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Manque de prudence [PV Kahaniel]

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Serah


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Serah
Message Sujet: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mer 3 Fév 2016 - 16:55


Manquant de glisser de sa monture, Serah s'efforça de serrer les dents et de tenir bon. Ses yeux gris se tournèrent sur sa gauche, vers Kahaniel, lequel ne semblait pas en meilleur forme qu'elle. Il détestait l'eau, sous toutes ses formes, et la pluie torrentielle qui les assaillait depuis le début de la journée n'arrangeait rien. Si, au début, un air maussade s'était affiché sur son visage, il n'avait fait que bougonner et protester alors qu'ils continuaient tant bien que mal leur route vers l'ouest. Quelle ville, déjà ? Cithri. Oui, c'était ça. Une autre ville, mais qu'on va prendre soin d'éviter, si j'ai bien compris. Le chat-garou avait exprimé le souhait de partir vers l'ouest pour s'éloigner des conflits contre Aberon.

Trempée des pieds à la tête, son manteau ne pouvant supporter autant d'eau, la jeune femme tremblait de froid. Elle avait le nez rougi par le froid, qui plus est, et elle éternuait. Elle frotta son flanc, protégé par ses vêtements. La blessure était propre, et disparaissait à vue d’œil, grâce aux bons soins de son ami. Une simple cicatrice en réchapperait, mais c'était déjà nettement mieux que des souffrances constantes. Depuis une semaine qu'ils avaient quitté Petrovya, une semaine qu'ils avaient passé ensemble, à voyager. Cithri était encore à une journée, car ils prenaient leur temps, faisaient de nombreux détours. Mais ça, c'est seulement si on ne meurt pas de froid et de faim, vaincus par cette foutue pluie.

Tant de pluie lui évoquait l'océan par lequel elle était arrivée sur ce continent, sans qu'elle soit capable d'obtenir un souvenir net et précis. Ca arrivait fréquemment, désormais, et elle n'y prêtait plus vraiment attention. Des pans entiers de sa mémoire refusaient toujours de livrer leurs secrets, mais Kahaniel assurait que ce n'était pas un problème. Ca reviendrait en temps voulu, disait-il. Serah le croyait. Elle avait confiance en lui. Mais elle s'en méfiait aussi terriblement, au point de s'en vouloir parfois et de se murer dans un silence total pendant toute une journée. Il lui avait appris à fermer son esprit aux intrusions mentales, et elle l'appliquait constamment lorsqu'elle était dans ce genre d'état d'esprit. Elle ne voulait pas qu'il lise ce qu'elle pensait et ressentait. Si confus que tout cela puisse être.

Une haute tour se dessina à l'horizon. En pierre, elle était également en ruines. A côté se trouvait une ancienne maison, ce qui fit penser à la jeune femme qu'un moulin se dressait là, avant. Avant que mon peuple ne vienne tout détruire. Nouveau coup d’œil vers Kahaniel, qui éternua aussi.

 « On devrait s'y arrêter avant de mourir noyés ! » s'écria-t-elle pour couvrir le vacarme de la pluie.

Ladite maison était elle aussi en ruines, avec son toit de chaume défoncé et troué, ses fenêtres brisées et sa porte absente. Mais à l'intérieur se trouvait du bois, probablement à l'usage de la cheminée désormais inutile. En revanche, aucune trace du reste du mobilier, des éventuels habitants ou même encore d'un quelconque passage récent. Si combat il y avait eu ici, c'était il y a longtemps. Dans la tour défoncée, en revanche, on avait soigneusement et consciencieusement détruit la meule et le toit, de sorte qu'ils bénéficièrent d'un petit espace circulaire bien à l'abri et au sec, pour eux. Les chevaux furent mis comme on le pouvait à l'abri.

 « Je vais faire du feu. Je ne tiens pas à mourir gelée ! » dit-elle tout en essorant ses cheveux redevenus blonds.

Il fallut à nouveau un bon moment avant que ledit feu prenne, mais ils en furent bien heureux. Rapidement, Serah se sentit nettement mieux, et elle dégrafa son manteau et retira sa cotte de maille, son épée et son ceinturon, son bouclier et ses bottes, laissant le tout choir à portée de main, au chaud près du feu. Elle-même, désormais simplement vêtue de son pantalon et de sa chemise de lin, se laissa aller quelques instants.

 « Aaaaah... je dormirais bien, là, tranquillement au chaud. Mais on ne peut pas. Il ne fait même pas nuit. Et si on ne mange pas, tu vas être grognon, pas vrai ? »

Elle adressa un sourire taquin au chat-garou. Que pensait-il, à cet instant ? Qu'il devait lui sourire aussi ? Qu'il n'avait pas envie de perdre son sérieux et sa prudence ? Qu'il fallait rester sur ses gardes, au cas où des Premiers Hommes arriveraient ? Ses propres réflexions la mirent mal à l'aise, et, se dressant sur ses jambes, elle remit ses bottes lacées – et encore mouillées - et alla chercher de quoi manger dans les sacoches de leurs chevaux. Allez, tout doux Serah, il ne va pas s'énerver contre toi pour si peu. Elle espérait aussi, ardemment, qu'il ne se passe rien de fâcheux durant leur étape ici.

Elle se trompait lourdement, mais ne pouvait encore le savoir.
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Kahaniel


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Kahaniel
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Dim 7 Fév 2016 - 20:33


Je HAIS la pluie. Ce plac-plic-ploc constant dans mes oreilles me donnait envie de hurler, et le contact froid des doigts gelés de la pluie me donnaient des frissons incontrôlables. Je détestais cette allure de rat mouillé que me donnent mes cheveux plaqués contre mon crâne, et je n'osais même pas imaginer l'état de ma belle fourrure touffue sous une pluie comme celle là. Serah semblait amusée de me voir constamment bougonner et râler en secouant la tête pour chasser la pluie de mes oreilles délicates, et à chaque fois que je me secouais, la clochette d'argent de mon collier tintais furieusement.

J'avais mûrement réfléchi à notre destination, et à notre situation, et j'en était venu à penser que l'idéal serait de se diriger vers le lac Léona. En évitant les petites bourgades entre Petrovya et Dras Léona, j'espérait sauver ma vie encore quelques instants, et garder encore le secret de notre destination pour Serah. Depuis une semaine que nous voyagions, je m'étais fais à l'idée de devoir abandonner Serah un jour où l'autre. J'avais des sentiments envers elle, c'était certain, mais elle serait probablement bien plus heureuse avec les siens, les Premiers Hommes.

Je devrais manœuvrer avec habileté cependant, car bien que je voyageais avec l'une des leurs, les Premiers Hommes avaient toujours pour ordre de me tuer, et j'avais sûrement tué quelques-un d'entre eux au cours de la bataille où Serah avait perdu la mémoire. J'avais appris à Serah comment dissimuler son esprit, et je cachais moi-même la plupart de mes sombres pensées, car je ne souhaitais pas qu'elle se sente trahie ou abandonnée avant que l'on ai pu rejoindre les siens. Je sentais déjà sa méfiance, qui apparaissait furtivement sur son visage, lorsqu'elle pensais que je ne la regardais pas. Elle sombrait dans de longues périodes de mutisme, plongée dans ses pensées, ou sa mémoire, qu'en savais-je ?

Je devais la rendre aux siens, c'était certain. J'avais examiné tous les cas possibles. Soit elle ne retrouvais jamais la totalité de sa mémoire, et peut-être pourrions-nous envisager d'être amis, mais je savais que cela ne me suffirait pas, et je ne voulais pas souffrir d'attendre qu'elle réponde à mes sentiments. J'avais trop souffert dans ma vie. La deuxième possibilité était qu'elle retrouve la mémoire. Et celle-là était la pire, car soit elle tenterais aussitôt de me tuer, et je ne pourrais que me laisser mourir ou fuir puisque je n'avais pas la force de la tuer ; soit elle parvenait à combattre ses souvenirs avec les nouvelles connaissances qu'elle avait de moi, mais cette situation serait encore plus dangereuse car elle pourrait changer d'avis à chaque instant, me supprimant la possibilité de fuite. Ma seule solution était de la confier aux siens dès que possible, et de m'enfuir le plus loin possible, par delà le désert du Hadarac peut-être ?


- On devrait s'y arrêter avant de mourir noyés !

Je sursautais, car je ne m'attendais pas à ce qu'elle parle, et acquiesçais en silence. Nous entrâmes dans la maison en ruine après avoir laissé nos chevaux à l'endroit le plus abrité que nous avions pu trouver sous ce déluge. La jeune femme fit un feu, et bientôt nous fîmes sécher nous capes lourdes de pluie, ainsi que nos bottes. Je ne réagit pas à sa taquinerie et me contentais de regarder le feu, l'air sombre et encore grognon à cause de la pluie qui trempait mes cheveux. Je profitais de ce qu'elle soit sortie pour prendre ma forme féline et m'ébrouer comme un chien, pour retirer la majorité de l'eau, et m'allongeais le plus près possible du feu pour que mon long poil sèche sans roussir. Amusé par la fumée que je dégageais, j'observais les volutes qui s'élevaient dans l'air au dessus de moi et oubliais un court instant tout ce qui m'entourais.

Hélas, Serah revint rapidement, et avec elle les noirs souvenir de mon plan, qui à coup sûr allait me coûter son amour, la raison ou la vie. Elle mit le peu de viande détrempée qu'il nous rester à cuire au coin du feu, et je repris ma forme d'humain adulte pour manger avec elle. Heureusement, j'avais réussi à sécher la majorité de ma fourrure, et même si mes bottes mettraient plus longtemps à sécher, je me sentais mieux. Nous dînâmes en silence et après avoir rangé les reliefs de notre repas, je repris ma place près du feu, sous forme féline.

J'espérais que le voyage se passerait sans heurt, mais je ne pouvai pas deviner à quel point j'étais loin de la vérité...
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Serah


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Serah
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Dim 7 Fév 2016 - 21:21


Après un repas frugal et rapide, Serah se sentit mieux. Le feu leur permettait à tous deux, Kahaniel et elle-même, de se réchauffer, de se sécher. Il était également leur seule et unique source de lumière. Mais, alors que tous deux restaient plongés dans un silence pesant devant les flammes, le regard de la jeune femme se perdit dans leur danse. Le feu l'impressionnait, et elle aimait beaucoup ses couleurs, son chatoiement, sa façon de pouvoir éclairer votre chemin et réchauffer votre corps. Le feu était un symbole puissant d'espoir et de force.

Un regard vers le chat-garou la plongea dans de nouvelles sombres pensées. Que ne pouvait-elle espérer lui rendre ce qu'elle désirait, d'un claquement de doigt ? Ou alors faire en sorte qu'il n'ait plus ces sentiments. Elle en aurait la vie bien plus facile. Peut-etre avait-elle déjà eu une situation similaire, autrefois. Peut-être savait-elle comment gérer ça. Mais plus maintenant, et elle était donc totalement dépourvue d'idées sur le sujet. Elle ne pouvait pas se contenter de faire semblant. Son esprit était déjà suffisamment en ébullition pour ça. Elle releva la tête, alors qu'un bruit retentissait à l'extérieur. La crainte s'empara d'elle, mais elle reconnut alors un simple son d'oiseau. L'animal devait fuir la pluie, comme eux. Je devrais dormir. Sinon je ne réussirais pas à affronter la journée de demain. Elle pouvait dormir en selle, au pire. Mais inutile de les ralentir davantage qu'ils ne l'étaient déjà. Aussi, après un dernier regard pour le chat-garou, elle lui adressa un léger sourire et se roula sous une couverture, le dos tourné au feu.

 « Mastaï... fais que je n'ai pas à lui faire du mal. Fais que je n'ai pas à regretter de rester avec lui. Il est mon seul ami, et la seule personne qui m'ait aidée. » chuchota-t-elle pour elle-même.

Elle avait retrouvé ça, aussi. Sa foi en Mastaï, la divinité des Premiers Hommes. Elle n'était pas très fervente, elle ne connaissait plus les préceptes, dogmes et autres rites. Mais elle se le représentait en un dieu bon et aimant, qui guiderait les âmes vers de meilleurs destins. Et il permettait à Serah de se sentir moins seule, alors que la nuit était là. Car Kahaniel ne pouvait pas lui apporter le réconfort qu'elle cherchait. Il ne ferait que l'apeurer davantage. De fait, son sommeil fut agité, comme toujours. Des flashs de mémoire lui parvenaient, sans aucun sens ni lien entre eux. Ils apparaissaient pour disparaître aussitôt.

