La folle traversée de Pétunia [PV Ellenwen GreyMalkin]

Le chat garou s’étira, laissant le sang affluer sur ses muscles engourdis par le sommeil. Il avait dormi sous sa forme animale, camouflé sur la branche haute d’un chêne particulièrement massif.

(Ces gens sont riches, fort riches de pouvoir posséder un terrain bordés d’arbre au cœur d’une citée peuplée où chaque parcelle de terrain compte. Ils peuvent donc se payer le luxe de vivre dans la forêt en ville. Je préfère le luxe de vivre en forêt en forêt toutefois…)

Il bondit de branche en branche pour amorcer une descente, les branches protestant par des … euh bruit de branche… "crac crac cric" ... sous le poids de la panthère.

(Il est vrai que j’ai pris un peu de poids… je n’aurais pas dû manger cet ourson… d’ailleurs je crois que sa mère partageait cet avis… Il était temps que je quitte cette portion des bois je crois.) Comme le disait un vieil astrologue fou que j'ai croisé un matin : "Méfie toi de la Grande Ourse"

- Arrrrg…. Au secours, par la barbe d’un bouc vert castré ! À la garde ! Mais Ourson les garde !

Potiron venait effectivement d’atterrir devant un jardinier terrifié, qui gesticulait peu virilement en ne sachant pas trop comment réagir.

(Ah oui la forme de panthère… Il vaudrait mieux que je reprenne ma forme normale avant que ce balourd sonne l’alarme)

- Oh nom d’un crapaud qui danse, mes yeux me jouent des tours. Il ne s’agit pas d’une panthère mais d’un joli chat noir !

(Hum non, pas celle-là… La forme humaine)

- Mais qu’est-ce que vous faites ici, jeune homme !?

(Voilà qui est mieux)

Potiron regarda le jardinier, et lui lança un regard qui signifiait : « Je viens pour la mission proclamé aux quatre coins de la Ville par des crieurs publics au service de Dame TripleMenton. Celle qui vise à retrouver le cochon de compagnie perdue par la riche aristocrate. »

- Quoi !? Que signifie ce regard louche ? Vous êtes ici pour cambrioler, c’est certain ! GAAARDE !

Voyant que plusieurs gardes armées accouraient enfin, Potiron repris sa forme de chat, et courut dans les buissons. Il trouverait bien le chemin du vestibule d’entrée tout seul…

(Pour un premier contact, j'ai fait lourd) songea t-il...

Blanche et aérienne, l'écume venait mourir sur les bordures ocre. Sa lente disparition révélait la beauté ambrée qu'elle dissimulait jusqu'à présent. Pétillante et chaleureuse, elle l'invitait à danser avec elle et à s'effondrer au final, ivre et insouciant.

Ce sera la dernière, songea un bref instant le buveur solitaire. Il savait bien que quand il commençait à s'étendre de manière poétique sur une boisson, c'est qu'il était temps d'arrêter. Et pourtant, quel délice se serait, de tout oublier, de se sentir s'envoler loin de tout ce mal-être qui le rongeait depuis trop longtemps. Résister était difficile. Mais payer la prochaine pinte le serait encore plus. Autant quitter maintenant la taverne, gagner quelques sous et revenir plus tard.

C'était ainsi qu'il se retrouvait dans le vaste hall d'un des plus imposants domaines de Gil'Ead – presque aussi imposant que sa propriétaire, lui avait-on dit – à se demander ce qui lui avait bien pris d'accepter ce travail. L'appât du gain et la pensée réconfortante de quelques pintes l'attendant à la fin de la journée, sans doute. Mais quand même, rattraper un cochon de compagnie, c'était…bien loin de ses anciennes missions. Mais cela convenait tellement à son état actuel qu'il ne pouvait pas se plaindre.

Les appels à la garde d'un domestique dans le jardin distraire le mélancolique aventurier de ses sombres pensées. Peut-être la journée allait-elle se montrer plus intéressante que prévue, au final.

*Toi et tes paris débiles...*
*Oh, allez, ça va être drôle ! Et puis retrouver un cochon, tu devrais savoir faire*

L'elfe retenait un sourire qui, elle le savait, aurait fait perdre toute patience à son compagnon. Elle ne savait plus très bien comment elle s'était retrouvée embarquée dans cette histoire, une sombre histoire de taverne, de vantardise et de se constituer un petit pécule pour les membres de l'Equilibrium lors de leurs déplacements. Toujours était-il, qu'elle s'était levée quelques heures plus tôt prête à courser le cochon dans la ville. Et qu'elle avait traîné Finwë derrière elle, sous prétexte de se dérouiller après quelques semaines à savourer la paix enfin revenue et l'hydromel des tavernes.

*Si les gens savaient que la dirigeante de l'Equilibrium se lançait là-dedans...*
*Bah, faudrait encore qu'ils me reconnaissent* dit-elle avec un clin d'oeil. Pour l'occasion, elle ressemblait davantage à une humaine d'âge mur qu'à une elfe millénaire.
*Oui, enfin moi, je suis déjà plus reconnaissable. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit un loup argenté grand comme un petit poney en vi...*
*Oh, allez, cesse de râler. Tu pourras le croquer s'il t'ennuie tant que ça.*

Ellenwen croisa le regard doré de Finwë et ne put retenir son rire.

