Tandis que ses frère et soeur gardiens parlaient, Charlie restait discret, à part. Il n'avait lui-même rien à dire. Il n'avait pas reçu de blessure de l'un ou l'autre, n'en avait pas infligé non plus. Certes Sombral et yenlui s'étaient offert un combat légendaire, mais l'elfe noir avait taché de soigner les plaies du dragon d'or une fois le duel terminé. Ces problèmes étaient les leurs, il ne pouvait malheureusement pas y faire grand chose si ce n'est les apaiser et les soutenir de sa seule présence. Heureusement ses devoirs politique à lui était assez souple, et c'est d'ailleurs lui qui dirigeait le groupe venu récupérer sa reine. Ainsi il lui avait suffit d'éviter l'affrontement, et de se faufiler parmi les rues de Dras en espérant ne pas rencontrer Myad.
Qu'aurait-il fait si cela était arrivé? ... En faites... Il l'aurait surement affronté, voir abattue... Charlie et Myad n'avait aucun lien connu lors de cette bataille... C'est juste après les combats que la possibilité que l'elfe noir fussent gardien est apparut à l'Absolue.

M'enfin qu'importe, c'est du passé, désormais les trois seuls gardiens actuellement révélés sont réunis sur un plateau rocheux de la crète, et rien si ce n'est leur douleur ne pourrait les pousser à s'affronter à nouveau.

Cependant d'énormes révélations fusèrent, et Charlie redevint bien plus attentif à la conversation. Marek commenca

- Crois-tu que ma situation est plus enviable? Les rênes de l'Alliance me tendent à nouveau les bras. Je vais redevenir surement le chef de l'Alliance. Je ne pourrais plus mettre les pieds dans l'Empire sans avoir une horde de soldat à mes trousses. Te voir sera de plus en plus difficile. Je fais tout pour ne pas penser à la prochaine guerre qui éclaterait et espère même mourir avant de la voir pour ne pas avoir à t'affronter à nouveau! Quand verrons-nous enfin la paix dans ce monde? Quand la soif de pouvoir de Brexinga prendra fin et te permettra de vivre à nouveau avec nous? Tant de questions dont je n'ai la réponse et qui me tourmentent nuits et jours!

Charlie fut surpris par la nouvelle, ainsi Marek risquait de bientôt redevenir le chef de l'alliance? Charlie regarda Myad, ils savaient tout deux quelque chose que pour l'instant Marek ignorait encore. Et nombre de perpectives optimistes naquirent dans l'esprit de l'Elfe noir. Tenaient-ils vraiment l'avenir proche de l'alagaësia entre leur mains?

Au passage Myad révéla une autre nouvelle qui sonna comme merveilleuse aux oreilles du tueur d'ombres, ainsi Brexinga avait quitté définitivement le périmètre? en même temps cela expliquait le récent couronnement de la demi-drow. Cette nouvelle affectait forcément plus Charlie que les autres, parce que ça représentait un grand soulagement pour lui, un Ombre de moins à tuer, et le plus puissant d'entre eux qui plus est! Eradiquer les Ombres d'Alagaësia restait l'objectif principal de sa vie, même si cela avait tendance à énerver le jeune Oryon...

Enfin vint le moment ou Myad annonça à Marek qu'elle était la nouvelle impératrice. Charlie le savait déjà, mais l'entendre une fois de plus lui provoqua un sentiment bizarre, une indécision entre le soulagement et la crainte, ressentit par Marek également apparemment...

- Et donc... Quelle seront vos actions en temps qu'Impératrice, votre Majesté?

Charlie, qui s'était un peu écarté au début, se rapprocha d'eux, car la discussion le concernait à nouveau. Il se tourna vers sa soeur, curieux lui aussi de savoir quelles seraient ses premières actions dans son nouveau statut au sein de l'empire... enfin... à sa tête.

- Ah, je ne saurais toutes vous les dire en si peu de temps. Les lois, les débats, les soucis m'encombrent l'esprit avec plus de facilité que je ne l'aurais cru.

- ... tu m'étonnes.. Ajouta Charlie à voix basse, avec un mince sourire. Lui aussi connaissait ça, même si c'est surtout Ellenwen qui en portait le fardeau

- Cependant, je n'ai pas souvenir d'un chapitre qui nous porterait l'un à l'autre comme ennemis, Marek. Yenlui et moi voulons panser les plaies qui n'ont jamais été soignées, refroidir ceux qui se sont enflammés à tort, rendre le bonheur un peu plus accessible à chacun. C'est un large programme qui ne souffre pas d'y inclure une guerre, des alliances secrètes, des assassinats discrets. Je me bats depuis la naissance ; frères, je n'aspire qu'à la paix.

