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La Genèse -

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Liv de Sula


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La Genèse -  Vide

Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: La Genèse - | Lun 22 Juil 2013 - 15:53



Le boutre avançait à vive allure, profitant d’un vent d’ouest qui gonflait pleinement ses voiles rouges. Ce genre de bateau était facilement manœuvrable – quatre personnes suffisaient à la faire voguer – et assez léger pour sembler voler au-dessus des vagues dès qu’il parvenait à prendre de la vitesse. Sa large voilure avait été élaborée de manière à exploiter le moindre souffle, la moindre brise lui permettant d’avancer même lorsque les vents ne sont pas des plus favorables.

Ce matin-là, le temps était idéal et l’embarcation se soulevait régulièrement, portée par la vitesse, avant de retomber avec fracas, soulevant des gerbes d’écumes de chaque côté de sa proue. L’Océan sembla répondre d’une vague puissante qui se brisa contre le phare de Teirm avec force. La cité Impériale était encore plongée dans la brume cotonneuse de l’aube. Elle dormait, silencieuse et tranquille, sans imaginer ce qui se tramait ici ou même de l’autre côté de l’Océan.

Outre les forces de la Genèse en présence, les deux invités qui monteraient à bord d’ici peu étaient si puissants qu’ils pourraient détruire la ville à eux seuls, plusieurs fois. Une puissance jalousée, admirée et crainte par de nombreux hommes. Mais les Grands Vents possédaient également des êtres dotés de pouvoirs extraordinaires. Et loin de l’Alagaësia, le rapport de force ne serait sans doute pas en faveur de Laïaga et Dandelo, seuls contre la Genèse et ses golems.

Mais avec un peu d’aide, ils pourraient faire beaucoup. Sinssirin comptait là-dessus. Et Swan aussi.

Un homme s’approcha et s’accouda au bastingage à côté d’elle.

« Vous êtes certaine qu’ils seront là tous les deux, Astride ? Demanda-t-il.
- Il n’y a pas l’ombre d’un doute.
- Comment pouvez-vous en être sûre ? »

Swan se redressa et fit quelques pas avant de se retourner pour regarder son interlocuteur, dardant sur lui un regard curieux. L’homme avait la tête levée vers le ciel comme s’il cherchait à lire un quelconque motif dans les nuages. Comme le silence durait, il baissa les yeux et croisa le regard de l’elfe. Cette dernière sourit et lança d’un  ton mielleux :

« Je le sais, c’est tout. Elle tourna les talons. Prévenez-moi quand nous serons au port. »

Et sans ajouter un mot elle rejoignit ses quartiers. Elle ferma doucement la porte derrière elle et s’approcha d’un étroit placard d’où elle sortit une bouteille et un verre. Elle la déboucha soigneusement et en apprécia le bouquet comme Jamki le lui avait appris, quelques années auparavant. Longues années. Lointaines années.
Presque distraitement, elle goutta au précieux breuvage, laissant le liquide doré couler entre ses lèvres, humecter sa langue et tapisser sa bouche d’arômes fruités. Boire du vin était un plaisir qui la détendait et l’aidait à réfléchir. Elle avait adopté cette habitude en Alagaësia. La vigne étant impossible à cultiver en Sulamande, le vin n’y existait pas. Certains lieux des Grands-Vents auraient pu tolérer la viticulture et pourtant aucune parcelle n’avait été aménagée en ce but. Swan profitait donc de ses rares voyages vers le continent pour déguster ces trésors en laissant ses pensées voyager.

À cet instant, elle repassait dans sa tête l’échange qu’elle venait d’avoir avec l’un de ses supposés gardes. Depuis les récents évènements qui avaient agité la forteresse de la Genèse, elle s’était retrouvée dans le collimateur d’adversaires haut-placés et craignait qu’ils n’aient pris des mesures pour la faire disparaître. À vrai dire c’était plus une certitude qu’une crainte. Car les Genèsiens avaient pour habitude de prendre de risques inutiles et bien souvent les soupçons faisaient office de preuve lors de conflits internes. Et dans ces cas-là, la menace était simplement éliminée.
Le verre se brisa entre les doigts crispés de l’elfe. Elle contempla les éclats de cristal éparpillés au sol puis une fine goutte de sang qui perla là où le tranchant avait entaillé sa main.

Avaient-ils pour ordre de l’éliminer dès que son existence ne serait plus indispensable au bon fonctionnement de cette affaire ?

Elle serra les dents et ferma les yeux un instant. Soufflant quelques mots d’Ancien Langage, elle referma sa plaie avant de refermer la bouteille et de la ranger. On frappa à la porte, elle ouvrit.

« Nous arrivons, dit simplement le golem qui se tenanit devant la porte.
- Bien, répliqua Swan un peu plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu. Le golem sembla le remarquer, aussi enchaîna-t-elle aussitôt : Mon verre a glissé, nettoyez moi ça. »

Et sans rien ajouter elle rejoignit le pont. Etant la seule Astride à bord, elle représentait l’autorité des Grands-Vents, et les golems devaient se plier à ses ordres tant qu’ils n’entravaient pas des consignes émanant d’une autorité supérieure. C’était déjà ça. Elle se dirigea vers la proue. Plusieurs silhouettes attendaient au bout d’un ponton, plus nombreuses que l’elfe ne s’y attendait. Mais cela importait peu, il y avait une demi-douzaine de golems à bord.


***

« Par-là, grogna Gignoux en pressant le pas, plus vite ! »

Petit, boudiné et légèrement bossu, on pouvait dire que cet individu n’avait pas été doté d’un physique à son avantage. Son visage asymétrique aux joues flasque combiné à ses yeux globuleux le rendait tout bonnement repoussant pour la plupart des individus, ainsi tout le monde tâchait de l’éviter au mieux ce qui en faisait la personne toute indiquée pour mener de discrètes besognes.

Ce travail-ci était fort bien rémunéré et l’homme savait ses employeurs exigeants aussi s’appliquait-il à ce que tout soit bien fait. D’autant plus qu’un élément imprévu et indépendant de sa volonté s’était ajouté bien malgré lui à la donne. Quand il s’était rendu au point de rendez-vous fixé par son contact d’Urû’baen, il avait trouvé trois individus au lieu de deux. Il avait d’abord tâché de négocier afin de s’en séparer mais les hommes s’étaient montrés intraitables. Et ils semblaient coriaces. Heureusement pour Gignoux, il ne savait rien de l’affaire en route en dehors de ce qu’on lui avait demandé de faire et cette ignorance était probablement sa plus grande sécurité.

Après avoir rencontré les trois hommes à l’extérieur de la ville, il les avait menés dans une bâtisse à l’abandon qui lui servait de cache lorsque c’était nécessaire. Ils avaient passé la nuit ici sans que personne ne ferme l’œil, allongés à même la terre dure sous une toiture percée par le temps. Avant même que les premières lueurs de l’aube ne viennent chasser l’obscurité étoilé, Gignoux leur avait dit de le suivre et il les menait d’un pas rapide vers le dernier point de rendez-vous, dans les docks.

Il s’engagea sur un ponton, suivi par les trois gaillards, et s’arrêta au bout. Il fit claquer sa langue trois fois de suite et sortit une lunette. Il cracha sur la lentille et l’astiqua avec un mouchoir pour la décrasser avant de scruter l’horizon au travers.

« Ils arrivent, s’écria-t-il, pile à l’heure ! »

Il ricana en grattant son menton mal rasé et tendit le bras vers l’ouest désignant du bout de son index crochu la silhouette d’un navire dont la proue se soulevait au rythme des vagues.

« Les voilà ! Reprit le bossu. Avec les voiles rouges ! »

Il fallut vingt bonnes minutes pour que le boutre arrive dans les mouillages du port de Teirm. Un canot fut mis à flot et se dirigea vers Gignoux et ses invités. Six individus enveloppés dans des capes noires en sortirent et s’alignèrent de chaque côté du ponton, puis ce fut une femme qui posa le pied à terre. Une capuche était rabattue sur sa tête mais cela ne suffisait pas à dissimuler sa beauté. Des mèches de cheveux châtains échappaient au couvert du tissu encadrant délicatement son visage. Elle possédait de très fins, harmonieux, et une peau délicieusement réchauffée par les premiers rayons du soleil d’été.

Elle croisa le regard de Laïaga Sin’Saïan mais ne s’arrêta pas devant lui. Elle continua jusqu’à être en face du type au manteau coloré. Baissant les yeux, elle arbora un sourire triste et murmura d’une voix douce :

« Dandelo… Ça faisait longtemps. »

Elle se dressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur la joue du conjurelame.

« Je suis triste que nos retrouvailles se fassent en de pareilles conditions. Nous parlerons plus tard. »

Elle fit un pas de plus et se trouva face à l’imprévu. La Genèse avait une manière très simple de traiter les gêneurs, mais le tuer maintenant serait malavisé. D’autant que les elfes noirs se montraient rarement et que d’après Goran, celui-ci avait des compétences dignes d’intérêts. Plongeant ses yeux gris dans le regard de l’inconnu, elle laissa un filament de sa conscience s’aventurer vers l’esprit du sombre. Ce dernier savait se protéger, comme elle s’y attendait. Elle laissa sa projection éthérée glisser sur les défenses mentales avant de se retirer.

Elle sourit un instant avant de se tourner vers le bossu :

« Gignoux, qui est cet individu ?
- J'sais pas M’dame, il était avec les deux autres, l’a pas voulu partir !
- Les consignes étaient pourtant claires.
- Mais j-
- Je ne veux pas de tes excuses. »

Elle se retourna et posa la main sur l’épaule d’un de ses gardes. Celui hocha la tête et s’éclipsa, apparaissant devant le passeur qu’il saisit à la gorge. Il le souleva d’un bras et serra jusqu’à ce qu’on entende le cou craquer puis d’un geste, jeta le corps inanimé à l’eau.

L’elfe se tourna à nouveau vers le drow.

« Je m’appelle Swan, commença-t-elle, mais nous aurons tout le temps de discuter à bord. Pour l’instant, je vous prierai de bien vouloir embarquer, nous avons des horaires à respecter. »

Elle tandis le bras vers le canot :

« Après vous. »


Dernière édition par Liv de Sula le Lun 30 Sep 2013 - 0:23, édité 1 fois
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Charlie To'ü Kour

Sciocide Récidiviste

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La Genèse -  Vide

Charlie To'ü Kour
Sciocide Récidiviste
Message Sujet: Re: La Genèse - | Sam 3 Aoû 2013 - 17:51



Pas simple de demander à un dragon de ne rien faire, pendant que son dragonnier se jette dans la gueule du loup.

*Sombral... Tu as entendu Laïaga. Notre seule moyen de la rejoindre, c'est qu'ils nous y amènent d'eux-même. Nous ne sommes même pas sûr que son contact à Urû'baen accepte d'emmener deux personnes de plus. Il n'acceptera jamais la présence d'un dragon !*

* En quoi ce fameux contact aurait-il son mot à dire ? Et je pourrais toujours vous suivre depuis les cieux !*

Charlie parcourut les quelques pas qui les séparaient, et vint flatter l'encolure de l'immense dragon noir.

* Il y a bien longtemps que le couvert des cieux n'est plus suffisant pour masquer ta carcasse, gros beta ! Et puis cet homme n'a peut-être pas le choix. Tu auras beau le menacer de le mâcher lentement pendant plusieurs jours, ses employeurs lui auront certainement promis la même chose !

Sombral releva la tête, arrachant son cou aux caresses de Charlie. Le dragon ne semblait toujours pas convaincu, et il avait de bonnes raisons. À chaque fois qu'il l'avait laissé seul pendant plusieurs jours il était arrivé quelque chose à son dragonnier. Les deux dernière fois, il y eu l'incarnation puis l'attaque des golems qui ont enlevé Lise. Qu'est-ce que ça serait cette fois ?

* Fais moi confiance. Je sais me débrouiller, Dandelo vient de la-bas, et Laïaga connait bien le milieu. Ensemble on la ramènera. *

*Il le connait un peu trop à mon goût ce milieu, si tu veux tout savoir ! Ce Laïaga à toujours été un traître... Il a combattu aux côté des ombres pendant la guerre puis pendant plusieurs années. Il a même dirigé l'empire pendant quelques temps. Son seul acte un minimum louable fut de les trahir ! Comment peux-tu lui faire confiance ?*

* Ce n'est pas tellement comme si j'avais le choix ! J'ai promis à Lise que je l'a protégerais ! Je ne la laisserais pas aux mains de ces golems ! Ellenwen à toujours eu confiance en Laïaga, toi qui fut le seul dragon qu'elle ai jamais apprécié tu pourrais au moins avoir foi en elle. *

* Ellenwen avait aussi confiance en toi... *

Un nœud se forma dans la gorge de l'elfe noir, le forçant au silence. Les quelques souvenirs de l'incarnation, et ceux de son séjour à Gil-Ead, étaient encore clair et douloureux dans son esprit. Le coup porté par Sombral était bien bas...

* Je me fiche de Dandelo. Je me contrefiche de Laïaga. Ramène Lise si tu le peux. Mais surtout... Reviens vivant. *


¤~¤~¤


Le contact d'Urû'baen n'était qu'une formalité, un simple leurre pour contrer tout plan douteux préparé à l'avance. Son seul rôle était de leur indiquer l'emplacement de leur vrai contact. Il partirent donc immédiatement pour Teirm où un petit grassouillet nommé Gignoux les attendaient à l'extérieur de la ville. Bossu, d'une laideur à toute épreuve, l'homme avait les traits idéals pour un boulot de passeur. Mais ses yeux globuleux annoncèrent le début des problèmes.
Le groupe de voyageur s'attendait à quelques objection quand à leur nombre. En effet seul Laïaga à priori avait reçu une invitation. Sauf que le brave Gignoux avait reçu l'ordre de faire passer non pas une mais deux personnes. Apparemment ses employeurs s'attendait à ce que Dandelo soit de la partie. Cela implique qu'il faisait parti de leur plan. Et généralement, ça ne représente rien de bon.

En tout cas, s'ils s'attendaient à 2 personnes, Charlie lui était un imprévu. Et ça, le passeur ne manqua pas de lui faire remarquer.

Il leur fallut de longues minutes de négociation pour enfin convaincre Gignoux de les faire passer tout les trois. Comme la nuit tombait, ils se dépêchèrent de rentrer dans la cité avant que les portes ne ferment. L'homme les dirigea alors à travers les ruelles de Teirm jusqu'à une vieille bâtisse abandonnée. Elle leur servirait de cache avant de rejoindre le dernier point de rendez-vous le lendemain à l'aube.

La nuit fut bien longue pour tout le monde, et personne ne put fermer l'oeil. Allongé à même la pierre certain essayait de dormir. Charlie lui s'était adossé dans un coin de la pièce, complètement invisible dans le noir de part sa couleur de peau et ses vêtements sombres. C'était la première fois qu'il partait dans une telle aventure sans porter d'armure.
Toute sa vie son corps avait été couvert de plaques de métal, à chaque instant. Que ce soit pour se battre ou non il gardait toujours des protections sur lui plus ou moins importantes pour pouvoir être prêt à toute situations. Mais la où ils allaient les armures de plate ou autre côtes de mailles ne lui serait d'aucune utilité. Pire, elles le ralentiraient et représenterait un danger. Il lui faudra être rapide, toujours plus rapide. Ses dons de gardien seront exploité au maximum de leur capacité, pour que le simple fait de penser à l'endroit où ils veulent se téléporter, soit plus long que le temps que met Charlie à parcourir la même distance. Il arborait donc quelque chose de beaucoup plus léger, sans être totalement sans protection non plus. Un plastron de cuir durci très léger, des gantelets et des grèves. En plus de ses vêtements de voyage. C'était le stricte minimum.
Mais pour le moment l'elfe noir reste calme et immobile, scrutant la pièce de son regard. Prêt à réagir au moindre signe suspect du passeur ou autre.

Lorsque l'aube commença à effacer les premières étoiles. Gignoux se leva et leur ordonna de le suivre. Charlie ayant vécu de nombreuses années dans cette ville, il devina où les emmenait le passeur. Il traversèrent la ville d'un pas rapide, prenant de nombreux détour dans le but d'éviter la garde, pour enfin arriver sur les docks.
Tandis qu'ils suivaient le bossu sur un ponton, Charlie scruta l'horizon de ses yeux d'elfes. Le petit navire aux voiles rouge lui apparut bien avant que la lentille de Gignoux ne fut débarrassée de sa crasse.


« Ils arrivent, s’écria-t-il, pile à l’heure ! »

L'homme pointa le navire de son doigt crochu. C'est bien celui qu'avait repéré l'elfe noir.

« Les voilà ! Avec les voiles rouges ! »

Charlie échangea un regard avec Laïaga puis Dandelo. Il était malgré lui un peu anxieux. Puisqu'il ne savait pas vraiment à qui ou à quoi s'attendre. En revanche il savait parfaitement comment masquer cette anxiété.

Cela prit une bonne vingtaine de minutes pour que le navire arrive jusqu'au port. De la un canot fut mis à flot avec 7 personnes à son bords. Lorsque la petite embarcation atteignit le ponton, 6 silhouette enveloppé dans des capes noires en sortirent et s'alignèrent face à eux. Charlie tenta d'effleurer leur conscience mais, comme il s'y attendait, il ne put rien sentir. Il s'agissait de 6 golems.
Son esprit toutefois effleura celui d'une septième personnes qui montait à son tour sur le ponton. Le sang elfique de cette jeune femme ne faisait aucun doute, ce n'était pas la capuche rabattue sur sa tête qui en ferait douter. Charlie s'empressa alors de refermer les barrières de son esprit. Il valait mieux éviter de prendre des risques inutiles.

L'elfe s'avança sur le ponton. Elle passa devant Laïaga sans un mot avant de s'arrêter devant Dandelo.


« Dandelo… Ça faisait longtemps. »

L'elfe se dressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur la joue du golem. Charlie fronça légèrement les sourcils. Sombral n'avait peut-être pas tord... Toute ces histoires commençaient à être douteuse.

« Je suis triste que nos retrouvailles se fassent en de pareilles conditions. Nous parlerons plus tard. »

Enfin la jeune femme arriva jusqu'à lui. Charlie sentit qu'elle le dévisageait avec curiosité. Sans doute se demandait-elle se qu'elle devait faire de lui. Elle plongea alors son regard gris dans les yeux bleu profond du gardien. Il soutint son regards et sentit une conscience effleurer délicatement les barrières de son esprit. Après tout cela semblait logique, Charlie aurait fait pareil. Un sourire se dessina un instant sur le visage de l'elfe, avant qu'elle ne se tourne vers le passeur.

« Gignoux, qui est cet individu ?
- J'sais pas M’dame, il était avec les deux autres, l’a pas voulu partir !
- Les consignes étaient pourtant claires.
- Mais j-
- Je ne veux pas de tes excuses. »

Charlie ne fit rien pour empêcher ce qui allait se passer. Il l'a regarda se tourner vers un golem. Il la regarda donner un ordre à ce golem, auquel il obéit.
Peu lui importait la mort du passeur. Le fait que cet femme puisse avoir sous ses ordres six golems, peut-être plus, lui semblait bien plus important. Il ne la quitta pas des yeux une seule seconde. De la mort de Gignoux il n'entendit que les os brisé et la chute du corps dans l'eau.


« Je m’appelle Swan. Mais nous aurons tout le temps de discuter à bord. Pour l’instant, je vous prierai de bien vouloir embarquer, nous avons des horaires à respecter. »

Charlie attendit que Dandelo et Laïaga montent à bord avant de s'avancer vers l'embarcation. Il fixait toujours cette femme avec curiosité, qui était-elle ? Que voulait-elle ? Etait-ce par son ordre que les golems sont venu enlever Lise et tenter de le tuer ?
Les yeux de Charlie, éternels reflets de son esprit, muèrent de leur bleu naturel vers un vert brillant. Manifestation simple de sa curiosité à l'égard de l'importance de cette femme dans l'équation.

Sans vraiment savoir ce qui l'attendait. L'elfe noir monta à son tour dans le canot. Avec l'espoir que ce voyage lui apportera des réponses.
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Laïaga

Dirigeant du Cam Serarna

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La Genèse -  Vide

Laïaga
Dirigeant du Cam Serarna
Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 7 Aoû 2013 - 1:18


[Désolé du retard j'étais certain d'avoir envoyé la réponse ce matin...]

Les trois compères étaient alignés sur le ponton, un peu derrière leur gros guide patibulaire. Ils attendaient avec impatience que le canot finisse par accoster. Six êtres enveloppés dans des capes noires d’une discrétion à toute épreuve en descendirent, formant une haie que remonta une septième silhouette, plus fluette et féminine.
Si tous reconnurent les golems, que ce soit du fait de leur troublante absence de présence mentale pour les deux dragonniers ou par une simple intuition née du fait qu’il en était un lui-même pour Dandelo, seul Laïaga reconnut la démarche et l’allure de Swan.
Dandelo eut la vague impression qu’il devrait la reconnaître, et puis la femme leva les yeux sur les trois arrivants, et subitement il n’y eut plus aucun doute. Ses yeux bleu azur s’agrandirent de surprise un instant en reconnaissant Swan. La commandante de l’Opération Pamplemousse Pressé. Dandelo remmena un mèche de cheveux rebelle derrière son oreille d’un geste charmant en faisant un petit sourire à la demoiselle. Le cœur n’y était pas vraiment, mais l’épéiste bigarré gardait l’habitude se jouer son numéro de séducteur et de faire ses pitrerie envers et contre tout.

-Dandelo... Ça faisait longtemps, fit-elle.
-Salut, Swan, répondit-il.
-Je suis triste que nos retrouvailles se fassent en de pareilles conditions. Nous parlerons plus tard.

Dandelo hocha la tête.

-On pourra discuter de tout ça en tête à tête, fit-il sans se départir de son petit sourire.

Il aimait bien Swan, et avait une certaine confiance en la ravissante elfe, depuis qu’ils avaient combattu ensemble pour les Beirland, et pour cette raison il espérait trouver une explication qui la disculpe de toute réelle implication dans l’enlèvement de Liv.
Laïaga de son côté ne faisait absolument pas confiance à la jeune femme. Il la regarda passer devant lui sans la quitter des yeux, essayant de décrypter, de glaner la moindre information qu’elle pourrait lui révéler inconsciemment sur les objectifs qu’elle poursuivait. Sur ce qu’elle voulait de lui. La jeune femme sembla surprise de trouver Charlie. Étrange, dans la mesure ou la venue de Dandelo ne la surprenait pas. Elle avait prévu qu’il suive la trace de Liv de Sula, mène sa petite enquête, et finisse par se réunir de nouveau avec Laïaga ?
Ainsi la femme pensait réussir à manipuler deux êtres chacun capables de raser une petite ville d’un claquement de doigts ? Il fallait lui reconnaître un certain culot, que Laïaga espérait voir se retrouver contre elle. Mais bon, il fallait bien avouer que pour l’instant, elle s’en sortait admirablement...

-...Je ne veux pas de tes excuses, conclut Swan en donnant une consigne muette à l’un des golems.

Laïaga s’attendait à ce qui suivit. Pas Dandelo. Quand le golem disparut pour attraper le passeur à la gorge, le dragonnier ne broncha pas. Il jugea que c’était le prix à payer pour leur traversée, pour éradiquer une bonne fois pour toute ces rats qu’il traquait depuis des années maintenant.
Dandelo ne fut pas du même avis.

-Stop ! articula-t-il, pris de court par la rapidité de l’action.

Mais il restait Dandelo, et moins d’une seconde après que le golem ait attrapé le passeur à la gorge, Dandelo apparaissait à côté de lui et lui attrapait les bras pour le forcer à relâcher sa prise. Le golem eut la bonne idée de ne pas chercher à se défendre sans quoi cette épopée se serait sans doute terminée avant même de commencer, ici sur les docks de Teirm et dans un bain de sang. Il se contenta de laisser tomber le cadavre qui fit un bruit mou en frappant sur les planches du ponton, avant de glisser à l’eau.
Dandelo ne souriait plus vraiment.

-Je vous prierais de bien vouloir embarquer, nous avons des horaires à respecter, fit Swan.

Dandelo tourna vers elle un regard qui ressemblait plus à un glacier qu’à un ciel d’été. Il se sentait trahi par l’elfe, en plus d’être furieux de l’enlèvement de Liv, et terriblement triste que la jeune femme ne se souvienne pas du tout de lui. Ce maelström d’émotions violentes affleurait, juste sous la surface de bonhomie du golem et prête à la faire exploser.

-Du calme.

Laïaga avait la main posée sur le bras du bretteur, il le regardait avec un petit sourire pincé.

-Du calme, répéta-t-il tout bas. N’oublie pas que c’est notre seule piste pour retrouver Liv.

Dandelo se rendit compte qu’il frémissait et qu’il était prêt à faire jaillir ses armes fantomatiques et à engager le combat. Il se détendit, un tout petit peu, et monta sur esquif, suivi de Laïaga, puis de Charlie.
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Liv de Sula


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La Genèse -  Vide

Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 7 Aoû 2013 - 17:56



Swan avait été surprise du comportement de Dandelo, pensant qu’il se montrerait moins amical à son égard en la sachant qu’elle touchait à cette affaire depuis le camp ennemi. Elle pensait que Liv serait sa seule carte pour pouvoir manipuler Dandelo, peut-être s’était-elle trompée. Elle restait le seul levier qu’elle connaisse pour le sombre-elfe, mais il ne semblait pas des moindres compte tenu du témoignage que lui avait fait Goran et du simple fait qu’il se trouvait là aujourd’hui. Tant qu’elle tenait Liv, elle pourrait tenir ces deux-là.

Tromper Laïaga serait une tâche autrement plus compliquée. Outre le fait qu’il devait se méfier de Swan comme de la peste, elle ne disposait sur lui d’aucun moyen de pression direct. Pour le faire venir, elle avait vaguement évoqué les violentes représailles que son absence aurait pu engendrer, mais maintenant qu’il était là, il était indispensable de le brider avant qu’il ne commence à dévaster la Genèse sans le moindre scrupule pour éradiquer la menace.

