Daror venait d'arriver a l'entrée de la capitale, s'arrêtant quelqu'un instant, il admira les beautés de la capitale avec un air mélancolique. La dernière fois qu'il était venu ici c'était avec son père... Son père serait fier de lui à présent si il était encore vivant...

*Je n'échouerai pas!*

Serrant le poing, le jeune épéiste revint rapidement a lui quand un chariot qui sortait de la capitale passa tout près de lui et manqua de peu de le renverser. Ne prenant même pas la peine de jeter un regard mauvais au conducteur du chariot, Daror rentra dans la capitale et remarqua qu'elle était toujours aussi animée que dans ses souvenirs. Il avait bien pensé s'arrêter à la place du marché pour admirer les nouvelles trouvailles des marchands itinérants mais il n'avait qu'un objectif en venant ici, trouver la caserne militaire!

*Il faut que je me rapproche du centre ville, là je devrais bien trouver quelqu'un pour m'indiquer la caserne*

La dernière fois qu'il était venu, il n'avait vu que la place du marché et devait donc se fier à son sens de l'orientation et les informations que les passants lui donnaient pour trouver la caserne. Marchant d'un pas assuré, Daror ne put s'empêcher de saluer à chaque fois qu'il le pouvait les patrouilles qui circulaient dans la ville, après tout il serait peut être à leur place enfin cela dépendrait de son supérieur, il pourrait être aussi bien garde des entrées de la ville, patrouilleur ou tout simplement réserviste dans la caserne ce qu'il souhaitait éviter par dessus tout car il voulait avant tout se rendre utile et non pas s'entraîner chaque jour dans la caserne sans jamais en sortir.

*Dans le meilleure des cas, dans le pire, je ne serais pas pris....*

Daror secoua la tête, il n'était pas question qu'il échoue, il avait fait une promesse a ses parents défunts et il comptait bien la tenir même si il devait atteindre l'impératrice en personne pour lui prouver sa valeur. Alors qu'il continuait a chercher son chemin, il entendit le bruit caractéristique d'un marteau frappant l'acier, ayant eu un père forgeron il reconnut tout de suite le son et sut qu'il se dirigeait vers les bons quartiers.

Quand il passa devant la forge, il repensa à son père se disant qu'il serait peut-être à la place du forgeron actuel mais cela n'arrangerait rien de penser au passé, il fallait qu'il trouve son propre chemin. Il lui fallut plusieurs minutes pour trouver la caserne et quand il finit par la trouver il entra mais quand il s'adressa à l'homme pour lui demander où il fallait signer pour s'engager, l'homme en blanc lui répondit sèchement.

Encore un gringalet tout droit sorti de l'école, le chef a mieux a faire que d'analyser ton cas tout de suite, viens dans plusieurs jours et on verra.

Daror n'aimait pas trop le ton condescendant qu'il prenait avec lui et puis il voulait une réponse tout de suite pas dans deux ou trois jours, il n'avait même pas d'endroit où loger en plus!

Tu devras bien l'appeler pour te débarrasser de moi, je ne compte pas bouger de là tant que je ne verrais pas un responsable!

Mais a peine eut-il le temps de finir sa phrase qu'il entendit quelqu'un rentrer. Décidant de camper sur ses positions pour honorer sa promesse il était prêt à affronter n'importe qui et puis la seule personne qui le ferait flancher ne viendrait sûrement pas dans une petite caserne, l'impératrice était bien au dessus de ça quand même!

[Avant l'Outreterre]

Si l'Empire était devenu sans conteste la faction la plus vaste et la plus puissante de l'Alagaësia, on pouvait affirmer avec autant d'assurance qu'il possédait le climat politique le plus tendu.
Entre l'Impératrice et ses opposants une guerre froide s'était rapidement mise en place jusqu'à se fondre irrémédiablement dans leur quotidien. Ses décisions, portées par ses actions, déplaisaient aux nobles, mais également aux Ombres, dont elle ne s'était pas fait des amis. La Dame noire allait à l'encontre des tabous, osant creuser dans des voies jusqu'ici réservées aux autres, aux ennemis, sans même un regard dédaigneux à ceux qui peinaient derrière elle pour l'en empêcher.
La mendicité avait pratiquement disparu ; ceux qui n'avaient pu être formés - artisanalement ou militairement - avaient été envoyés dans des unités de production afin d'y travailler. Les paysans avaient vu leurs impôts allégés. Le nombre de routes avait augmenté, routes dont les commerçants ne se lassaient de la propreté. L'entretien régulier était contrôlé par les inspecteurs impériaux, véritables fléaux pour les seigneurs négligents et les hors-la-loi. Ils vérifiaient tout, de la présence d'une école dans chaque village assez grand mais aussi de la qualité d'enseignement, des qualifications des instructeurs dans les casernes, de l'état des bateaux utilisés pour le transport, etc. Une menace habituellement réservée aux serfs se dispersait pour atteindre les grands, et même s'y accentuer. Les nobles les plus petits étaient terrorisés par la possibilité d'être privés de leurs titres par la Dame sanglante à cause d'une productivité insuffisante, d'abus de moeurs ou de trafic illégal. Paradoxalement le peuple ne s'était jamais senti autant en sécurité alors que ses seigneurs vivaient dans la méfiance, le doute, la rancoeur. Là où les pauvres l'accueillaient avec un respect sincère, leurs maîtres grimaçaient courtoisement.

