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Plus ils sont hauts...

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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Plus ils sont hauts... | Mar 18 Jan 2011 - 13:21


Un myriade d'étoile explosa devant les yeux de Bayrön lorsque ses pieds se posèrent à leur destination, accompagnée du retour en force du marteau - tenu par un urgal sans doute - qui s'en donnait à coeur joie dans sa tête. Satané Laïaga ! Il aurait du le tuer quand il en avait eu l'occasion parce que maintenant... Maintenant, ce ne serait qu'une vengeance mesquine qu'il ne pourrait même pas apprécier vu que l'autre en s'en rendrait même pas compte et puis après s'être tapé tout ce chemin. Il pouvait bien songer à laisser les évènements suivre leur cours, puis s'éloigner de là le plus vite possible, laisser un Laïaga réveillé et furibond atomiser tout le monde puis revenir comme une fleur. Ou pas...
Il pouvait tout aussi bien trébucher et se casser le cou des suites du coup sournois de Laïaga. Ca ne se limitait plus à sa tête maintenant. Il avait l'impression que ses os vibraient à en faire vibrer un sol qui avait la fâcheuse tendance à tournoyer de temps en temps et sans même prévenir. Diantre ! Même la pire de toutes ses gueules de bois n'avait réussi à le mettre dans un tel état.


" Bah la prochaine fois, je me bourrerais encore plus !", grogna-t-il avec un certaine amertume. " Et puis ils font quoi là ? Ils prennent le thé ou quoi ?"

En théorie, ils devraient déjà avoir jailli des arbres, tel le loup jaillissant de la forêt au beau milieu de de la nuit. Ou même lui avoir envoyé un message... A moins que l'autre volatile se soit fait bouffé tout cru. Mais quand même, il n'était pas passé à ce point inap...

" Hein ?"

Sans doute à cause de cette satanée migraine, Bayrön venait juste de se rendre compte qu'il faisait presque nuit. Enfin, presque nuit, peut-être le crépuscule à en juger par cette la lumière qui embrasait les nuages les plus. Sauf que la fameuse lueur était à l'Est et que quand il avait commencé la téléportation, bah il faisait sacrément jour. Un petit égarement peut-être ? Pendant la téléportation ? Était-ce réellement possible ? Est-ce que ça aurait des conséquences sur lui ? Et pourquoi est-ce qu'il neigeait, hein ? Et si en fait Laïaga avait effectivement réussi à pénétrer dans son esprit et à lui faire croire qu'il avait fait tout ce chemin alors qu'il était en train de pourrir dans une geôle de Dras Leona ?
Ca expliquerait l'absence du repaire par exemple. Vu que tout ce qui avait trait à lui était protégé d'une manière plus qu'efficace, Laïaga n'aurait même pas eu accès à une image de lui dans esprit et donc ne l'aurait tout simplement pas fait figurer dans cette mascarade. A moins qu'il ne lui ait grillé le cerveau et que tout ceci ne soit que pur délire.

Toutes ces hypothèses n'eurent pour effet que d'aggraver la migraine de Bayrön, aussi finit-il par se rendre à l'évidence. Quelle que soit sa situation, il n'avait rien à perdre à continuer, non ? Juste un peu de temps à chercher dans le paysage un gros machin gris et conique qui s'était fait la malle alors que le monde partait en va l'eau, tremblant sous ses pieds, grondant comme une bête sauvage , empestant le souffre.
Un peu de temps qui prit un malin plaisir à s'éterniser. La neige n'était même pas froide et l'air semblait prendre un malin plaisir à torturer ses poumons. Encore un effet secondaire ? Cette fois-ci c'était trop gros pour être vrai...


" Diantre, il est en forme le volcan !", s'exclama-t-il lorsque il finit enfin par reprendre contact avec la réalité. Ca faisait combien de temps depuis que la grosse bébête s'en était échappée ? Vite suivi d'une flopée de jurons. Il avait dévié dans sa trajectoire, et pas qu'un peu, atterrissant beaucoup plus au Sud qu'il ne l'avait initialement prévu. Autant de kilomètres qu'il lui faudrait compléter sous la cendre avec des bêtes qui commençaient sérieusement à montrer des signes de nervosité. Peut-être qu'il pourrait en soulager une de son fardeau. C'était une belle mort après tout que de finir consumé par l'une des rares forces à être encore indomptée en ce bas monde.

Mais quand même... Bayrön se ressentait rien de ce qu'il aurait du ressentir à l'approche du Mont noir - ou de ce qu'il en restait - et il lui avait semblé que quelques lieux lui avaient semblé bien familiers en dépit de la cendre. Il continuait à douter mais... Ah oui, il pouvait bien essayer.

Le vent hurla pendant quelques secondes, déchirant le plafond de fumée sans la moindre pitié. Un coin de ciel bleu apparu, un faible rayon de soleil se promena furtivement avant de disparaitre pour de bon, laissant Bayrön en proie à une perplexité sans nom. Il avait cru deviner au loin la forme familière du repaire mais les coulées rougeoyantes qu'il vomissait n'étaient pas là la dernière fois.

Ah bah bien, qu'est-ce qui s'était passé cette fois-ci ? Et comment est-ce qu'il allait se débarrasser du colis encombrant qu'était Laïaga ? Et s'il se réveillait comme la dernière fois ? Fallait-il le jeter dans la coulée de lave qui devait serpenter non loin de là ?


" Terminus, tout le monde descend !", cria-t-il sans se soucier qu'on puisse l'entendre ou non, tout en créant un "pilier" lumineux. Ne restait plus qu'à espérer que tout le monde n'ait pas eu la bonne idée de se carapater aussi loin de là que possible.
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Ven 28 Jan 2011 - 19:08


Cette fois-ci, aucun spectacle lumineux n’envahit mes vacations inconscientes. Un gouffre semblait avoir englouti tous ces délires incontrôlables qui peuplaient mon espace onirique après un évanouissement de ce genre. C’était étrange. Je me souvenais néanmoins de ce qui avait précédé ma chute dans les limbes. Maintenant que j’étais à nouveau consciente, je revoyais ces images par éclairs. Des visions de Laïaga, de notre affrontement, des visions de l’anneau fendu. Tout cela apparaissait de manière agressive, ces visions s’imposaient à mon esprit plus que je ne les cherchais. En réalité j’aurais préféré les éviter. Aurais-je été plus heureuse si j’avais perdu la mémoire ? Si ces souvenirs de mon humanité cessaient de me hanter ? Si mon état actuel m’était inconnu ?
Quelles foutaises, j’étais tombée bien bas pour divaguer ainsi. La réalité était bien plus dure que ce que je voulais l’admettre, la réalité me faisait mal, mais cette réalité je ne pouvais pas la fuir. J’avais beau essayer de m’en séparer, elle revenait toujours infecter mes pensées, telle le plus perfide des parasites. En réalité, ma vie était définie par Ouroboros. Chacun de mes agissements était calculé en fonction de son incidence sur la présence du Démon en moi. Bien sûre, mon humanité protestait et, naturellement, la première réponse qui me saisissait était le nom de Dandelo, j’allais vers Dandelo. Mais cet argument était bien piteux, balayé par de nouvelles interrogations aussi facilement qu’une tornade éparpille des récoltes : en quoi Dandelo pouvait-il m’aimer ? Qu’est-ce qui nous rapprochait ?

La réponse était évidente, inévitable. Elle me faisait si mal ! Mais maintenant qu’elle avait pris place au sein de mes pensées, je ne pouvais ni la chasser ni l’ignorer. Dandelo et moi étions inhumains, des machines à tuer. Nous étions destinées à détruire l’humanité plus qu’à la rejoindre. Nous avions ça en commun. Nous étions des monstres.

Je me souvins de mes anciennes réflexions qui me paraissaient bien utopique à présent. L’idée qui me possédait alors était simple : j’avais le choix. Je ricanais intérieurement, à l’époque je n’avais qu’une échéance le Démon. Comptais-je l’accepter ou le rejeter ? J’avais alors opté pour la deuxième option qui, loin d’être la plus simple, me rassurait. C’est souvent le résultat quand on se ment à soi-même, on se rassure à tort. Aujourd’hui, alors que tout me paraissait clair et limpide, une autre voie de réflexion pour opérer ce choix m’apparaissait : après.
Que ferais-je après avoir chassé le démon ? Il était mon passé et mon présent, le renier signifierait renier mon existence. Voulais-je réellement effacer tout ce que j’avais fait jusqu’à présent. Pouvais-je sincèrement affirmer ne ressentir aucune satisfaction lorsque mes habilités me permettaient de vaincre un adversaire ? J’aimais ce son, la mélodie des corps brisés. J’avais beau me le cacher, rien n’empêchait que la note froide de la mort ait ce quelque chose qui pousse à en être l’auteur. Que ferais-je après avoir renié tout ça ? Repartir à zéro ? Cela me paraissait tellement incertain !
Le futur attaché à ma seconde possibilité était monstrueux, il m’horrifiait tant que je l’avais condamné dès le départ, mais peut-être y étais-je réellement destinée ? Peut-être devais-je annihiler cette humanité pourrie et les espèces imparfaites qui l’entouraient. Peut-être devais endurer le poids du sang de ce monde, pour permettre un futur plus radieux. Peut-être menais-je inconsciemment l’évolution naturelle, Dandelo et moi serions-nous à l’origine d’une race plus forte ? L’image était grisante, deux graines semées dans le roncier de l’Alagaesia, obligée de combattre chaque jour pour pouvoir s’agrandir et que de la nuisance de ce monde jaillisse quelques chose de bon et de durable. À moins que cette extermination n’ait pas de visée positive, qu’il s’agisse d’un chaos pur et simple qui guiderait mes actes vers la fin du monde et l’apocalypse.

Non, tout ça n’était que des affabulations de gamine capricieuse. Un tissu d’idioties, rien de plus. Peu importait le futur, seul comptait le présent, et ce dernier me donnait déjà du fil à retordre. Mes yeux demeuraient clos. Je n’avais aucune idée de l’endroit où je pouvais être. Laïaga avait-il réussi à s’en tirer ? Nous avait-il faits prisonnier ? À moins que ce soit Bayrön qui l’ai finalement emporté. Il faut dire qu’au final on avait passé pas mal de temps dans cette dimension étrange. Assez de temps pour que l’anneau se fende. Je touchais le fond.

« Terminus, tout le monde descend ! »

La concordance de ces mots avec l’issue de mes pensées me fit rire intérieurement, tandis qu’un léger hoquet agitait mon corps. C’était d’un pathétique…
J’essayais de me redresser, mais, au moment de vérité, ma main glissa et mon corps bascula pour finalement s’écraser par terre. Le choc, m’arracha un gémissement, tandis qu’un hennissement discret m’apprenait sur quoi je reposais quelques secondes plus tôt. Vraiment pathétique.
Je sentis un regard peser sur mon dos. J’avais reconnu la voix de Bayrön. Son expression était-elle emprunte de pitié et de compassion ou seul le mépris l’habitait ? Il faut dire que je devais faire peine à voir, vêtements en lambeaux, salie de terre et de sang. Après une seconde de me silence. Je me relevais en douceur avant de me retourner vers l’homme, le défi habitant mon regard. Mon orgueil fut saigné à blanc lorsque je réalisais que le magicien n’était pas du tout préoccupé par ma santé, mais regardait au loin.
L’énorme colonne de fumée capta mon attention. Attirant peu à peu mon regard vers les torrents de roche en fusion qui s’écoulait du sommet qui nous faisait face. J’étais perdue. Un coup d’œil en arrière m’indiqua que Laïaga était aussi couché sur un cheval. Je m’approchais de son corps serré et avançait ma main. La résistance naturelle du Démon face aux conséquences de l’Ancien Langage confirma l’idée que je m’étais faite : il était incarcéré, par magie.
Soulagée, je tournais à nouveau vers le gigantesque nuage de centre qui envahissait le ciel, projetant une ombre inquiétante sur la région. Qu’est-ce qui s’était passé ? Et puis d’abord :

« Où sommes-nous ? »
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Lun 31 Jan 2011 - 2:51


-Terminus, tout le monde descend !

Les mots, comme ceux d’avant, percent difficilement le brouillard ouaté qui enveloppe mon esprit, mais finit par atteindre ce petit coin de conscience encore en état d’analyser la réalité dont la réponse fut sans équivoque : pas trop tôt.
Cela faisait de longues et inconfortables minutes que j’oscillais entre conscience et inconscience, balloté en travers d’un cheval et magiquement ligoté.
J’avais mal au crâne, la poussière grisâtre qui flottait dans l’air m’irritait les yeux, j’avais des crampes, la gorge sèche, et mon orgueil recollait, courageusement mais difficilement, les morceaux. Puis il y eut ce bruit mou d’un corps qui s’effondre au sol suivi d’un gémissement et qui me fit comprendre que je n’étais pas le seul à plaindre. Liv se releva ; du coup de l’œil, je pouvais voir le bas de son corps, le mouvement de ses jambes. Elle se tourna dans la direction de notre progression ; quant à savoir ce qu’elle regardait ? Aucune idée. Personne ne semblait faire attention à moi, au fait que je me sois réveillé et que je sois un des mages les plus redoutables de l’Alagaësia.
Enfin, ça avait sans doute à voir avec le fait qu’en plus d’être saucissonné, j’étais incapable de la moindre forme de magie. Alors forcément, je devenais beaucoup moins inquiétant. Ce qui n’était pas pour aider mon orgueil dans sa tâche. Me couper de la magie… quelle drôle d’idée. Ça me faisait toujours étrange, quand j’essayais d’imaginer ma vie sans la magie, elle faisait trop profondément partie de moi. N’empêche qu’au final, partie de moi ou pas, je me retrouvais aussi dangereux qu’un nourrisson.
Liv s’avança vers moi d’un pas décidé ; je ne bronchai pas, toujours jeté en travers de mon cheval. Une question m’occupait l’esprit avec de plus en plus de force au fur et à mesure que j’émergeais de mon court coma : comment est-ce que j’allais m’enfuir ? Je vis Liv avancer les mains vers moi et fus pris d’une sorte d’espoir incrédule, qui disparut bien vite : elle retira sa main sans même m’avoir touché. Bon, il ne fallait définitivement pas compter sur elle… Etrange, trouvais-je, en ce sens qu’elle n’avait pas l’air de connaître Bayrön plus que moi. Ce doit être les cicatrices qui font mauvais genre…

-Où sommes-nous ? demanda la femme.

J’aurais voulu rajouter : que se passe-t-il ? Il y avait une odeur de souffre qui me prenait à la gorge, et un crépuscule bien trop en avance. Il y avait cette poussière grisâtre, cette sorte de neige chaude qui tombait de partout… et alors ? Qu’est-ce que ça signifiait ?
Est-ce que ça pourrait m’aider à m’échapper ? Si c’était une sorte de catastrophe naturelle, ou alors un sortilège particulièrement tordu, ça n’avait en tout cas pas l’air de déranger mes geôliers.
Une manière de protection pour l’entrée du repère du Nomins ?
Non non, certainement pas…
Bon, autant prendre le problème dans l’autre sens, de quoi avais-je besoin pour m’enfuir ? De pouvoir bouger, même les doigts suffiraient, de quoi faire une invocation et me tirer de là. Ou d’un tout petit peu d’accès à la magie.
Mais voilà, je n’avais aucune raison d’obtenir cela. Alors, feignant d’être toujours groggy, jeté en travers d’une selle de chevale, à défaut d’endormi, j’écoutais ce que disaient et faisaient les deux autres avec la plus grande attention.
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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Jeu 3 Fév 2011 - 21:37


" En théorie ou en pratique ?",demanda Bayrön sans quitter des yeux la masse rougeoyante qu'il devinait à travers les nuages de cendre. " En pratique, pas loin d'un volcan en éruption, je dirai. En théorie près du repaire des gens les plus bizarres que j'aie rencontré dans cette partie du monde."

Bayrön laissa échapper un long soupir qui en disait long sur ce qu'il pensait de ces énergumènes-ci et de leur incapacité à s'occuper de menus détails alors que lui se tapait tout le gros du boulot. Franchement ! Il avait bravé les Ombres, survécu à la fureur de Laïaga Sin Saïan, enlevé sa princesse au beau milieu de Dras Léona et tout cela sans avoir autre chose qu'une migraine insupportable. Et voilà qu'ils avaient trouvé le moyen de réveiller un volcan endormi en plus de le laisser poireauter au milieu de la cendre.

" Et qui c'est qui va payer le racommodage de mes vêtements ? Bibi bien sûr !", hurla-t-il à l'adresse du volcan avant de se tourner vers Liv. " Keuf... keuf... Remarquez, c'est peut-être pas si mal que ça. Enfin, question de point de vue j'imagine."

Au mieux, l'autre sorcière était grillée pour de bon - quoique avec ces gens là, on était jamais vraiment sûr - ou tout du moins avait encaissé une sacrée perte d'influence. Et lui, Bayrön arriverait comme une fleur en galante compagnie - après tout, personne ne devait avoir vu Liv quand elle se mettait en colère - avec un précieux fardeau orné d'un gros noeud en ruban rose bonbon. Ce pourrait être classe comme entrée, plus classe certainement que le petit côté " Salut, je reviens de l'Enfer" qu'il ne manquerait pas d'avoir. A supposer qu'il puisse faire une entrée tout du moins parce que vu comme ça, les choses s'annonçaient pour le moins compliquées et gravir un volcan en éruption n'enchantait pas plus Bayrön que cela.

" Bon, y a plus qu'à attendre, je suppose. Ils sont peut-être bizarres mais loin d'être aveugles... Enfin, j'espère, je ferais une bien piètre statue sinon, vous n'êtes pas d'accord ?"

