps solide en un corps liquide. C'est tout à fait autre chose.
- Un sort, c'est de la magie. Ton incarnation, c'est de la magie. Le changement d'état, c'est aussi de la magie.
- Comment un être peut-il conserver ses facultés sous une forme pareille ?
- Le grand devient petit. A une échelle très petite, l'individu peut conserver ses organes dans le plus parfait état. Ils ont juste changé de taille.
- Je t'avoue que tout cela me dépasse un peu.

Cette fois il rit franchement.

- C'est toi qui me dis ça ? L'hybride contre-nature, union d'une elfe et d'un drow, porteuse de la chose la plus belle et la plus laide de la nature, se sent perdue face à un simple changement d'état. Ah, Ayahantê, tu ne cesseras jamais de m'amuser.

Elle sourit, nullement vexée.

- Le troisième ?
- La troisième et la quatrième Gardiennes se sont révélées presque simultanément. C'étaient deux amies très contrastées qui entretenaient une relation complexe. Entre la haine et l'amour. La Terre et l'Air ne se quittaient jamais. C'était, paraît-il, des femmes fascinantes.
- Toutes les femmes sont fascinantes.
- Mais seules quelques-unes sont véritablement hypnotiques...

Ils échangent un regard complice. Myad est calmée, l'absence de Yenlui n'est plus aussi horrible qu'aux premiers instants. Elle sent toujours le vide quelque part dans sa poitrine, mais cela reste supportable. Elle lève une main pour toucher la chaîne qui plonge entre ses seins, cachant le collier sous sa robe.

- Nous avons donc quatre Gardiens. Pour quatre éléments, les Forces Antiques. Des elfes, unis. Pas d'hommes.
- L'équilibre était parfait. La nature avait des êtres pour l'aider dans sa dure tâche, afin que le cercle ne se torde ni ne se brise jamais. Et puis les hommes sont arrivés.
- Et avec eux les Forces Absolues.
- Le Bien...
- ... Le Mal. Vous voulez dire qu'il n'y avait pas de mort, pas de maladies, pas de souffrance auparavant ? Pas de haine ? Pourtant...
- Oh, si, il y avait tout cela. Mais c'étaient des choses négligeables. Les elfes sont généralement modestes dans leurs sentiments, ils sont modérés dans leurs actes et la plupart sont sages. Les humains sont passionnés, violents, virulents. Ils ont donné tellement d'importance à ces notions qu'elles ont fini par avoir leur magie propre.
- C'est cela qui a tué les quatre Gardiens ? La brisure du cercle ?

Il reste silencieux quelques secondes pour regarder sa fille d'une étrange façon.

- Si le cercle s'était brisé, mon enfant, nous ne serions nés ni toi ni moi. Tout ne serait que chaos, et tout serait à recommencer.
- Alors pourquoi n'existent-ils plus ?
- Le Gardien du Feu a écrit quelque chose que j'ai lu il y a longtemps. C'est une phrase qui m'ait revenue en mémoire à la mort de ta mère. Le feu brûle, l'eau mouille, le vent souffle, la terre tremble. L'homme incendie, l'homme inonde, l'homme dévaste, l'homme secoue. Mais que pouvons-nous face à tant de vie ? Que pouvons-nous faire sinon succomber à la mort ?
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Mar 8 Sep 2009 - 14:39


- On a encore des écrits de cette époque ?
- Conservés précieusement aux fins fonds des souterrains de nos cités. Ogeliah par exemple a peut-être été rayée de la carte, mais les trésors qu'elle contenait ont pu être récupérés intacts.
- M'Ehiatê Raï nous a-t-il laissé autre chose ?
- Beaucoup, beaucoup de choses... Dont voici la plus précieuse.

Il tend un poing fermé qu'il ouvre ; se matérialise au coeur de sa paume un rubis en forme de triangle équilatéral. La pierre était d'une pureté absolue, les éclats qui s'échappaient d'elle étaient plus vivants que des étincelles.

- Comme il y a le Diamant Blanc, le Diamant noir, il y a le Rubis.
- Il est magnifique.
- Flamboyant, n'est-ce pas ? Tu remarques que je ne le touche pas.

En effet, il s'avérait que la pierre précieuse lévitait à environ un centimètre de la peau mauve de l'elfe.

- Elle te brûlerait...
- Exact. Le Rubis ne peut être touché, apprivoisé et contrôlé que par le Gardien du Feu.
- Et les autres pierres ? Les autres Sources Originelles, où sont-elles ?
- Mais ici, avec nous...

