Quelques jours plus tôt, au Repère :

* Je vais chasser, ne m’attends pas avant demain, je risque de m’éloigner *
* Très bien. Je vais en profiter pour m’entraîner un peu. Samoth n’est plus là pour m’enseigner de nouvelles choses, je pense donc améliorer ma magie *
* Ne t’attire pas trop d’ennuis, même si je sais que c’est ton passe-temps favoris en mon absence *

La drow fit une grimace amusée à la dragonne d’ébène, et s’approcha d’elle pour lui dire au revoir. Elle ne supportait pas d’être séparée de Dark, même si ce n’était que pour un jour ou deux. Cette dernière baissa son énorme tête écailleuse jusqu’au visage de la dragonnière. Les prunelles d’or de Djenka se perdirent dans celles argentées de la dragonne, lui transmettant tout un flot d’émotion. La jeune elfe sourit, déposa un baiser sur le museau de son amie, et s’éloigna, pour la regarder décoller. Dark déploya ses immenses ailes, et après un dernier regard, prit impulsion sur ses pattes, et décolla, claquant bruyamment des ailes. Elle s’éloigna en quelques secondes, la drow toujours à terre n’avait pas bougé.
Soudainement, une immense douleur la submergea, un rugissement de surprise et de douleur s’échappa de sa gueule. Elle ne réussit pas à comprendre si c’était une douleur physique ou mentale, elle était bien trop puissante pour qu’une distinction se fasse. Sans qu’elle s’en rende compte, la dragonne chutait dangereusement vers la terre, mais complètement aveuglée par le mal qu’elle ressentait, elle ne vit pas le sol se rapprocher de plus en plus, la douleur troublait son esprit, elle n‘y voyait plus rien, tout était flou. Elle s’écrasa alors dans un grand bruit, l’aile plus ou moins tordue, et l’épaule douloureuse. Ca non plus elle ne s’en rendit pas compte. Tellement insignifiant à côté de son cœur, qui semblait se déchirer sans raison, comme si on lui arrachait ce qu’elle avait de plus précieux au monde, comme si une partie d’elle disparaissait. Djenka ? La peur vint s’ajouter à la douleur. Mais non, le lien était là. La dragonne découvrit même avec horreur, que l’elfe noire souffrait en même temps, condamnée a ressentir la détresse et la douleur de sa moitié. Sa moitié… Un rugissement de peine mélangée à de la colère se fit entendre, alors que la douleur continuait, plongeant la dragonne dans les ténèbres, l’empêchant de respirer, de penser, elle ne pouvait rien avoir d’autre en tête que ce sentiment d’abandon, de vide. Soudainement, tout cessa… Elle sentait toujours Djenka, qu’elle devinait sur le sol, tout juste libérée de ce cauchemar, le souffle court. Pour Dark, le cauchemar ne faisait que commencer. Elle ne sentait plus rien. Une sorte de vide horriblement présent. Ca ne pouvait être que lui, personne n’était aussi important que sa dragonnière à ses yeux. Elle n’était pas liée à l’amour de sa vie, mais c’était comme ça, un amour tellement fort, que ces choses là se sentent, surtout pour des créatures faites de magie. Elle ne savait même pas qu’il était possible de ressentir ça. De ressentir quelque chose d’aussi fort. Comme si elle avait tout perdu. Non, elle avait Djenka. Mais c’était différent… Elle aimait sa dragonnière par-dessus tout, elle ne pouvait supportait de lui infliger le partage de son malheur. Elle devait se détacher d’elle. Le temps de s’y retrouver du moins.

* Dark…*

La faible et suppliante voix de l’elfe noire traduisait le malheur qu’elle ressentait. Elle avait bien entendu compris les pensées de la dragonne, ainsi que son désir de se séparer d’elle momentanément. Mais il n’y avait d’autre choix. Dark n’avait même pas envie de ressentir de nouveau la joie, de rire. La tristesse était bien trop grande pour laisser la place à autre chose.
C’était donc ça qu’avait ressenti Eluna. Une inquiétude de sa jumelle, qui provenait probablement de Leyra, qui elle-même venait de Marek. Marek avait été en danger. Hathir aussi… Non. C’était impossible. Elle ne pouvait se résoudre à penser ça. Elle ne lui avait même pas dit au revoir…