~° Non loin de là °~

Le sommet du Nomodutom était désormais noyé dans un épais nuage gris et toxique d'où jaillissaient à intervalles réguliers de scories incandescentes. Un spectacle de fin du monde tel qu'il ne m'avait jamais été donné de voir. Où que mon regard se pose, je ne voyait qu'une mer de cendres qui semblait s'étendre à l'infini, me rappelant désagréablement notre fuite éperdue à travers le dédale du couloir puis celle sur les flancs du volcan. C'était presque un miracle si Sindarian et moi nous en étions en assez bon état et que tout ceux en état aient pu fuir à temps. Un véritable miracle, oui !

* Que tu ne dois qu'à moi !*, me fit obligeamment remarquer Walsir avec sa délicatesse accoutumée. * Hum, soupe au lait mainten.... Oh !*

Ce Oh ! de surprise, je le devais à l'éclat lumineux qui venait subitement de jaillir des nuages de cendres. Éclat qui devint vite une véritable colonne de lumière blanc bleutée, située presque à la verticale du Nomodutom.

" Je croyais qu'il n'y avait plus âme qui vive à des kilomètres à la ronde., fis-je en me retournant vers l'un des magiciens qui assuraient le vol fort chaotique de la plateforme -
* Voler ? Ca ?! Même un nouvellement éclos ferait mieux !*
- C'était le cas quand nous sommes partis, je peux vous l'assurer.
- Vous pouvez le ou les faire monter à bord ? On ne peut pas décemment les laisser là dessous."
* S'ils sont suffisamment crétins pour faire ça alors qu'on les a averti, ce ne serait pas une grande perte...*
*Oh la ferme toi !*

Inconscient de la salve d'arguments que Walsir déployait pour me démontrer qu'il fallait laisser agir la sélection naturelle, l'homme se tourna vers ses pairs puis acquiesça sombrement. Une telle chose serait possible certes mais relativement délicate, compte tenu des interférences dues aux résidus des protections magiques qui entouraient le repaire et également à la difficulté que les magiciens rencontraient pour les identifier.

*Raison de plus pour les laisser en plan !*

Sympa, le Walsir mais il n'y avait pas besoin de recourir à des solutions aussi radicales que les siennes. Si ces individus là étaient louches, il suffirait de les mettre sous clé, avec le recours de la magie si nécessaire, et surtout de leur faire comprendre qu'en cas de grabuge, tout le monde testerait avec plus ou moins de succès les miracles de la chute libre. Un argument de poids s'il en était.

" Prenez toutes les précautions possibles et imaginables et seulement faites les venir ! S'il y a le moindre problème, vous abandonnez, compris ?"

~° Plusieurs minutes plus tard °~

" Roh, vous avez même emmené le décor avec nous ! C'est trop mimi !", fit remarquer l'un des trois avec un grand sourire. Un type couvert de cendre de la tête au pied, empestant le souffre et le cramé à des lieues à la ronde, à l'instar de ses compagnons. Il n'avait nullement l'air surpris de se retrouver d'un coup au dessus de la couverture nuageuse, pas plus que de se retrouver coincé dans une bulle bleuâtre. " C'est à la mode l'absence de sourcils ?"
* On aurait mieux fait de le laisser en plan celui là...*

Pour une fois, je n'était pas loin de partager le même avis que Walsir sauf que là où ce dernier se sentait offusqué, j'étais empli de méfiance. Ce type, je ne me souvenais pas l'avoir croisé - bon d'accord, dans un labyrinthe, c'est peut-être normal -, sans parler de la femme qui l'accompagnait et cerise sur le gâteau, le troisième comparse semblait être leur prisonnier où je ne savais pas reconnaitre des chaines. Et des bouts de ficelle auquel on avait eu l'idée saugrenue d'y attacher un cadenas. Pourquoi do...

" Bigre !", laissai-je échapper tandis qu'un silence de plomb s'abattait aux alentours.
* Quelle synchronisation !*

En effet, comme si nous venions tous de réaliser que le troisième comparse avait quelque chose de bien trop familier pour être un simple quidam. Parmi les magiciens présents sur place, certains avaient reconnus celui qui avait été leur chef su temps où l'Empire n'était ni saint ni léonien. Sans même se concerter, ils avaient immédiatement renforcé la bulle bleuâtre censée les maintenir prisonnier. Je pouvais même sentir la crainte, mêlée de respect qui émanaient d'eux comme un parfum subtil.

* Et attaché avec des bouts de ficelle. Les chaines, soit, mais les bouts de ficelle. Les humains ne cesseront jamais de m'étonner. Et pas positivement...*

Je ne pouvais qu'approuver, tout cela semblait tellement irréaliste. Laïaga Sin'Saïan ici, entravé comme le dernier des criminels. Simplement entravé et servi sur un plateau. Il n'y avait tout simplement pas mot pour exprimer ma stupéfaction quand à la tournure qu'avaient pris les évènements ces derniers jours. Bon sang, et moi qui croyais enfin pouvoir profiter de quelques jours de tranquillité. Et bien non, je me retrouvais avec une fusée d'artifice prête à exploser à n'importe quel moment. Complètement pris au dépourvu et espérant que cela ne se remarque pas trop.

" Pour une surprise, c'est une surprise. ", fis-je avec un sourire en coin. Autant faire celui qui était au courant. " Je ne m'attendais pas à telle compagnie pour ainsi dire. Mais avant toute chose, ôtez moi un doute. C'est bien Laïaga Sin'Saïan, n'est-ce pas ? Pas un quelconque subterfuge ?"

De combien d'autres surprises de ce genre allais-je hériter de mes si charmants prédécesseurs ?

" Au fait, désireriez vous quelque chose ? Rester près d'un volcan en éruption n'est pas de tout confort et puisque nous risquons de passez un certain bout de temps ensemble, autant faire en sorte que cela se passe le mieux possible..."
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Jeu 17 Fév 2011 - 20:43


Et voilà, nous nous retrouvions tous trois sur une plate-forme improbable, quelque part au-dessus de la couverture nuageuse. Enfermés dans une bulle de magie, à croire que les gens ici présents ne nous faisaient pas confiance.
Mon regard erra d’un visage à l’autre avec vivacité. Je les connaissais… Pas tous mais… Et là la lumière fut. Des mages de l’Empire. Quelques-uns, j’en étais sûr, étaient d’anciens de l’Empire. Je le savais parce que j’avais passé un certain temps à m’entraîner avec eux, fut un temps. Le premier siège de Dras Leona, c’était loin… mon cœur se serra tout de même en y repensant. Un bien piètre empereur, voilà ce que j’avais dû rester dans leur esprit. Un empereur décevant…
Mais extérieurement rien ne transparut.

-Bigre, fit un de nos ravisseurs avec un étonnement somme toute modéré.

Mon attention revint sur lui. Je ne pus néanmoins ne pas remarquer la chape de silence qui s’abattait sur notre embarcation bringuebalante. Un mince sourire se dessina sur mon visage déformé par les marques de brûlure. Ils venaient de me reconnaître.
Le Nomins. Ces gens étaient du Nomins, à tous les coups ; l’Empire après mon départ avait fusionné avec les Vardens pour former le Nomins Ageati. Rares avaient été ceux à me suivre au cœur des ténèbres… Qui avait été le plus malin ?
Est-ce que je pouvais me servir de ces gens qui avaient servi sous mes ordres pour m’en sortir ? J’en doutais, ils ne me voyaient plus comme leur chef depuis des années. Ils avaient peut-être appris à me haïr, qui sait ? Une suite de noms s’imprima en lettres de feu dans mon esprit.
Ceux de mes Marche-morts.
Qu’est-ce qu’ils avaient pu devenir ?
Avec mes anciens lieutenants, j’avais une chance. Enfin, avec ceux encore en vie. Mon sourire s’élargit à la question de l’homme, dont je décidai (sans trop me fouler, on l’avouera) qu’il devait être le chef de l’étrange équipage.

-C’est bien moi mon grand, lui dis-je avec un clin d’œil, une expression de sérénité sur le visage. Heureux de voir que vous vous portez bien, parmi les Bleus, les gars !

En disant ça, je m’étais tourné vers un des mages dont j’étais sûr de remettre son visage (au final, ils n’étaient pas si nombreux). J’avais parlé avec la tranquille assurance que je ne sortais généralement que quand je me sentais en franche position de faiblesse.
Qu’ils sachent donc que je savais, semer un peu de doute ne ferait pas de mal. J’étais privé du moindre lien avec ma magie, Bayrön avait fait du bon boulot, mais il n’était pas difficile d’imaginer que j’étais depuis quelques secondes encore plus entravé que ce n’était le cas jusque-là.
Bayrön d’ailleurs, parlons-en. Et Liv. Ils étaient enfermés dans des bulles de magie eux aussi, ce qui était bon à savoir, sachant que Bayrön ne m’avait donné aucune information solide et que la seule différence entre Liv et moi semblait être sa détermination à vouer une confiance aveugle à ce type. Ils n’avaient donc rien à voir avec le Nomins ? Ou en tout cas, ils ne travaillaient pas pour eux ? Enfin, difficile d’en être sûr tout de même, une bande de scouts en balade sur une plate-forme volante au-dessus d’un volcan en éruption – Bayrön nous avait éclairés – n’était pas forcément représentative de tout un clan, un million de raisons pouvait expliquer leur méfiance.
Mais…. Bayrön leur avait bien fait signe non ? Et il avait parlé d’un repère. Le repère du Nomins donc, dans le coin ? Bâtir son repère près d’un volcan actif ? Peut-être qu’ils ne le savaient pas… Ou alors il s’était fait avoir, ces gens n’étaient pas ceux qu’il attendait ?
Non, ça semblait peu probable. Il avait trouvé les hommes en bleu comme il le souhaitait… sauf qu’ils ne semblaient pas l’avoir reconnu. Et qui plus est, il ne les avait peut-être pas trouvés au bon moment.

-Que diriez-vous de Dras Leona ? proposai-je, pince-sans-rire. Je vous offre le banquet et… hé bien, les relations entre nos clans n’ont pas forcément besoin de se détériorer non ? D’autant….

Je ne pouvais pas bouger de ma prison de magie mais je pouvais regarder alentours.

-… d’autant que de ce que je vois, le Nomins ne pète pas la forme.

Je fis un sourire amical au nominsien :

-Je n’ai pas envie d’ouvrir les hostilités mais mon clan ne me laissera pas disparaître comme ça.

Ce qui était totalement faux. Pas que l’Empire se fiche de mon sort… Mais j’avais l’impression, petit à petit, de devenir gênant, donc au final, si ma disparition arrangeait plus de gens qu’elle n’en gênait, hé bien, je l’avais dans le baba, je pouvais pourrir tranquillement au fond d’une geôle du Nomins.
Oh, bien sûr, je m’enfuirais forcément un jour, si on ne décidait pas de me tuer ou me laisser mourir avant, mais attendre des siècles pour retrouver la liberté ? Très peu pour moi !
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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Ven 25 Fév 2011 - 16:17


Aux mots de Laïaga, une myriade de minuscules étoiles à six branches scintillèrent subitement dans les yeux de Bayrön et ce dernier se tourna vers Laïaga avec un sourire vorace.

" Roh mais c'est trop gentil ça ! Vraiment, il ne fallait pas !", s'exclama-t-il tout, se souciant comme d'une guigne du fait que ces mots n'étaient en rien adressés à sa personne. " Il y aura des beignets de poulpe, dîtes ? Parce que j'ai un ami - plutôt une connaissance en fait - qui était parti à la chasse au poulpe dans le lac et s'était retrouvé aux prises avec un poulpe plus grand encore que la tête de Cthulhu !"

Bayrön s'interrompit une fraction de seconde, balaya du regard tous ceux à portée de vue avant de laisser échapper un grand soupir.

" Allez quoi ! Même pas de félicitations pour avoir prononcé correctement son nom ? Tsss, quelle bande de radins ! Franchement, je vous sers Laïaga Sin'Saïan sur un plateau accompagné de sa belle - même si c'est pas réciproque, hein ! Et le seul qui propose un truc à la hauteur c'est l'autre machin sous mes pieds ! "

Tant d'efforts réduits à néant par un coup du sort. Si le Conseil avait encore été en place, Bayrön aurait pu se servir des deux tourteraux pour leur porter des coups dont il se souviendrait mais là... Là, il se retrouvait nez à nez avec des gens auxquels il ne s'était jamais présenté, avec un Laïaga qui ne manquerait pas de tenter de l'étriper à la première occasion. Certes ce serait amusant de déjouer à chaque fois ces tentatives par quelque supercherie dont lui seul avait le secret mais vu la durée de vie du bestiaux, cela risquait de devenir lassant avec le temps. Que faire maintenant, voilà une question à laquelle il devait trouver une réponse appropriée - autre que s'amuser à jouer à celui qui atteint le sol le premier a gagné. Il fallait tout de même laisser une chance à ses adversaires...

¤¤¤¤¤

" Content de voir que retrouver quelques vieilles connaissances vous rendent heureux ", répondis-je à Sin'Saïan, un sourire ironique sur les lèvres. Pour un prisonnier dont le vie ne tenait qu'à un pari sur le temps que flotterait la plateforme, il affichait une sacrée assurance. Pour ce que j'en savais, elle pouvait être purement de façade tout comme elle pouvait due à une mauvaise estimation de la situation. Dans les deux cas, elle demeurait dérangeante mais certainement moins que l'autre hurluberlu qui se vantait de l'avoir capturé...

" Mais je crains fort qu'un éventuel banquet à Dras Léona ne soit le banquet de vos funérailles.",poursuivis-je, haussant la voix pour surmonter les bruyantes élucubrations de l'autre - est-ce qu'il était vraiment comme ça tout le temps ? - " Vous n'êtes pas en mesure de vous évader par vos propres moyen et je n'ai nullement envie de me passer de votre compagnie pour le moment. Quant à l'Empire je ne doute pas que s'il avait voulu ou pu vous sauver, nous ne serions pas train d'avoir cette discussion..."

Que l'une des figures emblématiques d'un clan soit fait prisonnier par l'un de ses ennemis était un coup suffisamment dur porté au moral des troupes et à son image d'invincibilité - dans le cas du Saint Empire Léonien - pour qu'il fasse en sorte qu'un tel évènement soit irréalisable. Pourtant les choses étaient ce qu'elles étaient, Sin'Saïan prisonnier au beau milieu d'une bande de Bleus qui tous avaient connus des jours bien meilleurs et pas la moindre trace de soldatesque ou Ombre Léonienne à l'horizon. Si les dires de l'autre contenaient de surcroit un peu de vérité alors l'arrivée de renforts de l'Empire passait d'hypothétique à presque improbables.

" Et le fait qu'il ait été possible à ces deux personnes de vous emmener jusqu'ici en dit long sur l'intérêt que vous porte l'Empire. A moins que les deux personnes qui vous accompagnent soient autre chose que ce qu'elles paraissent. N'est-ce pas mademoiselle ?"

Mon regard se posa sur la jeune femme qui accompagnait les deux autres et n'avait pipé mot jusqu'à présent. Que l'hurluberlu ne se résume pas à un simple moulin à parole exaspérant était une chose certaine mais l'inconnue avait quelque chose de dérangeant. Si elle faisait partie du commun des mortelles, elle aurait sans doute été laissée sur place où que ce sur place puisse être. Le fait qu'elle soit justement là signifiait qu'elle avait une importance certaine, si ce n'est une implication active dans l'enlèvement de Sin'Saïan. Si j'ajoutais à cela le fait qu'elle n'était pas enchainée. Oui sans le moindre doute, quelque chose ne tournait pas rond dans cette affaire, mais quoi ?
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Mer 2 Mar 2011 - 1:02


« N’est-ce pas mademoiselle ? »

Je me disais aussi, ça aurait été trop beau de passer inaperçu aussi longtemps, de me fondre dans le décor pour que mon intégration à la situation présente se fasse naturellement, sans vague sans intérêt particulier. D’un autre côté, quand deux hurluberlus aux habits déchirés, couverts de sang, de cendre et de crasse vous livrent un des meilleurs jeteurs de sort du continent, il y a de quoi se poser des questions. Bref, pour changer, je me trouvais dans une conjoncture plus ou moins avantageuse – je pencherais pour le moins – et les étranges divagations de Bayrön ne m’aidaient pas vraiment.
Ce dernier déjà étrange avait désigné nos hôtes comme les gens les plus bizarres qu’il ait rencontrés dans ces contrées. Ca promettait. Bien sûr, je m’étais attendue à voir débarquer des gens normaux, dont la banalité aurait fait figure de bizarrerie auprès de Bayrön, et, bien sûr, la suite des évènements me fit ravaler mes espérances. Nous flottions dans les airs, sur une plateforme pour le moins brinquebalante suspendue au-dessus du sol par la magie de quelques hommes qui maintenaient le tout en un vol légèrement saccadé. Heureusement que je n’avais pas le vertige.