Ironiquement, l'armée dont disposait l'Impératrice était chaque jour plus menaçante, comme une invitation à la défier, alors que ce n'était que le résultat des nouvelles lois militaires qu'elle avait instauré. Une formation continue, des instructeurs instruits par leurs supérieurs, des enseignements de tactique et de protection de l'esprit dès l'entrée. Les jeunes étaient vus comme des professionnels, des acteurs à long terme, et plus comme une manne renouvelable et sacrifiable. Ceux qui n'avaient aucune prédisposition pour le combat voire la magie avaient été redirigés ailleurs, dans des métiers propices à leurs compétences. Au début, Myad s'était attirée la méfiance, l'horreur de ses généraux et de ses archimages cependant une fois qu'ils eurent constaté quelques mois plus tard le bénéfice de cette purge, ils se rangèrent à son avis. En tant que guerrière elle-même, l'Impératrice avait son avis sur toute chose.
Par conséquent, elle ne se privait pas de visiter les différentes casernes dont elle disposait dans l'Empire, et a fortiori dans la capitale.

Ce jour-ci, la femelle hybride se déplaçait avec des jumeaux récemment enrôlés dans sa compagnie personnelle du Fleuve noir ; tous deux blonds aux yeux bleus, leur peau blanche comme le lait, ils arboraient des visages d'agneaux ornés d'un regard à la température arctique. Ces adolescents avaient mis à feu et à sang une taverne bondée après que le meurtre de leur petite soeur ait fait dégénérer l'ambiance. Aaro et Gemnis étaient réfléchis, silencieux et infiniment patients. En échange de leur remise de peine, ils avaient accepté de rejoindre sa garde personnelle. Après tout, une fois que sa vie est foutue, pourquoi refuser ?

Myad poussa la porte, ignorant les gardes qui la saluèrent puisqu'elle s'intéressait déjà à autre chose. Une discussion agacée tenait lieu à l'entrée ; une fois qu'elle eut pénétré la caserne, les deux hommes se turent aussitôt.

- Votre Magesté, s'empressa de la saluer le réceptionniste en s'inclinant respectueusement. Que nous vaut le plaisir de votre visite ?

Il foudroya du regard le jeune homme à qui il s'adressait précédemment avant de se tourner, tous sourires, vers son seigneur et maître.
Myad portait sa tenue de voyage, également tenue de combat, une combinaison d'étrange matière noire qui lui recouvrait tout le corps hormis ses bras qui étaient gantelés de peau de serpent noire. Ses bottes et sa cape noires complétaient le tableau. Le diadème rappelait sa fonction, mais nul autre artifice n'avait été ajouté.

- Vous avez une bien étrange façon d'accueillir les aspirants, réceptionniste, dit-elle d'un ton calme, souriant avec froideur.

L'homme se raidit.

- Pardonnez ma rudesse, ma Dame, mais je ne puis...
- ... Déranger le premier instructeur en pleine sieste ? Allez, nous sommes en début d'après-midi, ne me dites pas qu'il est déjà surchargé de travail.

Le réceptionniste ouvrit la bouche avant de la refermer aussitôt.

- Je peux tout à fait introduire ce jeune homme auprès de Lorneba, si tel est votre désir, murmura-t-il en baissant la tête.
- Ce ne sera pas nécessaire.

Myad lança un coup d'oeil à l'inconnu, glissant ses yeux de serpent sur son visage et son corps comme si elle examinait la structure d'un nouveau type de catapulte.

