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Maison de Kellran

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Kellran


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Maison de Kellran Vide

Kellran
Message Sujet: Maison de Kellran | Mar 29 Nov 2011 - 21:49


Présentation de la maison

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Kellran habite une maison de trois étages en bois assemblé à la main avec un talent qui, sans dépasser la beauté du chant des Elfes, a permis à son constructeur de bâtir son nid autour d'un arbre centenaire du Du Weldenvarden en gardant un réel respect de la forêt vénérable. Sur le flanc ouest, les racines de l'arbre surgissent de terre pour surplomber un haut rocher, lequel a été taillé et travaillé pour abriter la forge de l'Elfe. Une cheminée de grès se dresse discrètement au cœur d'un entrelac de racines noueuses pour laisser s'échapper les fumées du four. A l'est, la porte d'entrée sculptée d'une pièce est cerclée d'un cuivre brillant comme le feu du soleil. Au-dessus, à l'étage supérieur, un vitrail circulaire composé de mosaïques colorées représente avec une précision époustouflante une dragonne blanche sur fond de guerre dévastatrice, ses membres puissants tendus par les heures de combat, son regard sauvage tourné vers l'horizon. La porte d'entrée ouvre directement sur un salon niché dans un creux naturel formé par deux épaisses racines. Plusieurs lanternes épousant les courbes des racines éclairent la nuit d'une lumière tamisée tandis que, de la journée, le soleil inonde de ses éclats la pièce au travers d'une baie vitrée composant la quasi-entièreté de la face sud du bâtiment. Le tronc de l'arbre sépare le salon de la cuisine, où une source d'eau claire s'écoule au travers d'un filtre d'argile pour venir remplir un bassin de pierre. Non loin, quelques meubles de bois couvrent l'un des murs tournés vers le nord, tandis que l'autre mur, commun à la forge, supporte plusieurs tablettes de pierre qui chauffent doucement et permettent la cuisson d'aliments. Une arcade communicante permet d'accéder à une petite réserve remplie aux trois-quart de tonneaux, d'étagères et de coffres remplis de nourriture, d'épices et d'autres denrées plus rares.

Le premier étage, accessible via un escalier tournant autour du tronc de l'arbre-cœur, part du salon et se termine à l'entrée d'un hall de nuit circulaire, ouvrant sur trois portes d'aspect similaire, en bois brut sans finitions. Les deux premières portes donnent sur des chambres meublées de larges lits à baldaquin desquels on a une vue directe sur des fenêtres hautes mais étroites invisibles de l'extérieur grâce au feuillage épais de l'arbre. Des penderies aux formes géométriques indéfinissables et des meubles à tiroirs laissent toute la place au rangement. Un renfoncement dans le mur cache le creux semi-profond servant de baignoire pour se laver ou se rafraîchir.
La troisième pièce, toujours fermée magiquement, n'est rien de moins que la bibliothèque de Kellran, son lieu de savoir, de détente et de découvertes. D'innombrables étagères supportent à grand peine le poids de livres qui ont pris la poussière depuis des années. En face de la porte, le vitrail qui surplombe l'entrée éclaire de rayons colorés un petit salon – quelques fauteuils confortables en tissu rouge et une table basse en verre – tandis que, dans un coin, un bureau couvert de rouleaux de papier et de bouteilles d'encre offre à l'Elfe un support adéquat pour ses rares moments d'inspiration poétique.

Le deuxième et dernier étage, invisible autant de l'intérieur que de l'extérieur, dissimule la pièce la plus importante aux yeux de Kellran : sa chambre. Son accès, connu de très peu de personnes encore en vie à l'heure actuelle, n'apparaît qu'après avoir déclenché un mécanisme coulissant « dans » le tronc de l'arbre-cœur. Un petit escalier raide plongé dans l'obscurité mène alors directement dans la penderie de Kellran, une véritable forêt de tenues diverses, certaines luxueuses et dignes de riches marchands, d'autres plus promptes à couvrir un fermier cultivant ses carottes. A sa suite, la salle de bain privée du maître de maison, plus complexe que celles des chambres d'invités, comprend une « baignoire » de la taille d'un petit étang, tapissé d'une mousse rigide mais douce comme de la soie, et constamment tiède. La chambre proprement dite, sans fenêtres, n'est éclairée que grâce aux mêmes lanternes magiques présentes dans le salon. Un large lit à baldaquin cerné de part et d'autre par des tables de nuit dotées d'un tiroir fait face à un mur couvert de fairths dépeignant plusieurs décors, certains reconnaissables car provenant d'Alagaësia, mais d'autres représentent des pays méconnus, exotiques et pour la plupart terrifiants. Plusieurs coffres renforcés d'acier longeant les murs contiennent les possessions les plus précieuses de l'Elfe.

A l'extérieur, plusieurs arbres fruitiers dont les tailles font pâle figure face à l'arbre-cœur fournissent Kellran en nourriture non-animale. Un potager varié et coloré lui offre légumes de saison lorsqu'il a le temps de s'adonner au jardinage, ce qui n'est pas toujours le cas. Un petit sentier de sable menant à la porte de la forge serpente le long d'une pelouse bien verte, coupée à quelques mètres par un ruisseau de campagne donnant naissance à un étang qui fait la joie des grenouilles et des animaux en quête d'un point d'eau. A partir de sa maison, un chemin qui était autrefois piste de gibier tourne vers le nord et plonge dans la Forêt, en direction d'Ellesméra, la capitale des Elfes.

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Fin de présentation
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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mer 30 Nov 2011 - 17:53


Avant la Guerre des Dragons


Kellran était affairé à la forge lorsqu'il ressentit une présence qui le fit sursauter. Torse nu, la peau couverte d'une sueur incolore et inodore, il tenait en mains un marteau bosselé par les nombreuses utilisations et marqué de traces de brûlures. L'Elfe s'était promis de le remplacer bientôt, mais le « bientôt » était une notion de temps toute relative à la personne qui la prononçait. La chaleur digne d'un four qui régnait dans la pièce expliquait la tenue légère du forgeron, bien qu'il n'ait nul besoin de cette excuse pour s'autoriser à vagabonder torse nu. Il l'avait déjà fait en allant à Ellesméra, et cette attitude lui avait valu l'assurance de ne pas être oublié de si tôt parmi ses compères de la capitale elfique. En y repensant, Kellran eut un sourire qui éclaira son visage mieux que la lumière de n'importe quel feu, même celui de la forge. Posant avec douceur son marteau, il examina le travail qu'il venait de terminer. Les plaques de son armure étaient de nouveau en parfait état, un travail digne des meilleurs forgerons nains, car il s'agissait bel et bien des meilleurs forgerons nains qui avaient participé à la formation de l'Elfe, qui sans cela se serait contenté de forger armes et armures de basse qualité comme au temps de sa jeunesse, lorsqu'il vivait reclus dans les montagnes de la Crête à proximité d'un campement urgal qui l'avait accueilli en ami.

Comme d'habitude, il suffisait d'un rien pour que les souvenirs remontent à la surface, malgré leur ancienneté. Secouant la tête pour échapper à cette nostalgie qui n'était pas bienvenue, il rangea ses pièces d'armure dans un coffre et calma le feu du four, le laissant s'éteindre jusqu'à ce qu'il ne couve qu'à peine dans les cendres de sa naissance. Il quitta la forge et s'étira au soleil comme le ferait un chat sortant de sa sieste. Plusieurs cicatrices, fines lignes blanches irrégulières, brisaient la perfection de sa peau autrement lisse, pigmentée de paillettes dorées qui laissaient entendre que l'Elfe passait beaucoup de temps au soleil, ce qui était en effet le cas. Lorsqu'il n'était pas sur les routes, voyageant, découvrant ou cherchant de vieilles connaissances ayant embelli son passé, il cultivait la terre, faisant pousser carottes, navets, tomates et autres légumes qui agrémenteraient son repas quotidien composé de produits de la nature. Il avait par le passé mangé de la viande animale, et s'autorisait encore parfois ce « sacrilège » lorsque la mort de la bête se faisait de manière naturelle, pour honorer sa mémoire et permettre à la nature de suivre son cours. Malgré toutes ces années passées loin d'Alagaësia, loin des forêts majestueuses de Du Weldenvarden, l'Elfe avait gardé en lui l'amour de la nature et des animaux qui étaient autrefois ses plus fidèles compagnons de voyage.

Le Fils du Soleil glissa une main dans sa chevelure couleur d'or et leva les yeux vers l'astre qui lui avait valu son surnom, et par ailleurs son nom de famille en langage elfique. La présence qu'il avait détectée plus tôt se rapprochait, renforçant à chaque minute l'assurance de Kellran, qui était maintenant certain de savoir qui faisait route vers chez lui. L'habitation du dragonnier, bien qu'exposée aux yeux de ceux présents dans la clairière, n'était pas si simple à trouver, justement car la clairière – et l'arbre centenaire qui en dominait le centre – étaient situés dans un coin de Du Weldenvarden rarement fréquenté par les voyageurs. Bien qu'un chemin mène vers Ellesméra, la capitale, il n'avait rien à voir avec la « route » principale et n'offrait en rien un moyen plus rapide vers cette destination.
Kellran s'arrêta devant son potager et eut un sourire en avisant Delva, sa petite dragonne aux écailles d'or, courant au travers des cultures, sa tête dépassant parfois pour jeter à son dragonnier un regard malicieux qui laissait deviner son esprit joueur, taquin au possible.
- C'est gentil à toi de venir m'aider à récolter les légumes, lâcha l'Elfe mine de rien, provoquant aussitôt la fuite de la dragonne qui se cacha dans l'étang avec un « plouf » sonore.
- Je me doutais bien que tu serais motivée par le travail.
Avec un nouveau sourire, il commença sa récolte, projetant de temps à autres son esprit en direction de son futur visiteur qui se rapprochait toujours plus. Il ne faudrait plus longtemps avant qu'il – ou plutôt elle – arrive.


Dernière édition par Kellran le Lun 23 Jan 2012 - 18:00, édité 1 fois
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Equina


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Equina
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mer 30 Nov 2011 - 18:56


Le vent soufflait doucement dans les feuilles sombres des arbres de la forêt du Du Weldenvarden qui se baignaient dans un soleil resplendissant. On pouvait même entendre quelques oiseaux chanter en tendant bien l’oreille, ainsi que les bourdonnements des abeilles butinant le délicieux nectar des fleurs poussant dans les clairières qui trouaient le parasol rafraichissant que formait la sylve.
Une odeur familière et pourtant lointaine chatouilla les naseaux de l’étalon qui continuait de marcher tranquillement, faisant attention à ne pas se prendre les jambes dans une souche. Un papillon vint lui chatouiller les oreilles, ce qui le fit frissonner. Il baissa l’encolure, passant avec prudence sous une branche basse, surveillant d’une oreille si la personne qu’il transportait ne risquait rien. Faral soupira comme aurait pu le faire un simple humain. Cette situation le fatiguait, mais il était heureux de retourner dans son pays d’enfance après avoir traversé le monde inconnu en compagnie de son elfe préférée.


Cette dernière était affalée sur le dos de l’équidé. Sa cape verte foncée la recouvrait entièrement, cachant son corps svelte et même légèrement amaigri. Si on regardait attentivement, on pouvait voir son visage aux traits extrêmement fins, caractéristiques des êtres de sa race. Ses paupières closes étaient ornées de grands cils noirs, de la même que les mèches folles qui encadraient sa figure, mais si on descendait en-dessous de ses yeux, on pouvait alors distinguer des cernes violettes et creusées, signe de sa grande faiblesse. Son corps était faible après ce long voyage et les nombreux traumatismes qu’il avait subi.
Son esprit était tout aussi abîmé. La perte de son dragon lui déchirait le cœur et lui chamboulait les idées. C’est pourquoi après ces longues années de pèlerinage en guise de deuil elle avait décidé de revenir là où les personnes les plus chères de sa vie se trouvaient. Enfin ça, elle l’espérait.


L’étalon dressa soudainement les deux oreilles, le doux bruit d’une cascade retint son attention. Ils étaient bientôt arrivés et une présence bien familière se fit ressentir. S’il avait pu sourire, ça aurait été le moment idéal pour le faire. Il tourna sa tête vers la droite pour regarder le visage endormi de son amie. Il ne voulait pas encore la réveiller, par maintenant.
Il continua donc son chemin, s’aidant de la fumée qui s’échappait d’une forge qu’il avait bien connu. Encore quelques mètres et il atteint l’orée du bois, apercevant une impressionnante maison de bois construite entièrement entour d’un immense arbre. Il s’arrêta là et s’introduit dans l’esprit de l’ancienne dragonnière :

*Nous sommes arrivés Equina*.
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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mer 30 Nov 2011 - 21:17


En une heure de temps, l'Elfe avait récolté quasiment tout ce qui était mûr dans son potager. Plusieurs caisses de légumes attendaient à proximité d'être rentrées dans la maison, où elles seraient stockées dans la réserve, prêtes à fournir les ingrédients nécessaires aux plats qu'il se préparerait. Kellran réfléchissait déjà aux légumes qu'il ferait pousser par la suite, lorsque le bruit caractéristique de sabots martelant le sol lui parvint, étouffé par les arbres qui cachaient encore à la vue le visiteur et sa monture. Ce son lui fit l'effet d'une décharge électrique. Il se dépêcha de rentrer les cageots dans la réserve et n'eut que le temps de ressortir pour voir arriver celle qu'il avait cherché pendant des jours et des jours, juchée sur un cheval que l'Elfe ne reconnut qu'après de longues secondes. Et pourtant, il avait vécu aux côtés de Faral durant des années, lorsqu'il était marié à Equina et qu'ils vivaient ensemble, dans la maison qui se dressait maintenant derrière lui sous le feuillage de l'arbre-coeur. C'était un nouveau signe de sa perte de pouvoir, lui qui autrefois n'aurait eu aucune peine à remarquer l'esprit de l'étalon en même temps que celui de sa cavalière, et ce à des lieues de distance.

Un autre détail, qui était d'abord passé inaperçu, le marqua soudain. Equina semblait épuisée, à tel point que les cernes creusant ses yeux avaient pris une teinte violacée peu rassurante. La Dragonnière avait d'ailleurs les paupières closes, ce qui signifiait qu'elle avait passé une partie, voire tout le trajet endormie. Mais alors, comment se faisait-il qu'elle ait traversé un pan de la forêt à dos de cheval alors que le même trajet lui aurait pris dix fois moins de temps à dos de dragon ? Et où était donc passé Fëanàro ?

