Bon, il était temps de faire le point.
Voilà à peu prés quelques jours que Srigmael se trouvait sur les terres de la cité d'Abéron. A dessein? Hum, pas tout à fait, disons plutôt qu'il avait simplement suivi les gens battant la campagne jusqu'à tomber sur la première ville en dehors des Beros. Il avait eut envie de voir autre chose que des montagnes. Pas qu'elles ne soient pas intéressantes, il avait encore un tas d'idées intéressantes à develloper à leur propos, mais à force d’entendre parler du reste du monde, il avait eut envie d'y aller voir de plus prés. Et puis il avait quelques expériences en cours à laisser trainer un peu avant d'y revenir, c'était toujours amusant de voir comment les choses pouvaient se passer en votre absence. Du coup, un peu de promenade ailleurs lui avait semblé judicieux. Seulement voilà. Il ne s'était pas vraiment attendu à faire face à un souci mineur prenant ici des proportions majeures: il était mort de faim!
C'est vrai que dans les montagnes, il n'avait pas eu ce genre de problèmes au moins. Un petit nain "arrangé" par-ci, une plante un peu plus "évoluée" que les autres par là et il tenait largement de quoi se rassasier. Tandis qu'ici....il n'avait rien à se mettre sous la dent! Il y avait bien de ces humains, là, ces petits êtres tous roses qui courraient partout, mais ils avaient une saveur vraiment abominable! Bon, après, ils auraient certainement meilleur goût s'il s'occupait de les améliorer en personne...mais il avait bien qu'il ne pouvait pas faire ça. Pas dans un endroit si visible en tout cas, il savait ce qui pouvait venir traquer ses précieuses créations s'il se laissait trop aller à propager ses dons aux alentours. Raison pour laquelle il continuait de voyager constamment...Mais du coup, comment trouver de la nourriture comestible dans ce fichu monde? Tout cela était décidément bien mal fait, à se demander qui avait à ce point bâclé le travail.
Alors, il y avait bien ces choses que les humains avaient l'air de manger dans leur assiettes. De loin, ça avait l'air de ressembler vaguement à de la viande, peut-être à meilleur goût celle-là? Mais le souci était alors pour Srigmael: comment s'en procurer? Alors oui, bon, il y avait évidement la solution de facilité. Mais le stryge trouvait largement indigne de lui de s'en prendre à du pauvre bétail pour seulement leur voler leur nourriture. Un peu de dignité quoi, mince! De ce fait, il se retrouvait à être un stryge digne, mais affamé. Qu'importe, il finirait bien par savoir comment ces humains faisaient pour avoir ces aliments là. Bien que pour l'instant, ce ne soit guère concluant. Tous ceux qu'il avait pu observer dans les environs ne faisaient que creuser la terre à longueur de journée. Hors, Srigmael savait bien qu'on obtenait rien de mangeable juste en creusant, c'était évidant. En tout cas par chez lui ça ne marchait pas comme ça. Et puis il avait essayé une fois seulement de son coté, ça n'avait pas marché. Il y avait bien sinon ces créatures assez étrange à l'air inutile que les humains parquaient dans des enclos. Mais là aussi, le dilemme était présent: il n'allait tout de même pas prendre l’animal de compagnie d'un animal de compagnie, non? Et puis il voulait tacher d'attirer le moins possible d'attention sur lui. Hors éventrer et dévorer ces bestioles tout le long de son voyage ne semblait pas faire parti des mœurs locales. Du coup, comment diable faisaient donc ces humains quand ils se rendaient ailleurs que chez eux? Tout cela était bien mystérieux...
Résultat, le constat n'était pas brillant. Un jeune elfe à l'apparence agréable, à la longue chevelure dorée et aux grands yeux grisés, au corps fin et au visage souriant, le tout pourtant largement gâché par des traits tirés dues à la malnutrition, des cernes de fatigue, des habits plus que crasseux (de facture paysanne, hérités sur les sujets de sa tentative d’anthropophagie) et en lambeaux. Il se trouvait échoué sur les abords d'une route de terre battue, soigneusement évité par les quelques passants, quand ils daignaient même prendre note de son existence. Lui regardait tout cela d'un air noir, complétement avachi, se demandant si finalement, on ferait grand cas d'une disparition soudaine d'une de ces fameux chariots et surtout de leur force motrice. Et plus le temps passait sans qu'une autre alternative viable lui vienne en tête, plus il se sentait faiblir pour l'idée...