La scène pouvait sembler banale, et pourtant rien n'était plus intriguant que ces deux voyageurs. Une jeune femme, belle mais dont la vue provoquait un sentiment étrange, et un homme renfermé, presque enveloppé d'une chape de noirceur, qui chevauchaient de concert. Eux-même ne sauraient l'expliquer réellement. Et pourtant, tout autour d'eux allait normalement, les oiseaux se réveillaient, le soleil poursuivait sa course dans le ciel un peu couvert...


Ne sachant que faire, mais refusant de s'engager dans un voyage à la durée incertaine sans prononcer une parole, Rathloriel chercha à engager la conversation, de la façon la plus banale qui soit, mais aussi la plus sûre... :

- Nous avons de la chance qu'il ne pleuve pas n'est-ce pas? Je n'aime pas voyager sous la pluie, encore moins à cheval, ça pue! Combien de temps allons nous mettre pour arriver?


Elle dit tout ceci en lui adressant son plus beau sourire, un sourire tiré de son enfance, naïf, mais entaché de cette nuance de doute que l'on acquiert après de multiples déconvenues.

En effet, ça semblait banal, même que ce l'était un peu. Ce le serait entièrement si l'homme n'aurait pas eu l'air d'un cavalier démoniaque issu des entrailles du monde. Ça avait été le cas à l'heure où ils étaient partis car la pluie avait forcé Raphaël à porter sa capuche. Heureusement cette pluie avait été très brève, pas plus de sept ou huit minutes, cela avait permis au quarantenaire de laisser ses cheveux à l'air libre, provoquant moins les méfiance des autres. Son corps effrayait autant que son visage rassurait de par son humanité, ça avait paru avec Rathloriel à leur rencontre initiale.

Il aimait chevaucher. Il l'avait fait toute sa vie, mais ce n'était que depuis sa libération qu'il en profitait pleinement, les cheveux aux vents et l'air plein les poumons. Il ne sentait autre chose que l'humanité en ce moment même, même qu'il sentait la présence de celle qui chevauchait à ses côtés. Il l'écoutait parler et se sentait même un tantinet paternel face à elle. Il ne voulait pas se l'avouer lui-même, mais il appréciait la compagnie. Rathloriel était... elle était un peu sa femme qui l'aidait a fabriquer des chausses, et sa fille qui jouait avec lui. Les pensées du Consolidateur furent interrompues par les questions banales de la Magnifique, qui voulait résolument tuer le silence. Ça ne dérangeait pas Raphaël. Il répondit allègrement.

- En effet, je me sens bien à la lumière, même si c'est sur l'ombre que j'ai un contrôle.

Le soleil n'était cependant pas de la partie. Le ciel était couvert de nuages clairs et légers. Raphaël ne tourna pas la tête vers elle alors qu'elle lui souriait, mais il l'avait vu du coin de l’œil. Cette innocence... L'homme gardait toujours son regard fixé vers l'horizon, ou un brin plus haut que l'horizon. Il n'entendit pas les bruits lourds sur sa gauche.

- Cela fait environs deux heures que nous sommes partis... Si nous gardons cette vive allure, nous devrions y être dans...

Il marqua une longue pause, puis détourna enfin sa tête vers la gauche ; ils avaient franchis Therinsford puis étaient débouchés dans une grande plaine sèche. À l'est, Raphaël vit et entendit plusieurs humanoïdes plus proches d'eux que nécessaire. En fait ils étaient à quelques mètres. C'était des Urgals, créatures cornues et primate. Ils étaient six de nombre, l'un d'entre eux était en fait un Kull, une sorte de super-soldat pygmée assoiffé de sang. Raphaël continua sa phrase avec plus de lenteur, signifiant à Rathloriel de regarder.

- ... cinq jours environs. Bon, au boulot, je n'aime pas avoir à me presser. Nous allons devoir écarter cette menace.

