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Manœuvres nocturnes

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Liv de Sula


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Manœuvres nocturnes Vide

Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Manœuvres nocturnes | Mer 30 Avr 2014 - 7:30






manœuvres nocturnes



Même avec Gaspard en son pouvoir, Lise n’était pas encore complètement libre de ses mouvements. La troupe obéissait toujours à son Prince et si les hommes apprenaient qu’il était victime de magie ils n’hésiteraient pas à se soulever. Elle ne pouvait donc pas encore briser la chaîne d’autorité et donner elle-même ses ordres, elle devait ruser, donner l’illusion du pouvoir princier et manipuler dans l’ombre. Une fois en possession des informations militaires que Gaspard tenaient secrètes, leur situation lui apparut des plus bancales. Il aurait suffi aux Premiers Hommes de se retourner vers le nord quelques semaines pour coincer et écraser les forces qui s’y abritaient. Or ces forces, Lise les contrôlait à présent et elle ne pouvait se permettre de les perdre maintenant, alors que le plus dur était passé.

C’est ainsi qu’une idée germa peu à peu dans son esprit. Une idée simple, presque évidente, mais assez dangereuse pour lui imposer un nouveau jeu risqué. Une idée qu’elle n’aimait pas vraiment mais qui lui était nécessaire : la Cam Serarna.
Sans forcément se joindre à la faction rebelle, Lise songeait à développer une collaboration avec Kedesor Faivre, un accord qui leur permettrait de coordonner leurs opérations respectives pour multiplier leurs chances de succès et garder le haut nord sauvage des envahisseurs.

Cependant, il était de notoriété commune que les gens de la Crête nourrissaient une haine tenace à l’égard du Prince et de ses soudards. La rancœur était bien plus ancienne que les récents évènements, des rumeurs mêlant Gaspard au sac de Narda et au génocide Vanyalien. Il était également connu que Gaspard ne cultivait pas la moindre sympathie à leur égard, sauf peut-être pour cette femme aux yeux bleus dont il avait longuement vanté les qualités au retour de quelques négociations crétoises.

Il fallait donc réussir à faire accepter une alliance à Kedesor Faivre et la faire avaler par ses propres troupes. Ce n’était pas une mince affaire et la jeune femme préféra commencer par miser sur la discrétion. Cela-dit elle ne pouvait demeurer auprès des rebelles pour assurer la liaison, il lui fallait quelqu’un là-bas qu’elle pourrait convaincre de l’intérêt d’une alliance et qui resterait discret par rapport à sa mission.

Elle songea aussitôt à l’un des fidèles du Prince. Un ancien mercenaire recruté par Gaspard au temps du soulèvement des Ingrats qui avait opposé le seigneur à des vassaux mutins. L’homme s’était illustré lors du conflit et avait maintes fois prouvé sa valeur depuis. Il était loin d’être idiot et, bien qu’il tienne le Prince en haute estime, Lise avait décelé chez lui quelques ressentiments vis-à-vis des récents choix de son suzerain. Elle comptait jouer de cette corde là pour rallier à sa cause l’officier vertueux tout en éloignant de la troupe un individu perspicace susceptible de mettre à jour ses sombres manœuvres.

Gaspard avait donc convoqué l’intéressé pour lui livrer un ordre de mission monté de toute pièce :

« Bel ami, j’ai besoin de toi pour une mission qui m’est chère, avait-il dit, je voudrais que tu traverses la Crête pour te rendre compte par toi-même des dégâts subis par la Nostrie et m’en faire le rapport. Cette demoiselle (avait-il ajouté en désignant Lise) t’accompagnera. Elle connait bien ces montagnes et possède quelques talents ésotériques qui pourraient t’être d’une grande aide durant votre voyage. »

Ainsi la jeune femme était partie, guidant le jeune homme à travers le bois dense qui couvrait la Crête. Et ce n’est qu’après deux jours de voyage qu’elle passa à l’offensive.


* * *

Lise vérifia que les chevaux étaient bien attachés et retourna s’assoir auprès du feu. Elle tendit les mains au-dessus du foyer et les frictionna rapidement avant de les ramener contre elle. De ses yeux bleus elle chercha le regard de l’officier et lança une fois qu’elle l’eût ferré.

« J’aimerai vous entretenir de quelques craintes qui m’habitent. »

Elle baisse les yeux et repris dans un murmure :

« Je pense que le Prince est aveuglé par la tristesse que lui inspire la destruction de son pays, je pense qu’il prend une mauvaise décision en s’enfermant ainsi, je pense que notre armée sera vaincue si nous continuons dans cette voie. »

Elle fit une pause pour laisser l’officier digérer ses paroles puis le fixa à nouveau avec intensité et repris la parole :

« N’avez-vous jamais menti à un ami pour lui épargner un tracas ou une vérité qui lui serait trop dure à entendre ? N’est-il pas parfois nécessaire d’agir dans le dos de nos amis pour mieux les servir ? N’est-ce pas parfois notre devoir, si désagréable que cela puisse paraître ? »

L’approche n’était pas vraiment délicate mais Lise s’en moquait. Si elle s’exposait ainsi au jugement de son interlocuteur, celui-ci la penserait sûrement vulnérable. Sa méfiance se tairait et il serait à l’écoute. Peut-être même se prendrait-il de sympathie pour la jeune femme.

« Nous sommes dans la Crête, reprit-elle d’une voix passionnée en avançant un peu plus son visage à la lueur des flammes, nous pourrions discuter dans le secret avec des gens de Kedesor Faivre. Nous pourrions arranger une alliance tacite qui nous permettrait de tenir le prince et son armée à l’abri de l’extinction ! »

Elle avait prononcé cela avec verve et se recula subitement, simulant l’embarras que l’on ressent lorsqu’on pense en avoir trop dit sous le coup de l’émotion.

Elle se fit silencieuse, jetant quelques brindilles intactes dans le feu de camp en attendant que son compagnon de route prenne la parole.
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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Jeu 1 Mai 2014 - 3:04


Voilà déjà deux jours que Dunmorix chevauchait aux côtés de Lise, une demoiselle que venait à peine de lui présenter son prince, Gaspard.
"Aux côtés" était un bel euphémisme pour décrire véritablement leur voyage. Depuis qu'ils avaient quittés le campement où séjournaient actuellement le prince Nostrois et ses hommes, Dunmorix passait son temps à n'observer que le dos de la jeune femme. Le paysage autour avait en effet perdu de son intérêt d'autrefois, et le peu de paroles que Lise accordait au jeune homme concernaient avant tout les différents chemins à prendre pour arriver sans mal à destination. D'après ce que lui avait affirmé son suzerain, la demoiselle possédait une connaissance plutôt accrue des monts environnants - ce dont Dunmorix avait cruellement besoin, afin de se diriger dans une région qui l'avait vue grandir mais pour laquelle il n'avait en souvenir qu'un imbroglio d'images et de sons lointains.

Ainsi, oubliant presque la personne qui le guidait, Dunmorix avait passé plusieurs heures le regard dans le vague, bercé par les pas réguliers de sa monture. Il était alors à même de songer à la mission qui lui avait été confiée. Ce cher Prince Gaspard, qu'il tenait jusqu'à maintenant en haute estime, lui avait intimé de retourner en Nostrie afin d'en établir un compte-rendu.
C'était cela qui avait quelque peu étonné Dunmorix. Était-il vraiment utile de s'enquérir de la situation Nostroise à l'heure actuelle? Pouvaient-ils retourner dans leur contrée après avoir laissé en plan des centaines de personnes sans protection face aux envahisseurs? Et, fuyards comme ils l'avaient tous été en suivant Gaspard au Nord, après le massacre honteux à Dras Leona, était-il de bon ton de réapparaitre soudainement en pays Nostrois? Le jeune homme avait le coeur tourmenté par tant de questions et de doutes envers celui qui l'avait traité avec honneur maintes et maintes fois. Il ne savait réellement plus que penser de Gaspard. Bien évidemment, Dunmorix s'estimait toujours aussi fidèle à celui-ci, mais il n'était plus certain d'en approuver les décisions.
C'est l'esprit ainsi embrumé que le jeune homme chevauchait "aux côtés" de la dénommée Lise.

Arrivés au terme de leur seconde journée de voyage, la demoiselle s'était soudainement mise à bavarder plus que nécessaire. Ce fut dans un silence poli, mais à la fois intrigué, que Dunmorix l'avait écoutée.
Par un étrange hasard, Lise avait évoqué quasiment les mêmes doutes qui se multipliaient désormais dans la tête de Dunmorix. Elle parlait également de mensonges et autres agissements dans le dos d'amis proches, afin d'éviter de blesser ceux-ci.

Alors que Dunmorix se demandait où elle voulait en venir exactement, celle-ci s'était soudainement rapprochée et avait annoncé sa véritable intention: mettre en place une alliance avec des gens de Kedesor Faivre.
Ce n'est qu'au bout de plusieurs secondes de réflexion que Dunmorix se mit à répondre d'une voix qui se voulait calme mais ferme:


"Avant toute chose, sachez que notre Prince tient une place haute dans mon estime, et que je ne permettrais jamais que quelqu'un mette en doute ma fidélité envers lui."

Il resta silencieux un court instant, le temps que Lise enregistre éventuellement l'information, puis repris:

"Cependant, je suis contraint d'avouer que le Prince n'est plus celui qu'il a été par le passé, confia-t-il en détournant le regard, comme s'il se sentait jugé. Si vous osez ainsi me parler du plan qui vous anime, c'est que vous avez du sentir les doutes qui m'habitent."

Relevant les yeux, et cherchant à la faible lueur des flammes ceux de son interlocutrice, Dunmorix songea qu'il devait apprendre à mieux masquer ses sentiments.
Comme s'il se sentait complice d'un terrible méfait, le jeune homme se pencha alors en direction de Lise, et l'interrogea:


"Malgré ce que vous croyez savoir de moi, imaginez-vous vraiment que je sois prêt renier la confiance qu'a placé en moi notre suzerain? Vous rendez-vous vraiment compte de ce que vous avez prévu de faire? Agir ainsi contre la volonté du Prince peut s'apparenter à de la haute trahison et je suis alors en droit de sévir contre cela."

Se rapprochant davantage de la demoiselle afin de la pousser dans ses retranchements, Dunmorix dit d'une voix plus dure:

"Donnez-moi une bonne raison de ne pas dégainer mon épée sur-le-champ. Éclairez-moi sur vos véritables plans."
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Jeu 1 Mai 2014 - 17:32



Lise ne bougea pas ; en apparence du moins. Elle resta à la même place mais mobilisa peu à peu son pouvoir, laissant la magie invisible lui courir à fleur de peau. S’il décidait vraiment de l’attaquer elle n’aurait qu’à prononcer quelques mots. Elle déploya également sa conscience autour de celle de l’officier pour essayer de capter des bribes d’humeurs ou de pensées qu’il n’aurait pas songé à confiner dans son esprit. Elle fit néanmoins attention à créer un étau assez large pour qu’il ne puisse sentir sa proximité. À moins qu’il ne sache lui-même projeter son esprit et ne tente à son tour de la sonder. Mais c’était improbable, Gaspard aurait été au courant.