A son réveil, l'aube était passée, le soleil brillait dehors. Kahaniel n'était pas là, probablement parti chasser ou observer un peu les environs. Tant mieux. J'ai toujours l'impression qu'il m'observe bizarrement, au réveil. Elle prit le temps d'avaler un morceau de pain, de s'habiller et, s'assurant que son épée était désormais à sa ceinture, elle sortit de leur abri de fortune.

Une main en visière, pour se cacher du soleil, elle put constater combien les lieux étaient abandonnés. D'anciens champs sillonnaient les alentours, à perte de vue. A l'est, elle voyait scintiller le lac près duquel ils s'étaient rencontrés, Kahaniel et elle. Mais rien d'autre, par ici, qui pouvait signifier si oui ou non il y avait de la vie. Ou de la civilisation. Les gens qui vivaient ici sont sans doute morts depuis longtemps. Ecrasés par la guerre que les miens ont apporté. Ce sentiment d'appartenance à un peuple aussi belliqueux lui faisait bizarre. Mais elle devait vivre avec. Elle se sentait simplement différente, maintenant. Tout en sachant qu'elle avait été comme eux.

AU bout d'un certain temps, elle vit Kahaniel revenir. Il a l'air fâché. Contre moi ? Ou peut-être est-ce de la fatigue ? Je ne sais jamais. Il est trop mystérieux. Et cache beaucoup mieux ses pensées que moi. Je devrais lui parler, dire quelque chose. Mais rien ne vint. En tout cas, pas avant qu'elle ne s'aperçoive qu'un immense nuage noir arrivait droit vers eux depuis le sud.

 « Euh... un orage vient, Kah'. Et... je n'aime pas son allure. »

Pour le coup, elle était vraiment inquiète. L'orage était immense, véritablement. Il couvrait l'horizon. Des éclairs se faisaient déjà voir – et sentir sur la peau . De plus, le bruit du tonnerre roulait jusqu'ici. Elle jeta un coup d’œil nerveux à Kahaniel.
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Kahaniel


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Kahaniel
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Lun 8 Fév 2016 - 18:03


La soirée se passa aussi silencieusement que le repas, et je m'endormis rapidement, fatigué. Avant de sombrer définitivement dans le sommeil, j'entendis vaguement Serah parler toute seule, à voix basse, mais n'y prêtais pas attention, puisque la pluie qui continuait de battre régulièrement le pauvre toit de notre abri me dissimulait ses chuchotements. Je m'étirais une dernière fois et plaquais mes pattes contre mon museau, ma queue enroulée gracieusement autour de moi.

Lorsque je me réveillais, l'aube pointait à peine le bout de son museau, et je m'étirais longuement en baillant. J'avais faim, et je décidais d'aller chasser un peu, si le temps me le permettais. Je mis le museau dehors en baillant, et constatais avec plaisir que la pluie avait cessé, et que les doux rayons du soleil réchauffaient lentement ma fourrure. Heureux de pouvoir gambader sans avoir les poils collés à ma peau et sans trembler de froid, je m'élançais dans l'herbe humide et entrepris de chasser la moindre souris du coin. Une fois rassasié, j'attrapais un dernier lapin, pour Serah, et rentrais sous ma forme humaine, en regrettant légèrement de ne pas avoir remis mes bottes avant de partir chasser.

Pieds nus, je sillonnais les champs à l'abandon, parfois à moitié récoltés et où des monticules douteux s'élevaient en plein milieu. Cette vision détruite d'une vie simple et heureuse me révolta, et lorsque je rentrais dans l'abri, je ne pus dissimuler mon air contrarié. Je ruminais une certaine haine contre les guerres, et mis quelques secondes à comprendre que Serah m'avait parlé. Quoi, encore un orage ? Je me retournais, et m'apprêtais à râler à nouveau en sachant que je serais encore trempé, mais mes paroles restèrent coincées dans ma gorge, tandis que mes pupilles s'agrandissaient sous le coup de la peur.

Je reconnaissait ce genre de nuages, et je l'avais expérimenté quelques semaines plus tôt, lors d'une certaines bataille...C'était une tempête de magie. J'attrapais rapidement le bras de Serah et la forçais à rentrer dans l'abri, puis, motivé par la peur de ce genre de tempête, j'entrepris de remettre mes bottes et plier rapidement nos affaire.


- Range tout, vite, il faut fuir le plus loin possible !

Nous nous précipitâmes vers les chevaux, et, complètement réveillés par l'urgence, nous chevauchâmes à bride abattue dans la direction opposée à la tempête. Les chevaux furent bientôt écumants, et la tempête se rapprochais rapidement. Je soupirais et me résignais à devoir passer à travers, et Pyrène ralentis, épuisée. Simba parcourût encore quelques mètres avant d'être ralenti aussi par sa maîtresse, qui me regardais d'un air aussi paniqué que son cheval.

- Nous n'y échapperons pas ! criais-je par dessus le vent qui sifflait furieusement maintenant. Il faut que nous trouvions un autre abri pour supporter le plus gros de la tempête !

Heureusement, la chance nous sourit, car nous aperçûmes bientôt une rangée de petites maisons de pierre, surplombées par le clocher d'une petite église. Je me précipitais vers le bâtiment, dont les cloches sonnaient furieusement au rythme désordonné du vent, et guidais rapidement Pyrène à l'intérieur. Comme le moulin qui nous avait précédemment abrité, le village entier semblait abandonné, et je refermais promptement la porte derrière Serah et son étalon. Nous attachâmes les cheveux dans un coin, et entreprîmes d'explorer notre nouveau lieu.

Si la couche de poussière n'avait pas silencieusement témoigné, nous aurions pu croire que les habitants venaient de quitter les lieux. Un livre était encore ouvert sur ce qui ressemblait à un fauteuil, dans l'une des pièces adjacentes à la nef. J'en tournais les pages avec délicatesse, et sursautais lorsque Serah m'appela depuis une autre pièce.


- Viens voir, j'ai trouvé un truc bizarre...
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Serah


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Serah
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Lun 8 Fév 2016 - 18:46


Si l'orage les avait surpris tous les deux, ce n'était pas grand chose comparé à ce qui avait suivi. Le corps endolori et légèrement fumant, Serah essaya de se redresser, persuadée qu'on lui avait brûlé les entrailles. Sa tête bourdonnait, ses oreilles assourdies par ce qui s'était passé. Mais l'effort pour se remémorer les minutes précédentes était trop intense, et elle ne se fit que plus mal au crâne. Quelque chose de lourd l'empêchait de se bouger. Elle ne savait qu'une chose : elle était allongée au sol, sur le ventre. Et elle avait très mal.

Petit à petit, son esprit fit le travail tout seul, remettant les événements en place dans sa tête : tout d'abord, leur arrivée un peu forcenée, due à l'orage et à la course effrénée à cheval. Lesdits chevaux étaient d'ailleurs toujours dans la pièce principale, s'ils n'avaient pas fui avec le tonnerre. Mais ils auraient eu du mal à forcer la porte. Après... Après que s'était-il passé ? J'ai trouvé la pièce où on est là. Oui, c'était ça. Elle avait été étonnée de découvrir une telle pièce : un grand lit, pour au moins trois personnes, avec d'épaisses couvertures et de gros oreillers bien moelleux. Une armoire, massive elle aussi, contenant des habits d'enfants et d'adultes. Il y avait aussi, et c'était le plus intriguant, un passage. S'enfonçant dans le sol, il menait à une porte, verrouillée. Mais même en appelant Kahaniel, ils n'avaient pas réussi à déterminer de quoi il s'agissait.

Sans doute un passage pour des réfugiés, ou des fuyards ? Mais dans ce cas, où sont les gens ? Il n'y avait personne à notre arrivée, et pourtant on a l'impression que le lit a été fait la veille. Elle parvint à se retourner sur le dos, toujours endolorie. En grimaçant, elle constata qu'elle flottait dans ses vêtements. Et qu'ils étaient lourds. Enfin, surtout la cotte de maille, pour le coup. Elle se frotta les yeux, arrêtant son geste soudainement. Ses mains étaient anormalement petites ! Elle les examina, alors qu'au dehors rugissaient le vent, la pluie et les éclairs. Elle entendait le craquement des arbres et la fureur des chocs contre la pierre. Mais rien de tout cela importait, car elle découvrait avec horreur qu'elle n'avait plus le même corps. Ou du moins... Pas le sien propre. Elle était comme une petite fille : des jambes frêles, des mains minuscules, une absence de poitrine, des petites dents et...

 « Kahaniel ? Où t'es ?! Kahaniel, dis-moi que t'es là s'il te plaît ! »

Et une voix d'enfant. Affolée, elle parvint à se sortir des vêtements devenus trop grands pour elle, à l'exception de la chemise et du pantalon. Elle flottait dedans, mais peu importait, elle arrivait à bouger au moins. Laissant derrière elle la cotte de maille, la veste en cuir, le manteau et les bottes, Serah se précipita vers l'autre. Kahaniel était là, petite masse immobile. Il était tout petit, lui aussi ! Et visiblement, pour cette fois, de la même taille qu'elle. Elle le secoua par l'épaule. Il ne répondit pas, alors elle tenta de le secouer plus fort.

 « Allez, debout ! Tu dois m'aider, je sais pas ce qu'il s'est passé ! »

Elle s'exprimait comme une enfant, aussi, s'aperçut-elle. Sans s'en émouvoir trop. Le mal qui la frappait avait-il aussi renvoyé son esprit à l'état d'enfant ? Non, elle raisonnait de manière trop « adulte ». Alors qu'elle abandonnait l'idée de secouer le chat-garou, celui-ci se retourna soudainement, poussant un cri et faisant une grimace terrible. Surprise, la blonde poussa un cri affolé, recula d'un pas et tomba par terre. Après quoi elle fut prise d'un fou rire, comme Kahaniel. Pour se venger, elle se jeta sur lui, et entreprit de le chatouiller. Riant et se chamaillant, tous deux luttèrent pendant quelques minutes avant d'abandonner.

La triste réalité de la situation leur revint brutalement, lorsque Serah s'aperçut qu'elle était frigorifiée. Et seule avec le chat-garou, sous la forme d'un duo d'enfants, dans un ancien temple ou je ne sais quoi, et au milieu d'un orage.

 « Kah... on fait quoi ? J'ai froid. Et on est transformés en enfants... combien de temps ça va durer ? »

Elle n'osait pas l'avouer, et elle était incapable de bloquer son esprit. Elle avait peur. Peur de rester une enfant, et peur d'être coincée ici dans le froid.
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Kahaniel


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Kahaniel
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mar 9 Fév 2016 - 20:27


*Ça sent un peu le brûlé, non ? Et...Ouaille ! Mais ça fait mal nom d'un chien ! *

L'odeur me piquait le nez, une odeur de poils grillés qui me déplaisait fortement. J'ouvris les yeux avec difficulté sous la lumière éblouissante qui traversait la fenêtre, et analysais mon environnement en me tenant le crâne. La douleur pulsait sous mes cheveux, et lorsque je retirais ma main, je la trouvais poisseuse de sang. Je poussais un gémissement et décidais de reposer ma joue et ma main au sol, qui paraissait si frais et accueillant que j'avais envie d'y rester pour toujours. Mes yeux cependant parcouraient encore la pièce.

Apparemment, rien n'avais changé, pas même la couche de poussière qui maculait les meubles. Et je venais d'élucider le mystère de ce lieu : apparemment, la zone était propice aux tempêtes de magie, et tous les habitants avaient été volatilisés d'un coup par le genre d'éclairs que je venais de subir. D'ailleurs, en parlant de ça, quel effet avait eu cet éclair de magie sur moi ? Mis à part quelques cheveux roussis, je ne me sentais pas si différent que ça...Je regardais à nouveau ma main, et un deuxième éclair, de génie cette fois – haha, de génie, un éclair de génie...hihihi vous avez compris la blague ? - me percuta. Ma forme d'enfant ! J'avais retrouvé ma forme originelle !

Entendant la voix de Serah, étrangement plus jeune et fluette, je souris et refermais les yeux en faisant le mort. Elle me secoua par l'épaule, et réprimant un rire, je fis le mort autant que possible.


- Allez, debout ! Tu dois m'aider, je sais pas ce qu'il s'est passé !