Il fit tourner son cheval vers la droite pour prendre de la distance avec les créatures et se laisser le temps de descendre de son cheval, ce qu'il fit, il conseilla également d'un signe de main à Rathloriel d'en faire de même. Raphaël tapa sur la cuisse d'Elhadan en murmurant quelques paroles d'ancien langage et la bête s'éloigna des combats pour regarder plus loin, il hennit et tapa par terre de ses sabots à la vue d'un affrontement. Comme à l'habitude, les pieds de Raphaël commencèrent à projeter une lueur noire, qui se transforma en brume. L'ombre prête à être consolidée s'éleva jusqu'à sa main gantée, mais il n'y construit aucune arme encore.

- Un sage homme surdain a un jour dit "Le meilleur moyen de connaitre un homme, c'est de le regarder manier l'acier". J'ai hâte de voir si le sabre à ta hanche a déjà été utilisé. Cela dit, les Urgals sont des fonceurs, la technique pour les vaincre c'est d'être prêt à la contre-charge et la rendre la plus mortelle que possible.

Les créatures se rapprochaient. Raphaël gardait son regard sur le plus gros des six, qui faisait en faite 1 mètre de plus que lui, avec ses deux pieds qui semblaient être de gros troncs d'arbre et sa massue énorme qu'il portait à la main droite.

- Soit rapide, ou forte, l'un des deux. Dis toi que ces créatures sont un peu plus grandes et un peu plus fortes que moi physiquement. Et ne t'approche surtout pas du Kull, le plus gros, sans t'assurer que je suis à portée.

C'est là que le Consolidateur choisit ses outils de travail ; un grand bouclier se forma dans sa main gauche et une petite dague dans sa main droite, de manière à bloquer les grands coups et à contre-attaquer avec des petits coups vifs et francs par les côtés. Le bouclier avait plusieurs pointes sur sa surface permettant un bloc plus agressif.

[Si ton personnage décide de ne pas se battre, ce qui est possible j'y ai pensé, il peut observer de loin. Ce n'est pas un combat facile, mais en même temps pas vraiment difficile. Petit affront journalier quoi ^^ Tu es libre de faire ce qui te plait]

Rathloriel n'avait pas l'intention de laisser passer une telle occasion de gagner le respect de son compagnon de voyage. Elle n'allait pas passer éternellement pour une jeune femme faible cherchant la protection. Elle se plaça donc immédiatement en position offensive aux côtés de Rafaël.

- Je ne vais sûrement pas m'écarter, deux contre six, c'est équitable non?

Les Urgals se ruaient sur eux, mais semblaient avoir décidé que Rathloriel représentait une menace bien moins importante. Seuls deux spécimens foncèrent sur elle, quand les quatre autres chargèrent Rafaël.
Elle évita la première attaque du plus proche, et se retourna vers le second. Elle arrêta l'arme barbare de celui-ci et virevolta de façon a faire face aux deux ennemis. Le combat fut rude, et elle n'avait pas eu d'entrainement depuis longtemps. Le début du combat était donc à son désavantage, le temps qu'elle remette en branle les vieux réflexes qu'elle avait acquis durant ses années de piraterie. Très vite, elle gagna en vivacité, et put surprendre les urgals qui étaient pleins de suffisance et tentaient de s'amuser avec elle. D'un coup de taille, elle blessa grièvement le premier, le laissant agoniser sur le bas-côté. Le second, qui n'avait pas jeté un coup d'oeil sur son correligionnaire, se jeta encore plus brutalement sur elle. Accusant le coup, elle se laissa égratigner sur le bras. Elle réussit à repousser l'épée adverse, et reprit le combat. Son bras la piquaient, mais rien de trop dérangeant.
Finalement, elle se débarassa du deuxième urgal en lui transperçant l'épaule, et l'acheva sans ciller.

Reprenant son souffle, courbée en deux en accusant l'effort, elle se tourna vers Rafaël pour suivre son combat, et lui venir en aide si besoin, bien qu'elle ne se sente plus capable de grand-chose et son bras commençait à la lancer.