Du moins l’espérait-elle.

Dans le doute, elle se rétracta malgré tout, restant sur ses gardes pour pouvoir doubler son attaque magique d’une offensive spirituelle.

« Inutile de sortir votre épée, siffla-t-elle d’une voix agacée, je n’ai nulle intention de me soulever contre le Prince et si vous souhaitez me ramener au camp je vous suivrai sans résister. »

Elle attrapa une pomme de pin tombée prêt d’elle et commença à lui ôter ses écailles une par une.

« Pour en revenir à ce que je vous disais, je ne parle pas de conspirer contre notre suzerain mais d’obtenir une aide officieuse d’une faction que notre Prince ne peut approcher pour des raisons qui lui sont propres. »

Elle jeta la pomme de pin dans les flammes et releva la tête pour capter à nouveau le regard du jeune homme :

« Alors dites-moi Dunmorix : de celui qui laisse son suzerain prendre la mauvaise décision en sachant qu’elle lui coûtera la vie et celui qui lui désobéit pour assurer sa sauvegarde, lequel est le traître ? »

La pomme de pin craqua bruyamment dans les flammes mais Lise ne détourna pas les yeux :

« La loyauté n’implique-t-elle pas de faire des choix difficiles pour le bien de notre seigneur, quitte à nous mettre nous-même en une posture inconfortable ? »

Elle laissa ses mots interrogations faire leur effet et épousseta doucement ses mains. Elle saisit la couverture qui gisait à côté d’elle et s’en couvrit les épaules. Elle ramena ses genoux prêts de son visage et croisa les bras autour de ses jambes.

« Vous avez dit-vous-même que le comportement du Prince vous troublait, reprit-elle d’une voix douce, parlons de cette mission : reconnaître la Nostrie. Nous savons tous que la Nostrie n’est plus, que l’Océan l’a avalée il y a de ça des mois. Gaspard lui-même le sait. Pourquoi nous enverrait-il là-bas pour une raison si légère ? Ma connaissance de la Crête explique peut-être ma présence, mais la vôtre ? Un de ses plus précieux officiers, attitré à une mission de reconnaissance ? »

Elle marque une nouvelle pause, ses yeux reflétant la danse insolente des flammes agitées.

« Laissez-moi vous présenter ça d’une autre manière.
Pour rejoindre la côte nous devons traverser la Crête qui est, comme chacun sait, le territoire de la Cam Serarna. Pourquoi le Prince prendrait-il le risque de perdre un de ses officiers aux mains de l’ennemi si ce n’est pour établir un dialogue tacite ?
»


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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Sam 3 Mai 2014 - 23:25


Bien qu'il ne la connaissait quasiment pas, Dunmorix comprit aisément que cette Lise ne devait pas avoir pour habitude de mâcher ses mots. Il ne savait quelle place possédait réellement la jeune femme au sein du gouvernement de Gaspard, mais elle venait, et ce sans la moindre hésitation, de remettre à sa place l'un des officiers les plus fidèles du Prince. Et, dans tout ce qu'elle avait dit, Dunmorix ne se sentait pas de la contredire. Ce n'était pas qu'il manquait d'arguments en faveur de ses opinions, c'était simplement que ces mêmes opinions venaient peut-être de changer.

Sans prendre la peine de répondre aux questions rhétoriques de Lise, Dunmorix se leva et alla marcher quelques mètres plus loin, plongé dans ses pensées.
Comme l'avait dit la jeune femme, la mission de l'officier ne pouvait être aussi simple si elle n'avait pas un autre fond, plus conséquent pour l'avenir du Prince Nostrois. Cependant, si la véritable volonté de Gaspard était de rallier ses troupes à celles de la Cam Serarna, pourquoi ne lui avait-il pas clairement énoncé? Est-ce que le Prince commençait à douter de la fidélité de Dunmorix? Estimait-il que l'abandonner aux mains de la Cam n'était pas une si grande perte? Cela n'avait pas de sens, Gaspard n'aurait pas envoyé le jeune homme sur une mission aussi importante si sa confiance en lui n'était plus ce qu'elle fut.

Comme pour se rassurer, Dunmorix se força à croire que le Prince devait avoir une très bonne raison de ne pas lui avoir révélé la véritable nature de sa mission. De toute façon, cela ne pouvait être que ça. Jamais Gaspard n'aurait songé à sacrifier le jeune officier. Il n'aurait pu souffrir la disparition de celui qui, entre autres, lui avait permis de remporter la révolte des vassaux.

L'esprit déjà un peu plus clarifié qu'il y a quelques minutes, Dunmorix inspira profondément afin de s'alléger de ses sombres pensées. Il ne devait plus y songer pour le moment. Gaspard lui avait confié une mission qu'il devait mener à bien, et à cela il fallait sûrement ajouter celle que Lise allait lui proposer.

Dunmorix retourna auprès de la jeune femme et se rassit face à elle. Sans plus de cérémonie, il annonça:

"Admettons que je sois d'accord avec ce que vous avez prévu de faire. Admettons également que tout cela soit avant tout pour le bien de notre Prince et des troupes...n'est-ce pas? J'aimerais alors savoir comment vous compter vous y prendre. Que devons nous faire pour établir un dialogue avec la Cam Serarna?"

Tout en questionnant Lise, Dunmorix attrapa une gourde dans sa besace et y but rapidement le doux liquide qui la remplissait - dernier vestige d'hydromel qu'il possédait. Appréciant brièvement le breuvage, le jeune homme s'enquit alors:


"Vers quelle destination nous menez-vous réellement?"
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Dim 4 Mai 2014 - 19:28



Lise adressa un sourire à l’officier et tira un peu plus la couverture sur ses épaules.

« Pour ce qui est de notre destination, elle ne change pas. Je vous ferai traverser la Crête, nous pourrons contempler de nos yeux la destruction qui s’est abattue sur notre pays et la rapporter à ceux qui sont restés au nord. »

Elle l’observa un instant avec une intensité accrue et continua :

« En ce qui concerne la prise de contact, ne vous faites pas de soucis. Comme je vous l’ai dit, la Crête est un territoire rebelle, les rebelles nous trouverons. »

C’était là un demi-mensonge car la jeune femme ne voulait pas que la rencontre ne soit ébruitée par quelques sentinelles bavardes. Elle espérait pouvoir opérer une accroche discrète avec Marek qu’elle savait haut-placé dans la Cam Serarna. Elle avait plusieurs moyens à sa disposition pour le contacter mais ils étaient encore trop loin de Kedesor Faivre. De plus elle souhaitait prendre quelques dispositions avant la rencontre.

Elle tourna la tête vers les flammes et son regard se perdit parmi les braises rougeoyantes.

« Je suis magicienne, dit-elle soudainement, je ne suis pas très puissante mais j’ai appris à défendre mon esprit des incursions extérieures. Notez que ce n’est pas une compétence liée à la magie, le Prince lui-même dispose de puissantes protections mentales. Simplement les mages y sont plus souvent sensibilisés que ceux qui n’ont pas le don. »

Elle attrapa son sac et l’ouvrit pour y chercher quelque chose sans cesser de parler :

« Les gens que nous allons rencontrer y seront également préparés, ils seront même capable de visiter votre esprit avec leur propre conscience pour y trouver des informations, pour vous contrôler ou simplement pour vous détruire. »

Elle tira un sachet de cuir fermé par une chaînette d’argent à l’intérieur duquel se trouvaient différents bijoux – colliers, bracelets, bagues, broches, etc –. Elle  le lança au jeune homme et reprit :

« Je ne savais pas si vous étiez capable de contenir ce genre d’assaut, j’ai donc pris la liberté d’emporter quelques objets enchantés par les mages du prince. Choisissez en un, il vous protègera des incursions mentales. En revanche pour cela il devra puiser dans vos forces et cela vous fatiguera. »

Elle leva un doigt pour attirer l’attention de l’officier :

« Il continuera de ponctionner votre énergie tant que l’attaque durera. Si cette dernière s’éternise faites bien attention à le retirer avant qu’il ne vous tue. (Elle sourit) Cela ne devrait pas se produire mais prudence est mère de sûreté n’est-ce pas ? »

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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Lun 5 Mai 2014 - 1:28


Lorsque Lise lui présenta les différentes objets enchantés, Dunmorix eut un petit pincement au coeur. Il venait de se remémorer Krystale, la jeune elfe qu'il avait autrefois cotoyée. Si celle-ci n'avait pas disparue aussi soudainement qu'elle était apparue dans sa vie, le jeune homme n'aurait pas eu besoin d'user de telles babioles simplement pour protéger son esprit. Grâce à la jeune elfe, il aurait été capable de beaucoup plus. Sonder les pensées de Lise, par exemple, et en découvrir les sombres secrets qui s'y cachaient n'aurait été sans doute que du menu fretin pour lui.

Cependant, Dunmorix n'avait pas eu la chance d'obtenir une formation magique digne de ce nom, aussi il prit soin d'observer avec attention les bijoux que Lise lui proposait. Bien vite, son choix se porta sur un bracelet cousu main et plutôt épais. Ce n'était certes pas l'objet le plus aisé à retirer en cas de danger, mais parmi cette ribambelle de bibelots aux pierres précieuses toutes plus brillantes les unes que les autres, Dunmorix préférait privilégier la discrétion à l'esthétique. Et un simple bracelet marron entrelacé de fils pourpres pouvait avoir son charme. Non?

Il enfila prestement l'objet protecteur à son poignet gauche, puis rabattit sa manche par dessus. Comme il s'en doutait, il ne ressentit rien de particulier à son contact. Ce bracelet ne devait se rendre utile que lors d'agression extérieure. Dans le cas contraire, ce n'était qu'un objet anodin.

Relevant la tête vers Lise, il fit ce qu'il n'avait pas encore fait depuis que tout deux avaient quitté le camp: il lui sourit.


"Je vous remercie pour vos conseils avisés et votre aide précieuse, lui dit-il simplement. Je conçois parfaitement que vous faites cela dans l'unique but de mener à bien notre mission, mais...merci quand même."

Orientant son visage vers le ciel, Dunmorix ferma les yeux et huma l'air frais nocturne. Bien que ses années de vagabondage, et autres mercenariats, remontaient déjà à un temps qui semblait si lointain, le jeune officier avait gardé quelques réflexes. Il rouvrit les yeux, observa la voûte céleste qui s'étendait majestueusement au dessus d'eux, et, à la vue des étoiles qui l'a composaient, il comprit aisément qu'il était déjà une heure bien avancée de la nuit.