Ces pensées traversèrent l'esprit de l'Elfe en l'espace d'une seconde à peine. Ce fut le temps nécessaire pour lui traverser les derniers mètres le séparant d'Equina au pas de course. Au même moment, celle-ci s'éveillait lentement, certainement tirée de son sommeil par Faral dont la tête était tournée en direction de sa cavalière. Lorsqu'ils furent proches, Kellran s'étonna que son ancienne femme ait réussi à tenir en selle durant tout le trajet. Faral avait sûrement veillé sur elle, pour l'empêcher de basculer, car sa maîtresse semblait incapable de garder un équilibre stable par elle-même. Ayant compris cela, le Fils du Soleil tendit les bras et accueillit Equina contre son torse. Elle ne pesait presque rien, ce qui arracha une grimace au Dragonnier ; comment avait-elle pu perdre autant de poids ?

- Repose-toi, déclara-t-il à l'étalon avec un sourire qui ne cachait pas son inquiétude concernant sa cavalière. Je t'apporterai de quoi te nourrir dès que je me serai occupé d'elle.
Sur ces paroles, il emmena Equina à l'intérieur et la coucha sur le grand canapé recouvert d'une fourrure ayant appartenu à l'un de ses anciens amis cerf. Il plia la fourrure pour qu'elle recouvre le corps de la femme elfe puis disparut en cuisine. Heureusement qu'il venait de faire ses réserves de nourriture, sans quoi il n'aurait sans doute rien pu préparer à moins d'être parti à la cueillette sauvage. Mais l'ancien Vagabond du Désert n'aurait jamais accepté de laisser Equina seule sans surveillance maintenant qu'il l'avait sous sa responsabilité.
Tandis que son esprit divaguait sur les raisons possibles de l'état de fatigue de son ancienne femme, ses doigts s'affairaient à préparer de quoi redonner quelques forces à celle qui lui avait fait découvrir l'amour il y avait de cela de nombreuses années, bien avant qu'il ne vive les expériences les plus belles, mais aussi les plus traumatisantes, de sa vie. Il mit plusieurs aliments à cuire, sortit amener de quoi manger à Faral puis retourna à la cuisine où il remplit un grand bol de ragoût de choux, peut-être pas l'un des meilleurs plats au niveau gustatif mais qui avait le mérite de tenir au corps et d'être rapidement préparé.

Kellran s'accroupit près du canapé, sa main vint glisser le long du front de son invitée, frôlant les racines de ses longs cheveux noirs. Cela eut le mérite de lui indiquer sa présence et de la réveiller.
- Tu sauras te redresser ? demanda-t-il lorsqu'il put plonger ses yeux dans ceux de son ancienne femme. Il faut que tu manges.
- Tu n'es pas très en forme, rajouta-t-il bien que cela saute aux yeux.
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Equina


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Equina
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mer 30 Nov 2011 - 22:04


Faral leva les oreilles vers celui qui s’approchait désormais d’eux. Le voir lui rappela de très bons souvenirs, pourtant très lointains. Le temps où la personne la plus importante pour lui était encore mariée à celui qui avait désormais bien changé. Ou alors ses souvenirs étaient brouillés par les années.

Il plongea son sombre regard dans celui de son ancien ami et laissa ce dernier prendre avec délicatesse l’elfe affaiblie. Il se sentait soulagé de la savoir entre de bonnes mains, car même si il entretenait cette relation si particulière, si fusionnelle avec Equina, il ne pourrait lui apporter ce que feraient ses amis elfes, humains, nains, etc.

Il plongea dans l’esprit de l’elfe pour le remercier :
*Prend bien soin d’elle, je te fais confiance* puis il continua *Merci pour tout*


Equina sentit l’esprit de son cheval l’effleurer et lui demander de se réveiller. Ils étaient arrivés, enfin. Mais elle n’avait pas la force de se redresser pour admirer le paysage qui devait s’offrir à eux et qui aurait ravivé bien des souvenirs. Pourtant, cela ne l’empêcha pas de sentir une présence autre que celle de son compagnon. Une sensation de chaleur lui réchauffa le cœur quand elle reconnut l’identité de celui qui approchait. Si elle avait pu, elle lui aurait souri et l’aurait accueilli les bras ouverts en riant à gorge déployée. A la place de cela, son ancien mari allait à la rencontre de l’épave de son ex-femme. Triste scène pour ceux qui connaissaient l’ancienne dragonnière.

Lorsqu’elle l’entendit parler à Faral, son cœur fit un bon dans sa poitrine tellement c’était bon d’entendre une voix si familière. Son ton n’avait pas changé, c’était exactement le même que dans ses heureux souvenirs où ils passaient leur temps à rire et se promener près de cette magnifique cascade où elle avait trouvé son œuf. A cette pensée, sa joie se dissipa comme elle était revenue. Fëanàro …

Puis elle sentit des mains puissantes la soulever et la plaquer contre un torse chaud et rassurant. Equina se détendit de tout son long et se laissa faire, se sachant entre de bonnes mains. Il avait eu l’air de l’avoir soulevée si facilement … C’est à ce moment qu’elle comprit à quel point elle s’était dégradée. Lorsqu’il la posa à l’intérieur de sa maison, sur un canapé orné d’une douce fourrure, elle se laissa aller contre les coussins doux et moelleux pour se reposer de ses émotions. Elle entendit Kellran s’afférer dans une pièce assez proche et bientôt un doux fumer vola jusqu’à ses narines. Cela lui donna faim et envie d’ouvrir un œil. La lumière vive le lui brûla, puis elle commença à voir ce qui l’entourait. Un décor en accord avec la nature avait fait place dans toute la pièce. Les couleurs étaient chaudes et rassurantes. Elle soupira et referma la paupière en attendant que son ami revienne.


Pendant ce temps, Faral avait eu droit à son petit repas qu’il avait expédié en quatrième vitesse. Il voulait retourner auprès de l’elfe au plus vite. Alors, il ne se gêna pas et grimpa les marches du perron de la maison de Kellran pour passer sa tête dans l’entrée et guetter la guerrière qui s’était endormi parmi les douces fourrures du canapé. Une bonne odeur parvenait des cuisines et il jeta un coup d’œil à son ami qui était en train de préparer à manger pour Equina.
Puis l'homme revint de la pièce aux douces senteurs pour se diriger vers le sofa.


Une main glissa doucement dans ses cheveux. Ce n’était donc pas un rêve, elle était bien dans la maison qu’elle avait connue autrefois. Elle ouvrit doucement les yeux pour établir le premier contact visuel avec celui qu’elle n’avait pas vu depuis si longtemps. Elle esquissa même un petit sourire et essaya de se redresser avec son aide. Sa vue lui réchauffa le cœur et elle lui répondit :
- Je dois admettre que j’ai un peu faim.
Puis après sa remarque sur son état, avec un ton plutôt humoristique :
- Je sais, je ne suis plus aussi agréable à regarder.

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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Ven 2 Déc 2011 - 12:09


Kellran fut un peu rassuré de constater que, malgré l'état de son ex-femme, celle-ci n'avait rien perdu de son humour et de sa répartie. A croire que même aux frontières de la Mort, elle arriverait encore à lui balancer au visage une quelconque blague visant à démontrer qu'elle n'avait pas peur. L'Elfe secoua la tête, imitant à la perfection un air exaspéré et enfonça dans la bouche de la demoiselle une cuillerée de ragoût.
- Ça t'apprendra à dire des âneries, commenta-t-il devant le silence soudain d'Equina, incapable de parler tandis qu'elle avalait la nourriture.
Il eut un sourire lorsqu'il sentit la présence de Faral derrière lui, la tête de l'étalon passant à travers la porte pour mieux voir sa maîtresse. Le cheval avait du s'inquiéter durant tout le trajet, peut-être même avait-il cherché longtemps un endroit où il pourrait emmener sa cavalière en toute sécurité. Fugitivement, la question de savoir depuis combien de temps Equina était dans cet état titilla les pensées de l'Elfe, qui repoussa à plus tard sa curiosité.
Il glissa le bol dans les mains de son ex-femme pour qu'elle puisse se nourrir par elle-même, un acte destiné à lui montrer qu'il désirait respecter la dignité de la Dragonnière. Il s'installa à côté d'elle et soupira :
- Voilà une bien belle manière de m'accueillir au pays. Au moins, il n'aura pas fallu longtemps pour que je te prenne dans mes bras.
Un sourire malicieux vint illuminer ses traits. Equina n'était pas la seule à pouvoir lancer des vannes gênantes. Le Fils du Soleil attendit qu'elle termine son bol, qu'il reprit avec douceur pour le poser sur une table non loin, puis il estima rapidement son niveau de fatigue et jugea qu'elle pourrait tenir éveillée encore un petit moment. C'est à ce moment qu'un choc inattendu le frappa de plein fouet. Depuis combien de temps Equina et lui ne s'étaient pas retrouvés ensemble dans cette maison ? Combien de temps, depuis leur rencontre ? Depuis leur mariage ? Et depuis leur séparation ?

Les années écoulées lui firent l'effet d'un mur pris en pleine face, et il dut cligner des yeux plusieurs fois pour se remettre de cette émotion soudaine qui l'avait laissé sans voix. C'était exactement pour cela qu'il était déterminé à retrouver ses anciens amis, ceux qui avaient partagé sa vie, parfois lors d'un court moment, parfois plus longtemps. Il lui semblait alors renaître, s'éveiller comme au terme d'un mauvais rêve qui lui aurait laissé un goût amer dans la bouche.
Histoire de gagner encore un peu de temps, le Dragonnier se tourna vers Faral et dit :
- Je suis désolé, l'abri que j'avais construit pour toi autrefois s'est effondré et je n'ai pas pensé à le réparer. En fait, je ne m'attendais pas à avoir de la visite aussi vite.
Il eut un sourire d'excuse et continua :
- Je laisserai la porte de la cuisine ouverte, ainsi s'il pleut, tu pourras t'abriter dans la réserve. Et manger autant que tu le veux, rajouta-t-il avec clin d'œil.
Puis, jugeant qu'il avait assez traîné, il se leva et jeta un bref regard à la fenêtre en déclarant :
- Il se fait tard. Je vais t'emmener à ta chambre pour que tu t'y reposes.
Il souleva de nouveau son ex-femme sans lui laisser le loisir de protester – la dignité d'Equina ne souffrirait pas trop de ce geste protecteur - et s'engagea dans l'escalier tournant menant à l'étage supérieur, où il avait heureusement pensé à préparer les chambres d'amis. Il poussa la porte de celle proche du mur coulissant, histoire que Kellran puisse agir rapidement en cas de besoin, et déposa la demoiselle sur le lit, fait avec tout le doigté d'un mâle, autant dire avec très peu de talent.
- J'espère que tu te souviens encore des lieux, glissa-t-il en riant.
- Il y a des vêtements dans l'armoire, si tu désires te changer. Ce sont des vêtements masculins, donc tu es dispensée de t'habiller sexy pour moi, poursuivit-il en riant de plus belle. Et la baignoire est à ta disposition quand tu te sentiras la force de te laver.
Il perdit soudain son sourire et caressa la main de son ex-femme avec une douceur presque fraternelle. Il y avait dans ses yeux l'éclat de celui dont le cœur s'inquiétait pour une personne chère malgré de longues années de séparation.
- Demain, tu me raconteras ce qui t'a mis dans cet état. Enfin, si tu le désires, bien sûr. Si tu préfères attendre, je patienterai le temps qu'il faudra.

Il acquiesça gravement et quitta la chambre en fermant la porte derrière lui. Faral était toujours à moitié visible dans le salon, son regard suivant le Dragonnier tandis qu'il descendait les escaliers, et renacla pour montrer qu'il attendait des nouvelles.
- Elle va bien, le rassura Kellran. J'espère qu'une bonne nuit de sommeil lui rendra des forces.
Il flatta l'encolure de l'étalon et se perdit dans ses pensées l'espace de plusieurs minutes. Puis, plus pour lui-même que dans un réel désir de dialogue, il commenta :
- Ce que vous avez vécu a du la perturber profondément. En parler la soulagera peut-être. Je ferai tout ce qu'il faut pour cela.
Il commençait à entrevoir la cause de l'état de son ex-femme. L'absence de Fëanàro, la faiblesse d'Equina, son corps soumis à des privations qui auraient pu s'avérer mortelles... Il reconnaissait chaque symptôme. Avec une grimace, Kellran pria de toutes ses forces pour que ce ne soit pas ce qu'il croit. Mais il y avait peur d'espoir.
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Equina


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Equina
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Ven 2 Déc 2011 - 18:04


Elle sourit en voyant son expression et allait faire une remarque quand il lui enfonça une grosse cuillère dans la bouche. Légèrement surprise par cet acte, elle dut se concentrer pour ne pas s’étouffer ! Mais le contact avec la nourriture bien chaude lui fit le plus grand bien et elle ferma les paupières pour mieux apprécier ce moment. Ca faisait si longtemps qu’elle n’avait rien mangé d’aussi bon que ça transforma cet instant précis en un moment absolument parfait.

Quand elle rouvrit les yeux, elle aperçut son cheval à moitié rentré dans la pièce et ça la fit encore plus sourire. Elle lui diffusa une vague d’apaisement, lui indiquant qu’il n’avait pas à s’en faire pour elle. Ce dernier pointa ses oreilles vers elle et s’ébroua, comme si il avait haussé les épaules.

Kellran lui tendit ensuite le bol et elle le recueillit en le remerciant, et finit de manger l’intégralité du contenu. A sa remarque, elle sourit encore et baissa les yeux d’un air gêné :
- J’avoue que mon retour ne se fait pas dans les meilleures conditions, mais c’est l’intention qui compte non ?

Elle releva les yeux vers lui avec un air espiègle et rougit légèrement. Ça lui était devenu presque étranger de se retrouver seule à seul avec son ancien compagnon, malgré qu’ils aient habité longtemps ici tous les deux. Equina s’aperçut qu’un immense sourire avait éclairé son visage après ce qu’il avait dit. Elle en aurait presque ri ! Puis elle vit une autre expression se dessiner sur sa figure, il réfléchissait, sûrement à leurs souvenirs en commun.

D’ailleurs ses pensées devaient le perturber à en voir la tête qu’il faisait à présent. Quant à elle, elle préféra ne pas se replonger dans le passé, de peur que le beau moment qu’elle était en train de vivre soit gâché.

Faral se tourna vers Kellran quand il lui adressa la parole. S’il avait pu rigoler, il l’aurait fait. Il s’immisça dans l’esprit de l’elfe et lui dit :
*Ne t’inquiète pas, je ne suis toujours pas en sucre. Et puis la cuisine me semble très confortable en effet.*

Equina capta un bout de la conversation et fit un effort pour ne pas pouffer de rire devant l’air gourmand de l’étalon. Kellran devrait faire attention où toutes ses provisions allaient se retrouver dans un et un seul estomac !
Puis, avant qu’elle ne puisse dire un mot, il la souleva pour l’emmener dans une chambre. Elle apprécia de nouveau ce contact avec l’elfe et en profita pour poser sa tête contre son torse et fermer les yeux.