D'un mouvement gracieux, il étendit ses bras sur le côté, tandis que des étoiles colorées naissaient autour de lui en un cercle parfait. L'apparition progressive des trois autres pierres précieuses l'hypnotisa. Le saphir en forme de goutte, l'émeraude carrée, l'améthyste ronde.

- Et moi qui croyais qu'elles avaient toutes été...
- Détruites ? Voyons, Myad, tu sais pourtant qu'elles sont indestructibles. On ne tue pas l'origine de quelque chose, ou tout ce qui naît après elle s'évanouit avec. Si on tarit une source...
- ... C'est l'océan qui disparaît. Je sais. Cependant, cela paraît si... Surprenant !... Elles sont fascinantes.
- Le Saphir.

La pierre flotta paresseusement jusqu'à la celle qui dut lutter contre elle-même pour ne pas tendre la main et la toucher. Le bleu profond, parcouru d'éclairs turquoise, était une parfaite vision de la mer dans sa beauté la plus pure.

- Que se passe-t-il si un non-initié le touche ?
- Oh, c'est presque décevant en comparaison de la réaction du Rubis. Vas-y, touche-le.

Elle obéit avec empressement, se penchant en avant et tendant le bras. Lorsque ses doigts s'approchèrent, la pierre se déforma. Surprise, elle recula la main. Le minéral reprit sa forme originelle ; à une nouvelle tentative il tremblota de nouveau, se modelant, se déformant pour que jamais ses doigts n'effleurent sa surface.

- C'est agaçant !
- C'est en effet très agaçant. Sans doute beaucoup d'hommes ont perdu leurs nerfs à essayer de toucher la Source Originelle de l'Eau.
- Et l'Améthyste, puis-je ?
- Essaie.

La pierre précieuse mauve réagit très différemment face à elle. A la seconde où ses doigts s'approchèrent trop près, elle... Se volatilisa. Elle sursauta et pris un air horrifié, cherchant en tous sens où le trésor avait pu se déplacer.

- Ne t'inquiète pas, elle est toujours là. Evanouie... Mais présente. Regarde, tu as ôté tes doigts et la revoici.
- Que s'est-il passé ?
- Les molécules de la pierre se dispersent à l'état gazeux lorsqu'un corps solide ou liquide s'approche trop près. Elles se ressoudent une fois le danger écarté.
- Impressionnant.
- Et tu n'as pas encore vu l'Emeraude. Pour cela, je vais me servir d'un cobaye.

Il tourne la tête, montrant à sa fille où regarder. Elle regarde et voit un humain chétif, des trous noirs à la place des yeux, blanc et maigre, s'avancer d'un pas mal assuré vers eux. Elle se lève avec brusquerie, porte une main à sa cuisse et soulève sa robe pour en tirer son poignard. Le rubis, comme en écho à son maître, luit violemment.

- Père !
- Ayahantê ?
- Tu crois peut-être que je vais te laisser utiliser un humain pour servir d'exemple ?
- Il y a dix ans, tu n'aurais pas dit ça.
- Qu'importe !
- Myad, tu m'ennuies.

Un grondement menaçant lui répond. Il fronce les sourcils.

- Calme-toi immédiatement. Ce n'est qu'un cobaye.
- Je ne suis pas sourde, j'ai très bien compris ce que j'ai entendu.
- Non, justement, tu te conduis de façon stupide et tu te bornes dans ton erreur. Cette chose, je viens de la créer de toutes pièces. Un mannequin, un pantin, appelle ça comme tu veux puisque le mot cobaye te déplaît tant.

Silence.

- Pardonne-moi.
- Trêve d'excuses inutiles. Observe.

L'humain n'avait pas été fignolé ; il ne s'était pas fatigué et s'était contenté de produire un être vaguement représentatif de la race humaine. La chose s'avança d'un pas incertain, les bras tendus devant lui comme un zombie vers l'Emeraude qui s'était déplacée à l'écart du duo.
Elle se taisait, attentive.
Un tremblement de terre horrible secoua le monde autour d'eux, effrayant les oiseaux et faisant grincer les arbres. Les elfes restèrent immobiles. Malgré l'avertissement la chose continua d'avancer ses doigts... Brusquement une faille s'ouvrit sous lui, l'aspirant à une vitesse vertigineuse dans les entrailles de la terre - et se referma aussitôt.