Alors qu'elle allait abandonner, je me retournais brusquement avec une grimace et un « Bouh ! » qui la fit décoller de plusieurs centimètres du sol. Elle tomba sur le derrière, et cette fois je ne pût retenir mon fou-rire. Elle rejoignit bientôt mon rire, et se jeta sur moi pour me chatouiller. Après quelques minutes, je demandais grâce, et elle s'effondra sur moi, épuisée elle aussi. J'étais heureux, insouciant, je m'étais enfin retrouvé. Je m'étais toujours senti différent, handicapé par la quasi-absence de ma forme infantile, et à présent, je me sentais réellement moi-même.

Distraitement, je tortillais une mèche des longs cheveux blonds de Serah dans mes doigts, et je souriait. Elle était belle, même sous forme d'enfant. Et j'aimais cette nouvelle complicité entre nous, même si ce changement était un peu brutal pour moi. Mais Serah ne me laissa pas le temps de savourer ce moment.


- Kah... on fait quoi ? J'ai froid. Et on est transformés en enfants... combien de temps ça va durer ?

Je n'avais pas pensé que cela la perturberait autant...Et au passage, je m'apercevais à présent qu'elle tremblait de froid, et était à moitié nue sur moi. Je rougis violemment, et tâchais de me concentrer sur autre chose. Je n'avais pas réalisé tout de suite, mais j'avais la chance d'avoir des vêtements adaptés aux chats-garous, et ils avaient donc pris ma taille, mais elle flottait dans sa chemise trop grande et son pantalon qui tenait à peine sur ses hanches. Je la pris dans mes bras et nous nous relevâmes, et je lui souris :

- Ne t'en fais pas, je trouverais un moyen de nous sortir de là. En attendant, il faut que l'on te trouve d'autres vêtements, plus...adaptés. Et des couvertures. Nous allons passer la nuit ici, je pense que la tempête ne reviendra pas de sitôt.

Je passais ma main dans mes cheveux d'un air désinvolte, et la sensation de mes mèches collées ensemble me fit me souvenir que j'avais du me blesser en tombant après l'éclair. Il faudrait que je demande à Serah de regarder si ça n'était pas trop grave. Une lueur d'inquiétude traversa mon regard quand je songeais à ce qui aurait pu arriver.


- Au fait, est-ce que ça va toi ? Tu n'es pas blessée ?
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Serah


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Serah
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mar 9 Fév 2016 - 21:13


Il sentait bon, se dit-elle alors qu'il l'aidait à chercher des vêtements. Accrochée comme un koala sur le dos du chat-garou, Serah souriait comme une enfant – de fait – alors qu'ils cherchaient de quoi la vêtir plus aisément. Ses gros vêtements l'empêchaient de bouger comme elle le voulait, et ils menaçaient de lui échapper et de dévoiler sa nudité infantile. Ca la gênerait un peu. Mais pas plus que l'odeur de Kahaniel. Il ne pouvait pas la voir, bien sur, mais elle rougissait à chaque fois qu'elle respirait sa senteur de forêt et de fleurs, un peu. Enfin, qu'elle pensait. Il avait du sang, aussi, dans les cheveux, en train de sécher. Et il est trop mignon comme ça, en petit. Vu que je suis petite aussi, maintenant, ça change quelque chose?

Peu importait, au final, car ils durent relâcher leur petit jeu : ils avaient trouvé des vêtements. Bon, c'était un petit pantalon et une chemise, mais c'était toujours ça de pris. Elle attendit que Kahaniel se retourne, et elle alla se placer devant un petit miroir. Ce qu'elle vit lui fit peur, alors qu'elle était déjà terrifiée et frigorifiée.

 « Tu peux allumer un feu ? Il y a une cheminée. On sera mieux à avoir bien chaud. »

Ca pouvait de plus l'éloigner un peu d'elle pendant qu'elle... s'examinait. Nue, elle était si frêle, comparé à sa forme adulte ! Le corps d'une toute petite fille, à peine plus grande que le garçon non loin d'elle. Sa cicatrice était là aussi, en miniature, mais quand même. Et pour le reste... Aucune forme bien sur. Etrangement, cela lui faisait encore plus mal que le reste. Faites que ça dure pas, pitié... Une fois habillée, elle se retourna vers Kahaniel, lequel attendait visiblement. Elle s'approcha de lui. Je vais le surprendre. Avec un petit sourire aux lèvres, elle sauta sur son dos, le projetant au sol. Hilare, elle resta ainsi allongée sur lui, avant qu'il n'inverse soudainement la donne et qu'ils ne roulent sur le sol dallé.

Etre des enfants semblait leur faire un drôle d'effet, à vrai dire. Ils passèrent un temps interminable – peut-être une heure ? - à jouer, se chamailler, rire et échanger des paroles avec leurs jeux. Ils ne sentaient plus le froid, et Serah se surpris à penser qu'en fait, c'était pas si mal. Elle ne dominait plus Kahaniel de haut, et elle avait le sentiment qu'elle parlait plus facilement avec lui. Il était tout gentil, tout mignon, en enfant. Elle n'aurait su dire, en fait, ce qu'elle préférait : adulte ou enfant ? Il était mignon ainsi, mais en tant qu'adulte, il paraissait plus sûr de lui. Il gardait néanmoins son odeur de forêt et son regard perçant. Elle aimait bien ses yeux.

 « On va jouer à un nouveau jeu ! On va partir de là, et le premier qui atteint le lit a gagné. Prêt ? Allez ! »

La course effrénée fut évidemment un échec cuisant pour elle, puisqu'elle ne pouvait espérer égaler l'agilité féline de Kah. Il fut le premier, juché fièrement sur le lit, quand elle sauta, l'atteignit de plein fouet pour lui faire un gros câlin, et fonça se cacher sous les couvertures. La minuscule couche de poussière s'évanouit bien vite, alors qu'ils se mettaient une fois de plus à jouer. Sauf que, cette fois, le jeu était parler ou agir. On disait la vérité, ou on devait faire quelque chose. Chacun son tour, ils parlaient.

 « Où es-tu né ? Combien de villes as-tu vu ? Est-ce que tu as déjà eu une madame chat dans ta vie ? Ton plat favori ? »

Beaucoup de questions, peu de gages, au final. Mais, à un moment donné, sentant qu'il hésitait, Serah risqua une question. Pourquoi, aucune idée. Mais ça semblait lui tenir à cœur, soudainement.

 « Est-ce que tu aimes quelqu'un ? »

La semi-pénombre, due aux couvertures sur leurs têtes, et au feu de la cheminée, rendait difficile de voir les couleurs des visages. Sans ça, il aurait parfaitement vu Serah rougir comme une tomate. Mais peut-être pouvait-il y voir, c'était un chat aussi, après tout.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mar 9 Fév 2016 - 22:54


Les cheveux de Serah me caressaient le dos tandis que nous cherchions des vêtements pour elle. Je sentais son corps contre mon dos, mais bizarrement cela ne me troublais pas autant que si elle avait été adulte. D'un autre côté, ça aurais sûrement été moins marrant si elle avait été adulte, et je n'aurai pas pu la porter sur mon dos comme un koala. Elle était si légère que c'était troublant pour moi. Et au moins, pour une fois, je n'avais pas à lever le nez pour la regarder dans les yeux ! Je fus soulagé lorsque nous trouvâmes des vêtements à sa taille dans une petite armoire, car nous étions tous les deux gênés de sa situation actuelle.

Je profitais de ce qu'elle me demande de partir dans la pièce d'à côté faire un feu pour remettre mes idées en place. Apparemment, il n'y avait pas que nos corps qui étaient affectés, mais aussi, parfois, nos esprits. Nous pouvions encore avoir des pensées adultes, mais la plupart du temps nous jouions comme des gosses. Une fois que j'eus fini le feu et qu'il flambait joyeusement, j'entrepris de nettoyer ma tête du sang coagulé. Je n'avais rien de grave, heureusement, rien qu'une petite coupure, mais le crâne saigne toujours plus qu'il n'est touché.

Serah revint, adorable dans ses nouveaux vêtements à sa taille, et me sauta sur le dos par surprise. Nous roulâmes par terre en riant, mais je repris rapidement le dessus, par fierté masculine. Puis elle se dégagea de sous moi et me toucha le bras et s'enfuit en riant : « Chat ! ». Je ris avec elle et nous nous poursuivîmes pendant une heure, ou peut-être deux ? Je me fichais du temps qui passait, et nous riions ensemble, oubliant tout à part nous. Nous parlâmes aussi, de tout et de rien, comparant la taille de nos mains, puis nous battant comme des chatons, qui évitent de mettre les griffes. Je tressais longuement ses cheveux devant le feu, et même si je n'étais pas très doué, je réussis à lui tresser deux nattes partant de ses tempes et se rejoignant derrière son crâne. Ses cheveux sentaient le miel, le soleil et les fleurs des champs, et je tremblait un peu en tressant ses mèches blondes, douces comme ma fourrure.

Lorsqu'elle me proposa la course, je lui sourit d'un air de vilain garçon, et bien entendu, je gagnais. Mon ego félin et masculin en aurait pâti si j'avais perdu ! Elle se jeta sur moi et nous tombâmes ensemble dans les couvertures, soulevant un nuage de poussière vite dissipé. Ronronnant de plaisir, je la suivit sous les couvertures qui sentaient la poussière, mais cela n'avait pas l'air de nous déranger. Le jeu suivant nous fitparler de tout et de rien, et donna même lieu à un concours de grimaces, tandis que le jour se couchait lentement. Bientôt, il devint un jeu de questions, et nous nous retrouvâmes blottis l'un contre l'autre, et je la protégeais de mes bras.


- Où es-tu né ? Combien de villes as-tu vu ? Est-ce que tu as déjà eu une madame chat dans ta vie ? Ton plat favori ?

- Eh, tu triches ! On avait dit une question ! Bon...Je suis né à Belatona, près du lac Léona. J'ai du voir environ...10 villes, la plupart dans le sud du pays. J'adore les souris bien juteuses !

- Beeerk !

- Quand aux « madames chats », je n'en ai rencontré qu'une, une fois, mais ça n'as jamais été très concluant...c'était une n'a-qu'une-forme…

Les questions s'enchaînaient, nous laissant parfois hilares. Puis Serah eut un moment d'hésitation, et je me reconcentrais sur elle.

- Est-ce que tu aimes quelqu'un ?

Je ne savais plus quoi dire. Elle rougissait, et même si je ne pouvais le voir qu'avec ma vision féline, j'en était sûr. Je la trouvais un instant cruelle de me poser cette question, dont elle connaissait parfaitement la réponse. Mon regard s'assombrit, et je baissais les yeux.

- Kahaniel…

Pourquoi cette question ? Il n'y avais que deux solutions. Soit elle ne m'aimait pas, et elle voulait savoir la vérité pour mieux me repousser, soit elle avait des doutes sur ses propres sentiments, et voulais savoir si je partageais ses doutes. Je ne réfléchis pas plus, et lui caressais doucement la joue, approchant mon visage du sien. Je la fixais dans les yeux, et déposais mes lèvres sur les siennes. Ses lèvres étaient douces comme de la soie, et l'espace d'un instant, le temps d'un baiser, nous redevînmes adultes. Mais bientôt, trop tôt à mon goût, nous nous séparâmes, et l'illusion fût brisée. A nouveau, nous étions des enfants. Je ne savais que penser de ce baiser, et je me contentais de fixer Serah dans les yeux, son odeur de miel et d'été perturbant mes sensations. Je baissais les yeux, persuadé qu'elle allait se séparer de moi, s'enfuir le plus loin possible...alors même que le goût de cerise de ses lèvres restait collé aux miennes.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mer 10 Fév 2016 - 17:47


Elle n'eut qu'à peine le temps de prononcer son nom qu'elle sentit sa main se poser sur sa joue, exerçant une légère pression pour rapprocher son visage du sien. Avait-elle été trop loin ? L'espace d'un instant, pendant une fraction de seconde, elle était persuadée d'avoir fait la plus grosse bêtise du siècle. Mais alors, ses lèvres rencontrèrent celles du chat-garou, et, tout en fermant les yeux, elle s'abandonna totalement, en n'ayant plus qu'une chose en tête : lui rendre son baiser. Malheureusement, l'instant fut tout aussi bref. Elle aurait juré...

Elle l'embrassa à nouveau, puis encore, et encore, et une quatrième fois, et enfin une cinquième fois, bien plus longuement cette fois, cherchant sa langue et se blottissant au plus près de lui. Elle eut à chaque fois la même sensation, le même sentiment fugace qu'elle redevenait adulte à chacun des contacts. Que ce soit véritablement le cas ou non, elle s'en fichait éperdument. Elle ne pensait qu'à Kahaniel, son odeur douceâtre, son corps chaud contre le sien, sa bouche au goût salé. Quand enfin elle retira ses lèvres des siennes, son visage s'illumina d'un grand sourire, et, le visage toujours collé au sien, elle s'endormit, sa main serrant fermement celle de Kahaniel.