Quand il arriva à la chambre en question, elle rouvrit les paupières et admira la chambre qui n’avait presque pas changé de celle de ses souvenirs. Elle acquiesça, et s’imprégna de l’ambiance apaisante qui y régnait. Elle sentit ensuite le torse de son ami se soulever, il riait. Elle l’accompagna avec un petit rire timide en entendant sa remarque. Il n’avait décidément pas changer.

- Merci pour tout, vraiment …


Elle dirigea vers lui deux yeux remplis d’émotion. Sa gentillesse et sa bonne humeur la surprendrait toujours. Le contact de sa main sur la sienne lui fit avoir des petits frissons. Cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas reçu de signe de tendresse.
Elle acquiesça de nouveau, ne sachant que répondre à ce qu’il venait de dire. Elle évalua la situation et son moral. Serait-elle capable de tout lui raconter ? Après mures réflexion, elle pensa que oui. Elle se glissa sous les draps et le regarda partir de la chambre, lui adressant un petit signe de la main.

Quand Faral vu redescendre Kellran, il fut rassuré. Sa compagne était en sureté, bien au chaud. Il ferma les yeux quand l’elfe posa sa main sur son encolure et posa sa tête contre son torse, signe de reconnaissance.

La nuit était déjà bien avancée mais Equina ne réussit pas à fermer l’œil. Au moins, elle ne faisait pas de mauvais songes comme ça. Elle ferma les yeux et scanna les alentours grâce à ses pouvoirs. Elle sentit que Faral s’était allongé sous sa fenêtre. Elle sortit alors prudemment de son lit, évaluant si elle avait assez de force pour le faire. Apparemment, oui. Elle tenta déjà un pas, puis un autre vers la dite fenêtre et s’accouda à celle-ci. Elle siffla doucement une mélodie très gracieuse et l’étalon leva la tête dans sa direction, heureux de la voir capable de se tenir debout.

L’ancienne dragonnière fixa ensuite la lune et les étoiles, à la recherche des constellations dont elle se rappelait le nom.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Sam 3 Déc 2011 - 10:06


Le Fils du Soleil avait encore pas mal de travail avant de s'autoriser quelques heures de sommeil. Il commença par ranger en vitesse la réserve, sortant une belle quantité d'aliments qu'il mit bien en évidence pour le repas de Faral. Il en profita pour prendre lui-même son repas – le reste de ragoût – puis nettoya la pièce avec l'efficacité due à l'expérience. Il se félicitait une fois de plus d'avoir pris le temps de réparer son ancienne demeure laissée à l'abandon, sans quoi il n'aurait pu offrir aucun toit à son ex-femme. Kellran se posa ensuite dans le salon et alluma un bon feu, avant de s'installer dans le canapé. La présence d'Equina dans leur ancienne maison avait réveillé chez lui des émotions qu'il avait autrefois mis du temps à combattre. Non pas qu'il ressentait encore pour elle les mêmes sentiments qu'autrefois. Tout avait changé entre eux depuis bien longtemps. Il ne voyait maintenant en elle qu'une amie qui lui avait énormément manqué, une personne qu'il désirait protéger et chérir dès qu'elle en avait besoin, une sorte de petite sœur par procuration. Il pensa, avec un sourire, que c'était l'une des premières fois qu'il la voyait si vulnérable, si affaiblie. Par le passé, il avait été plus souvent en détresse qu'elle, à tel point qu'il était maintenant surpris de ressentir un sentiment protecteur à son égard.

Kellran se perdit dans le crépitement du feu, son esprit s'égarant le long des volutes de fumée qui s'élevaient et tourbillonnaient gracieusement, miroitant de couleurs chaudes avant de se dissiper dans l'air ambiant. Il revoyait le feu du dragon noir, ses yeux rouges luisant comme deux braises alors qu'il fondait sur lui, crachant des langues de flammes avec la ferme intention de le faire rôtir sur place. Les ténèbres de la grotte dans laquelle il l'avait débusqué... la chaleur étouffante du désert, lorsqu'il était sorti de son trou pour combattre... et cette âme perdue dans la folie d'avoir perdu son Dragonnier, tué par celui qui se dressait maintenant en face de lui. Des larmes coulèrent le long des joues de l'Elfe. Il revint à la réalité et étendit son esprit vers Faral, qui s'était installé sous la fenêtre de la chambre de sa cavalière, veillant au grain. Puis vers Equina, qui ne dormait pas encore, mais semblait plus calme, apaisée. Rassuré, le Dragonnier monta se coucher. Il s'attarda un instant devant la porte de son ex-femme, puis fit glisser la paroi coulissante et grimpa les échelons menant à sa chambre. Il enleva ses deux ceintures, posa le fourreau contenant ses poignards jumeaux sur sa table de nuit, et remplaça son pantalon de cuir par un pagne de nuit tout simple, fabriqué à partir d'un tissu naturel tiré de plantes. Il sourit de nouveau en pensant qu'Equina n'avait fait aucun commentaire sur sa tenue des plus... légères. Peut-être avait-elle trouvé cela normal qu'il se balade torse nu chez lui, ce qui en un sens n'était pas faux...

La terre tremblait sous les pas de milliers de soldats carapaçonnés dans des armures d'acier, leurs armes rutilantes s'abattant comme autant de faux sur les champs de blés. Le ciel était noir, noir de fumée, au travers de laquelle les charognards ailés décrivaient de grands cercles en attendant de s'abattre sur les cadavres qui, inévitablement, abreuveraient le sol de leur sang. Il avait du mal à respirer ; l'épée à la main, son regard tournait dans toutes les directions, mais il ne voyait que mort et destruction. Et soudain, il la repéra, ses écailles d'un blanc immaculé renvoyant la lumière des feux. Ils s'étaient séparés durant la bataille, et la distance qui s'étendait entre eux ne cessait de s'élargir. Kellran avait un mauvais pressentiment. Une lance lui perfora le bras juste au-dessus du coude, lui arrachant un cri de douleur qui se répercuta le long du lien mental qui l'unissait à Iliani. La Dragonne rugit également et prit conscience que son Dragonnier était en grand danger. A grands coups de griffes, de crocs, elle se tailla un chemin sanglant dans la masse de ses ennemis qui n'osaient affronter sa fureur. Kellran pleurait, ses forces l'ayant abandonné, il n'était même plus capable de faire appel à la magie pour se protéger. Machinalement, il parait les coups et désarmait parfois l'un de ses adversaires, mais d'autres lames perçaient sa défense et faisaient couler son sang. Dragonne et Dragonnier furent enfin réunis au terme d'un temps qui sembla durer des jours, voire des années. Et le ciel devint plus sombre encore, obscurci par une salve de flèches tirées par l'arrière-garde ennemie.
« Non... »
Iliani se tourna vers l'attaque et poussa un rugissement de défi qui résonna longtemps, couvrant le sifflement horrible des flèches fendant l'air. La Dragonne se dressa de toute sa hauteur, ses ailes ouvertes de part et d'autre, la gueule ouverte crachant un flot de flammes digne de l'Enfer lui-même. Les projectiles s'abattirent sur eux, mais tout ce que l'Elfe voyait, c'était ceux qui tombaient à côté ou derrière lui sans lui faire le moindre mal. Puis son lien mental avec sa Dragonne se brisa, et tout devint flou.


Kellran se réveilla en tremblant, des coulées de sueur froide couvrant son corps parcouru de frissons incontrôlables qui le jetèrent hors du lit. Il avait appris depuis longtemps à ne plus crier lors de son réveil, mais les larmes refusaient encore de se tarir. Un ronflement sonore le ramena au monde des vivants. Delva dormait, lovée dans un panier fait de feuilles tressées posé sur le rebord d'un meuble, près d'une lanterne qui luisait doucement. L'espace d'un instant, l'image d'Iliani au même âge se superposa à celle de sa nouvelle Dragonne. Elles n'avaient rien en commun, si ce n'est leurs tendances surprotectrices. Mais l'Elfe ne supporterait pas que sa Dragonne se sacrifie une nouvelle fois pour le protéger.
Il prit un bain rapide, s'habilla, et en profita pour coiffer ses cheveux, dont les plus longues mèches étaient rassemblées et nouées en une sorte de natte sertie d'un anneau d'argent. Il eut même la pudeur de mettre une chemise pour couvrir son torse, cachant le tatouage en forme de dragon qui colorait sa peau. Puis il descendit et frappa à la porte de la chambre d'Equina, attendant qu'elle l'autorise à entrer.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Sam 3 Déc 2011 - 19:27


La nuit fut véritablement longue pour Equina. Elle ne réussit pas à trouver le sommeil après avoir regardé la nuit et ses habitants. Elle ne voulait pas faire de bruit pour ne pas réveiller son hôte, alors elle escalada la fenêtre et sauta dans l’herbe verte, déjà couverte de rosée. Ses genoux se plièrent pour amortir la chute, mais cela se fit dans le silence le plus total. Elle commençait à retrouver ses capacités et cela la réconforta. Elle marcha ensuite d’un pas souple jusqu’à Faral et lui flatta l’encolure. Elle posa sa tête contre sa joue et ferma les yeux, établissant le lien entre eux, comme s’ils ne faisaient qu’un.

*Ca fait du bien de te voir debout* commença l’étalon.

*Je sais que tu as eu peur pour moi, et j’en suis désolée, mais tu sais ce que j’ai ressenti et ce que je ressens encore.*

Le cheval hocha doucement la tête, comprenant ce qu’elle voulait dire par là. Il se décolla de l’elfe et la regarda. En quelques heures elle s’était métamorphosée. En effet, les cernes violettes sous ses yeux avaient disparu, pour laisser place à une peau blanche parfaitement lisse. Elle semblait aussi moins amaigrie, plus forte. Cela lui fit plaisir à un point qu’il se permis de la taquiner en la poussant légèrement du bout de son nez. L’elfe éclata de rire et couru dans la clairière, savourant la vie qui continuait, Faral à ses trousses. Puis elle s’arrêta quand elle sentit une détresse dans la maison. Elle réussit à capter des bribes de songe. Elle repéra une dragonne qu’elle avait trop bien connue, puis ce fut le noir complet et elle sut que Kellran s’était éveillé. Songeuse, Equina retourna au pied du mur de sa chambre et l’escalada avec une facilité qui l’a surprise elle-même.

Une fois dans la chambre, elle décida d’aller se laver rapidement. Allumant l’eau du bain, elle se dévêtit et inspecta son reflet dans le miroir. Plusieurs cicatrices arpentaient son corps, certaines fines et blanchies laissaient deviner des coupures dues aux combats. Mais une seule retint son attention. Elle était longue, encore rougit et douloureuse. Elle partait de son épaule droite et descendait jusqu’au creux de ses reins du côté gauche. Elle ferma les yeux et secoua la tête pour ne pas penser à l’histoire qui était mêlée à cette blessure.

Une fois la baignoire remplie d’eau, elle se glissa dedans, appréciant le contact chaud et bienfaisant du liquide sur sa peau. Elle se savonna longuement, se délectant du parfum qu’il s’en dégageait. Elle commença à se rincer quand son hôte toqua à la porte de sa chambre.

Elle sortit précipitamment du bain, prit le premier tissu qui pourrait la recouvrir entière et s’enveloppa dedans. Elle se sécha grossièrement et revint dans la chambre pour ouvrir la porte à Kellran, les cheveux encore dégoulinant.
A sa vue, elle rougit à nouveau et bredouilla :

- Désolée, je ne pensais pas que tu viendrais si tôt.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Dim 4 Déc 2011 - 11:47


Comment définir le choc qui assaillit l'Elfe lorsque la porte s'ouvrit, révélant une Equina en serviette de bain, les cheveux encore humides et brillants, son visage à nouveau frais et lisse comme si toutes les marques de sa douleur avaient disparu en une nuit ? Si Kellran ne s'était pas tenu au chambranle, il en aurait basculé et serait tombé sur le dos, c'était aussi simple que cela. Autrefois, il avait droit à cette même vision sortant de la « salle de bain » située dans leur ancienne chambre commune, bien qu'à ce moment là elle ne s'encombrait pas de serviette. Après tout, à l'époque, ils se connaissaient intimement. Comme chaque minute depuis qu'elle était arrivée chez lui, Kellran fut assailli de souvenirs qui le perturbaient et lui donnaient envie de rire tout à la fois. Heureusement pour lui, il arriva à se donner une contenance et, après avoir cligné deux-trois fois des yeux pour se remettre les idées en place, sourit :
- Tu as l'air d'aller mieux. Je suis heureux.
Il se félicita intérieurement de n'être plus le jeune Elfe encore inconscient et naïf qui avait fait la rencontre d'Equina, il y avait de cela bien des années, et ne connaissait rien aux femmes, à l'amour, et à toutes ces choses agréables qui accompagnaient ces termes. Sans quoi il aurait rougi jusqu'à la pointe de ses oreilles, une vision qui aurait sans doute bien fait rire la cavalière de Faral même si, de son côté, elle rougissait déjà d'apparaître ainsi devant lui. Oui, Kellran ne remercierait jamais assez les femmes dont il avait fait la connaissance par la suite, et qui lui avaient appris à faire disparaître toute pudeur et toute gêne de son esprit. Il se retint de rire en voyant Equina si embarrassée, et lui adressa un clin d'œil en reculant.
- Je te laisse finir de te préparer. Le petit-déjeuner sera servi dans un quart d'heure, ne sois pas en retard.
Sur ce, il laissa la demoiselle à sa gêne et remonta dans sa chambre, où Delva dormait encore d'un demi-sommeil vigilant, reconnaissable par son absence de ronflements et l'éclat à peine visible de ses prunelles derrière des paupières lourdes. Le Dragonnier passa son doigt le long de la colonne vertébrale couverte d'écailles de la Dragonne, ce qui fit frissonner la créature.
- On se réveille. Inutile de faire semblant de dormir, je sais que tu as suivi tout ce qui s'est passé en bas !
Il s'étonnait souvent d'avoir hérité d'une compagne mentale aussi curieuse, malicieuse et protectrice que son ancienne Dragonne, à croire qu'il était destiné à être entouré de femelles bien décidées à garder sur lui un œil des plus vigilants. Ronchonnant sur le destin qui le maltraitait avec autant de cruauté – ce qu'il faisait avec un sourire qui contredisait ses jurons si peu sincères – il laissa Delva grimper sur son épaule et redescendit les marches, jusqu'au rez-de-chaussée cette fois, où la bonne odeur d'un feu de cheminée à peine éteint l'accueillit. Il se surprenait parfois à ressentir un bonheur incalculable pour des choses aussi triviales qu'une maison confortable, l'odeur de la nourriture fraîche, la chaleur d'un bon feu, les rayons du soleil sur sa peau.