- Et si l'intrus sait voler ?
- Les pierres ont leur intelligence propre. Elles savent s'adapter à ce qu'elles affrontent.
- Et les Diamants ?... Comment, séparément, réagiraient-ils ?
- Si tu veux te faire une idée du sort que la pierre noire réservait à ses détraqueurs, tu n'as qu'à te dire que j'aimais beaucoup la poser au milieu d'un chemin ou l'enfermer dans un riche tombeau pour voir les petites mains avides empoigner le trésor... L'entendre était tout aussi agréable. Ensuite, bien sûr, il fallait brûler le corps. Des cadavres pareils cela ne se décompose pas bien tranquillement...
- Et le Diamant de ma mère ?
- Il produisait une lumière si vive et pure qu'elle pouvait brûler la rétine, puis l'iris et enfin les paupières. La plupart des humains s'enfuyaient avant, cependant il y a toujours des imbéciles...
- Un elfe a touché mon pendentif, il y a longtemps. Il est mort sur le coup.
- Normal. Toucher à une Source Originelle est souvent mortel, alors deux... Quoique, en présence et en possession de leur Gardien, il est parfois possible de les toucher. Pas de s'en servir, juste de les frôler. C'est ce que ma permis ma défunte femme. C'est parce qu'elle m'a laissé approcher la pierre que, à sa mort, j'ai pu sceller les Diamants dans ce pendentif. Je ne l'ai pas touché, mais manipulé par magie. Un contact m'aurait achevé... Il s'est laissé faire ; il m'avait en quelque sorte reconnu.
- Reconnu... Donc, si le Gardien de la Terre me permettait d'approcher son bijou, je pourrais des années plus tard le toucher ?
- Assurément. Il comptera sur toi pour le mener à son prochain maître.
- Pourquoi ces Sources ne reconnaissent pas en moi une des leurs ?
- Tu es différente d'eux. Ce ne sont pas les mêmes Forces qui te possèdent. Absolues et Antiques se côtoient, s'attirent, s'affrontent et ne se mélangent pas.

Elle tire doucement sur la chaîne pour sortir le pendentif de sa cachette. Les pierres sont normales, l'une brillante et l'autre sombre. Les minéraux flottants étincèlent brièvement à leur apparition ; les Diamants répondent d'un éclat similaire.

- Père, dis-moi ce qui est arrivé aux Gardiens.
- Je pensais que tu le comprendrais seule.

Silence.

- Ils ont été... Assassinés ?
- Tous.
- Il y a longtemps ?
- La dernière Gardienne de l'Air est morte il y a environ mille ans. Il ne restait qu'elle depuis bien des siècles... C'est ta grand-mère paternelle qui l'a tuée.

Nouveau silence.

- Ta mère ?...
- La Reine qui à sa mort a cédé le trône à sa fille unique, Kaltendâ. Cette mère qui m'a offert sa mort en me mettant au monde... Je la lui ai rendue avec toute la cruauté qu'elle méritait.
- Pourquoi a-t-elle fait ça ?...
- Le défi, la conquête, l'avidité. C'était une créature assoiffée de mort et de pouvoir. Un extrême si abouti qu'elle s'est perdue elle-même dans la folie. Moi, son fils, je sais que grâce à Arget je ne connaîtrai pas de sort aussi funeste. Elle l'a anéantie et ramené l'Améthyste à Ogeliah. Tout le monde lui a fait la fête à son retour... Je suis né ce soir-là. Je crois que c'est cela qui m'a valu un sort tout particulier de sa part : je lui ai pris son pouvoir alors qu'elle venait d'atteindre le sommet de sa gloire.

Elle le regarde, ses yeux luisants de tristesse.

- Tu ne l'aimais pas...
- Non. Je la haïssais.
- Elle non plus ne t'aimait pas.
- Non plus. Si la nature ne l'avait pas contrainte à adorer le sexe le plus pervers, elle n'aurait pas accouché de deux enfants qui lui plaisait de martyriser de toutes les façons possibles. Cela a été une joie infinie de lui trancher la gorge.
- Père...
- Bien sûr que oui, Myad.
- Oui, quoi ?
- Je t'aime. Tu es ma chair, mon sang, mon pouvoir. Tu m'as tout pris, jusqu'à la femme dont j'étais fou, et pourtant je n'oublie pas ce que tu es. Je donnerai plus encore si je le devais. C'est en devenant ton père que j'ai compris qu'un Gardien du Diamant noir n'est pas fondamentalement incapable d'aimer...

Elle se retient de bondir dans ses bras pour ces mots touchants qui illuminent ses prunelles de chat. Il a beaucoup d'autres choses à lui dire... De toute façon, elle le sait, qu'il le sent, son sentiment...
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Lun 2 Nov 2009 - 20:33


- N'y aura-t-il plus jamais d'autres Gardiens ?

Silence.

- Tu dois te sentir très seule pour me poser cette question sur un ton pareil.
- Je... Tu es là, tu peux me comprendre, mais... Personne...
- Ne te torture pas, je vois ce que tu essaies de dire. Et la réponse m'est inconnue.
- Tu ne sais pas s'ils reviendront ?

