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Pour un horizon fait d'or [Yasi]

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Mélusine Personne


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Mélusine Personne
Message Sujet: Pour un horizon fait d'or [Yasi] | Jeu 22 Jan 2015 - 0:23


Le soleil dardait ses impitoyables rayons sur le sable doré et la chaleur troublait l'horizon. L'atmosphère était chaude et étouffante mais ce n'était de là que venait l'étrange chaleur qui avait envahie les tripes de Mélusine. Elle avait comme l'impression d'avoir bu, l'alcool l'ayant réchauffée de l'intérieur pour la laisser euphorique et confuse. Elle était ivre. Ivre non pas de bonheur mais de quelque chose de plus vague et de bien moins évanescent. Les prunelles bleues de la jeune femme contemplaient le dragon d'un or pâle comme l'on contemple un horizon nouveau. Elle se sentait comme plongée dans les profondeurs d'un lac, incapable de faire plus qu'en deviner les berges. Mais elle n'y était pas seule. Il était avec elle. À jamais. Cela elle le sentait, elle le savait tout comme elle savait qu'il ne la laisserait jamais tomber ou qu'elle mourait pour lui. Il était sien, elle était sienne. Mais il leur fallait partir et sans tarder. Elle lui avait dit de ne pas tuer ses anciens compagnons et il avait compris. Il avait compris. Ses mots, ses gestes, son ton ou même ses sentiments ? Il n'avait pas obéit, non, il avait respecté sa volonté et la nuance était grande. L'urgence de mettre de la distance entre ce champ de bataille et eux la gagna et aussitôt elle se mit à courir. Quelques secondes le dragon couru après elle dans un galop maladroit qui suscita son étonnement avant de bondir, la saisissant entre ses griffes pour prendre son envol.

Agissant pour la première fois de sa vie avec irénisme, elle laissa sa mâchoire béer silencieusement de stupéfaction en sentant le sable se dérober sous ses pieds mais ne se débattit pas. Le reptile pris de l'altitude avec indolence tandis que le cœur de Mélusine restait à terre. Durant quelques secondes, elle eut la sensation de chuter et pourtant elle s'élevait. Jetant des regards par dessus son épaule, elle tenta en vain de jeter un regard au groupe de survivants. Une chape de plomb s'abattit alors sur son ivresse : plus jamais sa vie ne serait la même. Rien ne durait éternellement, c'était un fait et elle y avait toujours été préparée. Qu'importe la poudre aux yeux qu'elle s'était elle-même lancée, elle n'avait jamais été Sibylle et elle savait que tôt ou tard sa mission aurait pris fin. Que ce soit maintenant était même une bonne chose : la trahison n'aurait été que plus douloureuse en survenant plus tard. Levant les yeux elle observa du dessous celui qui venait de tourner une page de sa vie. Une pointe de rancune naquit dans sa poitrine et mourut tout aussi vite, dévorée par un lien inextinguible. Autour d'eux le désert s'étendait à l'infini, immuablement vallonné par les dunes qui se dressaient contre le vent. Le soleil jouait sur ces reliefs, offrant des lueurs jaspées à certain ou l’apparence d'or en fusion pour d'autres, contrastant superbement avec le ciel, aussi uni que le désert était moiré. Jamais le Hadarac ne lui avait paru si beau. Une beauté pernicieuse : combien d'errant avaient perdus la vie, incapable d'arriver au bout de cette infinité ? Soudainement dérangée à l'idée de s'enfoncer plus encore dans ce royaume de sable, elle se tortilla et héla le dragon par dessus le vent :

'' Jusqu'où est-ce que tu m'amènes comme ça ? ''