Après un semblant de vides présentations ce fut Laïaga qui prit la parole pour tenter vainement de négocier sa libération immédiate auprès de ces « Bleus » qu’il semblait avoir déjà vu. « Bleus ». C’était donc ça, Bayrön nous avait emmenés rencontrer des gens du Nomins Agaeti. Je ne connaissais quasiment rien de ce clan hormis le fait qu’il était issu de la fusion de l’Empire et des Vardens. Sin’Saïan ayant été un ponte de l’Empire avant d’en être un de la Sainte Léonie, il pouvait paraître normal qu’il parle familièrement à ces hommes. N’en connaissant aucun, je m’étais permis de douter de leur loyauté, m’attendant presque à les voir répondre positivement aux injonctions chaleureuse du Seigneur enchaîné.
Fort heureusement il n’en fut rien, cela sembla même avoir l’effet inverse. Celui qui semblait être le chef de la bande m’inspirait bien divers sentiments. J’aimais sa manière de répondre avec un certain détachement tout en touchant chaque point sensible, effaçant purement et simplement l’espoir qu’avait pu entretenir Laïaga quant à nous quitter ici. Et bien entendu il avait fallu que la précision de ses mots m’atteigne à mon tour.

« N’est-ce pas mademoiselle ? »

Il ne s’était pas répété mais la question avait résonné dans mon crâne, embrouillant l’espace d’un instant toutes les réponses pré faites que j’avais pu imaginer. Son regard de glace avait capté mon attention. J’y plongeais presque avec témérité cherchant à démasquer ce que l’homme pouvait bien cacher derrière. Son apparence était bien peu commune. J’avais déjà vu des hommes à la peau mate et même plus sombre encore, mais rare était ceux dont les cheveux avaient pris la couleur de la neige.

J’avais fini par baisser les yeux devant ceux de notre interlocuteur. Sa présence m’emplissait d’un respect quelque peu mêlé de crainte à l’idée que notre destin dépendait de son jugement. La discussion avait bien montré qu’il était loin d’être crédule l’erreur n’était pas permise. La première impression véhiculée par mes mots me collerait une étiquette sur le front. Devais-je être honnête et étaler franchement ce que j’étais alors qu’aucun n’autre ne le savait en dehors de Dandelo et Swan et m’exposer à une réflexion du type « elle pourrait nous causer des ennuis, mieux vaut s’en débarrasser » ? Devais-je plutôt me faire passer pour une personne faiblarde pour essayer d’esquiver l’attention soudaine que l’on me portait ? Peu de chance que l’on croit à la seconde version, et la première pouvait être dangereuse. Une chose était sûre, si je réfléchissais trop longtemps, ces gens allaient trouver ça louche et leur méfiance n’en serait que plus exacerbée. Il fallait que je parle, maintenant.

« On me nomme Liv de Sula, commençais-je d’une vois mal assurée. Je n’avais pas la moindre idée de ce que j’allais dire, les mots sortaient à peine inspirés. Je suis en quête de réponses sur certains évènements de mon passé, et il se trouve que l’homme ici ligoté semblait en détenir quelques réponses. Au cours d’une intervention maladroite pour tenter de l’interrogée, j’ai perdu connaissance et cet homme – je désignais Bayrön – me sauva de la citadelle Léonienne. Non content de ma fuite, Sin’Saïan nous poursuivit et nous tomba dessus. Je suis incapable d’utiliser la magie, néanmoins grâce à mes quelques dons pour le combat rapproché, mon sauveur est parvenu à emprisonner le Léonien avant de nous mener ici. »

Le flot de paroles s’interrompit aussi brusquement qu’il avait commencé. Si ma peau n’avait pas été couverte de crasse et de sang, on aurait pu me voir rougir légèrement. En avais-je trop dit ? Comment mes lèvres avaient-elles pu laisser un tel débit de débilités ? Je baissais les yeux n’osant pas croiser le regard des hommes en présence.
Bon Dieu, dans quel pétrin je m’étais encore fourrée ?

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
    HRP
    1. Bon, elle est pas folle cette réponse, mais elle est là ! Mr. Green
    2. Diantre, le Poulpe du Lac Léonas, j’avais complètement oublié ce topic … Honte à moi ! J’aurais bien proposé une fin mais deux des protagonistes ne sont plus sur le forum donc ça va être compliqué Mr. Green Faudra que je ressorte Sigmund un de ces quatre Mr. Green
    3. Tiens j’y pense seulement mais si ça peut vous aider, je rappelle que la conscience de Liv est strictement invisble, indétectable etc. Elle est incapable de parler par pensée ou d’entendre celle des autre.
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Mer 9 Mar 2011 - 20:47


A Bayrön, je vouais maintenant une haine farouche. Disons, une sorte de rancœur qui risquait de ne pas me quitter pour avoir essayé de me tuer tandis que j’avais pris le parti de lui sauver la peau autant que mes moyens me le permettaient.
Ça, et le fait de m’avoir capturé. Mon ego avait du mal à s’en remettre.
Oh, pour ça, je détestais cette Liv également.
Mais elle avait pour elle une très jolie bouille et cet air – complétement usurpé, certes – de fragilité qui faisait que j’avais plus de mal à ressentir de la rage à son endroit.
Mais l’un comme l’autre étaient pour l’instant presque aussi prisonniers que je l’étais, et d’une certaine façon ça me rapprochait d’eux. Les Bleus, eux, me faisaient doucement rire, ces anciens de mes hommes qui me regardaient en coin et faisaient les signes de protection rituels contre les mauvais esprits… enfin, peut-être pas à ce point tout de même.
En bref, nous formions une drôle d’équipée flottant au-dessus d’un nuage de cendres et de ce qui avait autrefois été une forêt. Le Nomins devait avoir autant d’attention à accorder à notre embarcation de fortune que l’Empire en avait pour moi. Mais bien entendu, cela ne suffit pas à convaincre le chef du petit groupe de m’accorder l’immunité diplomatique. Je ne m’étais guère fait d’illusions sur sa stupidité ceci dit, il s’agissait de me faire remarquer, d’afficher une assurance feinte. Oh naturellement, le nominsien avait raison sur toute la ligne (presque, j’avais du mal à croire au passage sur le banquet de mes funérailles), bien malheureusement, l’Empire lui-même ne bougerait sans doute pas le petit doigt pour moi.
J’aurais tout de même pu lui lancer deux trois répliques bien senties, d’autant que je ne me sentais tout de même pas aussi perdu et abandonné qu’il se plaisait à m’imaginer, mais il ne me fallut pas longtemps pour décider qu’il était plus intéressant de le laisser parler avec mes deux compagnons de route qui étaient autre chose que ceux qu’ils paraissaient. Est-ce que j’allais enfin en apprendre plus sur eux, maintenant que j’étais leur prisonnier ?
Et là, à ma totale stupéfaction, oui. Liv hésita quelques secondes. Et puis elle déballa à un inconnu qui venait de nous emmener sur une plate-forme volante en nous emprisonnant par magie plus qu’elle n’avait daigné m’en dire dans son monde intérieur alors que cela lui aurait permis d’accéder aux réponses qu’elles convoitaient. Mais non, elle avait préféré me combattre et si elle ne m’avait pas tué alors, ce n’était qu’un coup de chance.
Pourquoi essayer de me tuer alors que je proposais de lui donner ce qu’elle cherchait ? C’était un comportement stupide, a fortiori pour se montrer si coopérative maintenant.
La bêtise humaine ?
Sauf que cette fille n’était pas humaine, et n’avait pas l’air du tout d’une idiote. Je me refusai à me contenter d’une aussi simple explication. Non, il y avait quelque chose d’autre pour expliquer son désir de me tuer. Le démon ? Le démon voulait me tuer. Est-ce qu’elle succombait à l’étrange démon quand nous nous trouvions dans son monde ? J’avais pensé qu’elle avait miraculeusement appris à le soumettre, ce qui était naturellement effrayant, cela faisait d’elle une terrible adversaire. Une adversaire simplement invincible, en fait.
Mais voilà, son monde s’était effondré sur lui-même, et maintenant je doutais qu’elle n’avait peut-être même jamais eu le contrôle.
Je notai quand même qu’elle avait pris soin de rester vague sur « ses quelques dons pour le combat rapproché ». Elle ne voulait pas qu’ils en sachent trop ? Et elle voulait me cuisiner et me tuer. Ou juste l’un ou l’autre ? En tout cas, elle avait prouvé ses mauvaises intentions, et contrairement à tout le monde ici, excepté Bayrön, elle avait vu ce que je pouvais faire. Pas tout, peut-être, mais tout de même…
Plus que ça, s’il y en avait deux qui devaient ne pas me craindre, au moins un peu, ce serait ces deux-là, et la peur est toujours une alliée de choix.
Bref, je sautai sur l’occasion quand elle se présenta :

-Ses « dons » , jetai-je d’un ton sombre. Il n’y avait qu’Arngrim qui m’avait vaincu avant elle…

Cela dit avec une froide colère dans la voix. Elle était feinte, elle était là pour justifier mon intervention. Qu’ils la regardent différemment. Il y avait une différence entre avoir quelques dons pour le combat rapproché et mieux se débrouiller qu’un des plus dangereux épéistes qui étaient passés dans les rangs des Bleus.
Maintenant, restait à savoir s’ils se rappelaient de Dandelo sous l’identité qui était la sienne du temps du Nomins. Mais si tel était le cas, je pouvais espérer qu’elle ait à expliquer d’où lui venaient ces « quelques dons »…
Je lui adressai un petit sourire intérieur.
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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Lun 21 Mar 2011 - 15:30


Clair, rapide et concis. Ces trois mots résumaient parfaitement le récit fait par la jeune femme des évènements qui l'avaient conduite ici. Malheureusement pour elle, les mots évasifs et vide convenaient également. Avec un minimum de générosité, je pouvais mettre une partie de tout cela sur le compte de la fatigue, du choc qu'elle avait du subir ou que sais-je encore. Mais voilà, je n'étais guère enclin à jouer les parfaits idiots, pas plus que je ne l'étais à lâcher le morceau.

Quelque chose clochait dans son récit. Ne venait-elle donc pas de sous-entendre que c'était grâce à de modestes talents en combat rapprochés que Sin'Saïan s'était retrouvé dans une telle position. Celui-là même qui, semblait-il, avait trouvé un adversaire à sa mesure en la présence de la tête à claque du trio. Si la jeune femme était celle qui avait fait la différence, alors pourquoi le Léonien n'était-il pas dans un plus piètre état ? Un question qui allait sous peu franchir mes lèvres...


- Ses « dons ». Il n’y avait qu’Arngrim qui m’avait vaincu avant elle…

Tiens, ainsi donc...

" Ah mais ça, c'est parce que j'étais occupé ailleurs...", lâcha l'autre en décochant à Sin'saïan un sourire ravageur accompagné d'un clin d'oeil. " Et pis c'est facile de se faire passer pour monsieur " personne n'a encore jamais réussi à me vaincre jusqu'à présent hormis par un tel" quand on parle de duel. - Un doigt accusateur se pointa théâtralement vers Sin'Saïan. Quel drôle de personnage, vraiment ! -C'est plus classieux que de dire. Je me suis fritté avec une nuée de trucs mortels et innombrables, après je me suis pris de plein fouet un sort qui piquait drôlement. Et comme ça ne suffisait pas,je décide de me lancer à la poursuite des deux zigotos, je perds encore de l'énergie à les berner tous les deux pour espérer conquérir le coeur de celle sur qui j'ai des vues. Mais bien sûr, quand enfin je dois me fritter avec les deux zigotos en question, c'est comme si j'étais aussi frais qu'un gardon comme la fois où j'ai affronté celui qui m'a laminé !"

Le dénommé Bayrön inspira un grand coup, comme pour reprendre son souffle pour une nouvelle tirade assassine. Quel but obscur recherchait-il à se comporter de la sorte ? Bien remuer le couteau dans la plaie pour se venger de Sin'Saïan, faire l'intéressant ou tout simplement détourner le sujet de la conversation ? Après tout, à entendre Sin'Saïan, la jeune femme était la clef de sa défaite. Cette dernière le contredisait en affirmant que Bayrön avait mis une rouste mémorable au Léonien. Et enfin, l'énergumène ne cachait pas ses mots pour expliquer que le combat avait plus tenu du " seul contre le monde " que du deux contre un. Trois versions différentes qui soulevaient chacune leur lot de questions.

" Tiens, tiens...", fis-je en regardant les trois à tour de rôle.

Sin'Saïan pouvait très bien mentir pour minimiser sa défaite ou encore instaurer la méfiance vis à vis des deux autres compères. Une chose plutôt inutile car si Bayrön ne me revenait pas - très curieux, n'est-ce pas ? - quelque chose me dérangeait chez la jeune femme. Pas seulement à cause du fait qu'elle semblait tenter de cacher des choses. C'était beaucoup plus diffus et indistinct, comme quelque chose qui ne cessait de rester à la périphérie de mon champ de vision.


" Et moi qui croyais que des gens aussi intelligents que vous auraient celle de ne pas se livrer à de telles cachotteries. Enfin, je suppose que c'était inévitable…"

Et peut-être que j'étais trop gentil. Peut-être que j'aurais du faire exécuter Sin'Saïan à l'instant même où il avait pointé le bout de son nez – un épine comme ça ne repousserait pas de sitôt -, suivre les conseils de Walsir au sujet de ce fameux Bayrön et ordonner aux magiciens présents d'extirper de l'esprit de la jeune femme tout ce qu'elle voulait à tout prix cacher. Peut-être…

" Mais il serait temps de vous rendre compte que votre position est encore plus bancale que la mienne.Qui l'était déjà bien trop à mon goût mais c'était ça ou prendre un bain de lave.- " Et qu'un mot suffira à faire de vos esprits des livres ouverts…"
Ils ne me connaissaient pas plus que je ne les connaissais – hormis les noms mais ça c'était une broutille – mais le trio infernal n'était sans doute pas stupide au point de croire que chaque seconde qui passait les rapprochait davantage d'une tripotée de magiciens. Pourtant, il me restait l'espoir de ne pas avoir à recourir à de telles extrémités.[/i]

" Je n'ai rien contre vous deux,", commençai-je en fixant tour à tour un Bayrön hilare et Liv de Sula. " Ce serait même l'inverse vu ce que vos actions ont permis. Toutefois votre comportement remet ces choses là en question. Vous cachez indubitablement des choses capables d'avoir mis à terre l'un des plus puissants dragonniers de cette époque. Des choses terribles à n'en point douter mais je ne lâcherai pas le morceau avant d'avoir su de quoi il retourne exactement. Alors autant faire en sorte que cela se passe le moins douloureusement possible, non ?"

Un éclat argenté pointa subitement à l'horizon nord et dévora la distance qui le séparait de la plateforme. Une hache passa, fendant les airs, brisant les rayons du soleil sur son tranchant et suivit une droite courbe jusqu'à n'être à nouveau plus qu'un éclat d'argent disparaissant au sud…

*Ainsi, il avait raison…*
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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Jeu 14 Avr 2011 - 23:33


Chaque seconde passée compliquait la situation, et les déblatérations n’y changeait rien si ce n’est que la fantaisie de leur énonciation me forçais à mobiliser une partie de ma concentration pour éviter qu’un sourire gêné de s’étale sur mon visage, achève d’agacer l’homme aux cheveux blancs qui nous tuerait tous sur un coup de tête. Certes j’exagérais, d’autant plus que l’homme ne semblait pas être du genre impulsif mais au contraire très réfléchi. Je ne doutais pas qu’il soit un adversaire redoutable, aussi préférais-je étouffer mes divers émotions pour m’en tenir à la modestie devenue louche que j’avais montré jusqu’à présent. Naturellement, j’allais devoir revoir mon jeu, trier mes cartes et jouer la bonne, tant de chose en dépendait.

Remettre le Léonien à ces gens semblait être notre meilleure option, néanmoins je désespérais de le voir s’éloigner derrière les sbires du Nomins, trop de questions subsistaient que je voulais lui poser, et si possible loin des oreilles indiscrètes.

Le vrai problème était là, trop d’inconnu écoutant la conversation, prêt à en faire le rapport à quelques obscurs supérieurs. Le Nomins était-il à l’abri des traîtres vendus au SEL contre quelques bribes mensuelles. Aussi, confier ses plus grands secrets, ceux que j’avais abordée avec certains sans jamais les exposer à nu dans leur totalité. On voulait maintenant que je les dévoile à de parfaits inconnus. Cela paraissait assez évident que je ne pouvais pas me permettre de parler dans ces conditions, mais je n’étais pas vraiment en position de force. Oh bien sûr je ne craignais pas les magiciens : si les pensées étaient une richesse enfermée de la conscience, comment piller un trésor dont on ne peut déceler l’existence ? Bien sûr, ils pouvaient aussi l’embarquer pour la torturer jusqu’à ce que je parle mais mes aptitudes m’avaient rendue relativement résistante à ce genre de traitement.