Depuis qu'il était rentré en Alagaësia, il avait l'impression de revivre, reléguant tout ce qu'il avait vécu depuis la Guerre des Phénix au second plan, tel un cauchemar éclipsé par le réveil. Il s'engouffra dans la cuisine, sortit une belle quantité de viande fumée – le péché mignon de Delva – qu'il posa sur le comptoir puis fit chauffer l'une des plaques de pierre. La Dragonne fondit sur les morceaux de viande, les avalant d'une bouchée sans prendre la peine de mâcher. Kellran lui jeta un regard inquisiteur, auquel la créature répondit par un sourire garni de crocs minuscules mais extrêmement pointus avant d'avaler un nouveau morceau qui la fit hoqueter.
- Ça t'apprendra à ne rien mâcher. Tu as l'air bête maintenant, non ? Une Dragonne incapable de manger convenablement son plat de viande, quelle réputation nous allons avoir...
Il soupira, cassa deux œufs qui grésillèrent au contact de la pierre brûlante, et entreprit de préparer des œufs au plat pour son invitée qui ne tarderait pas à descendre. Il fit de même avec deux autres œufs, puis sortit de l'armoire un pain entier, dont il vérifia la fraîcheur avant de le couper en tranches épaisses dont il garnit les plats. Incapable de produire son propre pain chez lui, l'Elfe allait régulièrement faire ses courses à Silthrin pour y acheter pâtisseries, épices et pour renflouer son stock de métal de forge. Il transforma plusieurs pommes en jus, auquel il rajouta une orange et un quart de tomate, tandis que du coin de l'œil, il vérifiait que la nourriture qu'il avait laissé à l'intention de Faral avait diminué, ce qui était largement le cas. Satisfait, le Dragonnier chargea la table avec tout ce qu'il venait de préparer, à l'instant même où les pas d'Equina faisaient craquer les marches de l'escalier, enfin habillée et sûrement remise de ses émotions. La satisfaction de l'Elfe se mua en sourire éclatant :

- Juste à temps ! Commenta-t-il en tirant une chaise pour inviter son invitée à s'asseoir. J'espère que tu as faim, sans quoi il faudra te forcer. Chez moi, on mange tout, et on n'oublie pas de mâcher, rajouta-t-il en jetant un regard noir à la petite dragonne dorée qui quittait la cuisine pour contempler d'un air curieux l'ancienne femme de son Dragonnier.
Il souleva sa compagne mentale et la posa sur la table, où elle renifla avec avidité les oeufs, mais un nouveau regard noir la dissuada de goûter ce qui ne lui était pas destiné.
- Je te présente Delva. C'est... ma nouvelle Dragonne.
Il se rendit compte au même instant que, si ce qu'il suspectait s'avérait exact, montrer à Equina la Dragonne manquait sérieusement de tact. Il grimaça intérieurement, se traita de tous les noms, et s'assit brusquement, priant pour qu'il n'ait pas fait la pire connerie de la journée.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Dim 4 Déc 2011 - 19:04


Equina fut amusée en voyant l’expression de confusion se dessiner sur le visage de son ami. En se mettant à sa place, c’est vrai que ça devait être aussi perturbant. Voir son ex-femme à moitié nu avait de quoi en choqué plus d’un. A cette pensée, elle sourit discrètement et releva la tête vers l’elfe.

- La nuit porte conseil cher ami. Et puis comment ne pourrais-je aller mieux dans cette maison ?

C’était la vérité. L’endroit était apaisant, d’une part parce qu’il lui était connu, mais d’une autre parce que la maison dégageait quelque chose de spécial, un sentiment serein. Elle inspira profondément, savourant la délicieuse odeur du bois mélangée à celle du bain.

Kellran l’invita à finir de se préparer et le rejoindre dans le salon. Elle lui tourna alors le dos, n’ayant pas tilté qu’il pouvait ainsi voir la longue blessure qui sillonnait le dos de la guerrière. Lorsqu’il ferma la porte, elle laissa tomber la serviette et enfila ses sous-vêtements rapidement. Puis elle s’occupa de sécher ses longs cheveux qui la remercièrent de ce bain bienfaisant. Une fois fait elle regarda autour d’elle et aperçut une chemise blanche qui appartenait sûrement à son hôte. Elle l’enfila et retroussa les deux manches, trop grandes pour elle. Puis elle sauta dans un pantalon fait de toile, également trop large. Elle jeta un coup d’œil dans le miroir qui ornait un des murs et éclata de rire devant sa dégaine négligée. Ses cheveux encore humides refusaient de se laisser dompter et se répandaient en un nombre incalculable de boucles plus folles les unes que les autres.
Elle ouvrit la porte et descendit les escaliers de bonne humeur, humant le délicieux fumé qui se dégageait de la cuisine. Elle arriva au pied de l’escalier quand elle s’arrêta net.

Comment n’avait-elle pas senti sa présence plus tôt ? Elle lança un regard d’incompréhension vers Kellran, puis le reposa sur la créature qui se tenait sur l’immense table de bois. Le choc fut un peu brutal. Depuis quand n’avait-elle pas vu de dragon ? Elle n’aurait d’ailleurs pas dû se poser cette question, sachant très bien la réponse funeste. Elle secoua la tête pour effacer ces noires pensés et se tourna à nouveau vers son ami :

- Comment est-ce possible ?

Elle fit un pas, puis deux vers la table et tendit une main vers la petite créature à écailles dorées. Au premier contact, elle sentit ses doigts picoter ce qui la fit sursauter. Puis elle refixa la dragonne et caressa doucement son petit cou. Sa ressemblance avec Iliani frappa l’elfe. En effet, durant ce contact elle capta le lien qu’il s’était créé entre Delva et Kellran. Il était solide et la dragonne semblait avoir hérité du même caractère protecteur que l’être aux écailles blanches.
Equina sourit, sous le regard surpris de Faral qui ne s’attendait pas à une réaction aussi positive.

L’elfe enchaîna :
- Elle est magnifique !
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Dim 4 Déc 2011 - 19:58


Il se rassura bien vite en voyant le sourire qu'affichait Equina lorsqu'elle effleura des doigts les écailles couleur d'or de la Dragonne, qui ronronna doucement à ce contact, les yeux fermés en cambrant son dos comme le ferait un félin quémandant une caresse. L'espace d'un instant pourtant, il avait aperçu l'hésitation de son ex-femme, le choc qui s'était fait derrière ses prunelles, un mélange d'incompréhension et de tristesse. Le pressentiment de Kellran ne s'en trouva que renforcé, réveillant son impatience à savoir exactement ce qui avait bien pu se passer. Une part de lui espérait encore, contre toute attente, que Fëanàro soit toujours vivant, qu'il y ait une explication logique à son absence. Finalement, il se décida à réagir à la question de son invitée et répondit par un sourire qui se voulait énigmatique.
- Commence par manger. Nous aurons tout le temps de parler ensuite.
Il tourna la tête vers Faral, dont les yeux brillaient au travers de la vitre qui composait la fenêtre de la cuisine. Avec un sifflement amusé, il alla ouvrir la porte pour que l'étalon puisse, lui aussi, suivre la conversation. Il profita du moment qu'il mit à se rasseoir pour détailler son ex-femme. Maintenant qu'elle était reposée, lavée et plus sereine semblait-il, elle ressemblait à nouveau à la sublime Elfe qu'il avait épousée des années plus tôt, lorsque l'Alagaësia était encore divisée entre l'Empire, les Vardens et l'Alliance, trois factions qu'il avait côtoyées et qui étaient composées de personnages mythiques. A côté, les nouvelles factions qui, il l'avait appris, bataillaient maintenant pour la domination du pays, semblaient à la fois plus complexes et plus barbares. Le nouvel Empire – le Saint-Empire Léonien, si Kellran avait bien compris – était en majorité un assemblage disparate de brutes avides de combats, de Sorciers recherchant le pouvoir, d'Ombres cruels et vaniteux, et même de Dragonniers aux motivations diverses et souvent mauvaises. C'était tout du moins les bruits qui couraient, mais l'Elfe avait appris à ne pas se fier aux racontars, car chaque camp définissait l'autre comme étant diabolique. Il ne savait pas grand chose des autres camps d'ailleurs, mais était bien décidé à en apprendre plus d'ici peu. Revenant à son invitée, il eut la vision fugace de la cicatrice qu'il avait entraperçue lorsqu'elle lui avait tourné le dos, la porte se fermant sur son corps presque nu. Ses sourcils se froncèrent involontairement.
- Delva, laisse notre invitée manger tranquillement, tu veux ?
La Dragonne, employant la technique dite « des yeux de chien battu », essayait de se faire offrir un morceau d'œuf, ses petites griffes cliquetant bruyamment sur le bois de la table lorsqu'elle se déplaçait malicieusement pour rester dans le champ de vision d'Equina. Kellran prit la créature entre ses mains, la fourra sur ses genoux et lui donna à manger un morceau de viande qui traînait dans sa poche, habitué qu'il était à devoir nourrir constamment la Dragonne dont l'appétit semblait insatiable. En cela aussi, elle ressemblait à Iliani lorsqu'elle était un bébé dragon, mais heureusement cette dernière avait gagné un appétit plus modeste en grandissant.
- J'ai l'impression de devoir m'occuper d'un enfant. Parfois, elle est impossible.
Il eut un sourire qui s'affaissa lorsqu'il se souvint avoir tenu un véritable enfant dans ses bras, son fils, alors âgé d'à peine trois mois. Les enfants, comme les Dragons, pouvaient apporter une joie à nulle autre pareille, mais ils étaient aussi les pertes les plus douloureuses qui puissent exister.

Son sourire revint, lorsqu'il commenta :
- Ne te laisse pas attendrir par son côté « magnifique ». C'est une petite vicieuse, elle te fera faire faire tout ce qu'elle veut si tu n'y prends pas garde.
Puis il eut un rire franc lorsque la Dragonne lâcha un grognement de reproche et essaya de lui mordre les doigts. Ils se battirent durant quelques secondes avant que la créature abandonne et ne grimpe se percher sur le sommet du crâne de son Dragonnier, ses écailles se distinguant à peine de la couleur dorée des cheveux de Kellran qui soupira. Il remarqua qu'Equina avait fini son assiette, termina en vitesse la sienne puis, par magie, fit disparaître toute trace de nourriture résiduelle sur la vaisselle qui alla d'elle même se ranger dans l'armoire prévue à cet effet.
- La magie est parfois pratique pour un jeune célibataire tel que moi, si peu doué pour faire la vaisselle à la main, lâcha le Fils du Soleil avec humour avant de reprendre son sérieux.
- Tu te sens prête à me raconter ce qui s'est passé ?
Il tendit le doigt vers elle, son regard ambré voilé par un nuage d'orage qui menaçait d'éclater à tout moment s'il apprenait qu'une personne en particulier avait osé faire du mal à l'une de ses amies les plus proches.
- A me raconter qui t'a fait cette cicatrice dans le dos ?
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Equina


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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mar 20 Déc 2011 - 15:53


Après avoir caressé un petit moment la jeune dragonne, elle se résigna à s’asseoir devant son assiette et attrapa ses couverts pour en manger le contenu. Elle piqua dans un morceau d’omelette et apprécia la saveur qu’elle dégageait. Elle releva la tête vers son hôte :

- Merci, c’est délicieux !

Elle rit en voyant l’étalon se presser à la fenêtre et Kellran lui ouvrir. Faral passa sa grosse tête dans l’espace maintenant ouvert et la laissa reposer sur le rebord, profitant avec bonheur du soleil qui réchauffait son dos.

Equina remarque que l’elfe l’observait, pensif. Puis, un léger bruit de griffe et deux gros yeux pétillants attira son attention. La petite dragonne la regardait avec avidité, ou plutôt sa fourchette et les œufs piqués dedans. Equina rit quand Kellran prit la créature dans ses bras. Elle hocha la tête en constatant qu’il était toujours aussi difficile d’élever ces petites bêtes à écailles drôlement intelligentes.

L’espace d’un instant, son sourire s’effaça de son visage, mais il réapparu quelques secondes plus tard.
Elle put ensuite observer la mini bagarre qui se déclarait entre les deux êtres. Elle se retint de ne pas rire encore plus quand la dragonne grimpa dans les cheveux de son partenaire. Equina utilisa alors ses pouvoirs magiques pour décoller le dernier morceau d’omelette accroché à sa fourchette et le faire léviter jusqu’à la petite gueule de Delva. Elle sourit et lui fit un signe de la tête, lui indiquant qu’elle pouvait le manger.

Puis elle vit sa propre assiette décoller et rejoindre la cuisine. Elle hocha encore la tête, toujours d’accord avec les paroles censées de son ami :

- Tu as raison, bien que je n’aie pas eu à faire de vaisselle depuis bien longtemps !

Son sourire s’effaça ensuite quand elle entendit les paroles suivantes. Son regard se brouilla, assez pour qu’elle eut du mal à distinguer le doigt qu’il pointait vers elle.
Elle sentit la blessure qui balafrait son dos la chatouiller, pour bien lui montrer qu’elle était toujours là et le resterait. Elle secoua la tête et essaya d’ouvrir la bouche, mais aucun son n’en sorti. Elle décida alors de fermer les yeux et d’attirer l’esprit de Kellran à elle, le forçant à entrer dans sa tête.