Un instant elle se sentit bête. Elle espérait.. une réponse ? Elle savait que dragons et dragonniers communiquaient mais il y maintes façon de le faire. Dragonnier.. le mot sonna bizarrement dans son esprit alors qu'elle essayait de le faire sien. Comme tous les enfants elle en avait rêvé mais c'était quelque chose qu'elle avait abandonné depuis tant d'années. En quelques secondes elle réalisa à partir du peu qu'elle savait (ou croyait savoir) tout ce que cela représentait. Elle venait de devenir coupable de haute trahison envers les Premiers Hommes, devenait l'ennemie des Umettelig Jeger et les portes de l'éternité s'ouvraient à elle, à eux. Elle allait devoir avoir une sérieuse discussion avec la Cam Serarna. Mais et tout le reste ? Est-ce qu'ils avaient.. une mission bien précise ? Pourquoi elle, une menteuse, une traîtresse, une infiltrée ? Un instant elle songea qu'elle n'était en rien le candidat idéal puis elle réalisa que l'ancienne compagnie de la créature ailée était un stryge. Une créature issue de la corruption. C'était donc à ça qu'elle était semblable ? À la corruption ? Quelques secondes à peine lui suffirent à tout nier en bloc. Elle n'avait rien à voir avec cette gangrène. Il avait lui-même achevée la stryge. Pourquoi ? Parce que leur nouveau lien avait fait de cette chose un fardeau ? Pour la protéger, elle ? Tout était confus et soudain elle sentit comme un malaise enfler en elle. Mais dans quel bordel venait-elle de tomber ?
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Yasiphraël


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Yasiphraël
Message Sujet: Re: Pour un horizon fait d'or [Yasi] | Ven 30 Jan 2015 - 22:38


Un râlement rauque s'échappait d'une gueule ensanglantée d'où naissait une multitude de gouttelettes de sang telles une pluie sanglante. Le liquide rouge profond qui s'écoulait dans les interstices des écailles contrastait avec les plaques d'or qui recouvraient le dragon. Son corps lui semblait aussi brûlant que le sable qui s'étendait à perte de vue. Ses prunelles restaient fixés sur le cadavre de la Stryge, celle qui l'avait corrompu depuis près d'une année. Bien qu'elle soit morte, sa rage ne s'estompait point, continuant de faire bouillir son sang dans ses veines, d'assombrir son esprit d'une façon bien plus perverse que la corruption. Au contraire dès qu'il la regardait son ire s'intensifiait. Les muscles de sa patte se crispèrent, enfonçant ses griffes plus profondément dans le buste du corps décapité. Il aurait pu rester ainsi pendant des jours durant à regarder ce cadavre, à laisser sa rage s'apaiser puis s'intensifier. Cependant, une lueur dans son esprit l'en empêcha. Bien plus qu'une lueur, c'était un véritable feu de joie qui embrasait une partie de son être, mais d'une façon positive. Cette clarté qui se diffusait en lui, ébréchant le voile rouge de ses sentiments, ne venait pas de son propre esprit, mais d'un tout autre. C'était cet esprit si intimement lié qui l'éloignait d'ici.

Il extirpa sa patte du cadavre dans un bruit spongieux et recula. Puis, ouvrant la gueule, il laissa un torrent de flammes s'emparer du corps sans vie et le faire disparaître à tout jamais. Son calme retrouvé, les bruits du combat lui parvenaient à présent. Sa nouvelle dragonnière était au prise avec ses anciens compagnons. Ceux-là ne semblaient pas être du même acabit que les hommes qui avaient essuyé ses flammes comme s'il s'était seulement agit de simples étincelles. Les tuer ne devrait pas être bien compliqué. Alors qu'il s'apprêtait à les charger, un sentiment étrange s'insinua en lui, provenant de cet autre esprit qui ne faisait plus qu'un avec le sien. Plus qu'un sentiment étrange, c'était une idée, une notion. La mort n'était pas permise, vivants ils devraient rester. Alors que celle-ci s'estompait une deuxième fit irruption. La fuite. S'enfuir ici, loin de ses anciens compagnons qu'elle ne voulait pas blesser.

D'une course pataude, il se rapprocha de l'humaine, puis enfonça ses griffes dans le col de son armure. Prenant alors appui sur ses pattes arrières, il prit son essor d'un battement puissant des ailes. Quelques battements plus tard et le dragon et son passager étaient hors de portée. Son vol fut d'abord irrégulier, la présence d'un poids dans sa patte avant droite le déséquilibrait et il avait du mal à voler avec son aisance habituelle. Mais cet inconfort ne fut que de courte durée, son vol se fit de plus en plus régulier. Plus régulier son vol se faisait, plus une sensation grisante due au vol se faisait ressentir. C'était la première fois qu'il volait de son propre chef, en ressentant chaque parcelle de son corps. Le soleil qui chauffait ses écailles, le vent qui venait le chatouiller.

- Jusqu'où est-ce que tu m'amènes comme ça ?