Néanmoins je n’avais pas la volonté de me battre à nouveau. Je me battais tout le temps, depuis ma naissance à Teirm jusque dans les salles privées de Dras Léona, sans oublier les années passées à Sulamande. Tous ces conflits dont l’échelle et l’incidence variaient tout en restant plongés dans la violence. Si le Démon en réclamait toujours plus, je ne pouvais qu’être dégoûtée par ces entrailles baignées d’hémoglobine. Bien entendu, la situation actuelle n’atteignait pas des dimensions sanglantes, mais les cycles de violences s’enchaînaient partant d’un affront vers les rivières rouges des massacres.
*Tu divague, souligna une voix lassée.*
Je soupirais intérieurement. Il avait raison, ces débats aussi internes que stériles ne me servaient à rien. Cependant je n’avais toujours pas de solution. Laïaga avait bien enfoncer le clou. Il avait parlé d’Arngrîm … J’aurais tant voulu que Dandelo soit là pour me sauver. Comment je ne sais pas, ni même de quoi exactement, mais je pensais spontanément à lui quand il était question de mon salut.
*Encore.
- Vas-t-en si tu n’es pas content !
- Comme si je pouvais.*

Plutôt que de répliquer je me contentais d’un bref silence suivant d’une oreilles les acrobaties verbales de Bayrön avant de guetter la lame acérée qui surgirait de celles du Nominsien. Et elle ne tarda pas ponctuée avec une pointe d’agacement :


« Alors autant faire en sorte que cela se passe le moins douloureusement possible, non ? »


øØ Une hache volante plus tard Øø
Ou comment esquiver un truc qu’on a pas réussi à caser.
Mr. Green

Face au regard insitant de mon interlocuteur, il me fallait gagner du temps. Après un bref hochement de tête, je plongeais mes yeux dans les siens avant de lâcher d’une voix injectée de conviction :

« Je comprends votre position aussi vais-je collaborer et vous dire ce que je sais. Néanmoins je vous prie également de comprendre la mienne, comme vous pouvez le remarquer je ne compte pas Laïaga Sin’Saïan parmis mes amis et j’apprécierais de pouvoir faire mes confidences à l’abri d’oreilles iniscrètes. »

Je tournais la tête avec insistance sur le prisonnier avant de croiser le regard de chacun des sous-fifres en présence avant de finalement regarder Bayrön pour tenter de déceler son opinion sur son visage, peine perdue. Je reportais alors mon attention sur le regard de glace qui me jugeait toujours, prête à encaisser la réponse. Voudra ? Voudra pas ?

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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Jeu 21 Avr 2011 - 20:00


[Une droite c’est droit @_@]

-Alors oui mon grand, j’étais aussi frais cette fois-ci que celle d’avant, conclus-je après une courte pause théâtrale.

Je venais de leur raconter en enjolivant un peu la bataille de Teirm, les illusions à l’échelle d’une armée, Mélodie la jeune fille qui savait insuffler des émotions et des sentiments à des milliers d’esprits à la fois, la mort de Ralim et ma blessure et ce sort hautement dispendieux qui nous avait permis, à moi et quelques autres, de réduire en poussière les portes de la ville, tout ça avant le combat contre Dandelo.
Un peu pour clouer le bec à Bayrön, un peu dans l’espoir futile de leur en mettre plein les mirettes à tous, de les impressionner et peut-être de leur faire commettre un impair.
Si j’avais espéré une réaction quelconque de la part de notre hôte, c’était peine perdue, il se contenta d’enchainer sur la précarité de notre situation, l’idiotie de lui faire des cachotteries… Ben tiens, naturellement, c’est ce que tu aurais fait à notre place !

-Faire de nos esprits des livres ouverts hein ?

Si j’avais eu les bras libres, j’aurais englobé l’étrange assemblée de magiciens rescapés qui faisait tant bien que mal voler notre improbable embarcation. Ils y arriveraient, sans doute, en s’attaquant à nous l’un après l’autre, sauf pour Liv qui était un cas particulier façon Dandelo.

-Nous ne sommes peut-être pas en position de force mais tu as une poignée de Bleus sous tes ordres, tu vas peut-être me dire qu’on va rejoindre un contingent de magiciens à l’atterrissage ?

Ça n’était pas impossible, c’était juste la pire situation envisageable, mais bon, ça ne me semblait pas si probable que ça.

-Tu as l’air décidé à… commençai-j, mais une hache me coupa la parole.

Une hache à la lame argentée, qui voltigeait en tournoyant selon une trajectoire droite et courbe à la fois qui ébranla sérieusement ma conception de la géométrie euclidienne, me laissant à penser qu’il faudrait débloquer plus de fonds pour nos mathématiciens une fois que je serais rentré au bercail. S’ils étaient capables de faire faire ce genre de trucs à nos armes…

-A… tentai-je de reprendre. Enfin…

Liv enchaîna vaillamment sans se laisser démonter, je lui jetai un regard en coin, un rien étonné, mais contrairement à ce qu’on aurait pu attendre, personne n’avait bondi de surprise, ne s’était mis à brailler des ordres ni ne s’était jeté derrière un bouclier au passage du projectile.
Pour ma part j’avais eu le réflexe de sauter dessus, d’attraper une arme et de profiter de l’effet de surprise pour prendre un avantage décisif. Manque de bol d’une, j’étais toujours incapable de bouger le petit doigt, de deux, l’effet de surprise avait fait un flop.
Je suivis des yeux l’éclair argenté qui s’éloignait, plutôt rapidement.

-Moi je sais un certain nombre de choses qui vous intéresseront peut-être, dis-je d’un air distant, un peu de ma contenance retrouvée. Et si tu réfléchis bien, continuai-je en m’adressant au grand chef de l’équipée sans le regarder, je n’ai pas de raison de mentir et tes menaces ne m’atteignent pas plus que ça, mais… quelqu’un pourrait m’expliquer ce que c’était, ça ?!
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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Mar 10 Mai 2011 - 14:12


Vu la tête que tirait Bayrön, ce fut tout juste surprenant qu'on ne l'entende pas ouvrir son clapet pour laisser échapper une remarque désobligeante sur le récit de Laïaga et de ses faits d'arme à Teirm. Il se contenta de modifier son grand sourire pour le rendre plus insolent encore et de lever les yeux au ciel, cherchant désespérément un dieu pour... Non, réflexion faite, il était un dieu. Bayrön en vint donc à adresser des prières à lui même pour que les chevilles de Sin'Saîan - ou sa tête mais ça serait moins drôle du coup - finissent par exploser à force d'enfler si démesurément. Le prix à payer pour avoir douché net ses espoirs de minimiser l'étendue des capacités de Liv. Quoique, il pouvait aussi tout déballer sur les ombres et démontrer par A + B qu'en comparaison de ça, les défenseurs de Teirm n'avaient été que de banales brochettes de guimauves ambulantes parfaitement inoffensive - même si on pouvait s'étouffer avec. Une excellente idée pour griller définitivement sa couverture et de lui offrir un aller simple pour...

Comme pour appuyer les hypothèses de Bayrön quant à ce qui pourrait lui être réservé, un hache vint se balader sous ses yeux, allumant une lueur inédite dans les yeux de ce dernier. Il esquissa un mouvement pour lui sauter dessus et la plaquer sur la plateforme comme un chat saute sur une souris mais à son grand dam, personne ne l'entendit de cette manière. Il ne put que rester immobile dans sa bulle et regarder la hache s'éloigner comme si de rien n'était. Tsss, qu'est-ce qu'il dirait à son propriétaire maintenant ? "Salut, désolé mais tu vas encore devoir courir après ta... mais pourquoi elle me regarde comme ç... Aïe Ouille pas le balai ! "
Bah, il ne lui restait plus qu'à trouver quelqu'un pour annoncer à l'heureux propriétaire qu'il ne reverrait pas sa hache de sitôt...


¤¤¤¤¤
- … quelqu’un pourrait m’expliquer ce que c’était, ça ?!

" Bah... une hache.", fis-je le plus naturellement du monde, comme s'il était tout à fait habituel de croiser des haches volantes. Je ne voyais pas trop ce qu'il fallait ajouter, si ce n'est le conseil d'accepter le fait que cette hache faisait continuellement ce qu'elle venait de faire. Et puis, ça me permettait de ne pas étaler mon ignorance sur la manière dont cette hache était devenue si particulière.
Un soupir monumental s'échappa alors des lèvres du dénommé Bayrön tandis que ses yeux débordaient de la condescendance de celui qui connait la réponse mais se complait de voir patauger les autres dans son ignorance. Bigre, comment ce type en était venu à pouvoir établir des relations avec qui que ce soit en se comportant de cette manière ?
" Et croyez moi ou pas mais mieux vaut ne pas chercher à en savoir plus."

C'était un coup à remettre complètement en cause votre conception du monde qui vous entoure. Pas franchement agréable, surtout en ces temps troublés.

" Mais si vous voulez, vous pourrez y réfléchir tout le temps que vous voudrez une fois dans votre cellule."

Complètement mesquin de ma part mais au moins, je n'y avais pas rajouté un de ces sourires Bayronesques. Je n'avais fait qu'énoncer la vérité stricte et sous entendu qu'il n'avait pas complètement tort à propos de la clique de magiciens - bien qu'il n'y en ai pas une armée proprement dite mais ce serait amplement suffisant.

" Voilà qui devrait régler une partie du problème des oreilles indiscrètes,fis-je en me tournant vers Liv de sula avec un faible sourire. Pour le reste, nous verrons une fois arrivés dans des lieux un peu moins dangereux, ce qui ne saurais tarder, j'imagine."

Mettre les voiles au plus vite était un argument de poids dès qu'il s'agissait de balayer les objections concernant certains soucis de sécurité. Certains allaient sans doute passer les jours qui suivraient à s'empiffrer et à pioncer suite à tous ces efforts mais c'était mieux que de tomber nez à nez avec des dragons mal embouchés. Et puis, un petit peu d'esbroufe pour faire croire qu'il était tout à fait habituel de faire tracer des plateformes volantes à cette vitesse n'avait pas de prix...

Toujours est-il qu'une bonne dizaine de minutes plus tard, la plateforme entama sa descente à grand renforts de secousses et de bruits pas franchement rassurants pour se poser sans grande douceur au milieu d'herbes hautes. Il y avait également un comité d'accueil qui, même s'il avait été averti en temps et en heure ne manqua pas, pour certains de ses membres, de faire des têtes tout simplement mémorables. Passé l'instant de surprise, il avaient retrouvé un semblant de sang froid et s'apprêtaient à escorter Sin'Saïan jusqu'à sa cellule, ainsi que Bayrön en attendant qu'il clarifie sa position. Quand à la jeune femme...


" Si vous voulez bien me suivre.", fis-je en désignant une bâtisse en bois qui servait d'ordinaire à abriter les différents architectes et autres inventeurs. Si elle voulait parler à l'abri des oreilles indiscrètes, soit. Je n'avais pas grand chose à perdre sur ce coup là et même si elle me menait en bateau, il y avait de la place pour elle dans une cellule et deux autres acolytes qui pourraient trouvé un intérêt quelconque à parler. " Nous serons plus à l'aise pour discuter. Ah une dernière chose !" - je me tournai vers Sin'Saïan et son ami Bayrön - " Si vous avez besoin d'eau et de nourriture, vous n'aurez qu'à demander - après tout vous êtes plus utiles vivants que morts - mais gardez à l'esprit que notre hospitalité à des limites..."

Mais si l'un des deux voulait passer ses jours à être nourri à la petite cuillère parce qu'il avait du être à nouveau immobilisé au lieu de pouvoir vivre une vie de prisonnier basique, cela ne regardait que lui...
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Liv de Sula


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Liv de Sula
L'Oeil
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Lun 30 Mai 2011 - 19:48


Ma mâchoire se crispa lorsque notre « embarcation » amorça sa descente. Si certains auraient pu interpréter cette expression comme une trace naturelle de mon manque de confiance envers la durabilité de cette chose qui nous emmenait vers le sol à bonne vitesse tout en émettant des vibrations et des craquements peu rassurants, c’était en réalité une manifestation atténuée de l’agacement qui m’avait saisie. Et encore, à l’échelle de ce serrage de dents, « agacement » semblait bien faible comme mot.
J’avais envie de hurler et de frapper chacune des personnes en présence, à commencer par moi. Quelle conne j’avais été, promettre de tout dire, comme ça d’un coup. Avais-je seulement réfléchi aux conséquences que cela pourrait avoir ? Et s’il décidait de reprendre les travaux de Kartine là où il les avait laissés ? M’enfermant pour mieux m’étudier, étendant la recherche à d’autres cobayes pour faire renaître le cauchemar que dont j’avais noyé les traces dans une mare de sang. Toutes les chimères je les avais tuées de ma main, j’avais traqué chaque individu ayant touché de près ou de loin à cette affaire. La seule cible potentielle restante était Laïaga mais je devais d’abord l’interroger pour voir si d’autres huiles du Saint Empire se cachaient derrière son nom.
Au lieu de préserver le fruit de la mission que je m’étais confiée, voilà que je faisais l’inverse en promettant de raconter cette histoire qu’était la mienne.

De toute manière le mal était fait, me maudire n’y changerait rien. Mentir ? Il m’était avis que le type aux cheveux blancs serait à même de le déceler rien qu’en me regardant. Pourtant d’ordinaire j’étais une habile baratineuse, mais pas cette fois, une intuition. J’essayais donc de former dans ma tête, un récit convenable qui ne s’étende pas sur les expérimentations dont j’avais été l’objet, bien qu’une évocation, si vague soit-elle, semblait inévitable.

Et le lopin de terre volant continuait sa descente sur le rythme saccadé de nombreux tremblements…


• • •

« Si vous voulez bien me suivre, dit celui qui s’imposait à coup sûr comme le chef des hommes en présence, nous serons plus à l'aise pour discuter. »
Je hochais la tête sans un mot avant de le suivre, regardant autour de moi pour essayer de compter les gens qui nous entouraient. Au cas où.

La bâtisse vers laquelle nous nous dirigions n’avait rien d’un bunker ou d’une quelconque place forte. En réalité, comme tout ce petit monde, elle semblait complètement paumée au milieu de la nature, si bien que j’en arrivais à me demander ce que nous faisions là. Je me souvins alors des mots qu’il m’avait adressés lorsque nous étions encore sur la plateforme : « Pour le reste, nous verrons une fois arrivés dans des lieux un peu moins dangereux, ce qui ne saurais tarder, j'imagine.»
En y repensant, ça n’était pas franchement rassurant.

Il y avait dans le baraquement des tables et des pupitres à foison, peuplés de tableau en ardoise et de craies cassées, ainsi que de parchemins usés et tâchés d’encre. Bref un joyeux bazar. L’homme tira un banc et s’assit d’un côté d’une table, me laissant m’installer face à lui. De fin rayons de lumière filtraient à travers quelques persiennes.
Il avait parlé d’un lieu sûr où parler. La construction ne semblant pas étanche en matière de bruit - et d’humidité à en juger par les traînées crasseuses qui descendaient sur certains murs – j’espérais qu’il ait usé de magie pour que même les murs n’entendent pas notre conversation. Néanmoins, je ne pus m’empêcher de parler en chuchotant, me penchant en avant comme un homme confiant ses péchés au curé.

« J’espère qu’en entendant mon récit, vous comprendrez pourquoi je tiens à rester discrète et n’ébruiterez rien de ce que je vais vous confier. Sachez aussi que si vous abusez de ces secrets, d’une manière ou d’une autre je vous tuerais. »

Je m’interrompis en plongeant mon regard dans ces yeux glacials, y mettant toute ma conviction. Et il me le rendit ce regard, Dieu que l’adversaire était redoutable. Proférer de telles menaces alors que j’étais leur captive paraîtrait peut être ridicule, mais si l’homme était aussi intelligent que je le pensais, il en décèlerait la justesse, et encore plus une fois mon récit achevé.

« Je vais tâcher d’aller aux points essentiels, c’est une longue histoire alors si vous avez des questions je vous suggère de les garder pour la fin, ajoutais-je. Je m’humectais soigneusement les lèvres avant de reprendre, toujours à voix basse. Si je suis née humaine, je ne le suis plus à ce jour. Alors que j’étais encore adolescente, j’ai été transformée en ce que mes "créateurs" appellent une chimère. »

J’expliquais rapidement l’idée dont avait résulté ma transformation : l’association des qualités de prédateur présentes dans différents êtres parmi tous ceux que compte l’Alagaësia pour les fondre dans un corps en parallèle d’une conscience humaine de manière à ce que le sujet puisse maîtriser l’implant. J’enchaînais aussitôt sur les capacités que cela m’octroyait, de l’acuité inhumaine aux modifications physiques contrôlables qui augmentaient mes aptitudes. Le pouvoir du Démon, l’instinct qu’il m’accordait toutes ces choses dont je n’avais révélé les détails à personne tout en précisant que je ne pensais pas avoir encore capté toute l’étendue des pouvoirs que l’Ouroboros m’apportait. Je ne m’arrêtais pas là, comme inspirée, je lui décrivais comment j’avais soigneusement éradiqué toute trace des recherches et expérimentations du professeur Kartine, brûlant ses notes et son cadavre avec celui de ses associés, comment j’avais traqué une à une chacune des chimères qu’il avait laissé à la botte du Saint-Empire et comment la piste que je suivais m’avait menée sur les trace de Laïaga Sin’Saïan que j’avais rencontré dans la capitale Léonienne.
Les mots sortaient les uns après les autres, avec la fluidité de diction d’un troubadour récitant son texte. Pourtant ce texte-là, je ne l’avais jamais confié à personne avant ce jour, c’était comme s’il s’était modelé de lui-même en attendant le jour de sa sortie, le jour ou mes lèvres pourraient le prononcer.

Puis avec autant de facilité qu’il avait débuté, le débit des mots s’apaisa jusqu’à s’estomper et laisser le silence s’installer alors que mes yeux étaient toujours braqués dans les siens. J’avais le cœur qui battait à tout rompre, une mèche de cheveux barrait mon visage, collée à ma peau tant par la sueur que par le sang coagulant. J’étais pendue à ses lèvres, dans l’attente de sa réaction, et aussi de ses questions qui lanceraient une nouvelle passe d’armes verbales.


Dernière édition par Liv de Sula le Lun 20 Juin 2011 - 17:08, édité 1 fois
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Mer 1 Juin 2011 - 20:28


-Emmenez-les, avait jeté l’homme aux cheveux blancs d’un ton désinvolte.

