Gallia parcourait la fôret de la Crête voilà déjà plusieurs jours, le ventre gonflé par une proie trop imprudente. Ses yeux azurés parcourait la cime des arbres qui ondulait sous la brise légère, gonflant ses deux grandes ailes, la membrane paraissait presque translucide grâce à la lumière du soleil.
Soudain prise d'une envie de dormir, elle se posa lourdement dans une clairière. Elle huma l'air, essayant de détecter d'éventuels danger et fut surprise du résultat, étonnée elle recommença l'opération.

Cette odeur …

L'odeur venait au nord de sa position plus en hauteur, là ou les arbres se font plus rares et la caillasse plus dense. Elle se ramassa sur elle-même et bondit en l'air, sentant le vent siffler à ses oreilles elle déplia ses élytres bleues et vola comme une furie en direction de l'odeur.

Le regard de la bête céleste se posa sur la source de l'effluve, d'autres dragons. La dragonne bleue distingua un grand dragon noir et des dragonneaux. Tremblante d'excitation elle descendit en rond, lentement, pour ne pas avoir l'air d'être une assaillante. Lentement, son esprit glissa vers ceux de ses confrères, et plus particulièrement celui du dragon sombre qui semblait être le dominant.
Elle tentait de discipliner son esprit mais le fait de voir de dragonneaux faisait virevolter son esprit d'excitation.

Laissant ses ailes se gonfler comme un parachute, elle atterrit doucement sur ses deux pattes arrières et laissa retomber celle de devant sur le sol rocailleux, devant la créature ébène.

Et d'une voix tremblante s'adressa à son congénère :

-Salut à toi Écailles-Sombres ! Pardon de faire irruption d'une telle façon !

Désormais assise, elle regardait les dragonneaux d'un œil bienveillant, attendant une quelconque réponse de la part du Dragon Noir.

Confortablement assise devant le grand dragon sombre, le regard bleuté de la dragonne était fixé sur les dragonneaux. Cela faisait au moins un an qu'elle n'avait pas été en contact avec des petits, voir les petits se mouvoir aux côtés du dragon noir la replongeait dans ses souvenirs d'enfance. Des instants désormais révolus, des instants éphémères. La voix de l'énorme dragon sombre résonna sur la crête :

-Bonjour a toi. Tu semble presser dit moi. As-tu un problème derrière ? Ou ta présence est elle tout autre ? Il est rare de croisé les nôtres seules par ici. 

Il n'y avait nulle animosité dans sa voix, la dragonne s'attendait à une attitude plus défensive de la part du grand dragon, mais fut satisfaite de la demande.
En effet il était rare qu'un dragon se promène seule surtout une jeune adulte comme elle, mais elle vagabondait dans un but bien précis, retrouver son passé. Cela faisait des mois qu'elle avait quittée sa « mère » adoptive à la recherche d'une éventuelle réponse de la part de sa mère. D'une voix claire la dragonne bleue répondit au dragon sombre :

-Je ne suis pas spécialement pressée, l'odeur de tes petits m'a mené jusqu'à toi. Ils m'ont rappelé quelqu'un du passé ! Ne t'en fais pas je ne suis pas poursuivie par une quelconque créature, je ne l'aurais pas attiré jusqu'à des bébés !
En effet, tout comme il est rare maintenant de croiser des dragonneaux !
Au fait je me nomme Gallia, fille de Saphisla et sœur de Tanrake le sombre !

La dragonne souffla des ronds de fumée sur les bébés dans l'espoir de les amuser, puis releva sa tête pour croiser le regard noir du grand dragon, d'une voix plus posée elle demanda :

-Tu a l'air âgé, du moins plus âgé que moi Écailles-Sombres. J'aimerais savoir si tu a connu ma mère, ou si tu l'a juste croisé !

Gallia presque malgré elle avait du mal à prononcer le mot mère, elle avait une haine si profonde pour sa génitrice que la dragonne voulait absolument la retrouver pour lui demander des comptes.
Elle regardait le père des dragonneaux, se demandant si sa mère et son père l'avait aimé et chéri comme le dragon sombre faisait avec ses bébés. Son cœur se serra et instinctivement elle renforça ses barrières mentales pour ne laisser passer aucune émotion.