Le ciel était sombre, parsemé de nuages plus noir les uns que les autres. Des pluies torrentielles s’abattaient sur la terre qui commençait à se transformer en boue, collante. Equina sentait les gouttes tomber lourdement sur ses bras qui se chargeaient de maintenir l’épée en l’air. Les chocs des lames se faisaient entendre partout autour d’elle.
Ce combat déclenché à cause d’un malentendu entre un clan auquel elle appartenait désormais et une autre tribu voisine. On était bien loin des terres de son enfance.
Fëanàro poussait des rugissements à en faire trembler le sol. De gigantesques flammes sortaient de sa gueule, grillant sur place ceux qui osaient s’approcher de trop près de lui. Il était assailli de tous côtés par des hommes armés de lances. Des plaies, bien que superficielles, couvraient ses ailes, l’empêchant de prendre son envol.
Equina essayait de se frayer un chemin pour l’approcher, évitant de se laisser emporter vers le ravin qui terminait le champ de combat. Ses bras commençaient à fatiguer sous le poids et la violence des coups portés. Encore une centaine de mètres et elle atteindrait son dragon en difficulté. Au bout d’interminables efforts, elle y parvint. Elle jeta un coup d’œil à l’état de son compagnon, il était aussi faible qu’elle. Ils étaient trop peu nombreux pour triompher.
L’elfe continuait de porter des coups mortels à ses adversaires, essayant de les éloigner de la puissante créature qui se tenait derrière elle. C’est à ce moment qu’elle entendit un rugissement et qu’une vive douleur à sa jambe se fit ressentir. Fëanàro était touché à la patte, se balançant dangereusement sur son membre encore valide. Equina essaya de le soigner, en vain. Les hommes continuaient d’approcher le dragon, essayant à tout prix de le faire tomber au bas des falaises. L’espace d’un instant, il perdit l’équilibre et dérapa. Il se retrouva à plat ventre, vulnérable et glissait un peu plus chaque instant vers le gouffre.
L’elfe courut vers sa tête qui touchait maintenant le sol. Elle essaya de le retenir par la magie, mais elle était trop faible pour supporter le poids du dragon. Celui-ci poussa un grognement, essayant de s’accrocher à la paroi à l’aide de sa patte. La roche céda sous son poids et la gravité fit le reste. Dans un dernier geste de désespoir, il tendit une patte avant vers sa dragonière et s’agrippa à son dos, enfonçant une de ses griffes profondément dans sa chair. Equina, désarmée par ce qu’il se passait ne sentit même pas le sang qui s’écoulait dans son dos. Le dragon lâcha prise, un dernier regard de désespoir pour celle qu’il aimait et qui avait partagé sa vie entière.



Des larmes coulaient à présent sur les joues de l’elfe. Ils étaient revenus de leur voyage et avaient réintégré leurs corps dans la maison au milieu de la forêt. Equina tremblait sur sa chaise, bouleversée.


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Kellran


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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Jeu 22 Déc 2011 - 10:58


La bonne humeur d’Equina, déjà voilée par des élans de tristesse qu’elle tentait de dissimuler, croyant que l’Elfe ne le remarquerait pas, disparut brusquement lorsqu’elle se prépara à lui raconter son calvaire. Sans doute, ces événements étaient-ils trop difficiles pour qu’elle les exprime par des mots, aussi invita-t-elle l’esprit de Kellran à fusionner avec le sien, déversant en lui des images, des souvenirs qui n’étaient pas les siens mais ceux de sa première femme. Des souvenirs qui, dès les premières secondes, trouvèrent un écho presque similaire dans le passé du Fils du Soleil, dontla conscience voulut reculer, brûlée comme jamais par ces images du passé d’Equina, des images pleines de douleur, d’une tristesse sans nom, d’une perte affligeante que rien au monde ne saurait combler. Ce qu’Equina ne pouvait savoir lorsqu’elle partagea la mort de Feänaro avec lui, c’est que d’autres souvenirs viendraient se superposer aux siens pour doubler, voire quadrupler la puissance de ces images qui soulevèrent le cœur de l’Elfe, le poussant une nouvelle fois au bord de la folie.

Il avait depuis longtemps appris à isoler son esprit, et plus particulièrement tous ses souvenirs, tout ce qui pouvait offrir une arme à ses éventuels ennemis, à les barricader derrière un mur impénétrable que nul, hormis peut-être des mages d’une incroyable puissance spirituelle, ne pouvait briser. Cependant, il ne s’était pas attendu à ce qu’une personne puisse malgré tout se servir de ses souvenirs en lui transmettant par esprit des images similaires. Heureusement, Equina n’était pas une ennemie, et elle ne saurait jamais à quel point son geste avait affecté Kellran. Ainsi, alors qu’il voyait Feänaro glisser inexorablement vers le gouffre qui deviendrait son ultime tombe, une autre silhouette, droite et fière, se dressait devant lui, ses écailles rutilantes d’un blanc éclatant salies par le sang vermillon d’innombrables soldats ayant juré de servir le Phénix Noir, l’ennemi juré de Phoenix, dont Kellran s’était fait un ami, et qu’il avait juré d’aider lors des moments difficiles.

La dragonne s’était effondrée, les dards mortels se fichant autour d’elle comme une forêt minuscule poussant autour de son corps secoué de convulsions. Le cœur avait été touché, Kellran le sentait mieux que s’il avait été blessé lui-même. Il taillada de partout ses adversaires, ses poignards elfiques tournant et sifflant avec un bruit annonçant la mort inexorable de toute chose. Puis il était tombé à genoux, près de la tête d’Iliani, pleurant et maudissant les cieux qui lui avaient infligé ce destin tragique. Rassemblant toutes ses forces, il avait brisé la flèche qui dépassait du torse puissant de sa compagne, et avait hurlé les mots d’ancien langage qui soigneraient les blessures. Et dès cet instant, il sut que cela consumerait sa vie toute entière, sans qu’il puisse sauver Iliani. La dragonne avait ouvert ses yeux et l’avait regardé avec une infinie tendresse, un amour inconditionnel qui rugissait en eux tel un torrent de montagne impossible à stopper.
*Non… tu dois me laisser partir, à présent. Me soigner ne servira à rien car, si tu meurs, je mourrai également, tu le sais. Vis, et combats les injustices qui plongent ce monde dans les ténèbres. Vis, pour moi.*
Elle laissa échapper un râle d’agonie, des volutes de fumée sortant de ses naseaux par saccades douloureuses.
*Je t’aime, Kellran. Même la mort ne pourra pas changer cela.*
Elle souleva lentement l’une de ses ailes et en enveloppa son Dragonnier, le berçant dans la chaleur de sentiments partagés si puissants qu’eux seuls pouvaient traverser le gouffre chaotique séparant les vivants des morts. Puis l’aile glissa et retomba sur le corps sans vie d’Iliani.
Une vague brusque d’énergie déferla dans le corps de l’Elfe, dernier héritage étincelant de la dragonne dont la vie fut soufflée comme on éteint une bougie. Il se redressa, ses yeux rougis contemplant le cadavre de celle qui avait partagé sa vie, ses pensées, ses joies et ses malheurs pendant des années. Dans un hurlement de rage il laissa échapper le trop-plein d’énergie qui l’envahissait ; cette énergie se mua en une vague de flammes qui consuma tous ceux qui tentaient d’approcher du désormais ex-Dragonnier pour l’achever. Des squelettes, pantins désarticulés, chutèrent autour de lui, traçant un cercle macabre. La folie envahissait Kellran, et l’Elfe l’accueillait comme une vieille amie, se rappelant de la puissance qui l’animait lorsqu’il était Whedon, le tueur sanguinaire. Il hurla de nouveau, se plongeant dans la bataille, tuant, massacrant alliés comme ennemis dans sa soif de sang. Il semblait invincible. Mais un regard étoilé le cloua sur place alors qu’il s’apprêtait à décapiter une silhouette visible au travers d’une armure rutilante.
- Ce n’est pas ce qu’elle aurait voulu, l’arrêta-t-il. Tu ne seras pas un boucher, mais un combattant juste et honorable.
Une douleur violente le jeta au sol. Une épée si brillante qu’elle semblait composée de lumière le traversait de part en part, sans qu’une goutte de sang ne coule.
- Dors maintenant, lui ordonna la voix. Bientôt, ton destin te ramènera sur le droit chemin.


Avec un bref sursaut, Kellran retrouva l’usage de ses pensées et de ses sens. Il regarda Equina, qui tremblait sur sa chaise, des larmes traçant un sillon noirci sur ses joues. L’Elfe n’arrivait plus à respirer. Il se leva brusquement et disparut dans la cuisine, où il s’effondra, le cœur au bord des lèvres. Il avait appris à dissimuler ses souvenirs et ses émotions, car cela le rendait faible. Même Equina ne devait pas savoir tout ce qu’il avait traversé. Pas maintenant en tout cas. Elle était pourtant semblable à lui, elle avait perdu son dragon. Kellran, lui, avait eu l’honneur de redevenir Dragonnier grâce à Delva, dont il sentait l’inquiétude confuse. Mais la perte d’Iliani n’était que l’un des calvaires dont il avait hérités. L’Elfe retourna près de son invitée, sa dignité retrouvée, et déposa devant elle un plateau sur lequel infusait un thé fort aux feuilles de menthe, et quelques biscuits de blé et de noisettes.
- Je comprends la tristesse qui t’habite, souffla-t-il avec un sourire. Tu n’imagines pas à quel point…
Il la prit dans ses bras et la serra fort contre lui, comme lorsqu’ils étaient mariés et qu’elle avait besoin d’être consolée. Puis il désigna le plateau, lui faisant bien comprendre qu’elle ne quitterait pas sa chaise sans avoir mangé et bu. Il se rassit en face d’elle et la regarda pendant plusieurs minutes, ses yeux d’ambre légèrement voilés par les souvenirs qui refluaient maintenant aux limites de sa conscience.
- Et Max ? Comment se fait-il qu’il n’était pas avec toi ?
Le ton de sa voix montrait parfaitement qu’elle n’était pas obligée de répondre si elle ne le désirait pas. Kellran, lui, cherchait juste à comprendre comment son ex-femme en était arrivée là, il n’était pas là pour la faire souffrir avec des questions.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Jeu 29 Déc 2011 - 19:27


Le rappel du passé était dur, très dur pour l’ancienne dragonnière. Quand le lien entre leurs esprits fut rompu, elle sentit la détresse de son ami l’espace d’un moment. En même temps, c’était compréhensible de se sentir dépité après cet instant.

Lorsqu’il revint de la cuisine, Equina sentit la bonne odeur du thé qui infusait dans l’eau bouillante. Mélange de senteurs mentholées qui se mêlaient aux saveurs sucrées des biscuits. L’elfe tendit une main vers l’un des gâteau et croqua dedans, toujours tremblante. Elle posa son autre main sur la tasse chaude contenant l’infusion. Elle approcha son visage du récipient et souffla un air frais, mélangé à un peu de magie, qui le fit refroidir à la bonne température. Elle trempa ses lèvres dedans et avala une petite gorgée, appréciant la chaleur qui descendait dans son corps, de sa gorge à son estomac.

Les paroles de son ami eurent le même effet qu’un baume cicatrisant, sa voix berçant et calmant l’ancienne dragonnière. Son contact finit de la calmer. Il la berçait contre lui, partageant sa douleur d’une façon beaucoup plus forte qu’elle ne pouvait l’imaginer.
Quand il se rassit en face d’elle, elle prit soin de garder sa main dans la sienne, ressentant ce besoin de contact physique avec quelqu’un qui lui était cher.

Quand il posa sa question, Equina n’exprima sa réponse qu’avec un regard perdu, mélange de confusion et de tristesse. Elle baissa la tête vers son thé, regardant couler les feuilles de menthes. Le visage de son mari apparut à la surface du liquide comme elle s’en souvenait dans ses pensées pourtant bien brouillées.

Elle releva son regard vers Kellran et souffla :

- Je ne sais pas … avec une pointe de désespoir.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Ven 30 Déc 2011 - 14:34


L'espace d'un instant, Kellran perçut une vision indistincte d'un visage masculin, aux traits perdus dans une brume insondable, et pourtant baigné par une lueur qui le rendait attirant, exotique, irréel. Le visage de Max disparut aussi vite de la conscience de l'Elfe, dont les sourcils obliques se froncèrent, constatant la peur et la tristesse de son invitée, perdue dans les souvenirs de son mari disparu. Ainsi, à un moment ou un autre, le couple avait été séparé par un événement qui, pour tenir éloignés deux êtres aussi profondément amoureux l'un de l'autre, avait du être terrible, au moins autant que la perte d'un dragon. L'Elfe n'insista pas, conscient et respectueux du temps qu'il faudrait à Equina pour se sentir le courage d'énoncer son passé douloureux. Il avait déjà poussé bien assez loin l'interrogatoire en demandant à l'ex-Dragonnière de raconter comment était mort Feänaro. Il se contenta donc de serrer la main de son ancienne compagne, transmettant par ce contact autant que par la pensée des vagues d'apaisement sincères. De l'autre main, il souleva sa tasse et la porta à ses lèvres, sursauta lorsqu'il sentit la menthe lui brûler la gorge autant que le liquide lui bouillait la langue. Il souffla, essayant de faire pénétrer de l'air frais pour rafraîchir son gosier endolori.
C'était pire...
Le Fils du Soleil intercepta un regard étonné de la part de son invitée et grimaça un sourire laborieux :
- J'ai laissé mon thé infuser trop longtemps. Il est assez costaud pour me faire tressaillir, maintenant...
Il lui importait peu d'avoir l'air idiot en se faisant piéger par une boisson trop chaude. Cependant, les ondes moqueuses qui émanaient de Delva, toujours nichée au sommet de son crâne comme un oisillon dans son nid, le firent grimacer de plus belle. Il grogna et, d'une main, captura la dragonne avant de la poser sur la table, où elle poussa un gémissement déçu.
- Si tu es incapable de compatir à la douleur de ton Dragonnier, je ne vois pas pourquoi celui-ci t'autoriserait à utiliser sa chevelure comme matelas !
Les piaillements dépités de la petite créature empêchèrent toute discussion jusqu'à ce que Kellran lui fourre un gros morceau de viande salée dans la gueule, la faisant taire. Il accueillit ce nouveau silence avec un soupir bienheureux et jeta un regard ironique à son invitée, puis commenta :
- Comme tu vois, je suis abonné aux femmes de caractère. A croire que la paix ne veut pas de moi.
Ses yeux pétillaient néanmoins de malice et d'amusement. Il ne fallait pas savoir lire dans les pensées pour comprendre qu'il était heureux, malgré son passé douloureux.

Kellran retrouva pourtant son sérieux lorsqu'il remarqua que sa main couvrait toujours celle d'Equina. Leur besoin de contact s'expliquait par tous les malheurs qu'ils avaient vécu, chacun de leur côté, et qui les liaient par une compréhension commune. Il s'expliquait aussi par la joie qu'ils ressentaient de s'être retrouvés après toutes ces années. Une fois rompu, ce contact laissa place à une sorte de tristesse lancinante. Il se leva, enleva des mains la tasse désormais vide d'Equina et lui adressa un sourire chargé de promesses :
- Si c'est en mon pouvoir, je t'aiderai à retrouver ton mari. Te voir sans lui est comme admirer un demi-soleil, une portion de lune...
Il partit d'un rire cristallin qui se répercuta le long des poutres, contre les murs, comme s'ils étaient dans une grotte remplie d'échos.
- La pleine lune est bien plus merveilleuse qu'un pâle croissant, n'est-ce-pas ?