Rathloriel avait attendu quelques secondes pour voir si son allié allait s'en sortir, puis était allée rechercher les chevaux. Sans trop se préoccuper de sa blessure, elle était déjà remontée sur son cheval, prête à partir. Elle ne tenait pas à s'attarder dans le coin. Ils n'étaient certes pas en faute, mais une patrouille inquisitrice ne serait pas forcément du goût de Raphaël, ni du sien d'ailleurs. Son bas saignant toujours, elle avait déchiré une bande de tissu de sa chemise et avait improvisé un bandage.

Elle avait observé en coin le combat qui faisait rage. Elle était impressionnée par la fore et la réactivité de l'homme qui voyageait avec elle. Mais son habileté soulevait toujours plus de questions qu'elle n'en résolvait. Rathloriel se demandait aussi comment ils allaient se remettre de ce coup là, se soigner, et continuer tranquillement leur voyage, comme si de rien n'était.

Cette soudaine attaque la faisait douter. Avait-elle eu raison de se jeter ainsi sur les routes, sans raison particulière, avec un homme qui la connaissait à peine... Mais elle avait toujours ce sourd sentiment, cette idée fixe qui la guidait : il allait se passer des choses intéressantes autour de cet homme, et son contact était important pour elle.

Etourdie par le combat et toutes ces réflexions qu'elle croyait avoir balayé en décidant de partir, elle s'impatienta et ne supporta plus de rester près de ces cadavres. Elle regarda Raphaël dans les yeux :

- Bon, on y va ou quoi? Je ne compte pas moisir ici!

Qu-Qu-Quoi? Un dragonnier? En entendant parler le jeune homme, Rathloriel s'était retournée brusquement. Elle resta hébétée quelques secondes. D'abord Raphaël, cet homme étrange, et puis ça? C'était un peu trop pour elle! Quelle était sa place dans tout ça? Depuis quelque temps, elle ne savait plus quelles décisions prendre. Avant la dernière grande catastrophe de sa vie, elle arrivait toujours à prévoir, à prendre les bonnes décisions... Maintenant elle semblait incapable de prévoir les choses, elle agissait au jour le jour... Mais elle devait répondre, réagir... Comment on s'adressait à un individu comme lui. Et à son animal? devait-on seulement lui parler? Pour rompre le silence, elle décida de parler, quoi qu'il doivent en advenir :

- Sans blessure? c'est vite dit! répondit-elle en se tenant le bras et en jetant un regard insistant vers son allié providentiel. - Mais pourquoi donc nous avoir rejoints? Savez-vous pourquoi nous avons été attaqué? Que voulez-vous de nous?

Cette dernière phrase avait été prononcé d'un ton clairement sur la défensive, à mesure que l'idée qu'elle faisait face à un dragonnier et son dragon s'insinuait plus clairement dans son esprit.

Le garçon se blinda, sous une défensive qui n'étonna pas Raphaël. Tout le monde était perpétuellement sous la défensive, surtout face à lui. Il soupira et s'accouda sur Elhadan, attendant la suite. La bête tapa à nouveau de ses sabots, sans réelle raison. Le ciel semblait se dégager progressivement et des rayons transpercèrent les nuages, loin à l'est. Raphaël le remarqua et se laissa distraire quelques secondes, regardant cette lumière faible et soudaine. Il n'avait pas envie de crier pour s'adresser à quelqu'un, même qu'il n'avait pas envie de crier pour quelque raison qu'il soit. La phrase qu'il entendit à moitié le rassura, n'étant pas prêt pour un combat. "Je souhaitais simplement vous aider". Ce n'était donc pas un autre de ces représentant vert qui le chassait sans réelle raison. Le garçon lui adressa à nouveau la parole, mais le Consolidateur leva la main en faisant un signe comme de quoi c'était bon, qu'il n'y aurait pas d'affrontement. Au final, le but de Raphaël était peut-être d'atteindre la paix, personnelle et universelle, même si c'était utopique. Le fait qu'il soit dragonnier ne l'impressionna pas ; il l'avait deviné d'après son compagnon ailé d'une jolie teinte émeraude, fier représentant d'une race rare et noble.