Le dragon sombre, indiqua à Gallia que les dragonneaux qu'elle voyait n'était pas les seuls, elle sourit légèrement en pensant que son espèce n'était peut être pas aussi éteinte qu'elle le croyait. *


La dragonne bleue fut surprise de cette remarque, elle était plutôt d'une nature solitaire, et jamais elle n'avait croisé de dragon mâle qui aurait fait un bon père. La peur d'être une mauvaise mère l'arrêtait également dans ses élans. Mais l'immense dragon avait raison, elle avait encore beaucoup de temps devant elle.
La voix du vieux dragon retentit de nouveau dans l'esprit de la dragonne sauvage :

-Je suis plus vieux que vous aucun doute et je me nomme Kaminari. Je vous présente Ciela et Shiron. Aller dire bonjour vous deux.

Le dragon mâle avait plus de curiosité que la femelle, qui était plus méfiante, ce n'était pas forcément un défaut aujourd’hui pour un jeune dragon d'éprouver de la méfiance envers les diverses choses qui les entoure. Shiron sautait partout autour d'elle, Gallia envoya un cercle de fumée sur le dragonneau en signe d'affection. La jeune Volante s'assit et entoura son corps de sa queue bleutée hérissée d'énormes piquants blancs.

-Il est sous le charme… Il a bon gout cela dit. Pour vous répondre je ne connais personne répondant à ce nom là désolé. Toutefois je sens que cela a très important pour vous…. Inutile de vous cachez je ne compte pas tout découvrir. Si vous n’avez pas envie d’en parler libre a vous. Nous avons tous nos fantômes. Moi y compris…. 

Elle baissa la tête et d'une voix teintée de tristesse répondit à Kaminari:

-Je suis désolée que vous en ayez, vous aussi !

Mais Gallia avait du mal à cacher sa déception, elle misait beaucoup sur la dragon sombre. D'un côté, peu de dragons l'avait croisé après la naissance de ses jumeaux. Kaminari avait raison, retrouver sa mère et ainsi que son père était très important pour elle, c'était plus ou moins son objectif. Trouver ses racines, d'où elle venait, de savoir la raison de l'abandon de sa mère, pourquoi sa génitrice l'avait abandonnée elle et son frère à une mort certaine. Les deux dragonneaux du Dragon Noir rappellait son enfance, elle pensa pour elle même :

*Si seulement nos parents nous avaient aimé comme Kaminari le fait pour eux... Cela aurait été si différent...*

Le Volant sombre avait raison sur un autre point, nous avions tous nos fantômes et la vie n'était facile pour personne. Elle décida de se confier pour la première fois à un autre de ses congènères :

-Je recherche ma mère, elle n'est jamais revenue au nid... Moi et mon frère nous étions trop petits pour nous débrouiller tout seuls...

Elle jeta un regard à Shiron et continua son histoire :

-Encore plus jeune que tes petits... Elle est partie pour ne jamais revenir, mon frère jumeau n'a pas survécu à son absence...

Gallia garda un long silence douloureux, évitant le regard de Kaminari, elle reprit soudain un air féroce :

-Ma mère n'est qu'une meurtrière, une destructrice ! Je veux juste la retrouver pour connaître les raisons de notre abandon et de lui dire qu'elle a tué son fils, pour ensuite l'abattre !

La dragonne se releva, comme soulagée d'avoir racontée son histoire, elle reprit d'un air plus calme :

-Une dragonne, anciennement liée à un dragonnier, m'a pris sous son aile, mais malgré sa gentillesse dès que j'ai pus voler et chasser seule j'ai décidé de partir vivre seule.

La dragonne fixa les deux dragonneaux de son regard  azuré, elle attendait le jugement de l'énorme dragon Sombre.

La dragonne fut surprise du geste affectueux du dragon ainsi que ses paroles montrant qu'il n'avait pas à juger. Cela changeait de la plupart de ses congénères qui ne comprenait pas sa colère envers sa mère. Elle se mit à sourire à l'énorme dragon Noir.

-Ta mère est elle encore vivante ? Elle est peut être morte alors qu’elle allait chercher à manger pour vous deux.