Le souvenir de Lilie vint flotter aux limites de son esprit, rappel constant d'un mariage qui, hélas, n'avait que peu duré, brisé par une guerre aujourd'hui oubliée. Kellran aiderait son amie à retrouver le sourire, il se battrait sans relâche pour cela. Et ensuite, il continuerait à rechercher sa femme et ses autres amis dont il était privé depuis trop longtemps.


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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Jeu 5 Jan 2012 - 23:36


Le visage de son mari flottait encore dans les pensées d’Equina. Cela faisait tellement longtemps qu’ils ne s’étaient pas vus. Ils s’étaient perdus par la faute de Fëanàro qui avait décidé, pour une raison inconnue, de quitter l’Alagaësia. Max avait perdu leur trace et sûrement abandonner d’essayer de les retrouver.
L’elfe baissa la tête. Au cours de ce voyage, elle avait perdu deux êtres très chers et qui lui manquaient terriblement.

Elle leva le regard vers Kellran et s’amusa de le voir se brûler avec son thé. Elle agita les doigts en direction de sa tasse, ce qui eut pour effet de refroidir le breuvage. Elle s’amusa ensuite en remarquant les humeurs qui émanaient de Delva. Après que son dragonnier lui eut donné un morceau de viande, Equina attrapa la petite créature dans ses bras et la cala contre sa poitrine, lui gratouillant la base du cou.
Cela lui faisait tellement de bien d’établir à nouveau un contact avec un dragon. Elle détailla chaque écaille dorée, chaque muscle finement dessiné, pour finir par ses deux grands yeux remplis de malice.
Elle reporta son attention sur son ami :

- Que veux-tu, même si on essaye, au fond on ne change jamais entièrement.

Elle ajouta un clin d’œil à sa remarque et lui sourit de toutes ses dents. Ce geste s’effaça lorsque son hôte rompu le contact entre leurs mains. Cela laissa une place de vide dans son cœur, qui était devenu qu’un simple gouffre depuis toutes ses années de solitude.

En entendant ses dernières remarques, le regard d’Equina se perdit dans la pièce, fixant un point fixe qui semblait être bien plus loin que les murs entourant la maison. L’idée de retrouver l’homme qu’elle chérissait la laissa perplexe. Bien sûr qu’elle voulait le revoir, le toucher, lui parler. Mais elle était effrayée de se retrouver devant lui, seule.

- La pleine lune est bien plus merveilleuse qu'un pâle croissant, n'est-ce-pas ?


Ces mots la firent atterrir. Son regard se remplit à nouveau de conscience et de vie. Elle risqua même un léger sourire.

- Je suis bien d’accord.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Dim 15 Jan 2012 - 11:05


Il était temps de mettre fin à cette discussion. Il ne fallait pas être empathe pour comprendre la souffrance provoquée par les questions, qui forçaient certains souvenirs douloureux à remonter là où on aurait voulu qu'ils ne reviennent jamais. Kellran en savait suffisamment pour deviner l'état de son ex-femme ; il en savait également assez pour mettre tout en œuvre dans le seul but de la voir sourire à nouveau, Max à ses côtés.
- Tu n'es pas encore en état de voyager pour le moment, donc je t'autorise à me tenir compagnie pendant une journée supplémentaire.
Le sourire qu'il lui adressa montrait toute l'étendue du « sacrifice » qu'il venait d'annoncer.
Il avala d'une traite le restant de sa tasse de thé, désormais refroidi par l'action généreuse d'Equina, puis envoya toute cette vaisselle dans la cuisine d'un geste de la main, en marmonnant :
- Piégé par un stupide thé, non mais vraiment... Je passe pour quoi ?
Il fit signe à son ex-femme de le suivre et sortit de la maison pour se diriger vers le potager. Il récupéra certains outils qui auraient fait le bonheur des fermiers et des cultivateurs de toutes les régions, puis désigna les plants de carottes, les parterres de salade et autres légumes colorés qui croissaient doucement grâce aux bons soins qu'il prodiguait patiemment.
Devant la porte d'entrée de la maison, des tranchées régulières peu profondes et remplies d'eau formaient un quadrillage autour de petits carrés de terre humide, visibles sous une très légère couche d'eau boueuse. Un ponton de bois permettrait de traverser ce marécage artificiel sans se mouiller, et surtout sans écraser les pousses qui dépassaient déjà de la surface.
- J'ai appris pas mal de compétences au cours de mes voyages, et l'agriculture est celle qui me plaît le plus.
Il se pencha pour caresser une pousse et chuchota quelques mots en ancien langage pour lui souhaiter une bonne croissance, puis secoua la tête :
- Une part de moi aimerait rester là, à cultiver, à m'occuper de Delva, à cuisiner des plats pour mes amis.
Ces paroles ne semblaient pas vraiment adressées à Equina, un peu comme s'il se parlait à lui-même, essayant de se convaincre de la véracité de ses dires. Puis il sourit, désigna de la tête la silhouette de Faral qui piaffait d'impatience à l'idée de converser avec sa cavalière, et enfin Delva toujours blottie dans les bras de l'ancienne Dragonnière.
- Je te nomme officiellement protectrice de Delva. Tu pourras t'occuper d'elle et la surveiller un peu, pendant que je m'occupe de récolter ce qui nous nourrira ce soir. Et rassurer Faral aussi, qui aurait sûrement voulu dormir dans ton lit si ce dernier avait été assez grand.
Il eut un sourire plein de compassion puis se détourna, chargé de ses outils d'agriculteur là où autrefois se tenaient épée, poignards et lance. Il espérait qu'un long moment passé avec la petite dragonne chasserait les pensées noires de l'esprit de son ex-femme et qu'une journée de repos supplémentaire lui redonnerait l'énergie qu'elle avait autrefois.

Il continuait à discuter avec Equina malgré son travail agricole, expliquant parfois ce qu'il faisait, riant beaucoup de ses plaisanteries qui n'avaient pas changé malgré les années. Lui-même ne se rendait pas compte du plaisir qu'il ressentait par la simple présence de son ex-femme et de leur discussion. Mais ce moment d'intimité ne tarda pas à être brisé lorsque Kellran ressentit une présence à proximité du lieu de son habitation. Il fit semblant de rien, continuant à discuter mais son regard se leva de ses cultures pour explorer la lisière de la forêt à la recherche d'une ombre, d'un mouvement. Il examina plus attentivement l'esprit qu'il sentait s'approcher et remarqua que celui-ci était parfaitement protégé de toute intrusion mentale. Au même moment, l'esprit devint corps lorsqu'un Elfe sortit de la frontière des arbres et s'avança sur le chemin menant à la maison de Kellran. Il était armé d'un arc et d'une épée courte, et bien que le Dragonnier ne ressentit pour l'instant nulle volonté d'attaque chez le nouveau-venu, la menace se lisait sur son visage et dans ses mouvements fluides lorsqu'il demanda :
- Qui êtes-vous, et de quel droit avez-vous pris possession d'un lieu sous la juridiction d'Ellesméra ?
Surpris, Kellran posa calmement ses outils et s'approcha de l'Elfe. Il veillait à laisser ses mains bien en évidence, vides de toute arme potentielle. Une sonde mentale attaqua ses barrières mentales mais ne put percer que les abords extérieurs de son esprit, autrement dit les souvenirs récents de sa journée passée et de ses activités journalières.
- Je vous demanderais d'éviter de chercher à lire mes pensées, répondit Kellran poliment. Je ne suis pas une menace, ni pour Ellesméra ni pour vous.
Il s'inclina devant le guerrier-magicien armé en faisant le signe traditionnel de salut, deux doigts posés sur ses lèvres pour promettre de ne pas divulguer le contenu de leur conversation. Puis il fit un signe en direction d'Equina et de la petite dragonne qu'elle tenait dans ses bras.
- Je m'appelle Kellran Anàrion, et voici Equina et ma dragonne, Delva. Cette maison est la mienne depuis de nombreuses années, de part l'autorisation de la Reine Islanzadi.
L'Elfe posa un regard soupçonneux sur celui qui se disait Dragonnier, puis sur la femme qu'il nommait Equina. Sa main droite se posa sur le pommeau de son épée, prête à frapper au moindre mouvement.


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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Dim 22 Jan 2012 - 20:50


Equina se leva et suivi son ami dans le jardin en rigolant de sa dernière remarque :

- Tu passes encore pour celui qui se fait avoir par les choses les plus simple.


Elle agrémenta ce petit pic humoristique d’un clin d’œil et d’une petite tape sur l’épaule. Une fois arrivée au milieu de la verdure, l’elfe fut surprise de voir la quantité assez incroyable de légumes et autres végétaux qui poussaient dans cette terre humide. Elle avança sur le petit ponton et s’accroupi pour observer les jeunes pousses de plus près.

- Eh bien, voilà un talent que je ne te soupçonnai pas d’avoir ! Que fais-tu de tous ces légumes ? Il y en aurait assez pour nourrir tout un village !

Elle gratouillait toujours le ventre écailleux de la petite Delva qui semblait parfaitement bien installée dans les bras de l’ancienne dragonnière. Cette dernière remarqua également l’impatience de Faral et lui envoya une vague d’apaisement. Le cheval se calma aussitôt et approcha doucement de l’endroit où elle se tenait. Il tendit le bout de son nez vers la petite créature dorée et souffla dans son cou, voulant ainsi la chatouiller.
Equina rit à nouveau de la remarque de Kellran :

- Il me semble que je suis adoptée par ta nouvelle conquête, cher ami. Et pour Faral, il faudrait que je sois greffée sur son dos pour qu’il soit heureux en permanence.


Le dernier concerné s’ébroua en entendant la remarque et plaqua ses oreilles en arrière, démontrant ainsi son mécontentement.

La conversation continuait de se dérouler, les deux amis riant parfois aux éclats. Cela faisait le plus grand bien à l’ex-femme de Kellran. C’était comme s’il ne s’était jamais perdu de vue. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. C’est donc avec étonnement qu’elle vit son ami changer de comportement. Elle se redressa quand un inconnu pénétra dans la clairière.

L’elfe qui se tenait à la sortie du bois essaya de pénétrer son esprit, mais Equina, en bonne magicienne, le repoussa froidement et invoqua un bouclier hermétique pour protéger Delva et Faral aussi. Elle attendit la suite, laissant Kellran prendre les choses en main, mais se préparant à riposter à toute attaque qui pourrait subvenir.

L’étranger était armé et avait posé la main sur le pommeau de son épée. La guerrière en fit de même et patienta, tous les muscles de son corps prêts à agir.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Lun 23 Jan 2012 - 18:57


L'odeur de la menace flottait dans les airs, intense et omniprésente. Les deux Elfes se jaugeaient, le Fils du Soleil surveillant l'envoyé d'Ellesméra d'un œil en apparence calme et détaché. La magie bougea au creux de son esprit, attendant qu'on la libère, mais il la tenait sous une bride mentale, peu désireux d'attaquer un inconnu, aussi agressif et désagréable soit-il, sans connaître d'abord ses intentions véritables. La présence d'Equina derrière lui le rassurait ; il avait perçu la barrière érigée pour les protéger, elle, Delva et l'étalon, et la remercia silencieusement de cette précaution utile. Il doutait que l'Elfe attaque un dragon, principalement un dragonneau, mais les temps avaient changé, tout était possible. Le silence devenant inconfortable, Kellran se décida à ranimer la conversation, espérant que cela détendrait l'atmosphère pour le moins tendue :
- Quel est votre nom ?
L'Elfe lui répondit d'une moue hautaine, presque dégoûtée. Ses yeux lançaient des étincelles, proches de l'embrasement, à croire que le Dragonnier l'avait gravement insulté par ses paroles, pourtant polies et douces.
- Cela ne vous regarde pas, cracha l'insolent, la main toujours posée sur son arme.
Il faisait preuve d'un réel manque de respect envers le Dragonnier. Celui-ci pensa fugitivement qu'avec une Delva adulte à ses côtés, l'Elfe aurait été moins fier, mais en l'état de petite dragonne lovée dans les bras d'Equina, elle n'avait rien d'impressionnant. Cependant, un début de colère naissait dans le ventre du Fils du Soleil, jugeant qu'il n'avait pas parcouru tout ce chemin pour se laisser rabaisser par un vulgaire gamin désireux d'assurer sa supériorité. Sa patience reprit le dessus, le forçant à rester raisonnable. Il tenta une deuxième approche, plus poussée, sa voix égale :
- Êtes-vous une sorte de... gardien... de la forêt ?
L'Elfe ricana, tapotant du bout des ongles le pommeau de l'épée. Il se gonfla de fierté et d'importance, marquant dans sa posture tout le caractère suffisant et égocentrique dont étaient capables les personnages elfiques dans leurs pires jours.
- Tu n'as pas l'air bien au courant, le Dragonnier. Du Weldenvarden est sous la protection des Alfäkin Vardens, par ordre direct de la Reine. Nous évitons que des fouteurs de troubles dans ton genre viennent empiéter sur notre territoire sans dire merci.
Le rictus qu'il afficha sur ces paroles provoqua le débordement du vase. Sans même un seul mouvement, à peine un clignement de paupière, Kellran relâcha sa magie et emprisonna l'Elfe « Gardien » dans un étau sans failles. Ses jambes, ses bras, même sa tête était immobilisée, seuls ses doigts gigotaient vainement pour agripper l'arme désormais hors de sa portée, et ses yeux qui roulaient dans leurs orbites, ayant perdu toute suffisance pour n'exprimer que la colère et la peur. Une nouvelle fois, l'Elfe tenta de percer les défenses mentales du Dragonnier pour se libérer de son emprise, mais rien n'y faisait. Kellran doutait que quiconque en Alagaësia puisse désormais provoquer une faille dans ses boucliers mentaux. Le Fils du Soleil ne souriait plus, toute trace d'amabilité avait disparu de ses traits, devenus froids comme la pierre, inflexibles comme le diamant. Son changement brusque de comportement était un spectacle effrayant à contempler, il était comme le serpent immobile durant des heures, et soudain en mouvement ; comme le lion en chasse, camouflé par la savane jusqu'à ce qu'il bondisse sur sa proie, trop tard pour le moindre espoir de survie.
- J'ai essayé d'être poli, articula lentement Kellran. Je suis resté aimable même après avoir été insulté, je vous ai traité avec la plus élémentaire courtoisie.
Il s'approcha, s'arrêta à quelques pouces du malheureux, l'obligea à le regarder en face.
- Nous allons reprendre depuis le début ? Comment vous appelez-vous ?
L'Elfe ouvrit la bouche pour parler, bafouilla, en proie à une terreur sans nom.
- Fan... Fandur, parvint-il à clamer.
Il tomba à genoux, libéré de la magie du Dragonnier qui recula. Il n'y avait aucun regret visible chez Kellran, juste une imperceptible tristesse d'avoir à en arriver là pour éduquer des êtres trop imbus d'eux-même pour respecter leurs contemporains.
- Très bien, Fandur. Je crois que vous devez des excuses à mon amie, ainsi qu'à ma dragonne, pour le manque de politesse dont vous avez fait preuve. Quant à moi, je m'excuse d'avoir employé la magie contre vous.
Fandur s'excusa, mais un éclat meurtrier brillait dans ses yeux sans qu'il cherche à le cacher. Kellran ne fut pas dupe, bien qu'il se contentât de faire comme s'il n'avait rien vu. Il adressa un hochement de tête au Gardien, l'invitant à continuer. Fandur retrouva vite ses manières hautaines :
- Au nom de la Reine, vous êtes tenu de répondre de vos actes devant la maison Islanzadi. Chaque Dragonnier désirant s'installer en Du Weldenvarden doit signer un registre après avoir obtenu l'approbation écrite de notre souveraine.
L'éclat meurtrier augmenta en intensité, l'Elfe plissa les yeux de contentement malsain lorsqu'il poursuivit :
- Vous devrez également répondre pour votre agression à l'encontre d'un membre de l'Alfäkin Varden, un crime capital.
Le Dragonnier hocha lentement de la tête, comme s'il s'était attendu à de telles paroles. En réalité, il était intérieurement déçu de constater que parmi toutes les races, on retrouvait des personnages infects et malveillants. Il ne comprenait pas qu'un tel Elfe ait été formé pour « protéger » le Du Weldenvarden, mais ne s'attarda pas sur la question. A la place, il adressa un sourire froid à son interlocuteur :
- Très bien, Fandur, je ferai amende honorable devant la Reine...
La jubilation de l'Elfe Gardien était parfaitement visible, jusqu'à ce que Kellran termine :
- Quand j'aurai décidé que le moment est venu. Quant à notre malentendu...
Le sourire de Kellran s'agrandit, semblable au signe d'une bonne plaisanterie entre amis. Il se tourna vers Equina, lui adressa un clin d'oeil complice :
- Manquer de respect à deux Dragonniers sur leur propriété est un crime également. Je demande donc un combat d'honneur, pour déterminer qui de nous est dans son bon droit.
Il tendit la main à son amie, une invitation autant qu'un geste de tendresse. Il parlait comme si Equina vivait encore ici avec lui, comme au temps de leur mariage, il la définissait également comme une Dragonnière car elle le restait malgré la mort de son dragon, par le respect et l'honneur de leur caste.
- La galanterie me pousse à te laisser lui botter les fesses le premier, si tu le souhaites, affirma-t-il, une étincelle malicieuse dans le fond des yeux.
Après tout ce temps passé à se reposer, elle devait certainement avoir besoin de se dérouiller les muscles. Du coin de l'œil, il vit l'expression d'effroi figée sur le visage de l'Elfe. Combattre deux Dragonniers sous la loi d'un duel d'honneur devait lui être particulièrement inquiétant.