Raphaël rangea son couteau à sa ceinture pour confirmer ses intentions de non-agression. Il ramassa la sangle d'Elhadan et avança tranquillement vers son interlocuteur éloigné. D'un signe de main, il indiqua a la Magnifique de le suivre. Aillant couvert quelque mètre de distance, crier n'était plus nécessaire pour dialoguer ; l'homme en était ravi. Pendant quelques secondes il pensa à quoi dire, à quoi penser... En même temps il se demandait a quel point son armure de torse était endommagée. Raphaël était souvent distrait pour une raison ou une autre. Il sourit à la dernière question d'Oryon, et y répondit du tac-au-tac

- C'est vous qui auriez un problème contre moi si c'était le cas. Sauf votre respect, vous avez tort de vous montrer si défensif ; je ne mord pas.

Vingt-cinq mètres les séparaient a présent. Raphaël se rappela alors la blessure de Rathloriel et reprit du sérieux. N'était pas guérisseur une seule seconde, il accéléra le pas en prenant cette fois la selle du cheval de la jeune femme. Encore une fois, un saignement artériel pouvait mener à l'inconscience assez rapidement. Heureusement, la Magnifique ne semblait pas étourdie. Avec son expression habituelle de sérieux déroutant, le Consolidateur prit un regard vers Oryon ;

- Si vous connaissez un moyen d'arrêter le saignement, je vous en serais reconnaissant, dragonnier. Si cela peut vous rassurer ; en ancien langage => Je ne vous attaquerai pas.

Il n'y avait pas besoin d'en dire plus, Raphaël n'avait pas besoin d'un autre ennemi. D'après ses paroles, Oryon était quelqu'un de bien, et l'homme torturé espérait que c'était vrai. Il se disait également que ce petit brin de coopération mènerait peut-être à une conversation intéressante concernant le sud du continent actuel. Peut-être le garçon en savait plus sur Urû'Baën et sa bibliothèque, ou sur les Ombres-mêmes. En tous les cas c'était une chance à prendre

Le Consolidateur regarda le garçon à son opposé hésiter à propos de sa phrase en ancien langage, puis répondre. L'homme barbu n'avait pas besoin de cette réponse; le ton de voix et la démarche lente et tranquille, reposée, d'Oryon lui suffisait pour comprendre ses intentions. Raphaël aida sa "protégée" à descendre du cheval, tout en s'assurant de la qualité de sa respiration. Elle commençait à présenter des signes d'étourdissement et ce n'était pas bien. Beaucoup de sang se rependu d'ailleurs sur lui alors qu'il l'aidait à démonter le destrier. Il le remarqua et jeta un coup d’œil au bandage qui ne suffisait pas. Raphaël avait lu avec son maître plusieurs différents types de magie, mais jamais la restauration et la guérison. Non... Sa formation à lui consistait à utiliser le pure pouvoir meurtrier des éléments. Heureusement pour Urû'Baën, il n'utilisait que l'ombre en combat, sa maitrise du feu, du tonnerre et des autres éléments étant trop faible.

Il attrapa son sac de couchage attaché à Elhadan pour permettre à la Magnifique de s'asseoir sur autre chose que le sol pierreux, puis la laissa aux soins d'Oryon, se reculant. Le jeune Dragon vint bientôt se mettre entre lui et son futur cavalier, possiblement encore un signe de défensive. Cela mit la puce à l'oreille du Consolidateur ; il regarda son bras pour constater que l'ombre s'échappait en effet de son corps, bien que légèrement. Également, ce qui était fascinant, c'était que cette fumée bizarre passait à travers sa tunique et son plastron plaqué, comme si c'était une brume non solide, complètement immatérielle. Raphaël l'avait déjà remarqué, et il ne comprenait lui-même pas exactement pourquoi ce phénomène se manifestait. Ça lui semblait être aléatoire.