Et ils nous avaient emmenés, sans la moindre désinvolture, Bayrön et moi. Un groupe de soldats et de magiciens arborant le blason des bleus. Très professionnels, les types. Jugulaire jugulaire, pas un pour engager la conversation, détendre l’atmosphère.
Enfin, je me consolais en me disant que j’avais l’air de leur faire une petite impression. Même s’ils le cachaient bien. Bayrön, ils ne devaient pas le connaitre ; s’il avait été renommé, j’aurais entendu parler de lui. Moi c’était une autre histoire. Un atout et un désavantage. Bon… Peut-être plus un désavantage qu’un atout. Si j’avais eu un doute devant la surprotection dont j’étais gentiment affublé, la manière de camisole dont on me força à me revêtir aurait achevé de me convaincre.

-Tendez les bras !

On m’avait rendu un peu de liberté de mouvement pour le temps du trajet.

-Quoi ?!

Je n’avais rien dit depuis quelques minutes de déambulation vers la prison du coin, de toute façon, ils ne semblaient pas disposés à me dire où on était, ce qu’il s’était passé avec le volcan ou même leur prénom, alors bon…
Mais là je les voyais approcher avec leur camisole de cuir qui sentait une sorte de magie brute, une odeur entêtante, plus prégnante que la senteur électrique mais discrète dont j’avais l’habitude.

-A quoi sert cette camisole ? demandai-je sans bouger.
-Ne nous faites pas de problème et tendez les bras, rétorqua un officier obtus.

J’avais déjà perdu espoir de poser les questions que je désirais lui poser à Liv ; du moins pas avant un moment, de même que je ne pensais pouvoir assouvir ma vengeance à l’endroit de Bayrön dans les heures prochaines, pas plus en fait que de me libérer. Je n’avais donc pas beaucoup de marge de manœuvre…

-Va chier.

Je cherchai fiévreusement des yeux une autre option que celle, peu ragoutante, qui s’offrait à moi, mais mes jambes se dérobèrent avant que je n’aie pu penser à quoi que ce soit. J’allais m’affaler dans l’herbe haute. Deux soldats m’attrapèrent pendant que les gars qui tenaient la camisole me soulevaient les bras et me l’enfilaient.
Mes bras se croisèrent sur mon torse. On referma le vêtement dans mon dos et attacha mes poignets entre eux.

-Ça suffira ? demanda un des soldats qui nous attendaient au sol.

Un des mages qui nous accompagnaient sur la plate-forme opina du chef :

-Emmenons-le.

Notre procession reprit en silence, à travers la porte où l’on était allé chercher la camisole d’abord, puis le long d’un couloir qui nous mena à un escalier qui, chose étrange, montait. L’habitude des cellules en sous-sol. De vouloir m’appesantir sur cette architecture originale me suffit à comprendre l’effet pervers de la camisole dont j’étais affublé : je n’arrivais pas à me focaliser sur un raisonnement. Une manière d’effet débilitant : dès lors que j’essayais de penser longuement à quelque chose, de formuler une idée complexe, mon esprit se perdait.
Ainsi j’avais beau avoir saisi ce qui m’arrivait, impossible de réfléchir au fonctionnement de l’odieux habit et à comment annuler ses effets. Un plan d’évasion ? Impensable. J’étais brusquement cantonné à l’instant présent.

-C’est ici, me fit un des garde-chiourmes en ouvrant une épaisse porte de bois. Entrez.

Il avait parlé d’une voix dénuée d’émotion mais son regard trahissait ce mélange de colère et de crainte que je voyais souvent. Je lui fis un clin d’œil en passant l’embrasure de la porte. On la referma derrière moi après la promesse que l’on m’apporterait bientôt à boire et à manger. Sans penser à me dire comment j’allais me nourrir ; j’imaginais mal mes geôliers me donner la becquetée… mais je n’avais pas la force d’y réfléchir.
Une fois seul, le bruit des pas disparus, je donnai un coup de pied rageur dans un mur et me jetai sur la planche de bois accrochée à un mur qui faisait office de couchette. Assis dans un coin, je fermai les yeux et poussai un long, long soupir. Comment ça avait pu merder à ce point ? Qu’étaient devenus Bayrön et Liv ? Ils avaient beau vouloir ma peau l’un et l’autre pour des motifs qui demeuraient obscurs, ils étaient les plus susceptibles de partager mes velléités d’escapade. Est-ce que Bayrön avait bénéficié du même traitement que moi ? Auquel cas mieux valait ne pas compter sur lui, impossible d’élaborer un sortilège quelconque pour se libérer de nos entraves avec cette fichue camisole, et y aller à la force brute… Hé bien… ça relevait de l’utopie.
Bref, assis dans ma cellule obscure et austère, à la lueur d’une unique lucarne étroite et obstruée par des barreaux, je me laissai doucement aller à un désespoir lancinant, un abandon bienvenu, l’esprit divagant et prenant le large toutes voiles dehors. Quel intérêt d'essayer de penser à ma situation, à des solutions ? Je savais que ça ne mènerait à rien. Alors pour la première fois depuis longtemps, je laissais tomber. Le monde tournait très bien sans de toute façon.
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Garnyiss


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Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Ven 24 Juin 2011 - 13:35


A peine les pieds de retour sur la terre ferme, Bayrön se retrouva confronté à un autre problème. Devant lui se tenait un mur de métal revêtu, irradiant la bonté, la sollicitude et l'amabilité par tous les pores. Un comité d'accueil des plus chaleureux qu'il fixa non sans un certain scepticisme. Etait ce donc là l'accueil qui lui était réservé ? Une bande d'humains tout bonnement incapables de faire preuve d'un petit peu de fantaisie. Si encore ils avaient pu penser aux rafraichissements ou à quelque compagnie aguicheuse, Bayrön aurait laissé passer mais là, c'était tout bonnement impossible – et après, on s'étonnait qu'il n'y ait pas plus de héros au sein du Nomins !

" Tss…", laissa échapper Bayrön de ses lèvres pincées par la curiosité tandis que les soldats en question s'approchaient de lui. A quelques jours près, ils l'auraient salué avec le respect du à celui qui venait de faire prisonnier l'une des figures du Saint Empire Léonien – et accessoirement d'offrir un point de détail à éventuellement glisser lors d'une éventuelle conversation avec la reine des Elfes – ou peut-être en train de suivre les manigances de l'autre grain de sable qui aurait du ne plus être – pour commencer – il y a de cela bien longtemps.
Au lieu de cela, voilà qu'ils l'entouraient avec des mines n'augurant rien de bon. La rumeur avait sans doute déjà fait son bout de chemin. Exécuteur des basses œuvres du Conseil, peut-être même un assassin à leur solde. Inoffensif tout à l'heure où nul ne se serait risqué à faire des étincelles sur la plateforme sous peine d'aller voir à grande vitesse ce qui pouvait bien se passer d'intéressant sur le sol. Mais là, sur la terre ferme, avec des alliés peut-être même parmi les soldats qui venaient de l'entraver, c'était une toute autre affaire. Le moindre geste anodin pouvait être un quelconque message pour effectuer telle ou telle action…
Dans de telles conditions, Bayrön ne s'étonnait pas d'être regardé comme une araignée particulièrement venimeuse et capable de sauter à la figure de tout ce qui passait à sa portée. Aussi, réfrénant sa nature profonde, il décida de faire profil bas et retenir un ricanement moqueur lorsque Sin'Saïan, Némésis du Némésis, Tombeur de Teirm, généralissime du Saint Epire Léonien se retrouver empaqueté comme un vulgaire morceau de viande. Voilà qui devrait lui apprendre à ne pas tenter de rattraper à tout prix une brochette de fuyards dont il ignorait tout…
L'insistance d'une pointe de lance dans le dos vint mettre fin à toutes les considérations de Bayrön sur ce sujet. Après tout, il se retrouvait mis dans le même sac que Sin'Saïan et il pourrait fort bien déguster méchamment avant la fin de tout ça. Le commencement n'était déjà pas des plus brillants, constata-t-il lorsqu'il fut poussé sans ménagement dans une geôle sombre dont les murs étaient en partie couverts par des toiles d'araignées – de la compagnie, c'était toujours ça de gagné. La porte se referma derrière lui, le verrou cliqueta et des pas lourds s'éloignèrent dans le couloir mais pas trop.

Un sourire ressurgit sur les lèvres de Bayrön tandis qu'il s'affalait sur la paillasse dans un concert de cliquetis métalliques. Enfin seul ! Pas le moins du monde bâillonné – à la condition implicite qu'il ne se mette pas à sortir des mots d'ancien langage – et sans doute à portée d'oreille de Sin'Saïan. Peut-être qu'il pourrait s'amuser à ses dépens en poussant des cris atroces et des supplications à tout va – il pouvait être très convaincant dès qu'il s'agissait de tromper autrui. Au lieu de cela, il éclata brusquement d'un rire démentiel à la vue du motif des insectes piégés dans les toiles d'araignées. A peine arrivé et ça commençait déjà à se tirer dans les pattes…


" Mais c'est quoi ce cas ?
-T'occupes et joue...
- Pfiou, d'où tu la sors celle là ?"

une suite de tête couronnée venait de faire son apparition sur la table, suivie des cartes abbatues par les autres joueurs. L'heureux gagant s'empressa d'empocher la pile de pièces sur la table avec un sourire entendu. Un cinquième soldat passa près de la table de ses collègues, portant deux plateaux sur lesquels tronaient un pichet d'eau, une miche de pain de pain avec du fromage et une cuisse de poulet.
Les clefs cliquetèrent dans le verrou, ouvrant la porte de la cellule d'un Bayrön toujours hilare - au grand dam de ceux qui pensaient être au calme - et qui ne réagit même pas lorsque le plateau fut déposé près de lui. Laissant ce cas désespéré à son sort et à la pénombre de sa cellule, le soldat se dirigea vers la cellule du deuxième prisonnier, non sans ressentir comme une légère boule dans l'estomac.
Certes, Laïaga Sin'Saïan était neutralisé mais tout de même, il restait ce qui se rapprochait d'une légende vivante et le Nomins n'aurait peut-être pas été ce qu'il était maintenant sans cet homme.


" Le diner est servi ! ", s'exclama le soldat en déposant le plateau sur le sol. Il allait repartir lorsque un détail vint titiller son esprit. Sin'Saïan avait tout de même les mains liées devant le dos et d'après ce qu'on disait, il n'était pas en mesure de gambader gaiement dans sa cellule. Or les ordres avaient été clairs : les prisonniers devaient être bien traités dans la mesure où ils ne tentaient pas quelque coup d'éclat malheureux. Mais détacher la camisole serait peut-être un erreur...

En proie à ce dilemme, le soldat resta debout, ne sachant trop quoi faire...

¤¤¤¤¤
* Elle y croit vraiment…*, siffla Walsir en guise de commentaire aux menaces de la jeune femme. Pour sûr, elle ne manquait pas d'aplomb à me menacer ici, séparée d'une armée par quelques murs en bois. Ou elle estimait disposer de suffisamment d'arguments en sa faveur pour que sa menace soit crédible – elle avait bien contribué à la capture de Sin'Saïan, je ferais bien de garder cela à l'esprit. Dans tous les cas, je décidai qu'il ne valait mieux ne pas prendre la mouche et l'inviter à continuer par un silence attentif.
Les révélations de Liv de Sula furent à la hauteur de ma surprise lorsque j'avais réalisé que le duo qu'elle formait avec Bayrön avait réussi à capturer et trainer Sin'Saïan jusqu'à nous. Des expériences contre nature, sans doute dans l'optique de créer un super-soldat ou pire encore un prédateur suprême. La seule évocation de cette idée fit courir un long frisson le long de la colonne vertébrale. Chercher à dénuer un individu de son humanité pour au final ne conserver que ce qui pourrait servir des fins peu avouables sonnait bien trop familièrement à mes oreilles.


* Un chance que cette… femme soit morte…*, fit remarquer Walsir.
J'approuvai silencieusement. D'après Liv de Sula, elle avait tout fait pour que les recherches sur les chimères ne puissent être reprises mais il n'en restait pas moins des preuves de son existence. Un exemple de réussite qui se trouvait juste en face de moi. Bayrön l'avait-il su quand il s'était lancé dans son entreprise ou n'avait-il fait que voir et utiliser à sa manière une faille qu'il avait entraperçue dans la carapace de Sin'Saïan ? Et qu'en était-il au juste de ses commanditaires ? Depuis quand avaient-ils planifié cette opération ? Tant d'interrogations se bousculaient dans mon esprit…


" Je dois avouer que ce n'est pas exactement ce à quoi je m'attendais vous concernant , commençai-je en éludant volontairement ses menaces – je lui souhaitais bien du courage pour arriver à me tuer avant que d'autres ne le fassent -,mais je ne puis guère changer quoi que ce soit à cela. Cependant, il y a une chose qui me tracasse : si j'ai bien compris, ce… démon, semble vous être indispensable pour utiliser vos pouvoirs mais jusqu'où s'étend votre contrôle sur lui ? »

A entendre Liv de Sula, l'entité semblait être douée d'une conscience propre et il me semblait pour le moins étrange qu'elle accorde à la jeune femme tous ces pouvoirs sans aucune contrepartie ou même sans tenter de l'influencer d'une quelconque manière - après tout, le mot démon était suffisamment lourd de connotation pour que je m'inquiète à ce sujet.

« Au vu de vos capacités, je préfèrerais ne pas avoir la mauvaise surprise de me retrouver nez à nez avec une charmante personne essayant de faire passer un très sale quart d'heure,, ajoutai-je avec un air entendu. Réunir autant de capacités dans un seul être et les vendre au plus offrant en dit long sur les motifs qui ont présidé à ces recherches. A ce sujet, comment avait vous fait pour traquer vos semblables ? Physiquement ,vous ressemblez à une humaine comme il y en a des milliers, vous vous comportez comme eux. Alors comment dans toute cette masse avez vous fait retrouver ceux que vous cherchiez - à moins que vous ne les ayiez déjà vu mais alors, qu'est-ce qui vous garantissait qu'il n'y en avait pas d'autres ?"

Quelque chose que seule un chimère était capable de percevoir où y avait-il des traces évidentes pour qui savait quoi chercher ?
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Lun 7 Nov 2011 - 18:13


Ça m’aurait étonné aussi, que ce soit ce à quoi il s’attendait. Personne n’aurait pu s’attendre à ça. Piquée au vif par la question de l’inconnu, je lui jetai un regard noir. J’avais contenu cette chose pendant des années et des années après qu’on me l’ait injecté, et maintenant quelqu’un s’inquiétait du contrôle que je pouvais avoir dessus ? Je serrai les dents avant déclarer d’une voix maîtrisée :

« Il n’y a pas de mesure pour ça. Mais soyez rassuré, je le maîtrise même pendant mon sommeil, vous ne courrez aucun risque. »


Mes mains étant dissimulées par la table, l’homme ne put voir que j’avais mon doigt entre le pouce et l’index, là où était l’anneau du serpent, caressant doucement la fissure qui s’y était creusée. Ce mouvement était déjà devenu un tic, me rassurant à chaque fois que je constatais que la crevasse de s’était pas étendue.

« Concernant ma traque, repris-je, votre imagination vous mène trop loin je le crains. Kartine était un homme méticuleux qui consignait tous ses faits de science par écrit. Une bibliothèque entière sur le résultat de ses expériences, les idées qu’il voulait développer, et ce genre de chose. Il y avait aussi des écrits concernant les chimères qu’il avait créées. Il les suivait pour s’assurer que la fusion était effective et qu’aucun rejet de se déclarait. Sur ces notes il y avait la localisation précise de chacune de ses créations, leurs affectations. J’ai pris ces notes avant de mettre le feu à son laboratoire où étaient entreposés le reste de ses écrits. Un enfant en bas âge aurait pu les retrouver avec ça. »

Mais certainement pas y survivre, complétai-je intérieurement. En y repensant avec du recul, la facilité de cette traque était déroutante. Je n’y avais jamais réfléchi, mais l’idée d’un lien inter-chimère me paraissait inenvisageable. D’un autre côté, peu de personnes auraient pu envisager l’existence des chimères.

Je me reculai légèrement, et levais la tête vers le plafond. Une araignée tissait patiemment sa toile entre deux poutres vermoulues déjà parsemée de ses congénères. Mes yeux la suivirent quelques secondes pendant que le silence étendait son voile fragile dans la pièce. Je finis par le briser, en reprenant d’une voix plus forte :

« Qu’allez-vous faire de Sin Sayan ? Pourrais-je lui parler ? »


Ce serait la moindre des choses, après tout on venait de leur livrer l’un des plus grands pontes du Saint Empire Léonien sur un plateau d’argent. Je voulais juste l’interroger, récolter les renseignements que j’étais venue chercher à Dras Léona, et repartir. Cet endroit, ces gens, ce type, rien n’était rassurant. Plus vite je me serais éloignée, plus vite je pourrais souffler. Mais me laisseraient-ils seulement partir ? Mettant de côté le fait que j’étais un être unique, une chimère, j’avais pu voir que le trouble agitait la région et que les « Bleus » - comme disait Laïaga – ne semblait pas aussi organisé qu’on pouvait le penser. Peut-être craignaient-ils que je fasse circuler ce genre d’informations. Après tout ils ne me connaissaient pas, leur seule garantie étant ce Bayrön dont l’étrange comportement ne mettait pas spécialement en confiance.
Brusquement pressée, je soufflai d’une voix nerveuse :

« Ecoutez, j’ai répondu à vos questions. J’ai moi-même quelques renseignements à demander au prisonnier avant de repartir. Je ne tiens pas à m’éterniser ici. »


Je me levai d’un mouvement vif et m’approchai de la porte du baraquement.