La question le ramena subitement à la réalité. Elle lui fit aussi prendre conscience qu'il dérivait légèrement. Le commun des mortels ne pourrait pas se repérer dans cette étendue sableuse et infini, mais ce trajet avait été encré en lui des dizaines et des dizaines de fois si bien qu'il savait se repérer pour se rendre à cette petite oasis. Il ne prit pas la peine de répondre à la question de sa dragonnière et laissa le bruit du vent fouetté par ses ailes le faire pour lui. Elle ne devrait patienter que quelques minutes supplémentaires pour voir se dessiner sa réponse à l'horizon. Finalement la petite oasis fit son apparition sur la ligne d'horizon, petite étendue d'eau perdue dans ce décor doré. Aussitôt, Yasiphraël diminua la cadence de ses battements d'ailes, diminuant ainsi sa vitesse afin de s'approcher doucement. Un sentiment de malaise enflait en lui à mesure que la distance qui le séparait de la petite maison s'amenuisait. Un sentiment si fort qu'il aurait pu à tout moment faire demi-tour et partir à tire d'aile. Cependant, c'était signer leur perte. Il avait faim et sans doute elle aussi. Or le ventre vide, impossible de parcourir de grandes distances et d'échapper à ce cimetière de sable. Étendant ses ailes, il se laissa doucement descendre en formant des cercles concentriques autour de la zone de l'oasis. Puis, arrivé à deux trois mètres du sol, il desserra sa prise sur l'armure de sa dragonnière et la laissa tomber dans le sol afin de pouvoir atterrir sans la blesser.

- Les vivres ont été fait récemment. Tu devrais trouver de quoi manger facilement, lui indiqua-t-il en s'insinuant dans son esprit.


Dernière édition par Yasiphraël le Ven 22 Mai 2015 - 14:59, édité 3 fois
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Mélusine Personne


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Mélusine Personne
Message Sujet: Re: Pour un horizon fait d'or [Yasi] | Ven 22 Mai 2015 - 1:43


Le vent hurlait à ses oreilles au rythme des saccades des ailes du dragon. Le soleil brûlant traversait la fine membrane, dessinant le réseau veineux par transparence. C'était comme une toile de cuir vivant, immense et de la couleur des blés. Éclat de saphir dans son écrin doré, l'oasis lui apparue nette et splendide tant elle mit de temps à la remarquer, perdue dans la contemplation du dragon. Instantanément elle sut que ce ne pouvait être que leur destination. C'était un îlot de vie dans cette sablonneuse beauté mortelle où ils s'enfonçaient toujours plus. Le vol du dragon se faisait plus archaïque, signe que la fatigue devait se faire sentir. En approchant il ralenti comme prêt à planer et tout aussi doucement qu'il ralentissait elle senti une sensation de malaise s'insinuer pernicieusement en elle sans qu'elle ne puisse ni la chasser ni en comprendre l'origine. C'était comme des tentacules répugnante s'infiltrant dans son esprit, descendant dans sa gorge et retournant son estomac. C'était plus que de la corruption. C'était de la peur. Une peur extérieure à elle et s'invitant dans sa tête. C'était la peur du dragon. De son dragon rectifia une petite voix dans sa tête.

Mélusine fronça les sourcils en se demandant d'où pouvait provenir cette peur. Une seule hypothèse ; il était déjà venu ici, avec la stryge. Il effectuait de doux cercle pour amorcer leur descente et à l'instant même où elle ouvrit la bouche en se demandant comment il allait atterrir tout en la tenant, elle se sentit chuter comme une pierre. Une demie-seconde lui fut nécessaire pour comprendre ; il l'avait lâchée. Elle n'eut pas même le temps d'hurler que déjà elle sentit ses bottes de métal s'enfoncer dans le sable et la douleur remonter le long de ses jambes jusqu'à faire vibrer sa colonne alors qu'elle chutait en avant avec un hoquet. Debout d'un bond malgré la douleur elle fronça le nez en sentant ses genoux protester mais elle ne campa pas, les jambes fermement ancrées dans le sable alors qu'elle racla sa gorge pour cracher le sable qui avait envahit sa bouche. Tête penchée sur le côté elle observa le dragon qui se posait, sourcils froncés devant ce semblant d'agression. Avec un sourire mi-figue mi-raisin elle se dit que ce n'était pas si mal pour un premier atterrissage.  Enfin elle regarda autour. Les lieux ressemblaient à un campement toujours habité, comme si quelqu'un allait sortir de la tente soigneusement fermée pour éviter l'entrée de sable, alerté par le bruit qu'ils avaient fait. Mais personne ne vint. Elle avait donc eut raison de croire que lui et la stryge avait vécu ici.

