Tenel Ka avait durement regardé son amie quand cette dernière avait exigé que son compagnon accepte de faire modifier sa mémoire en échange de l’aide des résistants. La dragonnière avait cependant souri quand Daror avait accepté en posant comme condition que ce soit elle qui procède à l’effacement des souvenirs. Impressionnée que le jeune épéiste ait pu trouver une parade à son exigence, l’ancienne tavernière ne réussi pas à s’empêcher de se moquer du jeune homme.
Le couple suivi ensuite le dénommé Alaric, commerçant de son état, qui allait leur faire passer les contrôles dans un compartiment secret de sa caravane. Bien que la cachette soit exigüe les deux jeunes gens purent s’y glisser sans trop de difficultés étant donné qu’une telle proximité ne les dérangeait absolument pas. Lors du passage des portes de la ville, l’ex-soldat se crispa légèrement à l’idée de devoir profiter de la négligence de ses alliés. Il ne craignait pas d’être mis en danger, connaissant désormais un peu mieux les capacités de sa compagne.
Le voyage dure plusieurs heures et Tenel Ka se senti gagnée par la somnolence après autant de temps passé dans le noir et en si bonne compagnie. Elle s’éveilla en sursaut quand Alaric ouvrit le compartiment secret. Ils étaient arrivés à destination.

Daror prononça ses premiers mots depuis le départ en remerciant le commerçant. Ce dernier haussa les épaules tout en commençant à servir des choppes de bières à tous les caravaniers.
« Il est un peu tôt pour les remerciements gamin. Je suis tenu de vérifier si tu oublie effectivement comment tu nous as rencontrés mes compagnons et moi. »
Tenel Ka soupira.
« J’ai compris. »
La jeune femme abandonna momentanément l’idée de s’étirer après sa longue immobilité et s’approcha du jeune épéiste avant de lui poser les mains sur les tempes.
« Je vais commencer par sonder ton esprit avant de modifier ta mémoire. Il vaut mieux que je transforme tes souvenirs plutôt que de les effacer totalement, bien qu’un peu illogiques ces souvenirs te sembleront vrais plutôt qu’un trou dans ta mémoire que tu cherchera à combler. Concentre-toi sur tes premiers souvenirs après notre sortie de la taverne où tu m’a rencontrée. »
Tenel Ka projeta son esprit vers celui de Daror et commença par un contact doux, laissant ce dernier se remémorer leur sortie de la taverne et leur fuite sur les toits. Jusque là, rien n’était à modifier car cela ne concernait en rien les résistants.

Puis vient le symbole sur le mur, et là la dragonnière usa de sa magie pour modifier le cours des évènements. Cette fois ce n’était pas le jeune femme qui déchiffrait le sigle mais un jeune garçon au visage noir de suie qui était en train de peindre sur la pierre. Les deux jeunes gens le coursaient jusque dans un quartier inconnu du jeune soldat, les ruelles se confondant dans sa mémoire jusque dans une cave où ils trouvaient des hors-la-loi et que Tenel Ka payait leur passage jusqu’en dehors de la cité. Ensuite un long moment passé dans le noir avant que leur escorte ne les abandonne à une centaine de mètres d’une caravane isolée où la dragonnière venait de leur commander une bière pour célébrer leur sortie de Dras Leona.
Tenel Ka s’apprêtait à refermer la mémoire de Daror quand une autre zone de la mémoire du jeune homme s’imposa à elle. Par réflexe, la jeune femme se remémora son enfance au Palais des Fontaines pour conserver son identité au cœur de la tempête provoquée par l’esprit du jeune épéiste.

L'idée que quelqu'un entre dans sa tête n'était pas au goût du jeune Daror bien au contraire, son esprit était son refuge secret là où personne ne pouvait voir sa vrai personnalité cependant il devait faire un choix et Tenel Ka était celle qu'il aimait et il lui faisant confiance. La jeune femme lui expliqua alors ce qu'elle comptait faire en modifiant certains de ses souvenirs et en posant ses mains sur ses tempes.

*Je te fais confiance mon amour*

Prenant une inspiration, le jeune impérial se sentit bientôt comme dévoré par le néant, ses souvenirs de la fuite de l'auberge restèrent intacte mais ceux qui révélait l'identité et la cachette des rebelles changèrent petit à petit laissant place à de simple hors la loi qui en échange de quelques pièces d'or les aidaient a sortir discrètement de la ville. Bien sûr le jeune homme ne se rendait pas compte du changement et son visage n'exprimait aucune crainte ni aucune souffrance pour ceux qui le regardait d'un point de vue extérieur cependant après quelque instant passé dans l'esprit de Daror, d'autres pensées bien plus persistante vinrent envahir la dragonnière qui n'eut d'autre le choix que d'être spectatrice tout en essayant de sauver son esprit de l'invasion de certaines émotions, elle entendit bientôt la voix de Daror qui résonna dans sa tête. Bien sûr c'était la voix inconsciente de celui-ci...