- Un épéiste à deux mains, intéressant. Eus-tu été archer que je n'aurais pas eu un regard optimal sur ton niveau. Quel est ton nom, aspirant ?

Une fois qu'il se fut exprimé, elle fit signe aux jumeaux de les escorter et s'avança près du jeune homme en lui faisant signe de progresser droit devant. La cour intérieure, pour la plupart des exercices, se trouvait juste derrière la lourde double porte.

- Tu es seul ? La plupart des recrues viennent ici entre amis. Une manière de se rassurer, je suppose.

Le réceptionniste tapait vraiment sur le système du jeune épéiste, il ne demandait qu'à servir l'armée impériale et on le lui refusait à cause de la fainéantise d'un supérieur. Daror savait qu'il devrait faire preuve de patience dans ses futurs fonctions mais il n'avait jamais imaginé être rabaissé par un gratte-papier pendant que son supérieur faisait dieu sait quoi! Alors qu'il allait répliquer, il entendit le réceptionniste s'incliner et parler à une personne qui se trouvait derrière lui. Quand le jeune homme tourna la tête, il n'en crut tout bonnement pas ses yeux! L'impératrice accompagnée de sa garde se trouvait juste là.

*Décidement cette journée ne se passe pas du tout comme je l'avais prévue*

S'inclinant légèrement, il se tut pour ne pas couper l'impératrice dans sa discussion avec le réceptionniste. La discussion qui s'en suivit plu énormément à l'épéiste. En effet l'impératrice remettait bien à sa place le réceptionniste et Daror se demandait ce qu'il avait bien pu faire comme bonne action pour mériter une telle aide aussi surprenante soit-elle car comparé à l'impératrice il n'était qu'un vermisseau et il le savait fort bien. Quand elle lui demanda son nom, il lui fallut quelque secondes pour sortir de ses pensées et répondre a sa majesté.

Daror....Votre altesse.....Daror Thren...

Daror regarda l'impératrice et son escorte, il se demandait bien quel formation ces deux hommes avaient bien dû suivre pour être affectés à un poste d'une telle importance. La seule chose que Daror pouvait être sûr cependant c'est que malgré leurs visages angéliques, ils étaient tout sauf des anges, ils devaient avoir une grande expérience du combat. Le jeune homme se mit alors a avancer vers la lourde porte comme lui avait indiquer l'impératrice qui marchait avec lui.

La seule amie que je possède altesse c'est mon épée...

Daror se mit alors a pousser la double porte pour ouvrir un passage à l'impératrice et aussi par galanterie. S'écartant de la porte, il regarda la cour d'exercice où se trouvaient de nombreuses recrues où instructeur qui arrêtèrent leurs entrainements pour saluer l'impératrice. Daror se demandait bien ce qu'avait en tête l'impératrice mais il serait prêt a relever tout les défis, cette femme représentait l'empire et il la servirait de son mieux. Retournant auprès de l'impératrice, Daror attendit qu'elle lui pose d'autre question car il se voyait mal entrain de questionner cette grande femme.

- Daror....Votre altesse.....Daror Thren...

Myad nota son nom dans un coin de sa tête, comme elle le faisait avec tous les gens qui attiraient son attention, et ils n'étaient pas si nombreux. Ce jeune homme avait l'air de sortir de son oeuf mais il portait une épée plus grande que lui. A l'image des guerriers silencieux qui l'accompagnaient, cet adolescent n'était pas à prendre à la légère. Qui sait, peut-être qu'un jour il commanderait des armées. Rien n'est écrit. En ce jour l'Impératrice avait eu le caprice de l'aider. Cela aurait sans nul doute des répercussions conséquentes sur la façon dont on allait le traiter dans la caserne... On allait se hâter de l'enregistrer, lui réserver une des meilleures chambres, prendre son enseignement très au sérieux. Et tout ça pourquoi ? Parce que la Dame noire lui avait témoigné de l'intérêt. Quelle que soit sa raison, on ne pourrait que la trouver bonne ; il n'y avait qu'à voir la compagnie du Fleuve noir pour comprendre qu'elle avait le don de dénicher les talents les plus improbables.
L'hybride ne savait pas du tout si cette recrue était talentueuse pour la bonne et simple raison qu'elle ne disposait pas d'informations suffisantes sur lui. Cela allait venir... Comme dit précédemment, elle avait du temps à tuer. Alors pourquoi ne pas en offrir à quelqu'un dans le besoin ?

- La seule amie que je possède altesse c'est mon épée...

