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M'Ehiatê Gyu

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Liv de Sula


Nombre de messages : 2665
Âge : 31



M'Ehiatê Gyu Vide

Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: M'Ehiatê Gyu | Lun 21 Jan 2013 - 4:04


M'Ehiatê Gyu Me10
Je volais, simplement,
parmi les nuages,
parmi les vents.
Je volais, légère et vaporeuse, mes formes changeant à chaque caresse que les courants me faisaient.

Ils me poussaient lentement sous l’ivresse des cieux illuminés, vers ces mondes vivant sous les cumulus, loin du paradis céleste que je venais de fréquenter.

Aimez-moi encore, miennes divinités, gardez-moi au ciel pour l’éternité !

Je suis l’Océan, et un peu plus.
En dessous, les nuages s’étalaient à perte de vue. Je m’y enfonçais sans un bruit, ni un remous. Une mer flottante éclipsant les astres pour le commun des mortels prisonnier de la gravité. Mais voilà qu’elle m’aspire, m’attaque et tendrement m’attire vers les profondeurs de ces eaux gazeuses. Affûte et esquinte mes sens pour les préparer à la ténébreuse lutte de ces élémentaires quintessences.

J’y plongeais angoissée, mes libertés paralysées et comprimées dans une goutte, une larme dansante, absente mais voyante, comme une étoile filante dans la voie lactée. La couronne céleste aux milles diamants étincelants de lointains soleils avait été troquée contre la chute libre d’un million de gouttes identiques et dénuées de la moindre once de personnalité.
J’étais une de ces perles transparente, prête à sauter comme les autres vers le bas, l’inconnu, l’impact. Les nimbus m’encadraient, véritables forteresses de sombres fumées sur lesquels, en un flash, les éclairs dessinèrent le gigantesque visage d’un monstre terrifiant. Il ouvrit grand la bouche dans ma direction, laissant le roulement du tonnerre en sortir comme un rugissement dans la nuit.
Mais je tombais déjà, je m’éloignais à une vitesse vertigineuse. J’étais l’une des flèches invisibles de cette volée liquide que les cieux tiraient à la terre. J’étais l’un de ces soldats anonymes, chair à canon sacrifiée au besoin de la beauté et de l’honneur d’une bataille.

Encore et toujours, je tombais.



***


Bien avant la côte, on avait aperçu l’amas nuageux et la colonne de lumière qui avait précédé sa dispersion. Sur le pont, les matelots s’étaient bousculés au bord du bastingage pour mieux observer l’étrange phénomène. Un « Ooooooooh » général avait accueilli la floraison fantastique, clôturant le spectacle qui alimenterait les discussions pour les dernières heures du voyage.

Le second se hâta à l’intérieur et toqua à la porte de la plus vaste cabine. Une voix étouffée par la porte lui parvînt, l’invitant à entrer. Poussant le battant, il pénétra dans la pièce qui restait étroite – on était dans un navire après tout – et déclara d’un ton officiel :

« Nous arriveront au port d’Eoam un peu avant midi.
- Parfait, répondit-elle simplement avant d’ajouter sur le même ton désintéressé, vous remercierez de ma part le capitaine pour la rapidité du voyage. J’apprécie également le travail que vous avez fourni.
- Merci, Madame. Je passerai le message. »

Il s’inclina maladroitement avant de quitter la pièce non sans avoir fermé la porte derrière lui. Ces visites bien qu’elles aient été invariablement courtes, avaient toujours été gênantes. La jeune femme n’était pourtant pas désagréable, elle était aimable et bigrement jolie, mais elle semblait considérer le monde avec une froide ironie qui rebutait le marin.
Retournant à l’extérieur, il alla rejoindre son supérieur et transmit le message. Le capitaine hocha silencieusement la tête et sortit un sachet de tabac. Il y piocha une touffe de feuilles à fumer et les bourra dans sa pipe. Ses gestes étaient précis, rôdé par le temps.

« C’est bien qu’elle vous ait à la bonne, ça facilitera vos rapports. »

Il cala sa pipe dans sa bouche et fouilla dans ses poches pour trouver son briquet à amadou Il jeta un coup d’œil à son subordonné qui n’avait pas relevé et fixait la terre en vue. Il commença à actionner le mécanisme de son briquet, tout en parlant :

« Mais vous n’avez pas l’intention de la revoir, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas apprécié traiter avec ces gens. »

Le second le dévisagea et bredouilla :

« C’est que… je…
- Tous ces secrets, ces politesses hypocrites, c’est assez étouffant.
- Oui, ça me met mal à l’aise. Mais si cela vous gêne aussi, pourquoi avoir accepté le voyage ? »

Le capitaine alluma sa pipe et tira quelques bouffées avant de répondre :

« Cette simple course est payée une véritable fortune, et ces gens n’ont besoin de moi que rarement. Je suis prêt à endurer quelques semaines de mer avec une de ces Astrides pour apporter cet argent à ma famille. »


***


L’impact avait été moins dur que prévu, et a terre jamais ne fut. J’avais été interceptée, dérobée par un voleur de passage. L’insolent m’avait cueillie en plein vol, accueillie, sauvée du sol, dans ses cheveux trempés qui me laissait tendrement glisser sur son front sombre, perlé de mes semblables.

Il marchait sur le même désert noir que j’avais vu durant la verticale odyssée. À cette nouvelle distance, le paysage se détaillait de fissures et de corps, d’acier et de rouille, de désespoir et de mort. L’horizon n’était pas moins obscur mais s’illuminait de flammèches inquiétant et d’agressive silhouette se rapprochant dangereusement.

En une fraction de seconde, tout se brouilla. Il s’était mis en mouvement et accélérait un peu plus à chaque pas. À chaque pas il me laissait descendre un peu plus bas.

Je frôlais son œil, devenais larme,
caressais sa joue,
et tombais entre ses lèvres.
Une flèche fleura son épaule, traçant un léger sillon sur sa peau qui, sans être profondément blessée, laissait couler le sang. Ce dernier loin de s’abandonner aux lois fatales s’anima de sa propre vie et suivit son maître en tournoyant avant de s’avancer en gelant brusquement pour se ficher sans le cœur d’un premier ennemi.
De la plaie s’éleva un nouveau filet écarlate, infiniment plus long qui se mit à danser furieusement autour de mon voleur, terrassant un à un les ennemis qui se présentaient.

Le dernier corps s’effondra, mais sa chute fut couverte par le son de dizaines de cordes claquant en même temps. Il était impossible de les voir dans l’obscurité de l’orage qui couvrait toute trace du soleil pourtant présent là, si haut au-dessus des nuages et des monstres qui les habitent. Il était impossible de les voir, mais également impossible de ne pas entendre ce sifflement lent et hypnotique, annonçant que la Mort allait conquérir de nouvelles âmes.

Les flèches furent sur nous en quelques secondes, mais le voleur avait plus d’un tour dans son sac, son corps se liquéfia instantanément, s’étirant et se tordant pour esquiver chacun des projectiles mortels avant de se propulser à une vitesse incroyable vers la source de cette pluie empennée.

La masse d’eau dansait comme la fumée d’un feu agitée par le vent, s’étirant pour transpercer un corps avant d’envoyer son sang sur ses semblables en des lames morbides et glaciale. Mais il changeait déjà de direction et fonçait vers le dernier de ses adversaires qui para son membre gelé d’un coup habile, avant de hurler lorsqu’un autre l’éventra.
Aussitôt suivit par une demi-douzaine d’autres éviscérations.
Son hurlement ne dura qu’une seconde avant qu’un autre tentacule de le décapite.
Avant même que la tête ne roule au sol, un geyser sanglant gicla de son coup amputé, et monta vers les cieux avides de cette violence aveugle.

Liv !

Mon regard restait fixé sur ce flot rougeoyant.


Liv !

Il ne m’apparaissait plus liquide mais de plus en plus texturé, filé. La chevelure qu’il semblait former continua de s’agiter avant de me révéler un visage familier qui me fixa un instant avant d’éclater d’un rire malsain qui me secouait les os.

« Liv ! » Répéta la voix.

Les yeux de la jeune femme s’écarquillèrent et elle poussa un hurlement avant d’essayer de se reculer vivement. Le lit où elle était couchée n’était pas assez large et elle se heurta violemment au mur derrière elle. Elle releva un regard paniqué et embué de larmes pour découvrir une jeune femme qui s’était écartée et la regardait d’un air à la fois curieux et amusé.

« Calme-toi, c’est moi. C’est Swan ! »


***


L’Astride observait d’un air distrait le déchargement des marchandises commerciales du navire qui l’avait amenée jusqu’ici. Il ne resterait bientôt que ses affaires à bord, avant de reprendre la mer pour poser le pied sur le continent qu’elle n’avait pas foulé depuis des années maintenant.

Plus loin sur sa gauche, le second semblait entretenir une discussion animée avec un habitant de l’île, probablement marin lui aussi. Le voyant froncer les sourcils, elle s’approcha d’un pas silencieux. Arrivée à leur hauteur, elle les interrompit d’une voix douce :

« Il y a un problème ? »

Les deux hommes se regardèrent un instant, puis le second se tourna vers elle en évitant soigneusement de croiser son regard. Il fixa sa bouche, fendue du même sourire qu’elle lui avait servi durant tout le voyage.

« Pas vraiment Madame. Il attendit avant de reprendre face au silence inquisiteur de son interlocutrice : je demandais à cet homme ce qui avait causé le phénomène que nous avons pu voir en arrivant.
- Et ?
- Et alors il n’en sait rien. Pas plus qu’il ne sait ce qui aurait calmé l’Océan au point que la mer devienne étale là où l’Œil du Sanglier hurle d’ordinaire. »

La jeune femme ouvrit la bouche, mais le second continua sans lui laisser le temps de parler.