"Nous devrions sans doute nous coucher, recommanda-t-il. J'imagine que nous avons encore beaucoup d'heures de chevauchée demain..."

Laissant ses mots s'évanouir dans le silence qu'offrait la nuit, Dunmorix regarda plus fixement Lise.

"Cependant, si cela ne vous dérange pas, j'aimerais que nous testions ensemble les capacités de mon bracelet. Dans l'optique de savoir à quoi m'en tenir, si je devais être exposé à une attaque psychique, expliqua-t-il. J'estime cela plutôt judicieux de s'atteler à la tâche dès maintenant, ainsi je pourrais récupérer mes forces tout mon soûl pendant mon sommeil."
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Lun 5 Mai 2014 - 7:08



Les yeux de la jeune femme s’agrandirent un peu lorsque son interlocuteur la remercia. Après s’être d’abord heurtée à un ton froid et méfiant, la chaleur de sa voix la surprit. Après tout, même si elle de donnait du mal pour faire preuve d’une assurance sans faille, elle manquait encore d’expérience. Le sourire l’avait cueillie sans qu’elle s’y attende et son regard s’était un instant laissé nager dans l’iris émeraude de l’officier.

Elle replaça distraitement une mèche mutine derrière son oreille et répondit avec un sourire poli :

« Vous avez raison. Je vais tenter d’envahir votre esprit à plusieurs reprises. À chaque fois je mettrai une intensité différente dans chaque assaut pour que vous puissiez vous familiariser avec le tribut d’énergie qu’ils réclament. »

Elle plissa les yeux un instant et souffla :

« Faites-moi signe si vous jugez que l’exercice vous devient trop coûteux. »

Puis, doucement, elle passa à l’attaque. Rien ne changea dans son expression ou sa posture, son corps ne restait immobile, sa poitrine régulièrement soulevée au rythme lent de sa respiration. Pourtant les plans spirituels étaient agités d’une toute autre manière. Sa conscience s’éleva autour d’elle, s’approchant de l’esprit visé en rampant comme des tentacules invisibles.

Si Dunmorix n’avait reçu aucun entraînement au niveau de son esprit, il ne devait pas être capable de sentir ses mouvements. Elle lança un premier assaut d’une intensité faible, simplement pour reconnaître la protection. Elle se heurta à un mur blanc immaculé. Elle en fit le tour, attaquant régulièrement pour en éprouver la solidité mais ne trouva aucune faille.

Elle augmenta un peu la force de ses attaques, continuant de frapper un peu partout pour sonder les défenses et mettre à jour d’éventuelles fragilités. Mais rien ne semblait filtrer au travers de cette muraille. Elle n’avait pas la moindre aspérité sur laquelle Lise aurait pu jouer pour créer une brèche et forcer le passage.

Enfin elle passa à un assaut plus brutal. Le mur tint bon mais elle le sentait plier sous le poids de sa conscience. En insistant davantage elle parviendrait peut-être à le forcer. Dunmorix étant sans défense elle pourrait peut-être le soumettre à son tour !
Non, c’était trop incertain se dit-elle en relâchant sa pression. Même si elle s’avérait capable d’une nouvelle domination en si peu de temps, le jeune homme ne résisterait probablement pas à la dépense d’énergie que réclamerait l’artefact avant de se briser. De plus le priver de son libre-arbitre avant la rencontre qu’ils avaient planifiée ne serait probablement pas une bonne idée. Elle ne pouvait pas se permettre d’agir sur un coup de tête.

Elle replia complètement sa conscience.

« Vous allez bien ? » Demanda-t-elle à l’officier.

Elle craignait de l’avoir trop éprouvé. Elle reprit son sac et fouilla à nouveau dedans. Elle en sortit un ballot qu’elle déplia rapidement, révélant une large miche de pain. Elle en coupa une bonne tranche et la tendit au jeune homme :

« Mangez un peu, dit-elle, je vais vous préparer une tisane pour vous aider dormir. Vous ne rêverez pas mais votre sommeil n’en sera que plus réparateur. »

Elle s’approcha du feu et le tassa à l’aide d’un bâton pour étouffer les flammes sans affaiblir les braises. Elle y posa un quart dans lequel elle vida son outre d’eau, puis elle reporta son attention sur son bagage, cherchant quelques sachets d’herbes. Quand l’eau arriva à ébullition, elle retira le quart du feu et y jeta ses plantes. Elle ajouta un peu de miel au tout – tant pour le sucre que pour le goût – et le laissa refroidir en touillant doucement.

« Cette défense n’est pas imparable, déclara-t-elle sans lever les yeux du quart, un individu puissant et expérimenté sera sans doute capable de la forcer. Cela pourrait vous tuer et si ce n’est pas le cas votre esprit sera vulnérable à ses assauts et vous serez perdus. »

Elle lui sourit et reprit :

« Je ne dis pas ça pour vous faire peur, ce bracelet suffira à vous garder de la grande majorité des mages, je préférais simplement vous prévenir. »

Sans cesser de parler la jeune femme passa la main au-dessus du quart pour juger de la chaleur qui s’en dégageait. Elle saisit un autre quart et y transvasa le contenu du premier.

« La meilleur protection n’est autre que de se défendre soi-même. C’est plus efficace et cela ne requiert pas de consommation d’énergie. Nous n’avons pas le temps pour le moment mais je pourrais vous l’enseigner plus tard si vous le désirez. »

Elle porta le quart à ses lèvres et y but une gorgée. Elle hocha la tête et le tendit à l’officier avec un sourire aimable.

« Vous devriez dormir maintenant. Buvez, je vous réveillerai à l’aube. »
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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mar 6 Mai 2014 - 2:34


Dunmorix ne sut pas exactement à quel moment Lise commença à l'attaquer. Elle s'était brusquement tue, et avait gardé le regard fixé sur le jeune homme. Ne ressentant rien de particulier dans son esprit, il ne savait comment réagir. Devait-il alléger ses pensées? Faire le vide dans sa tête? Il tenta de s'y employer un court instant, puis se rendit bien vite compte que cela était totalement hors de sa portée. Il attendit alors patiemment que la magie de la demoiselle face son oeuvre.

Ce fut au bout de quelques minutes que Dunmorix vit son rythme cardiaque s'accélérer soudainement. Il ne comprit pas tout de suite de quoi il était question, croyant simplement que son impatience était à l'origine de cela. Mais lorsqu'un léger vertige le fit vaciller, il cerna de quelle manière le bracelet faisait son office. Son souffle devint alors un peu plus rapide et il se pencha en avant, comme si le poids de la fatigue l'empêchait à présent de se tenir droit. Il sentait que quelque chose se passait dans son esprit, mais il n'aurait su décrire la sensation étrange qu'il éprouvait actuellement. L'essoufflement allant croissant, Dunmorix tenta tant bien que mal de satisfaire la demande de ses poumons, qui réclamaient plus d'oxygène qu'à l'accoutumée.

L'attaque psychique s'arrêta de manière aussi brusque qu'elle avait commencée. Se redressant, Dunmorix posa ses mains derrière lui et repris peu à peu son souffle, éreinté comme s'il venait de participer à une course des plus rapides. Il avait bien fait de demander à être testé car il ne s'était imaginé qu'une simple attaque pouvait avoir un tel effet sur lui. A présent, il savait à quoi s'en tenir - bien qu'il redoutait le moment où il devrait faire face à une attaque véritablement agressive.

Il toussa à plusieurs reprises, tandis que Lise s'affairait à lui préparer une tisane réparatrice. Une fois le breuvage prêt, Dunmorix accepta volontiers la timbale que lui proposait la demoiselle. Ne pouvant dire mot, il l'a remercia d'un hochement de tête, puis but goulûment le brûlant breuvage. Celui-ci se répandit dans son corps telle une coulée de lave, mais le jeune homme n'y prêta pas attention. Au contraire, il en apprécia le goût et se dit qu'il devrait ultérieurement demander à Lise de quoi était composée la boisson.

Sa respiration revenue à la normale, Dunmorix fut pris d'un sommeil soudain. Il ne put s'empêcher de refréner un long bâillement, mais, avant de se coucher, il s'addressa à Lise:


"Encore une fois merci pour votre aide. Comme vous l'avez dit, la défense que me procure le bracelet n'est pas imparable, mais au moins je sais quels symptômes apparaissent lors d'une attaque psychique."

Il marqua un silence, hésitant dans le choix de ses mots, puis repris:

"Pardonnez-moi d'avoir été méfiant et menaçant tout à l'heure, mais je pensais avant tout à la sécurité de notre Prince. A présent, du peu qu'il m'est permis de constater, je remarque que je vous ai sans doute mal jugée. (Dunmorix sourit de nouveau) Finalement, je vous trouve bien plus appréciable que vous ne paraissez l'être."

Finissant sur cette phrase, le jeune homme attrapa sa couverture et s'allongea sans plus de cérémonie. Le feu, bien moins vif qu'il y a plusieurs minutes, caressait son visage d'une agréable chaleur réconfortante. Pensif, les yeux fixés au ciel, Dunmorix attendit que Morphée veuille bien l'accueillir dans ses bras protecteurs.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mar 6 Mai 2014 - 11:28



Durant leur long périple, Charlie avait enseigné à Lise les bases de la défense et de l’attaque mentale. Ces capacités spirituelles avaient fascinée la jeune femme qui s’était appuyée sur ces leçons pour s’entraîner d’elle-même. Le point culminant de cette pratique ne fut autre que leur retour à Gil’ead, quand les deux gardiens vivaient dans les sous-sols pour s’abriter des Premiers Hommes. C’est là que Lise avait pénétré dans le Cercle, là qu’on lui avait appris les bases de la sorcellerie, là qu’elle avait dû se tenir constamment en alerte pour éviter qu’un des vieux mages ne tente de s’approprier son esprit. Là aussi qu’elle avait partagé le corps de petits animaux pour espionner les envahisseurs et là qu’elle avait appris à lire dans les esprits vulnérables.

Et elle n’avait jamais cessé de pratiquer depuis, certaine qu’elle ne parviendrait à une maîtrise parfaite que par l’entraînement. Même s’il devait se faire aux dépends d’autres disciplines. Car après tout, la force de l’esprit était essentielle pour tous les types de Magie. Une volonté puissante aidait à en tirer un meilleur parti sans avoir recourt à la Grammarie. La mécanique des sorts informulés en était la preuve. De plus, une parfaite maîtrise de la conscience permettait également de prendre facilement l’ascendant sur un autre individu. De le dominer, de le soumettre et de le posséder. Le Prince en avait fait les frais avant même que la jeune femme n’en arrive à la maîtrise parfaite.