Athor fixe sa fille sans mot dire, partagé entre plsuieurs sentiments. Sa fille l'agace, l'étonne et le fascine à la fois. C'est peut-être en partie pour cela qu'ils s'entendent si bien.

- Non. Je ne me promène pas dans l'Alagaësia avec les Sources Originelles pour voir si elles réagissent à tel ou un tel individu. C'est comme chercher un Dragonnier à un oeuf, sauf que l'oeuf aurait des épines empoisonnées, et qu'il menacerait d'exploser si tu l'égarais. Très hasardeux, et bien sûr très dangereux.
- Mais ce serait possible ?
- Pourquoi pas ? Ton ami, Marek, par exemple.

A l'évocation de son frère de coeur, Myad se redresse. C'est discret, mais son visage a changé. Elle se méfie.

- Qu'est-ce que Marek vient faire là ?
- Il dégage une grande puissance, qu'il n'a déliée que très récemment. Son élément de prédilection est le feu. De plus, tu l'ignores sans doute, mais c'est un bersercker, comme ils disent.

Myad se figea.

- Père, j'ai peur de comprendre...
- Oui, Ayahantê. Si ça se trouve, ton meilleur ami est le Gardien du Feu. Il ne prendra pleinement conscience de sa force, de son rôle et de son lien avec lui qu'une fois le Rubis en sa possession. Si c'est lui, bien entendu.
- Tu réalises l'importance de ce que tu es en train de me dire ?
- Ce n'est qu'une supposition. Tu es le meilleur détecteur de Gardiens possibles, puisque tu réagis à leur présence. J'ai souvent pensé à te confier les Pierres. Jusqu'ici, je me suis abstenu. Tu as toujours des soucis plus ou moins graves, et cette fois, nous ne pouvons pas nous permettre de nous faire voler.

La jeune femme resta silencieuse quelque temps, digérant le rappel à son échec, lorsque des années plus tôt elle s'était faite prendre deux oeufs d'Arget.

- Quand tu auras du temps devant toi, nous irons ensemble à travers le monde, et la nature retrouvera ses piliers qu'elle avait perdu.
- J'attendrai ce jour, donc.
- Cela peut être n'importe quand.
- Une date que tu juges propice n'est jamais n'importe quand, dit-elle avec douceur.

Il sourit.

- Le jour où le monde sera vraiment en paix, ou lorsqu'un grand méchant mourra, je vais devoir perdre l'habitude de te voir si gentille.
- Oh, tu auras juste ton reflet à supporter.
- Dure épreuve.
- Tu n'as pas survécu au massacre des Parjures pour succomber à un quotidien père-fille, tout de même !

Il rit.

- Cela serait pitoyable, en effet.
- Dis-moi, père, que pouvais-tu faire lorsque tu étais Gardien ?

Il hésita avant de lui répondre. La candeur de son visage lui rappelait un autre et le destabilisait.

- Je sentais la mort partout où elle était, je la créais où elle ne se trouvait pas. Les champs de bataille, les lieux de débauche, partout où l'ivresse, la luxure et la douleur régnaient en maître, j'étais heureux. C'était une drogue, une nécessité qui me nourrissait autant qu'elle se nourrissait de moi. Mon corps était un mal à lui seul ; la vie ne me supportait pas. De la même façon, je ne supportais pas le vivant. Arget était la seule à pouvoir me toucher sans m'irriter, et sans en pâtir, justement parce que notre lien nous mettait sur un pied d'égalité. Je pouvais tuer de milliers de façon différente, de la plus simple à la plus complexe. La séduction était un jeu, le sexe mon vice, et mes victimes mourraient dans la jouissance la plus immonde. Je méprisais tout, je me croyais supérieur, j'étais adulé, je ne craignais rien ni personne. Froid comme la glace, et mortel pour qui me goûtait.

Silence.

- Je t'effraie ? Non... C'est étrange, tu as plutôt l'air...
- Soulagée.
- Tu m'intrigues.
- Ces pulsions... Ce goût pour le sang... Mes tendances animales, ou morbides, tout ça, c'est à cause du Diamant noir... Oh, père... Je suis si contente... Je ne suis pas folle, il y a une raison à tout ça, c'est normal !
- Qui a dit que tu étais folle ?
- Père... Une grosse partie de l'humanité le pense très fort. Une toute petite ose me le cracher à la figure.
- Je peux égorger ceux-là, si tu veux.
- Là n'est pas la question... Je cherche à comprendre où commence ma personnalité, mon caractère, mon moi réel, et où s'arrêtent les caractéristiques apportées par les Diamants.

Athor éclata de rire, mais curieusement, cela sonnait plus triste que joyeux.