- Je ne suis pas un expert, mais je vais faire de mon mieux. Laisses moi regarder s'il te plait.

Raphaël ne répondit pas, comprenant que ça ne s'adressait pas à lui. Il se retourna, leur faisant dos, pour regarder le faible rayon de tout-à-l'heure qui avait percé les nuages. Bien bel éclat... Même que ça s'élargissait en une bonne trouée, au sein des stratocumulus épais qui décorait le ciel. Bientôt, les rayons vinrent éclairer les cheveux de Raphaël, le réchauffant par la même occasion.

Alors qu'il se retournait tranquillement, l'homme vit une Rathloriel inconsciente. Oryon l'avait couchée en appuyant sa tête sur le sac de couchage. Le quarantenaire s'avança tranquillement, regardant un peu au dessus de l'épaule du garçon, du côté opposé à celui de son Dragon. Il reconnu les mots "Que ce qui est déchiré soit réparé", mais l'accent du garçon le fit sourire de nostalgie. Il avait eu cet accent aussi, les premiers mois de son apprentissage avec Farar le Sorcier. Une petite lumière sembla alors s'échapper de la paume du jeune homme, et le saignement diminua progressivement jusqu'à arrêter. Peu après, la cicatrice diminua de moitié. Ce type de magie était complètement inconnu de Raphaël, qui se montra intéressé. Il allait devoir apprendre un ou deux trucs concernant la guérison. Peut-être était-ce qu'il aurait du faire toute sa vie, au final.

Oryon termina son travail avec un "Waìse heill", qui signifiait en l’occurrence "Sois guérie". Il s'assit ensuite, visiblement essoufflé. Il n'était pas au stade de l'épuisement, mais il avait fournit dans son travail de guérison un bon effort.

Raphaël communiqua visuellement avec le Dragonnier, une seconde, puis tapota sa ceinture. Il y avait trois gourdes, deux remplies d'eau, et une remplie d'un alcool fort très épicé. Empoignant l'une des gourde d'eau, il la lui lança.

- Merci bien. Je peux la défendre des Urgals comme je le peux, mais la soigner est hors de mon champ de compétence, malheureusement.

Raphaël regarda autour d'eux, ils étaient au milieu du chemin et d'autres voyageurs anodins allaient bientôt croiser leur route, quittant Therinsford avec leurs caravanes. Le Consolidateur n'oubliait pas que lui et Rathloriel étaient recherchés par les Elfes, et s'en méfiait, mais il n'y en avait pas sur la route.

- Nous devrions nous asseoir ailleurs que sur le chemin, le temps qu'elle récupère ses esprits. Transportons-la. Je vais avoir quelques questions à vous poser.

Il faisait allusion en premier lieux aux Ombres, se doutant qu'un Dragonnier en savait plus, étant leur alter-égo. En second lieux, il voulait également confirmer ou infirmer la rumeur comme de quoi ces mêmes Ombres avaient une influence dans le système politique impériale.

[Je fais ça brièvement, l'inspiration n'y est pas]

Raphaël attrapa le petit récipient, remarquant qu'il était plein. Il eut un petit sourire et retint de dire "Tu n'as qu'a le dire si tu n'en veux pas". Après l'avoir rangé, vint les déplacements. Mettre ses mains sur des cadavres ensanglantés rappelait au barbu que lui-même était plutôt sali par le combat, il en avait sur ses vêtements et dans ses cheveux. Il ne s'en préoccupa cependant pas, dirigeant une bonne partie de ses pensées sur le Dragonnier présent et sur tous ceux franchissant le chemin derrière eux. Alors qu'il en déplaçait un deuxième, il posa l'une de ses questions.

- Ce ne sera pas une question très personnelle, juste une curiosité. Vous êtes un Dragonnier, donc j'ose croire que vous aviez déjà eu contact avec les créatures qu'on nomme les Ombres. Je voudrais en savoir plus, en général, sur ces créatures. Qu'est-ce qu'elles font, dans quel genre d'endroit vivent-elle, combien en sont répertoriées, par exemple.