Cela-dit le pouvoir de la jeune femme dans cette discipline restait encore cruellement limité. Il y avait des gens dans ce monde dont la puissance atteignait des sommets rares, des gens pour lesquels un assaut spirituel ne représentait rien de plus que le bourdonnement gênant d’un moustique attendant qu’on le claque. Mais plus simple encore, elle n’était pas encore assez forte pour sonder efficacement de vastes espaces. Elle était par exemple incapable de contacter précisément un individu de Kedesor Faivre d’ici, par la simple force de son esprit. Et ça, c’était foutrement emmerdant.

Si elle ne voulait pas que sa véritable position soit dévoilée auprès de Dunmorix et que la rencontre ne soit pas chose connues de tous les rebelles, il fallait impérativement qu’elle parvienne à nouer le contact avant leur rencontre et directement avec un officier de la faction rebelle.

* Marek. * Songea-t-elle.

Elle n’avait pas vu le pyromancien depuis leur première rencontre dans une étroite maison à l’extrémité d’Eoam, le lendemain de son éveil, sa renaissance. On ne peut pas dire qu’elle avait été très joviale à cette époque. En vérité elle ne savait alors de Marek que ce que les autorités impériales de Nostrie communiquaient. À savoir qu'il s'agissait du chef d’une bande de criminels coupables du meurtre de centaines de soldats léoniens.

Aujourd’hui elle avait plus de recul. Charlie en avait dressé un tout autre portrait et rétabli quelques vérités historiques. Quelque part, cette entreprise permettrait également à la jeune femme de s’excuser auprès du Gardien du feu pour son comportement passé. Elle espérait simplement qu’il ne garderait pas quelques rancunes passées qui viendrait gêner les négociations.

La jeune femme poussa un soupir et posa son regard sur l’officier assoupi. Il semblait paisible, ses cheveux d’argents retombant sur son visage fin. Elle sourit et se pencha vers lui pour écarter les mèches envahissantes. Puis elle se leva et s’éloigna un peu de leur bivouac pour s’assoir en tailleur sur une souche éclairée par la seule lumière d’une demi-lune.

Il y avait toujours quelque chose qu’elle pouvait tenter pour contacter le gardien. Pendant ce même voyage en compagnie de Charlie, elle avait senti une fois le Saphir résonner suite à l’appel de son homologue flamboyant, transcendant temporairement le ce lien qui les unissait tous avant de s’évanouir brusquement. Peut-être que les gemmes pouvaient également servir de moyen de communication. Peut-être qu’en se focalisant sur l’énergie de son élément elle parviendrait à établir un contact similaire avec le Rubis. Ça faisait un tas d’hypothèses mais la jeune femme était décidée à tenter le coup.

Elle fit glisser le Saphir hors de la châsse qui le liait au bracelet et le déposa au creux de sa paume. Elle se concentrait sur la gemme et tentait d’y libérer son pouvoir pour créer cette résonnance dont elle avait gardé le souvenir. Mais cela ne fonctionnait pas et après de nombreux essais infructueux elle se força au calme et essaya autre chose.

Elle se concentra à nouveau sur le Saphir, sans essayer de lui insuffler quoique ce soit cette fois-ci. Au contraire, elle se laissa entraîner par la danse ses reflets et par le mouvement envoûtant de ses profondeurs. Peu à peu, la pierre éclipsa tout ce qui l’entourait. Lise ferma les yeux, faisant tomber un rideau noir sur son champ de vision. Pourtant la gemme était toujours là, mouvante, gracieuse et attirant sa gardienne de plus en plus loin dans ses abîmes bleutés. Puis soudain, Lise ne fut plus Lise. Elle fut une goutte. Une simple larme de rosée glissant le long d’une feuille sombre. Elle fut l’humidité nocturne humectant la soie d’une toile d’araignée. Elle fut une flaque puis un ruisseau. Elle parcourut des lieues en suivant le trajet sinueux du mince court d’eau gravé dans les monts et s’évapora dans le brouillard qui régnait dans leurs hauteurs. Elle flotta ainsi, aérienne au-dessus des cimes, filant vers la silhouette familière de la forteresse rebelle.

Lise n’avait jamais été à Kedesor Faivre, elle l’avait admirée de loin lorsqu’elle habitait Edoc’Sil avec le gardien de l’air. Mais le Saphir connaissait le chemin et l’eau la guidait sans hésiter. Ainsi, Lise-le-nuage caressa doucement l’une des tours et se condensa en une fine pellicule qui coula le long de la paroi et s’infiltra dans les chéneaux. Elle courut le long des conduits, traversa grilles et conduits à une vitesse vertigineuse jusqu’à déborder d’un cheveu au coin d’une gouttière de la cour, redevant la larme solitaire au plongeant du bout de sa feuille. La chute fut, longue, permettant à la gardienne d’observer tout autour d’elle. Des gens traversaient la place d’un pas pressé, d’autres braillaient des instructions. Il y avait plus d’activité que dans une fourmilière. Lise sentait la fatigue l’emporter elle marmonna mentalement quelques mots qui résonnèrent un instant en silence, portés par le Saphir.


* Eka aì M'Ehiatê Gyu. *
Je suis M'Ehiatê Gyu.

Surprise elle-même par son intervention, la jeune femme ouvrit les yeux et se retrouva à nouveau – presque brutalement – sur la souche où elle s’était installée plus tôt. Elle regarda autour d’elle, la respiration saccadée et aperçu plus loin la lueur du feu de camp. À son poignet, le Saphir avait retrouvé sa place dans le bracelet. Lise soupira et se leva péniblement avant de marcher jusqu’au bivouac. Dunmorix dormait toujours profondément. Elle se coupa une tranche de pain et la mangea doucement en s’interrogeant sur ce qui venait de se passer. Son esprit était trop perturbé pour qu’elle puisse réfléchir. Elle capitula, récita quelques sorts tant pour l’avertir en cas de danger que pour l’empêcher de dormir trop longtemps.

Après tout elle avait promis à l’officier de le réveiller à l’aube.

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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mer 7 Mai 2014 - 2:50


Dunmorix se réveilla en douceur, ouvrant les yeux un à un. Il s'étira longuement puis se redressa afin de s'asseoir confortablement. Il se passa rapidement une ou deux mains dans les cheveux, histoire de s'assurer une coiffure un minimum ordonnée. Les yeux sortant encore difficilement de leur torpeur nocturne, le semi-elfe jeta quand même quelques coups d'oeil alentour. Bien que les montagnes de La Crête dominaient le paysage de toute leur hauteur, on pouvait apercevoir le soleil se dessiner à l'horizon, sa lumière répandant de jolies taches rosées sur les quelques nuages qui parsemaient le ciel. Dunmorix esquissa un léger sourire à l'idée de ce beau temps qui s'annonçait.

Reportant son regard sur ce qu'il se passait autour de lui, Dunmorix constata que Lise dormait encore paisiblement, le sommeil sans doute parcouru de doux songes. Il resta un moment à la contempler, appréciant les reflets du soleil sur ses longs cheveux blonds.

Un craquement se fit entendre.

Dans un premier temps, Dunmorix n'y prêta pas attention. Un tel bruit n'avait rien d'extraordinaire dans une forêt. Il s'agissait sûrement là de quelques animaux matinaux.

De nouveau, un son parvint aux oreilles du jeune homme.

Plus par réflexe que par mesure de précaution, il scruta brièvement dans la direction d'où provenait ledit craquement de brindilles.

Rien. Pas la moindre forme ne put être perçue derrière les arbres.

Pour la troisième fois, quelque chose vint perturber Dunmorix dans ses rêveries.

Cependant, le bruit se fit brusquement plus insistant et de plus en plus proche que ce qu'il avait soupçonné. Quelqu'un, ou quelque chose, s'approchait à grands pas. L'officier attrapa rapidement son épée posée un peu plus loin. Il s'accroupit, sur le qui-vive, dégainant partiellement sa lame. Ses yeux émeraudes fixés en direction de l'endroit où la chose était censée faire son apparition, Dunmorix attendit patiemment.

Il vacilla alors un court instant de surprise lorsqu'il vit la personne qui sortit des fourrés.

Un homme se dressait face à lui, imposant. Son armure, de simple facture mais qui semblait tout de même solide, arborait un noir d'ébène. Dans chacune de ses mains se tenaient des épées à courte lame d'où émanait une faible lueur bleue - de la magie, sans aucun doute. Ses longs cheveux noirs ondulaient dans la légère brise du matin. Par un habile et sournois jeu de lumière, Dunmorix ne distingua que la moitié du visage de l'individu, sur lequel se dessinait un sourire carnassier. Et ce visage, le jeune homme l'aurait reconnu entre milles: c'était celui de Veligan.

Ne sachant comment réagir à l'apparition de son frère jumeau, Dunmorix resta silencieux, sans bouger. Bien mal lui en pris, car, avant qu'il puisse esquisser le moindre mouvement, Veligan plongea sur Lise. En réaction à cette brusque attaque, l'officier se leva en dégainant totalement son épée. Il constata avec horreur où avait atterri son frère. Ce dernier avait désormais un genou à terre, ses deux lames délicatement posées sur la gorge fragile de la demoiselle.

Dunmorix ne savait comment réagir. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Après tant de mois sans nouvelles, pourquoi Veligan réapparaissait-il soudainement? Et qu'est-ce qui le motivait à s'en prendre à Lise? Dunmorix chercha à en savoir plus, mais au moment où il allait ouvrir la bouche pour questionner son frère, il s'aperçut qu'il ne pouvait plus produire le moindre son. Il avait beau y mettre toute la bonne volonté du monde, ses cordes vocales ne parvenaient pas à sortir sa voix. Une magie devait être à l'oeuvre, l'empêchant de s'enquérir auprès de Veligan.

Ne pouvant perdre de temps face au danger imminent que représentait son jumeau, Dunmorix voulut s'avancer. Une fois de plus, il fut incapable de faire ce qu'il avait décidé. Ses jambes semblaient comme clouées au sol. Il se concentra du mieux qu'il put pour faire fonctionner ses membres inférieurs, mais il en vint rapidement à l'évidence qu'il était à présent simple spectateur des actes de son frère.


"Rejoins-moi", dit simplement Veligan, les yeux levés vers Dunmorix. Celui-ci crut brièvement apercevoir que l'oeil droit de son frère, autrefois bleu, avait désormais pris une teinte vermeille.

Dans un silence presque religieux, Veligan trancha d'un geste sec la gorge de Lise.