Mais elle n'était plus et cela faisait presque de cet endroit leur nouvelle cachette. Pour la première fois elle prit vraiment le temps de l'observer. Grand comme un cheval doré et d'un or terne il semblait aussi perdu qu'elle. Svelte ou maigre, il paraissait plus agile que maigre avec sa musculature allongée. Son regard couru sur les épines dorsale, fine et acérées. Avec un sourire de requin elle imagina un autre dragon s'y blesser en tentant de mordre le reptile doré.

Les vivres ont été fait récemment. Tu devrais trouver de quoi manger facilement

Dans sa tête. Sans hésiter une seconde elle sut que c'était lui qui lui parlait. Parfaitement intelligible. C'était donc comme cela que dragon et dragonnier communiquait. La sensation était... étrange. C'était une douce pression exercée sur son esprit, presque réconfortante. Une sensation de chaleur se répandit en elle mais comme plus tôt elle avait ressentit sa peur, elle sentit cette fois sa fatigue comme si c'était la sienne. Timidement elle s'approcha, veillant à ne pas caresser la lame de son espadon du doigt comme elle pouvait le faire presque inconsciemment en cas de tension.

''Ça fait beaucoup en une journée hein ? Viens-là, on va te débarrasser de cette vilaine selle.''

Tout doucement elle leva la main… pour voir le dragon se redresser et arquer son long cou dans un mouvement à la fois gracieux et réticent, son œil à demi-ouvert respirant déjà le sommeil.

''Je n'ai pas besoin que l'on s'occupe de moi, la selle ne me dérange pas. Du moins pour l'instant. ''

En une seule seconde elle se figea, ouvrit et referma la bouche et recommença. La voix avait résonné dans sa tête, claire et grave mais emprunte de lassitude. Un sourire ironique et narquois fit son apparition. Ils étaient au milieu de désert, chacun venait de donner une grande claque à son ancienne vie et il déclarait qu'il n'avait pas besoin qu'on s'occupe de lui. Et il comptait faire quoi ? Porter ce truc comme une ceinture et elle même allait rentrer à pieds ? Ce n'était pas comme ça que ça allait marcher. Roulant des yeux et prenant une grande inspiration elle marcha vers la créature doré, ralentissant à peine en approchant, elle se dit un instant qu'elle devait être folle. Saisissant la sangle de la selle, elle la défit doucement avant de soulever le corps de la selle-même pour le laisser retomber de l'autre côté. Après une nouvelle hésitation, elle défit son gant et approcha doucement sa main du flanc du dragon. Ses doigts légèrement tremblants effleurèrent les écailles étroitement unies, plus précises et gracieuse que la plus fine des côtes de maille. Elles étaient chaudes et parfaitement lisses sous la fine couche de poussières et de sable, leur union créant un doux relief.

N'insistant pas elle s'écarta pour retirer toute son armure avec lassitude et essaya de faire le point. Sa couverture était foutue. Définitivement. Elle venait de devenir une ennemie aux yeux de tous les Premiers Hommes. Les Umettelig Jeger aussi, accessoirement. Il allait falloir qu'elle retrouve la Cam Serarna. Mais pas de suite. Il fallait qu'elle mange, qu'elle dorme et surtout qu'elle discute avec  le dragon. Avec son dragon. Le plus discrètement possible elle fouina et trouva de quoi faire du feu. Les nuits désertiques son froides et déjà le soleil décliné. S'immobilisant elle admira une fois encore l'étendue désertique. La lumière plus orangée que jaune avait changée et le paysage lui même en semblait transformé. Reprenant sa besogne ,elle fit un petit tas de bois qu'elle entreprit d'allumer. Elle rit doucement d'avoir du mal à l'allumer. Elle avait des difficultés à allumer un feu alors qu'elle avait un dragon sous la patte. Se sentant gagnée par la lassitude elle sélectionna négligemment son repas du soir dans l'ancienne réserve de la stryge et sorti les couvertures de la tente pour s’emmitoufler face aux flemmes. Hagarde, elle les fixait lécher le bois et même le sable dans leur cruelle voracité. Elle avait tout perdu. Tout. Pour la troisième fois. Doucement elle tourna la tête vers la forme endormie. Restait à savoir ce qu'elle avait gagné.
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Yasiphraël


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Yasiphraël
Message Sujet: Re: Pour un horizon fait d'or [Yasi] | Ven 22 Mai 2015 - 14:59