« Je n’y crois pas. Je ne sais pas si vous avez déjà vu l’Œil Madame, mais moi oui. Un monstre de cette taille ne disparaît pas comme ça, pas plus que la porte des enfers ne se ferme aux âmes damnées. Il doit voul…
- Je ne suis pas un menteur ! Rugit l’autochtone. Je le jure sur ma vie et chaque habitant de cette île vous le répètera, la Gueule de l’Océan s’est fermée juste après que la lumière ait éclos !
- Vous voyez… commença le marin avec un sourire moqueur, mais l’Astride le coupa d’un geste sec avant de s’adresser à l’insurgé.
- Y-a-t-il eut d’autres choses ?
- Oui m’dame. On a retrouvé une femme belle comme un cœur et nue comme un ver échouée sur une plage. La pauvre est dans le mal. La fièvre la rend suante et son coma est agité.
- J’aimerai la voir, je pourrais peut-être la soigner.
- C’est que… Oui, attendez. Il se retourna et brailla à l’attention d’un jeune garçon, Immel ! Conduis cette femme chez ton père, elle veut voir ta sirène. »

Swan se tourna vers le second et pour lui dire d’un ton plus injonctif que d’ordinaire :

« Soyez prêts à appareiller dès que possible, je n’en aurais pas pour longtemps. Nous partirons dès mon retour. »

Et sans attendre la moindre réponse, elle partit à la suite du garçon.


***

« Calme-toi, c’est moi. C’est Swan ! »

Liv dévisagea la jeune femme sans comprendre. Elle emblait un peu plus grande qu’elle, la peau mate et des cheveux châtains clair que le soleil avait dorés par endroit. Ses yeux moqueurs étaient du même gris que le fil d’une épée. Liv la regardait comme une inconnue. Evidemment elle ne pouvait rien saisir de la situation. Liv n’existait plus, enfin plus vraiment, et n’en avait d’ailleurs absolument pas conscience. Enfin bref, c’était compliqué, plus compliqué que ce que semblait voir nouvelle venue.

« Liv enfin ! Tu ne me reconnais pas ? »

L’appelée déglutit péniblement avant de répondre d’une voix rauque :

« Vous devez faire erreur, me conf…
- Tu délires vraiment ma pauvre. Ah Liv, si tu sav…
- NE M’APPELEZ PAS COMME ÇA ! »

Elle avait crié cette fois-ci. La jeune femme n’élevait que rarement la voix, mais là c’en était trop, elle ne comprenait plus rien, rien du tout. Son interlocutrice s’était arrêtée nette, et c’était à son tour de la dévisager avec stupéfaction.

« Mon nom est Lise, reprit finalement la blonde, j’ignore qui vous êtes, je ne sais même pas où nous sommes. »

Swan fronça les sourcils et se pencha vers elle. Elle lui prit la tête entre ses deux mains sans la moindre gêne, et la força à la regarder dans les yeux.

« Comment… peux-tu… avoir oublié… Tu ne te souviens vraiment de rien ? Sulamande, l’Astradès, Jamki et tous les autres ? Bon sang Liv ! »

Cette fois l’intéressée n’eût pas le loisir d’élever la voix, une conscience étrangère venait de pénétrer la sienne avec assez de force pour que Liv s’en rende compte, avec la même lenteur que la lame perfide et froide d’un assassin. Puis soudain l’attaque cessa. Liv retomba sur sa couche, en respirant bruyamment pendant que l’inconnue continuait de penser à haute voix :

« Comment est-ce possible ? On m’avait prévenue… cette magie… Mais pourquoi Sin’Saïan aurait-il… »

Elle releva brusquement la tête, la mine furieuse.

« Marek, ici ? Il ne manquait plus que ça. Je ne vais pas pouvoir rester, c’est trop risqué, je ne dois pas être reconnue, il est trop tôt. »

Elle se tourna vers Liv et lui enfonça un index inquisiteur juste au-dessus du sternum.

« Toi ma belle, tu vas m’attendre patiemment sur cette île, je reviendrai te chercher d’ici peu. Compris ? »

La malade hocha faiblement la tête. Satisfaite, l’Astrides prononça quelques mots en Ancien Langage pour l’endormir. Elle fit volte-face et sortit de la chambre. S’adressant à la maîtresse de maison, elle parla assez vite pour ne pas laisser le temps à la matrone de l’interrompre :

« Elle a besoin de beaucoup de repos. Veillez sur elle et je vous payerai cher à mon retour. S’il lui arrive quoique ce soit, c’est vous qui me le paierez. »

Et sans ajouter un mot, elle s’éclipsa de la maison du jeune Immel, retourna à Eoam le plus discrètement possible. Elle y retrouva son équipage, prêt à lever l’ancre comme elle l’avait demandé. Ils seraient sur le continent avant la tombée de la nuit.


***

Liv ne dormait pas. Chose étrange, le sort de Swan semblait avoir glissé sur elle sans l’atteindre. Elle était allongée sur le côté, les jambes emmêlées et les bras en croix sur sa poitrine agitée. Sa respiration n’était qu’une suite de saccades irrégulières quelle ne parvenait pas à calmer. Ses yeux étaient ouverts, injectés de sang. Ses cheveux collaient sur son front trempé de sueur. Son esprit était envahi de questions et chaque pensée lui faisait mal.

Nouvelles voix, nouveaux pas. La porte s’ouvrit brutalement.



HRP
[Désolée pour le pavé, je tenais à caser le retour de Swan en Alagaësia dans ce post. Concrètement, ça ne change rien de votre côté : vous n’êtes pas censés la voir ou même reconnaître sa présence. Au maximum vous pourriez avoir des échos des personnes qu’elle aura rencontrées sur l’île, mais rien qui puisse vous permettre de la relier à la Swan que vous aviez pu connaître au Vanyali. Désolée si ça empiète sur nos affaires, j’ai juste profité cette occasion pour lancer une des intrigues qui gravitent autour de mon personnage. Enfin voilà c’est fait, donc revenons à nos moutons ! Petite précision au cas où : tout ce qui est en italique-ombré tient du délire hallucinatoire, le reste étant bien réel.]





Dernière édition par Liv de Sula le Mar 22 Jan 2013 - 10:46, édité 1 fois
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Marek

Dirigeant du Cam Serarna

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M'Ehiatê Gyu Vide

Marek
Dirigeant du Cam Serarna
Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Lun 21 Jan 2013 - 18:25


C'était une journée comme les autres à Doru Moranrea. Pour une fois, le temps était clair, il ne faisait pas trop froid, et on n’avait personne à enterrer. Sous les regards amusés de Jenna, Leyra et Dinath, Marek et Nicko s'entrainaient dans les jardins de la forteresse, dans une petite clairière dont ils avaient magiquement bloqué l'entrée pour la plupart des citoyens des lieux, pour rester entre eux. Dans les bras de leur mère, Morgan et Siana, les enfants Krayt, ne semblaient pas plus que ça perturbés par le bruit des lames qui s'entrechoquaient, et dormaient paisiblement. Profitant de l'intimité des lieux, et oubliant la timidité comme la pudeur qui l'habitaient, Dinath s'était en partie dévêtue afin de donner le sein à son fils, Leeman, qui tétait goulument le lait qu'on lui offrait. Jenna, elle, lisait un imposant ouvrage. Enfin elle essayait, ne cessant d'en détourner les yeux pour regarder son amant qui se battait...


Nicko et Marek, eux, enchaînaient les passes d'armes depuis maintenant une heure. Tous les deux torses nus, ils exposaient allégrement leur musculature avantageuse, luisant de sueur au soleil. Un tableau si viril qu'il eût donné des poils à une grand-mère qui passerait trop près. Aucun n'arrivait à prendre le dessus sur l'autre. De force quasi-égale, Marek aurait pu facilement l'emporter s'il utilisait la magie. Mais utiliser la magie pour un entrainement à l'épée, ça ne servirait à rien non? Et puis Nicko, au terme d'une feinte particulièrement audacieuse, parvint à faire tomber Marek en arrière. Souriant, il s'approcha, tendant la main à son chef.



"Et hop, victoire!" dit-il.



Marek attrapa alors sa main, et s'aidant de ses jambes, fit basculer son ami par-dessus lui. Nicko vint s'écraser dans le dos de Marek, qui se releva en riant.



"Non, un partout."



Le Chef du Mor'ranr s'approcha des femmes tandis que Nicko se relevait et ramassait son épée. Alors que Marek lançait qu'il aurait bien besoin de boire un coup, Leyra se pinça le nez.



" Non, je pense que tu as plutôt besoin d'un bon bain mon chéri.

- Et toi aussi..." fit Jenna à Nicko qui était venu l'embrasser.



Un petit rôt retentit, signe que Leeman était repu. Sa mère se rhabilla, et tous se levèrent. Jenna passa son livre à Nicko et attrapa Morgan, voulant ainsi aider Leyra. Marek commença à protester, prétextant pouvoir lui-même porter ses enfants, mais Jenna lui rappela son odeur plutôt désagréable et finalement Marek se tue... se tut... se tus... ferma sa grande gueule. Pour calmer son mari qui commençait à bouder, Leyra vint effleurer son esprit, lui promettant qu'il ne serait pas tout seul dans le bain. Le regard complice que s'échangèrent Jenna et Leyra, et la tête que tirait Nicko, firent comprendre au Gardien du Feu que le même échange avait dû avoir lieu dans l'esprit du jeune couple. Arrivés à la forteresse, Dinath se sépara du groupe, allant rejoindre ses propres appartements vers les cuisines, car elle devait coucher son fils et surement voir Nogait. Les deux autres couples se séparèrent quelques minutes plus tard, rejoignant chacun leurs appartements.