Bref il s’agissait de trouver une histoire assez convaincante pour qu’il puisse se ranger de son côté, et assez proche de la vérité pour qu’elle puisse jouer avec l’Ancien Langage sans se trahir.

Le canot rejoignit le navire sans que le moindre mot ne soit échangé. Swan monta la première à l’échelle de corde et se hissa à bord. Elle leva la tête, laissant son visage faire face au soleil pour en apprécier la caresse chaleureuse. Elle resta ainsi pendant une poignée de secondes, les yeux clos, avant de se tourner vers les autres qui avaient à leur tour posé pied sur le pont. Elle conduisit ses invités dans une large pièce à l’arrière du boutre et congédia ses gardes. Les golems hésitèrent un instant avant de s’éclipser.

La salle était sobrement décorée. Swan s’approcha d’un plateau posé sur un buffet et se saisit d’une carafe remplie d’un liquide ambré. Elle s’en servit un verre et le bu d’une traite. Elle voulait donner l’impression d’avoir besoin d’un remontant, de vouloir se donner de la contenance. Ainsi elle paraîtrait peut-être plus vulnérable et moins calculatrice.

Reposant son verre, elle se tourna vers les trois individus restés silencieux. Elle s’approcha d’abord de Charlie et lança :

« Je m’appelle Swan Aerìnnor, Astride des Grands-Vents. Et toi ? »

Elle haussa légèrement la voix pour s’adresser au reste du trio.

« Ce bateau va nous amener jusqu’à des coordonnées précises au large de côtes. Une fois là-bas nous activeront un puissant sort de déplacement qui nous transportera presque instantanément jusqu’à la Sigre, un avant-poste de la Genèse. Une fois téléportés grâce au sort, nous rejoindrons la Forteresse des Grands-Vents par voie terrestre. Elle esquissa un sourire ironique avant d’ajouter avec une voix assortie : vous êtes très attendus. »

Elle entendit un bruissement presque imperceptible derrière elle et se retourna vivement. Une fenêtre était ouverte, laissant voir le spectacle des courants marins et du roulement des vagues.

Fronçant les sourcils Swan alla à la porte et l’ouvrit brusquement. Personne dans le couloir. C’était prévisible, mais il fallait qu’elle fasse son effet. Elle claqua la porte et fit retraversa la pièce dans l’autre sens pour verrouiller les fenêtres. Piochant dans ses connaissances de la Grammarie elle formula un sort empêchant les sons de quitter la pièce.  Elle savait les golems insensibles à la magie, mais en l’occurrence le sort ne les touchait en rien. Les sons n’arriveraient simplement pas jusqu’à eux.

Elle se tourna vers son auditoire et lâcha :

« Nous pouvons parler librement à présent. Personne ne nous écoute. »

Elle s’interrompit, simulant au mieux d’hésitation avant de reprendre en parlant vite sur le ton de la confidence :

« Les golems ne tolèreront pas d’être écartés bien longtemps. Ne les sous-estimez pas, la puissance militaire n’a jamais été une priorité de la Genèse, mais depuis ta petite vendetta Laïaga, la création de golems a été intensifiée. Les individus de la nouvelle génération sont dangereux, même pour toi. »

Elle marqua une pause et continua :

« Je fais figure d’autorité à bord, mais je soupçonne mes gardes d’avoir des ordres émanant de quelqu’un de plus haut-placé. Un certain Nielo qui possède assez d’influence pour être considéré comme étant à la tête de la Genèse même si rien n’officialise sa domination. Il est un des fondateurs de la Genèse, comme l’était ton père Dandelo. C’est aussi lui qui est à l’origine de la branche Résurrectionniste que tu t’es appliqué à éradiquer Laïaga. Autant dire qu’il nourrit un certain intérêt à votre égard. »

Mais pas le drow. Peut-être même que ce dernier serait exécuté à l’instant où il poserait le pied dans les Grands-Vents. À moins que la curiosité de Nielo ne lui donne une chance.

« C’est peu de chose, je sais, mais c’est tout ce que je peux vous donner pour le moment, nous arrivons. »

Elle se retourna pour sortir mais s’interrompit sur le pas de la porte et se tourna vers le drow :

« Pour ton information, l’endroit où nous allons ne se situe pas en Alagaësia, par conséquent il n’a pas été lié à l’Ancien Langage par le Peuple Gris. Il est possible d’utiliser tes pouvoirs, mais ça ne sera pas facile, au contraire. Les pouvoirs de Dandelo ne sont pas concernés et Laïaga sait comment s’y prendre. Mais pas toi. Si tu dois tuer quelqu’un, privilégie la lame. »

Elle soutînt son regard quelques secondes. Swan ne pouvait se douter qu’elle se trouvait face à un Gardien et que sa nature lui permettrait sans doute de passer outre ces difficultés. Enfin elle fit volte-face et ouvrit la porte tout en interrompant le sort qu’elle avait tendu. La coursive semblait déserte mais il ne faisait aucun doute qu’un golem s’y tenait une seconde avant que la poignée de coulisse. L’elfe se dirigea vers les calles avec ses trois invités. L’endroit était vide de toute marchandise mais les quinze golems d’escorte attendaient là, en rang. Ils s’écartèrent à l’approche de l’Astride, dévoilant une large rosace gravée dans le bois. On y trouvait toute sorte de forme géométrique, de symboles étranges qui rendaient ce tracé furieusement semblable à un pentacle, sans en être un pour autant.

Swan prit place à l’intérieur et invita le trois hommes à la rejoindre. Les golems formèrent un cercle autour d’eux, dans la rosace. Swan sortit son médaillon de son col et le tenant entre ses deux mains prononça une longue incantation. Les gravures commencèrent à briller puis une lumière blanche s’en échappa de manière vaporeuse, comme une fumée luisante, qui entoura chaque individu jusqu’à ce que chacun ne puisse plus voir que du blanc. Ce semblant de cécité dura de longues secondes avant d’être brusquement balayé par un vent éthéré.

Ils n’étaient plus que quatre, les golems n’étaient pas là. Etaient-ils restés en Alagaësia ? Avaient-ils été consommés par la Magie du sort ? Swan elle-même n’en savait rien. Ce qui l’étonnait plus que le reste, c’était cette solitude. Ils se trouvaient au centre d’une gravure identique pratiquée dans un large socle de marbre noir lui-même situé à l’extrémité d’une falaise. Derrière, il y avait l’Océan, dont la couleur turquoise était différente de celle de la côte Alagaësienne, plus sombre et plus froide. Devant s’étendait une vaste étendue de terre rouge et rocailleuse, d’où sortaient ici et là de rares traces de végétation et même quelques fleurs aux couleurs étonnantes. Mais l’avant-poste avait disparu. C’était comme s’il n’avait jamais été là.

Swan resta paralysée quelques secondes, cherchant une explication, cherchant quoi faire, mais avant qu’elle n’ait pu dire quoi que ce soit. Il y eut une légère friction dans l’air et des silhouettes apparurent les unes après les autres tout autour d’eux. Leurs capes grossières usées par les vents chargés de sable voletaient, portées par la brise marine. Ils devaient être au moins une quarantaine. Une compagnie entière.

Avait-on décidé de les tuer ici ?

Tendue, Swan serra les dents et s’apprêta à prendre la parole quand un golem apparut juste devant elle.

« Bienvenue Astride Swan, déclara-t-il, Nielo vous attend. Il jeta un coup d’œil au Sombre. Celui-là n’était pas prévu faut-il le tuer ?
- Non, il vient avec nous. »

Le golem attendit des explications, mais comme elles ne venaient pas il se contenta de hocher la tête en souriant aimablement.

« Que se passe-t-il ? Où est la Sigre ? Tout avait pourtant été clairement planifié.
- Oui Astride, répondit le golem, mais depuis la traîtrise du Rieur, Nielo ne cesse de prendre des précautions. »

Le Rieur, c’était le surnom que l’on prêtait à Sinsirrin car il ne se séparait jamais de son sourire et avait tendance à afficher de la bonne humeur même dans les situations qui s’y prêtaient le moins, comme son procès par exemple. Beaucoup le pensaient fou, il l’était probablement, mais pour l’avoir longtemps côtoyé Swan savait qu’il était terriblement lucide.

« Nous devions rejoindre les Grands-Vents..., reprit Swan.
- Nielo a demandé que vos amis soient pacifiés avant d’entrer dans la Forteresse Astride, nous avons des bracelets et des cuves. »

Elle ne pouvait rien faire. Les bracelets étaient censés bloquer les pouvoirs de ceux qui les portaient et fonctionnaient sur les golems. Les cuves quant à elles permettaient de les plonger dans une sorte de stase, un coma dont ils ne pourraient sortir qu’une fois sortis du liquide jaune qui les remplissait. D’ordinaire les bracelets suffisaient. Les cuves étaient réservées aux gens dangereux. Le Rieur baignait dans l’une d’elles. La combinaison des deux était une première.

Le golem s’approcha de l’elfe noir en premier, le visage rayonnant, et lui lança avec bonne humeur en tendant une de ces larges menottes dorées ouverte devant lui :

« Vos mains s’il vous plaît ! »
HRP : Pour la suite, vous pouvez résister, essayer de leur mettre sur la gueule ou bien vous laisser faire. Mais bon ils sont beaucoup beaucoup, donc autant dire que vous finirez dans ces cuves ! Après ça peut être l'occasion de vous faire un échaufement avant d'arriver aux choses sérieuses. À vous de voir donc, mais n'oubliez pas que votre choix (quel qu'il soit) aura des conséquences sur la suite. I love you

S'il y a des questions, Skype ou MP !
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Charlie To'ü Kour

Sciocide Récidiviste

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Charlie To'ü Kour
Sciocide Récidiviste
Message Sujet: Re: La Genèse - | Mar 13 Aoû 2013 - 1:39



« Je m’appelle Swan Aerìnnor, Astride des Grands-Vents. Et toi ? »

Astride des Grands-Vents... C'était sûrement une sorte de titre de fonction, militaire ou politique. Dandelo pourrait sans doute le renseigner sur sa signification, mais là n'était pas le plus important. Ce qui attira le plus l'attention de l'elfe noir était les termes "des Grands-Vents". Etait-ce là un indice sur la nature de leur destination ? Une région très venteuse serait un atout non-négligeable pour le gardien de l'air. Les génèsiens pourraient bien être surpris.

- Tueur d'ombres est un de mes nombreux nom...

Ces mots furent les premiers que l'Astride pu entendre sortir de sa bouche. Charlie les prononça d'une voix grave et posée, cherchant à donner un mélange entre mystère et assurance. Cette Swan semblait comme mal à l'aise depuis qu'ils étaient entrés dans la pièce. Ses lèvres en étaient même allées chercher le goût d'un liquide ambré. Comme si les vapeurs de l'alcool pourraient l'aider à se redonner une contenance. Mais cette apparente faiblesse semblait hors de propos. N'était-ce pas cette même elfe qui avait ordonné de tuer sans la moindre hésitation quelques instants plus tôt ?
Vulnérable ou d'une assurance redoutable ? Une de ces deux apparences était forcément fausse, mais laquelle ? Chacune de ses réactions serait analysée dans le moindre détail.


- ... Charlie, en est un autre.

À elle de choisir lequel de ces noms était le plus important. Les golems envoyé pour le tuer et enlever Lise, avaient en parti manqué leur coup parce qu’ils l’avaient sous-estimé. Depuis la disparition de Brexinga et d’une bonne partie des autres ombres d’Alagaësia, les gens avaient un peu trop tendance à oublier ce que cela signifiait… Tueur d’ombres.

« Ce bateau va nous amener jusqu’à des coordonnées précises au large des côtes. Une fois là-bas nous activerons un puissant sort de déplacement qui nous transportera presque instantanément jusqu’à la Sigre, un avant-poste de la Genèse. Une fois téléportés grâce au sort, nous rejoindrons la Forteresse des Grands-Vents par voie terrestre. Vous êtes très attendus. »

À peine Swan eut-elle terminé sa phrase qu’elle se retourna vivement vers la fenêtre, comme si elle avait entendu quelque chose. Charlie l’observa un instant, cherchant à comprendre. Puis l’elfe fit volte-face et ouvrit la porte en grand. Il n’y avait rien ni personne dans le couloir, mais Charlie ne douta pas une seule seconde que cette paranoïa fut réelle. Commandant à bord ou non, comment ne pas en être atteint quand on vit entouré d’être impossible à repérer, et qui se téléporte sans bruit avant même que l’on puisse poser le regard sur eux. Avoir foi en ces êtres de manière aveugle serait une erreur qui pourrait lui coûter la vie.
Une fois protégé des oreilles indiscrètes, cette Swan sembla retrouver un peu de contenance. C’en était presque à croire qu’elle avait plus de confiance envers les trois hommes présent dans la pièce qu’envers sa propre garde.


« Les golems ne tolèreront pas d’être écartés bien longtemps. Ne les sous-estimez pas, la puissance militaire n’a jamais été une priorité de la Genèse, mais depuis ta petite vendetta Laïaga, la création de golems a été intensifiée. Les individus de la nouvelle génération sont dangereux, même pour toi. »

Petite vendetta ? Laïaga serait donc non pas un contact des génésiens mais carrément un ennemi ? Charlie n’avait pas vraiment eu le temps de lui demander qu’est-ce qui le liait à eux. Swan lui apprenait malgré elle des détails sur ses propres compagnons. Mais alors… Si Laïaga était allé mettre le bazar dans les affaires des génésiens par le passé… Pourquoi l’inviter sur ces terres à nouveau ? La seule réponse qui paraissait logique était que l’elfe cherchait à se servir de lui pour monter un coup d’état… Aurait-elle aussi enlevé Lise, dans le but d’attirer Dandelo ?

« Je fais figure d’autorité à bord, mais je soupçonne mes gardes d’avoir des ordres émanant de quelqu’un de plus haut-placé. Un certain Nielo qui possède assez d’influence pour être considéré comme étant à la tête de la Genèse même si rien n’officialise sa domination. Il est un des fondateurs de la Genèse, comme l’était ton père Dandelo. C’est aussi lui qui est à l’origine de la branche Résurrectionniste que tu t’es appliqué à éradiquer Laïaga. Autant dire qu’il nourrit un certain intérêt à votre égard. »

Voilà qui expliquait certaine chose. Swan avait peur de ce Nielo, peur qu’il veuille la supprimer de l’équation. Charlie faisait peut-être des conclusions hâtives, mais pour le moment tout semblait s’emboîter correctement. Sauf pour lui.
L’elfe noir était de trop, il n’était pas prévu dans son plan. Nielo vouait apparemment un intérêt particulier à ses deux compagnons de route. Swan devait compter sur ça pour qu’elle puisse les attirer sur place sans donner l’impression qu’elle préparait quelque chose. Mais Charlie ne représentait pas un réel intérêt à première vue… Il lui faudra peut-être faire un peu de spectacle, s’il ne veut pas finir avec une lame de golem plantée dans l’arrière de la nuque.

L’elfe s’excusa de ne pouvoir leur transmettre plus d’information, puis elle fit mine de sortir. Charlie se demandait s’il serait risqué de lui poser des questions à propos de Lise, quand elle se retourna d’elle-même vers lui, comme se rappelant d’une dernière information d’importance, à lui donner en particulier.


« Pour ton information, l’endroit où nous allons ne se situe pas en Alagaësia, par conséquent il n’a pas été lié à l’Ancien Langage par le Peuple Gris. Il est possible d’utiliser tes pouvoirs, mais ça ne sera pas facile, au contraire. Les pouvoirs de Dandelo ne sont pas concernés et Laïaga sait comment s’y prendre. Mais pas toi. Si tu dois tuer quelqu’un, privilégie la lame. »

À mesure qu’elle parlait un fin sourire en coin s’était dessiné sur le visage de l’elfe noir. Alors qu’elle achevait sa phrase, le sourire se mua en rire léger. Elle ne savait absolument pas à qui elle parlait, cela crevait les yeux. Ceux à savoir que Charlie, comme Lise d’ailleurs, était gardien se faisait rare. Mais les talents de bretteurs de l’elfe noir étaient reconnus dans toute l’Alagaësia. Nombre des actuelles têtes influentes du pays étaient venues s’entraîner dans sa salle d’arme à l’époque.

- haha... Rassurez-vous. Je suis plus dangereux qu’il n’y parait.

Il la regarda dans les yeux quelques instants, puis tourna son regards vers Laïaga. Sans ce dernier l’incarnation de Charlie aurait pu être bien plus désastreuse. C’était un des rares témoins de la puissance d’un gardien incarné, il savait mieux que quiconque que Charlie n’était pas un adversaire à prendre à la légère.

Ils sortirent enfin de la pièce pour rejoindre le fameux portail dont Swan leur avait parlé. Celui-ci se trouvait dans la calle qui ne contenait du coup pas la moindre marchandise. Seul les golems se trouvaient la. Une bonne quinzaine. Alignés autour de ce qui ressemblait à un genre de pentacle. Cela n’en était pas un. Charlie avait déjà eu droit aux pentacles de Brexinga, il savait les reconnaître maintenant. Mais les nombreux glyphes qui en ornait le dessin donnait à cet rosace un aspect similaire.
Swan alla se placer au centre de la figure, Charlie et les autres la rejoignirent, et les golems se placèrent en cercle autour d’eux.
Lorsque Swan entama sa longue incantation. L’instinct de Charlie lui hurla de réagir… De faire quelque chose. Mais avant qu’il ne bouge d’un centimètre, des volutes de fumée blanches se formèrent autour de lui, l’aveuglant peu à peu. Le fait d’être complètement à la merci d’un sort dont il ne comprenait pas les rouages le mettait un peu sur les nerfs, et la tension électrique dans son corps s’amplifia peu à peu. Charlie pencha la tête contre son torse, et serra dans ses mains l’Améthyste qu’il portait autour du cou, cachée sous ses vêtements de voyages. La gemme, son épée et sa faux, serait ses seuls points de repère dans un monde inconnu. Il s’y accrocha donc fermement.

À peine la fumée blanche se fut-elle dissipée qu’un premier évènement fit monter la tension d’un cran : Ils étaient seuls. Swan, Laïaga, Dandelo et Charlie. Tout les golems, pourtant eux aussi monté dans le cercle, avaient disparu. L’elfe noir jeta un œil à l’Astride sensée commander à ces golems, elle semblait complètement prise au dépourvu. Le dragonnier attrapa son bâton dans son dos et observa les alentours, prêt à réagir à tout assaut.
Le paysage était bien différent de ceux d’Alagaësia. Ils se trouvaient sur le rebord d’une falaise. L’eau d’un bleu turquoise contrastait fortement avec la terre rouge et rocailleuse sous leur pied. Les senteurs, les paysages, aucun doute sur le fait qu’ils n’étaient plus sur leur terre natale…Exception faites de Dandelo bien sur.

Après quelques secondes de silence, des silhouettes apparurent les unes après les autres autour d’eux. Des golems sans aucun doute, une bonne quarantaine de golem. Charlie jeta un coup d’œil vers Laïaga, ça faisait un peu beaucoup.


« Bienvenue Astride Swan, déclara un golem qui venait à l’instant d’apparaître juste à côté d’eux, Nielo vous attend. Son regard se posa sur l’elfe noir un instant. Celui-là n’était pas prévu faut-il le tuer ?
- Non, il vient avec nous. »

Charlie se tourna vers l’elfe. Il choisit de garder le silence pour éviter de causer des problèmes. Mais si ça n’avait tenu qu’à lui, il aurait bien témoigné à ce golem sa façon de penser.

« Que se passe-t-il ? Où est la Sigre ? Tout avait pourtant été clairement planifié.
- Oui Astride, mais depuis la traîtrise du Rieur, Nielo ne cesse de prendre des précautions. »

Ah… on y arrive. Le fameux Nielo nous fait dés notre arrivée l’étalage de son pouvoir.

« Nous devions rejoindre les Grands-Vents...
- Nielo a demandé que vos amis soient pacifiés avant d’entrer dans la Forteresse Astride, nous avons des bracelets et des cuves. »

L’elfe noir regarda Swan et compris qu’elle était impuissante dans cette situation. Cependant cette histoire de bracelet et de cuve, ne lui inspirait pas confiance. Pour tout dire Charlie n’avait pas vraiment l’intention de se laisser « pacifier ». Le golem vint se présenter face à lui avec un grand sourire, et tendis devant des sortes de menottes dorées.

« Vos mains s’il vous plaît ! »

Charlie jeta un œil autour de lui, la zone était vaste mais remplie de golem. S’il se rebellait il avait bien peu de chance de réussir à s’enfuir, encore moins de tous les tuer. Il regarda Laïaga du coin de l’œil, lui non plus n’avait pas l’air tout à fait d’accord avec l’idée d’être menotté à peine arrivé…
Que faire ?...
Trois options s’offraient à lui. La première : se laisser faire tout simplement. Mais ce serait prendre le risque de se faire tuer sans pouvoir réagir. Ces bracelet devait être bien plus dangereux que de simple menottes, sans même parler de ces cuves. Le terme « pacifier » en disait long à lui tout seul. Et puis, il ne représentait rien pour ce Nielo, celui-ci ne jugera peut-être jamais intéressant de le dé-pacifier…
Non c’était beaucoup trop miser sur le hasard…
La deuxième option était de se battre. Charlie ne doutait pas que Laïaga se battrait aussi. Dandelo se joindrait certainement à eux. Mais avaient-ils une chance de gagner ? Quarante golems… ça représentait un sacré défi. Et même s’ils gagnaient, ce Nielo en aurait certainement encore beaucoup d’autre sous la main, ils ne pourraient pas lui échapper indéfiniment.
Les cuves ont donc peu de chance d’être évitées, mais les pouvoirs de gardien de Charlie évoluant dans leur monde sans l’entrave de l’ancien langage, ne manqueraient pas de lui donner un peu plus de crédits aux yeux de leur geôlier, et ainsi d’assurer sa survie… Un temps au moins.
Mais l’effet de surprise produit par de tels pouvoirs pourrait être leur seul moyen d’échapper à l’emprise de Nielo et de retrouver Lise. Si les génésiens le sous-estime, ils feront peut-être une erreur que Charlie ne manquerait pas d’exploiter…
Comment faire ?...


- Les menottes déjà ? Aurais-je commis le moindre crime ?

Ne pas tout dévoiler. En montrer juste assez pour titiller la curiosité de Nielo.
Tout les nerfs et les muscles de Charlie étaient sous haute tension, prêt à réagir au quart de tour. Il utiliserait ses pouvoirs de gardien uniquement à l’intérieur de son propre corps, en utilisant les micros stimuli électriques qui lui permettaient de booster sa vitesse. Ainsi de l’extérieur ses pouvoirs ne paraîtraient pas. Pas d’éclairs, ni de mouvements d’air impossibles.


- Bon… Je suppose que je n’ai pas tellement le choix…

Charlie jeta un regard vers Laïaga, puis fit mine de tendre ses poignets pour se laisser menotter. Seulement il avait toujours son bâton en main, et d’un geste plus rapide qu’aucun autre elfe ne pourrait l’exécuter, il porta un coup de son arme vers la tempe du golem. Ce dernier, même surpris par la vitesse d’exécution du coup, réussit à se téléporter à temps, mais la n’était pas le but de l’attaque. Pendant que le premier golem échappait à la portée du bâton, la lame qui en faisait une faux apparut d’elle-même. Charlie prolongea le coup jusque derrière lui, comme s’il voulait frapper dans le vide. Mais ainsi qu’il s’y attendait, un golem voulant certainement le neutraliser au plus vite se téléporta dans son dos et reçu le coup de plein fouet. Charlie ne prit même pas le temps de vérifier s’il fut mortel ou non. Il fonça sur le côté en longeant la falaise, la lame de sa faux fendant l’air autour de lui pour repousser les lames éthérées des golems.

Le gardien ne doutait pas une seule seconde d’être capturé s’il ne se battait pas au maximum de ses capacités. Mais il lui fallait préserver le secret de ses pouvoirs de gardien encore quelque temps !
Le golem qui s’était enfui avec Lise avait certainement dû rapporter à ses maîtres les performances de Charlie durant leur combat. Ces derniers savaient certainement qu’il possédait un certain potentiel magique. Mais ce qu’ils ne savaient pas, c’est que ce potentiel n’était aucunement lié à l’Ancien langage, et qu’il en avait donc toujours le plein contrôle même ici.
En se battant ainsi, il se montrait comme un guerrier exceptionnel et certainement comme l’être le plus vif et rapide d’Alagaësia, ce qui devrait être au moins suffisant pour attirer l’attention d’un homme de pouvoir comme Nielo. Mais il leur prouvait en plus, par l’absence de témoignage magique, qu’il était diminué en ces terres. Cela lui permettrait, du moins il l’espérait, de les prendre par surprise le moment venu. Aucun de ces golems, insensibles à la magie, n’était capable de déceler les infimes pulsions magiques dans les muscles de l’elfe noir. Seule Swan, en l’analysant avec attention, le pourrait peut-être.

Charlie virevoltait en tout sens pour esquiver les assauts incessants des golems. Certain qu’on le priverait de ses armes, une fois capturé, il les manipulait ici comme si c’était la dernière fois qu’elles verseraient le sang. Il voulait qu’ils se souviennent de la morsure de sa lame, avant qu’ils ne la lui prennent. De la même façon qu’ils craindront le pouvoir de l’Améthyste, lorsqu’ils se rendront compte qu’il leur est impossible de l’arracher à son Gardien.
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 14 Aoû 2013 - 10:32


Laïaga reconnut la terre rouge et rocailleuse de ce coin du monde où il s'était déjà rendu. Le vent qui soufflait ici était plus chaud, plus abrasif, que celui de Teirm quand ils avaient quitté la ville portuaire. Étrangement,contrairement à ce que Swan avait expliqué,il n'y avait nul avant-poste genèsien, rien que la plaine rouge et ocre, et une dalle de marbre noir totalement incongrue au milieu de ce paysage désertique, ornée du même... symbole que celui qui était gravé dans la cale du bateau.
Pas un pentacle. Laïaga l'aurait reconnu il en était certain, il en avait vu et utilisé suffisamment au cours de sa vie, même si cela remontait maintenant à longtemps. Pourtant ça en était indéniablement proche. Laïaga était absorbé par cet artefact, cette magie inconnue, essayant de se remémorer les mots et les gestes de Swan avant qu'ils ne soient transportés. Elle avait pris son médaillon à deux mains. Mais quant à ce qu'elle avait dit ; impossible de s'en souvenir. Les mots s'étaient noyés dans la brume blanche du sortilège.
Dandelo fut lui beaucoup plus prompt à remarquer le trouble de la jeune femme. Bien que sa confiance en elle se soit franchement effritée depuis qu'ils avaient appareillé, il ne pouvait s'empêcher de ressenti une certaine empathie envers Swan. Et là, apparemment, elle avait l'air plutôt désemparée. Dandelo en déduisit qu'il allait se tenir prêt à sortir les armes. Puisque d'une façon ou d'une autre, toute cette affaire tendait vers un dénouement dans un bain de sang.
Et, pour une fois, ça ne le dérangeait pas plus que ça.