La dragonne se releva et répondit d'une voix un peu plus calme :

-Je n'en sais rien, beaucoup de dragons l'avait vu peu après qu'elle nous ait laissé, selon leurs dires elle semblait perdue... Mais rien ne pourras excuser cet acte, elle était notre mère...Elle était responsable !

Gallia se sentait si remplie de colère, elle ne remarqua qu'après que ses naseaux crachaient une fumée noire épaisse. Elle secoua la tête et tenta de disperser la fumée, ce qui amusa les jeunes dragons pour le plus grand bonheur de la Volante bleue.

-Si je peux aider cela sera avec joie. Et je suis sur que ces deux la seront ravi d’avoir un peu de compagnie en dehors de leur père. Tu semble être venue à cause d’eux. Tu peux rester un peu si tu le souhaite. Je n’ai rien contre tant que tu ne menace personne.

La dragonne gloussa doucement, jamais elle ne sera une menace pour des bébés dragons. Elle trouvait l'offre intéressante et elle se sentait tiraillée entre le devoir de vengeance et les piaillements de joie des deux dragonneaux.


Gallia eut un long moment d'intense réflexion et s'éloigna légèrement de ses congénères, elle pensa que Kami avait lui aussi des choses à partager, un peu de compagnie ne lui ferait pas de mal. Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu un semblant de vie en communauté.

-Bien... Si cela ne gêne personne, je vais rester ! Merci Kaminari-Écailles-Sombres de ta bienveillante offre !

Gallia se tenait debout devant son aîné, baissant doucement sa tête en signe de remerciement, elle en profita pour pousser délicatement le bébé mâle de Kami en signe d'amusement.

Alors que les deux dragonneaux se jetaient sur la grande dragonne bleue, le mâle noir lui indiqua que les bébés pouvaient mordre. Pour la première fois depuis son enfance, Gallia poussa un ronronnement d'amusement, cherchant à pousser doucement du museau les deux bébés.

La volante azurée cherchait à éloigner pour un court instant, les sombres pensées qui l'animaient.

-Un jour tu seras surement à ma place. Je veux dire par la que sa sera toi qui surveillera tes propres petits. Tu es jeune mais ça viendra j’en suis sur.

La dragonne espérait au plus profond d'elle être une mère un jour à son tour, afin de faire perdurer son espèce. Mais était terrifiée de refaire une mauvaise mère comme celle qu'elle avait eu. D'un œil bienveillant elle regardait les deux petits, la femelle noire avait sensiblement le même caractère que son frère jumeau. D'une voix douce elle répondit à son aîné :

-Oui...Sûrement un jour.... Tout comme tes petits... Si nous n'avons pas tous disparus d'ici là...

Les pensées négatives revenaient sans cesse hanter son esprit, en effet les dragons sauvages tendaient à disparaître, cela attristait énormément Gallia.

-Beaucoup de chasseurs de dragons rôdent là où nichent les petits, et attendent que les parents s'absentent pour pouvoir attaquer les bébés sans défenses

La colère animait de nouveau la jeune dragonne, la simple idée que l'on puisse s'attaquer à des dragonneaux la rendait folle furieuse, sa queue s'agitant comme celle d'un chat agacé, elle s'éloigna légèrement.

Pensive elle essayait d'étendre son esprit vers la forêt tranquille de la Crête, lorsqu'elle perçut une agitation mystérieuse. Malgré le bruit que faisait les petits, elle perçut des bruits de pas, la dragonne ouvrit ses ailes pour s'envoler. Si quelque chose s'approchait, il fallait le détruire avant qu'il n'atteigne les dragonneaux.

Elle envoya ses craintes au mâle, même si elle se doutait que lui aussi avait entendu :

*Je vais voir ce qui se passe ! Quelque chose d'anormal se passe … *

Sa voix était légèrement tremblotante, car en effet elle avait peur, non pas pour elle ni pour Kami, mais bien les deux jeunes dragons, qui étaient des cibles plus faciles qu'eux. La dragonne était surprise de l'agitation, car la Crête était normalement un endroit calme et relativement paisible.

Tout les sens en alerte, la dragonne restait perchée sur s falaise, les griffes profondément ancrées dans la roche.

-Fait attention a toi. Je ressens quelques personnes mais qui n’ont pas l’air très dangereux. Ne fait rien qui révèle ta position sauf nécessité !