La dragonnière se retrouva bientôt au milieu d'un village pleine de vie. Les fermiers labouraient leurs champs, les commerçant criaient leurs fabuleuse offre dans le petit marché qui aurait fait rire celui de Dras Léona tellement il était minuscule. Une odeur de pain frais sortait d'un bâtiment annonçant une nouvelle fournée du boulanger mais un bâtiment vint prendre toute son importance tandis que les autres devinrent silencieux.

Famille...

.

Un homme assez musclé s'amusait à faire sauter son enfants dans ses bras tandis qu'une jeune femme rousse avec une robe rouge comme le feu souriant tendrement regardant son enfant heureux.

Vas-y papa! Encore!!

Doucement Daror, ton père à besoin de ses bras.

Le père, la mère et le fils rigolèrent de bon cœur et cette image disparut bien vite avec celle du village ne laissant place qu'a une grande forge où un Daror adolescent s'entrainait à l'épée sous le regard attentif de son père.

Un jour mon fils, tu seras un grand chevalier

Le jeune homme sourit et regarda ses parents avec une lueur dans les yeux.

Je veux vous rendre fier père et mère! Je veux que vous soyez heureux! Je veux pouvoir servir l'empire!!!

La mère du jeune Daror le prit dans ses bras mais soudainement une voix plus forte résonna dans la tête de la dragonnière.

TRISTESSE

La forge a disparut laissant place à une maison en ruine, des cris de femmes, d'enfants et d'homme envahissent les tympans de l'amante de Daror. Le feu est partout sur les bâtiments, des rires se répercutent alors qu'on entend les femmes crier leurs refus de viol ou de voir leurs maris et leurs enfants tomber à terre la gorge tranchée.

Non mon amour!!!

Les cris cessent et le décor laisse place à une tout autre scène, la mère de Daror est beaucoup plus vielle et se retrouve encerclée par 5 individus armés jusqu'aux dents et son mari est retenu par l'un deux.

Arrête avec tes sorts sorcière ou ton mari souffrira milles fois plus en se vidant petit à petit de son sang!

La jeune femme dont un cadavre calciné se trouvaient à cause d'elle, laisse tomber ses bras le long de son corps et les hommes s'emparent d'elle.

SOLITUDE

La dernière vision montre le jeune Daror a genoux devant deux tombes. Les tombes sont celles de ses parents et une fleur se trouvent sur chacune d'elle. Les larmes perle le long de ses joues tandis que ses poings sont tellement serré qu'ils sont en sang.

Je n'étais pas là papa, maman..... J'aurais pu vous sauver au lieu de simplement entendre ce qui s'est passé de la bouche d'un survivant!!!

Le jeune Daror se relève regardant au loin vers l'horizon, continuant de pleurer, il plonge le regard ensuite sur l'écriture des pierres tombales.

Je jure sur vos tombes que je vous vengerait, je deviendrais un grand soldat, je te promet papa.

Regardant ensuite la tombe de sa mère.

J'aurais dû écouté tes conseils sur l'ancien langage maman mais même si je ne pourrais pas les brûlés, je trancherais la tête de ces bandits je te le jure!

La vision prit fin et Daror revint soudainement à lui et regarda Tenel Ka, il sentant les souvenirs de ses parents et son visage s'assombrit. Que s'était-il passé? Il se souvenait juste avoir payé les hors la loi puis c'était le trou noir.

Quel mal de tête.....mon amour? Qu'est ce qui ne va pas?