-Que se passe-t-il Sw...

Une brusque souffle d'air coupa le bretteur dans sa question, faisant voler son manteau de couleurs assemblées. Le golem se protégea le visage d'un bras. Laïaga lui ne cilla même pas, trop occupé à observer le phénomène qui se déroulait devant leurs yeux.
Une quarantaine de golems surgirent du néant, presque simultanément, remplissant de leur présence intangible et froide la plaine auparavant déserte et la vaste dalle de marbre. Cela fait beaucoup de golems, nota pour lui-même le maître dragonnier avec une certaine pertinence.

-Bienvenue Astride Swan, fit le dernier golem, apparu juste en face de la jeune femme.
-Enchanté de vous rencontrer aussi, cher confrère ! tenta Dandelo en faisant une révérence au golem, mais personne ne fit attention aux pitreries de l'épéiste.

Le golem et l'Astride – quoi que cela puisse vouloir dire – conversèrent quelques instants comme si leurs si puissants hôtes n'étaient pas là, bien que ceux-ci soient pendus à leur bouche. La dernière phrase du golem fit tiquer Laïaga.

-Nielo a demandé que vos amis soient pacifiés avant d'entrer dans la forteresse Astride, dit-il.
-Euh...commença Laïaga.
-Nous avons des bracelets et des cuves.
-Ah bon...

Laïaga avait parlé d'un ton sombre. Il jeta un regard aux dispositifs que les golems avaient emmené avec eux. Un frisson lui remonta l'échine. Il se souvenait très bien de son séjour comme prisonnier du Nomins Ageati et de la camisole. Et il n'avait aucune, mais vraiment aucune envie de réitérer l'expérience.

-Vos mains s'il vous plaît ! fit le golem à l'attention de Charlie, un grand sourire sur le visage.

Et Laïaga commença de réfléchir à la meilleure manière de lui enfoncer ce sourire profondément dans le visage. Il commença à élaborer, planifier, avec l'aisance née d'une longue habitude car comme si souvent au cours de sa vie il se retrouvait dans son élément de prédilection : un champ de bataille.

-Les menottes déjà ? Aurais-je commis le moindre crime ?

Est-ce qu'il pourrait compter sur le soutien de Dandelo ? Le golem regardait la scène avec un air éteint, comme si tout cela ne le concernait pas. Plus car il essayait de se plonger dans le calme et de se préparer pour le combat que par un quelconque désintérêt, mais ça Laïaga ne pouvait pas le savoir. Quand bien même il se fichait d'être « pacifié » – il ne faisait aucun doute que la Genèse ne tarderait pas à le réveiller pour se servir de son formidable pouvoir – il ne doutait pas une seconde que Laïaga se rebelle. Et quand la merde commencerait à voler, plus personne ne se soucierait de qui avait versé le premier sang.

-Bon... je suppose que je n'ai pas tellement le choix...

Charlie jeta un regard à Laïaga. Tendit les bras pour se laisser menotter. Et explosa.
A partir de ce moment toute la scène ne devint qu'un immense flou entrecoupé d'éclairs métalliques. Le golem qui avait tendu les menottes à Charlie réussit à s'enfuir mais un autre reçut un coup alors qu'il se téléportait dans le dos de l'elfe. Un nuage de gravats animé par Laïaga s'éleva du sol pour être propulsé toute azimut, assez fort pour briser les os de ceux qui seraient trop lents à réagir. Dandelo disparut et reparut juste en face du golem qui portait les menottes d'or, un terrible rictus déformant son visage d'ordinaire paisible, et au moment où il sortait de nulle part une nuée d'épées diaphanes le suivait, assaillant le golem et ceux qui l'entouraient de milliers de coups. Dandelo avait une de ses lames dans chaque main et tournoyait, virevoltait, dansait sans cesser de frapper, feu-follet bondissant d'adversaire en adversaire pour revenir toujours au même, celui qui avait présenté les menottes dorées.

-IL SUFFIT !

Laïaga étendit les bras en croix, bien droit au milieu du socle de marbre.Il y eut un instant de flottement, et puis les golems furent projetés en arrière, laissant un moment de répit aux trois compères. Les golems avaient beau être insensible à la magie, un souffle de vent, même mû par la magie, les renversait comme n'importe qui.

-JE SUIS VENU ICI CHERCHER DES REPONSES A MES QUESTIONS ! reprit-il toujours de la même voix tonitruante que la magie amplifiait.

Son petit coup d'éclat ne leur avait donné qu'une fraction de seconde de répit. Une fraction de seconde où il devenait le centre d'attention de tout le champ de bataille. Il fallait maintenant conserver cette attention. Même si ça impliquait quelques légers mensonges.

-Des réponses, et rien d'autre. Vous désirez m'emprisonne ? Très bien. Mais...

Laïaga tendit les deux bras devant lui. Un mince sourire se dessina sur son visage, guère plus avenant que celui de Dandelo.

-...personne n'y a réussi avant vous, et personne ne réussira. D'une façon ou d'une autre je vous anéantirai. Ou bien laissez-nous vous suivre de notre plein gré,comme nous sommes venus jusque là de notre plein gré.

C'était idiot bien entendu, il n'espérait pas particulièrement qu'ils acceptent, d'autant que Laïaga était venu pour terminer ce qu'il avait commencé avec les Résurectionnistes... Il espérait juste pouvoir profiter de cette diversion pour tuer le chef des golems. Se rapprocher de lui, ne serait-ce qu'un tout petit peu... Ce dernier s'attendrait à un piège. Mais il ne s'attendrait certainement pas à ce que son adversaire manipule le temps. Il ne s'attendrait pas à ce que son adversaire soit trop rapide pour lui....
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 14 Aoû 2013 - 12:56



Swan baissa la tête. Nielo se méfiait-il au point d’utiliser de tels moyens pour trois individus après avoir détaché une compagnie de golems ? Ça n’avait aucun sens, il voudrait probablement leur parler pour se faire une idée de leur utilité ou de la menace qu’ils pouvaient représenter. Il serait donc forcé de les sortir de leur stase à un moment un autre. Le danger que pouvait représenter leur pouvoir serait donc repoussé mais bel et bien existant. Or Nielo n’était pas homme à repousser au lendemain un évènement comme celui-ci à moins d’avoir de solides raisons.

Peut-être avait-il découvert tout le stratagème. Sinsirrin aurait-il parlé ?

Non impossible. Et pourtant, Nielo portait son coup là où ça fait mal et ce que Swan avait amené comme un atout dans sa manche risquait de lui supprimer ses chances. Car si Laïaga et Dandelo étaient sous contrôle, son utilité à elle s’en retrouvait réduite. Elle ne serait plus indispensable et Nielo aurait tout le temps de trouver une histoire pour ses prisonniers pendant que ceux-ci barboterait dans le liquide jaunâtre des cuves de stase.

Oui, il avait dû penser à ça dès le début. Elle pensait détenir les meilleurs appâts pour faire venir Laïaga et Dandelo ici, mais en réalité Nielo s’était servie d’elle-même comme appât. Et maintenant qu’elle avait rempli son rôle il ne s’encombrerait pas plus longtemps d’une initiée du Rieur.

Swan releva la tête pour prendre la parole mais ravala ses mots quand l’inconnu attaqua le golem. Les mouvements s’enchaînèrent à une vitesse incroyable et en l’espace d’une seconde la falaise de la Sigre se transforma en un champ de bataille d’une rare intensité.
L’elfe était comme paralysée, elle n’arrivait même pas à focaliser son attention sur une des silhouettes tant les combattants évoluaient de manière saccadée, alternant des déplacements quasi-instantané à des coups d’une violence extrême. Bien qu’effectués avec une rapidité incroyable, ces attaques semblaient s’étaler face à la vitesse des mouvements qui les précédaient, comme si le temps ralentissait juste au moment fatidique.

« IL SUFFIT ! »

Swan sursauta et se tourna lentement vers Laïaga qui continua de parler. Amplifiée par la magie, sa vibrait et semblait résonner dans la poitrine de l’Astride. Quand il eut fini, le silence régnait et seuls les nuages de poussière soulevés par l’escarmouche venaient perturber l’immobilité générale. On entendit le sifflement léger d’une lame tranchant l’air et l’une des vagues de brouillard roux se dispersa brusquement, révélant la silhouette du golem qui menait la compagnie. Il arborait toujours le même sourire et ne semblait pas blessé après avoir pourtant encaissé les attaques successives du dragonnier et de Dandelo. L’arme qu’il tenait était pointée vers le sol, laissait une large fenêtre d’attaque sur sa personne. C’était presqu’une invitation.

L’elfe balaya la scène du regard. Tous les golems ne s’en tiraient pas à si bon compte. Aucun ne semblait gravement touché, mais plusieurs d’entre eux étaient marqués de coupures sanguinolentes. Leur leader était peut-être un golem de cette nouvelle génération créée par la Genèse !

L’Insolent, comme le nomma mentalement Swan faute de connaître son véritable nom, releva sa lame et la rangea dans un fourreau caché sous sa cape grossière. Il tourna le dos à Laïaga et fit quelques pas avant de se pencher en avant pour ramasser les bracelets dorés avec une lenteur délibérée. Autant d’ouvertures… Il cherchait probablement à provoquer une attaque de la part des Alagaësia et les surprendre par sa réactivité.

Il se redressa et se tourna vers Laïaga mais avant qu’il n’ait fait le moindre pas, Swan s’avança.

« Moi, Astride Swan des Grands-Vents je vous ordonne de nous escorter jusqu’à la Forteresse. Je dois encore interroger mes invités et ce sera impossible s’ils sont dans une cuve. Même les bracelets peuvent altérer la conscience.
- Vous n’avez pas…
- Je n’ai pas de compte à te rendre, mais à Nielo seul. Et s’il désapprouve mes actes j’en assumerai les conséquences.
- J’en payerai aussi le prix, souffla le golem entre ses dents. »

Il fronçait les sourcils, pour la première fois il semblait se renfrogner. Cela fit plaisir à Swan qui lui servit un sourire glacé en lâchant avec douceur :

« Et si tu n’obéis pas, c’est moi qui te le ferai payer. Elle tira son pendentif et reprit : Tu crois vraiment qu’on m’aurait laissée sortir seule des Grands-Vents sans un Arsenal ? »

Le golem eut un mouvement de recul, le visage déformé par la surprise et la colère :

« VOUS N’AVEZ-… Il s’interrompit et un rictus étira ses lèvres. Du bluff. »

Swan soutînt son regard mais ne lâcha pas un mot. Il avait à moitié raison. On lui avait bien donné un Arsenal, crées par la Genèse, ces armes se consumant après avoir asséné l’attaque pour laquelle on les avait conçues. On lui avait refusé l’Arsenal à son départ mais elle avait pu voler une de ces armes avant de partir, et l’économiser jusqu’ici. Une seule. Ce n’était pas assez pour combattre la compagnie, un golem de nouvelle de génération pourrait même y échapper. Mais pas un garde de la compagnie. Et un simple golem serait suffisant comme démonstration.

D’un geste sec, elle arracha le médaillon à son cou et, le tenant dans le creux de sa main gauche et se concentra pour capter son pouvoir. Elle ressentit le tressaillement familier et s’agrippa à cette sensation, tirant peu à peu la puissance hors de l’artefact. Ce dernier s’enveloppa de la même lumière blanche qui les avait amenés sur la dalle de marbre.
Sous les yeux ébahit du golem, Swan posa sa main droit par-dessus puis l’écarta brusquement, tirant du bijou lumineux une barre de lumière qui semblait sans consistance. Comme si elle tenait dans sa main un rayon qu’elle aurait arraché au soleil. Puis, sans la moindre hésitation, l’elfe lança la manifestation magique en direction d’un des subordonnés de son interlocuteur. L’arme franchit la distance qui les séparait à une vitesse vertigineuse. Elle le suivit même lorsqu’il tenta de se téléporter pour échapper à sa trajectoire. Et finalement elle le transperça. De fils de la même lumières que larme se déployèrent depuis le point d’impact. Comme les tentacules d’une anémone impitoyable ils s’enroulèrent autour du garde qui hurlait. Il fut bientôt intégralement recouvert et la lumière se dissipa peu à peu sans laisser la moindre trace du corps. Comme s’il n’avait jamais existé.

La manifestation se dissipa. Les dents serrées, le golem lança :

« Ils n’entreront pas aux Grands-Vents sans entrave.
- Nous n’y seront pas avant la fin de la journée, lâcha Swan en haussant les épaules. Elle se détourna de l’Insolent pour s’adresser à tous. En route ! Ordonna-t-elle.
- Très bien. Athéna m’en aurait voulu de toucher leurs jolis minois avant elle. »

Swan lui jeta un regard noir et le golem éclata de rire. Avant de se retourner, il lança avec force les menottes, visant le visage du drow qui avait attaqué le premier. Ce dernier saurait très certainement l’esquiver, il avait fait montre d’une adresse remarquable. Mais Swan espérait qu’il ne réponde pas à la provocation. Elle avait réussi à leur faire gagner du temps. S’il relançait les hostilités, le mensonge de Swan serait éventé et le combat ne s’arrêterait pas avant qu’ils soient emprisonnés ou qu’ils parviennent à exterminer une compagnie de quarante golems. Moins un.


HRP : Swan préférerait l'éviter, mais après si vous voulez continuer de vous battre libre à vous. C'est cool ça tourne bien ! I love you
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Charlie To'ü Kour

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Charlie To'ü Kour
Sciocide Récidiviste
Message Sujet: Re: La Genèse - | Mar 20 Aoû 2013 - 19:11



Rarement une bataille n’avait pu paraître plus chaotique. L’elfe noir et le bretteur virevoltaient au milieu des golems de façons similaires. Ils sciaient le champ de bataille de leurs lames, se trouvant à la fois partout et nul part. Aucun golem ne semblait pouvoir les atteindre. L’un parce que ses pouvoirs et son talent était largement supérieur à celui de ses frères. L’autre parce que sa rapidité et sa connaissance du combat lui permettait d’anticiper chaque mouvements de ses adversaires. Les autres golems apparaissaient et disparaissaient sans cesse, pointillant la scène de leurs silhouettes éphémères. Pour un œil extérieur, il y aurait de quoi devenir fou.

- IL SUFFIT !

Une vague d’air propulsa tout les golems à terre une seconde, juste assez pour que Laïaga retienne l’attention. Charlie remercia intérieurement le maître dragonnier. On lui avait dit que les golems étaient insensible à la magie, mais pas tout à fait apparemment… En réalité ils étaient insensibles à toute forme de magie qui les affecterait directement. Si cette magie affecte un élément externe, qui viendrait ensuite les frapper, les golems y sont sensible comme tout le monde. Ses dons de Gardien seraient donc bien plus efficace qu’il ne l’avait prévu.

- JE SUIS VENU ICI CHERCHER DES REPONSES A MES QUESTIONS !

Sa voix amplifiée par magie résonnait dans toute la plaine, impossible d’y échapper. Charlie reporta son attention vers les golems autour de lui, il en avait blessé un bon nombre mine de rien, mais aucun sérieusement.

- Des réponses, et rien d'autre. Vous désirez m'emprisonner ? Très bien. Mais... personne n'y a réussi avant vous, et personne ne réussira. D'une façon ou d'une autre je vous anéantirai. Ou bien laissez-nous vous suivre de notre plein gré, comme nous sommes venus jusque là de notre plein gré.

C’était un peu présomptueux comme requête, et pourquoi prendraient-ils la peine d’obéir. Les menacer de tous les anéantir… ça devait leur faire une belle jambe.
Le golem qui semblait diriger la troupe, sortit d’un nuage de poussière rouge. Tout dans sa démarche montrait qu’il était absolument sûr de lui. Après les courts combats précédents, pas mal de golems (surtout ceux blessé par la faux de l’elfe noir), n’affichait pas vraiment la même fierté. Il tourna le dos aux Alagaësiens pour aller ramasser ses menottes dorées. Tant d’ouverture c’en était presque insultant, se croyait-il à ce point supérieur ?
Même si le golem cherchait sûrement à les piéger, Charlie fut tenter de répondre à la provocation… Mais en libérant tout son pouvoir cette fois.


« Moi, Astride Swan des Grands-Vents je vous ordonne de nous escorter jusqu’à la Forteresse. Je dois encore interroger mes invités et ce sera impossible s’ils sont dans une cuve. Même les bracelets peuvent altérer la conscience. »

L’elfe qui les avait accompagné jusqu’ici sembla enfin sortir de sa torpeur. Pendant qu’ils se battaient elle était restée comme pétrifiée. Comme si tous ses plans s’écroulaient sous ses yeux. Mais grâce au petit coup de pouce de Laïaga elle sembla reprendre le dessus.

« - Vous n’avez pas…
- Je n’ai pas de compte à te rendre, mais à Nielo seul. Et s’il désapprouve mes actes j’en assumerai les conséquences.
- J’en payerai aussi le prix »

Un grand sourire illumina le visage de l’elfe noir. Elle lui avait enfin cloué le bec ! Apparemment le titre d’Astride élevait Swan plus haut que tout ces golems. Quelques soient les ordres qu’ils avaient reçu, tant que le titre de l’elfe n’était pas contesté, ils n’avaient d’autre choix que d’obéir si elle leur donnait un ordre direct. Du moins c’est ce que Charlie pensait comprendre.

« Et si tu n’obéis pas, c’est moi qui te le ferai payer. Elle sortit son pendentif pour le présenter aux yeux de tous. Tu crois vraiment qu’on m’aurait laissée sortir seule des Grands-Vents sans un Arsenal ? »

La réaction du golem fut bien plus exagérée que ce à quoi Charlie s’attendait. Pris d’un sérieux doute il cria au bluff. Sans se démonter, Swan déclencha le processus. Elle arracha son médaillon et le tint dans le creux de sa main. Une lumière blanche semblable à celle qui les avait amené jusque ici apparut alors, et de son autre main elle en arracha un grand trait lumineux. Choisissant sa cible, elle jeta alors le trait comme une lance, et le sort fila droit vers un des golems. Se dernier tenta de se téléporter pour esquiver le sort, mais ce fut impossible. Le javelot de lumière le suivit à la trace, avant de le transpercer et de l’avaler dans un grand éclat blanc. Lorsque le sort fut terminé, il ne restait plus rien du golem. Pas même une miette.

* Je veux un des ces trucs…* Pensa Charlie pour lui-même

« Ils n’entreront pas aux Grands-Vents sans entrave.
- Nous n’y seront pas avant la fin de la journée. En route ! Ordonna-t-elle.
- Très bien. Athéna m’en aurait voulu de toucher leurs jolis minois avant elle. »

Sans que Charlie ne comprenne vraiment pourquoi, le golem éclata de rire. La manifestation magique précédente avait été suffisante pour le faire obéir, mais il restait quand même étonnamment sûr de lui. Si on menaçait Charlie de tourner un tel sort vers lui, il ferait bien moins le fier…
Avant de se retourner, le golem lança les menottes dorées droit vers le visage du gardien. Charlie tendit le bras et attrapa les menottes à quelques centimètres de son visage. Il aurait aussi bien pu les esquiver sans difficulté, le golem le savait. Ce n’était qu’une provocation de plus, à laquelle l’elfe noir répondit de son plus beau sourire.


* Je te tuerais. *

Charlie observa les menottes un instant. Il était au bord de la falaise, à quelques centimètres à peine. Aucun golem ne se trouvait derrière lui… Peut-être que…

* ça vaut le coup d’essayer… *

L’elfe noir fit sautiller les menottes dans sa main droite. Il faisait mine de les observer en mimant le dégoût. Puis il se retourna vers le précipice, et jeta les menottes dans le vide… Du moins c’est ce qu’il voulait que les golems voient. En réalité il avait rapidement caché les menottes dans sa tunique. Le léger éclat doré que les quelques golems tourné vers lui aurait pu apercevoir, provenait de deux pièces d’or.
Charlie se retourna alors, comme s’il était content de s’en être débarrassé. Il était à peu prêt sûr que les golems était tombé dans le panneau. Par contre Laïaga et l’Astride, tout deux sur le socle en marbre, n’aurait pas pu louper la scène. Le regard bleu profond du gardien se tourna vers celui de l’elfe, comme s’il attendait qu’elle avance pour les suivre. Mais ce regard était plutôt une interrogation. Allait-elle le dénoncer, ou son initiative pourrait-elle servir ses desseins ?



HRP : Voualou. Désolé pour l'attente, j'ai de la famille qui vit chez moi 24h/24 en se moment c'est difficile de trouvé un moment pour écrire :/
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Laïaga

Dirigeant du Cam Serarna

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Laïaga
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Lun 26 Aoû 2013 - 1:25


Je sentais une tension inhabituelle grandir en moi tandis que le golem se baissait, me tournant le dos, pour récupérer les menottes dorées tombées par terre. J'avais appris à repousser la peur, au fil du temps. Oh il m'arrivait bien sûr de m'inquiéter, déjà, l'idée de la mort ne m'emplissait pas de réconfort et il était difficile de l'oublier quand on se battait. Et puis il y avait toujours les enjeux du combat, les gens que j'essayais de protéger, mais tout cela je faisais avec.
L'angoisse sourde qui m'étreignait tandis que je regardais le golem accomplir ces gestes délibérément lents était toute autre. « Si tu rentres dans cette cuve, tu n'en sortiras jamais » chuchotait une petite voix vicieuse dans ma tête.

-Moi, Astride Swan des Grands-Vents je vous ordonne de nous escorter jusqu’à la Forteresse.

La voix de Swan, tranchante, coupa net le golem tandis qu'il revenait vers moi. Je ne comprenais pas tout ce dont ils parlaient, mais je fus immensément soulagé de la tournure que prenaient les choses. Ça nous aurait fait une belle jambe, de décimer une compagnie de golems et de nous retrouver tous les quatre perdus au milieu de cette plaine désertique incapables d'accomplir ce pourquoi nous étions venus.

-...sans un Arsenal ? fit Swan.

Je tiquai au son de ce mot. Un arsenal ? Qu'est-ce qu'elle entendait par là ? Je suivis avec attention, une fois de plus, les gestes de la jeune femme qui arracha le collier qu'elle portait autour du cou et le tendit devant elle. Il ne se passe rien pendant quelques instants, puis une lumière blanche, crue, commença de sourdre du pendentif, illuminant la main de l'Astride et la faisant disparaître dans un halo indistinct.
Les golems étaient incapables de ressentir la magie, et quant à Charlie je n'avais aucune idée de ce qu'il pouvait déceler de ce petit manège, mais je pouvais ressentir assez distinctement la puissance qui allait croissante au creux de la main de la jeune femme. Ce n'était pas sa propre puissance qu'elle insufflait au pendentif, c'était l'inverse, elle l'en extrayait. Ç’aurait été un enchantement somme toute banal, si la quantité d'énergie qui se dégageait n'avait pas été si phénoménale.
Du pendentif rayonnant de pouvoir, Swan tira une tige, de la même lumière blanche qui entourait sa main. Qu'elle projeta sans préavis sur un des golems qui nous entouraient. Le projectile de lumière fusa presque au-delà du visible, visant le golem, négociant un virage impossible quand le golem se téléporta plus loin, pour finalement atteindre sa cible. Le golem disparut dans des hurlements un enchevêtrement de tentacules lumineuses après que l'arme étrange se soit enfoncée en lui.
Je frissonnai en regardant le spectacle. Voilà un arsenal inquiétant dont disposait Swan. Un sortilège que j'aurais été bien incapable de reproduire, une fois de plus, et ce n'était pourtant pas faute d’expérience dans le domaine. Mais de combien de munitions pouvait bien disposer son arsenal ? Car après tout, si la puissance du sort toute entière venait de l'artefact, alors il ne pouvait pas être illimité en termes de nombre d'utilisations.
La puissance incroyable requise par le sort ne prouvait rien en soi, avec beaucoup de temps et de talent, on pouvait condenser de très grandes quantités d'énergies dans de toutes petites gemmes. Le fait que Swan ait attendu le dernier moment pour exhiber cet atout de taille, en revanche, m'incitait à penser qu'elle ne devait pas avoir un très grand nombre d'utilisations en réserve. Peut-être même qu'elle venait de griller l'unique possibilité qu'elle avait d'utiliser cette arme dans un gros coup de bluff ? Non, non c'était idiot. Swan était clairement venue nous chercher personnellement, Dandelo et moi. Ceux qui la mandataient connaissaient bien notre puissance, et s'ils lui avaient donné une arme, il y avait au moins une munition pour chacun d'entre nous. Et probablement plus. Je misai sur trois utilisations restantes de l'Arsenal.

-Ils n'entreront pas aux Grands-Vents sans entraves, fit le golem, mais le ton de sa voix indiquait clairement qu'il avait déjà cédé.

Coup de bluff ou pas, cela avait été suffisamment efficace pour effrayer une arme vivante qui n'avait pas sourcillé à l'idée de nous combattre tous trois, Dandelo Charlie et moi. Il faudrait que je pense à ramener un de ces pendentifs en Alagaësia...
Le golem et Swan échangèrent encore quelques mots que je ne compris pas vraiment – qui était Athéna ? – puis le premier éclata de rire tandis que la seconde le foudroyait du regard. Il détendit brusquement le bras et jeta les menottes dorées au visage de Charlie. Ce dernier les rattrapa au vol sans difficulté, il les observa longuement, d'un air dégoutté.
Puis fit un truc particulièrement culotté, en enfournant les menottes magiques dans les manches de sa tunique tout en faisant semblant de les jeter à l'eau. Le tour de passe-passe était exemplaire, et de là où étaient les golems, ils n'avaient sans doute pu se rendre compte de rien.