Dunmorix sortit de son sommeil en criant de surprise, se relevant d'une manière bien trop brusque pour son corps à peine éveillé. Haletant, il repoussa ses mèches de cheveux humides qui lui masquaient la vue. Levant les yeux au loin vers les monts, il remarqua non sans surprise que le soleil projetait ses rayons sur les nuages, de manière quasi identique à celle de son cauchemar.
Essayant de se calmer, le semi-elfe cligna plusieurs fois des yeux, avant de rencontrer ceux de Lise. Elle l'observait, dans un regard mêlé d'incompréhension et de curiosité. Il se retourna et pris dans son sac une gourde remplie d'eau. Il en but sans retenue, comme s'il voulait s'éclaircir la voix avant que le demoiselle ne lui pose la moindre question.


Dernière édition par Dunmorix le Jeu 8 Mai 2014 - 18:32, édité 1 fois
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Jeu 8 Mai 2014 - 18:26




Et d’un seul coup elle fut éveillée. Elle n’avait même pas la transition paresseuse du sommeil tendant progressivement vers la prise de conscience. Elle ne s’était pas non-plus relevée en sursaut, victime de quelques choc ou d’un bruit dérangeant. Non, une seconde était passée et elle ne dormait simplement plus.
* La magie est fascinante. * Songea la jeune femme toujours allongée dans sa couverture, les yeux grands ouverts.

Le soleil n’avait pas encore caressé l’horizon de sa silhouette brillante mais le ciel s’empourprait déjà de reflets roses et orange que l’on distinguait à travers le feuillage dense de la forêt crétoise. Lise n’avait pas pris le temps d’apprécier ces lueurs depuis bien longtemps. Et pour cause, elles lui rappelaient des souvenirs de sa vie d’avant, tantôt à Edoc’Sil, tantôt en voyage. Toujours avec Charlie.

Mais voilà, c’était avant. Avant que la guerre n’éclate et que les Premiers Hommes envahissent l’Alagaësia. Avant que Lise ne s’initie aux secrets de la sorcellerie. Avant que Charlie ne massacre ses mentors. Avant qu’elle ne s’enfuit et soumette Gaspard à sa volonté.

« Le temps passe si vite, murmura-t-elle pour elle-même, pensive. Il m’échappe. »

Elle se tourna la tête vers Dunmorix et le vit devina sa silhouette emmitouflée. Quelques mèches argentées dépassaient de la fourrure qui le tenait au chaud. Un sourire muet passa sur les lèvres de la jeune femme puis, prenant un léger élan, elle se leva d’un mouvement vif et fluide et s’éloigna entre les troncs pour rejoindre la souche miteuse qui lui avait servi d’assise la veille.

Elle posa sa main sur le bois sec et sonda les environs du bout de sa conscience. Ne sentant rien, elle se livra à une deuxième inspection – visuelle cette fois – en s’insinuant dans l’esprit de petits animaux dispersés aux alentours. C’était une précaution qu’elle avait prise au contact des enfants de Mastaï, dont certains représentants demeuraient invisibles aux inspections mentales. Mais elle ne vit rien à travers les yeux de ces bêtes et les libéra toutes avant de revenir au bivouac.

Elle raviva patiemment le feu et remit de l’eau à chauffer. Outre les bases de la sorcellerie de Cercle de Gil’ead lui avait également appris les bienfaits du thé et des infusions. Si bien que Lise ne sortait plus sans sa bourse d’herbes. Ainsi, pendant que le soleil crevait finalement les terres orientales et éclairait les cieux d’une lumière plus douce, la jeune femme assaisonnait son eau chaude de pincées de feuilles aux formes et aux couleurs variées.

Elle se pencha sur le côté pour attraper la miche de pain et s’en coupa une tranche. Elle préférait manger avant de réveiller l’officier afin de pouvoir replier ses affaires et préparer les chevaux pendant qu’il se restaurerait. Mais le jeune homme ne l’entendait pas de cette oreille et commença à remuer en gémissant faiblement dans son sommeil.

Lise l’observa d’un air étonné. La tisane d’hier aurait dû le plonger dans un sommeil sans rêve, comme un coma léger. Elle avait mis une dose suffisante pour assommer n’importe quel homme. Elle s’approcha un peu plus, fronçant légèrement les sourcils. Dunmorix se redressa subitement en poussant un cri qui fit sursauter la jeune femme. Elle croisa un instant son regard fiévreux mais il se détourna brusquement et fouilla frénétiquement dans son ballot pour sortir une gourde à dont il aspira fébrilement le contenu.

La gardienne était familière des cauchemars et des réveils moites de panique. Elle attendit que l’officier se calme et posa une main bienveillante sur son épaule :

« Tout va bien, lui souffla-t-elle, tout va bien. »

Elle l’observa un instant et ramassa le bout de pain qu’elle avait lâché en sursautant. Elle le rompit et en tendit la moitié au jeune homme.

« Tenez, mangez ça. Vous vous sentirez mieux après. »

Un bruit de friture la fit se retourner. L’eau restée trop longtemps sur le feu s’étaient mise à bouillir et avait débordé, s’évaporant bruyamment au contact des braises. Lise se précipita pour remettre les choses en ordres et se rassit à sa place en poussant un léger soupir. Ses yeux revinrent à l’officier et, après une brève hésitation elle lança :

« Vous devriez vous sécher. Et vous changer si vous avez de quoi. Vous être trempé de sueur, la température est frisquette en altitude vous pourriez attraper un mauvais mal. Elle s’interrompit un instant. Je vais préparer les chevaux histoire que l'on puisse partir rapidement. »

Et sans ajouter un mot elle se leva et s’éloigna. Les chevaux avaient été attachés un peu plus bas. Assez proche pour qu’on puisse les entendre si un danger les agitaient, assez loin pour qu’ils ne puissent pas s’intéresser aux sacs des deux voyageurs. Ce serait suffisant pour laisser un brin d’intimité au dormeur tourmenté.

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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mer 14 Mai 2014 - 2:15


Malgré sa panique toujours présente, Dunmorix apprécia le frais liquide qui lui permettait de reprendre quelque peu ses esprits. Ayant terminé de boire, le jeune homme ferma un instant les yeux comme pour remettre de l'ordre dans ses pensées encore tourmentées. Il perçu à peine la main réconfortante de Lise qui se posa sur son épaule. Celle-ci, tentant de le calmer, lui proposa un morceau de pain comme collation. Dunmorix prononça un faible « merci » en attrapant ce que la jeune femme lui tendait, tandis qu'elle s'en retournait à ses occupations. Il mordit dans sa nourriture sans grande conviction. Plus ruminant que mâchant, le jeune homme écouta les conseils de Lise, bien que la voix de sa guide lui paraissait tellement lointaine. Elle se leva alors afin de préparer les chevaux qui se trouvaient en contrebas.

Continuant de faire fonctionner ses maxillaires, l'officier tenta de faire le point sur ce qu'il avait rêvé – ou même vu – cette nuit. Il avait un peu de mal à croire au hasard, et bien qu'il n'avait jamais pris de cours dans le domaine de la magie, il était un peu au fait des rêves prémonitoires. Et ce qu'il avait ressenti pendant la nuit lui semblait si réel qu'il se mettait à croire que quelque chose concernant son frère allait se produire dans un avenir proche. Il n'avait en effet pas eu vent des agissements de Veligan au cours de ces derniers mois. Depuis le début de l'Invasion, aucune nouvelle de son jumeau ne lui était parvenue. Ce n'est pas comme si, en temps normal, il entretenait un courrier régulier avec Veligan, mais celui-ci était un assassin réputé parmi les gens de sa profession, aussi, de par ses relations, Dunmorix avait pu jusqu'à alors suivre les actions de son frère.

Ainsi, alors que le jeune homme n'avait plus repensé à son autre moitié depuis plusieurs mois, celle-ci s'était imposée d'elle même dans les songes de Dunmorix. Et qui plus est pour assassiner Lise, cette jeune femme que l'officier venait à peine de rencontrer mais qu'il commençait déjà à apprécier. Bien sûr, en lien direct avec sa profession, il pouvait s'agir là d'une simple mission pour Veligan, sans le moindre rapport avec son jumeau. Cependant, les seuls mots de son frère avaient interpellé Dunmorix. Ce
« Rejoins-moi » pouvait s'apparenter à un appel direct, que Veligan aurait envoyé via un lien psychique unique que pouvait posséder deux jumeaux semi-elfes. Qui sait, après tout, tellement de choses étaient possibles avec la magie - et encore plus lorsqu'un métissage y était lié. Mais dans ce cas-là, si ce rêve n'était pas une prémonition mais bien une manière pour Veligan de contacter Dunmorix, pourquoi avoir diffusé de telles images dans son esprit ? Le jeune assassin ne pouvait-il s'empêcher de colporter la mort ? Et qu'elles étaient ces deux lames que Dunmorix avait aperçues ?

Les flammes mourantes du feu de camp dansaient faiblement dans les iris émeraudes du jeune homme pendant qu'il était occupé à tergiverser, le regard dans le vide. Allant d'hypothèses en hypothèses, essayant de trouver une véritable raison à son cauchemar, Dunmorix n'imagina pas un seul instant qu'il pouvait s'agir d'un simple rêve, comme les gens sont habitués à en faire.

Ne sachant plus quel cheminement prendre dans ses pensées, Dunmorix se dit qu'il était plus que temps de mettre un terme à sa réflexion.

Les cheveux encore humides de sueur, il sortit alors une pièce de tissu de son sac et s'essuya rapidement avec. Se levant, il retira sa tunique également moite, puis la posa un peu plus loin sans la ranger, songeant à la faire sécher sur sa selle, dans la journée. Il passa brièvement la pièce de tissu sur son torse, et enfila ensuite une seconde tunique, qu'il avait heureusement prise avec lui, par simple précaution. Il chaussa ses bottes de cuir avant d'aller éteindre le feu, en le recouvrant de terre à l'aide de ses pieds. Enfin, il ramassa sa cape qu'il avait enroulée en guise de coussin et s'en vêtit prestement, sentant l'air frais montagnard qui commençait à se manifester.
Le son de sabots approchant, Dunmorix comprit que Lise revenait avec leurs chevaux, aussi s'empressa-t-il de ranger son sac et d'attacher sa ceinture sur laquelle était accrochée son épée.