 « Dodo maintenant. » dit-elle doucement.

Il n'était encore que la journée, peut-être l'après-midi, mais Serah dormit tout de même comme un vrai bébé. Pas de sommeil agité, pas de flash mémoriel venu interrompre ses doux rêves de chats jouant ensemble, d'un petit garçon et d'une petite fille en train de courir main dans la main sous un soleil couchant. Pas d'homme aux cheveux rouge, pas d''éclair magique et de douleur intense. Juste un sommeil profond et la proximité du chat-garou.

A son réveil, bien sur, il n'était pas là. Elle constata que dans son sommeil, sa tête était ressortie du lit, les cheveux en tout sens, et qu'elle avait complètement chiffonné un gros oreiller bien doux. Elle se redressa, regardant autour d'elle. Kahaniel absent, voilà qui ne la surprenait pas. Mais à entendre l'orage persister à l'extérieur, avec le vent et la pluie, elle espérait qu'il n'aurait pas d'ennui. Elle profita donc de son absence pour réfléchir, seule. Réfléchir à ce qu'il s'est passé... Mastaï, pourquoi es-tu si cruel ? Si j'aime Kahaniel, comment pourrais-je jamais le quitter, quand l'heure viendra de l'abandonner plutôt que de le tuer ? Car jamais je n'y arriverais... Pas plus qu'elle ne pourrait dominer son ancienne personnalité. Elle en avait déjà discuté, un peu, avec lui. Ils étaient d'accord sur le fait qu'un jour, son ancienne personnalité pouvait ressurgir. Mais elle prendrait forcément le pas sur la nouvelle, pensait Serah. Car jamais elle ne réussirait à gagner ce combat. Elle le savait. Et cela la fit pleurer.

Au bout d'un moment – combien de temps, elle l'ignorait – elle sortit du lit, séchant son visage et cherchant le chat-garou. Il n'était pas là, dans cette pièce. Il n'était pas non plus dans la pièce principale du bâtiment-temple-église. Mais où se cachait-il ? Persuadée qu'il s'agissait d'un nouveau jeu, elle se fendit d'un sourire et s'écria, d'une voix toute heureuse :

 « Attention, j'arrive ! »

Quel plaisir d'être un enfant ! Elle fouilla chaque recoin, chaque meuble, chaque dessous de table ou de siège. Il pouvait se cacher sous sa forme d'enfant, mais peut-être aussi de chat. Car lui pouvait peut-être encore se transformer ! Ce tricheur, s'il osait ! Tant pis. Vaille que vaille, elle se força à chercher sans abandonner. Elle finirait par le trouver. Elle y arriverait ! Un des chevaux renâcla, faisant un peu de bruit dans la grande salle. Persuadée que le chat-garou s'était trahi, elle s'y précipita, mais poussa une exclamation étouffée en voyant un individu de haute taille. Celui-ci, couvert de boue et de pluie, brandissait un sabre tout en tenant fermement un enfant par le col. Serah constata avec horreur qu'il s'agissait en fait de Kahaniel. Mon Kahaniel.

 « Lâche-le, brute épaisse ! Ou je te défonce le crâne ! » lança-t-elle d'un air puéril.

Sous sa forme adulte, elle aurait été convaincante. Là... elle ne serait pas prise au sérieux, et devait donc vite trouver une solution. Une qui ne déclenche pas l'hilarité du Premier Homme. Car, étant un véritable colosse, le nouvel arrivant ne pouvait qu'être l'un d'entre eux.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Jeu 11 Fév 2016 - 21:55


J'avais l'impression d'évoluer dans un rêve. Le corps de Serah, contre le mien, ses baisers de plus en plus passionnés...Et chacun de ses baisers réveillait ce que j'avais passé la semaine à endormir, le désir de la garder à jamais près de moi, malgré tout. Je savais ce que cela aurait impliqué...Si jamais elle retrouvais ses souvenirs et devenais violente...Je savais que je n'y survivrais pas. Une unique larme coula sur ma joue, mais je me forçais à ravaler les autres et répondis à chacun des baisers de Serah avec ferveur. Nous nous endormîmes ensemble, le sourire aux lèvres.

Mes rêves fûrent troublés, par des visions d'une clarté terrifiante. Un humain, immense, Premier Homme peut-être ? Menaçant. Son visage est flou, mais ses bras musclés sont menaçants. L'effroi me saisis et je frissonne, tandis que je reconnais lentement la salle dans laquelle il se trouve. Il me saisis par le bras, puis quelqu'un crie, et il me plaque le dos contre son torse, en enfermant mon cou au creux de son coude. J'étouffe, je ne peux plus respirer…

Lorsque je me réveille, le bras de Serah me serre contre elle avec force, passant sous mon cou et ébouriffant ma douce fourrure. Je griffe l'air devant moi et parviens à me dégager doucement avant de la réveiller. Reprenant mon souffle, je me retourne d'un bond vers elle, avec la ferme intension de la réveiller et de lui faire payer, mais son sourire endormi a raison de mon agacement. Elle est si mignonne lorsqu'elle dort...Après une léchouille sur le front, je saute en bas du lit, qui me paraît bien grand tout à coup. Pourtant, même sous forme de chat, je devrais avoir besoin de me baisser pour passer sous le lit, et là, j'y passe sans peine !

Je me dirigeais vers le miroir, et râlais de dépit en voyant que je devrais sauter pour me regarder dedans. J'effectuais donc de petits sauts de cabris, et en retombais sur mon arrière train lorsque je m'aperçus que j'étais redevenu un chaton ! Je secouais la tête, persuadé que j'avais mal vu, mais la taille de mes petites pattes et de ma queue touffue ne me trompaient pas. Par mes moustaches ! Un chaton ! Encore choqué, je me traînais vers la salle principale, pour vérifier l'état des chevaux. Puis je repensais à ma vision nocturne. Devais-je la prendre au sérieux ? Sans doute...Mais comment l'interpréter ?

Je farfouillais, après avoir repris ma forme humaine - toujours enfant pour mon plus grand bonheur – dans mon sac, pour retrouver parmi les différentes décoctions mes osselets de dragon, afin d'en apprendre plus sur cette vision. Mais je n'eus pas le temps de mettre la main dessus qu'une voix grave m'interpella.


- Alors gamin, on a volé des chevaux ? Sort tes mains du sac, bien en vue, et pas d'entourloupes !

Marquant une pause, je réfléchis à toute vitesse, avant d'enfiler une minuscule fiole dans ma poche, juste au cas où, et de sortir lentement mes mains du sac. Je levais mes mains au dessus de ma tête, et tout en priant pour que Serah ne montre pas le bout de son nez, j'analysais la situation. L'homme semblait seul, mais rien n'était moins sûr. Si seulement j'avais eu ma forme adulte…L'homme me pointait une épée lourde sur la poitrine, prêt à me transpercer au moindre mouvement, et il me restait peut-être encore une chance de le tuer...Mais mon cœur manqua un battement lorsque j'entendis la voix fluette de ma compagne sortir de la chambre.

- Attention, j'arrive !

Surpris par sa voix, je n'eus pas le temps de voir que l'homme me saisissait par le col, en gardant sa lame sous mon cou, et me plaquais contre lui. Yeurk, il était trempé et plein de boue...Il allait salir mes habits...Heureusement, il ne m'avais pas bloqué les bras, et il siffla entre ses dents :

- Qui c'est encore celle-là ?

Je ne pris pas la peine de lui répondre, et Serah entra dans la pièce, l'air joyeux de la gamine qui voulait jouer. Mais son air joueur se mua vite en une expression d'horreur, puis de colère lorsqu'elle compris qu'il s'agissait de moi. J'essayais de lui intimer en silence de ne rien faire, mais elle mis ses petites mains sur ses hanches et dit d'un air de défi :

- Lâche-le, brute épaisse ! Ou je te défonce le crâne !

La brute en question partit d'un rire tonitruant et répliqua aussitôt :

- Tu ne me fais pas peur gamine, et je n'hésiterais pas à te tuer s'il le...AAAAaaaargh ! Sale gamin !

J'avais profité de la distraction que m'avais offert Serah pour repousser la lame d'une main, mordre le bras de l'homme jusqu'au sang et éclater la fiole d'acide dans les yeux de l'homme, les trois en même temps. Je me dégageais, et profitant qu'il était en train de frotter ses yeux en hurlant, je courus vers Serah et la pris par la main pour retourner vers les chambres, dans l'espoir sinon de nous enfuir, au moins de nous cacher en attendant d'avoir un plan pour tuer l'homme et nous enfuir avec les chevaux, loin de cette ville maudite...
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Ven 12 Fév 2016 - 17:03


Serah n'avait peur de rien, et surtout pas d'un type comme celui qui les agressait. Non, elle n'avait pas peur de tout ça. Pas plus que d'une créature dangereuse, ou même d'un orage. Elle ne craignait pas ce genre de choses. En vérité, il n'y avait qu'une seule chose capable de l'effrayer, et elle ne s'en rendait compte que maintenant. Peut-être parce que ça se manifestait que maintenant. Mais là, elle pensait avoir peur, alors qu'elle était terrée avec Kahaniel. Mais pas peur pour elle, mais bien pour lui. Car, tout brave qu'il était, il ne savait pas forcément se battre comme elle. Enfin, elle n'en savait rien. Et donc, présumait qu'elle seule savait manier l'épée. Epée qui, de surcroît, ne se trouvait pas là avec elle. Mais bien dans la pièce où ils avaient dormi. Soit trop loin.

Je dois trouver un moyen. Y faut, et vite. Kahaniel pourra pas forcément nous défendre. Moi je peux. Je dois trouver un moyen de le piéger, ce sale méchant. Il veut du mal. A moi. Et à Kah.
Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Elle s'avança d'un pas, risqua un regard. L'homme les cherchait dans la pièce principale, sans trop prendre la peine d'être discret. Il fouillait tant et si bien que les chevaux ne semblaient pas apprécier sa présence. Une main serrée sur la sienne l'empêcha de faire un pas de plus. Kah, bien sur.

 « Je dois prendre mon épée. Faut faire diversion. Et le tuer. Parce qu'il va nous tuer sinon, ou pire. » chuchota-t-elle.

Elle hésita un instant. Puis, finalement, se décida, déposa un petit baiser au coin des lèvres de Kahaniel, lui adressa un sourire qui se voulait rassurant, innocent, comme celui de n'importe quel enfant. Il relâcha assez la pression pour qu'elle se dégage, puis elle fila en catimini. Elle trouva finalement la pièce où ils avaient subi leur... transformation... puis prit l'épée. Elle faillit la lâcher, tant elle était devenue lourde. Etant une enfant, elle ne possédait plus la super-force de la mort des Premiers Hommes adultes. Elle puisa en elle, suffisamment pour que sa volonté lui permette de la prendre quand même. Elle parvenait à la tenir. Restait à voir si elle saurait s'en servir assez vite pour éliminer leur adversaire.

Kahaniel arriva, lui fit signe. Qu'est-ce qu'il comptait faire ? Elle s'apprêtait à lui dire non à haute voix, puis finalement hocha frénétiquement la tête pour lui dire que non, elle n'était pas d'accord. Elle savait qu'il se proposerait d'attirer le méchant. Mais non, elle ne voulait pas. C'était trop dangereux. Trop tard... Car au moment où elle entendit la diversion, il lui fallait se préparer à frapper le méchant. Aussi se cacha-t-elle.

Je vais taper au plus haut que je peux dans ses jambes. La cuisse, ou le genou. Ca suffira à le faire tomber et on pourra le tuer ! Tristes paroles venant d'une enfant, mais elle n'en était pas vraiment une, non ? Quand le moment vint, il n'en fallut pas plus pour qu'elle manque de se décourager. Il était immense, elle toute petite. Mais deux vies, dont une qui lui importait beaucoup, dépendaient du geste à venir. Aussi fonça-t-elle, épée en avant, et poussant un cri de hargne. Lequel ne manqua pas d'alerter le méchant, qui s'effondra néanmoins dans un cri de douleur. Mais il n'était pas mort.