<><><><><>

Dandelo, lui, en tout cas, ne se rendit compte de rien. Ses épées magiques disparaissaient tout juste quand le chef de troupe envoya les menottes au visage du drow. Le temps qu'il se rapproche de ses compagnons, toute l'action était terminée.
Il en profita pour faire un pied-de-nez au golem en passant devant lui.

-Alors, pas trop déçu l'ami ? Il va falloir attendre un peu pour nous mettre en cage !

Il eut un petit rire un peu forcé, puis fit une révérence qui elle aussi manquait de naturel devant Swan.

-Et bien, c'était une manière assez spectaculaire de lui clouer le bec ! commenta-t-il, surveillant le chef des golems du coin de l’œil pour voir comment il réagissait à ses piques. Peut-être un peu radicale, comme, on dirait, tout ce que tu entreprends dernièrement, continua-t-il, mais cette fois plus bas et d'un ton plus sérieux.

Dandelo brûlait de demander à Swan ce qui était arrivé depuis l'opération Pamplemousse Pressé, et comment la commandante de l'Alliance qu'il avait connue alors pouvait être devenue... et bien... une tueuse de sang-froid, il fallait bien le dire. Est-ce que le temps avait émoussé le souvenir qu'il gardait d'elle, l'embellissant au passage ? Il en doutait. Swan avait changé.
Mais il n'avait pas eu l'occasion de parler à la jeune femme en privé. C'était peut-être le moment, il allait profiter qu'elle les interroge pendant le trajet.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: La Genèse - | Lun 26 Aoû 2013 - 10:19



Swan ne releva pas le manège du Sombre et préféra prendre la tête de l'expédition. Au moins pour le début du trajet, il fallait qu'elle puisse réfléchir avant d'entamer les discussions avec les trois invités. S'isoler avec eux pour discuter à l'écart des golems ne serait pas un problème mais il fallait qu'elle prépare son discours. Elle ne pouvait pas leur dévoiler trop d'éléments sans risque de perdre la prise qu'elle avait sur eux. Il fallait donc qu'elle gagne leur confiance sans leur livrer trop d'information. Il fallait leur donner un sujet de réflexion, un sujet qui la placerait naturellement dans leur camp. Ce ne serait pas facile mais il fallait le faire.

Laissant le première place à un autre golem elle se laissa rattraper par le reste de peloton. Les gardes la dépassaient sans un mot, ni même un regard. Seul l'Insolent sembla s'intéresser à elle mais un regard de l'Astride suffit à le faire avancer sans détour. Elle attendit d'être à hauteur de Dandelo et étendit sa conscience jusqu'à effleurer celle des deux autres. Elle s'adressa à l'épéiste de manière à ce que personne d'autre que lui ne puisse l'entendre. Mais son esprit faisait un écho muet à ses paroles, de sorte que les deux dragonniers écoutent.

« Éloignons-nous du groupe, commença-t-elle, ils penseront que je t'ai écarté pour que nous puissions discuter comme je l'avais promis tout à l'heure. Mais nous parlerons de la stratégie adopter et je transmettrai notre conversation par pensées à Charlie et Laïaga. »

Elle croisa le regard azuré du golem et baissa les yeux.

« Je sais que je te dois beaucoup d'explications, dit-elle en gardant son esprit muet afin que seul Dandelo entende ces mots, mais il y a plus urgent pour l'instant. Liv compte sur nous. »

Elle avait volontairement employé le nom que la jeune femme portait quand elle l'avait connue et non celui qu'elle se prêtait maintenant : Lise. Elle voulait vérifier si la mémoire du golem avait été affectée comme celle de son amante.
Comme prise par une soudaine émotion, elle leva une main comme pour caresser la joue du jeune homme bariolé mais suspendit son geste avant de laisser retomber son bras le long de son corps.

« Je pense qu'ils nous arrêteront dès que nous arriverons à la Forteresse, reprit-elle en s'adressant au trio cette fois-ci, en agissant vite nous parviendrons peut-être à faire une percée et à entrer dans les Grands-Vents en faussant compagnie à notre escorte. L'entrée se fait par le biais d'un portail magique dont il faudra détruire la structure en entrant afin d'éviter d'être suivis. Je prendrais soin de modifier notre destination afin que nous n'arrivions pas à l'accès où nous serons attendus.
Nous devrons évoluer dans la forteresse aussi discrètement que possible jusqu'à rejoindre l'Armurerie où sont entreposés les Arsenaux. Après la démonstration que j'ai pu vous faire, je suis certaine que vous ne douterez pas de leur utilité.
»

Elle fit une pause et jeta un coup d’œil à l'Insolent qui marchait en tête à présent.

« Nous aurions pu commencer par chercher Lise, continua-t-elle, mais ils l'ont peut-être déplacée depuis mon départ et c'est sûrement auprès d'elle qu'ils nous attendent. Les Arsenaux nous permettront d'avoir assez de puissance pour faire trembler le pouvoir en place et réveiller la rébellion lancée par un golem, Sinssirin, surnommé le Rieur. Avec une telle agitation, Nielo sera obligé de diviser ses forces et nous pourront profiter de cette diversion pour secourir Lise. »

C'était beaucoup d'informations à digérer. Swan le savait et elle s'attendait à une avalanche de question mais leur conciliabule fut interrompu par l'arrêt de la colonne. L'elfe leva les yeux vers la tête du peloton et distingua une silhouette inconnue. Elle s'approcha à grands pas et reconnu le sceau de Nielo sur la cape du nouveau venu.

Mais ce n'était pas lui, non, juste un membre de sa garde spéciale. Un deuxième golem de nouvelle génération.

***

Lise était immobile, allongée au milieu de sa cellule elle avait les yeux rivés vers le plafond quatre mètres plus haut. Un fine ouverture était pratiquée à ce niveau élevé et laissait passer la seule lumière de la geôle. Il s’agissait d’un mince filet lumineux mais les murs blancs le reflétaient assez intensément pour qu’il dispense la pièce d’un pâle éclairage. Mais au niveau de la trouée on distinguait les reflets jaunes de rayons de soleil et, à force de les fixer, Lise en sentait presque la caresse chaleureuse.

Elle savait pertinemment que le soleil ne se jetait pas directement dans sa cellule. Swan lui avait expliqué qu’un réseau de conduits habillés de miroirs permettait d’éclairer n’importe quelle pièce de la forteresse. Lise avait aussitôt songé à en faire une voie d’évasion, mais elle dû rapidement abandonner : bien que large, la fente n’était haute que de trois pouces. Même en admettant qu’elle parvienne à se hisser jusqu’à l’ouverture, Lise ne pourrait jamais s’y faufiler. Elle se contentait donc de l’observer, tâchant d’imaginer un ciel au-delà des murs de sa prison immaculée.

Swan était partie maintenant. Je vais vite revenir et tout s’arrangera avait-elle dit avec un grand sourire. Lise détestait se sourire, elle détestait cette elfe qui disait la connaître et lui racontait des histoires qu’elles auraient vécues ensembles, des histoires proprement impossible puisque Lise n’avait pas quitté Teirm avant que Myad ne l’en sorte. La belle ne savait pas à quoi jouait sa ravisseuse. La réponse importait peu en réalité, Lise était coincée de toute manière et à chaque fois qu’elle s’interrogeait elle ne parvenait qu’à exciter sa haine contre l’Astride. C’était ainsi que l’appelaient les gardes. Un titre étrange que la jeune femme n’avait encore jamais entendu juste avant.

Swan était partie et la prisonnière n’avait pas reçu la moindre visite depuis son départ, à l’exception des gamelles qu’on lui glissait par une trappe deux fois par jour. Lise avait commencé par bouder cette nourriture, craignant qu’on y dissimule quelques drogues ou quelques poisons. L’elfe lui démontra le contraire et plutôt que de s’entêter dans le jeûne la blonde avait commencé à s’alimenter.

Soudain, un cliquetis se fit entendre. Lise se leva d’un bond tandis que la porte de la cellule pivotait. Un homme entra. Ses paupières étaient si resserrée qu’il donnait l’impression d’être un dormeur, un somnambule qui serait arrivé ici au gré de son rêve. Son visage état vide de toute expression, partagé entre l’indifférence et l’ennui. Ses vêtements eux-mêmes n’étaient marqués d’aucun signe distinctif d’un statut quelconque, en dehors peut-être d’une ceinture munie d’une boucle d’or. Et pourtant tout disait qu’il était important. Son port, son maintien, sa droiture. Il claqua la porte d’un geste sec et se tourna vers la prisonnière.

« Je m’appelle Nielo. »

Ses paupières s’ouvrirent un peu plus, dévoilant des yeux d’un bleu si vif qu’il semblait artificiel. Sa bouche s’étira en un sourire. Il s’approcha de la jeune femme qui tenta de se débattre lorsqu’il se saisit d’elle. Peine perdue, il avait une poigne de fer et des jours d’inactivités avaient engourdi le corps de la belle. Il la saisit à la gorge d'une main et la souleva sans effort. Il la regarda s’agiter quelques secondes. Insensible aux coups de pied et aux griffures qu'elles lui infligeaient.
Il la lâcha finalement et lui asséna une gifle de l’autre main, avec assez de force pour que la jeune femme s’écrase contre le mur adjacent avant de s’écrouler au sol. Elle saignait du nez et de la lèvre supérieure, sa poitrine agitée peinait à reprendre son souffle.

« Ce n’est pas contre toi. » Dit-il d’une voix douce avant de lui flanquer un coup de pied dans les côtes.

D’un geste lent il défit sa ceinture et la tendit avec tant de délicatesse qu'on aurait pu confondre son application avec de la tendresse. Il la fit claquer un coup sec entre ses mains puis il frappa. Encore et encore.
La boucle d’or traçait des sillons sanglant sur sa victime.
Et autant de hurlements de douleur.


***


Swan s’arrêta à bonne distance du golem qui venait d'apparaître. C’était prévisible, Nielo avait dû prendre des mesures pour éviter que son autorité soit bafouée. Swan avait espéré ne pas rencontrer cette réponse avant d’arriver au Grands-Vents, mais la forteresse n’était pas encore visible. Plus inquiétant, Nielo n’avait envoyé qu’un seul golem alors qu’il n’avait pas hésité à envoyer une compagnie entière quelques heures plus tôt. Il devait pourtant se douter que même le plus puissant de ses golem n’atteignait pas le niveau de Dandelo, et encore moins celui de Laïaga.

L’envoyé défi la boucle de sa cape d’une seule main. Le vêtement tomba, révélant la silhouette élancée du golem et la large vasque qu’il portait. Cette dernière était d’un blanc nacré et seul un saphir l’habillait, serti dans un anneau d’or au fond de la bassine remplie d’eau claire. Swan ne pouvait évidemment pas le voir à cette distance, mais elle avait déjà vu des récipients semblables et connaissait parfaitement leur utilité.

« Approchez. » ordonna-t-elle à l’attention des trois invités pendant que le nouveau venu posait la vasque à même le sol.

Elle s’arrêta à un pas de la vasque,  s’accroupit et tendit la main. Elle suspendit son geste à quelques pouces de la surface de l’eau, projeta son esprit jusqu’à la gemme bleue et déclencha le sort qu’elle contenait avant de se redresser. L’eau s’anima d’une onde avant de s’élever doucement. Elle ne montait pas d’un seul bloc mais semblait s’étirer, jusqu’à former un rideau, comme une vitre aqueuse de la taille d’un bouclier.

Le reflet s’agita un instant, sembla se brouiller et peu à peu une image se dessina. Des formes, des couleurs, une silhouette et bientôt un visage anguleux aux yeux mi-clos. Son visage légèrement tacheté de rouge. De toute évidence, des gouttes de sang avait éclaboussé son visage. On en voyait en plus grand quantité sur sa main droite qui tenait fermement une lanière de cuir elle-même imbibée. La vitre aqueuse était trop petit pour qu’on puisse voir ce qui pendant à l’autre bout du ruban sanglant, mais aux vues du sourire qu’arborait l’homme, il semblait évident que ce n’était pas son sang qui l’avait ainsi éclaboussé.

« Bienvenue à la Genèse, dit-il d’une voix moqueuse, je suis Nielo. »

Il les observa quelques secondes et son sourire s’élargit quand il reprit :

« Vous devez comprendre que sur ces terres votre volonté ne fait pas figure d’autorité, contrairement à la mienne. J’ai décidé que vous ne rentrerez pas dans les Grands-Vents hors de ces cuves et il n’en sera pas autrement. Je ne doute pas de votre détermination ou de votre puissance, pas plus que je ne tiens à vous blesser, j’ai donc dû trouver un meilleur argument pour vous faire plier. Un argument percutant, n’est-ce pas ma belle ? »

Un gémissement difficile lui répondit. Une voix altérée par la souffrance mais que tous pourraient peut-être reconnaître.

Comme si ça ne suffisait pas, Nielo leva le bras, soulevant ce qui pendait au bout de sa ceinture. Dans un gargouillis étouffé, Lise apparut sur la surface de de l’eau, pendue par le cuir qu’on lui avait passé autour du coup pour mieux la traîner. Une Lise couvertes d’écorchures, de coupures et de contusions. On ne pouvait s’attarder sur une blessure pour en examiner la gravité, l’œil était aussitôt happé par une plaie voisine et continuait son parcours erratique suivant les blessures sur le corps de la jeune femme. Elle-même n’était agitée que par sa respiration irrégulière et ne cherchait même pas à se redresser. Le sang coulait abondamment glissant sur sa peau blanche et goûtant de ses cheveux, de son menton et de ses doigts comme l’eau qui déborde d’une gouttière.

Swan eut un hoquet et tomba à genoux et dut faire un effort pour ne pas cracher de bile.

« Tant que vous ne serez pas dans ces cuves, acheva Nielo, je continuerai de m’occuper de la douce Liv. »

Cette dernière ouvrit brusquement les yeux, posant son regard bleu et écarquillé sur les Alagaësiens. Son œil gauche était injecté de sang, mais ses iris conservaient la même teinte bleue d’une profonde pureté. Elle tendit un bras et voulu dire quelques chose, mais le cuir étrangla les mots avant qu’ils ne sortent de sa bouche. Des larmes coulèrent de ses yeux et se mêlèrent au sang qui barbouillait déjà son visage.

Puis le reflet disparut brutalement et l’eau retomba dans la bassine sans un bruit.

Derrière le groupe, l’Insolent ouvrit une paire de menotte dorée avec un claquement sec.

Le silence survécut quelques secondes de plus, comme si l’auditoire guettait l’écho d’un cri de la jeune femme.

Mais rien.
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Charlie To'ü Kour

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Charlie To'ü Kour
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Mar 10 Sep 2013 - 22:18




La manoeuvre de l'Astride sembla soulager non seulement l'elfe noir mais tout le petit groupe. Ce combat, quel qu'en soit la conclusion, ne leur aurait apporté que plus d'ennui. Charlie marcha à la suite des autres, mais se plaçant tout de même légèrement en marge pour pouvoir garder un oeil sur un maximum de golems. Ils étaient tout de même vraiment nombreux.
Son petit tour de passe avait semble-t-il fonctionné. Aucun golem ne semblait s'être rendu compte de quoi que ce soit et l'elfe, si elle s'était aperçu de quelque chose, n'avait pas protesté. Il ne savait pas vraiment à quoi elles pourraient lui servir, mais son instinct lui dictait de les conserver. Peut-être se retrouverait-il un moment désarmé et ces menottes pourraient lui permettre de prendre son adversaire par surprise... Qu'importe l'utilisation qu'il en ferait, c'était un atout potentiel.

Charlie sentit une conscience effleurer la sienne. Etant donné qu'il ne pouvait s'agir que de Laïaga ou de l'Astride, il laissa ses barrières se dissiper doucement. Les sonorités mélodieuses qu'il ressentit alors lui confirmèrent qu'il s'agissait de l'elfe. Il les écouta un instant, comme si chaque notes pouvaient lui en apprendre d'avantage sur elle, avant que le son d'une voix ne vint les dissiper.


« Je pense qu'ils nous arrêteront dès que nous arriverons à la Forteresse. En agissant vite nous parviendrons peut-être à faire une percée et à entrer dans les Grands-Vents en faussant compagnie à notre escorte. L'entrée se fait par le biais d'un portail magique dont il faudra détruire la structure en entrant afin d'éviter d'être suivis. Je prendrais soin de modifier notre destination afin que nous n'arrivions pas à l'accès où nous serons attendus.
Nous devrons évoluer dans la forteresse aussi discrètement que possible jusqu'à rejoindre l'Armurerie où sont entreposés les Arsenaux. Après la démonstration que j'ai pu vous faire, je suis certaine que vous ne douterez pas de leur utilité.
»

* Ce plan me semble * ...complètement foireux... *pas si mal.*

Il y avait beaucoup trop de variable à prendre en compte pour qu'un tel plan réussisse comme il était prévu. Cette armurerie était certainement très bien gardée. Et si elle contenait des arsenaux qu'ils pourraient récupérer, cela impliquait que les gardes en cas de besoin pourraient tous aussi bien y avoir accès...

« Nous aurions pu commencer par chercher Lise, mais ils l'ont peut-être déplacée depuis mon départ et c'est sûrement auprès d'elle qu'ils nous attendent. Les Arsenaux nous permettront d'avoir assez de puissance pour faire trembler le pouvoir en place et réveiller la rébellion lancée par un golem, Sinssirin, surnommé le Rieur. Avec une telle agitation, Nielo sera obligé de diviser ses forces et nous pourront profiter de cette diversion pour secourir Lise. »

* En toute honnêteté...* Les yeux de l'elfe noir se posèrent sur l'Astride, bien qu'elle se trouvait loin devant lui. * Je n'ai que faire de votre rébellion.*

Si c'était ça son plan : les utiliser pour soulever une rébellion. Alors elle allait être déçue... Charlie était ici pour une seule raison. Et contrairement à ce que Swan semblait penser, une rébellion ne serait certainement pas un bon moyen de secourir Lise... La fille de l'eau était encore prisonnière et s'il se sentent menacé par une rébellion extérieur, la sécurité en serait double. Au contraire se faire passer pour mort (bien que plus compliqué) serait largement plus efficace.

* Je doute sincèrement qu'ils nous laissent soulever tout le pays tranquillement alors qu'ils ont Lise entre leur mains. Plus vite nous l'aurons trouvé et mieux ce sera, mais je ne la laisserais pas encourir de tels risques... *

Leur discussion fut interrompue par l'arrêt de la colonne. Charlie vit Swan se précipiter vers l'avant pour aller à la rencontre de quelqu'un. Il était trop loin pour voir s'il s'agissait de quelqu'un d'intéressant, et décida alors de remonter la colonne pour s'approcher. L'absence d'esprit pour accompagner cette manifestation lui confirma qu'il s'agissait encore d'un golem, mais pourquoi un seul ? Si Nielo était déjà au courant de leur résistance, pourquoi envoyer qu'un seul golem alors qu'ils avaient su tenir tête à toute une unité ?
Le golem détacha sa cape d'une main, révélant sa silhouette et une sorte de grande bassine qu'il tenait dans l'autre main. Le dragonnier s'arrêta net. Après qu'on lui ai parlé de cuve, de menottes, et qu'il ai vu ce dont étaient capables les arsenaux, il n'avait pas l'intention de se tenir plus prêt d'un de leurs objets tordus. Il ne s'approcha plus près que parce que l'Astride le leur demanda. La bassine contenait un liquide clair laissant transparaître un saphir cerclé d'or. Swan approcha sa main de la vasque pour en déclencher le sortilège, l'eau s'étira alors de manière étrange jusqu'à former un rideau bien lisse devant eux. Leur reflet se brouilla peu à peu jusqu'à ce qu'une autre image ne vienne le remplacer. Un homme au visage sec et aux yeux mi-clos se tenait devant eux. Il était couvert de tâche rougeâtre facilement identifiable comme étant du sang, et arborait un sourire malsain.


« Bienvenue à la Genèse, dit-il d’une voix moqueuse, je suis Nielo. »

Nielo... Les yeux de l'elfe noir scrutèrent ce nouveau personnage analysant tout ce qui pouvait l'être sur cette simple vision.

« Vous devez comprendre que sur ces terres votre volonté ne fait pas figure d’autorité, contrairement à la mienne. J’ai décidé que vous ne rentrerez pas dans les Grands-Vents hors de ces cuves et il n’en sera pas autrement. Je ne doute pas de votre détermination ou de votre puissance, pas plus que je ne tiens à vous blesser, j’ai donc dû trouver un meilleur argument pour vous faire plier. Un argument percutant, n’est-ce pas ma belle ? »

Un gémissement se fit entendre ... Un gémissement que Charlie aurait reconnu entre mille... Il regarda la ceinture imbibée de sang remonter doucement... Il ne voulait pas la voir... Il ne voulait pas voir cette crinière blonde entrer depuis le bas de l'apparition. Il ne voulait pas revoir ce visage qu'il avait côtoyé jour pour jour pendant des mois... Pas maintenant, pas au bout de cette ceinture... Pas comme ça...

Chaque centimètre semblait avoir été frappé, lacéré, par la boucle de cette ceinture qui la pendait par le coup. Le sang semblait s'échapper de chaque pores de sa peau... Et Nielo souriait, se délectait de la douleur de ces géants de puissance qui sombraient face à la cruauté de ses actes.


« Tant que vous ne serez pas dans ces cuves, acheva Nielo, je continuerai de m’occuper de la douce Liv. »

La fille de l'eau ouvrit brusquement les yeux. Son regard se posa sur eux comme s'il voulait les agripper ... Elle tendit la main vers eux, essaya de dire quelque chose, puis l'apparition prit fin...

Lise...

Lise...

...


- ...Gyu

L'Améthyste bouillonnait contre sa poitrine. Elle bouillonnait contre son coeur...
Lise... Incarne toi...
Incarne toi fille de l'eau...
Déchaîne toi Gyu...
...
Montre donc l'exemple...Nux.


Une puissance... Une puissance sourde, énorme, monta à l'intérieur de Charlie. Grondant comme le tonnerre. Le regard du gardien était fixe… ampli de douleur… Il regardait encore là où se trouvait l’apparition quelques instants plus tôt. Ses iris bleu profond se givrèrent, s’éclaircirent, pour atteindre des teintes de glaces, tant sa concentration pour ne pas éclater était grande.
Il en rêvait, la foudre l’attisait, le frappait de sa folie pour le faire céder. Il voulait exploser… Tous les pulvériser dans une tempête de vent et d’éclairs… Briser le ciel de cette terre et en déchaîner la fureur sur ceux qui osaient fendre l’eau de leurs lames écarlates. Il devait montrer la voie à sa sœur, qu’elle aussi déchaîne sa douleur… Que chacune de ses plaies soit autant d’océans s’abattant avec fureur sur le monde des hommes.

Un gémissement s’échappa de sa gorge tandis que ses mains se mettaient à trembler. Que pouvait bien voir les golems à cet instant ? Ils ne devaient rien comprendre… Ce n’était rien d’autre qu’un faible pris de spasme étrange à la vue de son amie mutilée. Pouvaient-ils ressentir ce que Laïaga et Swan ne pouvaient ignorer à un tel instant ?


* …Stop…*

~Cède ... Cède donc...~
Non.
~Brise les…Brise les tous~
Non.
~Tu dois la sauver…Tu dois lui montrer…~


- Non.

La tension commença à redescendre. Le Gardien ferma les yeux et expira longuement. Les muscles de ses mains cessèrent de s’agiter, son pouls se calma peu à peu. Il baissa la tête et détendit tous ses muscles, alors que la puissance qui quelque instant plus tôt émanait de lui et de l’Améthyste, s’évaporait.
Il ne pouvait pas s’incarner… Il n’avait pas le droit de céder. Lise en subirait les conséquences… Il n’avait pas le choix.

Les yeux de l’elfe noir se rouvrirent, toujours teinté de givre. Il tourna la tête vers Swan, la regardant dans les yeux pour y lire une véritable douleur quand au sort de Lise. Puis vers Laïaga, se demandant ce qu’aurait fait le dragonnier s’il avait cédé une deuxième fois.

Charlie se redressa et se tourna vers le golem qui tenait une autre paire de menottes ouverte. Une fois enfilée il ne pourrait plus se défendre contre de telles entités… Ils lui prendront sûrement ses armes. Peut-être trouveront-ils aussi les menottes cachées dans sa tunique... Mais personne ne peut arracher une pierre originelle à son Gardien.
Nux tendis alors les poignets, se demandant comment réagiront les génésiens quand ils se rendront compte qu’une simple Améthyste mettra en échec tout leurs efforts et, une fois son Gardien réveillé, tout leur monde.

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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: La Genèse - Les ombres s'allongent (Ep. Charlie) | Jeu 12 Sep 2013 - 0:49



Swan ferme la porte avec douceur et s'y adossa. Elle tremblait, le souffle court. Lentement baissa les yeux pour contempler ses mains, couvertes de sang. Ce n'était pas le sien. La plupart des traînées étaient coagulées, mais certains filets gouttaient à chaque vibration. Déjà profondément atteinte par les atrocités que Nielo avait fait subir à Liv, elle avait du dépenser beaucoup d'énergie pour la soigner. Agitée par un frisson plus fort que les autres, l'elfe ne parvînt plus à retenir ses larmes et se laissa glisser le long de la porte sanglotant. Pour soigner son ancienne amie, Swan avait dû faire l'inventaire détaillé de toutes ses blessures. Nielo savait combien ce serait dur, combien ça l'affecterait, autrement il ne lui aurait jamais permis d'apporter des soins à sa victime.

Il était impitoyable.
Swan se jura de le voir mort avant le lendemain.