Elle fut surprise de cette attention, la jeune dragonne avait été si peu habituée aux marques d'affections qu'elle n'y prêtait plus attention. Malgré son jeune âge la dragonne comprenait l'inquiétude du père, si jamais elle engageait le combat, elle les tueraient tous jusqu'au dernier. Gallia se retourna vers le dragon noir et d'une voix calme déclara :

[center]-Ne t'en fais pas, je ne te causerais aucuns soucis !

La volante azurée décolla, toutes ailes déployées, le vent poussant dans ses élytres bleutées ravissait la jeune dragonne qui ronronna de plaisir. Puis le plus discrètement possible tenta de se rapprocher du groupe d'humain, sans provoquer de grandes bourrasque ni d'effrayer les bipèdes.

Elle remarqua un groupe de Premiers Hommes, cherchant quelque chose, certains étaient à cheval et d'autres à pieds. Gallia voulut s'approcher pour essayer d'en apprendre plus, mais un courant d'air lui fit battre de l'aile un peu trop fort, ce qui entraîna une rafale involontaire.
Les quelques chasseurs présents remarquèrent donc sa présence, certains prirent peur et remontèrent sur leurs destriers, d'autres avaient déjà pris leurs armes.

Gallia n'avait plus le choix, sa maladresse avait attiré l'attention sur elle, il fallait donc qu'elle élimine cette audience involontaire :

*Quelle idiote je fais !*

La dragonne bleutée gronda et grogna tout en fonçant en piqué sur les Premiers Hommes, elle envoya un signal mental au mâle :

*Ne t'en mêle pas ! Je règle ça ! *

Elle évita de peu un javelot envoyé en direction de son aile gauche, elle tourbillonna et tomba de tout son poids sur deux des chasseurs. Prenant un autre guerrier dans sa gueule, elle le secoua jusqu'à ce que tout ses os soient brisés, une fois les craquements entendus, elle jeta le cadavre disloqués contre un arbre. Une douleur dans sa patte arrière la fit se retourner sur le champ, un coup de hache avait tailladé sa chair, faisant resurgir toute sa colère, elle laissa le flot de magie monter dans sa gorge et enflammer les trois malheureux qui se tenaient à ses côtés. Puis d'un coup de patte, décapita son agresseur. Gallia ne savait plus où donner de la tête, elle semblait voir des bipèdes courir partout autour d'elle. Une flèche traversa sa fine membrane bleutée, ce qui lui arracha un grognement de douleur. Elle balança sa queue comme une massue à pointes vers les archers, empalant les tireurs sur ses pointes acérées.

Quatre guerriers se tenaient désormais autour d'elle, la dragonne pouvait lire la peur dans leurs yeux, pourtant aucun d'eux fit la moindre tentative de fuite. C'est alors qu'ils s’élancèrent tout les quatre sur la volante, elle en fit valser un avec sa queue, mais deux d'entre eux tailladèrent son aile gauche, tandis que le troisième coupa légèrement son poitrail bleu marine.
Gallia se releva alors sur ses pattes arrières, puis en écrasa deux en retombant comme une masse. Le dernier fut poussé par la bourrasque qu'elle avait provoquée, sans attendre la dragonne plaqua le dernier contre le sol et lui demanda d'une voix mentale hargneuse :

*Que cherchez vous, dans ces montagnes ?! *

Le Premier Homme ricana en faisant remarquer à la volante qu'elle avait laissé échapper beaucoup des siens et qu'elle allait en payer le prix. La fumée noir qui s'échappa de la dragonne fit avaler le rire du soldat, Gallia planta ses crocs dans le cou du bipède, arrachant en même temps sa tête et sa vie.

Gallia dut s'asseoir pour accuser la nouvelle, et pensa pour elle-même :

*Tu es tellement une idiote, tu aurais dû tout brûler ! *

Malgré « l'ordre » que Gallia avait donné, le grand dragon noir était parti à la recherche des fuyards. La dragonne se fia au bruit pour deviner que tout les Premiers Hommes avaient péris. Elle regarda l'étendue de ses blessures :

*J'ai vu pire... *

Elle avait mal, mais la douleur était récompensée par la vue des cadavres étendues sur le sol rouge. Sa blessure à l'aile était la pire, car la Volante avait peur que cela lui cause des difficultés pour s'envoler. Les bruits au loin s'estompèrent dans un fracas assourdissant, Gallia devina que le combat entre les soldats et le dragon noir avait pris fin.