 « Méchant ! Méchant ! Méchant ! »

A chaque coup qu'elle porta, elle criait ce mot. Au final, elle s'arrêta, constatant que l'autre était mort sans pouvoir vraiment se défendre. Elle laissa tomber son épée, aperçut Kahaniel qui la regardait bizarrement. Il était un peu plus petit qu'elle, et ses vêtements la serraient un peu. Elle avait grandi un peu, à cause de l'accès d'émotion. Ou peut-être juste la colère, la violence. Mais cela ne l'empêcha pas de s'élancer vers les bras du chat-garou, sans un mot, mais avec des larmes silencieuses sur ses joues. Incapable de dire quoique ce soit pour l'instant, elle se contenta de le serrer fort et de le laisser faire de même avec elle.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Ven 26 Fév 2016 - 14:47


Un plan. Un plan un plan un plan, Kahaniel, il te faut un plan ! Si on le tue, on risque d'attirer ses copains à l'intérieur, et nous n'aurons aucune chance. Si on essaye de s'enfuir, il nous rattrapera, et préviendra ses copains qui nous poursuivrons. Aucune chance de nous en sortir indemnes...Très bien, si l'un de nous devais mourir, alors ça serait moi. Serah vivrait, quitte à ce que j'y laisse la vie !Je tentais de reprendre mon souffle lentement, après la course folle vers le couloir le plus proche. De là, je pouvais constater que ma fiole d'acide n'avais pas fait autant de dégâts que désirés. L'homme n'était pas aussi aveugle que je l'avais espéré, seul un de ses yeux avait pris les dégâts, et le reste avait été pris par le nez, qui était  à présent à moitié rongé.

L'homme était seulement borgne, et cela n'arrangeait pas nos affaires...Et l'épée de Serah se trouvait à l'opposé de là où nous étions...Je sentis Serah avancer d'un pas dans la direction de l'autre couloir, et retins sa main dans la mienne. En silence, je la regardais d'un air désapprobateur, et elle murmura :


- Je dois prendre mon épée. Faut faire diversion. Et le tuer. Parce qu'il va nous tuer sinon, ou pire.

Je réfléchis trentes secondes, et décidais de faire diversion pour qu'elle ne soit pas repérée tout de suite. C'était notre seule chance, aussi je la relâchais tandis qu'elle m'embrassais au coin des lèvres et me souriait comme si la victoire était déjà nôtre. Elle se glissa sans un bruit dans la pièce, puis atteignit le couloir d'en face sans encombres. Mes yeux étaient restés fixés sur l'homme, qui continuait de fouiller la pièce pour nous trouver. Je me glissais rapidement dans ma forme féline, et, aussi discret qu'un chat, je traversais la pièce à la suite de Serah.

Reprenant ma forme humaine juste avant d'entrer dans notre chambre, je grimaçais en entendant le léger cliquetis de l'arme que Serah soulevais tant bien que mal, et frémis. Elle n'arriverais jamais à le tuer...Je devais envisager un plan B, au cas où elle raterais son coup. M'assurant que j'avais toujours ma dague de chasse à ma ceinture, je fis un signe à Serah pour lui signaler que j'allais faire diversion, et n'attendis pas sa réponse. Je me glissais à nouveau dans la pièce principale, et m'approchais des chevaux. Comment allais-je bien pouvoir m'en sortir ? L'homme était immense, et même penché pour voir à l'intérieur d'un meuble, il était plus grand que moi…


- Eh, gros lard !

Je n'attendis pas de savoir que l'homme m'avais entendu pour m'enfuir en courant de façon parfaitement audible et visible, pour que l'homme puisse me suivre mais sans pour autant m'attraper. Je fus récompensé par un grand bruit suivi d'un « Ouille ! » lorsque l'homme se cogna la tête sur le meuble, et je filais dans la chambre sans demander mon reste.

- Viens par ici petite ordure !

Je ne daignais pas lui répondre, et me contentais de prendre ma forme féline pour éviter le coup de Serah, et plongeais sous la lame, qui se ficha dans les jambes de l'homme. Je poussais un miaulement de douleur lorsque la lame m'entailla le flanc sur toute la longueur, et mes pattes faible brusquement ne me soutenaient plus. Je m'écrasais contre le mur et me retournais doucement pour lécher mon flanc qui saignait.

- Méchant ! Méchant ! Méchant !

Serah s’acharnait sur la tête de ce pauvre homme, tête qui ressemblait maintenant plus à une bouillie sanglante qu'autre chose. Je repris douloureusement ma forme humaine et pris délicatement Serah dans mes bras, pour l'écarter de l'homme. Elle avait grandi, aussi bizarre que cela puisse paraître, mais je m'en fichais totalement. Elle avait toujours été plus grand que moi de toute façon. Je lui pris doucement l'épée des mains, et elle se blottit dans mes bras, me serrant un peu trop fort à mon goût. Je la serrait un long moment contre moi, serrant les dents pour oublier la douleur de mon flanc, et je l'entraînais dans la pièce principale, près des chevaux.

Elle ne me lâchais pas, et je décidais de la prendre sur mon dos, où elle s'accrocha comme un koala, en me laissant libre de mes mouvements. Rapidement, je préparais notre paquetage, que j'avais déjà commencé le matin même, et laissant derrière nous le cadavre de l'homme, je fis monter Serah derrière moi sur Pyrène, tandis que nous sortions de ce village maudit. Je n'avais plus qu'une idée en tête, nous éloigner au plus vite de cet endroit sinistre de mort. J'avais attaché Simba à la selle de Pyrène, et peut-être que je pouvais enfin me reposer…

Je posais la joue sur l'encolure de Pyrène, et la dernière chose que j'entendis avant de sombrer dans l'inconscience fût mon nom, murmuré par une petite fille au loin...
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Ven 26 Fév 2016 - 18:06


Il fallut un bon moment à Serah pour réaliser qu'elle avait peut-être un peu trop grandi, à cause de son soudain accès d'émotion. Ses vêtements la serraient, surtout au niveau de la poitrine, où deux petites bosses étaient apparues. De même, au niveau des jambes, le bas était un peu trop court à ces chevilles. Elle allait bientôt le regretter, si elle se rendait soudainement compte qu'elle grandissait à nouveau, et que son corps trop grand déchirait ses vêtements d'enfant. Elle y penserait plus tard, lorsqu'elle serait assez grande pour remettre sa tenue habituelle : vêtements de voyage, cotte de maille et manteau. Son épée se trouvait sur Simba, ainsi que le bouclier. Kahaniel s'était visiblement occupé de tout, alors qu'elle-même avait... rien fait.

Pauvre Kah... Il avait sombré dans l'inconscience, ou le sommeil. Pyrène continuait sa route le long d'un sentier tracé à même les herbages. La jeune fille – elle n'était pas encore redevenue une femme, loin de là – ne pouvait se résoudre à stopper les chevaux dans leur avancée. Plus vite ils s'éloigneraient de l'endroit sinistre où ils avaient rencontré leur ennemi, mieux ce serait. Je ne pense même plus comme une enfant. Le sortilège prend fin, on dirait. Espérons quand même qu'il tienne jusqu'à un endroit décent. Un endroit où je pourrais m'occuper de lui. Elle prenait cela à cœur. Assurer la sécurité du chat-garou, le temps qu'il se réveille.

De toute évidence, il était à un moment donné passé à l'état de sommeil, pour retourner dans l'inconscience. Elle s'assura qu'il ne bougerait pas, en restant contre lui, et en tâchant de dormir un peu aussi. Encore une fois, elle fut heureuse de constater qu'elle n'avait pas de flash de mémoire. Qu'elle ne faisait que dormir, serrant contre elle un petit enfant qui s'avérait être une personne chère à son cœur. La seule personne que je connaisse, mais aussi la celle que j'aime. Etait-elle amoureuse ? Peut-être, peut-être pas. Dormant tout en humant son odeur, elle ne rêvait que de chats, de lits douillets et de petits enfants. Elle se sentait bien, là. Mais ce moment ne pouvait bien sur durer pour l'éternité. Comme le prouva un cri, qui la réveilla.

Un homme se tenait devant elle, une pipe à la bouche et louchant sur les chevaux. Visiblement, il avait l'air un peu content, et ses vêtements dépareillés témoignaient d'un mauvais entretien. Et sa voix était désagréable.

 « Vous souhaitez passer un moment ici ? L'patron a des chambres, pour sûr, mais j'garantis pas qu'il acceptera. C'la dit, vous pouvez compter sur lui pour garantir vot' sécurité. C'est un coin tranquille ici. »

Quelques minutes plus tard, Serah emmenait Kahaniel, leurs affaires avec eux, à l'intérieur. Les chevaux furent placés en écurie, eux-mêmes furent conduits par l'aubergiste jusqu'à une petite chambre. Il n'y avait qu'un lit, avec une place pour adulte. Vu qu'ils étaient des enfants pour l'instant, ce n'était pas un problème quand même. Du moins, pas encore. Ils eurent le droit à un beau discours sur la qualité de l'établissement, sur le fait qu'on y mangeait bien, qu'on pouvait dormir en sécurité, qu'il n'y avait pas de problème.

L'homme les planta là, et ils furent donc complètements seuls. Le chat-garou n'avait pas l'air en très grande forme. L'inconscience, le demi-sommeil, puis à nouveau l'inconscience ne lui avaient pas fait du bien. Elle s'approcha de lui, s'assurant que la porte était fermée. Elle prit ses mains dans les siennes. Si je l'embrasse, je l'aime. Sinon... Elle cessa aussitôt d'y penser quand il l'embrassa de son propre chef. Elle se contenta de lui rendre.

 « Tu veux qu'on mange quelque chose ? Ou on peut peut-être attendre. Tu es tout pâle, Kah... »
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Sam 27 Fév 2016 - 19:32


J'avançais dans un champ, seul. Ma main frôlait les épis de blé tandis que d'autres se couchaient sous mes pieds. A perte de vue, rien que des collines et du blé, et le soleil couchant qui teintait tout en nuances de doré, de rouge et d'oranges, comme un feu dansant sur le champ sans le brûler. Personne. Pourtant, le blé semblait arriver à terme, et ses grains débordaient des épis, et craquaient sous mes bottes. J'avançais toujours, et finis par arriver près d'une ferme. Là encore, personne, et le silence en devenait étouffant. C'était l'été, et une brise chaude caressait ma peau. J'étais torse nu, et les rayons brûlants du soleil léchaient ma peau sensible. Étrangement, j'avais encore mon collier...bizarre. J'entrais dans une petite écurie, qui semblait vide elle aussi. Mais l'un des boxes était occupé par une magnifique jument noire, ma Pyrène… Sans hésiter, j'entrais dans le box et m'approchais de la bête, dont je caressais l'encolure doucement. Je montais ensuite sur son dos, qui était déjà sellé, pris le cou de la jument entre mes bras, et fermais les yeux.

Un douleur sourde émanait de mon flanc. Mais je ne devais surtout pas me transformer, pas encore. Quand nous serons arrivés en lieu sûr, je pourrais prendre ma forme féline et me guérir. Pas maintenant. Je sombrais à nouveau dans l'inconscience…

La scène est si différente cette fois...Serah est avec moi, elle est si belle...Elle porte une robe couleur ivoire, qui flotte doucement autour d'elle comme un drapeau dans le vent. Le bustier brodé de fleurs délicates dessine à merveille sa taille fine, et la jupe vaporeuse au drapé simple souligne à merveille sa taille. Elle tends la main vers moi, et je lui souris, elle est tellement belle dans cette robe...Mais alors que je m'approche d'elle, sa robe se teinte de rouge, et elle disparaît lentement dans le noir qui tourbillonne autour de moi. La dernière chose que je vois est le visage d'un homme roux, qui ris de moi avec mépris.

Une odeur de pipe me réveille doucement. Et une voix rauque, mais je ne comprends pas ce qu'elle dit. Je sent que je dois marcher alors je met un pied devant l'autre, lentement. Je sent quelque chose ou quelqu'un qui me soutient, et je me laisse transporter. On m'allonge sur un lit, et je sent le parfum de Serah qui m'enveloppe. Je sent ses mains dans les miennes, et j'ouvre les yeux difficilement, son visage est près du mien. J'approche encore et l'embrasse, et ce simple effort me fait sombrer à nouveau dans ce sommeil comateux. J'entends mon nom dans un murmure, et tout est noir.

La scène change à nouveau. Rêve ou réalité ? Je ne sais plus. Je suis allongé, dans une chambre inconnue, et une personne me tourne le dos. Soudain, il s'approche de moi et se jette sur moi, il essaye de m'étrangler ! Je saisis de ma dague, cachée dans ma ceinture, et poignarde l'homme roux dans le ventre. Raydrik...