- Arrête là tes recherches, ma fille ! Ils font partie de toi, et ils te sont indissociables. C'est aussi de ça que je dois te parler ce soir. Toi, tu ne survivrais pas à la séparation d'avec les Pierres... Et elles non plus. Vous êtes un seul être... Gardienne Absolue.
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Mar 3 Nov 2009 - 23:11


- A présent, Myad, je vais t'enseigner quelque chose de très important.

Elle écoute, attentive. Son sérieux est encore plus flagrant que d'ordinaire, presque dangereux.

- Un Gardien est un peu comme un nouveau-né. Une fois révélé, il est perdu, inexpérimenté, prompt à se laisser emporter et maladroit. Il est vulnérable. Tu as soixante ans, et tu as à peine évolué. A chaque émotion forte, à chaque intrusion trop profonde dans ton esprit, à chaque contact avec une entité positive ou négative, tu menaces de rechuter. Tu n'as jamais fait la guerre ; que crois-tu qu'il ne passera lorsque tu te trouveras au milieu d'hommes agonisants ?
- Le Diamant blanc ne supportera pas la douleur et la mort des autres. Je... M'incarnerais.
- Et pendant que tu perdrais ta vie à soigner la leur, tout le monde pourrait profiter de cette faiblesse pour te tuer, ou pire... Te capturer.

Il était étrange de penser que la prise en otage paraissait moins enviable que la mort de sa fille. Pourtant, elle le comprenait tout à fait ; nullement blessée, coupable plutôt, elle baissa la tête.

- Pardonne-moi. Je voudrais tellement être à la hauteur...

Il secoue la tête, son sculptural visage dépourvu de sourire.

- Tu ne m'as pas compris ; je n'ai jamais dit que tu me décevais. Un Gardien est en être en perpétuelle formation. Je n'ai atteint la maturité que près de cinq siècles après ma naissance ; certains n'y arrivent pas de leur vie. Une fois au faîte de son pouvoir, on peut prétendre à la sécurité, à la confiance et à l'éternité. Pas avant. Regarde ma mère : elle m'a mis au monde avant d'y arriver. C'est sans doute aussi pour cela qu'elle me haïssait tant. Je lui ai volé son rêve, ses ambitions, son prestige...
- Tu vas m'aider ?
- Evidemment. Je suis ton père, c'est à moi de veiller à ce que tu mûrisses correctement. La question n'est pas là.
- J'ai le choix, n'est-ce pas ?
- En effet. Loin de moi l'intention de te faire perdre ton temps, et le mien par la même occasion. Cet entraînement ne ressemblera à aucun autre ; il sera très long, très éprouvant et à la limite du supportable. Tu devras souvent te nourrir de sang pour pouvoir te remettre de quelques heures passées avec moi, et garder le contrôle malgré cela. Tu ne pourras partager cette expérience avec personne, car personne ne comprendra ce que tu vis.

Myad ne répondit pas tout de suite. Sa décision avait été déjà prise à la seconde où Athor lui avait annoncé son projet. Cependant, par respect des convenances, et peut-être aussi pour lui montrer qu'elle essayait d'être sage, la demi-drow réfléchit avant de dire d'une voix déterminée :

- Tout ce que tu voudras, mon père. Mon prince...

((o))

La nuit n'avait pas quitté sa tenue de soirée, déluge de velours épuré aux suaves teintes bleutées. La lune, bijou capricieux, était accrochée à son manteau en une broche étincelante. Rien ne paraissait pouvoir troubler l'atmosphère au caractère moelleux, endormi qui s'était installée au crépuscule. Rien, sauf...
Myad était debout au centre de l'immense clairière, l'herbe telle une amante attendrie enveloppant ses pieds jusqu'à ses jambes. Sa robe dansait, suspendue à une branche basse d'un arbre lointain, ondoyante tâche blanche dans l'onirique prairie marine. Elle était nue, nue et pourtant loin d'être fragile, ses cheveux blonds auréolant ses épaules de leur couronne sauvage. Son visage exprimait une concentration paisible. Le collier qu'elle n'avait pas quitté ornait sa peau dorée d'une chaîne effrayante, contraste fantastique entre sa beauté angélique et son pendentif dangereux. A quelques mètres d'elle, marchant à pas souples et étonnamment rapides pour son air nonchalant, son père tournait en un cercle parfait autour de sa fille. Lui aussi avait ôté ses vêtements. Sa grâce de félin, ses muscles puissants, son assurance ténébreuse n'en ressortaient que plus violemment. Sa bouche remuait en prononçant des paroles inaudibles. La jeune femme attendait... Le signal.
Tout à coup, sans prévenir, l'elfe noir fonça sur elle et la percuta de plein fouet.
Le choc fut brutal ; même si elle l'avait voulu, Myad n'aurait jamais pu voir le coup venir. Sa célérité et sa force, minuscule aperçu de son potentiel, étaient très hautement supérieures à toutes les autres. Le souffle coupé, elle sentit la terre se déchirer sous son dos tandis que son père, ne lui laissant aucun répit, lui assénait de sévères coups de poing, visant la mâchoire, le front, les tempes, le nez. La Gardienne feulait, se débattait, cherchait les mains pour les repousser - en vain. Il était partout où elle ne le croyait pas, et nulle part où elle tendait les bras. La douleur sonnait dans son crâne tel un hurlement de peur. Le drow, impassible, l'immobilisa et appuya de plus en plus fort sur son menton, lui décrochant presque la mâchoire inférieure. La jeune femme gronda, devint tout à coup désespérée, gesticulant avec la fureur du désespoir...