[...]

Entièrement nus, le couple Krayt venait de finir de prendre son bain, et commencèrent à se sécher. Cela alla vite pour Marek, qui se concentrant chauffa son corps tellement fort que l'eau s'évapora autour de lui. Cela prit un peu plus de temps à Leyra évidemment. Si bien qu'elle n'avait qu'une serviette autour d'elle que Marek était déjà rhabillé. Soudain, ce fut comme si le cœur du Gardien s'arrêta de battre pendant quelques secondes. Il tomba à genou, en proie à une douleur violente. Il ne voyait plus rien, un voile rouge recouvrant les yeux. Il distingua la voix de Leyra, et parvint à lui intimer de s'éloigner de lui. Il tremblait. Il... fumait. L'eau dans le bain commençait à bouillir. Leyra était toujours là. Marek ne comprenait plus. La main sur le rubis, il tentait de savoir pourquoi ce dernier s'emportait violemment. Bizarrement, il ne ressentait pas de colère. Plus... de la joie. Puis ce fut le silence. Autour de lui, tout s'agitait, mais il n'entendait plus rien, si ce n'est qu'un battement de cœur régulier. Et puis une image. Un saphir... Et il comprit.



"Elle arrive... articula-t-il.

- Mais qui?! s'affolait Leyra, prostrée nue dans un coin, sa serviette gisant sur le sol, alors que son mari était recouvert de flamme rougeoyante et que la température dans la pièce avait gagné dix bons degrés.

- Gyu... La Gardienne de l'Eau... Elle..."



Mais il ne put continuer sa phrase. Sous le regard médusé de son épouse, Marek s'était tout simplement volatilisé, laissant dans la salle de bain une Leyra en pleur et en état de choc, complètement de nu dans une pièce où la vapeur s'était installé tel le brouillard un matin de printemps...





C'était une sensation étrange, que Marek n'avait connu que trop souvent. Celle de perdre le contrôle de son corps. Comme si quelqu'un d'autre vous utilisait et profitait de votre énergie. Le Gardien avait senti ses réserves de magie s'envoler, alors que le rubis semblait se servir de lui pour rejoindre sa moitié. Il se vit partir. Loin...


Lorsqu'il rouvrit les yeux, il lui fallut quelques instants pour stabiliser sa vision et ses tremblements. Il se sentait faible, très faible... Il appela Nordrassil, et le bâton apparut au creux de sa main, sous sa forme dite pacifique. Il puisa dans l'énergie du diamant de l'arme pour pouvoir se relever, et se fit un rapport mental sur l'endroit où il était.


Devant lui, la mer. Sous ses pieds, le sable. Bon, il était sur une plage. Mais laquelle? Ce n'est pas comme si les plages étaient rares en Alagaësia... Autour de lui il ne vit personne. Pourquoi l'avoir emmener ici? Contre sa poitrine, le rubis semblait faire écho aux battements de son cœur. La prostituée de Teirm, ainsi que l'avait introduite Myad auprès de Marek, avait dû être ici. On avait dût la retrouver, et l'emmener. Il se sentait... excité. Etait-ce sa propre excitation, ou le reflet de celle du rubis, il n'aurait pas pu le dire.


Il constata qu'au moins, il avait gardé ses vêtements. Une chemise rouge sang, un pantalon noir... Mais il était pied nus. Soupirant, il se concentra pour amener à lui ses bottes. L'exercice lui fut plus difficile que d'habitude, il avait du mal à se concentrer avec ce deuxième battement de cœur en lui, mais finalement il put se chausser. Se servant de Nordrassil comme bâton de marche, il se fraya un chemin difficile dans le sable, suivant son instinct. Ou la volonté du rubis, il ne savait plus...



[...]

Combien de temps avait-il marché? Il n'en savait rien. Cinq minutes? Une demi-heure? Aucune idée. Il arriva près d'une ville qu'il reconnut presque tout de suite, même s'il n'y avait été qu'une seule fois. Eoam. L'Opération Pamplemousse Pressé... Lui et Leyra réduisant en cendre le deuxième niveau de la ville... Espérons que personne ne s'en souvienne! Les pulsations du rubis l'amenèrent finalement à un petit village à côté d'Eoam. Un petit village de pêcheur qui sentait irrémédiablement le poisson pas frais. Se concentrant, il localisa la puissance magique de la Gardienne de l'Eau dans une petite maison. Il allait frapper, quand la porte s'ouvrit brutalement et qu'un enfant le percuta de plein fouet. La forte carrure de l'ex-Dragonnier lui permit de rester debout, mais le gamin fut projeté en arrière.


Se penchant, Marek lui dit en essayant de sourire:



"Hé mon grand ça va? Tu t'es pas fait mal?"



Le petit se redressa, et ses yeux s'écarquillèrent en voyant Marek. En même temps, un géant en rouge et noir, une barbe mal rasé, un regard de lune et une balafre sur le visage, ce n'est pas rassurant. Même le bâton, avec ses pierres précieuses et sa tête d'aigle n'aidait pas. Marek garda le sourire, et continua:



" N'ai pas peur, je ne vais pas te manger voyons! Comment tu t'appelles?

- Immel! rugit une voix féminine dans la maison. Recule tout de suite!



Celle qui était surement la mère du petit apparut derrière son fils. Marek se releva, gardant le sourire.



"Pardon madame, je ne voulais pas effrayer votre fils. Je recherche une... amie. Elle était partie faire une balade en bateau, et je n'ai plus de nouvelle. Il parait que vous avait retrouvé une jeune fille au bord de l'eau, je pense que c'est elle!"



Marek n'eut pas besoin de sonder l'esprit de la femme pour se douter qu'elle ne croyait pas à ses paroles. Un homme si richement habillé et équipé, qui cherchait une jeune femme blonde retrouvée nue (ce qu'ignorait Marek d'ailleurs) au bord de l'eau...



"On vous a mal renseigné. Il n'y a personne ici. dit-elle en faisant un geste pour refermer la porte.

- Vous me voyez dans l'obligation d'insister madame" fit Marek en bloquant la porte avec Nordrassil.



La femme continua de pousser sur la porte, malgré le regard dur de Marek et les opales des yeux de la tête d'aigle de Nordrassil qui la fixaient. Le Gardien soupira.



"Je n'aime pas faire ça, mais vous ne me laissez pas le choix, je regrette. Slytha..."



La mère et son fils s'effondrèrent sur le sol, endormit dans un sommeil magique. Marek entra dans la maison, poussa un peu les dormeurs pour pouvoir refermer la porte derrière, et se dirigea dans la pièce vers la source de magie qu'il ressentait. Le rubis semblait sur le point d'exploser.


Lorsqu'il trouva la jeune femme dans le lit, elle ne dormait pas. Sa beauté n'avait d'égale que sa frayeur quand elle aperçut le Gardien, qui resta sur le seuil. Il avait fait disparaître Nordrassil entre temps, et avait sorti le rubis sur sa chemise. Sans préambule, il lança:



"Alors c'est toi, M'Ehiatê Gyu. Bienvenue parmi nous, ma sœur."




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Liv de Sula


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M'Ehiatê Gyu Vide

Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mar 22 Jan 2013 - 22:57


*Déj…*

Le fil de sa pensée s’arrêta net à la vue du colosse dont la silhouette tenait à peine dans l’encadrement de la porte. Si Liv n’avait pas bougé à son arrivée, ses yeux s’écarquillèrent et elle se recula à nouveau contre le mur, serrant contre elle le simple drap qui voilait sa nudité. Son corps frissonnait de froid et de peur. Nerveusement, elle replaça une de ses mèches de cheveux emmêlés.

« Alors c'est toi, M'Ehiatê Gyu. Dit-il d'une voix rocailleuse. Bienvenue parmi nous, ma sœur. »

Elle l’avait vu tant de fois placardé dans les rue de Teirm, avec la promesse d’une châtellenie juste en dessous, entouré par les visages d’autres criminels notoires. Elle aurait reconnu entre mille le leader du Mor’ranr Knìfr :

« Marek… Krayt. » Parvint-elle à articuler.

Elle aurait voulu crier, l’insulter, avoir la dignité de s’opposer à un tel meurtrier. Le même courage que les soldats qu’elle connaissait, et même ce Danegg qu’elle n’avait jamais revu. Elle aurait voulu cracher sur son visage, mais elle ne l’approcha pas d’un pouce. Elle était paralysée.

Ses yeux avaient quitté la lune qui habitait ceux de l’homme qui lui faisait face pour le jauger rapidement. Son regard se noya dans le rouge de sa chemise. Rouge foncé. Rouge sang.

La jeune femme gémit, ses pupilles tremblaient.
Le rire effroyable résonnait dans sa tête. Par flash, elle revit la rousse, ses cheveux, puis le geyser de sang.

Du sang, tellement de sang.
Toujours par flash, elle revoyait une trainée sanglante suivie d’un corps en suspension. Sa mâchoire avait complètement explosé et ses membres étaient pliés à des endroits imprévus, dans des angles terrifiants.

Elle ferma les yeux, ses paupières la brûlaient.
Vinrent ensuite des séries de corps mutilés. Hommes, femmes, enfants. Certains semblaient broyés, d’autres étaient démembrés. Mais tous baignaient dans cette même mare de sang qui gorgeait la terre de ses teintes écarlates.