Le cri qui perce à travers les délires de ma fièvre n'est pas du tou celui d'un homme. Le parfum de Serah parvient à mes narines, et celui du sang me fait lâcher la dague, qui rebondit sur le sol. Serah serre ses mains contre son ventre, et du sang goutte lentement de sa blessure. Elle tombe à genoux, et je tente de la rattraper, mais elle s'écarte de moi dans un cri de bête blessée. Je retombe au sol, à quatre pattes, et des larmes de désespoir roulent su mes joues tandis que je murmure, hébété :


- Je suis désolé...Je ne voulais pas...Raydrik, il voulait m'étrangler, je…

Serah me regarde avec des yeux fous, et je baisse les yeux devant ce regard qui me transperce. Une serviette humide repose sur le sol, sans doute a-t-elle voulu me l'appliquer sur le front pour faire tomber la fièvre...et maintenant je l'ai blessée...Elle regarde ses mains tailladées d'un air choqué. La blessure de son flanc n'as pas l'air profonde, mais celles de ses mains...Seigneur, qu'ais-je fait ?
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Sam 27 Fév 2016 - 23:51


Tout ce qu'elle ressentait soudainement, tout ce qu'il se passait de bon et de joie avec le chat-garou, tout s'était évanoui en un instant. En un éclair, un battement de cœur, de cil, en un instant, tout avait volé en éclat, sans qu'elle ne puisse rien y faire, Elle tenait encore le linge mouillé d'eau chaude dans sa main valide, celle qui n'avait pas été attaquée par la terrible dague, quand l'autre main fut aussi attaquée. Et alors, que faire ? Que dire ?

Un observateur extérieur aurait alors aperçu une jeune fille complètement déboussolée, les yeux hagards, le visage blanc comme un linge. Son ventre saigne légèrement, à peine atteint par l'arme de celui qu'elle croyait aimer l'instant d'avant. Sa main droite est transpercée au niveau de la paume, un flot continu et important de sang qui ne cesse de continuer à couler. L'autre main, elle, est tailladée, les doigts couverts d'estafilades et de plaies : l'index ne bouge même plus. Mais le plus terrible, c'est certainement dans son esprit. Serah ne pense plus rien, elle ne sait quoi dire, quoi faire. Elle ne peut même pas pleurer. Elle ne parvient qu'à réagir d'instinct lorsque le chat-garou s'approche d'elle : elle lui donne un coup de pied, violent, dans le ventre, l'éjectant contre le mur.

Serah se tint alors à distance, s'adossant contre la porte de la chambre. Avachie ainsi, elle serre son ventre de ses mains, et finit par pleurer et sangloter. Elle n'arrivait plus à penser de manière cohérente. Comment était-ce arriver ? Comment Kahaniel, son sauveur, son ami, son... Comment avait-il pu faire ça, et pourquoi ? Elle lui jeta un nouveau coup d’œil, le voyant hésitant. A moins qu'il ne soit méfiant ? Ou encore qu'il ne s'apprête à l'attaquer de nouveau ? Avait-il décider de se débarrasser d'elle parce qu'elle était une ancienne ennemie ? S'était-il joué d'elle ?! Mais il a parlé de Raydrik... Pourquoi ? Il n'était pas là... Elle sombra alors dans le sommeil. Ou l'inconscience, elle n'en savait rien.

Elle fut réveillée par un frisson. Il faisait froid, soudainement. Etrange, car il faisait bon et chaud dans le bâtiment. Elle était allongée dans un lit, ça, elle en avait la certitude. Et... nue. Complètement, sous l'épaisse couverture. Elle aurait pu rougir, si elle avait été éveillée. Quelque chose – un mauvais pressentiment – lui fit l'effet d'un doute dans son esprit. Et elle ouvrit les yeux, découvrant la chambre qu'elle partageait normalement avec Kahaniel. Se redressant, elle grimaça, vit sa main droite couverte d'un tissu imbibé de sang. Sa main gauche était presque guérie.

 « Mes vêtements... » murmura-t-elle.

Ils étaient là, déchirés, au sol. Elle passa une main sur sa peau, et constata bel et bien qu'elle était redevenue adulte. Un coup d’œil vers l'unique fenêtre de la pièce lui montra le soleil couchant. L'absence du chat-garou n'était pas non plus pour lui déplaire. Cela lui permettait de se réveiller sans sa présence. Bon sang, mais quelle folie s'était emparée de lui ? Un bruit de porte la fit sursauter. Il était revenu dans la pièce, toujours sous une forme d'enfant. Un enfant qui néanmoins avait un peu grandi.

 « Ne m'approche pas. Tant que tu ne m'auras pas expliqué ce qu'il s'est passé. » dit-elle d'un ton menaçant.

Et désespéré. Elle se sentait fébrile, mais pas dans le bon sens du terme. Elle avait peur, littéralement, de Kahaniel. Serah ne savait pas pourquoi, ni comment, il était encore là, à la soigner visiblement. Mais elle ne voulait pas lui laisser une occasion de lui refaire du mal. Elle se défendrait sinon. Mais jamais je ne pourrais le tuer. J'ai beau avoir eu tort de l'aimer, je ne pourrais. Quelle folie d'avoir pensé aimer ce... cet homme. Il n'est pas pour moi. Une voix minuscule, dans les tréfonds de son esprit, lui indiqua que c'était encore moins le cas pour un certain Raydrik.

Mais elle ignora complètement cette voix. Car celle de Kahaniel l'éclipsait.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Jeu 3 Mar 2016 - 16:49


Je suis anéanti. Plus de nous, plus rien, j'ai tout brisé. Jamais elle ne me pardonnera. Je suis fou d'avoir voulu croire que quoi que ce soit était possible entre nous, le destin ne le veut pas, c'est clair...Elle a voulu me tuer, avant, alors pourquoi ais-je lutté ? Pourquoi l'avoir soignée, pourquoi l'avoir aidée, si c'est pour mourir de la main de Raydrik, ou de chagrin d'avoir perdu la femme que j'aime ? Plus rien n'importe désormais, je vivais pour elle, et je l'ai perdue en un instant. Plus rien ne me retiens en ce monde désormais…

Elle s'est évanouie. Je la soulève, et pendant un instant je retrouve ma forme adulte, juste le temps de la soulever avec toute la délicatesse d'un jardinier devant une rose. Je la dépose sur le lit, et l'enveloppe dans une couverture. J'ai pris ma décision. Je vais la soigner, et je disparaîtrais. Cela vaut mieux pour elle. Et moi...Peu importe. Elle est plus importante. Je fouille mon sac pour y trouver mes instruments de chirurgie, et le scalpel délicat m'entaille le doit lorsque je sursaute. Quelle est cette lumière ?

Je reste bouche bée lorsque je vois la source de la lumière. Elle émane directement du cœur de ma c-de Serah. Tout son corps est nimbe d'une lumière qui m'éblouit, et elle s'élève lentement dans les airs au dessus du lit. Et doucement, son corps change, devient adulte, plus femme. Elle a rapidement retrouvé sa taille normale, et alors que la lumière baisse, elle retombe doucement sur les draps. Ses vêtements ont craqué et se sont répandus en lambeaux au sol, mais heureusement la couverture dont je l'ai drapée est intacte.

La douleur sourde de ma coupure au scalpel me ramène à la réalité, et je frissonne. Bien. Première étape, recoudre sa main et la bander proprement. J'attrape mes aiguilles et du fil et me met rapidement au travail. La blessure est nette, et je parviens à tout recoudre sans dégâts. J'ai même réussi à rattraper le nerf de l'index qui avait été tranché. Un travail d'orfèvre pour un jeune médecin. Mais je l'effectue sans aucune joie, sachant que c'est moi qui l'ai causé, et qu'en faisant cela j'ai anéanti le moindre espoir d'une vie normale.

Une fois le travail terminé, je bande la blessure avec des bandages propres, même si rapidement ils se teintent de rouge. Bien. Deuxième étape, déposer les affaires de Serah près d'elle. Je referme la porte de la chambre derrière moi, et descends les marches afin de trouver nos chevaux. La troisième étape sera simple. Je laisserais Pyrène et tout ce que je possède à Serah, et j'irais probablement provoquer Raydrik, et me faire tuer. C'est le plus simple. Et au moins je ne serais pas un lâche jusqu'au bout. En fait, c'est la deuxième étape la plus difficile...Puisqu'il ne faut pas que Serah me voie. Elle pourrait essayer de changer mon plan, et je ne sais pas si j'aurais le courage de lui demander directement de m'achever…

En prenant les vêtements de Serah dans les sacoches de selles de Simba, je m'aperçus que j'avais un peu grandi. Mes vêtements me serraient un peu. Peu importe, ils ne me seront pas utiles très longtemps. A peine ais-je poussé la porte que j'entends la voix de Serah, acide et acérée, me transpercer de part en part :


- Ne m'approche pas. Tant que tu ne m'auras pas expliqué ce qu'il s'est passé.

Je soupirais et déposais ses vêtements à mes pieds, puis reculais contre le mur. Je m'assis contre le mur et entourais mes genoux de mes bras, en fixant le sol au bout de mes genoux. Puis je tentais de m'excuser, la voix atone et les yeux vitreux.

- Je ne te demandes pas de me pardonner, je suis impardonnable. La fièvre m'as fait délirer, pendant tout le trajet et jusqu'à ce que l'odeur de ton sang me fasse reprendre conscience. J'ai vu...Des choses, que j'aurais voulu ne jamais avoir vu. Et lorsque tu t'es approchée de moi avec ce linge, j'ai cru voir Raydrik, et il essayait de m'étrangler. J'ai réagi par instinct, et je suis impardonnable. Alors maintenant, je vais te laisser tranquille. Tu peux garder Pyrène et Simba. Prends soin d'elle, je...je vais partir maintenant…

Une unique larme roula sur ma joue, et je me levais lentement, puis sortis de la pièce. Voilà, c'était terminé. Plus jamais je ne la verrais, plus jamais je ne la ferais pleurer, plus jamais elle ne souffrirais par ma faute...
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Jeu 3 Mar 2016 - 20:32


Un vrai conflit se jouait dans la tête de Serah, alors qu'elle se savait complètement perdue et abandonnée. Kahaniel avait eu un moment de faiblesse, de ce qu'il en disait, quelque chose qu'il ne parvenait pas à expliquer et qui jouait visiblement sur sa façon d'être et de voir les choses. Mais, tout de même, il agissait stupidement. Elle voulut le retenir, lui crier qu'elle ne voulait pas qu'il parte, qu'elle ne souhaitait pas qu'il réagisse ainsi. Elle voulait lui promettre qu'elle l'aimait, qu'elle le voulait auprès d'elle, avec elle. Qu'il devait rester pour elle, car elle avait besoin d'aide, elle ne saurait survivre seule dans le monde, pas dans son état encore précaire. Mais elle fut bien incapable. Et il partit. La porte était encore ouverte.

C'est fini... Il avait suffit d'un coup de vent pour balayer, telle un ouragan, tout ce qui avait été bâti jusque-là. Elle revit leurs discussions, leur voyage depuis le jour où elle était avec lui. Leur moment dans l'espèce de temple, où ils avaient été des enfants et unis pour la première fois, comme un seul cœur. Mais la réalité était bien plus froide : ils ne pouvaient pas vivre comme ça. Elle avait en elle la haine de son propre peuple à l'égard de Kahaniel, et elle aurait beau vouloir l'aimer, il y aurait toujours ce fossé. Lequel ne promettait pas de joie, mais seulement de continuer perpétuellement à les séparer. En résumé, tout ce qu'ils avaient pu bâtir, ou imaginer bâtir, en si peu de temps... Tout, réduit à néant. Et pourtant...

Pourtant, en levant le regard vers la porte ouverte, la jeune femme ne ressentit rien. C'était bizarre, et cela la perturbait. Elle pensait qu'elle ne sentirait qu'une douleur et un vide immense à l'endroit du cœur, qu'elle fonderait en larmes ou se laisserait consumer par le chagrin. Qu'elle n'aurait d'autre désir que de rester sous la couverture, seule, sans que personne n'ose lui parler de peur qu'elle les frappe. Qu'elle ne saurait se remettre de cette blessure – morale – que bien après les autres – les physiques. Et pourtant, il n'en était rien. Le vide était là, mais il était malsain. Elle ne pensait pas que cela se passerait ainsi, et pourtant c'était ainsi.