S'essuyant le visage d'un revers du bras, elle se releva et après un dernier lourd regard vers la porte où Liv dormait profondément, partit d'un pas rapide dans le dédale des couloirs. Elle ne devait pas perdre de temps. Elle rejoignit ses quartiers et se changea rapidement, échangeant sa tenue de voyage contre des vêtements souples et légers. Une armure complète ne serait d'aucune utilité face à la puissance des golems, il fallait donc privilégier la mobilité. Elle sangla sur son poignet l'ingénieux brassard que lui avait conçu Balgorf de longues années auparavant. Elle en fit coulisser la lame à plusieurs reprise pour s'assurer de l'absence de frottement puis s'enveloppa dans un de ces larges manteaux que les golems prenaient pour patrouiller dans le désert. Il ne s'agissait en réalité qu'une large pièce de tissus cousu de manière à offrir une simple ouverture capuchonnée pour la tête. Le reste la couvrant jusqu'en dessous des genoux. Elle en prit un autre qu'elle dissimula sous celui qu'elle portait et repartir dans les couloirs.

Les Grands-Vents constituaient un véritable labyrinthe pour ceux qui ne les connaissaient pas. Swan elle même avait eut besoin d'une année entière pour en apprivoisé les quartiers principaux, et il lui arrivait encore de se perdre dans certains recoins peu fréquentés. Cette fois-ci elle savait exactement où elle allait. Elle avait répété son trajet mentalement des dizaines de fois depuis que l'Insolent lui avait narquoisement décrit comment il avait placé « ses chers amis » en détention.

Lui aussi serait mort demain.

L'excitation la saisit lorsqu'elle arriva en vue de la porte qu'elle cherchait, et du golem qui la gardait. Un seul golem pour le Tueur d'Ombre. Bien sûr, d'après le rapport de Goran, il n'avait pas été capable de le vaincre seul. Aucun golem n'avait pu sentir la puissance qui avait afflué en lui devant le miroir communiquant. Devant les blessures de Liv. Aucun golem n'avait pu rapporter ce fait à Nielo et celui-ci avait finalement péché par excès de confiance. Laïaga et Dandelo étaient sans doute les deux plus grands dangers qu'on ait laissé pénétré dans les Grands-Vents. Il les avait enfermé dans la même sale que la personne qu'il craignait le plus : Sinsirrin. Tous les trois baignaient dans leur cuve, au centre d'un pièce surveillée par une douzaine de golems.

Trop pour Swan, trop pour Charlie. Mais ensemble, qui sait ?

« Stop, lança le golem quand Swan fut à sa hauteur, Nielo a ordonné que tu ne l'approches pas.
- J'ai un parchemin prouvant le contraire, répondit l'intéressée en se parant d'un large sourire, un contre-ordre qui porte son sceau. »

Elle fit mine de chercher dans sous son manteau et attaqua sans prévenir en faisant pivoter la lame de son brassard à une vitesse fulgurante. Le golem fit preuve d'une réactivité non moins impressionnante  et parvint à l'arrêter en saisissant son poignet. Son regard courroucé croisa celui de Swan qui n'avait pas quitté son sourire. Elle décela dans ses yeux une lueur de compréhension juste au moment où elle ne déclanche une tempête de lame d'air juste autour d'elle.
Comme l'avait montré Laïaga, les golems n'étaient pas sensibles à une magie direct, mais des éléments physiques déchaînés à l'aveuglette pouvait les toucher. Elle s'était arrangé pour qu'il soit juste à côté d'elle avant de déchaîner son pouvoir qui éclaboussa les murs de son sang tout en éparpillant son corps et ses membres dans le couloir.

Tout s'était passé en l'espace de quelques secondes. Elle ouvrit la porte et entra dans une large cellule blanche, trois fois plus grande que celle de Liv. Au centre trônait la cuve et Charlie, le Tueur d'Ombre, baignait toujours dans le liquide jaunâtre. Swan savait qu'en brusquant son réveil elle risquait de provoquer de lourd troubles dans son esprit, qui l'handicaperaient pendant des heures, et pourraient même laisser des séquelles. Elle devait faire ça en douceur.

Elle s'approche de la cuve et posa une main contre la paroie de verre. C'était chaud. Elle prit une grande inspiration et ferma les yeux en projetant sa conscience vers celle du Sombre.

*Réveille-toi Charlie, lançait-elle, reviens à toi doucement. Concentre toi sur l'empreinte de mon esprit pour que je puisse te tirer de la stase.*

Elle continua de lui parler mentalement, de l'encourager. Elle le tira doucement de sa torpeur jusqu'à parvenir à réveiller sa conscience.

*C'est normal que tu ne puisses pas bouger, expliqua-t-elle, le liquide te paralyse. Liv va bien, j'ai pu la voir et j'ai soigné toutes ses blessures mais je n'ai pas pu faire plus. Pas toute seule, je ne suis pas assez forte. J'ai besoin de toi Charlie. Nous devons la sortir de là.*

Elle avait toute son attention maintenant elle en était certaine. Elle lui transmit ce qu'elle voyait actuellement, la pièce et la cuve où ils se trouvaient. Ainsi il ne serait pas désorienté lorsqu'elle le sortirait de la cuve.

*Prêt ?* Demanda-t-elle.

Elle compta mentalement jusqu'à trois et d'un sort brisa la glace. Le liquide se déversa dans toute la pièce. Seule l'immersion totale entraînait la paralysie. Maintenant qu'il était en contact avec l'air libre, Charlie pouvoit à nouveau bouger. Swan s'approcha de lui et usant à nouveau de sa magie, brisa les bracelets dorés qui l'entravaient encore.

« Si nous voulons avoir une chance, dit-elle gravement, il nous faut des Arsenaux. Tu vas devoir me faire confiance, tu n'as pas le choix. Allons-y. »

Elle fit volte face et sortit de la pièce par là où elle était entrée, marchant dans la flaque écarlate qui s'étalaient dans le couloir où s'était tenu le golem quelques minutes plus tôt.
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Laïaga

Dirigeant du Cam Serarna

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Laïaga
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Jeu 12 Sep 2013 - 20:01


Dandelo regarda Swan se rapprocher de lui, l'air de bien, laissant la troupe de golems la dépasser.

-Éloignons-nous du groupe, fit la jeune femme.

Dandelo la regarda avec circonspection. Il n'arrivait toujours pas à décider de ce qu'il pensait de Swan, de ce qu'elle était devenue. Une tueuse, déjà, et au service de la guilde de grands malades qui l'avaient créé. Que Laïaga avait censément détruite.
Mais en même temps elle ne semblait pas animée de mauvaises intentions. Dandelo s'était toujours targué de savoir jauger les gens, et il s'en sortait en général plutôt bien. Et là, Swan, qui avait l'air en aussi mauvaise position qu'eux, qui avait presque l'air de les avoir appelés à l'aide plutôt que de les avoir plus ou moins capturés, lui donnait l'impression d'être de son bord. Du côté des gentils. Car ils étaient les gentils dans cette histoire pas vrai ?

-Je transmettrai notre conversation par pensées à Charlie et Laïaga.

Dandelo hésita une seconde, et puis sa nature profondément fantasque qui avait un peu de mal à s'exprimer depuis le début de cette aventure reprit quelque peu le dessus.

-Je suis à vos ordres, ma dame, fit-il avec un sourire en coin, tout en effectuant une petite révérence un rien ridicule. Et puis, ça pourrait s'avérer très intéressant.
-Je sais que je te dois beaucoup d'explications, mais il y a beaucoup plus urgent pour l'instant.
-Ah ?
-Liv compte sur nous.
-Tu m'en diras tant... fit l'arlequin d'un ton ironique, sans se départir de son éternel sourire. Heureusement que tu es là pour la sortir du guêpier dans lequel elle s'est fourrée !

La remarque de l'elfe avait au moins le mérite de confirmer qu'elle, comme Dandelo et Laïaga, se souvenait de Liv de Sula, et pas seulement de la personne qu'elle était devenue... ou plutôt qu'elle n'avait jamais cessé d'être. Swan tendit la main vers son visage, comme pour le caresser, avant d'avorter son geste.

-En tout cas t'as intérêt à t'en sortir en vie, Swan... fit-il d'une voix plus basse.

*Bon sang tu t'es déjà pris un râteau une fois, et tu remets le couvert ?
-...ah, ça faisait longtemps, se dit Dandelo à lui-même.
-En plus on est venu sauver Liv, tu vas pas te mettre à draguer Swan non plus !
-...cette fois, je suis pas couvert de sang de zombie, se fit remarquer l'épéiste arc-en-ciel.*

Il partit d'un grand rire intérieur avec lui-même, sans trop écouter le plan de bataille que l'elfe exposait et se rendant compte qu'il éprouvait une espèce de complétude qui lui avait fait défaut depuis longtemps. Les dernières années l'avait usé et aigri. Changé. Un peu trop à son goût, il s'en rendait compte maintenant.

Laïaga, de son côté, marchait en retrait, plus près de Charlie que de Swan.

*Je pense qu'ils nous arrêteront dès que nous arriverons à la Forteresse, faisait la voix de la jeune femme dans sa tête.*

Le maître dragonnier l'écoutait leur expliquer que, grosso modo, ils allaient devoir foncer dans le tas en défonçant tout le monde. Bien que cela se remmène à ce qu'ils avaient commencé à faire à leur arrivée, sur la vaste dalle de marbre au bord d'une falaise, il fallait bien avouer que ça paraissait un peu... mince, pour mériter le nom de « plan ».

*Ce plan me semble pas si mal, fit la voix de Charlie.*

Complétement foireux tu veux dire ! pensa Laïaga à part lui.

*Nous aurions pu commencer par chercher Lise, reprit l'Astride, pour finalement leur dire qu'il valait mieux foncer droit vers les armes, histoire d'un peu mieux dérouiller tout le monde. *

Laïaga poussa un soupir, mais bon, pour sa part, il n'était pas vraiment venu secourir Liv. Ou Lise. Peu importait. La prisonnière avait bien assez de Charlie et de Dandelo pour retourner le monde entier, s'il le fallait, et la remmener au bercail. Même si le plan de Swan lui semblait bancal, il n'avait pas grand chose de mieux à proposer.
Au moins ce serait l'occasion de détruire une bonne fois pour toutes les Résurectionnistes. Ou la Genèse. Peu importait. Pour ça, ils ne seraient pas trop de trois, et il comptait bien terminer le travail qu'il avait commencé. Il se l'était promis.
Par ailleurs, le discours de la jeune femme lui donna à penser quant à la vraie raison de sa venue ici, au-delà de ces histoires de réponse à des questions, ou même du fait de renforcer la position de Swan dans la guilde.
Car en effet, si elle voulait une révolution, compter sur Laïaga Charlie et Dandelo pour la démarrer était certainement un assez bon plan... Il suffisait de les manipuler un petit peu, mais ça, elle avait l'air de très bien s'en sortir, n'est-ce pas ? Il ne dit rien cependant. Il était maintenant un peu trop tard pour faire machine arrière, n'importe comment, et puis il se doutait depuis le début que Swan devait bien servir ses intérêts personnels. Il écouta Charlie exposer son point de vue, décida qu'il était plutôt d'accord avec Swan, une rébellion serait une diversion plus qu'acceptable pour enlever l'ancienne chimère des griffes de ses ravisseurs.
D'ailleurs, c'est ce qu'il avait organisé lui-même, quand il avait fallu faire sortir Ellenwen des geôles de Dras Leona, après qu'il l'y eut enfermée. Un mince sourire sans joie se dessina sur les lèvres du dragonnier. Le souvenir était amer. Mais ça avait marché pour lui, il n'y avait pas de raison que ça ne marche pas pour Swan.

*Approchez, dit Swan finalement, coupant court à son conciliabule mental avec l'elfe noir.*

Dandelo, qui était resté près de Swan bien que ne prêtant pas une grande attention à sa discussion stratégique avec les deux dragonniers, regarda le nouveau venu s'approcher d'eux en haussant un sourcil. Il était enroulé dans une cape de voyage qui laissait deviner les contours de quelque chose de gros, qui n'avait pas l'air d'être une arme. En tout cas, ça n'en avait pas l'air.
Le golem, quand il fut assez proche d'eux, défit la boucle de sa cape, et dévoila une vasque en pierre blanche, remplie d'eau. Le sourcil de Dandelo se leva un peu plus haut encore. Laïaga fut pour sa part un peu plus prompt à comprendre de quoi il retournait, car il avait déjà eu l'occasion de voir ce genre de magie à l’œuvre.
Il ne fut donc pas étonné de voir, sur l'action de Swan, l'eau s'élever de son récipient, puis finalement une image s'y dessiner, celle d'un homme, le visage ensanglanté, et le sourire quelque peu dément. Il tenait une lanière à la main, mais l'angle de vue ne permettait pas de deviner ce qui se trouvait à l'autre bout. Sans doute quelque chose d'assez moche...

-Bienvenue à la Genèse, fit l'apparition, je suis Nielo.

Bingo, pensa Laïaga. Et il commençait à deviner ce qui allait suivre. Il sentit un frisson lui remonter le dos. L'homme continua son monologue destiné à les impressionner, qui ne devait sans doute pas perturber grand monde. Laïaga sentit sa conviction se renforcer sur les derniers mots de Nielo... « ma belle »... naturellement...
Laïaga ne fut donc pas étonné de voir une Liv ensanglantée et brisée pendre au bout du ruban de cuir. Il en fut tout de même retourné. Il était convaincu de ne pas venir pour elle ; il avait déjà fait beaucoup pour cette femme qui avait essayé de le tuer, et avait même été dangereusement proche de réussir, il ne lui devait pas de risquer sa vie à l'autre bout du monde pour la remmener chez elle.
Et pourtant quand il vit son corps qui ressemblait à une seule grande plaie sanguinolente il sentit une haine glacée le gagner. Le sang quitta son visage, le laissant livide, de marbre.

-Et bien, je vois qu'on s'est amusé, mon bon monsieur ! fit Dandelo d'un ton d'un détachement surprenant qui fit tiquer Laïaga.

Un sourire se dessinait sur le visage du bretteur bigarré, mais son sourire dévoilait un peu trop de dents pour que quiconque s'y laisse prendre.

-Quel courage quel force ! Non vraiment, il ne faut pas être la moitié d'un homme pour réussir ça !

Il se mit à applaudir doucement, son sourire toujours figé sur le visage.

*Tu espères lui faire peur ? se demanda Dandelo à lui-même. *

Il n'y eut pas de réponse.

-Tant que vous ne serez pas dans ces cuves, je continuerai de m'occuper de la douce Liv.

Les yeux de la jeune femme, de l'autre côté de l'écran d'eau, s'ouvrirent péniblement. Elle tendit faiblement la main vers les Alagaësiens. Dandelo fit mine d'attraper la main tendue. Puis l'image disparut, l'eau retomba dans la vasque. Dandelo poussa un soupir. Se retourna. Le chef des golems tenait une paire de menottes ouvertes et les fixait ; on sentait presque la jubilation exsuder de lui.
Le guerrier arc-en-ciel serra gentiment l'épaule de Swan, toujours à genoux, et se pencha près d'elle.

-Courage, ma belle, lui souffla-t-il en lui faisant un clin d’œil.

Il avait essayé de mettre dans ses mots plus d'assurance qu'il n'en éprouvait réellement, mais il n'était pas sûr d'avoir réussi. Quand il se releva pour s'approcher du golem aux menottes, Laïaga le devança, et sans mot dire, avec brusquerie, glissa ses poignets dans les bracelets et les referma lui-même. Dandelo le regarda d'un œil étonné.
Laïaga regardait droit devant lui, sans prêter attention aux golems, ou à Charlie qui luttait visiblement pour garder son calme (s'il y avait eu des appareils à mesurer la puissance magique ambiante, l'aiguille aurait sans doute fait plusieurs fois le tour du cadran avant de s'envoler).

-Allez, montre-la moi ta cuve, fit-il d'un ton grinçant.

Le golem ne se fit pas prier. Le dragonnier ne desserra pas les dents jusqu'à ce que le liquide visqueux emplisse ses poumons, et qu'il sombre dans le néant.
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Charlie To'ü Kour

Sciocide Récidiviste

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Charlie To'ü Kour
Sciocide Récidiviste
Message Sujet: Re: La Genèse - | Dim 15 Sep 2013 - 15:47




* Réveille-toi Charlie, reviens à toi doucement. *

Cette voix familière… Aussi loin qu’il s’en souvienne Charlie était incapable de dire ce qui avait pu précéder le son de cette voix. Naturellement en s’éveillant son esprit chercha à faire une connexion entre cette voix et les derniers évènements. Mais rien… Il se rappela la falaise, le combat. Le visage de Swan lui réapparu en tête, ainsi que Lise…

Lise…


* Concentre toi sur l’empreinte de mon esprit que je puisse te tirer de la stase. *

Où était-il ? Pourquoi ne ressentait-il plus rien ? Son dernier souvenir fut le moment où les golems le firent entrer dans une cuve remplie d’un liquide jaunâtre… Mais maintenant qu’on l’éveillait, cet évènement qui semblait être le dernier semblait aussi être particulièrement lointain. Comme si un trou étrange venait perturber le fil de sa mémoire…
Les humains définissaient souvent les songes de cette manière, s’était-il … endormi ? L’elfe noir n’ayant jamais rien connu d’autre que ses rêves éveillés, trouvait la sensation particulièrement désagréable. Comment les humains pouvaient-ils supporter d’avoir un trou dans le fil de leur mémoire pour chaque nuit ?


* C’est normal que tu ne puisses pas bouger, le liquide te paralyse.*

Voilà donc la raison de cette sensation étrange de non-corps. Le liquide le paralysait complètement, il ne pouvait pas même ouvrir les yeux.

* Liv va bien, j’ai pu la voir et j’ai soigné toute ses blessures mais je n'ai pas pu faire plus. Pas toute seule, je ne suis pas assez forte. J'ai besoin de toi Charlie. Nous devons la sortir de là. *

Pourquoi tout le monde s’obstinait à l’appeler Liv ? Pour avoir lu dans son esprit Charlie pouvait affirmer qu’elle était elle-même certaine de s’appeler Lise… Mais qu’importe, Liv ou Lise, la fille de l’eau se trouvait non loin et elle avait encore besoin de lui. Mais comment sortir ?
Une image lui parvint alors. L’on y découvrait une grande pièce blanche, vide de tout meuble, à l’exception d’une grande cuve en son centre. Le récipient était rempli d’un liquide jaunâtre dans lequel il se voyait lui-même flotter. C’était assez déconcertant de se voir en direct dans une position qu’on était incapable de modifier ni même de ressentir.


* Prêt ? *

Avant que Charlie n’ait pu comprendre ce qu’elle entendait par là, Swan compta jusqu’à trois et lança un sort qui brisa la glace. L’elfe noir se sentit tout à coup tomber à genoux au milieu de la cuve alors que le liquide paralysant coulait contre sa peau pour se déverser dans la pièce. La brutalité avec laquelle les sensations lui revinrent le glaça sur place. Tous ses membres engourdis lui firent mal, sa tête lui offrit un merveilleux mal de crâne, et surtout il était complètement gelé.
Les golems l’avaient fait plonger dans la cuve complètement nu. Son seul habit était ses menottes, que Swan s’empressa de briser.
Charlie ouvrit enfin les yeux et fouilla la pièce du regard, pour voir si ses affaires n’avaient pas été entreposées dans le coin, mais rien… Il fut tout de même presque surpris de découvrir l’Améthyste dans sa main droite. Les Génésiens n’avait pas pu arracher la gemme à son porteur, ils lui avaient prit le collier permettant de la porter. Mais l’Améthyste s’en était simplement détachée pour disparaître. Le Gardien n’était pas non plus certain qu’elle fût dans la vision que Swan lui avait envoyé.
Retrouvant enfin le contrôle de ses muscles, Charlie se redressa et s’avança vers Swan sans se soucier de sa pudeur ni des bouts de verres sur le sol. Il attrapa le vêtement qu’elle lui tendait et l’enfila. C’était une sorte de cape de voyage entièrement fermée sauf au niveau du visage, faites à partir de morceaux de tissus assemblés. Ce n’était rien de formidable mais sa valait quand même mieux que de se promener nu dans tout les grands-vents.


« Si nous voulons avoir une chance, dit-elle gravement, il nous faut des Arsenaux. Tu vas devoir me faire confiance, tu n'as pas le choix. Allons-y. »

L’armurerie alors… Avec un peu de chance Charlie y retrouverait peut-être ses propres équipements. Son armure ne valait pas grand-chose mais ses armes, faux comme épée, étaient d’une qualité rare et valaient une sacrée fortune. Les Génésiens auraient été bien stupide de se débarrasser d’un tel matériel. En attendant il n’avait que ses pouvoirs de gardien. Charlie serra bien fort l’Améthyste dans sa main droite, et se prépara à en faire usage de manière direct sur ses prochaines cibles.

- Je te suis. Allons donc chercher ces fameux Arsenaux.
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L'Aléa

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L'Aléa
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Message Sujet: La Genèse - "L'acier est mon corps" (Ep. Laïaga) | Dim 15 Sep 2013 - 17:43


• • • HRP • • •


Afin de te laisser introduire le sujet iRP avec la libération de Laïaga, j'ai dressé une liste des données dont tu pourrai avoir besoin pour faire ton post. Voici donc :

  • Laïaga et Dandelo se sont toujours enfermés dans leurs cuves respectives. Ces dernières ont été placées aux côtés d'une troisième cuve dans une large pièce ronde, haute de plafond et dont chaque paroie est d'un blanc immaculé.

  • La dernière cuve contient un individu à la peau mate et au cheveux d'un blanc cendré qu'ils ne connaissent pas. Ils peuvent - ou non - le libérer. S'il le font, il se montrera coopératif mais ne parlera pas beaucoup.

  • La toxine paralysante présente dans le liquide qui emplit les cuves ne fonctionnant que lorsqu'elle couvre la totalité du corps de sa victime, les prisonniers ont été plongés dedans nus afin d'assurer la stase.

  • En dehors des cuves, il n'y a rien dans la salle. Cette dernière ne possède n'est percée que d'une seule et unique porte, verrouillée. À l'extérieur, l'Inolent et une douzaine d'autres golems de seconde génération (plutôt costauds donc) montent la garde. On notera qu'ils sont là pour prévenir toute tentative de sauvetage envers les prisonniers, mais qu'ils ne s'attendent nullement à une attaque de ces derniers, puisqu'ils sont en stase.

  • Les golems de seconde génération peuvent conjurer jusqu'à vingt lames diaphanes et s'en servir indépendamment les unes des autres. Ils peuvent également se téléporter et avoir recours à un bouclier très solide qui les entoure comme une bulle (apparemment de la même "matière" que les lames). Ils ne peuvent pas conjurer à la fois leurs lames et le bouclier.

  • Swan ayant tout récemment libéré Charlie, il est possible qu'une alerte soit donnée sous peu et qu'une dizaine d'autres golems viennent en renfort pour défendre l'accès aux cuves. À toi de voir si tu veux que l'alerte intervienne avant, après ou pendant ton évasion.

  • La forteresse est un vrai labyrinthe, il est très difficile de s'y retrouver et les portes laissent rarement présager ce qu'elles cachent. Par exemple, ce qui ressemble à un placard à balais peut donner sur un vaste hall.

  • Dans les couloirs on peut croiser des golems, mais aussi des humains. Ces derniers sont des chercheurs de la Genèse, ils en savent long sur la magie et tout ça mais ne savent pas se battre avec.

Have fun ! What a Face 
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 18 Sep 2013 - 23:36


La cuve explosa.
Des débris de verre volèrent en pluie étincelante à travers la pièce ; le liquide ambré jaillit et éclaboussa les murs et les autres cuves ; Laïaga se redressa et prit une énorme inspiration. Il resta quelques instants ainsi, debout nu au milieu de ce qu'il restait de sa prison, les bras tendus, savourant sa liberté récemment recouvrée.
Le lien qui existait entre Laïaga et sa magie était très profond, plus que pour l'immense majorité des magiciens... plus même qu'ils ne l'imaginaient possible. L'expérience avait déjà montré par le passé qu'essayer de l'en isoler n'était pas une idée lumineuse.
Lentement, Laïaga descendit du piédestal que formaient les restes de sa cuve. Le liquide était censé le plonger dans le coma, et les menottes l'empêcher d'avoir recours à la magie. Mais la haine est un moteur puissant. Et le maître dragonnier était furieux.

-Et bien Nielo, murmura-t-il pour lui-même, on dirait qu'il est temps de te rendre la monnaie de ta pièce...

Entendre le son de sa propre voix lui fit du bien. Le convainquit qu'il n'était plus dans le monde intérieur où il avait réussi à protéger une étincelle de conscience, mais bien dans la réalité.
Qu'il avait gagné.
Laïaga se permit un petit rire.

Dandelo reprit connaissance avec la même brusquerie que si on l'avait réveillé d'un seau d'eau au visage. Il glissa au sol quand le liquide ambré de sa cuve s'écoula, et ouvrit les yeux pour découvrir un Laïaga entièrement nu penché au-dessus de lui.

-Debout l'ami, on va aller chercher ta Liv de Sula.

Dandelo se remit péniblement debout, crachotant un peu du liquide dans lequel il avait été plongé et qui s'était infiltré jusqu'au fond de sa gorge. Il essaya d'en nettoyer ses cheveux et se rendit compte que les menottes dorées entravaient toujours ses mains. Il considéra celles de Laïaga, qui pendait, visiblement inutiles, à ses poignets – la chaîne qui aurait dû les relier était brisée – puis lui présenta les siennes en les faisant tinter.
Laïaga attrapa les bracelets des menottes de Dandelo et tira dessus, sans effort apparent, pourtant les maillons de métal se distendirent et finirent par lâcher.

-Merci... fit Dandelo d'une voix qu'il trouva plus faiblarde qu'à l'accoutumée. Mais, on pourrait peut-être s'habiller, avant tout ?

Laïaga haussa les épaules.

-Avec quoi ? Il ont oublié de mettre une penderie quand ils ont meublé la chambre, on dirait...

Le golem n'insista pas, devant le ton mortellement sérieux de son ami. Il se contenta de hausser les épaules.

*Elle va bien rigoler, Liv, si on vient la sauver complètement à poil !*

Dandelo décida de s'ignorer.