Les yeux de serpent glissèrent sur les siens pour les cueillir. Myad y vit de la tristesse, la fragilité d'une perte affective récente, de la détermination également.

- C'est sans doute la plus fidèle que tu puisses jamais avoir, lui répondit-elle doucement.

Daror s'attacha à lui ouvrir la porte pour la laisser passer, ce que la très grande majorité des hommes aurait fait à sa place - à condition d'être doté d'un quelconque instinct de survie - toutefois elle nota, étonnée, que son attitude dénotait un réel respect. Lorsque la Dame sanglante passa devant lui, le frôlant volontairement, il frémit comme happé par les écailles d'un requin. Ce n'était pas vraiment de la peur... Il était calme. Sidéré visiblement, mais calme.
Non il y avait autre chose ; une chose à laquelle Myad n'était pas spécialement habituée.
Elle comprit lorsqu'il se tourna vers elle, dans la cour, attentif et interrogateur. Ni vice ni méfiance ni calcul. C'était un soldat qui était là pour servir l'Empire, et qui la respectait en tant que cheffe de cet Etat. Un petit sourire se déroula lentement sur ses lèvres, sans que l'on sache pourquoi. Il était assez drôle de voir à quel point étaient rares ceux qu'elles ne terrorisaient ni ne dégoûtaient pas.

- Et bien, Daror, puisque le recruteur est occupé, c'est moi qui vais juger de ton admissibilité, annonça-t-elle tranquillement.

Aaro leva un sourcil avant d'échanger un regard avec son frère, qui hocha imperceptiblement la tête. Ils désapprouvaient cette perte de temps, devina-t-elle. Myad n'en avait cure. Ils iraient, feraient, vivraient selon ses désirs, et ils en avaient parfaitement conscience.
Elle l'examina de nouveau, de haut en bas, ainsi que l'aurait fait un cavalier devant un poulain. Il n'y avait aucune condescendance dans son regard, plutôt une analyse scientifique. Elle se mit à tourner autour de lui, assez proche pour soulever un pan de tissu et observer sa musculature, ce qu'elle fit. D'abord silencieuse, la demi-drow accompagna sa petite ronde de quelques questions.

- D'où viens-tu, que fais-tu et où vas-tu ? Ton passé, présent, futur, que peuvent-ils apporter à l'armée impériale ?

Elle s'arrêta en face de lui, croisant les bras en souriant d'un air à la fois malicieux et provocateur.

- En bref, prouve-moi ta valeur, Daror.

L'impératrice avait raison sur ce point, son épée ne l'avait encore jamais auparavant trahi mais la confiance n'était pas le problème de Daror bien au contraire, il aurait aimé avoir des amis, des frères d'armes ou alors une conjointe cependant depuis la récente mort de ses parents il n'avait plus qu'une idée en tête.

*Servir l'empire et l'impératrice au péril de ma vie*

Pour certaines personnes cela pourrait bien paraître fanatique ou dingue de servir une personne qu'on ne connaissait pas du tout mais Daror se fichait de l'avis des gens, il sentait au fond de lui que c'est ce qu'il devait faire et qu'il le ferait à tout prix!

*Ais-je mal entendu?*

Il fallut à Daror quelques secondes pour se ressaisir, non seulement l'impératrice l'aidait mais en plus elle allait le juger pour son admission!

C'est... c'est un grand honneur que vous m'octroyez impératrice.

Dit-il en s'inclinant légèrement.

Daror se sentait très nerveux surtout quand elle commença à tourner autour de lui pour le juger et je ne vous dit pas l'état de son cœur quand elle lui souleva un pan de tissu pour jeter un œil a sa musculature, le jeune épéiste aurait voulu se pincer pour voir si c'était vrai mais il n'eut pas a le faire car en croisant les yeux de l'impératrice, il se rappela la première fois qu'il l'avait vu faire un discours. Cette femme avait un tel courage et une telle détermination, il ne voulait pas la décevoir et il lui montrerait comme elle lui avait demandé ce dont il était capable.

Je viens d'un petit village très éloigné de la capitale, un village perdu en somme. Mon père était forgeron et ma mère magicienne...

Pendant une seconde il revit les corps ensanglantés de ses parents, les yeux grands ouvert et cette vision lui serra le cœur mais cela lui redonna du courage, il ne voulait pas paraître faible et c'était aujourd'hui ou jamais qu'il montrerait à celle qu'il admirait ce qu'il pourrait apporter à l'empire.