Il lui fallut de longues minutes pour s'extraire du lit, tremblante, tentant de ramasser ses vêtements malgré ses mains à vif. Avec des gestes prudents, elle parvint à remettre l'essentiel, mais elle hésita sur la cotte de mailles. Ses armes, visiblement, étaient encore sur les chevaux. Il a parlé de me les laisser... Que vais-je faire de deux chevaux ? Je vais en vendre un. Ca me rapportera bien assez pour vivre. Elle savait que ça valait très cher. Elle ramassa les ultimes affaires présentes dans la pièce, ne prêtant aucune attention à l'odeur de Kahaniel qui flottait encore dans l'air, et elle sortit.

Un repas chaud lui fit du bien, s'en étonna-t-elle. Etait-ce son absence de chagrin qui la rendait ainsi ? Ou peut-être qu'elle redevenait soudainement plus elle-même. Il était difficile de déterminer ce qui avait été son ancienne personnalité, cette nouvelle étant foncièrement différente du fait de sa tolérance. Elle aperçut un individu, dans la salle commune de l'auberge : ses oreilles étaient coupées, mal cicatrisées ; un elfe. Encore une fois, aucune réaction de sa part, que ce soit dans sa tête ou dans son cœur. Il avait pourtant les mêmes cheveux noirs que Kahaniel.

 « Vous l'avez vu ? Le gars qu'est parti tout seul sur la route ? Il a laissé deux chevaux à l'écurie. »

Cela s'adressait à Serah. Elle releva la tête, ses yeux pâles croisant ceux du patron des lieux. Elle le fixa un long moment, juste assez pour avoir la satisfaction de le voir blêmir. Un simple humain. Qui veut se faire bien voir. Manque de chance, je ne suis pas d'humeur. Elle reprit une lampée de son repas, avant de parler calmement mais distinctement.

 « Ces chevaux sont à moi. Je les veux prêts à partir dans cinq minutes. »

Ce qui fut chose faite, car elle put monter Simba, tyrant Pyrène à la suite, pour reprendre la route par la suite. Sans même s'en rendre compte, elle avait pris la même direction que le chat-garou, lequel ne lui apparut absolument pas du reste de la journée. Elle continua d'avancer, seule avec ses pensées, jusqu'à ce que la nuit tombe et qu'elle ne se décide à s'arrêter jusqu'à l'aube.


*Le lendemain*


Il faisait froid, en témoignait la buée qui s'échappait de Serah chaque fois qu'elle respirait. Toujours à dos de cheval, elle guidait ses deux nouvelles montures sur la route du nord. Un embranchement dès l'aube l'avait forcée à choisir entre ça et le sud. Elle savait que Dras-Leona était quelque part au nord-ouest, aussi avait-elle choisi cette direction dans l'espoir d'atteindre le village ou la bourgade la plus proche. Ce qui se fit vers la midi. C'était davantage un ensemble de fermes qu'un vrai village, car les champs qui s'étendaient à perte de vue servaient à nourrir l'ensemble. Quatre Premiers Hommes étaient passés au galop la nuit. Voilà pour les ragots locaux.

Ragots dont elle n'avait que faire, au final, car elle poursuivit sa route sans le moindre enthousiasme. Le froid lui rosissait les joues, gelait ses mains et la faisait frissonner. Mais, comme la veille, tout ce qui l'accompagnait n'était qu'un vide immense, une solitude constante. Sans émotion, elle repensait à Kahaniel, se demandant bien où il pouvait être. Étonnamment, elle n'arrivait pas à déterminer ce qu'elle ferait si elle le revoyait. Ses souvenirs étaient revenus à nouveau par vague, cette nuit-là, et elle se connaissait désormais un peu mieux. Elle connaissait des gens, à Dras-Leona, des Premiers Hommes venus s'installer et faire fortune en Alagaësia. Elle savait aussi qu'elle était quelqu'un de patient, réfléchi, et qu'elle assumait pleinement le fait d'être bien plus petite que ses compatriotes. Même si le côté raciste et arrogant avait été effacé, elle sentait bien que sa personnalité d'avant reprenait place en elle.

A nouveau, la journée passa sans que rien de notable ne se passe. Elle croisa d'autres voyageurs, entendit à nouveau parler des quatre cavaliers, mais ne fit aucune mauvaise rencontre, n'eut pas l'impression d'être suivie ou épiée, rien. Les chevaux la suivaient docilement, même si Pyrène lui semblait un peu... distrait. L'absence de son maître, peut-être ? Ce devait être ça. Elle lui flatta l'encolure.

 « T'en fais pas, tu trouveras bientôt ce que tu cherches. »

L'animal avait-il compris ? Possible, mais c'était sans certitude. Elle ne pouvait savoir ce que Pyrène pensait réellement. Et au final, elle s'en fichait. Elle allait la vendre à la prochaine grande ville, ou au prochain village si elle trouvait un bon acheteur. L'argent lui permettrait de s'attarder un peu, de se racheter de quoi manger, et de quoi dormir dans un lieu paisible. Elle serra et desserra ses mains blessées, les obligeant à conserver de la mobilité pour cicatriser le plus vite possible. La jeune femme souffrait en silence.

Encore une fois, elle s'arrêta le soir, trouvant de quoi faire un feu avant de mourir de froid. Le sommeil la gagna que tard dans l'obscurité, alors qu'elle ne cessait de tourner et de se retourner, pensant sans arrêt aux personnes qui avaient compté dans sa vie. En premier, bien sur, venait sa famille. Les souvenirs étaient flous, épars, difficiles à comprendre. Serah ne parvenait pas à se remémorer leurs visages et leurs noms, simplement qu'ils étaient restés de l'autre côté de l'océan.

Ensuite vint un groupe d'individus, qui avaient fait le premier voyage vers l'Alagaësia. Ils avaient partagé la traversée, cette terrible épreuve, ainsi que la découverte des humains. Leurs lointains cousins, qui lui avait paru si frêles et si divisés, cotoyant des races étranges qu'on lui avait appris à haïr et à tuer. Vaincre les humains était une chose, mais eux pouvaient gagner leur place auprès des Premiers Hommes. Pas les elfes, nains et autres. Eux ne devaient recevoir ni pitié ni secours. Seulement la mort. Ce groupe de compagnons s'était dispersé à leur retour, et elle avait conservé le contact avec un seul d'entre eux. Raydrik.

Il avait été son compagnon, son ami, son amant et presque son époux. Ils avaient été ensemble pendant presque toute l'année écoulée en Alagaësia, nourrissant tout deux le désir de le rester, et de construire plus encore, ensemble. Serah l'avait aimé, beaucoup, peut-être trop. Il lui avait annoncé le désir de retourner chez eux, sur leur terre natale. Elle n'avait pas voulu, préférant continuer à découvrir cet endroit si étrange et qui lui plaisait davantage. Leur séparation avait été brutale, car il avait rompu leurs fiançailles et s'en était retourné avec une autre femme. De ce qu'elle en avait su, il demeurait toujours là-bas. Du moins, avant l'amnésie.

Car, avec l'amnésie venait Kahaniel, et là tout était différent. La fascination pour le non-humain, pour sa gentillesse et sa bonté spontanée. Son désir de l'embrasser, alors qu'elle le connaissait à peine et qu'elle n'était même pas capable de se souvenir de ce que c'était véritablement, aimer quelqu'un. Maintenant qu'elle s'en rappelait, elle ne parvenait juste pas à savoir pourquoi elle ne ressentait plus rien. Il l'avait aimé aussi, apparemment. Il avait vu Raydrik dans ses souvenirs, il avait jalousé la relation qu'il avait eu avec Serah. Au point qu'il était désormais parti, persuadé de n'avoir plus aucune place auprès de la jeune femme.

 « Mastaï, fais qu'il ne me déteste pas et qu'il vive heureux. Je ne souhaite que ça, de ta part. »

Et elle s'endormit.


*Le surlendemain*


Le soleil était à peine levé quand elle se remit en route, mais elle atteignit Melian dès la fin de la matinée. Ou plus exactement, elle en aperçut les murs, mais elle ne pouvait les atteindre. En effet, alors même qu'elle les voyait, à l'horizon, elle fut interpellée par un groupe d'individus, au nombre de quatre, en train de s'affairer à vider un chariot de son contenu. Ils étaient tous des colosses, et lourdement armés. Des Premiers Hommes. Ils manipulaient des sacs de grain, visiblement, indifférent aux pleurs d'un individu. Sûrement le propriétaire du chariot.

Elle s'arrêta à leur hauteur, apercevant quelque chose d'étrange. L'un des sacs remuait, alors qu'il n'y avait personne pour le manipuler. Quelqu'un se cachait-il à l'intérieur ? Quelqu'un qui cherchait sans doute à échapper au quatuor armé. Néanmoins, cela ne fonctionna pas, car l'un des colosse prit le sac, se moquant de l'individu qu'il sentait visiblement à l'intérieur. Et alors qu'elle allait reprendre sa route, Serah se figea, son sang se glaçant et son cœur faisant un bond dans sa poitrine. Kah...

Déjà, il était sorti du sac, et visiblement sa présence ne plaisait absolument pas aux autres. Il avait une apparence d'adolescent, mais elle-même n'aurait pas été dupe : quelque chose était définitivement pas humain chez lui. Il ne restait qu'une chose à faire. Aussi stupide que ce soit.

Serah descendit de cheval, et s'avança, une main sur la garde de son épée et équipée de son bouclier.
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Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mar 5 Avr 2016 - 1:14


A peine ai-je passé la porte que le désespoir tombe sur moi comme une chape de plomb. Je descends les marches comme dans un rêve, un cauchemar plutôt, présent physiquement mais absent à l'intérieur. Dans la salle, j'ignore totalement l'aubergiste qui m'interpelle, et la seule chose que je remarque avant de sortir est la boursouflure sur l'oreille d'un elfe. Il a probablement tenté de ressembler à un humain, et s'est mutilé les oreilles dans l'espoir d'être accepté. Mais tout en lui crie sa vraie nature, de son aura féline à son port de tête caractéristique. Aussitôt la porte de l'auberge passée, j'oublie l'elfe et l'aubergiste. Je n'ose même pas passer par l'écurie, je sais que Pyrène sera bien traitée par Serah.

Je déambule dans le petit village jusqu'à trouver un coin où je pourrais m'occuper de ma blessure au flanc. Heureusement, mes aiguilles et mon fil ne me quittent jamais. La douleur de mon flanc pulse sous mes doigts, mais je serre les dents en recousant la plaie. Le sang coule lentement le long de mon flanc tandis que je pique la chair, mais je n'y prête aucune attention. C'est laid, mais je suis habitué aux blessures laides. Mon dos en est couvert, de ces cicatrices si profondes que jamais la peau ne retrouve son apparence d'autrefois. Dorénavant, la mort me colle à la peau, parce que je sais que je vais mourir. Plus rien ne m'importe à présent, l'amour est mort, plus rien ne vaut la peine de vivre. Plus rien ne me fais avancer, que la vengeance qui fais bouger mes muscles, l'un après l'autre.

Sous forme humaine, la douleur deviens trop forte. Pas celle de mon flanc, oh non...J'aurais préféré. Dans ma poitrine, le vide qui s'est formé est remplacé par une bête sombre, à la gueule pleine de crocs qui cherchent à me déchiqueter de l'intérieur. Une fois les bords suturés et la plaie nettoyée, j'étale un onguent de cicatrisation sur les bords boursouflés de la blessure. Le sang a cessé de couler, et la blessure semble en bonne voie de guérison. J'ai suturé plus par automatisme que par réel intérêt, puisque de toute façon dans quelques jours je serait mort, blessures ou pas. Ma forme féline est la plus rapide, la plus confortable, et sous cette forme au moins je semble moins souffrir. Je me met à courir, puissant sur mes pattes de chat adolescent.

*Le lendemain*

La rosée avait gelé sur mes poils, et formait une couche brillante, qui craqua lorsque je m'étirais. Je n'avais pas l'envie de m'étendre sur la beauté de cette couche de diamants autour de moi, aussi me relevais-je. J'avais trouvé un petit buisson épineux sur le bord du chemin. En fait de chemin, c'était plutôt un sentier, rocailleux et poussiéreux. Je me remis en chemin et me dirigeais vers le Nord-Ouest, en direction de Dras-Leona. Si j'avais une chance de trouver ce Raydrick quelque part, ce serait là-bas. C'était là-bas qu'avais commencé l'invasion des Premiers Hommes, et depuis le moindre village leur appartenait. Il faudrait que je trouve un moyen d'entrer dans Dras-Leona.

Rapidement, mes pattes me menèrent vers un petit hameau, et je profitais d'une grange infestée de souris pour me rassasier. Mes pattes et on flanc étaient douloureux, et je profitais d'une botte de foin sur laquelle tombait un rayon de soleil pour me reposer. Mais à peine avais-je réussi à m'endormir qu'une voix me réveilla en sursaut. Deux hommes discutaient juste en dessous.