Le sourire de Charlie s'agrandit un peu, sans être non plus trop prononcé. Il laissèrent le silence les apaiser, après cette révélation le simple son du vent avait quelque chose de tellement soulageant...Après quelques secondes, avant que Marek ne prononce, Regardant le vide devant lui il dit avec une pointe d'humour:

- ... Pourvu que ça dure .

Charlie se rapprocha de myad et posa sa main sur son bras, comme un frère.

- c'est ce qu'on veut tous tu sais.dit-il avec un sourire simple mais agréable

[Je clos]

- ... Pourvu que ça dure .

Doutaient-ils d'elle ? Nullement en tant que Gardienne. Assurément en tant que nouveau chef d'Etat. Cela tenait d'une évidence, et prouvait qu'ils avaient tous deux un peu de bon sens, pourtant cela la rendait triste. Jamais plus ils ne batifoleraient comme des enfants dans d'éternelles prairies, jouant à la bagarre avec des armes surpuissantes, mais sans aucun danger l'un pour l'autre ; jamais plus on ne la regarderait de la même façon, ses amis comme ceux qui ne la connaissaient pas. Son retour était désormais impossible. Un Empereur qui perd son trône ne vient pas gaiement rejoindre le clan qu'il avait quitté pour rejoindre ses ennemis... Du moins c'était ainsi que résonnait la femelle hybride, elle si entière. Par souci de confiance, d'idéologie, de liberté, il ne lui était pas possible d'être fidèle à tous, selon son humeur, servant les uns pour ensuite servir les autres. Cela aurait pu théoriquement lui arriver, en tant que Gardienne Absolue. Une Ere auprès des gentils, une Ere avec les méchants. Mais la théorie avait cela de différent de la pratique : elle n'était pas réalisable.
Ayahantê était beaucoup trop souvent possédée par l'Ere du Diamant noir pour être équitablement versatile. De plus, elle ne perdait pas la mémoire, ni ses liens affectifs. Toute innocente et douce qu'elle put être avec les cheveux blonds, Myad avait un passé extrêmement violent. D'une façon similaire, une certaine sensibilité survivait sous sa chevelure noire.
Non, les choses étaient trop compliquées dans la réalité.
Les êtres étaient forcés à s'y plier.

- c'est ce qu'on veut tous tu sais.

Avec un soupir - de soulagement, de lassitude aussi - la demi-elfe posa la tête sur l'épaule du drow, si proche. Son odeur envahit ses poumons comme au soir de leur étrange réunion, quand ils n'avaient été que deux Gardiens exclus de tout, de tous. Ce souvenir était aussi agréable qu'il était troublant ; la plupart du temps, l'Impératrice le refoulait doucement. Ce qu'elle fit cette fois aussi, avec un peu plus de fougue. Ce n'était pas le moment de divaguer.

- On obtient rarement ce qu'on veut, dans la vie, observa-t-elle d'une voix atone, piquée d'amertume.

Un dernier soupir, et elle se redressa. Myad lança un coup d'oeil derrière son épaule, inquiète. L'air était dépourvu d'odeurs humaines - autre que celle de Marek, qu'elle connaissait par coeur - cependant le temps s'étirait, se chargeant en incertitudes.

- Il faut que je parte, murmura la Dame noire, comme si elle confiait un secret.

Là-bas, la compagnie du Fleuve noir allait commencer à prendre les devants, en prenant le risque de désobéir à leur chef devant le poids de son absence. Ils n'auraient pas tort, dans le principe, mais une nouvelle fois, le principe n'était pas réellement la meilleure idée à adopter dans l'actuelle situation.
Elle retourna la tête, s'approcha d'eux dans un pas gracieux, les pressant sans cérémonie - mais beaucoup d'affection, presque du désespoir - entre ses bras. Leurs fragrances se mêlaient, la présence irradiante des Pierres l'enveloppant une dernière fois comme un adieu.

- A très bientôt, mes frères. Puisse le bonheur vous accompagner en mon absence, et que nos retrouvailles ne s'assombrissent pas de la mort de celui-ci...

Elle les embrassa sur le front, ainsi qu'elle le faisait avec les mâles qui lui étaient proches (Oryon y avait également droit, même s'il n'était pas cela et en ignorait la valeur) avant de s'éloigner prestement.

*Adieu* leur dit-elle en drow, la puissance ténébreuse et sournoise du terme donnant un côté glauque mais solennel à ces au revoir incertains.