Au moment même où il terminait sa phrase ses pattes s'enfoncèrent dans le sable doré et il replia lentement ses ailes le long de ses flancs. Ses muscles dorsaux commençaient à rugir doucement, lui indiquant qu'une distance plus grande n'aurait pu être couverte. Il soupira intérieurement. Il était fatigué, las de cette journée où trop de choses étaient arrivées en tellement peu de temps. Son regard doré se posa sur la jeune femme. Il avait troqué une stryge manipulatrice et dominatrice contre elle, sa nouvelle dragonnière. Que valait-elle ? Peut-être était-elle pire que la stryge ... non ... Ce n'était pas possible. Il réfréna un bâillement à s'en décrocher la mâchoire et il s'allongea dans le sable, ses écailles se fondant parfaitement avec la couleur du sable si bien qu'on aurait presque pu le confondre avec une simple dune de sable. Un bruit le sortit de l'état léthargique dans lequel il avait subitement plongé. Quelqu'un marchait vers lui.

- Ça fait beaucoup en une journée hein ? Viens-là, on va te débarrasser de cette vilaine selle.

Il ne fut pas surpris d'entendre sa voix après tout ils n'étaient que deux, perdus dans cette immensité dorée qui d'autre aurait pu être là. Daignant soulever lentement ses paupières il posa son regard endormi sur sa dragonnière. La main tendue vers lui, elle s'approchait timidement comme si elle avait peur qu'un geste brusque ne l'effraye.

- Je n'ai pas besoin que l'on s'occupe de moi, la selle ne me dérange pas. Du moins pour l'instant.

Il laissa sa tête retomber dans le sable soulevant un petit nuage doré autour de la zone d'impact et il regagna sa léthargie. Les bruits de pas ne lui indiquèrent cependant pas que la personne s'éloignait bien au contraire celle-ci semblait continuer son chemin vers lui, engloutissant les derniers mètres qui les séparaient en quelques pas. Il savait ce que sa dragonnière allait faire, il s'en doutait. Mais il n'avait pas la force de la contredire de nouveau, la fatigue enchaînait son corps, l'empêchant de se mouvoir et le sommeil abrutissait son esprit bientôt il ne serait plus capable de penser, juste de ressentir. Il entendit les sangles de la selle se défaire puis cette dernière glisser le long de son dos pour terminer sa course sur le sable dans un bruit feutré. Les doigts de sa dragonnière se posèrent sur son flanc, goûtant le toucher particulier de ses écailles. C'était un contact inhabituel: la stryge ne l'avait pas habitué à ça. C'était chaud, bienveillant ... humain. Il perdit alors conscience s'enfonçant dans les affres du sommeil, vacillant entre rêve et réalité.

Il se revoyait quelques heures plus tôt, refermer ses mâchoires sur le visage de sa geolière, éteindre les dernières étincelles de vie dans un feu de joie. Il avait été l'instigateur de sa propre liberté même si on lui avait donné un sacré coup de pouce. Cependant, malgré le fait qu'il n'était plus sous l'emprise mental de la stryge il sentait encore la sombre corruption qu'elle avait lentement distillée en lui pour l'assouvir. Un coin de son esprit, empli de corruption, se terrait au fond de lui, cherchant lentement à reprendre le contrôle de son esprit, à le faire sombrer dans la folie. L'idée d'être de nouveau qu'un simple réceptacle de la corruption le fit frissonner. S'extirpant du sommeil, il ouvrit les yeux et jeta un regard sur les alentours du camp de fortune. Il repéra aussitôt sa dragonnière emmitouflée dans des couvertures toute proche d'un feu mourant dont il ne restera bientôt plus que des charbons incandescents. Alors que les chaînes de la fatigues se brisèrent, Yasiphraël se leva et se dirigea vers l'ancienne maison d'un pas lourd, réveillant au passage sa dragonnière. Sans un regard pour elle il lui envoya mentalement la faim qui le dévorait et continua son chemin jusqu'à disparaître derrière la maison. Là, sur un sol rudimentaire fait de simples planches posées à même le sable, trônait une carcasse. Le peu de viande restant ne suffirait qu'à éteindre le feu dévorant de sa faim pour la nuit, il ne resterait plus de viande pour le prochain repas. Méticuleusement, il nettoya chacun des os puis les brisa pour en extirper la moelle onctueuse. À mesure que la carcasse diminuait, la faim qui l'assaillait s'estompa aussi. Il engloutit chaque os, chaque miette puis une fois sûr qu'il ne restait plus de nourriture il se dirigea vers l'oasis. Son museau s'engouffra dans l'eau glacée et il en prit de longues lampées, étanchant sa soif. Sa soif et sa faim à présent assouvies, il pouvait de nouveau s'offrir à Morphée.