Ayant dressé ses propres défenses mentales, Tenel Ka assista au déferlement des souvenirs de son amant. Les émotions brutes qui transparaissaient de l’esprit du jeune homme rendaient plus importantes encore les scènes que la dragonnière voyait défiler. Il s’agissait probablement des moments les plus importants de la vie de l’ancien soldat, de ceux qui avaient forgés son caractère. La jeune femme resta prudemment en retrait, simple spectatrice de ces évènements fondamentaux de l’existence de Daror.
Tout d’abord un village isolé débordant de vie et de convivialité, lieu de naissance du jeune homme puis ses parents, tous deux fiers de leur fils. Une famille unie qui rappelait à la jeune femme ses liens avec sa propre famille. Tenel Ka découvrait la raison de l’attachement du jeune épéiste aux armes et sa dévotion envers l’Empire.
Puis les ténèbres, le village joyeux du début réduit en ruines, ses habitants tués, les femmes violées et de nombreuses existences détruites par la convoitise de quelques bandits. Le cœur serré par l’angoisse, la dragonnière du se maitriser pour ne pas interférer dans ce souvenir où la mère de Daror se faisait maltraiter, la menace pesant sur son époux lui faisant renoncer à user de ses dons de magicienne.
Une clairière isolée où se dressait deux tombes. Daror se tenait devant les sépultures, des larmes inondant son visage et les poings en sang. Il promettait en mémoire de ses parents de venger leur mort et d’entrer dans l’armée du Saint Empire Léonien.

La vision se discipait lentement mais la boule qui se formait au niveau de son estomac coupait le souffle de la dragonnière. Daror avait parfaitement réussi à traquer les bandits responsables de la disparition de ses propres et il était entré dans l’armée. Il était en bonne voie pour devenir un bon chevalier et atteindre son objectif. Seulement en chemin il avait croisé deux dragonnier et un magicien. Depuis le détour qu’ils lui avaient imposé l’éloignait de plus en plus de son but initial. A présent considéré comme un paria par ses pairs et toujours comme un ennemi par ses adversaires, le jeune homme n’avait que peu d’options.
Tout cela en grande partie à cause d’une seule personne et Tenel Ka savait quelle était sa part de responsabilités dans tout ça. Elle était consciente de l’importance de l’Empire dans la vie de son amant mais n’en avait encore pas mesuré l’étendue. Désormais avec les souvenirs qui avaient transparus de ce contact mental elle savait exactement à quoi s’en tenir.
La voix de Daror la ramena vers le temps présent. Ne répondant pas immédiatement, Tenel Ka accepta la chope de bière tendue par Alaric qui la fixait d’un regard interrogateur. Se raclant la gorge, elle demanda:
« Quels sont tes derniers souvenirs mon amour? »
Surpris Daror réfléchi un moment avant de lui parler de l’échange de pièces d’or et du transport incertain. Acquiessant, la dragonnière compléta le mensonge qu’elle avait créé en expliquant qu’ils avaient dû marcher jusqu’à cette caravane et que le voyage les avaient déshydratés. L’air satisfait du marchant n’échappa pas à l’œil de la dragonnière qui le foudroya du regard.
*Tu n’a pas idée de ce qui je viens de découvrir en un homme en qui j’ai une confiance totale et à qui je dois désormais mentir. Alors ne fait aucune remarque.*
Un frisson terrifié parcouru le dos du marchand qui réussi à garder une expression affable devant le jeune soldat qui venait de renoncer à une partie de sa mémoire.

Toujours génée et silencieuse, Tenel Ka pris le plus rapidement congé de leur escorte et tenta de se repérer. Le paysage de plus en plus aride ne l’aidant pas, elle se concentra et perçu très rapidement un écho vers l’Est. Surprise, la dragonnière projeta sa magie dans cette direction et identifia un des artéfacts qu’elle avait laissé à des personnes de confiance des années plus tôt.
Se tournant vers Daror, elle lui dit:
« Nous sommes déjà à la limite du désert du Hadarac. Il y a plusieurs tribus nomades ici et il se trouve qu’un de mes anciens élèves m’avait fait passé une épreuve qui a fait de moi, le chef de la tribu du Phénix. Je leur ai laissé un cristal chargé de mon essnce magique afin qu’ils puissent me contacter en cas de problèmes ou que je puiss les retrouver. Ils sont à une dizaine de kilomètres dans cette direction. Nous y serons en sécurité.»
La jeune femme tendis son bras vers l’Est.
« Je t’avais promis une leçon d’escrime je crois? »
Ajouta-t-elle en commençant à marcher dans la direction de la tribu. Une heure plus tard, les cris et les rires des enfants de la tribu du Phénix atteignaient déjà leurs oreilles.

Quand Tenel Ka lui demanda ce dont il se rappelait, la question lui parue bizarre. Peut-être s'était-il cogné lors de son voyage et il passa une main sur son cou et sa tête mais ne sentit rien.

*Cela ne peut être ça, sûrement le choc*

En effet il avait toujours un peu de mal à digéré le fait d'être maintenant un paria, un homme recherché alors qu'il avait fait tout pour l'empire. Décidant que cela ne servait à rien de s'énerver ainsi, il décida de répondre à Tenel Ka en fouillant dans sa mémoire.