La douleur était telle qu’une lame semblait transpercer son crâne.
Une silhouette se dessina bientôt, au sommet de cette morbide pyramide. Fine, cheveux longs, un beau visage. Elle se figea, horrifiée. C’était son visage à elle, maquillé d’éclaboussures sanguinolentes. Ses yeux fondirent en un or liquide tandis que sa peau fonçait à vue d’œil. Le noir envahit bientôt son champ de vision, à l’exception d’un visage rouge qui se dessinait sur ce sombre fond, le même qui habitait les nuages de ses hallucinations.

Des larmes perlèrent au coin de ses yeux, avant de glisser doucement sur sa joue. Quelques sanglots soulevèrent sa poitrine. Son corps se détendait peu à peu, épuisé. Elle regardait le sol quand l’invité surprise fit un pas dans la chambre. Liv se redressa vivement, elle ne faisait même pas attention au drap qui ne la couvrait que sommairement. Elle se força à plonger son regard dans celui du grand homme pour ne pas s’égarer à nouveau sur sa chemise. Les sourcils froncés, elle était passée de la lassitude à la fureur en passant par la frayeur et le désespoir avec une facilité déconcertante d’un lunatisme exacerbé. Elle cracha ses mots avec une hargne rare qui n’impressionna pas pour autant son interlocuteur, resté de marbre. Il en avait vu d’autres.

« Arrête-toi assassin, vociférait-elle, pas un pas de plus ! »

Elle avait tendu le bras, la main levée. La respiration toujours haletante, elle attendit quelques secondes pour reprendre son souffle, et reprendre d’une voix plus calme, mais qui avait gardé des accents de venin.

« Comment m'avez-vous appelée ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Que faites-vous ici ? Et on est où d’ailleurs !? Sans prendre la peine d’écouter la réponse, elle se prit la tête entre les mains. Ses yeux fouillaient le vide comme si les réponses était inscrites dedans. J-J’étais à Teirm… Oui, c’est ça, avec cette femme-serpent… L’Impératrice ! Et puis… L’Océan m’a avalée, oui, la tempête. Tout ça après avoir pris ce… cette pierre. »

Elle s’interrompit quelques secondes le regard perdu, avant de crier :

« LE SAPHIR ! »

Elle se leva brusquement, contemplant ses mains vides sans prêter la moindre attention au drap qui venait de glisser sur le sol, dévoilant sa peau nue. Puis, sans la moindre pudeur, elle tourna en rond dans la pièce, farfouillant dans tous les coins. Elle revint finalement vers Marek, et se pressa contre lui, en pleurant comme une enfant qui se fait mal pour la première fois :

« Je l’ai perdu… j’ai perdu le Saphir ! »

Et si le Dragonnier avait voulu examiner sa conscience qui – plus livre ouvert que sanctuaire de ses pensées – était toujours vierge de toutes défenses spirituelles, il y aurait sans doute lu une détresse sincère et désespérée : Liv avait égaré sa pierre. Elle avait perdu l’Eau.

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Marek

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Marek
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Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mer 23 Jan 2013 - 23:17



Il avait imaginé à plusieurs reprises cette rencontre depuis qu'il avait atterrit dans les Beirlands. Mais visiblement, il devait être assez fatigué pour ne pas avoir anticipé tout ça. Sa sœur l’avait donc reconnu. Comment ? Elle ne l’avait pourtant jamais vu ? Ce n’est pas comme s’il fréquentait les prostitués de Teirm tout de… Teirm. Bien sûr. Ville Impériale. Sa tête devait être affichée sur tous les murs de la ville, avec un gros chiffre dessous qui faisait du bien à l’égo de Marek quand même.


Quelque chose n’allait pas. Il avait espéré des retrouvailles joyeuses… Mais la jeune femme semblait terrifiée de le voir ici. Sa nudité (qui tout de même gêna Marek) y était peut-être pour quelque chose… Mais elle fixait sa chemise avec un regard d’effroi… Elle sanglotait, visiblement en état de choc. Marek ne savait plus que faire. Devait-il avancer ? Reculer ? Attendre ? Dire quelque chose ? Se taire ? Lui mettre son poing dans la figure pour la calmer ?



« Arrête-toi assassin, pas un pas de plus ! »



Ce fut comme si la foudre était tombé sur Marek. Rejeté par... sa propre soeur? Certes ils ne s'étaient jamais rencontrés, mais le lien entre eux était si fort que c'était comme s'il l'avait toujours connue... Et pourtant, elle le rejetait. Le traitait d'assassin, alors qu'il n'était même pas encore allé tuer Gawayn car de toute façon ce plan n'existait même pas à cette époque là.


Et puis la tempête cessa. Brusquement. L'acalmie qui prévoyait un orage plus violent encore.



*Mais qu'est-ce que je fous là moi...* se surprit à penser Marek.




Gyu reprit. Plus calme, mais toujours aussi tranchante. Un petit crachin après une pluie diluvienne.



« Comment m'avez-vous appelée ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Que faites-vous ici ? Et on est où d’ailleurs !?

- Je... on... Mais elle ne l'écoutait même pas.

- J-J’étais à Teirm… Oui, c’est ça, avec cette femme-serpent… L’Impératrice !

* Myad? * Au moins il ne s'était pas radicalement trompé de personne...

- Et puis… L’Océan m’a avalée, oui, la tempête. Tout ça après avoir pris ce… cette pierre.

*Le Saphir...*

- LE SAPHIR!»



La véhémence de la jeune fille surprit Marek. C'était comme un électrochoc. La Gardienne se leva, dévoilant intégralement son corps devant Marek dont le rouge de la chemise détînt alors sur sa figure. Elle se mit à chercher partout, sa chevelure dorée volant, et ses seins libres rebondissant dans un balai hypnotique. Au fond de lui, Marek sentait une boule d'angoisse se former... Le rubis réagissait bizarrement... Il luisait de façon anarchique, comme affolé... Sans y prêté attention, Marek fit un pas vers une commode toute proche dans laquelle il trouva une chemise et un pantalon. Ce n'était pas grand chose, mais au moins la Gardienne pourrait avoir un peu de décence et cessé de troubler son frère. Un homme, même marié et fou amoureux comme l'était Marek, ne pouvait pas resté indifférent à un tel spectacle, et dans le cas de l'ex-Dragonnier, ça le mettait mal à l'aise. Lorsqu'il se retourna, la Gardienne se jeta sur lui et se lova dans ses bras, sanglotant comme une petite fille.




« Je l’ai perdu… j’ai perdu le Saphir ! »



Le rubis se mit alors à lui plus fort, forçant Marek à utiliser toute sa concentration pour le calmer. Comment était-ce possible? Comment avait-elle pu perdre le Saphir? Pourquoi le rubis l'avait-il ammené ici si la pierre n'y était pas? Il n'avait donc ressenti que la puissance de la Gardienne? Marek écarta doucement la jeune femme dont la poitrine s'écrasait durement contre son torse, de telle sorte que si elle continuait, la situation risquait de devenir plus troublante pour lui. Il lui tendit les vêtements, et la dirigea vers une chaise.



« Calme toi ma sœur... On va le retrouver... On ne peut pas le perdre. Sa voix se faisait douce pour rassurer la jeune fille, tandis que son esprit alla frôler le sien pour lui envoyer des vagues d'apaisement. Il découvrit pour le coup un esprit torturé et surtout totalement vulnérable, comme l'était le corps à qui il appartenait. Le rubis m'a mené jusqu'à toi. Nous retrouverons le saphir... Habille toi s'il te plait et calme toi. Dis-moi comment tu t'appelles pour commencer. Tu connais mon nom, mais je ne connais même pas le tien.»



Il attrapa une chaise et alla s'assoir près de la chaise vers laquelle il avait dirigé sa sœur.




*Ayahantê... Viens nous aider je t'en prie...* Il n'y avait plus que la Gardienne Absolue pour résoudre la situation à présent. Le Gardien du Feu se sentait beaucoup trop démuni face à la détresse de la Gardienne de l'Eau...




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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mer 30 Jan 2013 - 13:47


« - Votre Majesté. Nous ne devrions pas nous attarder, vous le savez. »

Magdalena toucha l'avant-bras du très grand guerrier blond, qui tourna à peine la tête vers elle. Il n'avait pas l'air effrayé par son avertissement. Il ne pouvait pas l'ignorer, pourtant ! Cette vague de magie brute, cette onde de choc spirituelle et physique qui les avait traversés aussi aisément que s'ils étaient transparents ! La magicienne raffermit son emprise, non par insistance, mais bien par effroi. Oui, elle était effrayée. Suseno, trois pas devant eux, ne cessait de manipuler ses armes de poing, envoyant des éclairs et des étincelles dans la pénombre malveillante. La lune s'était voilée ; on n'y voyait à peine sur la plage isolée. Les autres étaient restés plus en arrière encore, surveillant les alentours sans grande conviction. Aucune menace sérieuse ne pourrait les impressionner après le spectacle auquel ils venaient d'assister.