* Son cœur. Il a peut-être prit soin de le laisser à son dragonnier. *

Elle ne lui répondit pas. Elle était de toute manière incapable de formuler sa phrase, et c’était inutile, elle connaissait ses pensées. Sa dragonnière avait probablement raison, même si laisser son cœur n’était pas forcément évident, Hathir l’aurait fait. Il fallait absolument qu’elle le retrouve. Une image venant de Djenka lui apparu à l’esprit. Le manoir de Marek, à Aberon. Le dragonnier n’y était probablement plus. Une autre image. Un mage. Ou plutôt le majordome. Peu importe, il était assez bizarre pour savoir quelque chose. La dragonne se releva péniblement, grognant en sentant son épaule douloureuse, et s’ébroua. Elle devait y aller maintenant, pour s’assurer de ce qu’elle croyait, en espérant se tromper. Le soleil était pile au dessus d’elle, et brillait comme jamais, ça devait être le milieu de la journée. En trois jours, sans s　‘arrêter, elle y serait. Djenka ne craignait rien au Repère, surtout si elle restait avec Samoth. Après un long et effroyable rugissement, qui aurait fait trembler n’importe qui, un rugissement de haine, mais on y ressentait surtout le désespoir de Dark, comme si elle venait de perdre ce quelle avait de plus cher, la dragonne sombre décolla, enfermant son esprit pour empêcher sa dragonnière de capter quoi que ce soit. Cette coupure ne durerait peut-être pas… Sous le soleil de la Crète, la princesse des cieux battait des ailes à une vitesse affolante, ne désirant plus qu’une chose, rejoindre Aberon.
　
　

Aujourd’hui, Aberon :

Le Manoir. L’objet de son voyage, enfin en vue. Elle était épuisée, mais ne s’en rendait pas compte. Peu importe de toute façon, rien ne comptait plus. Le Manoir, Hathir, c’était tout ce qui la motivait. Le désespoir n’avait pas disparu, ou ne s’était pas allégé. La peine restait la même, la solitude n’aidait en rien. Mais à quoi bon vouloir d’une compagnie lorsque l’on a perdu un être si cher. Rechercher du réconfort non plus, ça ne le ferait pas revenir. Rien ne le ferait revenir. Tout ce qu’elle demandait, c’était un adieu, qu’il sache au moins qu’elle l’aimera encore…
Quelques secondes à peine après, Dark avait traversé Aberon, et atterisait lourdement sur l’immense terrasse du manoir. Elle ne fit même pas attention à l’immense beauté de la demeure, elle s’en fichait éperdument. En humant l’air, elle sentit qu’il avait été là, il y a peu de temps. Son cœur se serra lorsqu’elle reconnu l’odeur du dragon qu’elle aimait. Plus jamais elle ne sentirait cette odeur. Plus jamais elle ne se frotterait contre lui, elle ne verrait jamais son beau regard, son esprit ne viendrait plus se mêler au sien pour exprimer l’amour profond qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Jamais ces deux créatures légendaires ne seraient réunies à nouveau. Plus jamais… Ce qu’il laissait derrière lui, n’étaient que des souvenirs, et une dragonne détruite par la douleur. Mais aussi des adorables petits dragons, qui ne verront leur père que par l’intermédiaire des souvenirs de Dark.
Elle fit claquer son énorme queue sur la terrasse d’un coup puissant, sachant qu’elle y résisterait parfaitement, et rugit. L’homme de ses souvenirs n’apprécierait certainement pas une intrusion de ce genre, ni que l’on trouble le calme du Manoir, et viendrait à sa rencontre. Peut-être se rappelait-il d’elle au mariage de Marek. Même si depuis, elle avait encore beaucoup grandit, et était bien plus impressionnante. Ce qu’elle désirait était évident. Si Hathir avait laissé son cœur, elle se sentait en droit de lui parler.
Elle attendit, sa queue fouettant l’air montrant son impatience, son air sauvage fixant le manoir.

Un grand bruit. Un rugissement de femelle. Elle était là.

Depuis l'annonce de la mort de Hathir, Nielas savait que ce moment arriverait. Le mage savait le lien qui unissait les deux dragons noirs. C'est pour cela qu'il avait repoussé au maximum son plan concernant le coeur des coeurs de Hathir.
L'heure était venu. Il attrapa un sac de cuir dans son bureau, et son bâton.
Un éclair de lumière bleue, et il disparut...


La porte de la Terrasse s'ouvrit, et Moroes apparut. Au même moment, Nielas arrivait dans un grand éclat de lumière bleue, tenant un sac de cuir avec lui.

Effectivement, Dark était là, géante et puissante, et surtout terriblement triste.

- Bonjour Skulblaka. J'attendais ta venue. Je sais pourquoi tu es là, et je ne te ferais pas attendre.

Il posa le sac de cuir sur le sol. Une boule noire, striée de rouge sang, s'éleva dans les airs et atterrit entre les pattes de Dark.

Nielas se recula, laissant la dragonne seule avait ce qui restait de son défunt compagnon.

[J'ai aucune inspi en fait là je te laisse faire avec l'Eldunari]