Lorsque la jeune femme arriva enfin, les deux voyageurs se jetèrent un regard, mais Lise ne dit mot, respectant sans doute le trouble passé de Dunmorix. Le jeune homme empoigna les rênes que lui tendaient la demoiselle tandis qu'elle allait récupérer ses effets.
Comme il se l'était prévu, Dunmorix attacha du mieux qu'il put sa tunique humide aux arrières de sa selle, et y fixa également son sac. Et, sans plus tarder, il grimpa sur sa monture. Lise fit de même, puis porta immédiatement un léger coup de talon sur le flanc de son cheval. D'un geste poli de la main, elle invita alors l'officier à la suivre, qui, sans prononcer un mot, incita sa monture à avancer. Dunmorix resta plusieurs minutes derrière la jeune femme, la talonnant presque. Puis, comme pour rompre ce silence gênant qui s'était installé entre eux – et également pour essayer de faire plus ample connaissance avec Lise –, le jeune homme fit prendre une petite accélération à son destrier afin de chevaucher aux côtés de la demoiselle.
Arrivé à sa hauteur, Dunmorix esquissa un simple sourire, comme pour signifier qu'il était désormais prêt à converser avec la jeune femme.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Ven 16 Mai 2014 - 6:03



Lise sella son cheval et attacha solidement ses affaires sur sa croupe avant de se hisser à son tour sur son dos. Elle lui donna une petite tape affectueuse sur l’encolure et peigna sa crinière du bout de doigts. S’il avait suivi ses conseils, Dunmorix n’avait toujours pas prononcé le moindre mot depuis ses sueurs nocturnes. Lise regretta de lui avoir donné le bracelet si tôt, elle aurait volontiers espionné l’esprit de l’officier pour retrouver ce rêve qui l’affectait tant. Elle l’espérait pas pouvoir lui arracher la moindre confession à ce sujet, ces songes douloureux réveillant souvent de vieux démons que les gens ne tiennent pas à partager. Lise elle-même en avait fait l’expérience après sa captivité aux Grands-Vents, hantée par les souvenirs de sa prison, de ses geôliers et par les images sanglantes de sa libération.

Pensant comprendre ce que pouvait ressentir le jeune homme, elle se contenta d’un geste silencieux pour lui indiquer de la suivre et prit les devants. N’ayant pas à soutenir de conversation, la jeune femme en profita pour sonder rapidement les environs. Ne captant pas d’autre présence que celle de la faune environnante, elle laissa ses penser vagabonder sur ses expériences de la veille et l’étrange voyage désincarné qu’elle avait fait en suivant le Saphir. L’appel muet qu’elle avait lancé à Kedesor Faìvre serait-il capté par qui que ce soit ? Sur le moment elle avait eu l’impression de faire résonner sa conscience dans la forteresse mais peut-être que l’appel s’était cantonné à son esprit. Peut-être que personne ne l’avait entendue.

S’ils arrivaient chez les rebelles sans que Lise ait pu établir un contact préalable, la situation risquait de devenir gênante, voire de tourner au vinaigre. Il ne fallait pas que la Cam ait vent des accords qu’elle souhaitait passer. Seule une poignée d’individus devaient en être informés. Et d’un autre côté, elle ne pouvait pas se permettre de laisser Dunmorix supposer qu’elle puisse contrôler Gaspard, sa loyauté prendrait alors le dessus et il se retournerait probablement contre elle. Autant de chose qu’elle préférait éviter mais la confrontation semblait inévitable et à chaque pas vers leur objectif Lise avait l’impression que ces projets de diplomatie officieuse ressemblaient d’avantage à un parcours dangereusement piégeux, qu’à un raccourci qui lui permettraient de satisfaire plus aisément ses ambitions personnelles.

Un martellement léger la sortit de ses pensées lorsque Dunmorix fit accélérer sa monture pour se replacer à hauteur de la gardienne. Elle lui rendit son sourire, presque par automatisme, et songea un instant à se renseigner sur l’origine de son trouble. Elle se ravisa cependant, et lança un tout autre sujet.

« Nous allons continuer de grimper encore une journée, dit-elle, après quoi nous atteindront un col au relief assez doux. Les chevaux pourront s’y reposer tranquillement. »

Elle se garda bien de préciser que l’un des sommets bordant le col abritait l’imprenable Kedesor Faìvre, ancien bastion du Mor’ranr knìfr devenu celui de la rébellion. Ceux-là même qui haïssait Gaspard le Sang-Gris et ceux qui composaient sa troupe.

« Si le col est n’est pas envahi d’une végétation trop abondante, reprit-elle d'une voix égale, nous pourrons peut-être même avoir une vue dégagée sur la région à contrebas. Auquel cas nous n’aurons pas à descendre pour constater du sort de la Nostrie. »

Sort qu’ils déjà connaissaient tous deux. Le pays n’existait plus, disloqué par la Magie, la terre s’était retrouvée plongée sous les eaux gourmandes de l’Océan. On ne trouvait plus qu’une chose de l’autre côté de la Crête : de hautes vagues salées cinglant inlassablement le nouveau dessin de la côte Alagaësienne.

Lise jeta un coup d’oeil furtif à l'officier. Son regard, glissa rapidement sur son visage lisse avant de passer sur ses cheveux argentés. Elle se pencha en avant pour éviter une branche un peu basse et reprit la parole en reportant son regard sur le chemin invisible qu’elle faisait suivre à sa monture :

« Votre physique ne correspond guère aux standards nostrois, dit-elle d’une voix piquetée de cynisme, un sourire flottant sur ses lèvres avec légèreté, j’ai entendu dire que vous étiez mercenaire quand vous êtes entré au service du Prince. D’où venez-vous exactement ? »

Elle grimaça avant d’ajouter :

« Pardonnez mon indiscrétion, mais je n’ai pas eu l’occasion de voyager beaucoup en Alagaësia. Je suis née et j’ai vécu l’essentiel de ma vie à Teirm. »

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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Lun 19 Mai 2014 - 3:57


Du coin de l'oeil, Dunmorix sentit le regard observateur de la demoiselle se poser sur lui.

Lise l'avait tenu au courant du chemin qu'ils leur restaient à parcourir pour mener la mission initiale, celle que l'officier s'était vue confier par Gaspard. Une journée encore à chevaucher à travers les monts de la Crête, et ils leur seraient alors sans doute possible d'obtenir une vue globale sur une grande partie de la Nostrie – ou du moins ce qu'il en restait. Une journée sous ce soleil si particulier qu'offrait le Nord : moins chaleureux qu'on peut s'y attendre, malgré sa lumière diffuse et cinglante. Un simple jour à parcourir, pendant lequel Dunmorix pouvait tenter d'en savoir un peu plus sur la jeune femme et sur ses éventuelles véritables motivations.

L'officier allait s'en enquérir, mais Lise fut plus rapide en reprenant la parole qu'elle avait lâchée quelques instants auparavant:


«Votre physique ne correspond guère aux standards nostrois. J'ai entendu dire que vous étiez mercenaire quand vous êtes entré au service du Prince. D'où venez-vous exactement ? »

Dunmorix sourit brièvement à l'étonnement de la demoiselle.
Ce n'était pas la première fois que l'on s'étonnait de son physique si particulier pour quelqu'un qui était censé n'être qu'un simple humain. Cependant, pour la seconde fois de sa vie, il avait l'occasion de donner une vraie explication à cela, plutôt que de répondre quelque chose de vague comme il avait autrefois pris l'habitude de le faire – la première fois étant face au Prince Gaspard, peu de temps après que Dunmorix eût appris lui-même sa véritable identité.


« Il n'y a pas de mal, rassura le jeune homme, après que Lise se soit excusée de son indiscrétion, vous n'êtes pas la première à être surprise par mon physique particulier. »

Dunmorix replaça derrière son oreille quelques mèches qui lui gênaient la vue, puis repris, choisissant ses mots avec soin :

« Je suis également né et ait passé une grande partie de ma vie à Teirm. J'y vivais avec ma mère et mon beau-père, raconta le jeune homme. J'avais dix ans lorsque ceux-ci m'ont tragiquement quittés... Avec mes frères et sœurs, nous avons dû partir vivre à Therinsford – ce village en plein dans la Crête qui ne doit sans doute plus exister aujourd'hui. Nous y étions logés par ma tante. Je devais alors avoir une quinzaine d'années lorsque j'ai décidé de quitter le domicile familial pour m'aventurer sur les routes alagaësiennes, aussi assoiffé d'aventures que peut l'être un adolescent.

Dunmorix marqua une pause, comme pour laisser le temps à Lise de digérer les informations qu'il venait de lui fournir. Il se remémorait non sans une certaine nostalgie cette époque qui lui semblait si lointaine. Sentant monter en lui une vague de tristesse à l'instant où il pensa à sa mère défunte, il s'empressa de continuer son récit afin de chasser de son esprit de mauvais souvenirs :

« En fait d'aventures, j'ai passé la plupart de mon temps à errer entre Teirm et le sud-ouest de l'Alagaësia, vivant de maigres revenus que je me procurais çà et là. J'ai eu la chance de faire un tas de rencontres, celles-ci me faisant mûrir plus vite que ce que je n'avais escompté. Le plus souvent il s'agissait d'humains, mais je retiens avoir fait la connaissance d'une Elfe et d'un Ombre. Je n'ai bien évidemment plus aucun contact avec eux aujourd'hui. »

L'officier attrapa sa gourde, assoiffé par le vent d'altitude. Il y but quelques gorgées pendant qu'il mettait de l'ordre dans ses souvenirs plus récents.

« Comme vous l'avez dit, j'ai en effet été mercenaire, affirma Dunmorix. Ça ne concerne qu'une mince partie de ma vie – un ou deux ans tout au plus –, mais cela m'a permis de rencontrer notre Prince. C'est au cours des rébellions nostroises que j'ai pu faire sa connaissance. Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais c'est en partie grâce à moi que les rebelles ont pu être matés. »

Dunmorix afficha un petit sourire d'autosatisfaction en expliquant :

« Je fus le messager envoyé pour quémander des troupes à la rescousse. Ces mêmes troupes qui ont mis fin à tout mouvement de rébellion et qui ont permis à notre Prince d'obtenir le pouvoir en Nostrie. C'est évidemment à la suite de ça qu'il m'a nommé officier, et que j'ai pu finalement m'installer à Teirm. Retour à la case départ, comme on dit... »

Le jeune homme scruta un petit moment  le visage de Lise, comme s'il cherchait à savoir ce qu'elle pensait de tout cela. Si, comme elle, il avait été capable de sonder les esprits, il n'aurait pas hésité une seule seconde, et aurait plongé dans la tête de la demoiselle. Malheureusement incapable d'une telle prouesse, il devait se contenter de ce qu'il faisait toujours dans ce cas-là : observer.
N'ayant pas encore avoué ce que la jeune femme voulait savoir depuis le début, Dunmorix prit une dernière fois la parole :


« Ce n'est que très récemment que j'ai appris la vérité à propos de mon physique. Cela s'est passé à Teirm, peu avant les Fêtes Nostroises. Je vous passe les détails de la rencontre, mais je peux vous assurer que je suis tombé nez à nez avec ma copie quasi parfaite. C'est une personne qui me ressemble comme deux gouttes d'eau. Les différences notables entre nous deux, sont la couleur de nos cheveux – les siens sont noirs – et celle de nos yeux. Il possède des yeux vairons, ce qui le rend presque plus particulier que moi, précisa Dunmorix sur un ton un peu moqueur. Il se trouve que cet homme que j'ai rencontré est en réalité mon frère jumeau. Nous avons été séparés à la naissance pour d'obscures raisons, lui se retrouvant avec notre père – que je n'ai jamais connu. C'est cependant grâce à lui que je dois mon physique qui surprend tant, et mon métissage peu commun. »

Ménageant son ultime révélation, Dunmorix reporta ses yeux vers l'horizon, au delà des sommets crêtois. Pas un nuage n'entachait le ciel, qui était d'un azur immaculé. Une telle météo avait le pouvoir d'apaiser le jeune homme, le rendant plus agréable qu'à la normale, et enclin à la conversation. Il ferma brièvement les yeux, laissant le soleil venir caresser doucement son visage. Il prenait un peu de plaisir à laisser Lise dans l'attente, s'amusant de sa possible impatience.
Cependant, celle-ci devait à présent se douter du pourquoi du comment, aussi Dunmorix coupa court au silence qu'il avait installé :


« J'imagine que vous avez dès lors compris la vérité me concernant... Je suis un semi-elfe. »
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Lun 19 Mai 2014 - 6:43



Lise écouta patiemment l’histoire de Dunmorix. Elle en connaissait déjà l’essentiel grâce à sa connexion avec Gaspard mais elle n’était pas mécontente de pouvoir avoir la version originale, pour pouvoir vérifier la fiabilité des souvenirs du Prince. Satisfaite, elle adressa un nouveau sourire à l’officier et prit la parole à son tour.