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Equina


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Equina
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Lun 23 Jan 2012 - 20:33


(Hs : couleur des paroles de Fandur si jamais t'as besoin : #912891)

Equina ne manqua rien du spectacle qui se déroulait devant ses yeux. L’inconnu semblait bien prétentieux et surtout bien jeune pour avoir un post aussi haut que le sien. Décidément, les choses changeaient aussi dans le Du Weldenvarden. Elle reçut le remerciement quasiment imperceptible de Kellran et lui envoya une vague d’apaisement en retour. Mais cela ne servit à rien apparemment puisque le dragonnier céda à l’emportement en emprisonnant l’Elfe gardien.

Elle sentit Delva remuer dans ses bras et même grogner. Elle la serra un peu plus fort contre sa poitrine et lui murmura :

- Ne t’inquiète pas, tout est sous contrôle.

Une fois que Kellran eut libéré leur nouvel ami de l’emprise magique, la guerrière s’avança vers Faral et déposa la petite dragonne sur son dos et la regarda droit dans les yeux en la pointant du doigt :

- Tu ne bouges pas d’ici surtout. Faral veillera sur toi de toute manière.

Puis l’elfe se tourna vers les deux autres et s’avança en rigolant aux menaces qu’énonçait Fandur. Elle aperçut ensuite la main tendue de son ami vers elle et son sourire s’agrandi encore plus.

- La galanterie me pousse à te laisser lui botter les fesses le premier, si tu le souhaites.

- Oh, que de politesse ! C’est avec joie que j’honorerai ta charmante proposition, répondit-elle avec des yeux brillants de malice.

Elle tourna ensuite la tête vers son futur adversaire qui avait l’air beaucoup moins fier tout à coup. Son sourire joyeux se transforma en un petit rictus à l’aspect sadique. Ses yeux clairs virèrent presque au noir et son regard reflétait parfaitement son envie d’engager le combat.

Equina arrêta d’avancer et se redressa pour attacher ses longs cheveux en queue de cheval, pour ne pas qu’ils la gênent. Elle commença ensuite à faire des ronds avec sa tête, détendant et chauffant ainsi les muscles de son cou. Elle roula ses épaules en petits mouvements circulaires et étira ses longs bras. La guerrière redevint ensuite immobile, décalant légèrement ses jambes, pour lui permettre une meilleure stabilité. Elle s’adressa à Fandur d’une voix froide :

- Sache que déjà je n’ai pas de résidence dans cette forêt, donc je ne te dois rien, ni à toi, ni à ta Reine. Je ne suis sous les ordres de personne. Ah, et dernière chose : pas de magie. Elle agrémenta ces paroles d’un large sourire.

L’elfe gardien pâlissait à vue d’œil devant ce qui l’attendait, mais sa fierté l’empêchait de se défiler. Il se redressa et lança un regard noir à l’ancienne dragonnière, se disant qu’une elfe de sexe féminin ne pouvait réaliser avec lui, entraîné à la défense de ce pays depuis le plus jeune âge.

Cela lui redonna suffisamment d’assurance pour s’adresser à celle qui se tenait face à lui d’une voix plus glaciale et prétentieuse que le permettait son rang :

- Préparez-vous à recevoir une leçon de la part d’un Alfäkin. Vous regretterez d’avoir provoqué cet affront !

Content de ses paroles, il tira son épée elfique de son fourreau et adopta une posture assez comique. Bien qu’elle fût élégante, Equina remarqua le peu de confort et d’équilibre que lui offrait sa tenue. Son sourire s’agrandit et elle fit signe à son adversaire d’approcher.

Celui-ci ne se fit pas longtemps prier, il fonça tête baissée, lame au-dessus de la tête vers la dragonnière qui se contenta de l’esquiver en faisant un pas de côté. Le pauvre jeune se retrouva tout bête et manqua de trébucher, ce qui ne fit qu’accroitre sa colère. Il recommença à charger et cette fois ne manqua pas sa cible. Equina para son attaque, amortissant le coup en pliant les coudes. Elle repoussa ensuite la lame de Fandur et le réattaqua, ne lui laissant aucun répit. Les coups pleuvaient de toute part et le jeune avait un peu de mal à suivre, mais se débrouillait mieux que ce qu’elle aurait pensé. Elle feinta ensuite une attaque vers sa tête et se baissa pour tenter de le faucher. Il esquiva le coup en sautant par-dessus sa jambe et attaqua Equina au visage. Celle-ci se pencha en arrière, mais pas suffisamment. Le bout de l’épée de son adversaire toucha sa joue et y laissa une fine coupure. La guerrière porta une main à la blessure, fusillant du regard l’elfe qui était plutôt fier de son œuvre. Malheureusement pour lui, cela ne fit qu’aggraver son cas, ayant vraiment mis la dragonnière hors de ses gonds. Celle-ci se releva à la vitesse de l’éclair et fonça sur l’elfe, l’assaillant sans relâche de coups plus forts les uns que les autres.

Si elle continuait sur cette voie, elle allait finir par lui rendre un coup fatal. Lui était de plus en plus rouge et essoufflé, des gouttes de transpiration perlant sur son front. Il jeta un regard désespéré vers Kellran, attendant une quelconque intervention de sa part.
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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Mar 24 Jan 2012 - 19:29


Il était clair qu'Equina appréciait sa proposition, ce à quoi Kellran n'avait pas douté un instant. Elle y répondit avec autant de malice que lui, son sourire était comme un soleil qui repoussait la nuit. Apparemment, elle avait récupéré toute son énergie, un combat lui ferait le plus grand bien, pour qu'elle se défoule et évacue ses tensions. Avant qu'elle ne le dépasse, Kellran croisa le regard de son ex-femme ; celui-ci devenait d'un noir d'encre, le regard d'une combattante s'apprêtant à livrer un duel sans merci. L'Elfe se retourna pour la regarder s'approcher de Fandur, qui blêmissait à l'idée d'avoir à payer une dette envers une Dragonnière. Equina se prépara ; elle attacha ses cheveux, puis amorça quelques gestes d'échauffement pour détendre ses muscles. Le Fils du Soleil eut grand peine à détacher son regard de ce spectacle, qui n'était pas sans lui rappeler les souvenirs à la fois tendres et douloureux de leur vie de couple. Malgré toutes ces années, ces décennies même, il ressentait encore comme au premier jour les raisons qui l'avaient fait tomber amoureux d'elle. Il sourit à ces pensées, énumérant mentalement la chance qu'avait Max d'avoir pu conquérir le cœur de cette fière guerrière comme lui autrefois, et sa promesse de faire son possible pour les réunir n'en devint que plus indéfectible. Kellran alla s'asseoir près de l'étalon, après avoir taquiné sa petite compagne à écailles quelques secondes, et se concentra sur le duel qui était sur le point de s'engager.
Il resta impassible lorsque l'ancienne Dragonnière expliqua qu'elle n'avait nulle demeure dans la forêt, bien qu'il regrette cette petite faille dans l'histoire qu'il avait préparée. Désormais, seule la dette du respect de politesse valait encore pour le combat entre Fandur et Equina, mais il était heureusement trop tard pour que l'Elfe Gardien ne se défile. La condition énoncée ensuite par son ex-femme le fit sourire : pas de magie. Voilà qui promettait d'être un beau spectacle.
Fandur rétorqua par une vantardise exagérée, clamant haut et fort son rang d'Alfäkin, comme si cela pouvait bien être d'une quelconque différence, puis les armes furent tirées de leurs gaines.

Le combat s'engagea sur un assaut particulièrement naïf de l'Elfe Gardien, dont la technique semblait peu travaillée, trop inexpérimentée. Equina aurait pu en finir avec le duel dès ce premier coup, mais elle n'en fit rien, se contenta de l'esquiver par un pas latéral pour mieux regarder son adversaire déséquilibré rager de sa propre stupidité. Le Fils du Soleil constata également que l'arme de l'insolent, bien que de bonne qualité et d'excellente facture, n'était pas adapté à la morphologie et aux gestes de son manieur. Il se demanda fugitivement si tous les Alfäkin Vardens étaient aussi gauches et mal équipés que celui qu'il avait en face de lui, puis oublia cette question pour se reporter sur le combat. Les coups suivants avaient gagné en force et en précision. Désormais, la clairière raisonnait du choc des armes, le martèlement des pieds sur le sol, le sifflement des lames dans l'air. Equina était indéniablement la meneuse du duel, mais Fandur semblait plus sûr de lui, sa technique plus affirmée. Il répondait coup pour coup à son adversaire, campant sur ses positions. L'ancienne Dragonnière feinta vers son visage, avant de tenter de lui faucher les genoux, une technique que Kellran connaissait bien, mais Fandur aussi semblait-il car il esquiva d'un saut avant d'abattre sa lame vers la tête d'Equina. Le souffle du Dragonnier se coinça dans sa gorge lorsqu'il comprit qu'elle ne pourrait pas reculer assez pour échapper à la botte de l'Elfe Gardien. Une ligne rouge se dessina sur la joue d'Equina, dont la main se porta à sa blessure avant de se rabaisser, quelques gouttes de sang perlant de ses doigts fins. La fierté hautaine de Fandur se lisait dans ses yeux et dans la posture qu'il prit pour contempler son adversaire, une erreur qu'il venait de commettre sans savoir à quoi il s'exposait. La guerrière, folle de rage, réattaqua avec une ardeur née de sa colère, ne prenant plus attention à la survie de celui qui avait osé la blesser. Cette fois, Fandur ne tint plus la cadence et recula, bloquant à chaque fois avec plus de difficulté les coups mortels portés par la femme Elfe. Il tourna son regard affolé et suppliant vers Kellran, l'instigateur de ce duel.
Le Fils du Soleil était tenté de le laisser se débrouiller seul, pour qu'il ressente bien ce qu'il en coûtait de prendre de haut des personnages qui avaient vu les pires horreurs et avaient survécu pour chercher une vie meilleure. Mais justement, l'Elfe avait vécu trop de malheurs pour laisser un drame stupide se produire alors qu'il aurait pu l'éviter. Il se leva, courut vers les duellistes, et bloqua le poignet d'Equina alors qu'elle portait un nouveau coup vers l'Elfe Gardien couvert de sueur. Il sentait la colère vibrer dans chaque fibre de l'être de son ex-femme. Il lui attrapa l'autre bras et la fit venir tout contre lui, à la fois pour l'immobiliser et pour la calmer.
- C'est fini maintenant, lui chuchota-t-il à l'oreille avec douceur pour percer les brumes de sa rage.
Il éloigna l'ex-Dragonnière de Fandur, tombé au sol en haletant, le souffle court. Il ramena Equina près de Faral et la fit asseoir, puis posa les mains sur ses joues. La magie fit briller sa Gëdwey Ignasia lorsqu'il psalmodia le sort de guérison pour faire disparaître la coupure, mais même lorsqu'il n'en resta plus trace, les doigts de Kellran s'attardèrent sur la peau de son ex-femme. Il lui sourit :
- Tu as été merveilleuse. Une pure guerrière.
Pour un être tel que lui, qui avait connu plus que son lot de guerriers et de combattantes aguerries, le compliment était loin d'être superflu.
- Mais je préfère éviter que tu montres à notre invité toute l'étendue de tes talents. Il ne s'en remettrait pas... pas dans ce monde en tout cas.
Il eut un rire léger en se retournant vers Fandur. L'Elfe Gardien se remettait debout, pantelant, l'épée déjà rangée au fourreau comme si la voir encore dégainée aurait entraîné une nouvelle crise de rage de la part d'Equina. L'éclat meurtrier dans les yeux de l'insolent avait disparu, remplacé par un profond dégoût mêlé de haine. Il ne pardonnerait pas de sitôt d'avoir été ridiculisé dans l'exercice de ses fonctions, et ne se gêna pas de le leur faire comprendre en les invectivant :
- Vous ne vous en tirerez pas à si bon compte, menaça-t-il en s'enfuyant vers les arbres. La Reine en entendra parler ; vos têtes rouleront à terre tandis que je rirai de votre destin.
Sur ces paroles, il disparut dans les ombres de Du Weldenvarden, laissant les ex-conjoints à leur « tête-à-tête », comme avant. Kellran mit un moment à quitter des yeux la forêt, il soupira et s'assit à côté de son ancienne épouse.
- Depuis quand les Elfes sont-ils devenus aussi prétentieux et irrespectueux ? Marmonna-t-il, à la fois surpris et déçu de constater que la jeunesse d'Ellesméra était symbolisée par des personnages tels que Fandur.
- Et depuis quand la Reine a-t-elle besoin de chiens de garde pour assurer la sécurité du territoire ?
Ces questions tournaient dans sa tête, comme bien d'autres depuis qu'il était rentré des Terres Lointaines. Il soupira de nouveau, et sourit en revoyant les images d'Equina plongée dans son combat, ses gestes fluides et gracieux, son visage fort, inflexible.
- Tu n'as pas changé, affirma-t-il en la regardant. Tu es toujours aussi impressionnante.
La sincérité de ses paroles se lisait dans le fond de ses yeux.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Jeu 26 Jan 2012 - 17:20


Equina s’acharnait encore sur celui qui avait osé la traiter comme une moins que rien. Il en paierait le prix ! Puis, deux mains se posèrent sur elle, l’empêchant de finir son geste. Cela la fit sursauter et elle reprit conscience de ce qu’il se passait. Tous ses muscles se détendirent d’un coup et la confusion prit place dans son esprit. Kellran l’attira contre lui et lui murmura à l’oreille.