- L'était pas infestée de souris ta grange ?
- Si...C'est bizarre ça, yen a plus une seule !
- Au fait, en parlant de vermine, t'as entendu parler des quatre cavaliers qui sont arrivés tout à l'heure ? Des premiers hommes, paraît qu'ils cherchent un gamin.
- Un gamin ? Mais qu'es-ce qu'ils vont en faire ?
- Aucune idée, mais les gens disent que c'est un d'ces démons d'magiciens.


Voilà qui était bien inquiétant… Les premiers hommes étaient maintenant à mes trousses. Et apparemment, ils étaient quatre. Il faudrait que je sois plus discret à l'avenir. Je tendis l'oreille, et attendis que les deux hommes repartent en battant la mesure avec ma queue. Mes oreilles suivirent le mouvement des deux hommes , et une fois qu'ils furent sortis, je sautais sans un bruit sur une botte de foin frais en contrebas. Tous les sens en alerte, je sortis de la grange en humant l'air, et regagnais le buisson le plus proche.

Mes plans étaient en danger. Si ces Premiers Hommes m'attaquaient, jamais je ne pourrais rejoindre Dras-Leona en vie. Il me tueraient sur le champ. Ou essayeraient en tout cas. Et dans ces plaines, un chat qui se balade seul serait forcément suspect. Il faudrait que je me cache pour voyager, et plus seulement pour dormir...Problème épineux. Mais peut-être n'avaient-ils pas ma description sous cette forme adolescente. Je devais tenter le tout pour le tout. Vagabondant sous forme féline, je trouvais rapidement une carriole qui s'apprêtait à partir pour Dras-Leona, un meunier qui venait d'acheter du grain. Je profitais qu'il ait le dos tourné pour vider la moitié d'un sac, et me glisser dedans. Rapidement, la carriole se mit en route, et je m'endormis, bercé par les cahots de la route.

Lorsque je me réveillais, la nuit était bien avancée, et le meunier ronflait à l'avant du chariot. Sollicitant toute mon agilité féline pour rester silencieux, je sortis du sac en veillant à ne pas réveiller le meunier, et me glissais près du feu. Un reste de ragoût reposais sur les braises, et après avoir repris forme humaine, j'y trempais une cuillère et avalais goulûment le contenu. Je veillais à ne pas en prélever trop, et retournais rapidement dans le sac de grain. Incapable de me rendormir, j'assistais au lever du soleil à travers la toile du sac, et retins mon souffle lorsque l'homme inspecta le chariot avant de partir. De nouveau, le rythme régulier du cheval sur la route me berça, et je m'endormis.

Des éclats de voix brutaux me réveillèrent en sursaut, et je saisis ma dague en haletant. Au bruit qu'ils faisaient, les quatre hommes étaient lourdement armés, et le meunier se mit bientôt à crier. J'entendis le bruit de toile déchirée brutalement par une lame, et le grain tomber à terre tandis que le meunier suppliait qu'on épargne les autres sacs.

- Tu ferais mieux de demander qu'on épargne ta vie.
- Qu'es-ce que t'as, t'as des choses à cacher ?
- Ouais, si tu veux pas qu'on fouille, c'est peut-être que tu caches quelque chose...ou quelqu'un…

- Non, non, pitié, épargnez ma marchandise...Je vous jure que j'cache rien ni personne !

Lorsque j'entendis le pas régulier de deux chevaux, , je décidais d'agir. Autant profiter de l'effet de surprise ! Comme un diable jaillissant de sa boîte, j'éventrais le sac de grain avec ma dague, et tout en sautant sur mes jambes, je dégainais un stylet empoisonné et le lançais dans un même mouvement vers l'un des hommes. Un sifflement m'avertis de l'arrivée d'une épée vers moi, et je bondis en prenant appui sur l'épaule du Premier Homme face à moi. Je passais au dessus de lui, me servant de toute ma force et mon agilité de chat-garou, et profitais de sa surprise pour planter ma dague en plein vol, profondément entre sa mâchoire et son épaule.

Tandis que le premier homme s'effondrait à genoux derrière moi, souillant les graines éparpillées de son sang, celui dont la joue avait été entaillée par mon stylet tomba au sol en bavant. Plus que deux. Alors que je me réceptionnait, j'entendis le grognement du marchand, qu'un homme avait éventré avec un juron. Le temps que l'un d'eux comprenne et tente de se jeter sur moi, je me transformais en chat et passais entre ses jambes, puis repris ma forme humaine pour m'emparer de mon dernier poignard, que je lançais avec précision dans l’œil du dernier. Plus qu'un. Vif comme l'éclair, je me retournais, et à l'aide d'une fine chaîne en acier tirée de ma ceinture, j'entrepris d'étrangler le dernier des Premiers Hommes.

Mon regard aussi froid que l'acier se posa sur le marchand, et je récupérais mes armes rougies par le sang de mes ennemis, sans jeter un œil sur Serah. Je savais que c'était elle, le cinquième cavalier, et aussi qu'elle avait dégainé ses armes et était descendue de son cheval, probablement pour me venir en aide. Mon regard à présent éteint se posa sur son visage, et je soupirais.

- Au moins, tu n'as pas vendue Pyrène.

Sans attendre de réponse de sa part, j'entrepris de rassembler les chevaux et les attachais à Pyrène, puis fouillais leurs sacs et et les corps pour récupérer le moindre objet utile. Au fur et à mesure de ma fouille, j'entreposais quelques objets dans les sacoches de selle de Pyrène et Simba. Des aiguilles et du fil de suture, quelques bandages, plusieurs bourses pleines, et quelques pièces d'armure assez légères pour être revendues plus tard avec les chevaux. J'évitais soigneusement tout signe distinctif des Premiers Hommes, afin de ne pas être emprisonné bêtement pour meurtres. Je partageais les vivres en deux parts égales et grimpais sur le dos de Pyrène.


- Si tu dois me suivre, autant chevaucher ensemble.
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Manque de prudence [PV Kahaniel] Vide

Serah
Message Sujet: Re: Manque de prudence [PV Kahaniel] | Mar 5 Avr 2016 - 13:01


Serah s'arrêta net, en le voyant surgir du sac de grain, taillader ses adversaires et faire comme si de rien n'était. Pire, s'il avait réussi ce tour de force, il se comportait comme si elle, Serah, n'était pas. Enfin si, mais de manière transparente, comme si elle n'était pas une personne importante à ses yeux. Elle en fut moins blessée qu'elle n'aurait du l'être, mais le coup était quand même là. Elle sentit une légère ouverture dans la blessure de son cœur, mais essaya de chasser cette sensation. En détournant le regard du chat-garou, et en observant le reste de la scène.

Un vrai carnage. Mais l'un d'entre eux était encore en vie, et elle ne pouvait se résoudre à laisser le mourant dans cet état. Elle se doutait qu'il y avait quelque chose, chez Kahaniel, qui le poussait à fuir aussi vite en direction de Dras-Leona : Raydrik. Celui-ci était connu, elle ne l'était pas. Peut-être que le mourant saurait quelque chose à son sujet, quelque chose qu'elle ne pouvait savoir, à cause de son amnésie. Elle alla dans sa direction, sans prêter grande attention au chat-garou ; elle lui en voulait encore.

Le mourant était un colosse, mais ainsi gargouillant dans une mare de sang, il paraissait frêle et aussi faible que n'importe qui. S'il y avait quelque chose qu'elle avait appris, à la fois par Kahaniel, et par toutes ses années de service comme guerrière, c'était qu'un combattant tombé au combat méritait une mort rapide, plutôt qu'une fin douloureuse. Certes, ce type avait été une ordure, probablement. Mais elle aussi, dans un passé pas si lointain. Elle n'avait pas le temps de lui expliquer sa vision des choses, de le pousser à avoir un point de vue miséricordieux. Mais elle pouvait l'accompagner dans le passage vers la mort. Et abréger sa souffrance. Aussi s'agenouilla-t-elle à son côté.

 « Répond à ma question, et je t'aiderais à rejoindre Mastaï. »

Il cracha un peu de sang, sur le côté, avant de la fixer. Ses yeux sombres étaient écarquillés par la peur de mourir ainsi et par la surprise de voir une femme de son espèce surgir. Elle lui adressa un léger sourire.

 « Tu as occis le démon ? »

 « Oui. Tu vas pouvoir reposer en paix. Quel est ton nom, frère ? »

 « Harald. Merci. Mastaï te guide. »

Elle hésita. Devait-elle vraiment poser la question. Elle leva les yeux vers Kahaniel, lequel semblait patienter indéfiniment. Il m'a lâchement abandonné, il peut bien attendre. Avoir cette pensée ne l'aida pas à refermer sa blessure, au contraire. Elle reposa le regard sur le visage du mourant.

 « Harald, j'ai besoin que tu répondes à ma question. Connais-tu Raydrik le Rouge ? Un chasseur, lui aussi. Il devait repartir chez nous, il y a quelques semaines. »

 « Oui, je le connais. Mais... argh, foutu monstre. Raydrik, il... il, il a décidé de rester, finalement. Il est parti, puis est revenu. Le frère de son ex compagne était avec lui. Jonum, je crois, qu'il s'appelle. Mais, on raconte qu'il l'a laissé mourir quand il a appris que justement, c'était le frère de son ex compagne. Pourquoi le cherches-tu ? »

Serah resta silencieuse un moment, fixant les yeux du mourant. Jonum était son frère, il n'avait pas l'âge de venir combattre lorsqu'elle était partie. Et si, par vengeance, Raydrik l'avait recruté pour ensuite le laisser mourir... Elle sentit sa fureur à l'encontre de cet homme grimper en flèche. Elle gardait trop peu de souvenirs de son frère pour le pleurer, mais elle en avait assez de son ex compagnon pour le haïr à jamais. Si toutefois il survivait. Kahaniel veut sans doute le tuer. Mais je le ferais moi-même. Elle s'empara de son épée, l'enfonçant profondément, droit dans le cœur de Harald. Voilà qui était miséricorde. Désormais, il allait être temps de partir. Elle s'en retourna donc vers sa propre monture, et consentit enfin à parler au chat-garou.

 « Partons, direction Dras-Leona. »

Sans un regard pour lui, elle lança Simba au galop, et ils filèrent ainsi pendant un bon moment avant d'enfin ralentir l'allure. Durant le trajet, et alors que la midi était passée depuis un petit moment, Serah oublia toute considération de repas, de repos. Toutes ses pensées n'étaient tournées que vers ce qu'elle avait appris, ce qui lui rongeait désormais l'esprit. Elle réclamait vengeance pour son frère, s'il était bien mort. Elle avait la ferme intention d'aller en discuter avec l'individu concerné, et s'il le fallait, elle le tuerait. Peu importait ce que Kahaniel en pensait... Kahaniel. Je devrais lui parler. Mais que lui dire ? Ce n'est pas à moi de m'excuser. Je ne peux pas avoir la certitude absolue qu'il veut retrouver Raydrik aussi. Mais si je lui en parle...

Ils firent une pause, finalement, réclamée par le chat-garou. Lequel semblait toujours aussi taciturne et distant, alors qu'il s'affairait à sortir de quoi manger un peu, le temps que Serah allume un feu pour les réchauffer. Leur fuite précipitée les avait amenés loin à l'est de Mélian, mais ils y retournaient. Passage obligatoire pour vendre quelques trucs, semblait-il. Au bout d'un moment, n'y tenant plus, Serah leva le regard vers lui, et se mit à parler.

 « Je dois retrouver Raydrik, à Dras-Leona. Je dois lui parler. Et s'il le faut, je le tuerais. »

Elle lui expliqua alors ce qu'elle avait entendu, de la part du dénommé Harald. Etait-il déjà au courant ? Il n'avait l'air bien surpris. Son ouïe était très fine, après tout, et il avait la manie de beaucoup écouter. Dans tous les cas, elle fut agréablement surprise de voir qu'il acceptait ça sans broncher. Il ne parla pas de Raydrik, ne parla pas de sa jalousie. Peut-êter que ce n'est pas ça, alors. Je me trompe peut-être. Mais alors, pourquoi continue-t-il de me regarder comme s'il avait perdu quelque, à jamais?

Question qui resta sans réponse, et ils reprirent alors la route vers Mélian, plus calmement. Serah était contente, même si elle ne l'avouerait pas à haute voix, de retrouver le chat-garou. Mais dans ce cas, pourquoi sa blessure restait toujours béante ?
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