« C’est sûrement de là que vous tenez cette chevelure argentée, dit-elle, je trouve ça très beau. Le métissage vous va bien. »

Elle marqua une pause, songeuse. Des iris écarlates fendues de pupilles verticales apparurent dans son esprit. Reportant son regars sur la route elle reprit la parole :

« Vous êtes le deuxième sang mêlé que je rencontre, déclara-t-elle d’une voix emprunte de mystère, la première était issue d’un lignage moins commun, alliant les traits sylvains à ceux de leurs sombres cousins drows. Elle était magnifique c’est certain, mais d’une beauté sauvage, venimeuse, un peu effrayante je dois dire. »

Et pour cause, Myad avait pris un malin plaisir à la terrifier lors de leur première rencontre. Elle avait torturé son esprit de question et d’énigmes, l’avait lardée d’un espoir naïf et avait attendu assez longtemps pour qu’elle y renonce avant de finalement revenir l’exhaucer. C’était un esprit pour le moins déconcertant, rempli de contradictions. Un être à part, à qui Lise devait en grande partie ce qu’elle était devenue aujourd’hui.

Réalisant que son silence s’éternisait, la jeune femme se pencha vers son interlocuteur et lui confia avec un clin d’oeil complice :

« Vous êtes de bien meilleure compagnie, sachez-le. »

Ces mots à peine prononcés, elle se redressa et fronça les sourcils.

« Néanmoins, ceux que nous allons rencontrer n’en auront cure, lança-t-elle d’une voix plus sérieuse, les rapports entre le prince et ces factions crétoises ont toujours été quelque peu tendus, voir carrément conflictuels depuis les derniers événements. Vous le savez aussi bien que moi j’imagine, sinon mieux. »

Elle fit mine de réfléchir un instant avant de reprendre avec la même gravité :

« Vous êtes vous-même connu, au moins de nom si ce n’est d’apparence. Quand nous établirons le contact, il pourrait être préférable que vous me laissiez engager les discussions au moins jusqu’à ce que l’identité de nos interlocuteurs soit établie et que nous puissions discuter sans risque. »

Ses doigts se resserrèrent sur la brise de sa monture lorsqu’elle conclut :

« Je crains la rencontre puisse facilement s’envenimer si nous ne prenons pas de précaution. Et dans ces montagnes croyez-moi, nous ne seront pas à notre avantage. »

Elle appuya ses propos d’un regard entendu à l’adresse du jeune homme. S’il était vrai que l’appartenance à la Sangre leur vaudrait quelques risques, Lise espérait surtout pouvoir gagner l’initiative en cas de rencontre et pouvoir ainsi mener la discussion sans prendre le risque que sa position soit révélée au grand jour. Il était impératif que ça reste secret, sinon la nouvelle ne manquerait pas de se répandre et, même avec Gaspard sous-contrôle, la Sangre lui glisserait entre les doigts.

« Qu'en dites-vous ? »
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Dunmorix


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Dunmorix
Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mer 21 Mai 2014 - 2:28


Dunmorix avait reçu avec plaisir le compliment que la demoiselle lui avait adressé – à part sa tante, peu de personnes appréciaient la particularité génétique du jeune homme.

Se redressant sur sa monture, il écouta avec attention les conseils de Lise. Étant lui-même sans doute connu dans la région, elle lui préconisa de faire profil bas face aux membres de la Cam Serarna. Dunmorix n'était pas spécialement au fait de la réputation qu'il s'était forgée, tant par son mercenariat que par son statut d'officier nostrois. A vrai dire, il n'en avait cure.


« Je ne me soucie que très peu de ce que l'on connaît de moi en ces contrées, avoua-t-il. Cependant, vous avez raison. Dans l'éventualité que je sois connu et pour le bien de notre mission, il vaut mieux que je vous laisse la parole. J'imagine que vous ferez cela bien mieux que moi. Vous êtes l'instigatrice de tout ça, après tout. »

Dunmorix avait prononcé cette dernière phrase avec une voix légèrement moqueuse. Il sentait que Lise semblait tendue à l'approche éventuelle de rebelles, et il se souvenait de la petite conversation houleuse qu'il avait eu avec elle, la veille au soir. En accord avec cette belle journée, le jeune homme ne cherchait qu'à alléger l'atmosphère. Ayant ressenti une certaine animosité envers Lise, au début de leur rencontre, il commençait dès lors à se prendre d'affection pour elle. Malgré ses airs quelque peu mystérieux, Dunmorix avait la conviction qu'il pouvait lui faire confiance. Il ne la connaissait bien évidemment que très peu, mais il ne la voyait pas prête à le trahir pour son propre intérêt. Elle paraissait résolue à agir, avant tout, pour le bien du Prince, au même titre que le jeune homme.

Tout plongé dans ses pensées qu'il était, l'officier se rendit compte qu'il ne savait strictement rien sur Lise. Qui était-elle, d'où venait-elle, etc ? Il venait de lui déballer toute son histoire, sans aucune gêne, mais n'était au courant de rien à propos de la demoiselle. Dans un souci de précision, mais également pour confirmer la confiance qu'il plaçait en elle, Dunmorix questionna soudainement:


« Me serait-il possible d'en apprendre un peu plus sur vous ? Rassurez-vous, je ne doute pas de vos actions, mais j'aimerais simplement savoir qui est vraiment la personne à laquelle je viens de raconter mes origines. »

Le jeune homme pencha légèrement la tête dans un discrète révérence, et repris en souriant:

« Si ma démarche n'est point trop indiscrète, je suis prêt à vous écouter »
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Mer 21 Mai 2014 - 10:53




« J’ai bien peur que mon histoire soit moins honorable que la vôtre, répondit Lise d’une voix légèrement moqueuse, mais soit. Vous avez répondit à mes questions, il est normal que je vous rende la pareille. »

Elle resta silencieuse pourtant, cherchant la bonne attaque, la bonne manière de tourner son histoire sans que son passé puisse la trahir auprès de l’officier. Elle attrapa sa gourde et se pencha en arrière pour en recueillir les derniers vestiges d’humidité. Une goutte froide tomba sur le coin de sa lèvre et coula sur son menton. Lise s’essuya du dos de la main et jeta un regard au demi-elfe :

« Comme je vous l’ai dit, je suis née à Teirm, commença-t-elle. Mes parents étaient miséreux et ils décédèrent l’un après l’autre. Orpheline et sans-le-sou, j’ai été contrainte de vendre mon corps dans une maison close de la cité : la Tulipière. Elle hésita un instant avant d’ajouter, avec un sourire provocateur : vous connaissez peut-être, c’était un établissement réputé. J’y ai rencontré un certain succès. »

Elle, ne reprit pas aussitôt mais soutînt le regard vert de l’officier, curieuse de voir comment cette révélation pouvait le toucher.

« Vous devez certainement vous demander comment une coureuse de Teirm a pu devenir magicienne et se hisser haut pour se tenir, comme vous, aux côtés du Prince. Lui-même m’a interrogé à ce sujet et la réponse est bien simple : j’ai rencontré la bonne personne. »

Ses yeux se perdirent à nouveaux entre les troncs humides qui entouraient le couple de cavaliers. Les souvenirs qu’elle avait de Myad étaient à la fois flous et d’un réalisme glacial.

« Et puis une autre. Et encore une autre. De fil en aiguille, j’ai été tirée de ma basse situation et initiée aux puissances de la Magie. Assez bien pour surpasser les autres mages du Prince, ce qui explique ma position aujourd’hui, j’imagine. »

Elle eut une nouvelle moue ironique en se tournant vers son interlocuteur :

« Vous voyez Dunmorix, rien de très palpitant, juste une miséreuse qui a été assez chanceuse pour survivre jusqu’à aujou… »

Le piaillement d’un oiseau proche la fit brusquement sursauter. Machinalement elle projeta sa conscience aux alentours pour sonder les environs et sentit une présence à peine éloignée. Elle fronça les sourcils et projeta son esprit dans le corps d’un écureuil proche de ce qu’elle avait détecté. Elle ignora la terreur du rongeur et le força à se déplacer pour profiter de son champ de vision. L’intrus devait-être juste là…

« Merde ! Siffla la jeune femme, revenue dans son corps. Je me suis fait avoir ! Des rebelles, ils sont au moins une quinzaine à nous attendre là-bas, l’arc bandé et l’épée au clair. Vu comment ils dissimulent leurs esprits, il pourrait y en avoir le triple tout autour de nous ! »

Le groupe comportait un magicien qui avait dispersé sa conscience dans l’esprit de ses collègues. Ainsi étalé, son pouvoir spirituel n’était qu’un voile discret couvrant la présence des autres soldats. Un stratagème simple et habile, que Lise aurait peut-être pu remarquer si elle avait été plus concentrée. C’était raté pour la discrétion et elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle-même.


* * *
/!  HRP : Je te laisse prendre la présence des rebelles comme tu veux, en allant te se rendre directement ou en résistant un peu. Tu es libre de te battre et d'en tuer (même si ça compliquerait les négociations après Mr. Green) et de faire intervenir des groupes autres que celui que Lise a détecté.
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Jeu 22 Mai 2014 - 1:53


La Tulipière. Dunmorix avait souvent eu vent de cet établissement. Il n’était pas spécialement adepte de ce genre d’endroit – du moins pas autant qu’une grande majorité des autres officiers de Gaspard -, mais il avait parfois eu l’occasion de s’y rendre - ses soldats lui ayant vanté les mérites de certaines courtisanes. Il n’avait cependant jamais entendu parler de Lise, celle-ci n’exerçant sans doute déjà plus sa fonction à l’époque où Dunmorix s’était établit à Teirm.