*Calme-toi.*

Refusant de se tenir tranquille, l'immortelle obéit à ses instincts, qui lui commandaient de se débattre, et laissa la peur monter en elle. Incapable de résister à la montée progressive de sa crainte, de sa colère, la jeune femme se retrouva bientôt à suffoquer sous la paume glacée de son père. Plus elle gesticulait de façon désespérée, plus il empirait les sévices.
Elle finit par craquer.
L'impression de puissance, de noirceur, était prête à tout surmonter ; prête à envahir ses muscles, sa peau, sa chair toute entière et plus seulement son sang. Le Diamant noir, excité, stimulé par les sentiments négatifs de sa porteuse, lui montait dans la gorge, assombrissant ses pensées et noyant ses sens. Elle allait s'incarner, céder, et tout irait pour le mieux, tout...

Brusquement, une impression de vide immense coupa toute sensation ; une absence de pensée soudaine, un abysse d'émotion. Déconnectée, la Gardienne retomba mollement entre les mains du très vieil elfe. Celui-ci resta à genoux au-dessus d'elle, respirant normalement, absolument pas fatigué. Il n'était ni surpris ni contrarié ; Myad n'aurait jamais pu réussir. Pas cette fois, en tout cas. Cela viendrait, avec le temps. Et beaucoup, beaucoup d'entraînement
.

Elle cligna des yeux. Un visage familier lui apparut, tâche violette tranchée de fils blancs. Elle plissa les paupières.

- Père ? dit-elle d'une voix faible.
- Ayahantê, la salua le ténor habituel.

Elle avait affreusement mal, mal partout, à la tête, au corps, à l'esprit aussi. Une impression de faiblesse, de vulnérabilité la secouait comme un frisson. Ce n'était pas qu'une impression ; elle tremblait violemment. Repoussant son père, qui se leva docilement, la jeune femme s'assit. La tête lui tournait. Elle ne se sentait pas, mais alors, pas bien du tout.

- Qu'est-ce... Que s'est-il passé ?

Des doigts froids lui caressèrent le dos des mains. Elle aurait bien ôté ses mains des yeux, mais c'était plus fort qu'elle, si elle bougeait, la demi-elfe avait l'impression qu'elle allait sombrer dans un abîme sans fond.

- Tu as perdu le contrôle, dit-il comme il lui aurait annoncé qu'il avait vu un moineau. J'ai dû te figer pour empêcher que tu ne t'incarnes.Learning to believe. [MonoRp] Color
- Me... Figer.
- Arrêter ton coeur, glacer ton sang dans tes veines, couper la circulation de ton énergie vitale. Pendant un temps infime, tu as été morte. Cela a suffit pour annuler le processus. Tu l'as mieux supporté que la dernière fois... Il t'a fallu des jours pour t'en remettre.
- Ah... Quand j'étais au château, avec Hatondrê...
- Ne prononce pas ce nom... Enfin. Il semblerait que ton corps ait appris de cette expérience, car cette fois il a arrêté complètement de s'incarner. L'autre fois, il y avait des spasmes, comme une mouche qui tressauterait alors qu'elle est morte. C'est très bien. Tu as compris la leçon, et tu t'es détachée un tout petit peu de l'impérialisme des Diamants.
- Un tout petit peu... C'est... Pitoyable.
- En quelques mois ? Après un seul essai ? Au contraire, c'est très bon signe. Ton corps est réceptif à mes interventions. Le sort que je t'ai jeté pour camoufler la vraie couleur de ta peau perdure, soixante ans après. Une seule de mes entrées, et tu en gardes la mémoire.
- Ce doit être... Parce que tu... Es mon père.
- Et l'ancien Gardien de la mort. Cela doit jouer.