« Mais retenez bien ce que je vous ai dis. Si ébruitez la moindre des informations que je vous ai données, je vous retrouverai et je vous tuerai. »

Mon regard plongea dans ses yeux de glace et je contins un frissonnement, priant pour qu’il se lève à son tour et me mène à Laïaga Sin Sayan. Priant pour ne pas être tombée dans la gueule du loup. J’étais mal à l’aise, un sentiment entêtant dicté par l’instinct de survie de l’Ouroboros. Il fallait que je parte, j’étouffais ici.

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Laïaga

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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Lun 21 Nov 2011 - 20:28


Je poussai un soupir de contentement quand la camisole de cuir s'ouvrit et glissa le long de mes bras. Elle tomba à mes pieds dans un bruit mat et un mince sourire se dessina sur mon visage. De l'autre côté de la lourde porte de bois, les conversations se turent. Il y eut un instant de flottement, puis le bruit de chaises qui raclaient le sol et de pas précipités.
Ils allaient prévenir leurs petits camarades ? Soit, je n'avais jamais cherché les emmerdes. On avait d'abord essayé de m'assassiner, avant de me faire prisonnier, on m'avait coupé de ma magie, on avait même foutu le bordel à Dras Leona.
Tout ce que je demandais pourtant, c'étaient des réponses et de rester en vie.
Mais là ça commençait à bien faire. Le Nomins voulait une guerre ? Il allait l'avoir bon sang ! La camisole, c'était une erreur, je l'avais déjouée presque sans m'en rendre compte au final, mon esprit fuyant doucement mais sûrement, de plus en plus loin, si insidieusement que même moi je ne m'en rendais pas compte. Et bientôt j'avais remarqué que je m'étais suffisamment ouvert pour m'imbiber du sortilège de la camisole.
C'était une toile complexe, très sophistiquée, mais j'avais eu l'impression d'en faire partie : bouger un fil par là, en couper un ici,et rapidement c'était tout l'édifice qui s'effondrait. Ça n'était pas aussi simple que ça, bien sûr, mais le concept était enfantin.
Je poussai la porte qui me retenait prisonnier du plat de la main et elle s'ouvrit sans résistance comme si elle n'avait été fermée par un solide verrou. A peine eus-je posé un pied hors de ma cellule que l'attaque survint, des trois mages qui étaient restés me surveiller. Une attaque rapide et efficace, un truc très professionnel, l'un d'entre eux lança un assaut sur mon esprit tandis qu'un autre me décochait une boule de feu et le dernier soulevait du mobilier pour me l'envoyer sur l'arrière de la tête. Les deux derniers faisaient diversion pour leur camarade qui essayait de briser mes barrières, c'était bien pensé et ils étaient plutôt doués... la boule de feu me glissa dessus sans effet, les objets qui me fonçaient dessus explosèrent en l'air et retombèrent en pluie de copeaux. Les mages amorçaient déjà une seconde attaque ; ils ne la terminèrent jamais. Dans la nuque de chacun un petit os se brisa sans que leurs défenses ne puissent y faire quoi que ce soit.
Mon sourire disparut tandis que je regardais les corps sans vie s'effondrer. Là, ils n'étaient que trois, mais la cavalerie allait se radiner, et je n'avais pas de temps à perdre. La guerre, mes amis les Bleus... La voilà votre guerre ! Le visage fermé, je partis au pas de course, remontant le couloir bordé de cellules. Il y avait une sale de repos pour les gardes aux deux extrémités, mais une seule ouvrait sur l'extérieur, et c'est vers celle-là que j'allais.
Je jetai rapidement un coup d’œil à l'extérieur, mais personne n'était encore en vie, j'avais été rapide. Je refermai alors les portes, les scellai d'un sort informulé puis prononçai quelques mots en Ancien Langage. Le regard fixé sur les battants de bois, je reculai à petits pas, sans cesser de marmonner, encore et encore.
Là où la salle de repos devenait le couloir des cellules, je me mis à genoux, et frénétiquement, traçai du bout de l'indexe des symboles sur le sol. La où mon doigt passait, la pierre fondait puis refroidissait, et bientôt les bourrelets de magma solidifié dessinèrent un pentacle plutôt simple.
Puis je me relevai, et reculai encore jusqu'à ma cellule, reprenant mes marmonnements en Ancien Langage tout en posant de temps à autre la main contre un mur pour y laisser des pièges. Enfin je fis léviter les cadavres dans ma cellule et tandis que le lourd panneau de bois se refermait derrière moi, j'entendis les voix des renforts qui arrivaient, et le bruit effréné de leurs pas. Devant ma cellule, une illusion parfaite de mes geôliers apparut, parachevant le piège qui faisait qu'aucun de ces types qui essayaient de rentrer n'en ressortirait vivant.
Je les entendis arriver au pas de course, les magiciens chargés de venir me remettre sous contrôle, ou peut-être m'achever. Ils tentèrent de forcer le bouclier que j'avais posé sur la porte, et quand ils y arrivèrent, une explosion bref et sèche retentit, projetant des débris de la porte sur les plus proches des nominsiens.
Le carnage commençait.
Au bout du couloir de cellules, mes illusions leur faisaient signe de les rejoindre, le visage tendu et le teint pâle. Les magiciens avancèrent plus prudemment, constamment sur le qui-vive pour déceler les pièges. Un premier tenta de détruire le pentacle quand il le remarqua. Le brusque apport d'énergie activa au contraire l'invocation, et l'esprit qui devait être appelé jaillit d'un autre monde comme un diable de sa boîte, plongeant mentalement sur le pauvre magicien et balayant ses défenses. La seconde d'après, il se retournait vers ses camarades, scandant des mots en Ancien Langage. Tout ça, je le suivais à l'oreille, j'entendais ses mots, et l'explosion des boules de feu, des poings d'air, des lances de lumière. Combien de Bleus moururent encore avant qu'enfin l'un d'entre eux n'abatte leur ami possédé ? Allez savoir. Un certain nombre. Pourtant les survivants terrorisé continuèrent d'avancer, sondant chaque pouce de terrain. Leur instinct leur hurlait certainement de se tirer de ce piège à rat, de prendre leurs jambes à leur cou et d'aller chercher tout le reste du campement pour atomiser la prison, pourtant ils continuaient vers les illusions qui les appelaient. Le sort de confusion que j'avais tissé tout le long du couloir, dés la salle de repos à l'entrée, les empêchait de se comporter comme ils l'auraient fait autrement.
Et grâce à ce sortilège ils rataient régulièrement un des pièges plus simples que j'avais placés ça et là le long de leur chemin. De temps en temps, j'entendais une explosion sourde ou le rugissement d'une colonne de flammes, ou encore le sifflement de débris qui filaient comme le vent, puis le bruit humide qu'ils faisaient en percutant un de mes ennemis.

-On est là les gars, entendis-je de l'autre côté de la porte. On est là, vous êtes sauvés.

La voix qui parlait, loin de respirer l'assurance, suintait la panique. Il y en avait quand même quelques uns qui étaient arrivés jusque là ; ils devaient être plus nombreux que ce que je pensais, ou peut-être plus doués.

-Hé, les gars, vous allez bien ?

Encore cette voix de l'autre côté de la porte. Les illusions disparurent, je ramassai le sabre d'ébène que j'avais fait remmené à moi pendant les festivités et poussai la porte. Ils étaient deux. Derrière eux, les cadavres, presque une vingtaine à vue d’œil, jalonnaient la progression des deux survivants. Ils ouvrirent de grands yeux ; moins d'une seconde après, ils s'effondraient par terre, qui le cou tranché, qui le cœur transpercé.
Une bataille nette et sans bavure. Une vingtaine de bougres occis en moins de cinq minutes sans qu'ils puissent seulement se défendre... Je pouvais quand même faire mieux non ? Ah-ah, si puissant, Laïaga... Je partis à petites foulées vers la liberté, foulant du pied les cadavres encore chauds qui portaient les stigmates de leur fin injuste. J'aurais pu disparaître là, à ce moment, m’enfuir dans les Béors et ils n'auraient rien pu y faire, tous autant qu'ils étaient. C'aurait été terminé, du moins pour aujourd'hui ; et après ? J'avais autre chose à faire que déclarer une guerre ouverte entre l'Empire et le Nomins.
On en serait resté là...
Mais je me tournai plutôt vers ce qui semblait être le cœur du camp, là où se concentrait le plus de tentes et de soldats. J'avais deux personnes à trouver ici, mais ma curiosité l'emporta sur mon désir de vengeance et je renonçai à trouver Bayrön pour partir vers Liv de Sula. J'avais vu vers quel bâtiment le chef des Bleus l'avait emmenée. Pile celui qui se dressait au centre de tout ce fourmillement de gens.
D'ailleurs, je ne devais pas être étranger à ce fameux fourmillement, car une vague sombre avançait vers moi, beaucoup plus qu'une vingtaine de types cette fois. Ils s’arrêtèrent à portée de voix. Je m'arrêtai aussi. Mon évasion n'avait certes pas été discrète, mais je n'avais pas prévu de me coltiner autant de gens aussi vite. Mais, contrairement aux magiciens un peu plus tôt, ils voulaient parler, et ça, c'était une bêtise.

-Laïaga Sin'Saïan ! fit un des nominsiens qui s'était avancé de quelques pas. Rendez-vous maintenant ! Vous pourrez faire bien des morts mais vous ne pouvez pas gagner face à une armée, rendez-vous ou nous vous tuons.
-Il n'y aura pas de quartiers, répondis-je d'une voix claire et forte.
-Vous n'avez rien à gagner, Laïaga, répondit l'autre d'une voix atone. Arrêtez cette folie, vous allez mourir...
-Il n'y aura pas de quartiers ! repris-je plus fort. VOUS FUYEZ, OU VOUS MOURREZ !

Et je m'élançai à toute allure. Je tendis le bras devant moi et dans un chuintement étouffé, une énorme masse d'air condensé fusa sur celui qui avait parlé. Il mourut sur le choc, décollant en arrière et faisant tomber une poignée de ses hommes au passage. Une volée de flèches fusa vers moi, mais elles se brisèrent en l'air et retombèrent, inoffensives. Il n'eurent pas le temps d'en tuer un autre, déjà je plongeais dans leurs rangs, et cette fureur si particulière, si agréable, de la bataille me prit.
Je virevoltais, bondissais, taillais et estoquais, distribuant les sortilèges dévastateurs et mon sabre d'ébène n'était qu'une ombre fuyante qui semait la mort sans se soucier des armures et des sorts de protection. Parfois un mage isolé tentait de s'en prendre à moi, et je me ruais alors sur lui en dégageant la voie à coups de boules de feu et de poings d'air. Parfois ils se regroupaient et menaçaient de me submerger, alors je les trouvais puis remontais le temps, et je les décimais avec sauvagerie avant qu'ils ne puissent me faire du mal. Alors que les nominsiens m'avaient d'abord attaqué avec vigueur, la tendance changeait doucement, ils essayaient plus ou moins de me fuir maintenant, et je traînais une sorte de cercle de vide. Mais il était bien trop tard, le chaos avait envahi le campement, des dizaines de tentes brûlaient, les cheveux terrorisés ruaient et fuyaient, et j'avais réussi à tracer quelques pentacles simples tout en me battant, quand je n'avais pas à m'occuper de magiciens pendant suffisamment longtemps.
Les soldats essayaient de s'éloigner de moi, mais ils se regroupaient sur les esprits pour les détruire avant qu'ils ne fassent trop de dégâts, sauf que je profitais de ces répits pour invoquer d'autres démons encore, alors ils m'attaquaient pour m'en empêcher, et mourraient. Tout le monde semblait hurler en même temps dans le camp tellement le niveau sonore était élevé. Des débris de plusieurs centaines de kilos parfois voltigeaient et broyaient les os des soldats, plusieurs incendies se répandaient gaiement, et je tuais, et tuais, et tuais... De la sueur ruisselait de mon front, trempait mes vêtements, je respirais fort et une douleur lancinante pulsait entre mes tempes, mais je continuais d'avancer jusqu'aux portes de la bâtisse de bois où se trouvait Liv et le nominsien. Je les poussai brusquement des deux mains et...

-Liv, constatai-je bêtement entre deux halètements.

J'eus tout d'abord le réflexe d'attaquer la jeune femme, mais je l'étouffai avant d'avoir esquissé un geste. Ceci dit il ne s'agissait nullement d'un cas de conscience et si j'avais été sûr de la dominer sans effort, je l'aurais assommée et emmenée, mais voilà, Liv était dangereuse et moi j'étais très fatigué...
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Jeu 24 Nov 2011 - 12:10


Des cris, un grand vlouf. Bayrön souleva une paupière. Blam ! Les derniers moutons achevèrent de s'enfuir en toute hâte dans un concert de bêlement affolés. Bruit de choses molles tombant mollement sur le sol puis des bruits de pas. La deuxième paupière de Bayrön s'ouvrir puis il s'étira comme un chat avant de jeter un œil autour de lui. Bon, les ombres n'étaient pas devenues carnivore entre temps et les araignées étaient toujours là, en train de vaquer à leurs petites occupations sans se soucier le moins du monde de ce qui se passait autour d'elles. Dans un bref instant d'égarement, Bayrön songea à leur inculquer l'art de tresser des toiles aussi solides et tendues que les cordes d'une harpe afin de couvrir le bruit que les autres zigotos faisaient à l'extérieur.

D'autres pas, précipités cette fois-ci passèrent de l'autre coté de la porte de sa cellule pour se solder par des bruits n'augurant rien de bon pour ceux qui s'étaient montré la seconde d'avant si pressé. Oh surprise encore des cris ! Des hurlements même à vous glacer le sang parce que ce qui se disait en ancien langage n'était pas joli joli. Fugitivement, Bayrön eu la vision de fourmis courant en tout sens pour échapper au bec acéré d'un oiseau gourmand. Sauf que cet oiseau là faisait leur taille et qu'il devait être remonté comme un coucou à en juger tous les bruits et tremblement divers qu'il percevait à travers les murs de la cellule. A coup sûr, ce chenapan de Sin'Saïan était en train de se faire la malle dans une discrétion des plus remarquables.
Bayrön acheva se s'étirer et regarda d'un œil maussade les jolis bracelets en métal qui ornaient ses chevilles et ses poignets. Inutiles à présent car il n'y avait plus personne dans le coin pour se rendre compte de sa bonté d'âme. Quoi de plus généreux que de réchauffer le cœur des braves Nominsiens en leur faisant croire que cela suffisait à entraver une entité telle que lui ? Mais voilà maintenant ils étaient tous morts et Bayrön n'avait qu'une seule hâte : constater de ses propres yeux l'étendue des dégâts.

Dans un cliquetis métallique, les fers tombèrent au sol tandis que Bayrön défonçait d'un coup de pied la porte préalablement déverrouillée par ses soins. En récompense de ses vaillants efforts, il glissa quelque peu sur du sang et n'évita la chute que grâce à l'air d'un mur fort accueillant quoique un tantinet trop rugueux. Une fois remis de ses émotion, Bayrön regarda autour de lui et émis un sifflement de désapprobation. Bon d'accord, quelqu'un avait trouvé que tout cela manquait de couleur et avait décidé de tout repeindre en rouge. Oh, et il flottait une odeur de cochon de cochon griller dans l'air ainsi que des cendres huileuses dont il valait mieux ne pas chercher à découvrir l'origine. Non mais vraiment, dans quel monde vivait-on ? Quel cruel manque de goût que de laisser une telle décoration en place. Tout était si désordonné en dépit du thème récurrent de cette dernière : le massacre et la mort.
Ce n'était pourtant pas cela en lui même qui se serait soldé pour Laïaga par une restructuration capillaire à grands renforts d'éclairs. Dans son empressement à mettre les voiles, ce dernier avait été frappé d'une amnésie sélective. Il avait oublié les invités surprise de Dras Léona et le fait que tous ses hommes n'étaient pas morts en l'attaquant sous l'emprise de ces saletés. Oublié que ces choses avaient la capacité d'agir dans le monde physique sans pour autant avoir besoin d'un corps. Et voilà qu'il venait de leur offrir sur un plateau d'argent de nouveaux costumes pour s'inviter à la petite fête qui s'annonçait. Il suffisait qu'un seul Nominsien à la solde du conseil aille avertir ses petits copains et en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire ce charmant petit coin de verdure ressemblerait à un Aubenuit bis avec ses milliers de puzzle 500 pièces et plus à reconstituer pour pouvoir récupérer le corps de ceux tombés au combat...

Charmante perspective qui décida Bayrön à se rendre auprès de Sin'Saïan pour lui demander gentiment s'il n'aurait pas oublié un petit dét... Ah mince ? En parlant de puzzle, est-ce qu'il ne lui manquerait pas une petite pièce par hasard ? Bayrön revisualisa mentalement les évènements de Dras Léona et soupira d'ennui. Bigre ! Dans l'enchainement des évènements, il ne lui avait pas fait par du fait que les Nominsiens n'étaient pas tous bleus et qu'il y en avait des noirs peints en bleu. Bah, il finirait bien par le découvrir en se faisant mordre mais en attendant, Franck, l'héroïque balayeur des champs de bataille n'était pas là, et Bayrön ne souhait guère avoir à couvrir ses arrières tout en remettant les pendules à l'heure avec Laïaga Sin'Saïan. Aussi, profitant de ce relatif moment de tranquillité, il se concentra et entama une étrange mélopée en ancien langage. Sous le pouvoir des mots, la réalité commença à s'altérer doucement. Autour de Bayrön, l'air devient glacial et glissa le long des couloirs jonchés de cadavres comme une bête vorace à la recherche de nourriture, se concentrant autour d'eux. Lentement mais sûrement, tout gelait et se recouvrait d'une pellicule de glace tandis que les mots se frayaient un passage dans les toiles de sortilège éventrée par Sin'Saïan lors de son évasion. Ils jaillirent à l'extérieur de la prison en fontaine glacée, s'assurant que les cadavres encore frais resteraient figés au lieu de se pavaner joyeusement en dégommant tout ce qui se trouverait autour d'eux.