Alors qu'il se dirigeait vers sa couche – c'est-à-dire la forme de son corps laissée dans le sable – le feu mourant avait succombé et seuls de légères braises tenaient chaud à sa dragonnière qui peinait à se rendormir dans le froid de la nuit. S'approchant, il s'installa à ses côtés et offrit son flanc chauffé par le feu qui brûlait en lui à sa dragonnière. Puis il déplia son aile et la recouvrit, lui offrant un abri chauffé à l'abri du froid glacial des nuits désertiques.

- Demain matin nous devrons quitter cet endroit, nous ne pouvons y rester plus longtemps.

- Et pourquoi ?

- Il y a peut-être assez de nourriture pour toi, mais je ne peux en dire autant pour moi...

Puis il s'endormit de nouveau. Demain, à l'aube, ils partiraient vers de nouveaux horizons.
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Mélusine Personne


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Mélusine Personne
Message Sujet: Re: Pour un horizon fait d'or [Yasi] | Lun 21 Sep 2015 - 1:55


La bouche pâteuse et des rêves dansant encore devant ses paupières, la guerrière se réveilla en entendant un son inconnu. Les années d'errance et de méfiance lui avait enseigné à ouvrir l’œil : aucun élément nouveau n'était sûr. Un chuintement, doux son de frottement contre le sable. Se tournant d'un mouvement, ses sens plus vifs que son esprit, elle vit le dragon doré. À la seconde où elle allait se demander pourquoi il se levait alors que l'aurore était encore loin, la faim tordit son estomac et le froid de la nuit la saisit. En se tournant vers les braises mourantes de son feu de camp elle réalisa comme une nuance subtile entre les deux sensations. La faim qui la rongeait était plus sourde, comme étouffée alors que le froid était vif, courant sur sa peau comme un nuisible désireux de remonter le long de sa colonne pour s'insérer sous son crâne. Suivant une forme d'instinct elle se tourna doucement vers le reptile qui se repaissait d'une carcasse. Elle sentait sa faim s'apaiser. Sa faim à lui. Un violent frisson qui n'avait rien à voir avec le froid la parcouru. Les frontières entre leurs deux consciences étaient floues, se mêlant par endroit, s'écartant à d'autres.

Perdue dans ses pensées elle contempla la noble créature s'abreuver. La lueur de la lune donnait une teinte surnaturelle à ses écailles et le reflet renvoyé par l'eau troublée de l'oasis semblait venir d'un autre monde. Déboussolée, elle se laissa choir sur le côté, resserrant sa couverture autour d'elle, tachant d'ignorer le froid mordant. L'épuisement résonnait dans chacune de ses cellules, mais elle ne redoutait que l'avenir dans l'immédiat : son dragon veillerait sur elle. Elle rouvrit doucement les yeux en le sentant s'approcher d'elle. Un nuage de poussière s'éparpilla mollement quand il se posa dans le sable contre elle. Incapable de s'empêcher de sourire comme une enfant à laquelle un animal sauvage accorde une faveur, elle s'approcha timidement et se blottit contre le flanc chaud de son nouveau compagnon, le caressant pensivement et sans vraiment réaliser l'ampleur de son geste. Il lui était venu naturellement et le contact dans sa paume lui semblait pourtant terriblement intime. C'était très différent de quand elle avait dé-sanglée la selle… plus consenti. Un échange.

Il tendit une aile par dessus sa tête lui construisant un abris étrange. Les étoiles volées à ses yeux elle admira les marbrures du cuir parcheminé. Il lui semblait pouvoir distinguer quelques artères ou veines courant sous la peau et se rattacher sous l'arrête osseuse à laquelle elle était accrochée. La tiédeur de son habitacle et le contact dans son dos lui inspira un sentiment de bien être qui la chavira. Elle était chez elle. Chez elle au milieu de nulle part. Chez elle tant qu'il y aurait ce souffle lent et calme à ses côtés.


- Demain matin nous devrons quitter cet endroit, nous ne pouvons y rester plus longtemps.
- Et pourquoi ?
- Il y a peut-être assez de nourriture pour toi, mais je ne peux en dire autant pour moi...