J'ai appris a me servir d'une épée très jeune, il le fallait car notre village était souvent attaqué par des bandits.

Quand elle s'arrêta, c'est avec un air rempli de détermination et d'admiration pour cette femme qu'il continua.

Vous avez tellement apporté pour l'empire majesté, vous êtes quelqu'un de forte et de déterminée, grâce à vous l'empire est bien plus sûr qu'auparavant. Je n'ai qu'une faible expérience des combats mais je suis moi aussi déterminé, déterminé à vous protéger ainsi que le saint empire Léonien!

Daror s'inclina encore une fois avant de finir.

Je n'ai pas d'origine de noblesse votre altesse, je ne maîtrise pas très bien l'ancien langage venant de mon côté maternel mais je connais les épées comme personne et si par ma vie ou ma mort je peux vous servir je le ferais. Voila mon unique but votre altesse...

Voila Daror venait de dire tout ce qu'il pensait, bien sûr il n'avait pas très mis en avant son expérience pour la simple raison que de combattre des bandits de grand chemin ou des mannequins à l'académie ne permettait pas de connaître les dures lois d'un combat. Son destin reposait maintenant entre les mains d'une femme qui devait l'avouer était belle mais il chassa vite cette pensée, son avenir était bien plus important et de toute manière il n'avait plus que cette admiration pour elle.

*Je n'ai plus rien, plus de famille, pas d'amis, plus que mon épée et ma détermination pour l'impératrice*

- Je viens d'un petit village très éloigné de la capitale, un village perdu en somme. Mon père était forgeron et ma mère magicienne...

C'était un bon point. Les fils de forgeron avaient généralement une excellente connaissance des armes, humaines bien entendu, exotiques parfois, ce qui amélioraient leurs compétences en combat. Si sa mère était magicienne, peut-être lui avait-elle appris quelques mots d'ancien langage, ainsi que la précieuse notion de protection de son esprit... De semblables origines ne pouvaient être que bénéfiques sur le jeune homme en face d'elle. Néanmoins Myad ne se dérida pas pour autant, affichant simplement une expression attentive dénuée d'agressivité.

- J'ai appris a me servir d'une épée très jeune, il le fallait car notre village était souvent attaqué par des bandits.

Il fit une pause pour la regarder, les yeux de l'aspirant étincelant d'une intense admiration, ce qui surprit une nouvelle fois l'Impératrice qui n'était pas accoutumée à une dévotion pure et sincère. La loyauté était rare dans l'Empire, et même ceux qui braillaient leur soutien à sa cause n'étaient pas si pressés de se mouiller en actes. Lorsqu'elle plongea le regard dans celui de son interlocuteur, la demi-drow supposa qu'elle aurait pu lui demander d'aller au bout du monde... Si c'eut été pour servir sa faction, il l'eut fait sans hésiter.

- Vous avez tellement apporté pour l'empire majesté, vous êtes quelqu'un de forte et de déterminée, grâce à vous l'empire est bien plus sûr qu'auparavant. Je n'ai qu'une faible expérience des combats mais je suis moi aussi déterminé, déterminé à vous protéger ainsi que le saint empire Léonien!

Des louanges, sincères dans sa bouche également. Il ne lui sembla pas l'avoir déjà rencontré mais quel souverain peut se targuer de connaître tous ses subordonnés ? Exceptée la Reine des elfes qui a des siècles pour connaître un nombre réduit de congénères, aucun. Daror l'avait déjà vue, et cette vision l'avait impressionnée, mais à quelle occasion, elle n'aurait pu le dire. Cela n'avait guère d'importance ; en l'état actuel, il lui proposait ses services, non par dépit, non pour l'argent. Pour un idéal de paix. Faire la guerre pour protéger. Surveiller les malfrats... Empêcher la récidive. Cet homme réfléchissait selon les principes qu'elle avait choisi de valoriser au long de son règne...

- Je n'ai pas d'origine de noblesse votre altesse, je ne maîtrise pas très bien l'ancien langage venant de mon côté maternel mais je connais les épées comme personne et si par ma vie ou ma mort je peux vous servir je le ferais. Voila mon unique but votre altesse...

Myad lui adressa un de ses rares sourires, si courants pour les gens qu'elle appréciait - si exceptionnels avec le reste du monde. Etant donné l'infirme pourcentage d'Impériaux qui avaient son amour, elle n'affichait pas beaucoup ses sourires ce qui agitait d'autant plus les folklores.