-Gallia tu vas bien ?! Tu as été imprudente sur ce coup la. Ils auraient put s’échapper ou pire. Te tuer…. 

La dragonne s'était déjà sentie mieux, mais ses blessures, hormis celle au poitrail, était relativement superficielles. Elle s'assit et répondit d'une voix abrupt:

-Oui tout va bien ! Je sais ! Je ne comptais pas les attaquer, mais ils se sont rendus compte de ma présence, j'étais obligée d'attaquer !

Le fait que Kaminari la prenne pour une enfant l’agaçait, car elle n'avait jamais été réellement materné, et le fait que quelqu'un s'inquiète pour elle la ramenait à la jeune dragonne qu'elle était, inexpérimentée et imprudente.

-Ne t'inquiète pas pour ma sécurité ! Je ne suis plus un dragonneau !

Sa deuxième phrase était clairement plus acerbe, mais c'était presque contre son gré. La jeune dragonne refusait qu'on la prenne pour ce qu'elle était réellement, et en repoussant le dragon elle pensait protéger sa fierté.

Kami eu droit a une réponse de Gallia plutôt sèche. Sans être folle de rage elle était comme agacé ; contrarié et même blessé dans son amour propre. Comportement typique d’une jeune dragonne sauvage. Cela faisait sourire le dragon sombre intérieurement. Dire que lui-même avait une fierté débordante. Finalement les humains avaient peut être raisons sur un point au moins. Les dragons sont tout aussi fier avec un grand ego qu’eux.

-Tu n’es plus un dragonneau non. Mais une jeune et belle dragonne adulte en âge d’avoir des petits.

Il avait toutefois répondu aussi brutalement qu’elle. Il ne voulait pas la remettre en place. Juste lui faire comprendre que ce n’était lui l’ennemie.

-Tu m’as dit que tu voulais devenir mère non ? Tu souhaite également retrouver ta mère. Alors sache une chose. Ce n’est pas en agissant ainsi que tu resteras en vie…. !

Il soupirait et se rapprocha d’elle avec un air plus doux.

-Je sais ce que tu ressens crois moi. N’oublie pas cependant que nous ne sommes que trop peu. Nous ne pouvons plus prendre le risque de nous faire tuer. Enfin pas toi…. Mais je fais la morale alors que j’ai fait bien pire. Notamment des actes irresponsables. Pas que je regrette au contraire mais qui sont proche de la folie ou du suicide.

Il inspectait la dragonne en tournant autour. Il regardait qu’elle ne soit pas gravement blessée et que son amour propre l’empêchait de réagir en prenant cela trop a la légère ou refusant tout simplement de le signaler.

-Si on rentrait ? Tu dois avoir faim avec tout ça et a mon avis vue ton aile tu ne vas pas pouvoir repartir de suite.

Il souriait de nouveau en attendant la réponse de la dragonne. Il voulait également être sur Shiron et Ciela ne risque rien. Ni l'endroit ou il vivait. Mais pour l'instant il ne détectait plus d'esprit ou d'être vivant dangereux par ici.

-Tu n’es plus un dragonneau non. Mais une jeune et belle dragonne adulte en âge d’avoir des petits.

La réponse de Kaminari était tout aussi sèche que la sienne, la dragonne agitait sa queue comme une chat en colère, écoutant le grand dragon noir.
La dragonne se sentait jeune, et ne se sentait absolument pas en âge d'être mère. D'ailleurs le comportement qu'elle venait d'avoir le démontrait parfaitement.

-Tu m’as dit que tu voulais devenir mère non ? Tu souhaite également retrouver ta mère. Alors sache une chose. Ce n’est pas en agissant ainsi que tu resteras en vie…. !

La mention de sa mère, la fit se lever si brutalement qu'un petit flot de sang s'échappa de son poitrail, Gallia ne s'en inquiéta pas et répondit d'une voix tremblante:

-Oui, je le veux... Bien sûr !