*Allons, un pari est un pari, je ne peux pas me dérober. Et puis de toute façon, nous sommes arrivés* ajouta-t-elle en attrapant une lourde cloche qui pendait devant un portail de fer ouvragé. Elle la sonna vivement et tendit l'oreille, à l'affût du pas d'un domestique. Au lieu de quoi, elle entendit un étrange remue-ménage. Quelqu'un appelait à la garde, des bruissons s'agitaient. Inquiète, elle poussa la grille et entra dans la propriété avec précaution.

Vif comme l'éclair, et rapide comme le vent, le nez dans la poussière, et le regard perçant
Voici le chat qui court, mais quelle poursuite épique ! Poursuivi par la cour, un brin antipathique.

« Mais pourquoi j’ai fait ça ? » se dit le chat, penaud. « La panthère, on l’aime pas, de bon matin, si tôt.
Pour une introduction, c’est assez percutant, mais en conversation, c’est plutôt limitant.
Enfin sans espérances, tentons de nous frayer, un chemin à l’audience, pour s’y faire embaucher. »

Voilà ce que pensait, le chat noir en fuyant, près du portail d’entrée, où marchait un passant.

« Il n’a rien d’un servant », constata le matou, ni d’un garde, d’un manant… Plus d’un homme plein d’atouts. »

Et poursuivi par la foule, il changea de chemin, et s’installa en boule, sur le pied de l’humain.

La raison de tout ce raffut ne tarda pas à apparaitre à GreyMalkin. Un court instant, il douta de ce qu'il voyait, prêt à accuser l'excès de boisson de provoquer quelque hallucination : comment un simple chat pouvait-il causer un tel chaos ? N'était ce pas plutôt un chien sauvage ? Mais alors que le poursuivi et ses poursuivants se rapprochaient, GreyMalkin put se rendre compte que ses yeux ne le trahissait pas. Etrange maisonnée, songea t-il. Mais c'était pour attraper un cochon qu'il espérait être embauché, et pas un chat, ainsi détourna t-il son attention. Grave erreur…

La petite boule noire s'installa sans aucune gêne sur ses pieds. Un rictus étira les lèvres du nécromant, alors que des considérations purement balistiques traversaient son esprit. Quelle distance pouvait parcourir en vol plané un chat adulte de quatre à cinq kilos – plutôt cinq kilos d'ailleurs, il semblait avoir mangé récemment un copieux repas ? Surement plusieurs mètres, non ? Mais avant qu'il puisse passer de la théorie à la pratique, son regard tomba sur les poursuivants du félin, et le sourire de GreyMalkin devint encore plus mauvais. Le chat l'ennuyait – pour être poli – mais eux l'horripilaient encore plus. Le nécromant lança d'une voix froide aux gardes qui s'étaient arrêtés en voyant son expression menaçante :

"Puis-je savoir la raison de cette chasse ? Vous voulez attraper cet animal ?" ajouta-il en désignant le félin sur ses pieds. "Ce chat est mon chat. Et il est dressé spécialement pour trouver les porcins. Alors, si vous voulez que votre maitresse vous punisse pour avoir gâché votre meilleure chance de retrouver Pétunia" – le nom fut lancé avec dédain – "osez toucher à un seul de ses poils."

"Vous pensez vraiment nous faire croire que ce chat peut retrouver le cochon ?" contra le plus téméraire des gardes.

"Pourquoi pas ?" répondit GreyMalkin d'un ton plus léger. "Cette femme a bien emmené un loup", lança-il alors qu'une femme passait le portail avec son animal.

Ellenwen et Finwë n'avaient fait que quelques pas dans le parc lorsqu'une scène étrange s'offrit à leurs yeux. Devant eux, un homme d'allure franchement louche, pour ne pas dire effrayante. Sur son pied, roulé en boule, un chaton qui le regardait avec des yeux éperdus. Face à eux, des serviteurs armés pour une chasse à l'ours. Les deux compagnons marquèrent un temps d'arrêt, quelque peu inquiet quant à l'endroit où ils avaient mis les pieds.

*Ils sont ?*
*C'est un ?*

Les pensées se croisèrent sans que l'un d'eux n'ai le temps de finir sa phrase alors que déjà, l'homme inquiétant se tournait vers eux et les montrait d'un geste.

- "Cette femme a bien emmené un loup"

Vingt pairs d'yeux se tournèrent vers eux d'un seul mouvement. Ellenwen se figea et échangea un regard avec son loup. Elle s'approcha prudemment d'un pas puis, ironiquement, esquissa une petite révérence.

- Ellenwen et Finwë, pour vous servir.

*On leur dit pas que tu parles, hein ?*
*Non, ça vaut mieux.*

- Que nous vaut tant d'agitation ?

*Et toi, pourquoi te poursuivent-ils, jeune chat-garou ?*