- La noblesse n'est qu'une illusion de pouvoir. Pour moi, elle n'a aucune valeur. C'est ce que tu fais, avec ce que l'on t'a donné, qui fera de toi un seigneur ou un vaurien.

Les jumeaux eurent un frémissement qui ressemblait à un rire silencieux. Eux qui avaient été plus que persécutés par un noble tyrannique et paresseux ne pouvaient qu'approuver ces paroles.

- On peut apprendre à se battre. On peut mémoriser des mots. Mais la volonté, l'idéal, cela ne s'acquiert pas. Je n'ai aucune raison de refuser ton engagement et j'irai même jusqu'à te recommander auprès des instructeurs. Bien sûr, cela représentera une chance inouïe pour ta carrière, mais cela peut être à double tranchant. On attendra de toi des prouesses et le moindre de tes choix sera jugé par tes pairs. Il y aura des jalousies. Cela te brisera ou te rendra plus fort. Mais si j'en crois mon sentiment, tu devrais t'en sortir correctement.

Myad fit un signe à Gemnis. Levant deux doigts, elle les abaissa deux fois.
Le jeune homme n'attendit pas un signe de plus. Dégainant brusquement ses deux dagues dans un geste souple, il accompagna son mouvement d'un bond soudain vers la future recrue.

*Ne l'abîme pas* crut-elle bon de lui rappeler.

Gemnis souriait légèrement. Il aimait se battre, et bien sûr il s'amusait de la situation.

*Je prendrai grand soin de votre jeune papillon* promit-il.

Myad le vit glisser sous la garde de Daror pour lui asséner un coup d'épaule dans l'estomac. Il allait devoir se défendre, et ils allaient vite juger de ses compétences.

Daror était animé d'une telle foi qu'il était prêt à tout pour servir l'impératrice, quand elle lui sourit ce fut un grand soulagement pour le jeune impérial. En effet même si Daror n'était pas quelqu'un qui avait une confiance aveugle en tout le monde, il savait que ce serait le cas pour l'impératrice, elle avait les mêmes idéaux que lui et cela lui suffisait pour la servir.

Quand elle lui parla de son opinion sur la noblesse, l'épéiste sentit monter en lui du courage pour affronter l'épreuve qui l'attendrait. L'impératrice ne jugeait pas sur la lignée mais bien sur les actes que quelqu'un accomplissait!

*Je pourrais donc prouver ma valeur!*

Mais Daror ne manqua pas d'être surpris à ce qu'ajouta sa majesté impériale. Elle parlait que l'idéal était quelque chose de très important bien plus important que l'entraînement et la compréhension de la magie et lui proposait en plus de son engagement de le recommander!

Merci....votre altesse...

Daror n'en croyait pas ses oreilles, tout se passait si vite! C'était la première bonne nouvelle depuis la mort de ses parents mais Daror calma vite sa joie quand elle lui parla que sa recommandation risquait de lui attirer des jalousies venant d'autres membres impériaux.

*Peu importe, je ne laisserais personne nuire à la paix ou à l'impératrice par des complots ou des jalousies!*

Soudainement l'impératrice leva deux doigts et les abaissa aussi tôt, le jeune homme sut que c'était maintenant que les choses sérieuses allait commencer! Elle le mettait sans doute à l'épreuve et il devrait prouver qu'il était apte à la servir!

L'un des protecteur jumeaux de l'impératrice fit un bond très rapide sous la garde de Daror et lui donna un coup d'épaule qu'il ne put esquiver à temps et le fit reculer mais le jeune homme savait que ce n'était qu'un début. Reculant de quelque pas, il se remit en garde regardant son adversaire.

*Il se bat avec ses dagues donc il compte sur son agilité, je suis moins rapide avec mon épée mais j'ai déjà un rayon d'action plus large que le sien, il faut que j'exploite cette faille et que je ne le laisse surtout pas approcher! *

Daror avait mal à l'estomac mais il savait qu'il ne pouvait pas laisser la douleur l'emporter, il devait montrer dans ce combat tout son potentiel à celle qu'il admirait!

Daror chargea à son tour le jumeau et lui asséna une attaque en diagonale vers la gauche contrairement à une attaque circulaire qui aurait pu permettre à l'attaquant de passer à nouveau sous la garde du jeune épéiste cependant Daror avait prévu un plan B car il savait que l'agilité du jumeau lui permettrait de s'échapper d'une telle attaque.