« - Majesté ! l'appela de nouveau Onello, d'une voix claire et calme. Il nous faut partir. »

L'Impératrice ne les entendait pas. Pour elle, sans doute n'existaient-ils plus, tout simplement. La magicienne n'avait commencé à comprendre le véritable potentiel de sa maîtresse que très récemment, quoi qu'elle l'ait pressenti dès leur première rencontre. Très sensible aux détails, et notamment aux auras, la belle rousse s'était fascinée pour cette personne pour le moins... Particulière. Elle n'avait pas encore de nom à mettre sur elle, son rôle, sa nature exacte. L'ensemble des livres dont elle s'était nourrie depuis son enfance ne traitait pas de ces phénomènes, pourtant ô combien extraordinaires. Magdalena avait conscience d'être une chercheuse privilégiée. Elle avait pourtant du mal à se sentir fière, fiévreuse et extatique comme à chaque fois qu'elle pressentait une nouvelle découverte. Ce qu'elle avait vu la dépassait totalement. Elle était une bien insignifiante chose face à tant de puissance.
L'océan déchaîné. Passionné ; littéralement. Dès l'instant où les doigts de la frêle prostituée s'étaient accrochés au saphir étincelant. La pierre elle-même irradiait d'une force incomensurable. La magicienne avait dû être retenue par Erha. Cette fille si fragile face à cette chose si primaire... Elle allait se faire anéantir ! Il n'en fut rien. Contrairement à toutes les hypothèses qu'eut pu façonner Magdalena dans le secret de ses beaux yeux verts, la jeune fille ne fut pas nullement atteinte. Au contraire. Ce fut le monde autour d'eux qui fut affecté...

« - Ils sont en paix maintenant, dit la demi-drow, rêveuse. L'enfant s'est blotti au sein de l'océan. »

Elle fit volte-face. Les membres du Fleuve noir eurent un mouvement de recul. Certains firent un pas en arrière, relevant les mains comme pour se protéger. Onello, inflexible comme toujours, se contenta de se raidir et de ciller.
Les prunelles vipérines étaient très pâles, presque décolorées, ses yeux voilés par une brume luminescente. Le vent jouait mollement avec ses cheveux trempés qui recouvraient en partie sa poitrine nue. Le pendentif paraissait lourd au bout de l'épaisse et sombre chaîne ; lourd et agité. Le diamant noir dévorait la lumière environnante ce qui donnait la troublante impression que quelqu'un s'amusait à gommer partie de la toile sur laquelle était peinte l'Impératrice. Le diamant blanc produisait une lumière crue qui blessait l'oeil et faisait également disparaître toute chose qu'il éclairait directement. Quoique déparée de tout vêtement, la sublime créature qui leur faisait face était intimidante. Magdalena la fixait en silence. Ils se toisèrent ainsi deux bonnes minutes, l'oreille bercée par le murmure des vagues ayant retrouvé leur chant innocent, puis les iris de Myad retrouvèrent leur apparence normale et elle frappa ses mains l'une contre l'autre. Il y eut un sursaut général.

« - Et bien, partons ! La cérémonie est finie, les dés sont jetés. Chacun possède son propre pion, c'est à lui de l'avancer ! » Elle éclata de rire, sauvage, folle peut-être. « Mes vêtements, Herios. Je préfère généralement voyager habillée. »

*

La colonne des neuf cavaliers progressait uniformément sur la lande de sable ensoleillée. Les chevaux étaient de solides et fringants destriers ne se distinguant pas les uns des autres. Le harnachement était similaire. Leurs cavaliers étaient tous parés d'une épaisse et longue cape noire qui recouvrait une partie de la croupe des montures. Seulement huit d'entre eux portaient un masque argenté couvrant la partie supérieure de leur figure, imitant un serpent aux longs crocs qui descendaient le long des joues. La première cavalière portait un châle noir doublé voilant, au contraire, le bas de son visage. On ne distinguait que ses yeux ce qui, toutefois, permettait de l'identifier immédiatement. Personne ne vint importuner les neuf cavaliers.
L'étalon de tête, un grand colosse brun brûlé, traversa Eoam de son trot relevé. On s'inclinait, on saluait, on s'écartait de son passage. La cavalière ne paraissait pas les voir. Ceux qui la suivaient, en revanche, rendaient les saluts, ne serait-ce que par signe de tête. Les pêcheurs se mirent à chuchoter entre eux. Les autres prévoyaient de le faire. Ceux qui avaient le moins d'orgueil coururent en agitant les bras avertir untel de la grande nouvelle : l'Impératrice était de visite à Eoam.

Elle arrêta son cheval devant la porte d'une maison qui, en soit, n'avait rien de particulier. Ses suivants ne firent pourtant pas de commentaire. Ils connaissaient l'instinct de leur maîtresse, aux manières surprenantes mais efficaces.

« - Restez ici. Surveillez le périmètre. Que personne n'entre.
- Et les habitants de cette demeure, ma Dame ?
- Ils iront faire un tour. Vous vous assurerez qu'ils ne reviendront pas avant que j'en aie terminé ici. Compris?
- Ainsi soit-il, Votre Honneur. »

Myad poussa la porte, qui se referma derrière elle. Quelques secondes plus tard, une femme en sortit toute émue et toute tremblante. Elle bondit sur ses pieds en apercevant les cavaliers encerclant sa maison, balbutia des inepties concernant la charité et la malchance, puis s'éloigna d'un pas peu assuré. Le Fleuve noir se déploya sans faire de commentaire. Ils étaient habitués.

*

La Gardienne Absolue entendit des pleurs. Elle dressa l'oreille tout en avançant vers la chambre, ses pieds se posant sans bruit sur le plancher pourtant en mauvais état. Elle renversa sa capuche, baissa son foulard. Il valait mieux, dans l'état de trouble dans lequel Lise devait se trouver, la rassurer plutôt que la surprendre. Elle aurait sûrement beaucoup de questions à lui poser, de coups à lui donner, peut-être. Chaque révélation étant unique, un tout jeune élu réagissait d'une façon propre. De Marek, qui avait réagi aussi tranquillement que si elle lui avait déclaré que la nuit fait place au jour, à Charlie, qui avait lutté longuement, autant contre l'Améthyste que contre ses arguments. Et bientôt, ce serait au tour de Max... Myad toqua à la porte. C'était plus pour ménager Lise que pour signaler véritablement sa venue. Son frère de cœur devait l'avoir sentie depuis son entrée dans le village, et la petite devait sans doute avoir quelque pressentiment semblable. Puis elle entra sans attendre de réponse.
Ils étaient tous deux assis sur des chaises, l'air morne et abattu. L'Impératrice les vit lever les yeux vers elle. Elle ricana.

« - Vous en faites, une tête ! Mes frères, ce devrait être jour de liesse, et non de deuil ! Allons, Marek, ne salues-tu pas ta pire ennemie ? »

Et sur ces mots espiègles, elle prit le guerrier dans ses bras pour l'y serrer très fort. Le Rubis et les Diamants s'entrechoquèrent ; ils brillaient, luisaient, s'agitaient en une curieuse forme de reconnaissance et d'apaisement. Myad était curieuse de voir évoluer le comportement de Marek et surtout, quelle relation les deux opposés allaient développer maintenant que la Gardienne de l'Eau avait été choisie.
L'hybride lâcha son ami rapidement, mais doucement. Elle préférait faire attention à Lise qu'elle soupçonnait aussi imprévisible que l'élément qui l'habitait désormais. Elle s'approcha d'elle, lentement, et lui baisa le front.

« - Bonjour, petite sœur. Je n'ai pu te saluer hier, j'espère que tu ne m'en tiens pas rigueur ? Tu avais l'air si pressée. » A la façon dont on la dévisageait, plus encore, à l'ambiance gênée qui régnait, la Gardienne Absolue fronça les sourcils et se redressa. « Il y a un problème? » Ce fut un éclat rouge du Rubis qui lui fit réaliser un détail gênant. « Le Saphir... Où est le Saphir ? »
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mer 30 Jan 2013 - 17:53


Liv se calma avec une étonnante facilité. Les larmes glissaient sur son visage avant de couler sur Marek, se perdant dans l’étoffe de sa chemise. Un silence s’installa avec douceur, seulement ponctué par quelques sanglots de la jeune femme. L’instant semblait irréel, elle n’en saisissait même pas l’ampleur. Il aurait pu durer encore longtemps, elle n’aurait pas bougé d’un pouce. Néanmoins, l’homme se détacha d’elle gêné tant par la nudité que par la situation dans laquelle il se trouvait à présent, bien différente que celle à laquelle il s’attendait en entrant dans cette maison.

Elle leva les yeux et croisa à nouveau ceux du Dragonnier, l’observant comme si elle venait de se réveiller. Remarquant seulement qu’elle était nue, elle s’empourpra et jeta un regard noir au colosse. Elle lui arracha des mains les affaires qu’il tendait et lui tourna le dos pour s’habiller.
Les vêtements étaient trop grands, elle dut retrousser ses manches et faire un ourlet au pantalon. Le tissu rêche et délavé était imprégné d’une forte odeur de sel. La même odeur qui avait encensé les cheveux de Liv depuis que l’Eau s’était emparée d’elle. Elle se laissa tomber sur la chaise, évitant de regarder l’autre lorsqu’il s’assit près d’elle. Elle réprima un frisson lorsque sa voix grave résonna doucement. Un monstre.

« Dis-moi comment tu t'appelles pour commencer. Tu connais mon nom, mais je ne connais même pas le tien. »

La jeune femme prit son temps pour répondre, retenant ses mots assassins pour mieux s’exprimer d’une voix assombrie d’une furieuse ironie :

« Je suis Lise, fille de Teirm et …
Elle tourna la tête vers lui, le vrillant du regard, et sa voix se fit dure, frappant avec la puissante régularité d’un marteau sur l’enclume.
… et amie de ses habitants que vous et vos gens harcelez jusqu’à la mort sans le moindre répit ni la moindre pitié. »

Une dernière perle salée goutta sur le sol, et un silence de mort alourdit l’atmosphère. Liv s’était pourtant attendue à ce qu’il réponde, que ce soit pour la menacer ou pour justifier ses actes. Mais il ne dit rien et resta de marbre, opposant à ses accusations un stoïcisme surprenant. Il ne bougea pas même lorsqu’on frappa à la porte.
Le battant s’ouvrit sans attendre de réponse, et l’Impératrice fit son entrée.