*Et Swan alors ? Tu parles d'un héros ! Cette fois c'est pas du sang de zombie c'est une espèce de glaire jaune, renchérit son esprit d'un ton sarcastique.
-Oh ta gueule... On fait bien ce qu'on peut hein.*

-Et pour lui, on fait quoi ? demanda Dandelo en pointant du pouce la troisième cuve de la pièce, dans laquelle flottait un illustre inconnu aux cheveux blancs.

Ce fut au tour de Laïaga de hausser les épaules. L'expression de son visage laissait clairement entendre qu'il avait autre chose en tête que sauver qui que ce soit. S'il y avait eu des appareils à mesurer l'énergie magique ambiante dans la pièce, l'aiguille aurait sans doute fait plusieurs fois le tour du cadran avant de s'envoler rejoindre celle propulsée par la colère de Charlie un peu plus tôt.
Fort heureusement, les golems qui gardaient la pièce étaient insensibles à la magie, et Laïaga était aussi invisible pour eux qu'ils l'étaient pour lui.
Le dragonnier s'approcha de l'épaisse porte de bois, la seule ouverture dont disposait la pièce. Il y colla l'oreille. Dandelo de son côté se rapprocha de la dernière cuve, la contempla un instant, puis une unique lame diaphane apparut en l'air.

-Au fait...

La lame décrivit une courbe gracieuse ; pendant une seconde il ne se passa rien.

-Comment tu as fait pour te libérer en premier lieu ?

Puis le cercle de verre que le golem avait proprement découpé dans la cuve fut éjecté par la pression, suivit d'un jet de liquide ambré. Dandelo se rendit compte qu'il avait prévu une ouverture trop petite quand le corps du prisonnier inconnu resta coincé. Il fit la grimace en le voyant aplati contre le verre par le poids du liquide qui s'écoulait.

-J'étais pas totalement inconscient, répondit Laïaga, j'ai pu un peu préserver mon esprit, comme la dernière fois dans le repère du Nomins.
-Oh.

Dandelo était entrain de faire passer l'inconnu par le trou qu'il avait ménagé dans sa cuve. L'autre troussait et crachait, mais globalement il semblait en bon état.

-Et j'en ai profité pour rassembler des forces, doucement, jusqu'à pouvoir faire exploser cette merde.
-Mais, et les menottes ? T'aurais pas dû te retrouver plus ou moins au niveau du premier quidam venu, sans ta magie, ô puissant Tourmenteur ? Et, tu t'appelles comment l'ami ? continua Dandelo à l'intention de l'inconnu. Une petite tentative d'évasion, ça te tente ?

L'autre ne se montrait pas très loquace, mais au moins il ne manifesta pas l'envie de retourner dans sa cuve et qu'on le laisse tranquille.

-Ben, faut croire qu'elles marchent pas assez bien pour moi.

Laïaga jeta un coup d’œil rapide à l'inconnu.

-Un golem, fit-il remarquer.

L'autre, toujours aussi loquace, ne nia pas, mais ne chercha pas non plus à expliquer pourquoi le Genèse enfermait ses petites créations dans ces cuves ultra-sécurisées. Le golem, en tout cas, ne portait pas les menottes dont on avait affublé les Alagaësiens.

-Bon, fit le dragonnier en s'écartant de la porte, j'entends rien et je ne ressens rien. Ça a l'air vide de l'autre côté. On y va.

Et Laïaga, dans un plaisir presque orgasmique, put relâcher une partie de l'énergie qui bouillonnait en lui, alimentée par sa fureur et que la prison dont il sortait l'avait empêché de se servir. Une simple pensée, un simple effort de volonté, un grincement de métal torturé quand les verrous cédèrent, et la porte pivota sur ses gonds.
Pour dévoiler une vingtaine de golems sur le pied de guerre et qui leur tournaient le dos, gardant tous les chemins qui permettaient d'accéder à la cellule. Et au final, le groupe des fugitifs ne fut pas le plus étonné des deux.

-'Ça a l'air vide'... persifla Dandelo.
-La porte était épaisse, les sons devaient pas passer.

Les golems réagirent enfin, et l'air se mit à vibrer et onduler quand des dizaines d'armes éthérées sortirent de nulle part. Ils avaient été un peu long, mais il faut dire à leur décharge qu'ils venaient de voir trois types en tenue d'Adam jaillir d'une prison dont il était théoriquement impossible de s'évader en faisant exploser les verrous de l'intérieur. Perturbant non ?
Le déchaînement de puissance fut si important et brutal que le combat ne dura, finalement, qu'une poignée de seconde. En un instant, les innombrables armes magiques fonçaient sur les trois compères ; Dandelo en fit apparaître presque autant à lui seul, créant un instant de flottement anxieux parmi ses adversaires ; et Laïaga sans la moindre retenue fit s'effondrer le plafond voler des blocs de pierre et fuser des petites boules de pure énergie tous azimuts, son sabre de bois se téléporta dans sa main, le temps se plia à ses caprices, bref il sema le chaos comme il savait si bien le faire, en faisant mille choses à la fois.
Une poignée de secondes.
Le ciel perçait à travers une vaste brèche, des flammes léchaient la pierre en s'éteignant doucement, plusieurs murs s'étaient effondrés et dévoilaient les pièces adjacentes, des cratères plus ou moins profonds tapissaient le sol, et des dizaines de corps sans vie gisaient, démembrés, brûlés, brisés.
Une poignée de secondes, c'est tout ce que ça avait pris.
Laïaga était en sang, de profondes estafilades marquaient son corps, son sabre, dont les golems n'avaient qu'une ombre noire qui filait en tous sens, avait repris l'aspect d'une simple arme de bois. Lui aussi était couvert de sang, il en était gorgé.

-Allez, fit Laïaga d'une voix atone.

Quand il se mit à avancer il claudiquait, mais au fur et à mesure qu'il avançait le long d'un couloir dévasté, apparemment choisi au hasard, son boitement se fit de moins en moins marqué.
Dandelo resta quelques secondes à regarder le dragonnier avancer, et le champ de cadavre qu'il laissait derrière lui sans un regard. Il déglutit péniblement. Il était venu sauver Liv. Pas se livrer à une extermination. Mais ils n'avaient pas vraiment eu le choix n'est-pas ?

*T'es pas obligé de le suivre dans sa croisade.
-Non, mais je ne peux pas le laisser seul...
-Il a l'air de très bien s'en sortir, seul !*

Dandelo ne se répondit pas. Il avait au final passé plus de temps à essayer de protéger son ami qu'à vraiment attaquer les golems. Laïaga avait réussi à focaliser sur lui presque toute l'attention de leurs adversaires, et vu l'état dans lequel il s'en sortait, l'intervention de Dandelo n'avait certainement pas été superflue.
Mais il n'était pas sûr que ça en vaille la peine.

-Désolé les gars... murmura ce dernier, avant d'emboîter le pas au dragonnier.

Ils étaient toujours nus, mais étrangement, c'était maintenant beaucoup moins ridicule que quand ils étaient sortis de leur cellule. Dandelo se prit tout de même à regretter son éternel manteau de couleurs.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Dim 22 Sep 2013 - 15:33



Swan ralentit. Ils courraient depuis tout à l'heure, à longues et régulière enjambées. Elle s'était débrouillée pour éviter toute personne susceptible de les ralentir mais maintenant qu'ils arrivaient au coeur de la forteresse, les affrontements seraient inévitables. Elle s'arrêta au coin d'un corridor et, lentement, pencha la tête pour jeter un coup d'oeil furtif au couloir suivant.

Personne.

Elle se tourna vers Charlie et lui adressa un hochement de tête pour lui faire savoir que la voie était libre. Puis elle s'élança.

Il y eut un éclair et elle ressentit une vive douleur dans la gorge, devant elle venait d'apparaître l'Insolent. Swan voulut crier mais elle n'y arriva pas. Il lui avait tranché les cordes vocales. Du sang coulait sur sa gorge. Il y en avait trop peu, avait il raté ? L'autre sourit et fit apparaître une nouvelle lame dont la pointe transperça la gorge de l'elfe.

Tout c'était passé en quelques brèves secondes. Swan s'effondra et le golem attendit de lire la compréhension dans le regard de celui qui la suivait avant de passer à l'attaque.
Il disparut, laissant Charlie face à une demi-douzaine de lames diaphanes semblant être animées d'une volonté propre. Puis il réapparut derrière, armé de deux autres de ces armes pour lui asséner une attaque d'une violence impitoyable.



••• HRP !


  • Les golems de seconde génération (dont l'Insolent fait partie) peuvent conjurer jusqu'à vingt lames diaphanes et s'en servir indépendamment les unes des autres. Ils peuvent également se téléporter et avoir recours à un bouclier très solide qui les entoure comme une bulle (apparemment de la même "matière" que les lames). Ils ne peuvent pas conjurer à la fois leurs lames et le bouclier.

  • La forteresse est un vrai labyrinthe, il est très difficile de s'y retrouver et les portes laissent rarement présager ce qu'elles cachent. Par exemple, ce qui ressemble à un placard à balais peut donner sur un vaste hall.

  • Dans les couloirs on peut croiser des golems, mais aussi des humains. Ces derniers sont des chercheurs de la Genèse, ils en savent long sur la magie et tout ça mais ne savent pas se battre avec.

Sachant tout cela, je te laisse gérer ce combat comme tu l'entends, fais-toi plaisir ! Tue-le ou non, le choix t'appartient.

PS : des papillons bleus dans mon prochain post ! Razz


Dernière édition par Liv de Sula le Lun 21 Oct 2013 - 23:59, édité 1 fois
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Charlie To'ü Kour

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Charlie To'ü Kour
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Sam 28 Sep 2013 - 17:18




Un vrai labyrinthe...

La forteresse dans laquelle ils se trouvaient n'était qu'un enchevêtrement incompréhensible de couloirs et grands halls. Swan les fit entrer dans ce que l'elfe noir aurait pris pour un placard, mais à peine eut-elle ouvert la porte qu'une salle vaste et lumineuse se présenta à eux.
C'est dans ce genre de moment qu'on se rendait compte que les Alagaësiens avaient des coutumes particulières qui ne paraissaient pas forcément évidente à tout le monde. Une petite porte désignait généralement un placard ou une petite chambre, une porte double évoquait un grand hall ou une entrée, et des portes de dimensions plus extrêmes présentaient des salles exceptionnelle et de plus grande importance, à l'image des Nains.
Mais les génésiens ne se prenaient pas la tête avec de tels principes, la taille de la porte étant plus défini par son emplacement que par ce qu'elle gardait.
Malgré tout, Swan réussit étonnamment bien à leur faire éviter toute rencontre. Ils coururent de longues minutes sans apercevoir la moindre patrouille ni le moindre golem. Comme si l'endroit était complètement vide. Et pourtant ils n'arrivaient toujours pas à cette fameuse armurerie qu'elle avait citée. Soit l'endroit était particulièrement grand, soit elle ne savait pas plus que lui où elle allait...

L'elfe s'arrêta de courir à l'angle d'un corridor. Charlie s'arrêta doucement derrière elle, il l'a laissa jeter un oeil, et attendit son signal pour avancer... Et tout s'arrêta en quelques secondes.
Ne voyant personne dans le couloir l'Astride lui fit signe et s'élança, mais à peine avait-elle fait un pas qu'une silhouette apparut brusquement devant elle faisant gicler quelques gouttes de sang au passage. Swan voulut articuler quelque chose mais un très fin trait rouge sur sa gorge l'empêcha d'émettre le moindre son. Le golem fit apparaître alors une autre lame, et lui transperça la gorge sans plus de cérémonie.

Le corps s'effondra sur le sol, Charlie n'avait rien pu faire. Tout c'était passé en un instant. Il avait été incapable de réagir, de sauver celle qui l'avait sortie de sa cuve quelque minutes plus tôt... Incapable de lui rendre la pareil.
Il y eu un instant de flottement, les regards du golem et du Gardien se perçant mutuellement...

Pour Lise...

Une demi-douzaine de lames apparurent soudain entre eux et le golem disparu dans l'instant.

Tous pareil...

Libérant tous sont pouvoir d'un coup, Charlie pivota sur lui-même plus vite que toute chose, et trancha l'espace derrière lui de multiple lame d'air lancées en même temps. Le golem réapparu en plein dans leur trajectoire et, prit de court, forma un bouclier épais autour de lui en urgence pour parer l'attaque.


- Tu es aussi pitoyable que tous tes frères...

Les lames diaphanes s'étaient dématérialisées lorsque le bouclier s'était formé. Il y eu alors un second battement dans leur duel. Un instant pendant lequel Charlie se redressait lentement, le corps couverts d'éclairs, et les vents s'intensifiant de manière impossible dans ces couloirs. Le golem redécouvrit alors son adversaire sous un autre angle. On lui avait parlé d'un homme qui n'avait pu vaincre un golem standard en duel, et d'un mage privé de ses dons dans un lieu sans ancien langage.
L'insolent sourit alors, savourant le fait que ce combat serait un peu plus intéressant que prévu.

Une dizaine de lames apparurent autour de Charlie et l’attaquèrent comme si elles étaient mues d’une volonté propre. Il bondit hors de leur portée et se propulsa en arrière, fonçant à travers le couloir suivant. Il ne cherchait pas à fuir, mais affronter les lames du golems sans être armé lui-même dans un si petit espace lui serait fatal à coup sûr. Le golem n’étant pas d’avis de le laisser partir, il le poursuivit en se téléportant à répétitions et matérialisa plusieurs fois des lames pour l’interrompre. Mais Charlie avait vu le coup venir et les lames furent balayées par le mur d’air qu’il avait formé devant lui.


* Je ne trouverais jamais rien comme ça… *

Charlie augmenta la pression dans le mur d’air qu’il avait formé devant lui, et le fit exploser loin devant. Cinq portes volèrent en éclat sous le choc. Dés qu’il s’aperçu que l’une d’entre elles au moins donnait sur un grand hall, il se précipita à l’intérieur sans réfléchir et tomba nez à nez avec un groupe d’humain. Les chercheurs furent balayés par le souffle qu’il provoqua en entrant dans la pièce.

- Mais qu’est-ce que… ?

À peine entré, Charlie se retourna et balança une autre volée de lames d’air derrière lui, mais cette fois l’insolent se contenta de se téléporter à travers et répondit  avec précision. Les lames diaphanes apparurent à quelques centimètres à peine du Gardien, de sorte qu’il était presque impossible de les esquiver. Charlie en frappa du poing une visant sa gorge, virevolta pour esquiver les autres, mais ne pu esquiver toute les lames lorsqu’elles enchaînèrent de suite après. L’elfe noir retomba sur un genou, deux fines entailles lui parcouraient la jambe et son habit en lambeau laissait deviner une large entaille au niveau de l’omoplate opposée. L’insolent se prépara à achever son adversaire, il matérialisa une vingtaine de lames. Un véritable mur d’épée tournée vers un point unique. Les chercheurs s’étaient arrêtés de fuir pour regarder la scène. D’un ordre unique, le golem les fit frapper toute en même temps.

- ça suffit…

À l’instant où les lames apparurent, il se redressa d’un éclair et frappa l’une d’elles directement avec l’Améthyste. Le choc provoqua une explosion d’éclairs qui désintégra littéralement toute les lames. Au centre de l’explosion se tenait Charlie, les vêtements que lui avait donné Swan étaient partis en poussière. L’air tourbillonnait lentement autour de ses pieds, tandis que des éclairs venait un à un frapper le sol autour de lui. Le regard du même blanc givré que lorsque Nielo les avait contacté, il releva la tête vers l’Insolent.

Les chercheurs ne savaient peut-être pas se battre, mais lorsqu’ils ressentirent l’aura magique que dégageait le Gardien à cet instant, leurs visages se décomposèrent et ils fuirent sans la moindre hésitation. Un second golem ayant été attiré par le bruit entra dans la pièce à son tour en bousculant les chercheurs qui essayaient d’en sortir. Ce dernier matérialisa quatre lames qui attaquèrent de manière un peu maladroite. L’insolent voulu se joindre à l’attaque mais avant qu’il ne fasse quoique ce soit, l'air fût brusquement chassé tout autour de Charlie. Les deux golems se téléportèrent pour esquiver la vague qui broya contre les murs les quelques chercheurs qui n’avaient pas eu le temps de s’enfuir. L’espace d’un instant les golems et le Gardien se trouvèrent dans une zone de vide silencieux, et puis l'atmosphère alentour s'y engouffra dans un vacarme d'explosion, repoussant violemment tout ce qui se trouvait dans la zone vers son épicentre. Les frottements de l’air retrouvant sa place provoquèrent d’innombrables petits éclairs qui paralysèrent les deux golems alors qu’ils étaient balayés vers lui. Un cri monstrueux s’échappa de la gorge du Gardien qui frappa le sol avec l’Améthyste. Un onde électrique s’échappa de la zone d’impact, passa sur le Gardien sans l’affecter, pulvérisa les deux golems, fit voler le sol et les murs de la pièce en éclats. Une partie du plafond s’effondra dans un vacarme assourdissant transformant la zone en un nuage de poussière et de débris.
Lorsque le dernier morceau acheva sa chute, laissant place à un silence étrange. Un petit rire étouffé raisonna au centre de la pièce, un rire à rendre fou…


~Je les ai broyé… écrasé… pulvérisé !... détruit… Anéanti… Comme j’anéantirais cet endroit~
Oui…
~Ils doivent tous payés … Tous~

Charlie était allongé sur le ventre dans le cratère formé par l’Améthyste, sa respiration était irrégulière comme s’il était sur le point de s’évanouir. L’expression de son visage était illisible, passant de la douleur à folie puis de la folie vers la douleur, sans cesse.

~Détruit cet endroit~
…Lise…

Un bruit se fit soudain entendre dans le silence alentour, les toussotements de quelqu’un dans la poussière. Un des chercheurs qui se trouvait dans les pièces adjacentes avait miraculeusement survécu et venait de reprendre connaissance.

Lise !

Charlie inspira profondément comme s’il n’avait pas respiré pendant plusieurs minutes. Il se leva d’un bond, ignorant la douleur de ses plaies et se précipita vers l’origine des toussotements. Tous ce que le chercheur pu voir, c’est un elfe noir couvert de sang jaillissant de la poussière pour le plaquer contre le mur. L’homme voulut crier mais Charlie lui colla sa main contre la bouche.


- Ca ne sert à rien de crier. Les golems qui t’entendront ne me vaincront pas plus que ceux que je viens d’anéantir et tu mourrais avant qu’ils ne puissent faire quoique ce soit !  Par contre si tu réponds à mes questions, je te laisserais la vie sauve, je le promet. Maintenant dis-moi… Où est l’armurerie ? et… Où se trouve …Lise… Liv de Sula.

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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Lun 30 Sep 2013 - 0:26



Bien que séparés et en large infériorité numérique, les Alagaësiens continuent d'avancer dans la forteresse, décimant tous ceux qui se dressent sur leur passage.

***

Après avoir fini son bol de soupe, Lise le déposa sur le plateau qu’elle poussa près de la porte. Elle s’étira doucement avant d’aller s’allonger à l’autre bout de la pièce, sous la fente lumineuse creusée dans le mur à un pouce du plafond. La jeune femme aimait s’étendre ici et contempler les jeux de lumière sur le marbre blanc. Parfois la lumière s’atténuait pour mieux resplendir plus tard. Lise imaginait alors le soleil se cachant sous un nuage isolé, une tâche blanche dans l’immensité d’un ciel azur. Elle n’était pas sortie de sa cellule depuis des semaines. Seuls ses souvenirs et les histoires de Swan parvenaient à raviver dans son esprit les images du monde extérieur.

L’Astride venait la voir tous les jours et Lise appréciait ces visites qui lui permettaient d’oublier temporairement sa condition. Leurs longues discussions permettaient à son esprit de s’évader et de vagabonder au gré des histoires et des souvenirs qu’elles partageaient. Swan avait notamment décrit la forteresse dans laquelle la jeune femme était détenue. Elle parlait d’une immense pyramide inversée, flottant dans les airs. De voiles par milliers qui habillaient ses versants et d’une tour qui s’élevait depuis la surface plane de l’édifice pour dominer les Grands-Vents et toute terre alentour.

Lise entendit le mécanisme de la porte s’activer. Elle se retourna aussitôt contre le mur et ralentit sa respiration pour feindre de dormir. Les gardes n’auraient qu’à prendre le plateau et s’en aller. Mais Lise sursauta quand la porte s’ouvrit à la volée et claqua contre le marbre. En un instant le nouvel arrivant traversa la pièce et lui attrapa le bras pour la relever brutalement. La jeune femme poussa un cri en reconnaissant celui qui l’avait déjà battue, Nielo.

Ses yeux semblaient fous. Sans lui dire le moindre mot, il la tira hors de sa cellule et marcha d’un pas vif dans le couloir. Il fut contraint de s’arrêter lorsque Lise trébucha et poussa un grognement agacé avant de lui saisir les cheveux pour mieux la traîner. Sa captive criait de douleur et de désespoir, terrifiée à l’idée de revivre le même calvaire que la dernière fois. Les intrus avaient été capturés, pourquoi l’emmenait-on ? Où était Swan ?

Insensible à ses hurlements, Nielo ouvrit une porte et la jeta par l’embrasure. La fille gémit et ferma les yeux, aveuglée par l’éblouissante lumière. Elle cligna fit papillonner ses paupières pour s’habituer et découvrit qu’elle était dehors, avec pour seule vue qu’un ciel bleu immense et un désert blanc à perte de vue. Nielo était toujours dans l’encadrement de la porte, un sourire narquois s’était installé sur ses lèvres. Il fit un pas. Appuyée sur ses coudes, Lise recula maladroitement.

« Allons, lança-t-il d’une voix forte pour couvrir le bruit du vent qui balayait la plateforme, tu penses vraiment pouvoir t’enfuir ? La seule issue c’est cette porte. »

Sans se retourner, il referma le panneau derrière lui. Son sourire s’élargit et il fit un pas de plus. Lise hurla espérant follement que quelqu’un l’entende et vienne à son secours. Nielo ricana et s’avança assez pour saisir son bras. La jeune femme se débattit mais elle n’était pas assez forte. Après une brève lutte, il la releva la tenant fermement dos à lui, un bras lui serrant la gorge pour prévenir de toute tentative de fuite.

« Tes amis son coriaces tu sais, souffla-t-il dans son oreille, ils auraient pu détruire cette forteresse en un rien de temps s’ils n’avaient pas eu peur de te tuer dans l’opération. »

Il ricana et la força doucement à avancer vers le bord.

« D’une certaine manière, on pourrait dire que tu m’as sauvé la vie, ajouta-t-il en riant, je vais m’assurer que ça n’ait pas été vain. »

Ils arrivèrent enfin au bord de la plateforme. Ce que vit Lise lui coupa le souffle. Elle se trouvait au sommet de la tour que lui avait décrite Swan. Et en bas, le toit des Grands-Vents était un véritable champ de bataille. On y voyait une multitude de silhouette évoluer autour de deux individus isolés. Des tirets lumineux semblaient jaillir de partout, mais ceux qui gravitaient autour du premier individu semblaient briller plus fort. Les lames diaphanes semblaient se jeter les unes sur les autres inlassablement formant un étrange mouvement lumineux. Plus loin, le deuxième intrus évoluait avec autant de fluidité, son sabre fauchait les ennemis qui s’aventuraient trop près de lui et sa paume tendue semblait répandre la destruction parmi les rangs adverses.

Pourtant les golems ne se décourageaient pas, ils se jetaient inlassablement dans la mêlée n’hésitant pas à sacrifier leur vie pour une chance de terrasser ces formidables adversaires. Ils étaient des centaines et pourtant il semblait presque évident qu’ils ne parviendraient pas à venir à bout des deux combattants.

Lise cria à nouveau et agita les bras pour attirer leur attention.

« C’est inutile, lança Nielo d’une voix agacée en attrapant son bras pour le tordre dans son dos, reste tranquille ils ne peuvent ni te voir, ni t’entendre. Le vent avale tes appels et j’ai placé un voile sur la tour qui altère la vue de ceux qui l’observe. Ils pourraient regarder droit dans ta direction qu’ils ne te remarqueraient pas. »

Il appuya ses lèvres dans le creux de son oreille et repris :

« C’est essentiel pour la suite. »

Lise se figea. La suite ? De quoi parlait-il ?
Une détonation la fit sursauter. En bas, une partie du sol venait de voler en éclats et une nouvelle silhouette en jaillit. Le courant de lames l’enveloppa aussitôt mais des éclairs jaillirent tout autour de son corps formant des arcs électriques tout autour de lui.

Vu d’en haut l’affrontement était étrangement beau. Et Lise se surprit à espérer.

« Ils sont venus ici pour te sauver petite, murmura Nielo, ça doit te faire chaud au cœur. »

Il rit doucement et serra un peu plus son bras :

« Mais là est leur erreur, dit-il, leur intérêt pour toi les rend faibles.
- S’ils vous semblent si faibles, souffla Lise, pourquoi n’allez-vous donc pas les combattre ? »

Les mots étaient sortis sans qu’elle s’en rende compte. Elle serra les dents, guettant de douloureuses représailles mais rien ne vînt.

« Si une fourmis te piques, vas-tu la défier en duel ? Non tu l’écrases d’un coup sec et impitoyable. Car jamais elle ne sera ton égale, elle n’est qu’un insecte inconscient du pouvoir de l’être auquel elle s’est attaquée. Tes sauveurs son comme des fourmis. Et maintenant je vais les écraser. »

Il lui lâcha le bras.

« Reste tranquille où je te tue la première. »

Il arracha le pendentif qu’il portait au cou. Lise le reconnut, Swan en portait un semblable.  Il le lança et le frappa de la pointe d’un poignard qu’il avait saisi de l’autre main. Le bijou se fendit et une lueur blanche vaporeuse s’en échappa, entourant la pierre et la faisant léviter à l’endroit exact où il l’avait frappée. Il tendit le bras et plaça sa paume face au pendentif. Ce dernier la lumière s’intensifia et des motifs blancs se tracèrent d’eux même dans les airs. Des rosaces et des figures géométriques ornées de symboles étranges formaient des combinaisons d’une complexité infinie.