Elle garda un instant de silence, puis elle reprit la parole d'une voix presque éteinte, comme une parole pour elle seule:

-La vie ne sert qu'à mourir...

La dragonne posa son regard azuré sur son congénère noir qui se rapprocha, et d'une voix plus douce dit:

-Je sais ce que tu ressens crois moi. N’oublie pas cependant que nous ne sommes que trop peu. Nous ne pouvons plus prendre le risque de nous faire tuer. Enfin pas toi…. Mais je fais la morale alors que j’ai fait bien pire. Notamment des actes irresponsables. Pas que je regrette au contraire mais qui sont proche de la folie ou du suicide.

La dragonne sentait une boule rouler dans sa gorge, la simple idée que sa race puisse disparaître, faisait endurer à son cœur mille morts. La fierté repris le dessus et d'une voix posée, répondit:

-Je suis une dragonne sauvage, je ne crains pas de mourir ! Ce que je crains c'est de rester toute ma vie enchaînée dans une peur sans nom ! Je ne sais pas si j'aurai un jour des petits, qui sait ?! Je mourrai peut être seule ! Dans tout les cas, je vivrai ma vie comme je l'entends, en défendant les miens peu importe ma vie .

La dragonne avait répondu d'une voix autoritaire, d'une voix qui ne souffrait aucun reproche. Gallia n'avait jamais parlé de cette façon à un de ses congénères, mais elle ne s'en excusait pas. Kaminari tournait autour d'elle, l'examinant d'un œil paternel, la dragonne azurée appréciait cette attitude bienveillante, même si elle avait tendance à s'enfermer pour ne laisser rien transparaître. Elle le rassura en posant sa patte sur le dragon noir.

-Si on rentrait ? Tu dois avoir faim avec tout ça et a mon avis vue ton aile tu ne vas pas pouvoir repartir de suite.

La dragonne huma l'air une dernière fois, pour s'assurer qu'elle avait bien effectué son travail, et répondit d'une voix calme:

-Oui..Rentrons ! Je pense que je vais avoir besoin de repos, en effet !

La dragonne s'envola assez maladroitement, à cause de ses blessures, elle ne pouvait plus forcer de la même manière. Tirant sur ses ailes pour atteindre la falaise, elle s'accrocha de justesse à la corniche, plantant ses griffes dans la roche grise.

*Fiouuu ! Heureusement que je ne vais pas plus loin !*

Elle se releva et chercha des yeux les deux dragonneaux, le dragon noir atterrit sans mal à ses côtés. Elle alla se coucher non loin de l'entrée de la grotte, léchant ses blessures, tentant d'apaiser le flot de sang qui s'échappait de son aile, elle vagabonda dans ses pensées.

La Volant Azurée retrouva son entrain en voyant les deux dragonneaux s'approcher, son père prévint le mâle d'être prudent avec Gallia, Elle souffla d'un air maternel sur le bébé blanc et d'un geste tendre le poussa du museau.

- Je ne le connaîtrai pas je pourrai dire qu’il est amoureux ! Faudra que je le surveille étroitement lui plus tard ! Bon qu’est ce que tu aime manger Gallia ? Je vais aller chasser ou pécher. Je te les confie pendant ce temps. Je ne serai pas long.

La dragonne sourit, puis répondit, sans quitter des yeux les deux dragonneaux de son regard bleuté

-Peu importe ! Du moment que ça se mange ! Pars tranquille, Je m'occupe des petits monstres !

Le dragon s'apprêta à partir lorsqu'il émit un avertissement pour Shiron, Gallia acquiesça d'un mouvement de tête et Kaminari décolla dans une bourrasque de vent laissant Gallia et les deux petits sur le haut de la Crête.
Elle s'assit plus confortablement, et commença à lécher ses blessures, presque d'un air mécanique. Du coin de l’œil elle regarda Shiron et Ciela, puis une question simple vint à son esprit:

*Où est donc leur mère ?*

La dragonne bleue repensa immédiatement aux "fantômes" de Kaminari et souffla d'un air féroce. Puis elle pensa à ses propres parents, elle agitait sa queue comme un métronome.