Tout cela l’empêcha de former une plaque de glace sous les pieds de Laïaga pour le faire glisser au beau milieu de son entrée théâtrale. Mais il trouverait bien le moyen de se rattraper.


¤¤¤¤¤

* Il y a quelque chose que je ne comprends pas dans tout cela... Kartine est un nom d'homme ?*, fit Walsir, démontrant une fois de plus son intérêt pour les détails les plus importants. Pour autant, la désinvolture dont il faisait preuve après que Liv de Sula ait affirmé qu'il n'y avait aucun risque qu'elle me saute à la gorge ne suffisait pas à me faire complètement abandonner cette idée. Ce n'était pas tant une question de croire ou ne pas croire - bien que je ne fisse pas entièrement confiance à cette femme - mais plutôt une question de prudence élémentaire...

* Ou de paranoïa. Même elle a remarqué que tu poussais le bouchon un peu trop loin dans certains domaines...*

Très juste mais l'expertise psychologique allait devoir attendre un peu...

" Voilà que me rassure, non pas sur la bonté inhérente à la race humaine, mais sur le fait que je ne risque pas demain matin de me retrouver nez à nez avec des dizaines d'autres chimères moins aimables que vous. Je me ferais tuer par les charpentiers., ajoutai-je avec l'ébauche d'un sourire qui n'avait absolument rien à voir avec mes pensées à l'instant précis.

Qu'un type isolé s'amuse à faire joujou pour donner naissance à des êtres autrement plus dangereux que ceux déjà présents, je pouvais le concevoir. Mais de là à ce que tout ait fait, à entendre Liv, l'objet d'une organisation aussi méticuleuse faisait froid dans le dos. Tant d'efforts dans le seul but d'avoir la satisfaction de créer des êtres hybrides et rien que pour ça... J'avais du mal à le concevoir et ne put m'empêcher d'imaginer que ce Kartine avait peut-être autre chose derrière là tête que de satisfaire son égo.

Au milieu de tout cela, le nom de Sin'Saïan s'invita comme un cheveu sur la soupe. Ainsi donc, elle n'avait pas abandonné l'idée de lui poser quelques questions... Et elle venait également de me signifier quelque peu abruptement qu'elle n'avait plus rien à me dire.


" Rassurez vous, nous ne l'avons pas exécuté " - bien que ce fusse peut-être le meilleur moyen d'éviter qu'il ne nous pose des problèmes à l'avenir - " Il est juste enfermé au frais dans un cachot en attendant que nous statuions sur son sort. Je ne vous cacherais pas que votre arrivée est loin de tomber au meilleur moment."

Comme pour ajouter davantage de poids à mes dires, une clameur monta de l'extérieur. Des mots en anciens langage parvinrent à mes oreilles au milieu du fracas des combats.

* Oh, quel génie! Les sons ne peuvent pas sortir mais rentrent bel et bien.*
* Ce n'est pas le moment de songer à ça !*

" Et restez où vous êtes ", fis-je à la jeune femme en désignant du doigt la place où elle était assise. " Il semblerait que le grand Sin'Saïan ait décidé de vous épargner le trajet jusqu'à la prison..."

Avec une efficacité et une rapidité qui me laissaient admiratif en dépit ce que cela impliquait pour mes hommes. Plusieurs options s’offraient désormais à lui. Prendre la poudre d'escampette sur le champ, se venger en atomisant tout le campement d'un claquement et ses résidents d'un claquement de doigt ou venir chercher ce qui lui avait été ravi par l'intervention inopinée du dénommé Bayrön. A coup sûr, il n'allait sans doute pas laisser Liv de Sula s'en tirer ainsi, pas après ce qu'elle avait tenté de lui faire. Et cela impliquait forcément un petit tour par la case Garnyiss. Une expérience dont je me serais bien passé mais puisque tout s'annonçait pour que je sois au pied du mur...

Je dégainai Tranchenuit dans un chuintement feutré et me tins près à l'arrivée dans la pièce de l'un des êtres les plus puissants qu'il m'eut été donné de rencontrer. Était-il seulement dans le rouge ? Je n'avais aucun moyen de le savoir avant d'en faire l'expérience et après, il y avait de trop fortes chances que je ne sois plus en mesure de savoir quoi que ce soit. Alors autant sortir le grand jeu...

Le monde bascula en un tableau dépourvu de la moindre nuance de couleur. Un éventail de noir, de blanc et de gris qui se déclinaient à l'infini. La pièce venait de basculer sur la face Walsir, me reléguant dans les profondeurs de mon être là les vagues du sortilège qui me rongeait s'écrasaient le long de la falaise que j'étais devenu.

Tap tap tap

Le bruit de pas qui s'approchaient de la porte, accompagnés d'une respiration haletante. Walsir en conçut une grande d'déception tant il s'attendait à ce que la personne pour laquelle Garnyiss entretenait une certaine admiration fasse une entrée autrement plus tonitruante que juste passer la porte. Au lieu d'une explosion arrachant tout un pan de mur et laissant la silhouette de Sin'Saïan se distinguer sur un fond de fumée et de flammes, il n'y eut que le discret grincement de gonds bien huilés.


" Liv. "

Même pas l'ombre d'un petit trait qui ferait mouche. Tsss, même pas la moindre once de dignité si ce n'est celle de se tenir sur ses deux pattes.

" Vous auriez mieux fait d'attendre qu'elle vienne vous rendre visite Sin'Saïan.", fit Walsir en faisant un pas vers Sin'Saïan comme s'il ne le craignait pas le moins du monde. " Les mots volent plus vite que vous ne marchez et les renforts seront bien..."- Un rictus carnassier se dessina sur le visage de Garnyiss- " En fait, ils sont déjà là. Il est temps de vous rendre..."

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Liv de Sula


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Liv de Sula
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Dim 27 Nov 2011 - 0:32


Laïaga. Si le nom ne quitta pas ma bouche pour se perdre dans le silence, il n’en demeura pas moins pensé, en un constat semblable à celui qu’il venait d’exprimer. Quand les premiers bruits me parvinrent de l’extérieur, mon cœur s’emballa, battant si furieusement dans ma poitrine qu’il aurait pu s’en détacher. L’ordre de l’inconnu glissa sur moi sans m’atteindre. Comme s’il n’était plus là. Toute mon attention était focalisée sur cette porte, et sur la clameur du massacre dont elle me séparait. Des explosions, des cris. L’affreuse succion d’une arme que sortant de la chair entaillée. Puis, peu à peu, la fureur sembla s’adoucir, comme si l’orage était passé. Je guettai toujours, la respiration haletante, quand les portes s’ouvrirent enfin.

Maintenant le Sin’Saïan était là, face à moi. J’avais repris mon souffle et mon rythme cardiaque semblait s’être calmé. Se découpant sur un paysage disloqué, la silhouette de l’impériale semblait couverte d’un mélange de sang, de sueur et de poussière, mais peu m’importait. Mon regard était comme encré aux siens. Je me sentais étrangement sereine et restai immobile. L’instinct d’Ouroboros avait beau hurler dans mon esprit, j’étais sourde à toutes ses tentatives, comme s’il n’existait pas, comme si j’étais humaine.
J’étais envahie d’émotions étranges. J’avais envie de m’assoir par terre, de pleurer, d’être réconfortée. Qu’on me tire de cette solitude étouffante. Laïaga aurait pu s’enfuir mille fois, mais voilà qu’il était resté, qu’il risquait sa liberté et sa vie, pour moi.

Encore une fois les mots de l’homme aux cheveux blancs m’échappèrent. J’étais comme hypnotisée par les émeraudes qui hantaient les yeux du léonien. Puis, soudain, il y eut comme une explosion. Aucun des deux hommes ne la remarqua, c’était seulement moi, mon esprit. Je tombai à genoux en gémissant de douleur. C’était comme si quelqu’un sciait ma tête de l’intérieur. L’Ouroboros était bel et bien passé à l’attaque. Me retranchant derrière les barrière spirituelle qui structurait ma conscience, je fus obligée de rediriger le flux de puissance vers mon corps, pour éviter que le barrage ne cède. Au lieu de se répartir dans toute ma personne, le pouvoir fila directement dans mes jambes qui me projetèrent vers Laïaga à une vitesse folle. Une fois en l’air ce qui s’était accumulé dans les jambes passa dans le bras droit qui retrouva la peau métallique et les griffes acérées dont il s’était déjà paré plus tôt dans la journée. Je n’avais aucun contrôle sur ce bras, et Laïaga bougeait trop lentement. Son arme arriverait trop tard pour parer. Il n’y eut aucune hésitation, je libérai un nouveau flot de puissance, maîtrisé cette fois. Mon bras gauche sans s’armer, partit plus vite encore que le droit, saisit l’ébène et accéléra sa course. C’était toujours trop tard pour parer, mais le bois se ficha sous la clavicule, transperçant la chair en ripant légèrement sur l’os.

Il n’y eu aucun cri de douleur. Juste des larmes qui coulèrent de mes yeux fermés tandis que tout mon corps se figeait. Quelque chose d’énorme envahissait peu à peu ma conscience. Quand est-ce qu’Ouroboros était devenu aussi fort ? Puis soudain, je réalisai. Le titan que je venais de découvrir en moi n’était pas le démon. J’ouvris les yeux pour découvrir ceux de Laïaga, écarquillés et braqués sur moi. Ce type était dans mon esprit. Il venait de plonger dans ma conscience et glissait sur mes derniers souvenirs : Dras Léona, ma noyade au Surda, le jeune Ewen. Il remontait, arriva à Petrøvya, où j’avais rencontré Dandelo. Et il continua, m’entraînant rapidement dans l’abîme de ma mémoire.

•••

La souffrance. Dieux que j’avais mal. Il y avait la douleur physique, mais aussi cette poigne qui semblait étreindre mon cœur sans pitié, le presser comme un agrume dont on récolte le jus. Ils me l’avaient pris. Ils l’avaient torturé. Je n’avais rien vu, mais la porte du cachot dans lequel on m’avait enfermée était assez proche pour que j’entende chacun de ses cris, chacun de ses sanglots, chacune de ses prières. Mais ces dernières avaient été veines. Ils avaient continué de le faire « danser » pendant des heures. Ils me l’avaient pris. La souffrance avait fini par avoir raison de lui. Il était mort. Mon Prémès était mort, et maintenant c’était moi qu’on emmenait. Et alors, qu’espéraient-t-ils. Me faire souffrir ? Comment pourraient-ils provoquer plus de douleur ? Je n’avais même plus de larmes pour pleurer.
Non, on ne m’emmenait pas sur cette table ensanglantée, mais plus haut dans la citadelle. Dans les parties habitées. On m’emmenait le voir
lui. Je laissai échapper un long gémissement en essayant vainement de résister. Mais les gardes avaient la poigne ferme, et quand mes jambes cessèrent de me porter, ils me traînèrent sans pitié. On ne croisa personne dans les sombres couloirs. L’heure devait être tardive et l’évènement tenu secret. On allait juste me punir et me tuer, sans rien ébruiter. Mais alors, pourquoi m’emmener le voir ? Voulait-il assister à la scène ?
La porte de bois délavée se dressait devant moi. L’un des hommes y frappa trois coups légers et rapides puis un autre, plus puissant.

« Entrez, fit une voix de l’intérieur. La porte s’ouvrit tandis qu’elle continuait, laissez-la ici et attendez dehors. Je vous appellerai quand j’en aurai fini avec elle.
- Cela serait fait selon vos souhaits, sir, affirma le deuxième soldat en me poussant dans la pièce.
- Sortez maintenant ! »

La porte claqua. Je sentais de la lumière sur mes paupières, mais n’osais ouvrir les yeux. J’entendais ses pas m’encercler et ses yeux m’observer. Je ne devais pas être belle avoir pourtant, mes cheveux sales étaient emmêlés. Mon visage était rouge de larmes, tuméfié par endroit. Un de ses doigts glissa sur mon dos à moitié nu jusqu’à mon épaule gauche où demeurait un vestige de la robe que j’avais portée. D’un geste sec, il déchira le tissu tandis que les haillons tombaient à mes pieds.

« T’aurais jamais dû faire ça, ma jolie. » Déclara-t-il simplement avant de me décocher une énorme gifle. Je tombai par terre, la bouche en sang. Il m’attrapa par les cheveux pour me relever tout en parlant : « S’enfuir comme ça, sans permission… » Une nouvelle gifle m’arracha un cri. Non, je ne pouvais pas, je ne voulais pas donner à ce porc la satisfaction de me voir souffir. « À cause de toi, ton petit copain a eu mal. On pendra ce qui reste de sa carcasse au donjon demain pour les corbeaux. » Il prit ma tête entre ses doigts pour me forcer à le regarder : « Tu me dois une nuit chérie. Et vu que c’est ta dernière, ça va être ta fête ! »
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Laïaga

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Laïaga
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Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Mar 29 Nov 2011 - 14:02


Liv resta silencieuse, je la fixais, et elle me fixait. Il n'y avait pas d'agressivité dans ses yeux. Moi je haletais, la lame d'ébène appuyée contre le sol entre elle et moi tremblait légèrement. Le type aux cheveux blancs prononça quelques mots d'un ton menaçant, Liv ne sembla pas les remarquer.
« Il est temps de se rendre », fit-il, et j'eus un petit rire en me tournant vers lui :

-Je crois qu'il est trop tard, just... hein ?

Liv venait de tomber à genoux devant moi, et les vieilles habitudes enfouies l'emportant sur le reste, je fis un pas en avant pour l'aider à se relever, oubliant qu'un type à la puissance inquiétante se trouvait à moins de dix pas, oubliant que toute une armée dehors voulait me faire la peau aussi, bref que j'étais en guerre.
Ça puait pourtant le piège, mon instinct de survie braillant des avertissements qui résonnaient dans mon esprit, mais non rien à faire, elle ne pouvait pas réellement m'attaquer, pas après ce long échange de regards tellement pacifique.
Et pourtant elle le fit ; elle bondit vers moi à cette vitesse hallucinante que seule pouvait concurrencer celle de Dandelo. Son bras droit s'arma, changea de couleur, de texture, comme je l'avais déjà vu faire plus tôt quand il s'emplissait de cette énergie qu'elle tirait du démon qui l'habitait et que j'avais rencontré à la Dras.
Mes yeux s'étrécirent, brusquement, je repris conscience de ce qui m'entourait. Après tout, ce n'était que la troisième fois qu'elle essayait de me tuer et moi je n'étais plus à un cadavre près.
A ce moment, il se passa un certain nombre de choses en même temps. La première fut que j'armai moi aussi le bras droit, remontant ma lame pour l'empaler sans autre forme de procès. La seconde fut que je tentai de ralentir le temps, et me rendis compte qu'au moment où je faisais l'effort de concentration nécessaire, une puissante douleur me vrilla les tempes, m'arrachant un petit cri, et ce fut tout. La troisième, c'est que Liv arma aussi le bras gauche, et frappa, si vite cette fois que je n'arrivais pas à le suivre des yeux. On aurait dit que ses deux bras agissaient indépendamment. Je me rendis compte que dans ces conditions, je n'avais aucune chance d'éviter ses coups, et que dans quelques minuscules instants, j'allais être mort.
Et puis sa main gauche attrapa fermement la lame d'ébène de mon sabre et la tira vers elle jusqu'à l'enfoncer dans sa chère, sous sa clavicule, m’entraînant un peu en avant. Cette fois j'ouvris grand les yeux ; Liv pour sa part se figea complètement, son bras de métal à quelques centimètres de mon visage. Mes yeux plongèrent dans les siens et je sentis quelque chose de nouveau, que je ne comprenais pas. Dans son regard je lus cette sensation qu'elle avait, de quelque chose de grand, de très grand, qui envahissait sa conscience. Je compris en même tant qu'elle : ce qu'elle sentait, c'était moi, c'était mon esprit, ce que je sentais, c'était le sien, pour la première fois.
Des larmes perlèrent à ses yeux, et c'était comme si elles avaient coulé des miens. Elles glissèrent sur ses joues, et je sentais sa tristesse. Elles dévalèrent jusqu'à l'extrémité de son menton, avant de chuter vers le sol, petit éclat fragile, et je me sentais tomber avec elle, hier à Dras Léona, avant au Surda, une noyade, et avant encore, Dandelo et une ville, Petrovya, alors c'était comme ça qu'elle le connaissait, j'avais tapé bigrement juste, et avant encore dans ses souvenirs, et...
La larme éclata sur le sol en pierre dans un ploc inaudible.