La première question posée, le dernier cadavre tassé. Raphaël attrapa la gourde qu'il avait prêtée à Oryon auparavant pour la vider dans sa main et se mouiller les cheveux. Ils s'assirent ensuite à quelques mètres de la route. Il n'avait pas remarqué que Rathloriel était consciente à nouveaux.

- Je suis Raphaël Valareth, je recherche la connaissance et désire approfondir ma raison. La jeune femme qui me tient compagnie se nomme Rathloriel. Cette fumée noire m'étonne moi-même, souvent, car je ne sais pas clairement pourquoi elle s'échappe de mon corps. Elle apparait occasionnellement quand j'ai à combattre.

Il marqua alors une pause, regardant ses mains qui laissaient encore échapper ne serait-ce que de minces vapeurs d'ombre. L'effet s'estompait graduellement, cependant. Raphaël ne s'attarda pas trop sur ce détail, qui marquait sa vie surtout dans les moments désertés de contacts humain. Il passa alors à sa seconde question ;

- Une autre chose qui m'intrigue est à propos d'une rumeur, et je ne doute pas que vous devez beaucoup voyager ; peut-être pouviez vous la confirmer ou l'infirmer. J'ai cru entendre entre les branches que l'Empire comptait parmi ses hauts-placés un ou deux de ces mêmes Ombres.

Rathloriel interrompu alors, bien que ce ne fut pas une longue interruption. Raphaël tourna un peu ses yeux vers elle et remarqua que son corps était différent. C'était plutôt étrange, elle avait perdu quelques traits humains...

[hrp] désolé, j'ai pas relu... J'ai pas trop le temps[/hrp]

Les deux hommes étaient baissés vers Rathloriel, et elle apercevait au dessus d'eux la tête curieuse du dragon. Il arqua même son cou afin de venir la renifler, ce qui la terrorisa au plus haut point. Toujours assise, figée, la jeune femme était abasourdie par son nouvel état, et essayait de réfléchir aux questions du dragonnier, dont elle ne connaissait toujours pas le nom. Elle vit l'inquiétude apparaître sur son visage peu à peu, et celle -ci ne fit qu'aggraver ses propres peurs.

- Victime d'un sort...? Heu, je ne pense pas non. Mais a-t-on un moyen d'en être sur? Enfin je veux dire... c'est que j'ai eu une vie assez mouvementée, et je ne me souviens pas de tout. J'ai subi plusieurs chocs qui m'ont fait perdre une partie de ma mémoire. En tout cas, dans ce qu'il me reste de souvenirs, j'ai rencontré des gens étranges, mais pas de mages ou de dragonniers. Récemment, la seule magie que j'aie vue était du fait de Raphaël ici présent. Par contre, j'ai toujours eu des marques plus roses sur les paumes, aussi loin que je m'en souvienne... Cela vous aide ?

Elle n'avait pas envie, ici et maintenant, dans sa position avec des inconnus, de déballer sa vie, son enfance, les heurts de son existence...

Quand à arranger les choses, si vous vous en sentez capable... je dois dire qu'au point où on en est, je n'ai plus grand chose à risquer si?

Rathloriel jeta un regard désespéré vers la seule personne qui lui était plus ou moins familière, Raphaël, en espérant qu'il saurait quoi faire. Il n'avait pas encore prononcé un mot.