Lise entendit la respiration de son geôlier s’accélérer. Ses doigts étaient crispés et sa main droite tremblait. Il tendit son deuxième bras au-dessus du bijou et une série de petits symboles apparurent devant. Il plaça main gauche dessus, plaçant un doigt sur chaque glyphe. Il les manipula ainsi du bout des ongles jusqu’à ce qu’elles s’illuminent toutes un peu plus avant de disparaître. Un grondement sourd agita la forteresse quand une colonne de lumière en traversa le centre jusqu’à se perdre dans le ciel. C’était comme un trait blanc reliant les Grands-Vents aux sphères célestes. Et au sommet de la tour, où Nielo se trouvait avec sa captive, un point irradiait une lumière plus intense encore. Le voile qu’il avait placé pour se soustraire à la vue des combattants fut aspiré par la puissance du sort et la lumière blanche illumina tout le champ de bataille.

Il tendit son bras gauche vers le bas, en direction des combattants. Des cercles lumineux concentriques apparurent devant sa main et la lumière sembla s’y condenser par à-coups. De plus en plus vite. Sans qu’elle ne puisse l’expliquer, Liv savait parfaitement ce qui allait se passer quand Nielo relâcherait la puissance de son sort. Et il ne fallait pas que ça arrive.

Elle se retourna dans l’intention de la frapper mais Nielo fut plus vif et lui asséna un violent coup de genou dans l’estomac. Le souffle coupé, Lise à terre et reçu un nouveau coup.

« Allons ma belle, lança-t-il d’une voix tremblante d’excitation en appuyant son pied contre sa nuque pour l’empêcher de bouger, je ne veux pas te priver du spectacle, ne me force pas à te tuer. »

Sans réfléchir, Lise mordit sa main à pleine dent, l’entaillant assez pour que le sang en coule abondamment. Son cœur accéléré et une chaleur assommante l’envahit. Elle était à un doigt de sombrer dans l’inconscience.

Elle ramena son autre bras vers elle et observa le Saphir qui serti dans le bracelet qu’elle portait au poignet.  

« Pitié. » Souffla-t-elle avant de balancer son bras blessé vers Nielo.

Sa main meurtrie rebondit contre la jambe de ce dernier. Elle répéta l’opération sans plus d’effet. Sa main la lançait terriblement et elle sentait que son esprit était à deux doigts de sombrer. Son tortionnaire l’ignora superbement. Il éclata de rire et hurla à l’adresse des combattants qui avaient levé la tête :

« VOYEZ ET ADMIREZ LA PUISSANCE DES GRANDS-VENTS ! »

Le Saphir s’illumina au moment où elle répéta son geste une dernière fois. Le sang jaillit de sa plaie et se solidifia en une traînée d’une finesse telle qu’elle trancha Nielo en deux de la hanche à l’épaule.
Son bras se releva dans sa chute et le sort libéré fusa vers un lointain horizon qui s’illumina bientôt d’une formidable explosion dont le souffle fit trembler les Grands-Vents.

Baignant dans le sang de sa victime Lise était agitée de tremblements. Nielo bougeait encore. Seule une partie de son tronc et son bras restaient attachés à sa tête. Mais il bougeait encore. Ses entrailles sortaient de son abdomen déversant des flots de sang bouillonnant. Indifférent à la douleur, le maître de la Genèse s’employait à ramper vers la jeune fille, une expression terrible sur le visage. Paniquée, cette dernière voulut recula et sa main glissa sur le bord de la plateforme. Elle poussa un cri et son corps bascula dans le vide.

L’air agitait ses cheveux et fouettait son visage, embuant ses yeux de nouvelles larmes. Elle sentait sont cœur marteler sa poitrine. En bas, une silhouette se volatilisa.

Des bras se saisirent doucement de son corps meurtri et une voix espiègle souffla :

« Il existe d’autres manières de s’envoyer en l’air, tu sais ? »

Dandelo sourit et lui fit un clin d’œil avant de se téléporter en bas, chargé de sa précieuse cargaison. Charlie se précipita à leur rencontre.

« Je vais bien, murmura-t-elle, je veux juste rentrer... »

Plus loin, Laïaga surveillait les golems restant qui s’étaient agenouillés en signe de soumission. Un autre individu apparut près de lui. Sinssirin confirma la mort de Nielo et décrit ce qu’il avait vu là-haut. Il jeta un regard à Lise avant de se retourner pour parler aux golems.

Laïaga tourna à son tour la tête vers la jeune fille et croisa son regard. Elle voulut le remercier mais aucun son ne sortit de sa bouche. Peut-être comprit-il car il hocha la tête et, comme après une brève hésitation il s’avança à sa rencontre.

Lorsque le tourmenteur fut arrivé à sa hauteur, Lise avança un peu plus, désireuse de l'étreindre pour exprimer sa gratitude. Mais à mi-chemin, Laïaga releva brusquement le bras et la transperça de son sabre d’ébène. La jeune femme gémit faiblement et s’effondra au sol.


***

Swan ouvrit brusquement les yeux et fut agitée d’une violente quinte de toux. Elle cracha un peu de sang et posa aussitôt sa main sur sa gorge. Elle sentit une légère boursouflure sous ses doigts mais pas de plaie. Elle était parvenue à jeter un sort informulé juste avant de perdre conscience. La magie avait refermé sa blessure, évitant à l’elfe de se vider de son sang. Le simple fait de respirer était douloureux, mais au moins elle avait la vie sauve. Elle toussa à nouveau et se figea en entendant des bruits de pas. Qui avait gagné ?

Elle tenta de ramper pour se cacher derrière les débris d’un large pan de mur effondré mais une ombre la rattrapa. Swan se retourna et écarquilla les yeux en reconnaissant la silhouette qui s’avança dans la lumière. L’elfe essaya de parler mais aucun son ne sortit de sa bouche. La douleur lui serra la gorge et elle fut prise d’une nouvelle toux sanglante. Athena.

« Je vois, articula une voix douce, ta gorge s’est refermée mais tes cordes vocales sont toujours blessées. Je peux te soigner, ce sera plus confortable. »

Swan secoua vivement la tête pour exprimer son refus et essaya de reculer.

« Comme tu veux, repris la jeune femme, c’est peut-être mieux ainsi. »

Elle tendit la main et ouvrit les doigts, révélant un papillon dont les ailes de velours suivaient un splendide dégradé de bleus chauds et profonds. C’était un chef d’œuvre.

Swan le reconnut aussitôt. Ces magnifiques insectes n’étaient autres que des armes mortelles. Elle avait déjà vu un golem tendre le bras vers une beauté semblable, le regard émerveillé. Son visage c’était figé l’espace d’un bref instant lorsqu’il l’avait touché, puis son corps entier avait implosé se transformant instantanément en un brouillard sanglant et visqueux qui était retombé doucement.

L’Astride s’agita et gémit en fixant le papillon qui battait doucement des ailes sans pour autant s’envoler.

« Allons Swan, lève-toi maintenant ou je fais disparaître un de tes bras. »

Les larmes aux yeux, l’elfe se leva. Elle serra les dents, tâchant de ne pas à céder à la douleur qui avait envahi ses membres. Elle s’exécuta quand Athena lui fit signe de passer devant. Restant dans son dos, la jeune fille la guidait par des « gauche », des « droite »  et des « continue ». Elles arrivèrent devant une des portes qui menaient à la plateforme principale. Athena utilisa le même sort que Nielo pour les rendre indétectables et fit avancer Swan.

Laïaga regardait son arme, le visage indéchiffrable. Charlie et Dandelo étaient agenouillés au-dessus d’une silhouette. « Liv » Songea Swan en remarquant les cheveux blonds étalés sur le sol. Plus loin Sinssirin parlait à un groupe de golems soumis.

« Nielo est mort, lâcha Athena d’une voix étonnamment agitée, je peux faire ce que je veux désormais. Regarde bien. »

Elle leva la main, une nuée de papillons apparut devant. Ils voletèrent, sous le couvert du sort de camouflage qu’elle avait employé. Son bras tremblait, elle semblait hésiter.

« Non, je veux qu’il me voit lui aussi, je veux qu’il comprenne. »

Elle serra son autre bras autour du cou de Swan pour la plaquer contre elle à la manière d’un bouclier humain. Les papillons se dispersèrent tout autour d’elles, formant un véritable champ de mines. En appelant aux puissances de la Genèse, elle commença à concentrer de l’énergie dans sa main tendue. Il y eut quelques éclairs et l’air se mit à y crépiter.

D’un mot, elle fit disparaître le voile, se révélant à tous les individus présents sur la plateforme. Elle ne s’adressa qu’à un seul d’entre eux.

« Adieu Sin’Saïan, souffla-t-elle simplement, tu n’aurais pas dû venir ici. »

Dans sa main brillait une lumière blanche semblable à celle que Nielo avait utilisée. La jeune femme avait chargé moins d’énergie que son maître mais elle la concentra en un puissant rayon qu’elle relâcherait bientôt en direction du tourmenteur. Il aurait beau s’esquiver, le rayon le suivrait jusqu’à l’annihiler.

Athena sourit, sentant à peine l’elfe se débattre dans son étreinte d’acier.
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Laïaga

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La Genèse -  Vide

Laïaga
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Message Sujet: Re: La Genèse - | Mer 22 Jan 2014 - 18:04


-VOYEZ ET ADMIREZ LA PUISSANCE DES GRANDS VENTS !

La lumière surnaturelle illuminait le champ de bataille, brillant comme un deuxième soleil juste à l'aplomb de la grande tour qui s'érigeait au centre de l'immense plateau qu'était le sommet de la forteresse, enveloppant deux petites silhouettes, Nielo le maître des lieux et Liv de Sula sa prisonnière que les trois aventuriers étaient venus secourir, ils l'avaient tous deviné.
Les adversaires cessèrent de se frapper pour observer la minuscule silhouette qui se tenait au milieu du halo blanc et criait de la sorte. Et, définitivement, tout cela n'augurait rien de bon.
« Vois et admire la mienne », pensa Laïaga, et tandis que la formidable énergie pulsatile continuait de s'accumuler autour du maître de la Genèse, il recula d'un bond pour se rapprocher de Charlie et de Dandelo, et au sol des symboles se mirent à briller, des mots en Ancien Langage qui s'assemblaient pour former des formes et des formules complexes.
« Tu pourras jamais contrer son sort », soufflait une voix dans la tête du dragonnier. Mais ça ne l'empêcherait pas d'essayer.
Et puis tout alla très vite. Il y eut une lumière bleue au sommet de la tour, qui semblait bien pâle comparée à celle de l'Arsenal de Nielo, une rapide agitation, un éclair rouge sang, et la moitié du corps de Nielo passa par-dessus bord. Tandis qu'un éclair blanc, lancé complètement au hasard, fusait vers l'horizon. Et que le corps de Liv – enfin, de Lise – suivait rapidement le même chemin.

-Mais qu'est-ce que... commença Laïaga.

Dandelo ne prit, pour sa part, pas le temps de réfléchir plus avant. Il partit au pas de course, bondit, et disparut tandis que Liv fonçait vers le sol. Il réapparut, trop loin d'elle, redisparut. Et réapparut encore, quelques mètres sous la jeune fille, toujours entraîne par l'élan de son saut qu'il avait conservé malgré le fait que le sol soit maintenant vingt mètres sous ses pieds.
Ses bras se refermèrent un peu plus brutalement qu'il ne l'aurait voulu autour de la jeune femme, leurs vitesses respectives s'annulèrent pendant un instant et ils semblèrent flotter en l'air.

-Il existe d'autres manières de s'envoyer en l'air, tu sais ? fit le golem avec son éternel sourire en coin.

Puis ils disparurent, nouvelle téléportation qui les mena au niveau du sol. L'ensemble de l'action n'avait pris qu'une poignée de secondes, entre le moment où la lumière bleue avait brillé et celui où Dandelo déposait sa protégée. Le souffle de l'explosion déclenchée par l'Arsenal, à des kilomètres de là, atteignit finalement la forteresse des Grands Vents, faisant voler le manteau de couleurs bigarré de Dandelo.

-Je vais bien, murmura Lise. Je veux juste rentrer.
-Oh oui, lui répondit le golem. Je crois qu'on a gagné le droit de se tirer d'ici...

Il regardait Laïaga, qui discutait avec l'homme qu'ils avaient libéré, Sinssirin, le Rieur.

-Il n'était pas totalement mort, disait le Rieur. C'est fou non ? Son tronc rampait encore, il se traînait à la force d'un seul bras !

Sinssirin partit d'un grand rire qui fit grincer des dents le Tourmenteur ; au moins, il n'avait pas usurpé son surnom.

-Tu l'as achevé ?
-Sa tête est allée voir du pays, confirma l'autre.

Laïaga hocha la tête. Il se détourna du Rieur pour aller vers Lise, et Dandelo. A mi-chemin, il se retourna une dernière fois vers Sinssirin.

-Au fait, Rieur. Nous ne sommes pas venus que sauver Lise. Je pense que ça va de soit... mais plus de golems. Plus de chimères. Plus de race parfaite pour repeupler le monde. C'est fini. La Genèse est finie.

Il s'avança vers ses amis. Il y avait peu de chances que le golem lui obéisse, s'il désirait poursuivre l'entreprise que la Genèse avait si bien entamée, mais au minimum elle avait été bien ralentie. Et puis, il y avait un autre problème : il devait bien se l'avouer, Laïaga n'était pas sûr de gagner, s'il continuait le combat.
Il faut savoir abandonner, de temps en temps.
Laïaga fit un grand sourire à Lise. Et à Dandelo. Et à Charlie. Comme à chaque fois qu'il entrevoyait l'opportunité de rentrer chez lui – pour autant qu'il ait un chez lui – il se sentait presque euphorique.
« J'ai changé le monde, je peux rentrer à la maison. »
Ces mots flottaient dans son esprit. Il ne se rendait pas encore compte d'à quel point il se trompait.

<><><><><>

« J'ai changé le monde, je peux rentrer à la maison. »
J'ouvris les bras pour répondre à l'étreinte de Liv de Sula, mon sabre de bois pendant dans ma main, maintenant aussi inoffensif que n'importe quel bâton. Comme elle s'approchait de moi, je sentis une conscience nouvelle, puissante, jaillir comme un diable de sa boîte et m'envahir.
Oh, pas totalement, mais je sentis cette conscience inconnue qui prenait le contrôle d'une partie de mon corps. Inconnue ? Pourtant elle me rappelait quelque chose, je sentais le souvenir enfoui juste sous la force qui ne demandait qu'à...

-Oh merde.

Les mots étaient sortis de ma gorge dans un souffle quand je me rendis compte que mon bras était maintenant tendu vers la jeune femme, et que la lame de mon sabre s'enfonçait sous son sein gauche. Profondément.
Le sang coulait de la plaie, remontant le long de la lame en ébène avant de goutter au sol. La scène m'avait l'air figée dans le temps. Je venais de tuer Lise. Comme j'avais tué Liv de Sula avant elle.
Sauf que comme le bras de Liv qui s'était levée contre moi indépendant de la volonté de la jeune femme, à l'époque, dans un camp du Nomins Ageati plus tard transformé en charnier, aujourd'hui c'était mon bras qui avait bougé de son propre chef. Et celui qui en avait pris le contrôle ce jour-là était probablement celui qui venait de prendre le contrôle du mien aujourd'hui.

-Adieu Sin'Saïan, fit une voix qui montait d'un endroit où il n'y aurait dû y avoir personne.

Mais bon, on n'était plus à un événement inexplicable près, et je n'avais pas besoin de lever les yeux pour reconnaître la propriétaire de cette voix, plus si juvénile que dans mon souvenir.

-Swan !

Cette fois-ci, c'était la voix de Dandelo, et elle m'intrigua plus que celle d'Athéna, quoi qu'Athéna aurait dû être morte à Teirm plus d'une décennie plus tôt. Je relevai alors les yeux vers elle, et croisai son regard. Il était plein de haine, d'une rage vieille de dix ans mais pas un instant refroidie. Elle tenait l'elfe plaquée contre elle comme un otage, et dans sa main libre brillait la même magie que celle que Nielo avait utilisé.

-Tu n'aurais pas dû venir ici, compléta-t-elle.

Un mince sourire étira mon visage. Cela n'avait donc jamais de fin ? Je me rappelais la chanson :
L'heure de la faux a sonné
On n'arrête pas la grande horloge
Le vent divin l'a emporté
Pourtant cela t'interroge
N'as-tu rien à regretter ?
Le sang de Lise poissait maintenant le sabre sur toute sa longueur et s'écoulait sur ma main, sous mes doigts. Je vis Dandelo disparaître, je savais déjà ce qu'il allait faire, je vis Athéna lâcher la bride à son arsenal et le rayon de lumière fondre sur moi, J'en vis un deuxième, qui papillonnait autour de sa tête, devenir plus brillant au moment même où le golem surgit du néant, trop vite pour qu'il puisse l'éviter malgré ses réflexes parfaits.
Tout cela se passa en un instant. Mais ils me sous-estimaient, tous, incapables de saisir l'étendue de ce que je savais faire, incapable de me combattre...
Parce que tu es comme un dieu parmi les hommes, faisait une petite voix dans ma tête.
Peut-être bien. L'instant funeste, plein de mort, cessa de se produire, et doucement le temps remonta son cours. Mais bien sûr, personnes n'avait pensé à prendre cela en compte. Comment auraient-ils seulement pu penser que je pourrais remonter le temps ?
Oh, mais il faut bien savoir s'incliner, parfois.
Et le temps que je remontais comme je l'avais fait des centaines de fois maintenant se mit à résister. Ma lame n'était pas encore tout à fait ressortie du corps de Lise. Swan et Athéna n'étaient pas encore apparues, sorties de nulle part. Mais je n'arrivais pas à remonter plus loin.

-Comment fais-tu ça ?

Dans l'instant figé où la pointe de mon sabre commençait tout juste à déchirer les chaires de l'abdomen de Lise, ma question sonnait faux, comme si aucun son n'aurait dû être émis. Et, je m'en rendais compte, c'était la première fois que je parlais pendant que le temps était bloqué. Comment le son pouvait-il exister dans un univers où plus rien ne bougeait, où même le vent était suspendu en pleine course ?  Bah, je n'étais plus à un paradoxe près.

-Allons, tu ne crois quand même pas que j'ai passé tout ce temps, enfermé, à me tourner les pouces ?

La voix qui me répondait ne venait de nulle part en particulier.

-Je t'ai observé, Tourmenteur, j'ai appris, je me suis imprégné de ta magie si particulière et si puissante. Juste ce qu'il fallait pour que, le moment venu, tu ne puisses pas m'empêcher de faire ce que je devais.

J'eus un rauque et sans joie.

-Alors depuis tout ce temps, depuis que j'ai tué Liv de Sula dans les Béors, mon sabre a une volonté propre ? Il essaie de butter une prostituée de Teirm qui n'a plus rien à voir avec Liv de Sula ?

C'était d'un ridicule consommé. Pourtant je n'avais plus un doute à ce sujet : c'était le démon qui habitait Liv de Sula et qui lui donnait sa force qui venait de me forcer à tuer Lise ; d'une manière ou d'une autre il avait investi mon arme quand j'avais porté le dernier coup à la chimère.
Et voilà, nous y étions : il avait atteint son but, et je ne pouvais rien faire contre. Si je relâchais ma concentration maintenant, la scène reprendrait où elle était interrompue : la lame en ébène s'enfoncerait sous le sein droit de Lise et la tuerait. Et impossible de remonter plus loin. Je poussai un soupir.

-Un dieu parmi les hommes hein ? Tu crois pas si bien dire.

Le monde autour de nous se brouilla. Le soleil éclatant se ternit, le ciel bleu azur vira au gris sombre. Tout autour de nous la plate-forme qui servait de sommet à la pyramide renversée de la Genèse s'effondra sans fracas, dans un bruit presque duveteux, ouaté, révélant comme si c'était la superstructure à l'envers du décor d'immenses os qui s'élevaient, blanc sale, recourbés, de part et d'autre d'où je me trouvais.
Le paysage n'avait plus rien à voir avec ce qu'il était quelques secondes plus tôt, plus rien à voir avec la Genèse, avec le désert. C'était un paysage de désolation, j'étais au milieu de la cage thoracique de  quelque monstre géant mort depuis lustres, sur un des innombrables ponts de corde qui reliaient les os entre eux, et sous mes pieds le sol était masqué par l'épais brouillard, il aurait pu être à trois mètres comme à trois cent.
Et en face de moi, il y avait cette silhouette sans visage, cette ombre noire, humanoïde mais impersonnelle. Son visage était un ovale noir, au-dessus d'un cou noir, d'un torse noir, avec des bras et des jambes noires. Une ombre, mais vivante. J’abaissai le bras qui tenait le sabre.

-Tu aimes mon monde ?
-Tu sais faire ça aussi...

La voix du démon à qui j'avais donné corps était désabusée, il n'y avait ni colère ni incrédulité. Non, son ton disait plutôt « je savais bien que les dés étaient pipés depuis le début... »

-Comme Dandelo, et comme Liv, ouais, mentis-je. Moi aussi, j'ai appris.

Ce monde que je créais n'était pas comme ceux que pouvaient générer Dandelo et Liv, les humains artificiels de la Genèse. Mais, il suffisait qu'il le croie assez fort. Je m'approchai doucement de l'ombre. Il recula. J'avançais d'un pas, il reculait d'un pas. J'avançais, il reculait. Et bientôt, son dos frappa contre une des immenses côtes qui nous entouraient. Dans ce monde fruit de mon imagination, j'étais le maître, le dieu, et il n'avait aucune chance de m'échapper. Ou presque. Tant qu'il y croyait, disons...
Je le vis tourner sa tête sans yeux de droite et de gauche, cherchant malgré tout une solution, mais il fallait bien se rendre à l'évidence.

-Je crois que tu as suffisamment fait de mal comme ça.

Il cessa de chercher une issue qui n'existait pas pour me fixer. Et même s'il n'avait ni yeux, ni expression faciale, je sentais sa haine qui brûlait, comme  celle d'Athéna dans le monde réel. Tant de gens qui me détestent, pensai-je avec un mince sourire.

-C'est ce que tu leur dis à tous ? Tous ceux que tu vas tuer ?

Je n'étais maintenant plus qu'à un mètre de lui, assez près pour l'embrocher, mais il continuait, avec un débit de plus en plus rapide, comme si la seule idée de ne pas terminer son discours le terrorisait.

-Ils sont combien hein Sin'Saïan, combien t'as laissé de cadavres derrière toi pendant un millénaire, hein ? Mais tu les as tous oubliés, pas vrai, depuis le temps, un dieu parmi les hommes, tu parles ! Un monstre qui écrase des vers de terre, c'est tout Sin'Saïan, sinon comment bon sang si tu me tues ton précieux sabre va disparaître !

-Oh ?

J'interrompis le geste que j'avais amorcé, mon arme levée prête à le décapiter.

-Je fais partie de ton arme, dragonnier, de manière si intrinsèque maintenant qu'elle ne peut pas exister sans moi.

Un silence puis :

-Et je pourrais la rendre plus puissante encore. Et toi dans la foulée. Comme avec Liv. Une symbiose. Encore plus de pouvoir Sin'Saïan, tu aimes ça, je te connais !
-Oh que oui...

Et je le décapitai. Sa tête sauta de ses épaules et tomba dans les profondeurs noyées dans le brouillard.

-Mais faudrait voir de pas abuser non plus, continuai-je à la seule attention du cadavre devant moi.

Le monde qui nous entourait été une illusion, convaincante certes mais bien loin des œuvres originales, si puissantes, de Dandelo et de Liv. Mais le démon y avait cru, et cela avait suffi à me donner la force nécessaire pour le tuer. Bon sang, il n'avait même pas essayé de lutter ! Alors qu'il était trop vieux et trop fort, trop enraciné dans le bois enchanté de mon arme, pour que je parvienne à l'en déloger. J'eus un petit rire qui résonna dans le monde vide, et fermai les yeux.
Et quand je les rouvris...

<><><><><>

Les autres ne gardèrent pas les souvenirs de l'instant funeste qui avait failli survenir. Tout ce qu'ils virent, c'est un Laïaga souriant avancer vers Lise, l'air serein, et puis brusquement son visage se fermer et son bras se détendre  jusqu'à tout juste déchirer la peau sous le sein droit de la jeune femme, et puis se bloquer dans cette position.
Ça ne dura pas longtemps, et puis le mince sourire sans joie revint sur le visage de Laïaga Sin'Saïan. L'ébène se de son sabre se mit à craquer et grincer, remuer et gigoter.

-Adieu Sin...

Il y eut comme une explosion sourde, un « pouf », et la moitié du visage d'Athéna explosa, au moment même où elle sortait de nulle part, ne laissant que des restes sanglant et des chaires calcinées.

-Swan ! cria Dandelo, et il courut attraper l'elfe quand le corps d'Athéna s'effondra au sol dans un bruit flasque.

Swan était vivante, comme Lise, mais elle avait le visage brûlé là où la déflagration d'énergie libérée par la destruction de l'arme l'avait frôlée pour tuer Athéna cachée derrière elle.

-T'avais ordre de pas mourir ! lui rappela le bretteur arc-en-ciel d'un ton de reproche.

Swan eut un petit rire qui manquait de conviction.

-Je m'en suis pas trop mal sortie...

Dandelo se retourna vers Laïaga.

-Pourquoi...
-Je n'y suis pour rien... répondit Laïaga d'une voix lasse. C'était le  démon de Liv de Sula, enfermé dans mon sabre je ne sais comment, qui a pris le contrôle. J'ai fait ce que j'ai pu pour l'arrêter avant. Je suis.... désolé, Swan, Lise.

Dandelo ne prit pas la peine de demander comment il avait pu deviner qu'Athéna allait apparaître à cet endroit et ce moment précis. Laïaga se rapprocha du golem, et de l'elfe, et posa un genou à terre.

-Je suis tellement désolé... Il m'arrive de faire des choses bien de temps en temps, sincèrement.

Il laissa doucement glisser ses doigts sur les chaires calcinées, noires ou rouges vif, et la douleur s'atténua, un peu.  