<><><><><>

Pourquoi est-ce qu'elle pleurait comme ça ? La mort d'un être cher ? Est-ce que je rêvais ou était-ce toujours l'esprit de Liv ? Je sentais jusqu'à l'odeur d'humidité qui imprégnait le cachot, mais je n'étais pas réellement. Là, il n'y avait que Liv, mais est-ce qu'elle était réellement là elle-même ?
Tout ça devenait par trop bizarre. J'aurais bien posé une main sur son épaule, je lui aurais bien dit quelque chose de gentil, du genre « tu n'es pas toute seule, ça va aller », mais après tout qu'est-ce que j'étais pour elle ? Rien du tout, c'était stupide. Elle avait essayé de me tuer bon sang ! Il y avait décidément un preux chevalier en moi qui refusait de disparaître, envers et contre tout. Alors que je venais de charcuter des centaines d'hommes. Paradoxe, paradoxe... je dois être un petit peu schizophrène.
« Il était mort. Mon Prémès était mort », c'était ce qu'elle se disait, et ça lui brisait le cœur. Des gardes entrèrent dans le cachot et saisirent la jeune femme sans douceur. Je voulus tendre le bras et les arrêter, mais je n'avais pas de bras dans ce souvenir, je n'étais qu'une conscience. Ils la traînèrent derrière eux sans pitié, je m'attendais – comme elle – à ce qu'ils l'emmènent dans une salle de torture, ou l'exécutent, mais ils lui firent plutôt quitter les geôles et nous gagnâmes les appartements.
On la fit entrer dans la chambre d'un seigneur local, moi j'étais de plus en plus perplexe, qui était cet homme ? Qu'avaient pu faire Liv et ce Prémès de si grave pour terminer ainsi ? Plus vraisemblablement : rien qui ne justifiât un tel traitement, et ce type était un fou. J'observais de mes yeux immatériels, la main du noble qui courait sur la peau de la jeune femme, arrachant les hayons de robe qu'elle portait encore. Il la dévorait des yeux, ce pauvre corps tuméfié, avec une avidité gerbante, et je ne faisais que regarder. Je pouvais presque suivre ses pensées, ses envies. Elle elle gardait les yeux fermés, elle semblait terrorisée, il n'y avait plus rien en elle de la guerrière surhumaine que j'avais déjà rencontré. Quoi qu'il eût été plus juste de dire qu'il n'y avait pas encore quoi que ce soit...

-T'aurais jamais dû faire ça, ma jolie, commença le type, et il décocha une gifle à la jeune femme.

Elle s'effondra au sol, je la regardai, pantin sans défense entre les mains d'un sadique, il déblatérait ses accusions avec une voix doucereuse qui m'aurait donné envie de lui faire sa fête, à lui, si ça n'avait pas été déjà le cas. Mais voilà, je n'étais rien ici, rien qu'une conscience qui observait la scène. Est-ce que j'allais avoir droit à tout le spectacle ? Pourquoi est-ce qu'elle m'infligeait ça ? Une manière de m'expliquer le pourquoi de ce qu'elle était devenu ? Est-ce que c'était conscient ? Je ne voulais pas voir ces souvenirs répugnants ! Pourtant on ne me laissait pas le choix...
Il la lâcha, moi je bandai ma volonté une fois encore, sans objectif réel, simplement pour tenter quelque chose même si je savais que ça ne marcherait pas. J'essayai de la rejoindre, de l'aider, dans ces souvenirs depuis longtemps révolus. J'essayai si fort que j'en eus des vertiges, mais rien ne se passa.

-...ça va êtres ta fête !

Il attrapa la future chimère par les cheveux et la tira derrière lui avant de la jeter sur le lit.

-Après tout t'es rien qu'une catin, continua-t-il en défaisant la boucle de sa ceinture. Où est-ce qu'on a vu que les putes se barrent avec le premier minet qui leur plaît ?

Son pantalon tomba à ses pieds, puis ses sous-vêtements, il attrapa Liv par l'épaule et la força à se retourner sur le dos.

-Il vaut mieux pour toi que tu mordes pas, susurra-t-il en lui tapotant la joue.

Il allait visiblement passer aux actes, prêt à violer cette jeune femme qui allait revenir et essayer de me tuer des années plus tard, quand...

-J'avais dit qu'on ne me dérange pas ! jeta-t-il en se retournant. Dégagez de là !

Il regardait dans ma direction, je me retournai mais il n'y avait que le mur derrière moi. Je sentis mon cœur remonter dans ma gorge, je fus pris d'une violente nausée, mais je réussi à ne pas rendre ce qu'il me restait de mon dernier repas.
Bon sang j'étais là ! J'étais dans le passé bon sang, pas quelques secondes dans le passé, mais des années !
L'air n'était pourtant pas différent, la lumière était la même, il n'y avait que ce tiraillement que je réprimais et qui voulait me remmener maintenant.
Alors je pris pleinement conscience de ce que tout cela impliquait, de ce qu'il se passerait si je changeais le cours du temps, de l'immensité de la décision que j'avais à prendre, et je me retournai vers l'inconnu sur le point de violer une Liv sans défense, plus ou moins innocente. Et je pris ma décision.

-Gardes ! appela-t-il en croisant mon regard. GARDES , A L'AI …

Sa phrase resta en suspens. La porte claqua et deux gardes entrèrent juste à temps pour voir leur seigneur voler en arrière. Il avait essayé de se protéger, mais mon coup de poing avait brisé sa garde comme du bois sec et rencontré sa mâchoire avec une violence inouïe. Ses dents avaient explosé sous le choc, et il était parti en arrière en laissant une traînée de sang dans les airs. Puis il percuta le mur et l'arrière de sa tête explosa dans un bruit bref et obscène et enfin il retomba en avant, irrémédiablement mort. Sur le mur, sur les draps, sur le sol et jusque sur le visage de Liv, des éclaboussures de sang (voire une impressionnante tâche écarlate sur la pierre) et des débris d'os.
Je la regardai une seconde.

-Tu n'es pas toute seule, lui dis-je. Ça va aller !

Je lui fis un rapide clin d’œil et finalement relâchait l'effort que je maintenais presque inconsciemment pour avoir pied dans ce passé. Je disparus dans un « pop », le genre de bruit que fait l'air quand il s'engouffre brusquement dans un espace jusque là plein, preuve irréfutable que j'avais bel et bien été là. Il y avait aussi une odeur, un peu épicée, un peu électrique : celle de la magie.

<><><><><>

Et me voilà à nouveau dans le camp du Nomins. J'entends les hurlements au-dehors. Des soldats crient en passant la porte, leurs lances pointées vers moi. Et soudain leur cri semble fondre, s'étirer en longueur, le temps ralentit. Je pousse un long, long cri, je ferme les yeux et décoche de gigantesques poings d'air dans toutes les directions. Le vacarme est incroyable. Des pans de mur s'effondrent, emportés par le souffle. Les soldats volent en arrière et retombent pèle-mêle.
Je réussi à ouvrir les yeux, à cesser de crier malgré la douleur, mais le temps ne reprend toujours pas son cours, il oscille entre une lenteur presque fixe et une vitesse quasiment normale. Moi je croise le regard de Liv et n'y vois rien de ce qu'il y avait avant. Aucune paix, aucune lassitude, rien qu'une envie de tuer, et je ne comprends pas. Elle arme le bras prête à me déchiqueter. Pas le temps de réfléchir, je ne veux pas mourir oh non certainement pas mourir bordel !
Le temps qui accélère d'un coup, et à toute allure son bras fuse vers ma tête puis elle est propulsée en arrière. Un poing d'air, trop rapide pour elle, on entend le même genre de bruit que celui qu'a fait son violeur bien longtemps avant, en plus fort, quand la moitié de son squelette est réduite en poussière. Le cadavre désarticulé traverse le mur, moi je me retourne, le temps qui ralentit de nouveau, je ne comprends plus rien, tout m'échappe, le monde pulse en couleurs trop vives, la douleur pulse en rouge brillant, je me tiens la tête à deux mains, toutes mes cicatrices me torturent, elles que je m'étais gravées dans la peau pour me protéger.
Un revers de la main, et ce qu'il reste d'un mur de la maison où l'on se trouvait est balayée. J'avance, titubant, comme un vieillard sans forces, mais le temps est tel, dans ses caprices étatiques, que je dois courir trop vite pour le regard aux yeux des nominsiens.
J'avance en braillant, en zigzagant, j'ai l'impression que la douleur devrait me tuer mais je n'arrive même pas à tomber dans les pommes. Je continue à décocher des poings d'air à droite et à gauche, « laissez-moi tranquille laissez-moi tranquille laissez-moi tranquille ! » mais je ne touche probablement que des arbres et des bâtisses.
Et soudain je glisse. Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, ni pourquoi ni comment, même si par le biais d'une incompréhensible intuition le visage de Bayrön s'impose à mon esprit, mais je tombe au sol, en avant. Le choc me coupe le souffle une seconde, ma vision s’obscurcit, des lucioles multicolores semblent danser devant mes yeux je sens ma conscience qui met les voiles je me dis enfin enfin me repos enfin et le temps reprend l'air de rien son cours et puis l'instant passe, ma vision se stabilise, tout ça n'était qu'un faux espoir alors je remmène les bras sous moi et toujours grognant et suant je pousse. Doucement je me soulève, plus la force de tirer le moindre poing d'air là, je ne peux que compter sur le flux du temps. Je me mets à genoux ; ils ne m'auront pas, bordel je ne les laisserai pas me repasser leur camisole !
Je pose un pied à plat, force encore un peu, et puis finalement la fatigue et la douleur l'emportent, je glisse et retombe, comme au ralenti, incapable de fournir le moindre effort alors que le sol fonce à ma rencontre.
Et puis le noir.
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Garnyiss


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Plus ils sont hauts... Vide

Garnyiss
Message Sujet: Re: Plus ils sont hauts... | Dim 4 Déc 2011 - 12:20


Quelque part, Bayrön était déçu. Non pas à cause du ménage qu'il avait du faire mais parce qu'il n'y avait absolument personne pour l'accueillir à sa sortie à l'air libre. Juste des cadavres qui n'avaient pas compris que après la mort, ils pouvaient quand même boire du thé, taper la convers' avec une légende ou la taper tout court. Tsss, les valeurs se perdaient maintenant, songea-t-il tout en traversant les étendues gelées par ses soins. Pas un seul moment ses pieds ne glissèrent sur le verglas luisant qui avait établi domicile auprès de Nominsiens incultes. Sans doute fut-ce pour cela qu'il arriva juste à temps pour entrapercevoir Sin'Saïan s'offrir une brochette de Liv.
En dépit de tout ce qu'il pensait au sujet de l'incompétence généralisée de Sin'Saïan - il avait réfréné sa nature et malgré tout, l'impérial avait trouvé de le moyen d'aller compter fleurette à sa dulcinée sous le toit du chef du Nomins au lieu de se faire la malle - Bayrön devait reconnaitre à l'écervelé au moins une qualité. En effet, difficile de nier que Laïaga Sin'Saïan possédait un magnétisme certain, ne serait ce qu'au sens premier du mot. Un véritable tombeur celui là !


¤¤¤¤¤

Trop tard ? Walsir manqua de laisser échapper un ricanement à cette pensée - ça aurait fait passer Garnyiss pour un psychopathe de première classe. Il n'était pas trop tard et ne serait jamais trop tard pour Sin'Saïan de se rendre. Les corps des bipèdes étaient facile à maitriser. Si légers comparés à celui d'un dragon que leur poids n'était un obstacle à l'arrêt précis d'un mouvement. Walsir pouvait suspendre son geste au dernier moment et après... Bah après, Il ne serait plus question de trop tard car Sin'Saïan serait déjà mort. Bon, peut-être pas aussi rapidement que s'il s'était pris un coup de patte de dragon dans la gueule mais tout de même.

Malheureusement pour Walsir, l'opportunité de prouver tout cela au principal intéressé lui passa littéralement sous le nez. Liv de Sula contrôlait parfaitement ses pouvoirs, hein ? Il n'y avait que les inconscients pour se précipiter sur un griffe acérée et croire qu'ils s'en sortiraient sans dommage. Mais au moins Liv venait-elle d'occuper les deux mains et l'arme de Sin'saïan, le laissant pour ainsi dire sans défense. L'occasion rêvée d'en finir...


¤¤¤¤¤

Ou pas. Double déception pour Bayrön qui s'attendait plus ou moins à ce que la séance de brochette de Laïaga se finisse sur un magnifique vol plané de ce dernier sous les coups de Liv. Il y avait une arnaque dans tout cela et pas seulement par le fait que les murs et l'angle d'observation de Bayrön le privaient de la plus grande parti du spectacle. Quel manque de classe de ne pas défier les gentils au vu et au sus de tous, ailleurs que dans une bicoque en bois !

Comme si Sin'Saïan avait subitement eu la même idée, l'un des murs explosa dans une nuée d'échardes, laissant à Bayrön le loisir d'admirer la scène et de reconstituer ce qui s'était passé tandis que finalement on venait de se rendre compte de sa présence. Pas le moins du monde intimidé par la présence de tous ces magiciens qui avaient décidé de s'attaquer aux deux plus gros morceaux qu'ils eussent jamais rencontré, Bayrön épousseta ses vêtements du revers de la main et adressa un sourire joyeux aux hommes qui le regardaient.


" Les gars, vous êtes en train de rater tout le spectacle ! Ah bah non, il est déjà plus là en fait !"

Le sourire de Bayrön s'effaça de son visage tandis qu'il voyait les Nominsiens être clairement à la ramasse pour suivre Sin'Saïan, ne serait-ce que du regard. Bon d'accord, le fait que ce dernier s'amuse à compresser l'air à tout va n'était pas pour faciliter les choses. Mais tout de même, lancer tous les sortilèges à un endroit alors que leur cible n'était plus là... C'était d'un amateurisme proprement déprimant !

Ah, non ! A en juger par ce qui passa dans les airs, il y avait encore de l'espoir - en dépit du manque de subtilité évidente de la chose...


¤¤¤¤¤

La scène défila sous les yeux de Walsir comme dans un mauvais numéro de théatre au ralenti. En un battement de coeur, Liv de Sula valsa dans les airs comme la poupée vaudou qu'elle était devenue. Puis se fut au tour du mur de voler en éclat. A moins que ce ne soit l'inverse car tout s'enchaina à une vitesse bien trop rapide pour être honnêtes. L'heure n'était pourtant pas à l'investigation sur ce détail troublant mais il y avait tant de choses à faire. Eviter d'expérimenter les loi de la balistique, par exemple, et accessoirement sortir de la cabane avant qu'il ne soit prouvé qu'un mur seul ne pouvait pas soutenir un toit.

Le temps que ceux encore en état regagnent un extérieur plus sûr, Laïaga Sin'Saïan avait pris la poudre d'escampette. Derrière lui, des hommes encore groggy et l'explosion de sortilège se percutant les uns les autres au lieu de toucher la cible. Au rythme où il allait, l'Impérial allait réussir à se faire la malle si rien n'était fait.
Wlasir ne se lança pas pour autant à la poursuite d'un fuyard. Il étudiait méthodiquement sa trajectoire d'après les impacts des sorts et la comparait mentalement à l'agencement du camp. Tout adepte des sorts lancés au hasard qu'il fut, Sin'Saïan n'allait pas se jeter dans un mur pour le plaisir...

Un sourire carnassier fleurit sur le visage de Garnyiss tandis qu'il intimait à ses hommes de s'écarter et de transmettre mentalement l'ordre à tous ceux qui se trouvaient entre lui et un endroit bien précis. Alors, avec une rapidité stupéfiante, il saisit Tranchenuit par la pointe et la lança de toutes ses forces vers le point où Sin'Saïan allait passer.
L'air de déchira devant l'épée dans un sifflement sinistre tandis qu’inéluctablement, elle dévorait la distance la séparant de sa cible.

Chtong ! Au dernier moment, un grain de sable vint déjouer les savant calculs de Walsir. Tranchenuit se ficha jusqu'à la garde dans dans un pilier de bois, manquant sa cible de quelques mètres. Dans une volonté manifeste de laisser Walsir dans le doute quant à l'exactitude de ses estimations, Sïn'Saïan venait subitement de ralentir et mieux encore de se vautrer de la plus belle des manières.


" Saisissez vous de lui et cette fois, ne lésinez sur rien pour le neutraliser !", fit Walsir tout en rejoignant l'endroit où Laïaga s'était évanouit.

L'ordre était peut-être superflu après la démonstration de force de ce dernier mais Walsir préférait prévenir toute tentative de vengeance plutôt que de devoir composer avec un cadavre qui ne valait rien. En parlant de cadavre, qu'allait-il donc bien pouvoir faire de celui de Liv de Sula ? D'ordinaire, il aurait été renvoyé à ses proches mais la jeune femme n'avait fait mention d'aucune personne qui comptasse pour elle. Ou il pouvait aussi demander aux esprits tordus qui démarquaient certains des magiciens et inventeurs du Nomins ce qu'ils pouvaient tirer du corps. Juste au cas improbable où ils devraient faire face à une chimère telle que Liv de Sula, capable de prendre par surprise et de maîtriser un être tel que Laïaga Sin'Saïan.


" Quant à vous messire Bayrön, je ne saurai trop vous recommander de vous rendre à votre tour.", ajouta-t-il en se tournant vers l'intéressé qui semblait vouloir faire mine de mettre à profit la confusion suscitée par Sin'Saïan pour prendre les voiles à son tour

A la surprise générale, Bayrön leva les mains en l'air avec un sourire d'excuse et se tint immobile, fixant les hommes qui s'approchaient de lui avec un luxe de précautions plus que compréhensible....

Walsir se saisit de Tranchenuit qu'il délogea du pilier en bois puis rengaina dans un chuintement feutré avant de balayer les environs du regard. Partout, ses hommes s'activaient autour des blessés. D'autres acheminaient Bayrön et Laïaga, solidement emmaillotés dans les camisoles destinées à les entraver. Un mesure de sécurité supplémentaire en attendant d'ajouter d'autres entraves enchantées sensées jouer les paratonnerres pour magie.

Ce ne fut seulement maintenant que son regard tomba sur la cause de la chute de Sin'Saïan. Une peau de banane fraichement pelée dont on se demandait comme elle avait bien pu atterrir ici...


[Liv : RP clos. Libération de Laïaga ici : Insaisissables tels le vent]
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