Raphaël écouta avec grande attention ce qu'Oryon pouvait lui révéler au sujet des sombres créatures assujetties à tant de parlotte et de rumeurs. La première information ne lui était pas de grande utilité, mais c'était quand même un fait intéressent à savoir. La seconde information, alors ça c'était inattendu! Les Ombres impériaux vivaient comme d'autres sujets importants? Très curieux. Qu'étaient donc les Ombres? Raphaël ne savait pas comment les considérer ; jusqu'à présent, un premier l'avait aidé à massacrer des gens aléatoires dans la capitale du Nòmins Ageati, et un second l'avait attaqué et avait causé un malentendu consistant avec le peuple elfique. Était-ce des êtres vraiment respectables? Dignes d'une position politique? En y pensant, l'homme se demandait maintenant s'il allait vers la bonne direction. Devait-il retourner a Urû'Baën tenter sa chance à la bibliothèque comme prévu? Une autre option se présentait maintenant ; confronter Dras Leona et ses candidats politiques. C'était intéressent, et le grand guerrier était si pensif qu'il manqua une bonne partie des interactions entre Rathloriel, Oryon et Yäwé. Lorsqu'il en prit connaissance, Rathloriel parlait des marques sur ses paumes, et elle terminait sa phrase.

Il n'en parlait point, mais il était maintenant fixé vers ses propres objectifs, et ne portait guère grande attention à sa compagne de voyage. Il s’efforça d'avoir l'air "humain" et s'approcha d'elle, prenant conscience des perturbations. Le changement physique de Rathloriel était étrange, pour ainsi dire. Elle semblait néanmoins toujours la même au niveau tempérament, inspirant une curiosité, une combativité et une vivacité bien propre à elle-même, que le Consolidateur reconnaissait. Jamais auparavant n'avait-il vu un chat-garoux, et il n'en avait entendu que peu parler, il ne s'en souvenait plus d'ailleurs. Les traits félins ne lui rappelèrent d'ailleurs aucune lecture, même si il essayait de se rappeler. Lorsqu'Oryon proposa d'essayer quelque chose, Raphaël se montra méfiant, il s'interposa. Il remarqua un petit grondement émit par la jeune créature verte.

- Je ne crois pas que c'est une bonne idée, Dragonnier. Ton ami ailé semble être d'accord si je ne m'abuse. Je ne voudrais pas qu'une conséquence aléatoire lui cause quelque désagrément l'empêchant de se déplacer. Sans doute y a-t-il quelqu'un qui pourrait expliquer le phénomène.

Il allait bientôt être onze heure en avant-midi, l'éclaircissement dans le ciel continuait à progresser, chassant lentement et paisiblement les blancs nuages. Raphaël commençait à sentir une maigre faim.

[On accélère le rythme pour les RPs pré-ellise, Rathloriel! Sens toi à l'aise avec un post très court si c'est tout ce que le temps te permets, il faut que ça avance! ^^]

Et elle était partie, de manière soudaine. Raphaël fur surprit de par son propre immobilisme à ce moment ; il ne bougea même pas. Il la regarda partir, à quatre pattes. La jeune femme s'était transformée, reprenant le physique et l'instinct de la bête, il n'y avait pas moyen de combattre cet instinct. Le Consolidateur fut néanmoins surpris de cette tournure d'évènement, son expression faciale ne le cachait pas, les sourcils froncés.

- Ce regard qu'elle a posé sur moi avant de fuir... Elle ne se rappelait plus de nous, ni de la situation. Elle erra dans les bois et trouvera un chemin, puis son apparence je suppose. Je lui souhaite.

Raphaël soupira, un chapitre semblait tirer à sa fin, un autre commençait. Carvahall était derrière lui, il fallait maintenant se concentrer sur Dras Leona, peu importe les évènements, peu importe les rencontres. Il n'avait plus faim depuis cette fuite de sa compagne de route, mais ne s'en montrait pas dérangé outre mesure.

- Je ne peux rien faire pour elle, conclut-il, surtout pour s’apaiser lui-même. Oryon put constater que la fumée n'existait plus autour de son corps.

Il approcha le cheval de la jeune fille et retira sa selle, le laissant libre de partir où bon lui semblait. La bête trotta lentement vers le nord, voulant regagner les pins et les conifères.

- Je crois que notre échange est terminé. Je vous souhaite bonne route, à vous et à votre compagnon. Puisse la chance vous accompagner.

Il se dirigea alors vers Elhadan, son propre cheval, désirant lever le camp en même temps que le Dragonnier à sa gauche

[Sujet terminé]