Elle soupire. L'impression d'épuisement immense qu'elle ressent est insupportable ; à n'importe quelle seconde, elle pourrait mourir... C'était comme si la vie la fuyait...

- Pourquoi... Je suis si...
- Fatiguée ? Pour reprendre son fonctionnement après mon sort, ton corps a dû dépenser une formidable quantité d'énergie pour s'en remettre. De plus, l'incarnation est un processus qui laisse l'esprit pantelant. C'est normal.
- Combien de temps ai-je...
- L'aube approche. Allez, debout.

Myad crut avoir mal entendu ; elle ne bougea pas.

- Debout.

Et cette fois, ce fut une force irrepressible qui commanda le corps de la jeune femme, la maniant comme une poupée pour la lever sans effort et surtout sans choix. Lorsque la force s'évanouit, la jeune femme oscilla une seconde... Et s'écroula. Un coup de pied dans le ventre la fit gémir. Athor réitéra son ordre.
La demi-drow tenait son ventre bleui lorsqu'elle réussit à garder son équilibre face à son père. Il paraissait insensible.

Pour la première fois de toute sa vie, Myad réalisa que ce qu'elle allait vivre allait demander d'elle beaucoup plus qu'elle n'avait jamais donné. Jusqu'ici, lorsque cela était devenu trop dur, elle n'avait eu qu'à se transformer, ou quelqu'un l'avait aidée. Cette fois, elle devrait se surmonter elle-même. Ce qui était beaucoup... Beaucoup plus difficile.

De nouveau, l'elfe noir surgit devant elle et lui asséna une frappe à vous détêter un enfant. Morte de fatigue, l'enfant le supplia d'arrêter, pleurait presque, la douleur s'ajoutant à la faiblesse, mais rien ne l'arrêtait. Rien. Il continuerait tant qu'il pourrait... Elle devait l'arrêter... L'impression familière revint, le Diamant noir s'invitant dans sa gorge comme une invitation... C'était si tentant... Des larmes de sang coloraient ses joues de vermillon. Ses mains tremblantes n'arrivaient guère à repousser aucune des attaques du Dragonnier. Non... Elle refusait d'avoir plus mal encore... Elle avait peur, oui, mais du courroux de son père, peur de mourir comme un chien...
L'incarnation n'eut pas lieu. Myad se battit avec les forces qui lui restaient, puisant dans tout ce qu'elle pouvait, vidant les diamants de son pendentif. Quand Athor se redressa, ses poings ensanglantés retombant sur ses cuisses, la magnifique blonde ne bougeait plus. Il toucha sa joue, essuyant un peu du sang qui avait coulé de ses yeux. Elle s'était évanouie...

Un sourire satisfait éclaira la figure atypique de l'immortel. Il se leva, souleva sa fille dans ses bras et marcha avec elle contre son torse, lui procurant doucement des flux d'énergie pour l'encourager à se réveiller.
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Myad
Message Sujet: Re: Learning to believe. [MonoRp] | Mer 4 Nov 2009 - 18:51


Assommée sous la force qui venait de lui cogner la tête, l'immortelle malmenée s'effondre de nouveau. Le soleil, orange aveuglant, éclaire les environs de sa lumière descendante. Elle s'immobilise, luttant pour garder son esprit conscient, l'odeur épicée du jour mourrant piquant ses narines. Elle respire, lentement, se forçant au calme. Sa faiblesse est extrême ; en vérité il ne lui faudrait pas grand-chose pour sombrer dans le coma. Grâce, ou à cause, de son père, c'est impossible. Il lui insuffle juste assez d'énergie pour revenir à la vie dès que l'inconscience clot ses paupières. Pas plus. La journée lui a paru s'étirer dans une longueur infinie. Les heures, monotones, insupportables, s'étaient écoulées au compte-goutte. Chaque seconde avait été plus désagréable que la précédente, la souffrance parfois coupée par quelques minutes d'obscurité. Myad rassembla toute la force de sa volonté, dernière flamme subsistante à l'intérieur de son corps harassé, pour s'appuyer sur des bras tremblants et se redresser. Ses cheveux sont alourdis de sueur, de sang parfois ; des étincelles bronze naissent dans le creux de ses boucles sous la caresse du crépuscule. Ses membres étaient marbrés de contusions diverses, bleus et coupures, ses muscles gémissants de tous les efforts qu'ils devaient fournir. La demi-drow avait pour survivre une détermination, un courage et une fierté qui l'aidaient à tenir.

- Tu n'aimes pas la sensation d'étouffement, n'est-ce pas ?