-Ça ira, répondit l'Astride. Rien qu'un peu de magie ne puisse réparer.
-Je l'espère, fit Laïaga. Allez, rentrons, allons trouver un endroit où on peut te soigner.

Le dragonnier et le golem soutinrent l'elfe, chacun d'un côté, suivis par Charlie qui aidait Lise. Tout le monde était épuisé, même les golems semblaient las, et aucun ne fit un geste pour arrêter le petit groupe. Intérieurement, les Alagaësiens poussèrent un soupir de soulagement.
Ils ne marchèrent pas longtemps, une fois à l'intérieur de l'immense structure, et s'arrêtèrent à la première pièce de vie avec un fauteuil assez grand pour y allonger Swan. Le complexe n'était pas qu'un laboratoire à humains de synthèse géant, c'était aussi un lieu de vie pour des centaines de gens, les golems, les chimères, mais aussi les scientifiques qui consacraient leur vie à la Genèse, et ce genre de salons de repos n'était pas rare.
« Comment un tel endroit a pu voir le jour ? ne cessait de se demander Laïaga. Qui a pu être assez mégalo pour imaginer ce... délire ? Et réussir à entraîner autant de monde avec lui ? »

-Va chercher de l'eau ! lui intima Dandelo, en coupant court à ses réflexions.
-Hein ?
-De l'eau, pour refroidir la brûlure, allez du nerf !

Le bretteur s'affairait à décoller les vêtements de Swan qui avait fondu sur son épaule, les découpant avec une précision chirurgicale à l'aide de ses armes. Laïaga claqua de la langue avec impatience et s'approcha de la jeune femme.

-On va laisser tomber l'eau si tu veux bien... Je suis loin d'être aussi doué pour soigner que pour tuer, mais...

L'air autour des chaires brûlées se rafraîchit légèrement, mais il ne se passa rien d'autre. Laïaga resta un long moment à fixer la blessure des yeux.

-Euh... ? fit Swan.
-J'ai bien peur de ne rien pouvoir faire.
-Tu n'es pas censé être le magicien le plus puissant d'Alagaësia ?
-Pas tout à fait, répondis-je. Et puis, je n'ai rien d'un guérisseur, c'est indéniable. La peau, la chaire et les os, ils se régénèrent tous seuls si la blessure n'est pas trop grave et qu'on leur en laisse le temps. Je sais réparer des blessures un peu plus graves, mais surtout beaucoup plus vite. Mais quand c'est bien au-delà des capacités de régénération du corps, ben, je suis juste impuissant.

Il avait dit ça d'une voix atone, mais brusquement, il se leva en bondissant et alla donner un coup de pied dans une table en bois.

-Merde !

Le dragonnier continua de frapper la table du pied, la réduisant en petits copeaux.

-Du calme, tu as fait ce que tu as pu, Laïaga, lui dit Dandelo. Plus que ce que beaucoup de monde aurait pu. Du calme.
-Il nous suffirait d'en savoir un peu plus, rageait le dragonnier. Mais tout le monde est tellement concentré sur la magie, moi le premier, la magie c'est génial ça peut tout faire, c'est magique. Mais il suffirait d'en savoir un peu plus sur le corps humain et je pourrais te soigner, Swan, j'en suis sûr.
-Vraiment ? demanda l'elfe d'une voix où perçait l'ironie.
-Tu n'y crois pas...

C'était un constat, plus qu'une question.

-Si si, répondit l'elfe. En fait c'est juste que... des recherches sur le corps humain, Sin'Saïan ? Tu es à la bonne adresse, tu ne crois pas ? Ici à la Genèse.
-Oh.

Il prit le temps de réfléchir ; des corps humains, de simples sacs de viande, à qui on a insufflé la vie. Et puis des gens modifiés, pour devenir parfait, pour devenir magiques.

-Pas faux. Tu penses que tu peux me montrer où toutes ces précieuses connaissances sont gardées ?

<><><><><>

Pas de repos pour les braves. C'est ce que je me disais en épluchant les livres. La bibliothèque était déjà grande, mais il y en avait encore plusieurs comme celle-là. Swan me les avait montrées, en m'expliquant pour chacune le thème qu'elle couvrait, la façon dont les livres étaient ordonnés, et comment je pouvais trouver ce qui m'intéressait.
Cela faisait des heures maintenant mais il y avait là des années et des années de recherche, de découvertes, de déductions. Certains des textes étaient très probablement erronés, car les hommes et les femmes de la Genèse étaient les seuls, à ma connaissance, à s'être penché sur les questions de la biologie, et de ce qu'ils appelaient la génétique, et personne ne pouvait faire un sans faute. Mais cela restait passionnant. Alors comme ça tout notre corps serait constitué de minuscules entités, des cellules, qui s'assemblent pour former des entités plus grandes et ainsi de suite jusqu'à obtenir un corps ? Il y avait des pages et des pages sur leur façon de se reproduire, de se reformer après une blessure par exemple, pleines de termes nouveaux et obscurs ; j'avais moi-même pris des pages de notes pour pouvoir m'y retrouver, à commencer par les définitions de tous ces mots dans une langue inconnue.
J'aurais préféré parler directement à des chercheurs de la Genèse, mais ils semblaient avoir tous quitté le navire, sans doute peu désireux de faire partie des dégâts collatéraux dans le combat qui s'était déroulé. Je ne pouvais guère leur en vouloir, mais la forteresse avait maintenant des airs de maison fantôme, immense et vide, seulement parcourus par des courants d'air, nous cinq, et les golems survivants.

-Laïaga ?

C'était Swan. Je levai les yeux du manuscrit que je parcourais, qui détaillait les procédés – sordides – que les genésiens avaient utilisé pour parfaire leurs connaissances du corps, mais était aussi plein de planches anatomiques ridiculement précises.

-Ouais ?
-J'ai une dernière chose à te montrer. Et après on s'en ira. Je crois que j'en ai assez, de cet endroit, pour les quelques décennies à venir.
-Sans blague. Tu vas enfin me montrer le fameux générateur qui fait voler toute la forteresse ?
-C'est ça.

Elle m'en avait parlé un peu plus tôt, mais sans trop entrer dans les détails, car apparemment personne ne comprenait trop comment cela marchait.

-Tu... ça donne quelque chose, tes recherches ?
-Non, répondis-je dans un soupir, pas vraiment. Tu regrettes d'être venu me chercher, dans le Du Weldenvarden ?
-Pas vraiment. C'était ça, ou j'aurai fini par me faire tuer, si ce n'était parce que j'étais devenue inutile, ç'aurait été en essayant de sortir Liv de ce guêpier. Si je ne t'avais pas attendu, ni Charlie ni Dandelo n'auraient pu me suivre, et seule j'aurais eu un peu de mal.
-Sans blague, répétai-je en lui emboîtant le pas hors de la bibliothèque. Au fait, où ils sont ?
-J'ai préparé le sort qui va nous remmener en Alagaësia, et ils sont restés à côté pour être sûr que personne ne le sabote...  le Rieur est toujours dans la citadelle, et je ne lui fais pas vraiment confiance. J'ai tendance à croire qu'après votre petit show sur le toit, personne ne se risquerait à une attaque de front, mais un petit coup en traître... Bon, son ego aurait un peu de mal à s'en remettre, mais ça serait une piètre consolation si on apparaît au milieu de l'océan plutôt qu'à Teirm.
-On ferait geler un bout de mer et ça nous ferait un radeau.

Elle eut un petit rire grinçant à cause de la douleur qui devait toujours irradier de ses brûlures mais sincère tout de même, et je me permis aussi un sourire.

-Tu peux me refaire ton tour de passe-passe ? demanda-t-elle en désignant sa joue et son épaule. Pour m'insensibiliser ? L'effet s'est dissipé depuis un moment.

Je hochai négativement la tête.

-Tu risquerais de ne jamais récupérer tes sensations et d'y laisser une partie de la mobilité de ton bras aussi.

Elle haussa les épaules, comme si ça n'avait pas d'importance. Mais ça n'empêcha pas mon sourire de disparaître.

-Voilà, on y est ! dit-elle finalement.

Elle s'appuya à un mur et s'y laissa glisser jusqu'à s'asseoir par terre. Nous venions d'entrer dans une grande salle ronde et haute de plafond, encombrée de bureaux abandonnés dans la précipitation, de livres laissés ouverts et d’écrits inachevés.
Mais le principal attrait de l'endroit, c'était le monolithe qui se dressait au centre. Grand, blanc et brillant, il s'enfonçait dans le sol et montait jusqu'au plafond en voûte. Et ne ressemblait à rien de ce que je connaissais.

-Est-ce que ça ressemble à quelque chose que tu connais ? demanda Swan.

Je la regardai en haussant un sourcil et pensai très fort « tu as lu dans mes pensées ? »... mais elle ne réagit pas, se contentant de me regarder ; à croire qu'elle s'attendait vraiment à ce que je connaisse ce truc.

-Pas du tout. Qu'est-ce qu'il fait ? C'est plus qu'une simple gemme pleine d'énergie hein ? Je peux le... sentir.

Une gemme, surtout aussi grosse, pouvait contenir de formidables réserves, mais jamais assez pour alimenter un tel endroit. Cette chose ne stockait pas l'énergie, elle la créait. Sauf qu'on ne peut pas « créer » de l'énergie. La magie consomme l'énergie, elle la transforme éventuellement, mais elle ne la crée pas. La grande pierre blanche devait donc se contenter de la puiser quelque part, et de la transmettre. A moins d'être vivante ? Et de puiser dans ses propres ressource ?... Non. Non définitivement non.

-Tu vois, tous ces câbles, interfacés avec le monolithe ?

Il y en avait des dizaines, plus ou moins larges, qui serpentaient sur le sol de la pièce, s'enfonçaient dans les murs ou bien rejoignaient d'étranges appareils dont certains continuaient de fonctionner, émettant des bruits sans aucun sens pour moi, dessinant des formes abstraites sur du papier ou des tablettes d'argile, ou encore pulsant des rythmes et des couleurs qui semblaient aléatoires.

-Ce sont des fibres de quartz. A l'intérieur de la gaine, c'est un long tube de quartz concassé. Ça permet de faire circuler l'énergie qui est absorbée par les pattes que tu vois s'enfoncer dans le monolithe. C'est ce qui nous sert à faire tourner la boutique, pour ainsi dire. C'est ce qui fait léviter la citadelle, par exemple. Mais c'est pas tout...

Swan prit quelques secondes pour reprendre son souffle et grimacer un bon coup. J'en profitai pour m'approcher des appareillages branchés au monolithe et laissés à l'abandon. Des instruments de mesure, mais je ne comprenais pas ce qu'ils mesuraient. Bon sang, les anciens locataires n'étaient pas que des magiciens talentueux, c'étaient aussi de sacrés ingénieurs ! Et ils avaient su admirablement marier ces deux disciplines.
Dommages que ce soient de dangereux psychopathes...

-Tu te souviens, les Arsenaux ? Ce sont des fragments du monolithe. On les arrache au corps principal, mais ils se comportent comme s'ils étaient toujours unis, et on peut profiter de la réserve de puissance à distance. Ça permet de stocker des sorts très, très dangereux. Celui que Nielo a tenté d'utiliser n'était pas mal du tout, comme exemple.
-J'avais cru comprendre oui. Vous vous êtes déjà demandés si ce truc pouvait être vivant ?
-C'est une théorie qui a tourné oui. Mais à part sa puissance sans fond, le monolithe est entièrement inerte. Il y a eu tout un tas de tests menés comme... enfin bon ça collait pas quoi.

Je tapotais le monolithe en plusieurs endroit, collant mon oreille contre sa surface, passant ma main dessus... mais Swan avait raison : à part un bloc minéral duquel l'énergie coulait comme de l'eau d'une fontaine, il n'y avait rien à voir. Mystérieux.

-Il est uniforme de part en part, on a déjà essayé de le traverser. Le même matériau blanc, dur et brillant.
-Tu espérais que je t'aide à trouver d'où il vient ?
-Non, je pensais juste que ça pourrait te servir. Tu es un peu... le maître des lieux, maintenant, Sin'Saïan.

Elle se releva péniblement pour s'approcher du monolithe, et attrapa d'une main une de ses nombreuses aspérité et tira. Un éclat lui resta dans la main.

-Cassant, constatai-je.
-Dur comme le verre. Tiens.
-Un Arsenal ?

Je pris l'écharde du monolithe qu'elle me tendait. Elle secoua la tête.

-Pas encore.

Elle me referma les doigts autour de l'écharde minérale.

-Pas forcément. Tu peux en faire ce que tu veux. Tu peux t'en servir pour revenir ici, je te montrerai, quand nous serons en Alagaësia.
-Humm...

Je fourrai l'écharde dans ma poche et passai de nouveau la main sur la surface du monolithe. Un lien vers une immense source d'énergie, quelque part. Mais personne ne savait où ?

-Où est-ce que la Genèse a trouvé ce truc au départ ?
-Aucune idée, répondit Swan. Il se peut que Lise ait tué la dernière personne qui le sache.
-C'est pas de chance ça... Comment on pourrait gérer ça...
-Je t'apprendrai à revenir, répéta-t-elle. Allons-y, Laïaga, inutile de traîner ici plus que nécessaire.

J'opinai du chef et la suivis tandis qu'elle quittait la pièce, mais au dernier moment je me ravisai.

-Pars devant. Laisse moi une seconde. Je vous rejoins vite, c'est promis !

Je retournai au pas de course vers le monolithe et m'accroupis, et me mis à marmonner, en Ancien Langage. Des formules, certaines répétaient le même effet mais formulé différemment.Toujours prévoir la redondance. Des formules pour savoir d'où venait le monolithe, d'où il tirait son énergie, ou encore quelle quantité il pouvait en produire. J'en prononçai, j'en gravai sur le minéral blanc, j'en inscrivis au sol, sur les murs, et sur les câbles qui encombraient le sol. Les types qui travaillaient ici avaient dû y penser avant moi, mais ça ne coûtait rien d'essayer quand même, n'est-ce pas ? Quand je partis finalement rejoindre mes amis, l'air crépitait et une odeur électrique flottait, ténue mais bien perceptible ; l'odeur si particulière de la magie.

<><><><><>

Dernier acte de cette aventure insensée. J'étais venu ici, intrigué par des informations, des réponses que je pourrais trouver à propos des Résurectionnistes, et aussi d'Athéna, la fille que je croyais avoir tué à Teirm des années plus tôt, par une nuit neigeuse.
Athéna était morte et bien morte cette fois. Je refusais d'imaginer l'idée qu'elle ait pu déjà l'être et que les Résurectionnistes que je croyais avoir anéantis l'ait remmenée à la vie. Elle avait survécu, et j'avais terminé le travail.
Comme je l'avais terminé avec les Résurectionnistes, ou plutôt la Genèse, l'entité plus grande et plus mystérieuse encore dont ils faisaient partie, ces fous qui voulaient changer le monde, remplacer les hommes, les elfes, les nains, et tous les autres, par leurs êtres parfaits et artificiels.
Et maintenant j'allais pouvoir repartir. J'avais eu ce que je voulais, le monde était tranquille, au moins pour l'instant, Charlie et Dandelo aussi, ils avaient sauvé Liv... enfin Lise. Et même Swan, elle avait réussi à m'utiliser pour rester en vie, même si le prix à payer était cher.
Nous avions tous gagné le droit à un peu de repos, j'imagine. Je regardais avec intérêt les runes et les formes géométriques qui étaient gravées au sol, sous nos pieds. Quelques secondes, et nous serions rentrés. Swan, au centre du cercle magique, tira de sa poche une petite roche blanche et brillante, un éclat du monolithe qu'elle m'avait montré, et rapidement je le vis briller tandis qu'elle prononçait les mots adéquat. Une brume blanche commença de  monter du sol. Deux semaines. C'est le temps que mon aventure m'avait pris. J'allais pouvoir rentrer à Ellesméra, retrouver Ellenwen qui avait dû se réveiller depuis lors ; j'espère que le traumatisme causé par l'incendie de la forêt ne serait pas trop profond, j'espérais aussi que...

-Tu ne t'enfuis pas, SIN'SAÏAN !
-Que...
-Laïaga ! fit faiblement la voix de Dandelo.

Et puis je sentis quelqu'un me pousser en arrière, à travers la brume blanche. Nous roulâmes au sol, moi et celui qui venait de me plaquer, et quand le monde se stabilisa autour de moi, je vis que le sommet de la Genèse était vide, excepté nous deux. Mes amis avaient disparu. Il ne restait que le cercle tracé sur la pierre, mais je ne savais pas l'utiliser. Ils étaient rentrés, et j'étais coincé, au milieu de nulle part.

-Merde ! PUTAIN DE MERDE !

Je repoussai l'homme qui me tenait et me redressai pour le regarder. Il avait la peau mâte, et les cheveux blancs, et un grand sourire sur le visage.

-Sinsirrin...
-Tu ne vas pas déjà nous laisser, l'ami ! On a encore tant de choses à faire !

Un rictus furieux déforma mon visage.

-Pourquoi !
-Pourquoi ?

Il se releva en  bondissant, et partit d'un grand rire en s'éloignant dans une pirouette.

-Mais pour te tuer bien sûr. Parce que c'est toi où nous, n'est-ce pas, Sin'Saïan ?
-J'allais rentrer. Repartir et c'est tout, juste retrouver la femme que j'aimais. C'est tout. Mais...

Je me forçai à détendre mes poings serrés au point de m'en faire blanchir les phalanges. Mes doigts dessinèrent des arabesques dans l'air, et la magie leur répondit et se plia. Elle se pliait toujours. Elle faisait partie de moi.

-Mais c'était trop demandé, hein ? C'est toujours trop demandé. Comme tous les cons, tu peux pas te contenter de laisser tomber, il faut que t'aies le dernier mot.
-Tu ne t'attendais quand même pas à ce qu'on laisse tomber l’œuvre de notre vie, et qu'on aille cultiver des patates ?
-Fils de pute... marmonnai-je.

Il fit une tête comique, pour me faire comprendre que mes mots le choquaient, avant de s'évanouir dans les airs quand une boule de feu traversa l'endroit où il se trouvait. Il réapparut derrière moi.

-Je vois que ça n'a pas l'air de t'amuser, Sin'Saïan ! Sache que ce sourire sied très bien au surnom dont on t'a affublé, Tourmenteur.

Il se téléporta à nouveau quand une onde de choc avala la distance entre moi et lui.

-Allons, je suis sûr que tu peux mieux faire ! Il va bien falloir, sinon tu risques fort d'y passer.

Et dans un battement de cil, ils apparurent tous, les golems survivant. Naturellement, il n'allait pas venir me combattre seul... Quand Nielo était mort, j'avais préféré arrêter le combat, parce que je n'étais pas sûr de pouvoir le remporter. Mais c'était trop tard pour ça maintenant, ils étaient allés trop loin. Mon sourire s'élargit. Mes doigts continuaient de danser et dessiner des arabesques dans l'air.
« Un dieu parmi les hommes. »

-Mais si tu veux te rendre, il reste des cuves libres, on peut toujours s'arranger pour que tu survives !

Il me fit un clin d’œil. Mon sourire s'élargit un peu, dévoilant mes dents. Et sans doute un certain éclat dément dans mon regard, quoi que ça avait l'air de lui en toucher une sans faire bouger l'autre.
Je posai un genou à terre, et tirai d'une de mes poches l'Arsenal potentiel que Swan m'avait remis. Puis je posai les deux mains à plat.
Sinssirin me regarda, pendant une seconde, intrigué, avant de décider que quoi que je fasse, il valait mieux m'arrêter avant que ce soit fini.

-BUTTEZ-LE! cria-t-il.

Et tous les golems disparurent presque en même temps, pour réapparaître tout près de moi, faire jaillir leurs armes du néant... et être brutalement repoussés en arrière par une onde de choc dont j'étais l'épicentre.

-Mince alors, c'est pas aussi simple que tu l'espérais ? demandai-je au Rieur sans le regarder.

Coincé entre ma main et le sol, l'éclat de monolithe brilla et puis tomba en poussière, finissant de dispenser toute la puissance qu'il pouvait faire transiter. Plus de puissance que pour la téléportation de Swan, plus aussi que pour son petit coup d’esbroufe avec les golems, juste après notre arrivée sur ce continent. Pas plus que pour le sort de Nielo, mais on ne devait pas en être loin.
Au sol, la lumière se répandit comme de l'eau dans un complexe système de canaux, faisant apparaître les innombrables symboles, formes, runes, que mes doigts avaient dessiné pendant que Sinssirin parlait, aidés. L'odeur électrique, piquante, typique de la magie, s'éleva du sol en même temps que la brume blanche dont j'avais maintenant l'habitude. Elle recouvrait presque tout le sommet plat de la forteresse.
« Tu les as tous oubliés ! »
Je partis d'un grand rire, un rire nerveux, incontrôlable. Quand la brume se dissipa, ils étaient là, un millier d'entre eux, humains elfes nains urgals, tels que je me souvenais d'eux, la dernière fois que je les avais vus. Mes invocations. Mes spectres. Mon armée.

-Qui est-ce ? demanda le Rieur.
-Des morts, répondis-je. Les gens que j'ai tués. Une partie des gens que j'ai tués.

Sinssirin fonça de nouveau sur moi, et cette fois il n'y eut pas d'onde de choc pour le repousser. Mais l'armée des spectres se mit en mouvement au même moment, et le combat s'engagea. Les golems étaient plus forts mais il ne restait qu'une douzaine d'entre eux. Et ces créatures invoquées n'étaient pas tout à fait ce qu'elles semblaient être. Elles étaient des êtres venus de différents mondes, des amalgames d'esprits de morts, à qui j'avais donné le visage de mes victimes car elles étaient trop abstraites pour avoir leur propre forme en ce monde.
Et si les golems restaient plus dangereux, ils n'avaient pas à rougir.
Je plongeai de côté pour éviter la charge du golem aux cheveux blancs.
Et ce petit coin de monde plongea dans le chaos complet. Des armes surgissaient de toutes parts, déchirant la pierre aussi bien que les membres. Il y avait des explosions de magie qui arrachaient des pans entiers de bâtiment, des boules de feu, des piques de roche, des rayons de toutes les couleurs d'un arc-en-ciel devenu fou qui fusaient et fauchaient.
Les golems essayaient de se focaliser sur moi, et parfois, quand leurs armes étaient trop nombreuses, leurs coups trop puissants, ils arrivaient à passer mes défenses. Mais ce faisant ils tournaient le dos à mon armée, et les morts finissaient par les attraper et les tuer. Les golems continuaient de se battre, même avec un bras en moins, même avec tous les membres brisés ils ne tombaient pas, leur régénération surnaturelle ressoudaient les dos et reformaient les muscles. Mais il venait un moment où, décapités, démembrés, le cœur écrasé, ils finissaient par rendre l'âme. Et naturellement, le moment arriva où il ne restait que Sinssirin, le plus fort d'entre eux. Seul. Nos rangs s'étaient énormément clairsemés, eux aussi, mais il n'avait tout de même pas une chance.

-Comment tu fais des trucs pareil ? demanda-t-il, son sourire toujours fiché sur le visage, envers et contre tout. Nous, les golems, on ne fait pas de magie. Pas de sorcellerie non plus. Mais j'en sais assez pour imaginer quelle formidable quantité d'énergie ça demande, d'invoquer quelque chose capable de nous tenir tête. Et toi !

Il écarta les bras d'un geste théâtral en riant à gorge déployée.

-Toi tu remmènes toute une armée ! Non mais sans rire, comment tu fais ?
-Je suis un peu... le maître des lieux, maintenant, lui répondis-je. Cet endroit tout entier m'aide.
-Oh... le monolithe. Bien sûr. Tout est plus... hey !

Il disparut pour éviter la boule condensée d'énergie que j'avais envoyée sur lui, reparut un peu plus loin, ses incroyables épées apparurent pour m'embrocher, presque autant que Dandelo. Mais un des morts lui sauta dessus et il fut obligé de se téléporter de nouveau, il semblait clignoter tellement ses apparitions étaient brèves, quand il voyait une ouverture dans les innombrables attaques qui pleuvaient sur lui, il ripostait d'un coup rapide comme l'éclair et abattait un de mes soldats.
Comme Dandelo c'était un guerrier né, un homme qui avait été créé dans ce seul but, et cela se sentait dans ses mouvements, dans sa capacité instinctive à lire le champ de bataille, anticiper les déplacements, deviner les ouvertures. Mais le combat était perdu d'avance. Il n'était pas Dandelo.
Je choisis un moment, quand il me tournait le dos, parce que j'étais trop loin pour l'atteindre, parce que je ne pouvais pas deviner qu'il allait apparaître ici. Il avait très bien choisi sa position, effectivement hors d'atteinte, et il en profitait pour abattre deux de mes invocations en un battement de cil. Mais le temps se stoppa, et tranquillement, je m'approchai de lui.
Quand je fus assez près, le temps reprit son cours, et je décochai un coup de poing dans ses côtes. Il y eut un craquement tandis que ses os se brisaient, et il décolla du sol, retomba plus loin. Il voulut disparaître de nouveau mais, le temps stoppé, j'étais déjà sur lui, et un nouveau coup de poing, cette fois directement au visage. Son nez émit le même craquement que ses côtes et du sang jaillit. Nouveau direct, et sa tête alla frapper la roche. Il réussit cependant à se téléporter... pour me trouver à son point d'arrivée. Un crochet au visage le projeta de nouveau  face contre terre. Plusieurs dents volèrent.
Je me jetai sur son dos, attrapai son visage à deux mains, et tournai d'un geste brusque. Nouveau craquement. Le dernier cette fois.
Même le plus résistant des golems ne se relèverait pas de ça.
Je me redressai et regardai autour de moi. D'une pensée, je relâchai l'emprise que j'avais sur mon armée de morts, et dans la même brume blanche qui les avait vus apparaître, ils disparurent. Il n'y eut plus que moi, et les cadavres des golems. J'étais seul au milieu d'un charnier, au milieu d'un désert. Je poussai un très long soupir.
Temps de rentrer, maintenant. D'une façon ou d'une autre.
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