Faisant face aux deux qui s’étaient levé, elle lança avec malice :

« Vous en faites, une tête ! Mes frères, ce devrait être jour de liesse, et non de deuil ! Allons, Marek, ne salues-tu pas ta pire ennemie ? »

Liv se figea sur place, paralysée face au spectacle de ces deux êtres. L’Impératrice du Saint Empire de Léonie et le leader du Mor’ranr Knìfr étaient proches, complices. Elle enlaçait celui qui avait volé son pays et assassiné ceux qui se battaient en son nom.

La jeune femme resta immobile, les yeux affolés et la bouche entre-ouverte, même lorsque la femme-serpent l’embrassa sur le front. Déglutissant avec difficulté, elle chercha un signe quelconque dans son regard, mais se heurta à nouveau à ses pupilles fendues sur fond rouge.

« Bonjour, petite sœur. Je n'ai pu te saluer hier, j'espère que tu ne m'en tiens pas rigueur ? Tu avais l'air si pressée. »


Liv frémit lorsque ses sourcils se froncèrent. Avait-elle capté son désarroi ? Lu l’incompréhension, la colère et le désespoir dans ses pensées ?

« Il y a un problème ?

- J-Je ne sav…
- Le Saphir... Où est le Saphir ? »

La jeune femme s’arrêta net. Le Saphir ! Ce trésor qui l’avait emmenée dans le monde bleu des profondeurs. Ce joyau qu’on lui avait confié, et qu’elle avait perdu.
Elle se détourna, fermant les yeux pour tenter de bloquer les larmes qui lui montaient aux yeux. Sa gorge lui faisait mal, son esprit la torturait. Au prix d’un immense effort de volonté, elle se retourna vers l’Impératrice pour annoncer d’une voix éteinte :

« Je ne sais pas, il m’a … emmenée et après, je ne sais pas, je me suis réveillée ici. »

Elle ne parla pas de cette femme qui l’avait visitée, son passage lui ayant paru si irréel et loufoque il avait été complètement éclipsé par le présent. Néanmoins, si les deux Gardiens avaient voulu sonder son esprit pour vérifier, ils auraient peut-être pu la rencontrer à travers les yeux de leur sœur, ils auraient vu son attitude étrange, mais aussi qu’elle n’y était pour rien. Et la mémoire aurait déroulé la suite de cette histoire, l’arrivée de Marek, la colère qui s’était emparée d’elle, sa détresse. Puis la venue de Myad et tout ce qu’elle implique. Rien de tout cela ne les aiderait à trouver la Pierre. Mais peut-être que Marek se souviendrait où exactement, le Rubis l’avait emmené avant qu’il n’arrive dans cette maison. Peut-être qu’une étincelle de compréhension pointerait dans cet abîme de questions.
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Myad


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Myad
Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mar 12 Fév 2013 - 13:51


De tous les pieds-de-nez qu'on eut pu lui faire en de telles circonstances, celui-là avait le mérite de faire son petit effet. Il était imprévu, inédit, et tristement peu apprécié.

L'Impératrice du Saint Empire Léonien scrutait Lise la simple prostituée de Teirm avec une intensité à faire blanchir ses cheveux. La pauvre créature n'affronta pas son regard accusateur, qu'elle fuit résolument en fermant les yeux et en tournant la tête. Myad parut ne pas s'en apercevoir. C'était comme si elle continuait de percer lentement les prunelles océanes des siennes, même à présent qu'elles s'étaient réfugiées derrière une muraille de fine chair. La Gardienne avait l'impression qu'on se moquait d'elle. Depuis quand pouvait-on perdre une Source Originelle ? S'agissait-il d'une si piètre possession que l'on puisse se permettre d'en décoller les doigts ? Son cœur, son nouveau cœur ! Comment pouvait-elle ignorer où il se trouvait ? Elle qui souffrait ardemment de l'absence des Diamants à son cou, ne serait-ce que quelques heures, eux dont elle ne désirait que le contact contre son ventre. Ou tout du moins leur proximité. Les sentir à ses côtés. Battant la mesure de sa vie, scandant leurs pensées entremêlées, façonnant leur propre mélodie. La souveraine cligna des yeux avec tant de lenteur qu'on eut dit le temps troublé. Elle jeta un regard en arrière, cherchant celui de son frère, qui avait l'air aussi enthousiaste qu'elle – c'est à dire pas du tout. Ils échangèrent un infime hochement de tête, indéfinissable. Confiance, compassion, consternation.

« Je ne sais pas, il m’a … emmenée et après, je ne sais pas, je me suis réveillée ici. »

La demi-elfe revint vers Lise. Ses œillades s'étaient un peu adoucies ; du moins avaient-elles perdu leur insupportable teneur de menace morbide. Il lui faudrait cependant plus de temps pour retrouver une expression relativement humaine.

« - Tu le retrouveras, affirma-t-elle en haussant les épaules. Sèche tes larmes, je ne vais pas te punir pour l'avoir égaré. Cette petite frayeur devrait suffire. »

Elle s'accroupit devant la demoiselle, qui fuit de nouveau – de tout son corps tendu à l'extrême. Ses mains frémissaient, ses lèvres se serraient, ses mâchoires étaient si crispées qu'on entendait presque ses dents grincer. Elle avait pâli, également. Il faut dire que Lise avait, comme beaucoup de personnes sensibles, de grandes difficultés à supporter l'hybride sans broncher. Myad fit semblant de ne pas s'en rendre compte.

« - Donne-moi ta main droite. »

C'était un ordre ; elle n'avait pas le choix d'obéir. Eut-elle été de n'importe quelle nation, ce n'était pas en tant que sujette impériale qu'elle se soumettrait, mais en tant que faible face au fort.
La femme en noir posa deux doigts autour du poignet de Lise puis le poussa fermement sur la gauche de son torse.

« - Qu'est-ce que tu sens, là ? » La réponse était évidente. « Tu ne peux pas le perdre, n'est-ce pas ? Même s'il t'arrive d'oublier sa présence, même si tes mains sont occupées à autre chose... Il est constamment avec toi. En toi. Il irradie, il émane. Et toi, tu es son arbre, comme il est le tien. Du découles de lui et il découle de toi. » Elle se releva. « Il en est ainsi également pour le Saphir. Je te l'ai dit, ce n'est pas une pierre ordinaire. Elle est le cœur de la pluie, des rivières, de la rosée dans le désert. » Elle montra le Rubis au cou de Marek. « Comme celui-ci est l'âme du feu qui brûle, qui dévore, qui réchauffe, qui cautérise. » Et enfin elle effleura les Diamants. « Comme ceux-ci. Toutefois il serait compliqué de déblatérer toute notre office maintenant. »

Elle fit signe à Marek de se lever.

« - Nous partons. Tous les trois. Je suppose que tu viens avec nous. »

Le Gardien du Feu n'était sûrement pas venu pour repartir si vite. De toute façon sa sœur de cœur ne le laisserait pas faire.

« - Vous irons chercher le Saphir quand il fera nuit. En attendant, nous allons trouver une autre sorte d'endroit pour discuter. Nous sommes en territoire impérial, Marek, au milieu de commères et d'espions. Je n'ai pas envie que l'on conte à mes ennemis que le rebelle mor'ranr me corrompt en me vendant de jeunes filles fraîches. »

Il devait trouver ça drôle, mais ça ne la faisait pas rire pour le moment. La porte s'ouvrit en silence sur un demi-elfe blond, entièrement vêtu de noir et pourtant un masque aisément reconnaissable.

« - Votre Majesté, salua Galiën. Seigneur Krayt. Mademoiselle Lise.
- Fais ton rapport.
- Il serait déraisonnable de passer par l'avant de la demeure, Votre Grâce. Tout le monde vous y guette, et nous ne saurions crever les yeux de chacun suffisamment tôt pour vous garantir l'anonymat de vos interlocuteurs.
- Quel dommage que nous ne puissions pas leur ouvrir le crâne et frotter leur mémoire avec du chiendent pour en effacer les souvenirs dérangeants... soupira la souveraine.
- Sont-ce vos ordres ? Nous pourrions nous y essayer, fit le demi-elfe en souriant de toutes ses dents blanches.
- Nous choisirons la voie de l'intégrité, pour commencer. Donne les vêtements. » Il apporta à Liv une tenue de voyage noire en cuir teinté, une cape à capuche et des bottes de qualité. Il y avait également une ceinture et... Un bracelet. « Pour y sertir le Saphir par magie, quand nous l'aurons retrouvé. »

Elle s'adressa à Marek pendant qu'elle se changeait.

« - Une idée pour sortir discrètement, je dis bien discrètement, de ce trou à rats ? »
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Marek

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Marek
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Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Mar 12 Fév 2013 - 15:34



Le hasard fait parfois bien les choses. Il suffit parfois de penser à quelque chose pour que celle-ci apparaisse là, devant vous. "Soulagement" était un mot trop faible lors que Marek vit donc Myad rentrer dans la maison. Elle était comme un oasis au milieu du désert, le digestif après un repas trop lourd, la lumière après les siècles de ténèbres, le retour d'une connexion internet trop longtemps coupée, une... bon je crois qu'on a compris.



« Vous en faites, une tête ! Mes frères, ce devrait être jour de liesse, et non de deuil ! Allons, Marek, ne salues-tu pas ta pire ennemie ? »

Marek la cueillit dans ses bras et l'étreignit, emplit d'un sentiment contradictoire. Il était heureux de la revoir, mais comment allait-elle réagir en apprenant la perte du Saphir? Lui restait sans voix. Depuis que Lise lui avait annoncé la nouvelle, il n'avait cessé de s'imaginer la perte du Rubis, sans succès. Il n'avait même pas réagis quand la jeune prostitué Teirm...oise l'avait copieusement accusé des pires horreurs, lui comme le Mor'ranr. Cela glissait sur lui comme l'eau sur la roche. Elle laissait des traces, finirait par l'éroder avec le temps, mais pour le moment il ne réagissait pas.