C'était plutôt une bonne raison, malgré tout elle soupira. Elle n'avait pas envie de partir, de se confronter à tous ce qu'il y avait à l'extérieur. Pas envie de quitter leur abris pour affronter les dangers. Mais ils n'avaient pas le choix et son avis n'était certainement pas partagé. Il était revenu ici dans l'urgence mais les lieux avaient une funeste représentation, elle le sentait comme elle avait sentie la haine de l'être doré se déverser en elle quand il avait été libérer de la stryge. Une haine sans fin envers un être qui avait tenté de le consumer. Tenté ? Qu'en savait-elle ? Quelles cicatrices invisibles la corruption avait-elle gravées dans sa chaire et son esprit ?

Elle remarqua soudain qu'elle ne lui avait même pas demandé son nom. En avait-il un ? Est-ce qu'elle devait lui en donner un nouveau pour chasser celui de la stryge ou bien devaient-ils le choisir ensemble ? Il avait l'air orgueilleux et elle le voyait mal accepter une décision de ce genre sans broncher si celle-ci ne lui convenait pas. Croyant qu'elle allait soliloquer encore quelques minutes elle soupira et ne se senti même pas basculer dans le sommeil.


Le matin la cueillit un brin brutalement quand son corps s'étala lamentablement dans le sable après que le dragon se fut décalé. Avec un petit grognement pataud elle se redressa cependant vite. Le soleil n'avait pas encore franchit la ligne de l'horizon mais déjà les étoiles disparaissaient dans la lumière croissante de l'aube naissante. Très vite la fournaise du jour reviendrait et elle savait combien la fraîcheur qui la précédait leur serait précieuse pour quitter l'infinité des dunes. Après s'être rincée la bouche et mangé un frugal déjeuner elle enfila son armure, peinant à peine sur les sangles liant entre elles les pièces métalliques. Fut un temps où elle avait peiné à s'équiper seule puis les mercenaires qu'elle pouvait compter dans ses amis l'aidaient en roulant des yeux puis elle les imitait. Avec un rire intérieur elle imagina mal le dragon lui donner un coup de patte. Malgré tout elle fut prête en vitesse et ils quittèrent l'oasis dès qu'elle l'eut équipé de la salle et récupérer les quelques affaires qui pourraient leur servir. Une page de l'histoire de son compagnon venait de se tourner, elle le savait.

Comme lors de leur tout premier vol, elle eut l'impression de laisser son estomac au sol et ses yeux s’écarquillèrent alors que le vent la giflait. Il lui semblait qu'une force invisible refusait de la laisser partir, enserrant son cœur entre ses griffes étouffantes. Ils fendaient le ciel à la vertical comme une flèche tirée vers les nuages qui se dispersaient à la faveur du matin. Le long reptile arqua son cou, redressant leur cap et permettant à sa dragonnière de respirer à nouveau. Un frisson d'extase la parcouru en réponse à la frayeur qu'elle avait ressenti. Doucement elle écarta les bras. Le vent ne la giflait plus, il s'opposait à elle, louvoyait entre ses cheveux et hurlait de rire à ses oreilles. Elle vivait pour ça. L'adrénaline, la fièvre, le souffle court et les sens saturés d'informations. Tous ça prenait une nouvelle ampleur avec son dragon doré. Sans trop savoir comment elle laissa ce maelstrom exulter en elle, tendant ses sentiments vers lui pour les partager comme il lui avait permis de sentir sa faim ou sa douleur. Le voyage lui sembla plus rapide qu'à l'aller mais il ne s'arrêta pas de voler une fois la lisière du sable franchit. Le sable céda place à l'herbe grasse à perte de vue. Là non plus il ne s'arrêta pas et Mélusine finit par se dire que s'il ne cherchait pas un lieu en particulier, il espérait voir une proie, les lieux étant propice à la présence de chevaux sauvages ou de grands ruminants des plaines. Une demie heure supplémentaire leur fut nécessaire pour trouver ce fameux repas et le duo s'en réjouit, chacun sentant la fatigue qui gagnait petit à petit le chasseur. Une fois à terre elle se laissa glisser de son perchoir et senti, avec surprise, ses genoux manquer de céder sous elle.

''Je voulais te demander, comment t'appelles-tu ? Et j'aimerai également que tu me racontes ton histoire. ''
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