*Peut-être que Kaminari avait raison... Ma mère s'est peut être faite tuer ...*

Ses pensées se radoucirent lorsqu'elle se mit à penser cela, toute sa vie elle n'avait été guidée par son désir de vengeance, et soudain la simple pensée qu'elle n'aurait pas à le faire, remit toute son existence en question.
Elle constata avec dépit qu'elle ne connaissait rien à la vie de l'Alagaësia, les deux premières années de sa vie, furent presque vides, elle avait voyagé sans but.

La dragonne posa son regard sur ses blessures et songea qu'elle avait encore beaucoup à apprendre en matière de combat et de magie, elle se releva, regarda les cieux d'un air songeur.

*Que dois-je faire ? Qu'est-ce que je suis censée faire, ici ?*

La dragonne regardait le paysage d'un œil presque fatigué, trop de pensées se bousculaient dans son esprit. Elle ferma les yeux l'espace d'un temps, des voix du passé vinrent susurrer des paroles dans ses oreilles azurées. Elle resta ainsi, entre le passé et le présent, tiraillée entre beaucoup de choix.

Lorsque le dragon noir revint, les petits se jetèrent sur une des biches que Kaminari avait rapporté.
La dragonne pouffa lorsqu'elle remarqua que le dragon était recouvert de terre.

-Soit j’ai trop grossit soit la végétation ici a grandement poussé. C’est limite si je passe entre les arbres tiens… Ils ont été sage ces petits diables ?

La dragonne hocha la tête, et regarda le tas de viande avec envie, le dragon sombre reprit la parole:

-Bon appétit… vas y sert toi Gallia il y’en a suffisamment. Alors tu as réfléchit a tout ça ?

Elle s'arrêta en plein élan, elle posa son regard azuré sur le volant noir et parla mentalement:

*Tout ça ? Comment ça ? En peu de temps, il s'est passé beaucoup de choses...*

Mais Gallia savait qu'il posait une question précise, elle se rassit et le regarda, toujours d'une voix mentale elle continua:

*Je ne sais pas quoi penser... Je ne sais pas quoi faire. Je parcoure ces terres depuis un moment déjà et aucune trace de ma ... Enfin d'elle ! Si tu a raison et qu'elle est morte.... Non pas que je sois triste, mais.... Ma mère, malgré sa lâcheté à donné un but à ma vie.. Sans vengeance , je suis.... 'Fin*

Elle s'arrêta, et regarda les deux dragonneaux. Elle regarda le mâle noir et continua:

*Je ne sais même pas si je serais capable de l'abattre. Ma "génitrice adoptive" ne m'a jamais réellement appris quoi que ce soit, hormis la chasse...*

La Volante Azurée s'approcha d'une biche et commença à voracement engloutir, le quadrupède.

-Je suis très mal placé pour te dire quoi faire. A part mes petits je n’ai plus que ma haine et ma vengeance presque.
Tu as encore du temps devant toi. Tu es jeune et les dragons vivent longtemps. Ma proposition pour que tu reste par ici tiens toujours. En attendant de te trouver un nouveau but tu auras un endroit où revenir et certaines personnes qui attendront ton retour. Surtout l’un de nous.

La dragonne bleue sourit, tout en regardant Shiron, elle releva la tête vers Kaminari qui continua:

-Une chose est sur. Personne ne doit décider pour toi. Si tu crois encore quelque chose alors vas y. Mais n’oublions pas que nous ne sommes pas immortels. Personnellement je ne compte pas mourir tranquillement sous un arbre. Mon but est ambitieux mais je ferai tout pour le réalisé a n’importe quel prix….

La dragonne souffla, tout en relevant son poitrail azurée elle reprit la parole:

-Non, bien sûr, je sais que je dois décider seule. Et je ne compte pas mourir sous un arbre non plus. Mais tu a un avantage comparé à moi, tu sais que tu dois te battre pour tes enfants, tu sais que tu dois leur faire une place dans ce monde. Tandis que moi, je ne sais pas réellement ce que je dois faire...Ni ce que je veux faire....
J'ai parfois l'impression d'être remplie d'une haine si destructrice qu'elle me fracasse de l'intérieur, une sauvagerie qui me détruit....