La guerrière réprima un frisson, la chair de poule prenant possession de sa peau. L’effet avait été instantané, le calme plat retrouvé. L’elfe regarda son ami dans les yeux et y vit le réconfort nécessaire pour finir de l’apaiser. Elle s’assit par terre sous les conseils du dragonnier et se laissa guérir par sa magie, ressentant un léger picotement quand la plaie se referma. Elle resta les yeux fermés pendant un moment, appréciant le contact des mains de Kellran contre sa peau. Elle sourit quand il lui fit la première remarque et répondit d’une voix douce :

- Merci, je me suis un peu laissée emportée.

Elle rougit légèrement, gênée de s’être montrée si impulsive. Encore quelques minutes de plus et elle l’aurait peut être gravement blessé, ou pire … Ca n’aurait vraiment pas été bon pour elle de supprimer un gardien de la Reine.

Quand Kellran s’adressa à Fandur, Equina resta silencieuse, se contentant de regarder avec des yeux noirs l’Alfäkin. L’elfe leva les yeux au ciel quand elle entendit les menaces sortir de la bouche du gardien. Elle se retint d’éclater de rire, mais cela n’aurait fait qu’empirer la situation. Elle se tourna vers son ami pour lui répondre :

- C’est une très bonne question. Les temps sont changeants, les caractères aussi apparemment. Islanzadi a peut-être senti une menace approcher …

Elle rit en voyant son ami dans ses pensées, totalement absorber par ses rêveries. Elle rit encore plus fort quand il fit sa remarque :

- En même temps, le niveau n’était guère élevé en face. C’était facile d’être impressionnante, lui dit-elle avec un grand sourire. Tu aurais peut-être voulu en profiter également, non ?

Ses yeux parlèrent à la place des paroles, elle s’excusait à nouveau de ne pas l’avoir laissé combattre aussi.
La guerrière leva ensuite la tête vers Faral et la petite Delva, toujours sur le dos de l’étalon. Elle sourit à la dragonne et se mit debout pour être à sa hauteur. Elle lui dit, tout en lui caressant le dos :

- Je suis fière de toi, tu es restée bien sage, elle se tourna ensuite vers son ami, tu vois, elle obéit très bien !

Ses lèvres s’étendirent à nouveau pour laisser apparaître un sourire taquin.
L’elfe avança ensuite vers son épée, qui était restée plantée dans le sol et la retira. Elle s’occupa de la nettoyer et la rangea dans son fourreau, se retournant vers Kellran, elle dit, pleine d’enthousiasme :

- Alors, c’est quoi le programme maintenant ?!
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Kellran
Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Ven 27 Jan 2012 - 21:21


L'Elfe avait eu parfaitement conscience du moment de pure intimité qui les avait unis, lui et Equina durant quelques brèves secondes. Et ce contact physique électrique, toujours si difficile à défaire une fois créé. Il se rendait compte qu'il redécouvrait son ex-femme comme si une nouvelle page vierge s'était ouverte devant eux ; des impressions toutes neuves, toutes fraîches, qui ne cessaient de crier en lui la force, le charme, l'humour de la guerrière. Kellran avait parfaitement conscience qu'il fallait peu pour qu'il retombe amoureux d'elle comme autrefois, leur passé ne serait alors qu'un terreau où pousseraient de nouvelles racines, fondations d'un arbre plus vigoureux que jamais. Et Kellran s'y refusait, car Equina était la femme de Max. Ce fait, bien que sujet à confusion en l'état actuel des choses, restait indiscutable pour le Fils du Soleil. Tant qu'il n'aurait pas réuni les deux conjoints, ou que ceux-ci ne se seraient pas retrouvés avec ou sans son aide, il ne laisserait aller ni son imagination ni son corps vers des sentiments dont il n'était même pas encore certain. C'est pourquoi il s'éloigna légèrement, préférant mettre une certaine distance entre eux pour éviter les complications indésirables. Equina ne parut pas le remarquer ; elle retourna près de l'étalon et taquina la petite dragonne confortablement juchée sur son dos.

L'Elfe repenserait à ce qu'elle lui avait dit. Avait-il eu envie de combattre également ? Il se sentit satisfait de constater que tel n'était pas le cas.
- Je n'avais aucune envie de le combattre, avoua-t-il. Je ne me bats que pour apprendre à connaître une personne, ou lorsque celle-ci est foncièrement mauvaise.
Il ricana, poursuivant ironiquement :
- Ce que je sais de cet Elfe m'a suffi. Mais s'il décide de mettre ses menaces à exécution, je le tuerai.
Son ton était léger, pourtant cette promesse était bien réelle. Il n'hésiterait pas à tuer quiconque mettrait en danger sa vie ou celle de ses amis. Il haussa les épaules, préférant oublier cette fâcheuse rencontre avec l'Elfe Gardien et les questions qu'il se posait sur la création de ces Alfäkyn Vardens. Au lieu de cela, il se concentra sur la vision qu'il avait d'Equina, caressant le dos de la petite dragonne aux écailles d'or qui se cabrait comme un chaton en ronronnant de satisfaction. Il rit à la remarque de son ancienne épouse, et dut convenir qu'elle avait absolument raison.
- Elle est sage avec toi, précisa-t-il en affichant une moue boudeuse digne d'un gamin. Iliani aussi t'obéissait au doigt et à l'œil, rappelle-toi. Moi, je suis destiné à être le souffre-douleur de ces femelles cruelles !
Il soupira d'un air mélodramatique puis éclata de rire. Il en faisait trop, il le savait, mais il ne pouvait cacher qu'il adorait être entouré de toutes ces femelles sur-protectrices. Cela lui faisait du bien d'être parfois en compagnie de femmes, loin du monde viril et brutal des hommes, et de plaisanter simplement sur de telles situations. Il ne pouvait nier avoir besoin de ce contact féminin qui adoucissait un peu ses journées.
Finalement, la question de savoir quelle activité ils feraient ensuite se posa. Kellran se fendit d'un clignement d'yeux étonné, puis légèrement moqueur. Dans les Terres Lointaines, il avait appris une expression qui convenait parfaitement : « Quand les hommes ne se battent pas, ne se nourrissent pas, et ne dorment pas, il vaut mieux éviter les détails de leurs occupations. »
Kellran ne se battait pas, ne mangeait pas, et ne dormait pas non plus, sa seule occupation à l'heure actuelle était de contempler son premier amour avec des interrogations plein la tête. Sérieusement, son retour en Alagaësia n'avait pas tardé à ramener les complications sur sa pauvre personne.
Il s'approcha de Faral et lui flatta la crinière avant de récupérer sa petite compagne à écailles qui piailla de contentement. Delva étendit ses ailes, prête à prendre son envol, le sourire déjà effrayant qu'elle affichait avait un côté attendrissant qui fit soupirer de plus belle le Dragonnier. Si même les monstrueuses bêtes couvertes d'écailles et capables de dévorer un bœuf comme ils mangeraient une groseille devenaient attendrissantes, il ne lui restait qu'à se taper la tête contre le mur en se maudissant d'être entouré de toutes les beautés d'Alagaësia.
- Tiens-toi tranquille, souffla-t-il à la petite dragonne qui battait des ailes d'un air surexcité en minaudant.
« ... quina ! »
Kellran sursauta. Il avait entendu le mot aussi clairement que s'il l'avait pensé très fort, avec la seule différence que l'intonation ressemblait à la voix d'une jeune fille pleine d'énergie et de bonheur. Il baissa des yeux surpris sur Delva qui le regardait fixement, toujours avec son sourire plein de crocs pointus.
« ... quina ! » répéta la créature en agitant ses ailes. Le Dragonnier secoua la tête de consternation et poussa un grommellement avant de fourrer la dragonne dans les bras de son ex-femme, qui entretemps avait récupéré son arme sans remarquer la surprise de l'Elfe.
- Delva vient de dire ses premiers mots, expliqua-t-il en croisant les bras. Et elle a dit...
« ... QUINA !! »
Le cri mental était tel que tous les deux sentirent leurs oreilles tinter et protester. Même Faral rabattit ses oreilles, dérangé. Delva, toute heureuse de se retrouver dans les bras de la femme Elfe, grimpa le long de son bras en veillant à ne pas planter ses griffes là où il ne fallait pas, pour se percher sur son épaule comme le faisaient les célèbres perroquets des pirates de haute mer, dans les livres. A cette vision peu habituelle, les yeux de Kellran pétillèrent d'un fou rire contenu.
Il se rendit toutefois compte qu'il n'avait pas répondu à la question de son invitée.
- Eh bien, tout d'abord je vais terminer de cultiver mon potager. Après, je préparerai de quoi nourrir la nouvelle protectrice de ma maison et de ma dragonne. Quant à la suite, si tu as une idée, je suis tout ouïe.
Il ne put retenir un sourire cocasse, qui lui aurait valu un regard noir chez bien des gens. Remercier et taquiner une personne dans la même phrase était un don maîtrisé par quelques rares élus.
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Message Sujet: Re: Maison de Kellran | Sam 28 Jan 2012 - 23:02


Equina était rassurée que son ami n’ait pas envie de combattre plus que cela. En même temps, ça se comprenait. Tous les deux avaient passé leur temps à survivre durant ces années d’absence. Elle hocha de la tête, bien d’accord avec lui de ce qu’il pensait de l’Elfe gardien.

- S’il croit pouvoir juger de notre sort comme ça, il se fourre le doigt dans l’œil. C’est plutôt lui qui mériterait une bonne soufflante. C’est quand même dingue d’être effronté à ce point et provoquer deux dragonniers.
Elle leva les yeux au ciel et secoua la tête.

Elle sentit le regard de son ami se poser sur son dos (ou ailleurs …) et lui dit, avec humour, sans se retourner :

- Ca va je ne te dérange pas trop ? Et si tu n’étais pas entouré de toutes ces femmes comme tu dis, ta vie serait bien monotone je pense.


Elle se tourna ensuite vers lui avec un grand sourire taquin dessiné sur ses fines lèvres. Quand il lui fit un clin d’œil, l’elfe fronça les sourcils et lui tira la langue. Elle partit ensuite dans un rire qui résonna dans toute la clairière. Quel drôle d’idées avait son ex-mari ! Mais cela flatta Equina qu’il soit toujours un peu sensible à son charme.

Quand il reprit Delva, la dragonnière s’amusa de voir la petite créature qui semblait déjà bien précoce pour son âge. Equina craqua au même titre que Kellran en voyant le sourire qui laissait apparaître ses petits crocs pointus. La dragonne semblait bien pressée de voler, elle était intenable et son ami avait bien du mal à la tenir dans ses bras.

Quand ce dernier sursauta, Equina se demanda ce qu’il se passait. Elle sonda les alentours, mais rien n’approchait. Elle reporta alors son regard sur Kellran qui, contre toute attente, lui déposa Delva dans les bras. Elle allait lui demander pourquoi il faisait ça quand elle entendit le cri dans sa tête. Elle sursauta fort, manquant de faire tomber la petite créature ailée. L’elfe la regarda, les yeux écarquillés, ayant du mal à digérer l’information. Cela ne semblait pas le moins du monde perturber la dragonne qui grimpa sur son épaule et y resta, bien installée.

Le tableau était comique, Delva en guise de perroquet et une pauvre Equina qui ne comprenait rien à la situation et qui restait là sans bouger, le regard interrogateur. Kellran lui, semblait se retenir terriblement pour ne pas éclater de rire, ajoutant encore plus de confusion à la jeune femme.

- Que … que … quoi ? fit l’elfe en bégayant.

Son ami semblait tout à fait apte à reprendre le cours de la journée tout à fait normalement, mais c’était sans compter sur Equina qui était comme pétrifiée, n’osant plus bouger d’un poil. Elle jeta un regard suppliant à Faral qui s’ébroua. On pouvait voir dans le regard de l’étalon qu’il se moquait grandement de sa cavalière préférée et il décida même de suivre Kellran jusqu’au potager, laissant en plan l’elfe qui balbutia à nouveau :

- Mais … mais qu’est-ce qu’il se passe là ?

Elle jeta un regard inquisiteur à Delva, toujours logée sur son épaule. Celle-ci se contenta de frotter sa petite tête contre la joue de la dragonnière qui poussa un long soupir.

- Bon je fais quoi moi maintenant, hein ?

Un sourire venait d’apparaître sur son visage, réalisant le comique de la situation.

- Kellran, tu ne vas pas t’en tirer comme ça !

Elle commença à marcher pour le rejoindre, la créature dorée parfaitement en équilibre sur son piédestal. Equina commençait même à avoir l’épaule endolorie à cause du poids de Delva qui n’était pas si légère qu’on pouvait le penser.
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