Si le jumeau l'évitait vers la gauche de Daror, le jeune homme répliquerait immédiatement en relevant la garde de l'épée pour lui asséner dans le ventre. Si le jumeau l'évitait vers la droite, Daror lui assénerait un coup de tête pour le déstabiliser.

L'impérial comptait que son adversaire reste à courte portée pour lui asséner une contre-attaque immédiate mais allait-il le faire?

[Je pense que pour un Rp d'introduction à l'Empire, ça suffit amplement on peut le clore si tu veux bien, ensuite je te conseillerai un Rp avec Oryon qui est lui aussi dans l'Empire, qui est un très bon Rpgiste et avec qui vous pourriez avoir un Rp très intéressant !]

Daror réagit très rapidement, rétablissant son équilibre en grimaçant à peine. Bien. Il ne s'était ni enfui, ni offusqué. Il acceptait ce combat avec une facilité déconcertante qui laissait entendre qu'il s'était bel et bien attendu à une telle épreuve. Cela semblait logique ; on n'engageait plus, dans l'armée impériale, et surtout pas à Dras Leona qui était personnellement gérée par Myad, de jeunes gens qui ne savaient pas se battre. On leur apprenait à se battre mieux, à se connaître mieux, à améliorer leurs stratégies, à agir ensemble. Il serait inutile d'apprendre l'intégralité de l'art du combat à un novice qui était déjà adulte. Il y avait des enfants dans la caserne, des orphelins, des gamins abandonnés. Ils étaient pris en charge par l'Empire ; élevés, éduqués avec grand soin, ils ne révélaient pas toujours des talents pour le combat, mais pour la magie ou les arts qui lui étaient liés. On ne leur imposait pas leur carrière, ils devaient simplement en avoir une, et tout faire pour y être bon. Là était toute la force du nouvel Empire. On donnait à l'individu les choix les plus rationnels, mais on lui laissait le choix. Le perpétuel souci de liberté, d'accomplissement personnel de l'Impératrice était palpable dans la moindre de ses œuvres.

Ce jeune homme avait évidemment une maîtrise de son arme. Il se campait correctement sur ses jambes, stabilisé sur des pieds bien posés sur le sol. Myad ne perdait pas une miette de ses faits et gestes. Aurait-il été un mage qu'elle aurait analysé son esprit pour guetter précisément ses réactions. Chez les gentils, c'était honteux et interdit, mais elle le faisait dans un but pédagogique, et personne ici n'avait quoi que ce soit à lui redire.

Daror fonça brusquement sur Gemnis, qui se campa également, les yeux plissés alors qu'il cherchait à deviner de quel côté viendrait l'attaque. Le guerrier connaissait la puissance de frappe des épées à deux mains, et bien sûr leur redoutable portée. Il lui faudrait bouger très vite pour éviter celle-ci dès à présent qu'elle aurait déterminé une trajectoire pour l'atteindre.
L'épée fonçait vers lui.
Le visage de l'angelot était lisse de toute expression. Seuls ses yeux plissés, aussi noirs que ceux d'un faucon, pouvaient trahir sa concentration. Il se décala brutalement vers la gauche mais l'épée suivit diaboliquement le mouvement – au dernier moment, le guerrier releva ses dagues, qu'il croisa pour stopper l'attaque dans un vacarme métallique. Gemnis banda les muscles, raide comme un piquet, tandis que Daror cherchait à briser sa garde – le guerrier face à lui fronça les sourcils, analysant chaque possibilité... Et sourire.

- Faut-il toucher l'autre pour gagner ? Demanda-t-il. Sa voix douce, flûtée, de petit garçon contrastait avec son armure de grand guerrier, et les cicatrices fines sur son visage.
- Absolument, convint Myad avec un sourire.

Gemnis laissa échapper un ricanement agacé, bref. Le sourire de Myad s'élargit. Il n'avait qu'à bouger avant, songea-t-elle.
Ne jamais sous-estimer son adversaire. L'adolescent avait pris la future recrue pour un idiot balourd. Il était coincé, maintenant. Il se ferait immanquablement toucher.
Agacé, Gemnis tenta tout de même sa chance.
Sans prévenir, il écarta soudainement ses lames et bondit en arrière pour essayer d'échapper à la lame assassine ; sans élan néanmoins, il ne put l'éviter complètement, et elle effleura son plastron dans un crissement malheureux. L'autre jumeau, jusqu'ici silencieux, applaudit brièvement, un sourire moqueur sur son visage à l'intention de son frère, qui le foudroya du regard.