La réaction de la Gardienne Absolue fut à la hauteur de sa réputation. Froide, austère, et implacable. Et bonne (haha). Elle sermonna la nouvelle Gardienne et aussi soudainement qu'elle était arrivé, fit signe à son frère de cœur de se lever.



« Nous partons. Tous les trois. Je suppose que tu viens avec nous. »

Marek se leva, toisant pour le coup l'assemblée du haut de ses presque deux mètres.



« Pensais-tu vraiment me laisser là?
- Nous irons chercher le Saphir quand il fera nuit. En attendant, nous allons trouver une autre sorte d'endroit pour discuter. Nous sommes en territoire impérial, Marek, au milieu de commères et d'espions. Je n'ai pas envie que l'on conte à mes ennemis que le rebelle mor'ranr me corrompt en me vendant de jeunes filles fraîches.
- Comme si j'avais besoin de te corrompre!» dit-il plus sombrement qu'il ne le pensait.

Un soldat entra alors dans la pièce. Par réflexe, Marek se mit en garde. Sans arme, mais déjà il sentait la magie du feu circuler en lui, prête à réduire en cendre celui qui se tenait là, avec son masque. Mais sa façon de saluer rassura le Gardien. Il avait même le droit à un "Seigneur". Surement la fameuse garde de l'Impératrice dont on parlait avec tant d'effroi dans toute l'Alagaësia. Le masqué fit son rapport. Impossible de passer devant, déjà trop de monde s'était amassé ici. Il s'amusa intérieurement des différentes propositions, notamment celle sur le chiendent.



« Une idée pour sortir discrètement, je dis bien discrètement, de ce trou à rats ? »

Cette phrase finit par arracher un sourire à l'ancien dragonnier, lorsqu'il comprit qu'elle lui parlait à lui.



« Tu n'es pas sérieuse là si? Même avec un masque sur la tête je suis sûr que tout le monde me reconnaitrait ici. Je te rappelle que j'ai mis le feu à la moitié d'Eoam la dernière que je suis venu... Non, je ne peux pas sortir en même temps que vous. Passez devant, je sortirais plus tard, je vous rejoins sur la plage à la nuit tombée.»

C'était la seule solution envisageable. La nuit, il aurait certainement plus de chance de passer inaperçu. Et l'améthyste de Nordrassil en mode druidique lui permettait de se dissimuler rapidement dans l'ombre. Il n'y avait surement pas de magicien dans le coin, du moins pas assez pour faire attention à lui. On ne le verrait pas. Il alla donc dans la cuisine de la maison, et y trouva de quoi se nourrir. De la bière, du pain, du fromage. Il en prit un peu, fit apparaître quelques couronnes impériales pour les frais, et retourna se poser sur sa chaise. Les filles étaient encore là.



« Si vous voulez attendre vous aussi la nuit, fallait le dire, je vous aurais ramené à manger aussi...»

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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Sam 16 Fév 2013 - 6:24


[HRP : J'ai pris la liberté de faire avancer les choses, si vous voulez que je change quoique ce soit n'hésitez pas à me le faire savoir]

L’Impératrice s’approcha un peu plus d’elle. Liv essuya ses yeux d’un revers du bras, mais ses épaules tressautaient toujours. Elle se détourna pour cacher sa détresse, se crispant dans une tentative de contrôle d’elle-même plus ou moins aboutie. La voix de la femme-serpent résonna a nouveau prêt de son oreille, emprunte d’une douceur compréhensive mêlée à une autorité irrésistible.

« Donne-moi ta main droite. » Dit-elle.

Liv obéit instantanément, sans même réfléchir. Elle tourna la tête vers celle qui l’avait appelée sa sœur, et observa sa main qui la tenait. Son regard semblait un peu perdu, comme si elle essayait de comprendre comment son poignet s’était retrouvé entre ses doigts. Mais la folie avait quitté ses prunelles, ses tremblements s’étaient un peu calmés et elle prêtait une totale attention à son interlocutrice, loin des voix qui semblaient parfois parasiter ses pensées.
Elle l’écouta parler du Saphir, à ce rapport qui les liait. Elle jeta un coup d’œil furtif au Rubis mais se noya dans l’éclat des deux Diamants. Sans même s’en rendre compte, son esprit y lut une la lutte constante, cette dualité qui les définissait, et les relia aux propos de l’Impératrice. Une vague de compassion sembla l’envahir et elle leva sur elle des yeux humides qui la voyaient sous un nouveau jour, qui la voyaient comme une humaine. Ironie certaine quand on sait que Myad était une hybride et qu’aucune goutte de sang humain ne coulait dans ses veines. Mais ça, Liv l’ignorait, elle avait simplement compris que Myad était torturée, comme tous les êtres de ce monde.

L’intéressée s’était levée et ne capta probablement pas cet éclair de lucidité. Elle échangea quelques mots avec Marek qui était resté silencieux pendant leur échange, et dévoila la suite des évènements. Un nouvel arrivant fit son entrée. Il était masqué, mais ses cheveux soyeux laissaient paraître ses oreilles effilées.
*Un elfe !* Songea l’ancienne chimère, en dardant sur lui un regard curieux.
Elle ne put s’empêcher de rougir lorsqu’il s’approcha d’elle avec de nouveaux vêtements. Elle les observa un a un, écoutant les détails qu’énonçaient la femme-serpent. Elle hocha la tête en serrant contre elle ses nouvelles affaires, et balaya l’assemblée du regard. Les conversations avaient repris leur cours, ils ne comptaient pas la laisser seule pour s’habiller.

La jeune femme n’était pas spécialement pudique – ce n’était pas la première chose que l’on cherchait chez une fille de joie – mais la perspective de se dénuder à nouveau devant l’autre brute ne l’enchantait pas tellement. Elle se fit néanmoins une raison et entreprit de quitter le pantalon trop large qu’il lui avait donné plus tôt. Les pans de la chemise retombèrent sur ses genoux. Elle en profita pour enfiler les chausses, et enfila les cuissards par-dessus en prenant soin de bien serrer le lacet pour éviter que le cuir soit lâche. Elle quitta ensuite la chemise, et enfila dans un corsage doux au toucher. Elle ajusta sa ceinture et mis le gilet de cuir avant de se glisser dans les bottes du même matériau. Elle passa le bracelet à son poignet et cala la cape sous son bras dans l’intention de ne la mettre que lorsqu’ils quitteraient cette demeure.

Elle se retourna vers les autres mais s’arrêta nette, constatant que Krayt avait disparu, de même que l’elfe. Seule restait l’Impératrice assise sur une chaise, qui ne la quittait pas des yeux.
Liv déglutit et déploya la cape. Elle l’agita à plusieurs reprises pour bien la déplier, et s’enroula dedans. Elle passa sa main sur sa nuque et dégagea ses cheveux pris dans l’opération. Ils étaient complètement désordonnés, aussi les peigna-t-elle rapidement entre ses doigts avant de les ajuster sans grand soin, laissant les mèches blondes s’éparpiller sur la toile noire qui l’habillait désormais.
Le Morranrien entra à nouveau dans la pièce, tenant d’une main un plateau chargé de victuailles.

« Si vous voulez attendre vous aussi la nuit, commença-t-il, fallait le dire, je vous aurais ramené à manger aussi... »

Liv ne comprenait toujours pas ce qu’il faisait ici. Comme l’Impératrice, il l’avait appelée « sœur ». Elle ne l’avait pourtant jamais rencontré, et rien de son physique ne semblait vouloir approcher leur sang. Pas plus que la femme-serpent d’ailleurs. Elle aussi était floue, elle ne comprenait pas réellement ses motivations. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle lui avait montré le Saphir, ce joyau fantastique qui l’avait comme envoûtée.
Ses pensées s’égarèrent à nouveau avec une facilité coutumière, voguant à travers ses souvenirs confus de la veille. Elle voyait l’Océan déchaîné s’emparer d’elle et se présenter. Elle revoyait sa force implacable et sa douceur profonde. Son déchaînement brutal et sa calme sérénité. Puis elle se réveillait ici, sans même un adieu de l’eau qui l’avait emportée.

Leur étreinte avait pourtant été si forte !
Sans même un adieu…

L’étincelle jaillit dans la conscience de la jeune femme, répandant une vague de chaleur dans son corps affaibli. Elle se sentait presque revivre, comme si son corps venait de recommencer à battre après avoir été figé dans la glace. La joie semblait l’envahir en même temps que la compréhension, une joie immense et sincère telle qu’elle n’en avait jamais ressentie. Elle s’approcha de Myad, pris ses mains entre les siennes et, incapable de prononcer un mot, lui sourit. Un de ces sourires qui vous courent le long de l’échine et vous chatouille délicieusement. Ses yeux pétillaient. Elle s’approcha doucement et, à son tour, déposa un baiser sur son front. Elle fit volte-face et faillit même embrasser Marek de la même manière. Ce, toujours chargé, la regardait étrangement. Loin de s’en émouvoir, Liv s’écria d’une voix heureuse :

« On ne peut pas attendre ! Il faut y aller maintenant, il faut courir ! Il m’attend ! »

Incapable de résister davantage à cette force impétueuse qui semblait s’être emparée d’elle, elle dévala les escaliers et s’arrêta devant la porte. Des lueurs dansaient dans les fentes du cadre de la porte et la rumeur des habitants se faisait entendre, rappelant les précautions évoquées par l’Impératrice plus tôt. Mais non, patienter était impossible. Elle fit demi-tour et alla à l’opposé de la porte d’entrée pour se glisser dehors par une fenêtre étroite creusée dans le mur. Sans même un coup d’œil pour ceux qui la suivaient, elle s’élança à toutes jambes.