Je me rappelle quand nous sommes tombés sur ce petit garçon et puis comment nous sommes sortis de la capitale contre de l'or puis nous sommes arrivés ici après avoir été abandonné très rapidement.

L'impérial vit le marchand servir une bière à sa compagne et celui-ci perdre soudainement son sourire. Le jeune homme n'en commanda pas, il n'avait pas le cœur a boire ni même à manger ils étaient sauvés oui bien sûr mais même si il avait trouvé l'amour de sa vie, cela ne serait plus jamais pareil, il ne pouvait plus qu'espérer un miracle ou alors peut être devenir forgeron comme l'était son père et épouser Tenel Ka pour élever ensemble une famille.

*Je ne me vois pas marcher sur tes traces papa, mon amour n'est pas non plus ce genre de femme, seul l'impératrice à le pouvoir de me rendre à la vie militaire*

Daror dût cependant se rendre à l'évidence, la chaleur était éreintante et il dû finir par boire une gorgée de bière pour se réhydratée surtout que le voyage les avaient bien assoiffés également. Après quelque instant, ils prirent congé du marchand et l'ex-soldat suivit la jeune femme vers l'Est. Alors qu'il marchait en la regardant, il ne put s'empêcher de penser.

*Si elle n'avait pas été là, je ne serais sûrement plus de ce monde *

Elle lui avait sauvé la vie en lui donnant une nouvelle raison de vivre mais surtout en l'ayant sauvé des patrouilles impériales de la capitale. Il la vit ensuite se retourner pour lui expliquait qu'ils allaient très bientôt rentrer dans le désert du Hadarac ce qui n'était pas Daror vu le paysage désertique qui apparaissaient au fur et à mesure qu'ils se dirigeait vers l'Est. Cependant il fut surpris quand elle lui parla de la tribu du Phoenix, il avait bien sûr entendu parler des différentes tribus peuplant le désert mais n'en avait jamais vue de lui même.

En espérant qu'ils aiment les impériaux....enfin ex...impériaux...

Quand la dragonnière lui reparla de sa proposition à l'escrime, cela soulagea un peu son cœur, le combat était une façon pour lui d'évacuer son stress et le fait de combattre avec son amante serait doublement bénéfique.

J'ai hâte d'en apprendre plus sur ton maniement des épées mon amour.

Il sourit légèrement à sa compagne pour au moins la rassurée car elle devait sans doute être très inquiète, voila pourquoi elle avait affichée un tel regard après ce petit trou noir. Ils continuèrent à marcher et après un moment ils arrivèrent dans la fameuse tribu du Phoenix. L'impérial regardait les hommes et femmes dont l'habillement montrait qu'ils étaient parfaitement adapté aux conditions désertique du Hadarac. Bien sûr beaucoup le regardèrent avec méfiance car il n'était qu'un étranger à leurs yeux mais quand ils virent Tenel Ka, beaucoup s'approchèrent d'elle avec joie et bonne humeur en oubliant totalement la présence du soldat impérial.

*Même dans des conditions pareils, ils arrivent a être heureux, l'espoir n'est jamais totalement éteint*

Daror resta sur le second rôle, il ne voulait rien dire ou faire qui serait mal interprété et il ne connaissait pas leurs coutumes, il faisait a nouveau entièrement confiance à sa compagne pour leur demander de l'aide et puis il avait toujours ce mal de tête, il posa même deux doigts sur le côté droit de son front et le massa.

*Ca doit être la chaleur...*

Apercevant les premier membres de la tribu du Phénix, Tenel Ka leur fit signe en faisant bien attention d'user du code en vigueur dans cette tribu. La jeune femme ne fut pas immédiatement reconnue par le premier éclairer, confusion parfaitement compréhensible étant donné qu'elle était encore rousse lors de sa dernière visite. Le malentendu fut rapidement dissipé et les deux jeunes conduits vers une tente sombre ornée de l’oiseau de feu représentant ce peuple. Tenel Ka souri en reconnaissant l’armure noie complète ornée du Phénix qui trônait au centre de la tente. Cette armure était réservée à tous les chefs du clan et elle avait déjà eut l’honneur de la revêtir.
Après quelques questions de logistique et un repas frugal, une des femmes apporta au couple de vêtements du désert aux couleurs de la tribu. Ainsi ils passeraient inaperçus. Le crépulscule approchant, Tenel Ka fit signe à son amant de la rejoindre et ils se plaçèrent au centre du village nomade. La leçon d’escrime allait commencer.