Son père marchait en tournant autour d'elle, inlassable, examinant ses ongles. Il se nettoyait régulièrement les mains, dès à présent que du sang de sa fille les tâchait ; il semblerait qu'il soit très hautement toxique. L'elfe noir croisa les bras et lui jeta un regard amusé.

- En effet. Je déteste ça.
- Il va falloir corriger cette tendance dès que possible. L'étranglement est facile à déjouer si l'on le traite comme une attaque banale. Il est un peu impressionnant, voilà tout.
- Si ce n'est que ça, hein...

Myad se releva péniblement. Toute la journée, elle avait dû subir les attaques physiques, magiques et spirituelles de son unique parent, et tenter de résister à l'incarnation. C'était devenu si naturel pour elle, de se laisser dominer et aller à cette douce sécurité, que cet exercie s'était révélé d'une extrême difficulté. Elle chancela, porta une main à son front - une humidité brûlante lui poissa les doigts.

- Comptes-tu me tuer avant de te considérer satisfait ?

Athor parut sortir d'un rêve. Il cligna des yeux, chercha ses yeux et parut s'étonner du reproche qu'il y lisait. Il s'arrêta et haussa les épaules.

- Quoi ? C'est tout ce que tu as à dire ? Tu me frappes depuis hier soir, ruinant soigneusement toute la confiance en moi toute ma force toute ma vitalité, et tu...
- C'est le but.
- Je crains de ne pas saisir, père !
- Tu es épuisée, exaspérée et désespérée. C'est normal de t'énerver. Mais je te conseille vivement de t'arrêter là. Sinon ce n'est pas pour te défendre que tu t'incarneras, mais parce que tu seras trop en colère.

Myad oscilla, les poings serrés. Une vilaine plaie lui brûlait les trois derniers doigts de la main gauche.

- C'est normal, mais ça n'a servi à rien ! Je finis toujours pas m'évanouir d'épuisement, et la transformation n'est arrêtée que parce que je pers conscience avant qu'elle soit complète ! C'est inutile ! Je n'en peux plus !

Athor la toisa un long moment, attendant qu'elle s'effondre de nouveau. Il se dit alors que pour lui parler ainsi, elle devait avoir perdu tout espoir. Elle doutait, elle était déçue. Une pause s'imposait.

- Allonge-toi.

La jeune femme se laissa aller plus ou moins volontairement sur les hautes herbes, ignorant les branchettes crochues, les pierres rondes et la terre qui s'effritait sous son dos. Elle respirait beaucoup plus vite que d'ordinaire, peinant à retrouver un calme qui demandait de l'énergie.

- Ferme les yeux, et détends-toi.

Elle ferma les yeux tandis qu'il la poussait sur le dos, doucement, ses paume froides s'étonnant de sa chaleur brûlante.

- J'ai dit : détends-toi.
- Je le suis.

Une gifle monumentale crispa d'un seul coup tous les muscles du corps de la demi-drow. Elle voulut se redresser, rouvrir les yeux, il l'en empêcha sans s'affoler. Son ténor résonna, impassible, à ses oreilles.

- Détends-toi, Gardienne, ou je reprends l'entraînement en prenant une arme.

La menace n'eut pas beaucoup d'effet ; ce qui convainquit la sublime fille, ce fut la caresse discrète, presque pudique, des doigts paternels sur sa joue lancinante. La douleur s'évanouit.
La jeune femme relâcha tout, son esprit prompt à l'abandon, et s'évanouit aussitôt.
Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle eut tout d'abord l'impression qu'elle rêvait. Une formidable impression de vie, de vigueur dynamisait ses muscles, sa peau sentait bon l'amande douce et elle n'avait plus de blessure nulle part. Myad fronça les sourcils, se redressa, et s'agenouilla. Un désagréable sentiment lui tiraillait les entrailles. La plaine, immense, était déserte. Athor était-il parti ?... Très soupçonneuse, la jeune femme se leva en gestes lents et prudents. Plus de courbatures. C'était louche ; son père en bon drow qu'il était, lui aurait laissé le temps de souffrir et d'apprendre de ses plaies avant de la soigner. La princesse parcourut les environs d'un regard perçant, cherchant son père. Un frisson dans le sol la fit sursauter. Elle crut que ce n'était qu'un tremblement de terre passager. Et puis le frisson reprit, plus fort, un autre le suivit, se fit permanent. La jeune femme recula à pas rapides vers la forêt, cherchant partout la raison de ces "boum" qui évoquaient le pas rapide d'un énorme animal. Lorsqu'une ombre se découpa sur l'horizon, Myad comprit qu'elle ne rêvait pas.
Si elle avait fait un cauchemar, son adversaire aurait été beaucoup, beaucoup moins effrayant.
Et elle aurait eu une arme, ou ne serait-ce que des vêtements...
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