Elle ne pouvait attendre, il l’appelait, le Saphir !

***

La jeune femme arriva bientôt sur la plage ; celle-là même où Immel l’avait trouvée, celle-là encore où le Rubis avait amené Marek.

Un épais nuage de brume flottait au-dessus des eaux. Liv s’avança, laissant ses pieds caresser le sable tiède. Elle tendit une main vers le nuage et en effleura la surface vaporeuse du bout des doigts. Elle sentit immédiatement cette présence au plus profond d’elle, un lien si ténu qu’elle s’y accrocha d’autant plus. La conscience familière se mêla tendrement à la sienne, revoyant les évènements de la veille à travers les souvenirs de sa Gardienne. Cette dernière voyait la même chose, elle se voyait flotter doucement, entendait cette voix : « Je suis l’Océan ». Elle se vit ensuite, dans cette maison, une larme perlant au bord de son œil. Une goutte solitaire qui lui caressa la joue avant d’embrasser ses lèvres.
*Là aussi.* Enonçait intérieurement la prostitué pour montrer qu’elle comprenait.
Les souvenirs s’estompèrent brusquement pour laisser nouvelle place à la réalité.

Je suis les nuages, dit la voix.

La brume s’alourdit et descendit lentement, ses contours flous évoluant avec une certaine grâce. En dessous, le ballet sempiternel des vaguelettes semblait s’être interrompu et la surface de l’eau s’éclaircit quand le nuage s’y blottit dans un bruit feutré, en y gelant une large étendue.

Je suis la glace, continua-t-elle.

Guidée par une force invisible, Liv s’avança sur le givre. Ses pieds nus sentirent le froid mordant lorsqu’ils se posèrent dessus, mais la jeune femme n’en souffrait pas, et elle s’avança autant qu’elle put. En différents points, au bord de l’étrange plateforme, des filets d’eau s’élevèrent doucement. De nuance variées, ils semblaient tous différents. L’un tirait sur le turquoise des mers du sud quand un autre tirait vers la froide pureté des eaux septentrionales. Les différentes essences commencèrent à tournoyer autour de Liv, de plus en plus vite. Cette dernière tendit ses mains en coupe, et les courants se rencontrèrent juste au-dessus. Sans qu’on ait pu déceler un réel impact, ils se mêlèrent les uns aux autres et formèrent un tourbillon de bleus qui se concentrait peu à peu jusqu’à devenir une pierre parée de mille reflets. En même temps que les différentes eaux, c’est la conscience entière du Saphir qui s’unit dans toute sa profondeur à celle de la Gardienne.

« Je suis l’Eau. » Acheva finalement la jeune femme.

Son corps s’éleva de quelques pouces et la plaque de glace se morcela en flocons qui s’envolèrent en tourbillonnant autour d’elle. Sa chevelure s’éclaircit jusqu’à devenir blanche comme la neige. Le pouvoir la fit léviter jusqu’au sable et la déposa doucement. Les flocons s’éparpillèrent dans le ciel, au gré du vent marin, et ses cheveux reprirent leur teinte d’origine.

Liv resta immobile une minute entière, contemplant la Saphir qui habitait le creux de ses mains, puis elle se tourna vers ceux qui l’avaient suivie. Elle tendit le poignet où elle avait mis le bracelet et, de l’autre main, guida le joyau liquide qui s’y lova docilement. La vie lui semblait désormais d’une facilité déconcertante, comme si la détresse qui l’avait envahi plus tôt venait d’être vaincue avec autant d’aisance qu’une vague effaçant un dessin dans le sable.

Levant les yeux, elle observa tour à tour les autres, et se laissa aller à rire tant son bonheur semblait irréel.


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Marek

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Marek
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Message Sujet: Re: M'Ehiatê Gyu | Lun 18 Fév 2013 - 20:59



Marek devait avouer sur la tenue noire, semblable à celle des gardes de Myad -le Fleuve Noir s'il avait bien compris-, allait comme un gant à Lise. Il avait bien sentit la gêne de cette dernière à l'idée de se retrouver à nouveau nue devant lui. D'une, c'était une gêne partagée, quoi qu'elle puisse penser. Et de deux, ne s'était-elle pas jeté fougueusement sur le gardien en habit d'Eve il n'y a pas cinq minutes? Ah les femmes... Enfin bref, le temps de trouver à manger avait suffi à la Gardienne de l'Eau pour être à nouveau présentable. Et apparemment de meilleure humeur. Il l'a vit embrasser Myad avec fougue, et hésiter à faire de même avec lui. Il sourit un moment, imaginant la jeune femme devoir embrasser le front si haut du Gardien qui de plus tenait un plateau.



« On ne peut pas attendre ! Il faut y aller maintenant, il faut courir ! Il m’attend ! »

La jeune prostituée était devenu subitement hyperactive. C'était pourtant Charlie celui qui était électrique! Presque au ralenti à côté de Lise, Marek posa le plateau sur la table tandis que la jeune fille s'échappait par la fenêtre sans attendre ni lui, ni Myad. Le colosse se tourna vers sa presque-sœur, tout en s'installant dans un fauteuil.



« Tu ferais bien de la rattraper avant qu'il ne lui arrive quelque chose... Je vous rejoindrais plus tard. »

Et alors que l'Absolu quittait la pièce, il se mit à l'aise, rassemblant ses pensées. Il attrapa le pain et étala du fromage dessus et, mâchant, fit le point. Il était à présent du côté d'Eoam. Cette île, autrefois dans le Vanyali, avait virée Impériale de la même manière que le nord de l'Alagaësia. Il y avait certainement nombre d'affiche avec son visage dans la rues. Tiens d'ailleurs, il s'était toujours demandé... Avait-il les cheveux coupés comme maintenant, où l'Empire avait-il été trop fainéant pour mettre à jour le visage de leur ennemi?


Le rubis luisait faiblement sur sa poitrine. Lise était partie, son bouillonnement s'était estompé. Marek avait toujours du mal à comprendre le rubis. Parfois, il avait l'impression d'avoir affaire à quelqu'un, à une entité vivante... Et ça lui faisait peur. Comme il s'en était confessé auprès d'Ellenwen. Lorsque le rubis l'avait téléporté sur la plage, il s'était à nouveau ressentit faible. Comme avec Wyyrlok. Puis Vadrael. Il attrapa le rubis dans sa grosse main.



« Toi j'te préviens. Si jamais tu me refais ce coup là... »

Il allait faire quoi? L'abandonné? Impensable. Le détruire? Impossible. Le priver de sortie peut-être... C'est en avalant la dernière bouchée de son modeste repas qu'il se rendit compte de l'absurdité de la situation. Il était en train d'engueuler... un caillou. Il soupira en souriant. Tout ça commençait à lui monter à la tête. Il se servit de la bière, se refit une tartine, et posa ses pieds sur la table. Plus qu'à attendre la tombée de la nuit pour rejoindre les filles sur la plage...



[...]

Emmitouflée d'un manteau de brume sombre, invoqué par Nordrassil, Marek arriva à côté de Myad au moment où Lise ajoutait le Saphir enfin retrouvé à son bracelet. D'un geste du poignet, il mit fin à l'enchantement du bâton. La brume se dissipa. Il fit disparaître son arme, et plaça ses mains dans son dos. Il se pencha vers sa sœur de cœur et lui murmura à l'oreille:



« Et ben ça a été plus rapide que je le pensais, pas de quoi en faire un drame finalement... »

Lise rayonnait. Et ce n'était pas à cause de sa chevelure blonde. Elle était comme une nouvelle femme. Entière. Telle une amoureuse qui aurait retrouvé son amant après des mois et des mois d'une douloureuse séparation. Le rubis illuminait le visage de Marek en contre plongée, accentuant sa mine affreuse et lui donnant un air franchement méchant. Mais c'est souriant qu'il s'approcha de sa sœur. Le Saphir faisait écho au Rubis. Les deux opposés étaient enfin réunis. A un mètre de sa nouvelle sœur, Marek déclara:



« Bienvenue dans notre fratrie, Lise, fille de Teirm. Je te demanderais d'oublier ce qu'on a pu te dire sur moi. Tu m'as appelé "meurtrier", et c'est vrai. J'ai tué beaucoup d'hommes au nom de la liberté que l'Empire m'a enlevé. Mais je suis avant tout un homme. Un ami. Un père. Et maintenant, ton frère. Tu n'as rien à craindre de moi, si tu n'es pas avec ceux que je poursuis. Il désigna le poignet de Lise. Tu es l'Eau. Il plaça sa main sur son cœur et se recula un peu. Je suis le Feu.»

Ecartant les bras, il enflamma son corps. Il était devenu une torche rougeoyante, le rubis en son centre. Il flamboya ainsi quelques secondes avant de s'éteindre. Fumant, il resta les bras écartés, invitant Lise à enterrer la hache de guerre.



« Tu n'es plus Lise de Teirm. Je ne suis plus Marek Krayt, leader rebelle. Tu es M'Ehiatê Gyu, je suis M'Ehiatê Raï.»

Il tenait vraiment à entretenir de bonnes relations avec sa nouvelle sœur. Il eut été désastreux que les deux éléments opposés ne puissent même pas s'entendre...




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