- Il t'a eu, conclut simplement Myad en lui faisant signe de retrouver sa place.
- On ne m'aura plu, murmura le garçon en reprenant un visage inexpressif.
- Je n'en doute pas, répondit sa maîtresse en lui caressant le menton, taquine.

Elle revint vers Daror, à qui elle adressa un sourire aimable. Elle écarta les bras dans un geste d'accueil, gracieuse fée ténébreuse.

- Bienvenue dans l'armée impériale, Daror.

Comme appelé par magie – ce qui était sûrement le cas – le recruteur déboula dans la cour, l'air hagard, puis horrifié en voyant qui était là. Il avança vers eux d'un pas raide et rapide, s'attirant le regard sarcastique des jumeaux. Myad ne le regard même pas quand il s'inclina et la salua.

- Je te confie ce jeune homme. Il a du talent, c'est certain.
- Votre intuition ne nous a jamais déçue, ma Dame, s'empressa de la flatter l'homme, qui s'attira un regard glacial qui le raidit sur place.
- Mon intuition m'avait adjoint que je trouverai ta personne à sa place de recruteur, non dans la cuisine en train de flirter avec la crémière.

Ce n'était pas forcément vrai mais vu la tête que fit l'homme à l'opulente moustache, cela devait se rapprocher de la réalité. Elle s'en désintéressa de nouveau.

- Au revoir. Puisses-tu me surprendre encore à notre prochaine rencontre...

Daror avait de la chance aujourd'hui, le jumeau s'était écarté dans la même direction que son épée à deux mains ce qui était déja un bon point pour le jeune homme mais la chance avait décidé de l'accompagner jusqu'au bout, enfin était-ce la chance ou alors son ennemi le sous-estimait peut être un peu trop? Il fallait dire que le stature de Daror était loin d'être impressionnante, il avait des muscles et une bonne endurance certes mais comparé à certains soldat, on le considérait comme un gringalet ce qui l'arrangeait car un ennemi trop confiant baisse bien plus sa garde.

Soudainement le jumeau para l'attaque avec ses dagues mais dans cette posture il était coincé aussi bien que Daror! Mais Daror savait qu'il aurait un petit avantage du fait de sa portée bien plus grande que les dagues de son adversaire.

*Celui qui touche le premier d'accord, il faut que je reste concentré sur cet objectif si je veux faire mes preuves*

Il fallait que Daror anticipe les futures actions de son ennemi et heureusement pour lui, elle n'était pas nombreuse. Dans sa posture actuelle, il ne pouvait se permettre une contre-attaque, il ne lui restait donc qu'une manière évasive pour se tirer de son mauvais pas. La jeune recrue restait silencieuse tout en observant son adversaire, elle avait oublié son stress dû à la présence de l'impératrice pour se focaliser entièrement sur le combat. Soudainement son ennemi, se recula mais pas assez loin ce qui profita à Daror. Il finit le mouvement de sa lame qui n'était donc plus parée et effleura l'armure de celui-ci.

*Je l'ai eu....!*

Un sourire vint se loger sur le jeune visage de l'épéiste quand il entendit l'impératrice dire à son garde du corps qu'il l'avait touché. Reprenant son épée et l'accrochant à son dos, il s'inclina quand elle lui souhaita la bienvenue dans l'armée impériale.

Merci votre majesté....Je vous servirais comme nul autre soldat et je ne faillirai point!

Soudainement, il vit un homme assez balourd se diriger en direction de l'impératrice et qui devait être le futur instructeur de Daror, il sentait qu'il aurait sans doute des problèmes avec celui-ci car Daror n'était pas du genre à se laisser faire par un homme beaucoup plus paresseux que lui. Il ne put d'ailleurs pas s'empêcher de lâcher un léger rire quand l'impératrice le remit à sa place avec la crémière des cuisines.

Je l'espère votre altesse, je ferais mon maximum pour vous. Au revoir et merci...

Il s'inclina la regardant s’éloigner tandis qu'il vit l'instructeur se diriger vers lui pour lui les formalités d'usage. La chambre dans une caserne, les horaires d'entraînement et bien d'autre chose qui feront parties intégrante de la vie de Daror tant qu'il ne serait pas affecté ailleurs. Cependant il n'écouta que d'une oreille, il regardait l'impératrice partir et pensa.

* Vous êtes vraiment une femme digne de mon respect, j'ai une dette envers vous*

FIN