Le jeune homme écouta avec attention la courte histoire de Lise. Cela n’avait certes rien de bien spectaculaire, mais ça forçait quelque peu le respect. Elle était parvenue à se hisser à un statut suffisamment élevé en partant en plus mauvaise posture que ne l’avait été Dunmorix. Elle prétendait qu’elle avait eu beaucoup de chance, en rencontrant les bonnes personnes au bon moment. Le jeune homme pensait avant tout qu’elle avait su tirer habilement profit desdites rencontres, chose qui n’était pas à la portée de n’importe qui. Ainsi, c’était sans doute tout autant à la bonne fortune qu’à son talent que la demoiselle tenait une telle place dans le gouvernement du Prince.

Sans crier gare, Lise arrêta net son récit. Le regard dans le vague, elle resta silencieuse un court instant. Dunmorix se souvenait de ce regard : la demoiselle en avait eu un semblable lorsqu’ils avaient testés ensemble les capacités du bracelet protecteur. Elle devait sûrement sonder les esprits alentours. Cet acte de magie soudain rendit l’officier soupçonneux. Il posa une main sur la poignée de son épée, prêt à faire face à un éventuel danger imminent.


« Merde ! Je me suis fait avoir ! Des rebelles, ils sont au moins une quinzaine à nous attendre là-bas, l’arc bandé et l’épée au clair. Vu comment ils dissimulent leurs esprits, il pourrait y en avoir le triple tout autour de nous ! »

A peine eut-elle terminée sa phrase que Dunmorix avait déjà dégainé sa lame. Comme pour répondre aux avertissements de Lise, son cheval hennit bruyamment en secouant sa tête, semblant ressentir les présences étrangères. L’officier, sur le qui-vive, le calma brièvement en caressant son encolure. Il se redressa ensuite et observa alentours, l’œil aux aguets. A ce moment précis, il aurait bien aimé disposer de l’ouïe si accrue des Elfes. Une partie de son sang appartenait à ce peuple, alors pourquoi ne disposait-il pas de ses atouts, comme Veligan ?

L’heure n’était pas vraiment à ce genre de réflexion, aussi Dunmorix reporta son attention sur l’attaque qui ne devait certainement plus tarder. Comme pour répondre à ses suppositions, une poignée d’hommes, l’épée à la main, sortit d’un bosquet.


« Qui que vous soyez, vous n’avez rien à faire dans le coin, prévint un homme qui paraissait être le chef. Posez vos armes au sol et il ne vous sera fait aucun mal.»

Dunmorix jeta un rapide coup d’œil vers Lise. Celle-ci avait une fois de plus le regard dans le vide. Sa magie psychique à l’œuvre, elle tentait peut-être de déceler le nombre exact d’assaillants.

L’arme toujours au poing, l’officier ne savait comment réagir. Ils s’étaient décidés d’un commun accord qu’il laisserait la parole à la demoiselle en cas de confrontation avec les rebelles. Cependant, l’heure ne semblait pas à la conversation.

L’absence de réponse de la part des deux cavaliers sembla provoquer une certaine tension chez le groupe de rebelles. Dunmorix sentit du mouvement dans leur dos, et, dans un réflexe dont il ne pensait pas faire preuve un jour, il stoppa net une flèche qui était destinée au destrier de Lise. Un peu sous le choc de son étonnante réactivité, le jeune homme ne prêta guère attention aux autres rebelles qui venaient d’apparaître. Il observait son épée, comme si c’était elle qui l’avait poussé à accomplir son geste. Évidemment l’arme n’était pour rien dans tout cela, et, en relevant les yeux, Dunmorix se dit qu’il s’occuperait de tout cela plus tard. Lise et lui étaient à présent cernés par une vingtaine de rebelles, les uns épéistes, les autres archers. Certains commençaient à s’avancer vers la demoiselle, l’œil lubrique face à tant d’inactivité de la part de la jolie blonde. Ne faisant ni une ni deux, Dunmorix se jeta au sol et se plaça rapidement entre Lise et ses agresseurs. Sans la moindre cérémonie, ceux-ci engagèrent le combat.

Dans un premier temps, Dunmorix ne fit que se défendre. Ils n’étaient que cinq épéistes face à lui, les autres préférant profiter du spectacle qu’offrait le combat. Cela faisait plusieurs jours que le jeune homme n’avait pas eu à croiser le fer, mais il n’en avait cure. Il lui en fallait bien plus pour perdre l’adresse qu’il avait acquise tout au long de sa vie. Usant de diverses parades et autres esquives, il n’en démordait pas face à ses adversaires. Ceux-ci ne manquaient pas de le railler chaque fois qu’ils parvenaient à lui asséner un coup de pied ou diverses entailles peu profondes. Las de ces moqueries puériles, Dunmorix asséna brusquement un puissant coup du pommeau de son épée sur le crâne d’un des rebelles. Celui-ci fut instantanément assommé sous le choc. Surpris, les quatre autres eurent un léger mouvement de recul.
Parfait. En quelques secondes, Dunmorix était parvenu à se faire passer pour un bretteur bas de gamme, sans réel talent. Il pouvait à présent s’amuser.

Sans la moindre hésitation, il plongea sur un autre homme. Celui-ci eut à peine le temps de réagir que Dunmorix l’envoyait déjà paître un peu plus loin, en un violent coup de pied. Les autres furent plus vifs et se jetèrent sur le jeune homme qui avait déjà mis deux de leurs coéquipiers au tapis. Dunmorix sourit intérieurement. A trois contre un, il n’aurait aucun mal. Parant les coups sans difficulté, il entailla profondément l’un des bras qui portait une épée, lui faisant lâcher celle-ci. Il avait retenu son coup : il n’était pas vraiment là pour faire de victimes, mais pour entamer une simple discussion, après tout. Les deux restants mirent plus de hargne dans leurs coups, frappant désormais grossièrement, sans user de techniques. Avec une nonchalance presque insultante, il fit valdinguer l’un avant de lui porter un coup à l’estomac. Se tournant vers le dernier, il fit preuve d’une admirable précision en lui incisant rapidement la partie du visage située entre l’oeil et la joue. Prêt à achever le quidam, Dunmorix fut stoppé dans son geste par une flèche qui lui effleura le poignet. Il en fit choir son épée de surprise. Le reste de la troupe en profita pour le neutraliser le plus vite possible, ne lui laissant pas la moindre chance de se défendre.
On le frappa violemment à la tempe, ce qui eut pour effet de le faire tomber dans les vapes, sans pour autant lui faire perdre conscience.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Manœuvres nocturnes | Jeu 22 Mai 2014 - 7:20



Les embusqués s’étaient mis en mouvement dès que Lise les avait repérés. Le mage avait dû capter la panique de l’animal à travers lequel elles les avaient espionnés. Cinq individus se détachèrent du groupe et commencèrent à contourner les cavaliers pour les prendre à revers tandis que leurs camarades s’avançaient hors des fourrés.

Sans cesser de sonder les alentours, la jeune femme récitaient des formules d’Ancien Langage, tissant quelques protections autour d’elle et de l’officier. Elle bougeait à peine les lèvres et son murmure se faisait imperceptible de sorte que même s’il l’épiait, le mage ne pourrait pas cerner la nature des défenses qu’elle déployait. Les sorts en question étaient destinés à protéger leurs points vitaux mais laisseraient passer les blessures bégnines afin de ne pas épuiser trop vite les réserves d’énergie de la jeune femme.

« Posez vos armes au sol, lança un des rebelles quand le gros du groupe arriva face à eux, et il ne vous sera fait aucun mal. »

Lise avait fini d’examiner mentalement les environs. L’effectif de la patrouille comptait cinq personnes de plus que son estimation initiale - les cinq qui s’employaient à les contourner. Mais au moins il n’y avait pas d’autre patrouille à proximité.
Une flèche siffla avant d’être stoppée net par Dunmorix qui bloqua le trait avec une incroyable vivacité. Le mage adverse profita de cette distraction pour s’attaquer à l’esprit de la jeune femme tandis que ses gros bras s’avançaient pour cerner le demi-elfe.

Lise encaissa l’assaut du mage et lui lança mentalement quelque railleries destinées l’énerver. Les émotions vives troublaient l’esprit, le rendaient plus puissant dans ses attaques mais également plus instable et donc plus vulnérable. Néanmoins l’adversaire ne se laissa pas avoir et continua de lancer des attaques méthodiques et prudentes. La gardienne le laissa progresser doucement dans ses défenses avant de brusquement refermer son esprit pour emprisonner le bout de conscience exposé. Le mage parvînt à s’extirper du piège mais la jeune femme le suivait, agressive, le forçant à se replier derrière ses propres défenses. Lise ne faiblit pas dans son offensive, harcelant les protections du rebelles d’attaques violentes et cinglantes. Elle identifiait d’abord une faiblesse potentielle dans la muraille érigée par le mage et s’y acharnait jusqu’à ce qu’il se concentre dessus pour la soutenir. Elle changeait aussitôt de cible et visait une autre zone vulnérable.

Le travail de sape dura ainsi de longues minutes jusqu’à ce que la gardienne parvienne enfin à ouvrir une brèche et à envahir l’esprit adverse. Elle en prit rapidement le contrôle et sentit la peur envahir le mage. Elle lui adressa mentalement un sourire victorieux et lâcha d’une voix sèche :

« Slytha. »

Le magicien rebelle s’effondra en même temps que Dunmorix. Les guerriers restants reportèrent leur attention sur Lise, leur regard allant d’elle au corps inanimé de son adversaire. La jeune femme elle-même inspectait la scène. Dunmorix portait quelques plaies sanguinolentes mais ne semblait qu’évanoui. Lise n’avait quasiment pas dépensé d’énergie pour alimenter ses protections et plusieurs rebelles gisaient au sol : l’officier s’était bien défendu. La jeune femme sourit aux assaillants et désigna le mage inconscient :

« Ne vous en faites pas, dit-elle, il est vivant. Je me suis contentée de l’endormir. »

Elle avait hésité à le tuer mais Dunmorix était inconscient, il faisait pour eux un otage de choix. Et même si Lise avait pu concéder à son sacrifice et tuer chacun des rebelles restant, une tuerie de ce genre aurait sûrement compliqué les négociations qu’elle prévoyait.

Avec des mouvements lents, elle déboucla le ceinturon qu’elle portait et le jeta au sol avec la dague et l’épée courte qui y était attachées.

« Je n’ai pas d’autre arme, lâcha-t-elle en levant les mains, nous nous rendons. »




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