La dragonne se détourna et alla s'asseoir un peu plus loin, laissant son repas. Gallia s'accorda un instant de concentration avant d'annoncer, d'une voix beaucoup plus dure et froide:

-Je n'abandonnerai pas l'idée de me venger, pas tant que je n'aurai pas la preuve formelle de la mort de ma mère ! Mais j'essairai de me faire une place dans ce monde, de faire une place pour tout les dragonneaux. Pour ne plus jamais que notre race sombre dans l'oubli !

Elle déclama ses paroles comme une promesse pour les dragonneaux ainsi qu'à Kaminari. Elle se retourna puis yeux dans les yeux lui demanda:

-Kaminari, je veux que tu m'apprennes à me battre ! Déchaîner ma furie contre ceux qui veulent nous supprimer de la surface de l'Alagaesia !

Il y avait un sentiment qui dansait dans les yeux de la jeune dragonne, semblable à de la fureur mêlée de férocité.

-J’ai passé ma vie à haïr mon père, la race humaine et bien d‘autres choses. Il ma fallut beaucoup de temps pour passé a autre chose. Surtout a la mort de celle que j’aimais…. J’ai passé des années ainsi jusqu'à rencontré ma nouvelle partenaire et de nouveaux amis. Aujourd’hui je n’ai de nouveau plus personne à part eux et quelques rares connaissances proches. Je ne sais que trop ce que ce que tu ressens Gallia. Voilà pourquoi je te dis tout cela….

La dragonne compatissait au sort de Kaminari, mais au moins il avait ses petits, il avait un futur malgré tout.
Le dragon continua:

-J’ignore si je suis le mieux placer pour t’entrainer. Toutefois une bonne séance ne me ferai pas de mal non plus d’autant que j’ai besoin d’apprendre a maitrisé mon souffle également. J’en déduis donc que tu accepte de resté quelques temps ? Car je te préviens. Car je m’entraine j’enchaine jusqu'à l’épuisement généralement.

La dragonne releva fièrement la tête, puis lui répondit d'un air déterminée:

-Même à moitié morte, je continuerai de me battre !

-Enfin j’accepte avec plaisir ma belle Gallia. Toutefois tu devrais terminer ton repas. Nous attaquerons cela plus tard ou demain…. J’espère toutefois que tu ne prendras pas peur…. Je peux être réellement menaçant une fois… lancer….

Elle se rapprocha de nouveau de son repas et engloutit la biche d'un seul trait, puis répondit tout en regardant ce dragon qui ressemblait à une figure paternelle:

-Je peux être menaçante aussi, si ça peut t'aider. Ne t'inquiète pas, je suis capable d'encaisser !

La dragonne se doutait que le dragon noir avait une force bien supérieure à la sienne, mais elle avait un avantage, celui d'être plus petite et plus agile que lui. De plus le fait qu'il soit plus puissant, la Volante devait être doublement prudente.
Elle resta longuement à fixer les deux petits qui continuaient leurs repas, puis sans prévenir personne elle alla se coucher. Murée dans un silence étrange, dans sa tête défilait des images de combats. De futurs sanglants qui s'avançaient et dansaient devant elle.
La dragonne finit par s'endormir à l'écart de la petite famille. Pendant la nuit, elle sentait la légère cicatrisation de ses blessures la chatouiller. Des rêves étranges, brumeux se balançaient dans son esprit.

***

Gallia fut réveillée au matin, par les premiers rayons du soleil venant caresser ses écailles bleutées. Elle se leva, étira ses grandes ailes bleues. Un bâillement dévoila ses longs crocs acérées.
Elle regarda en direction des petits qui dormaient encore, regarda le ciel, et lorsqu'elle étendit ses ailes, sentit le murmure agréable du vent sur ses fines membranes.
Gallia se laissa tomber du haut de la falaise pour ne rouvrir les ailes qu'au dernier moment. Elle plana jusqu’à un petit lac en contrebas,où elle se baigna quelques minutes avant d'aller pêcher.

Lorsqu'elle revint à la caverne elle déposa son butin, laissant les autres se servir, s'étant elle-même goinfrée. Sa blessure à l'aile était la plus gênante, les autres avaient arrêtées de saigner, mais ses élytres exposées constamment au vent plus ou moins violent, ne laissait pas le temps pour la cicatrisation.
La dragonne lécha sa blessure, pour stopper le peu de sang qui s'en écoulait.