Fin d'une histoire et début d'une autre

Akkan venait de quitter la forêt depuis plusieurs jours et son arrivé à Carvahall le réjouit. Enfin un repas digne de ce nom et un lit. Il passa sa main dans tunique et palpa sa bourse, qui ne lui rendit qu'un son feutré de cuir contre du cuir. Ainsi, il n'avait plus d'argent et donc plus rien pour se payer de quoi à manger. La seule chose dont il disposait maintenant c'était sa volonté de trouver un travail quel qu'il soit pour pouvoir s'entretenir et entretenir son équipement. Il se dirigea donc naturellement vers la place de Carvahall ou avait lieu le marché. La vue de la place lui noua le ventre comme à son habitude depuis qu'il avait pris son premier bain de foule. Il ne pouvait supporter de voir autant de monde dans un même endroit. Fort heureusement, dans un village comme celui-ci, il y avait bien moins de monde. Il put donc se balader dans les étals et proposer ses services contre un gîtes et des couverts. Le ventre toujours nouer face à la population réunis sur la place.

Montée sur Opale, sa grande jument noire, Ellenwen avançait doucement vers Carvahall. Les pas lents de sa monture la berçait doucement et cela faisait maintenant de longues minutes que l'elfe avait cessé de s'intéresser au paysage qui défilait autour d'elle et qu'elle avait fermé les yeux pour une songerie intérieure qui confinait à la somnolence. Elle ne savait pas très bien pourquoi elle se rendait dans ce village plutôt que chez elle, dans la sombre et agréable forêt du Weldenvarden, où elle n'avait pas mis les pieds depuis une petite éternité. Et voilà que maintenant qu'elle avait une pause entre deux combats au lieu de se précipiter dans ce lieu qu'elle avait toujours aimé plus que tout, bien avant même de s'y installer, elle allait s'enterrer dans un ancien petite village, devenu ville modeste après qu'un dragonnier y fut né, lorsqu'elle était encore jeune, et ai renversé la tyrannie que subissait l'Alagaësia. Avec un petit soupir de lassitude la jeune femme réfléchit à toutes les tragédies qui venaient de bouleverser sa vie et dont elle peinait encore à se remettre. Elle venait de découvrir que deux de ses vieux amis, Svean et Scoliro, son neveu Laïaga venaient de changer à un point qu'elle n'avait jamais cru possible, ralliant même les intérêts de la Guilde des Ténèbres. Qui plus est, ils se dressaient sur son chemin et elle n'ignorait pas que, dans un avenir trop proche à son gout, elle allait devoir les combattre jusqu'à ce que l'un des deux partis ne cèdent... sous la violence. Et comme si cela ne lui suffisait pas, alors qu'elle venait d'atteindre une puissance sans précédent dans toute son histoire dans sa maitrise de la magie, voilà que, après si longtemps, elle en était à nouveau dépourvue. Elle savait que, l'eut-elle voulu, elle aurait été même incapable d'ériger un bouclier pour sa défense. Elle aurait même été incapable de défendre un ami, le cas échéant. Plus que tout, c'était cette perspective qui la ferait frémir. Toute sa vie elle s'était arrangée pour être un refuge pour qui en avait besoin et le lui demandait et voilà qu'elle se retrouvait incapable d'offrir une protection suffisante. Elle avait été incapable de se défendre quand un incapable d'ombre avait enlevé la reine du Surda et Pierrot avait du l'évacuer de force du combat pour la protéger. Mumak avait du la porter jusqu'à ce qu'elle soit en sécurité, délaissant ses compagnons, au risque que la situation ne se renverse et qu'ils ne soient tués. Par la faute de son incompétence, certes involontaire mais bien réelle, elle n'avait su faire face et les avait tous mis en danger... La jeune femme frissonna et ouvrit à nouveau les yeux pour échapper à ces souvenirs, encore trop récents et trop douloureux à son gout. Elle fit surprise de constater qu'ils avaient déjà passé les premières maisons du village et qu'ils avançaient désormais dans la rue principale et qu'elle avait forcé plusieurs passants à s'écarter précipitamment d'elle, probablement autant effrayés par les lourds sabots de sa monture qu'intrigués par l'aspect de la cavalière. Celle-ci retint en léger sourire en songeant que si les elfes étaient devenus plus nombreux à circuler librement dans le royaume depuis la chute de Galbatorix, ceux-ci restaient rares et que même si elle ne correspondait pas exactement à l'archétype de son peuple, elle devait paraitre suffisamment différente d'une humaine pour attirer l'attention. Songeant qu'elle ferait mieux de ne pas trop attirer l'attention sur elle elle descendit souplement à terre. Lorsque ses petites bottes de cuir souple touchèrent terre, un petit nuage de poussière sec et dense vint flotter tout autour de la longue robe noire de la jeune femme. Celle-ci ne s'en préoccupa pas mais, joignant son esprit à celui de sa jument, elle lui murmura à voix basse quelques paroles en ancien langage puis, pendant que celle-ci s'éloignait au petit trot, la jeune femme continua sa promenade solitaire vers le marché.
Laïaga : Marie, je me permets de te rappeler que je n'ai rien à voir avec l'enlèvement de Mirwen^^C'est Brex' qui s'en est chargé, avec sa diplomatie habituelle d'ailleurs ( -_-' ). Moi j'étais inactif à ce moment-là, je suis revenu quand Pierrot a fait le grosbill et réglé la situation en un post.
ellen : ouais mais ça faisait plus classe : incapable de neveu
mais g édité Wink

(comme je peu pas fair d'edit...

pauvre brex.il prend tout sur la tête alors qu'il a rien (ou presque) fait. d'ailleur je n'était point ombre elly^^)

édit by ellen : scoliro, ce que tu fais c du flood, la prochaine fois ton message sera supprimé

Akkan s'était trouver un travail en début de matinée. Il avait négocié avec son employeur le logis et avais donc pu déposer ses affaires en périphérie de la ville.

Depuis ce matin il s'acharnait donc à remplir son office et si il n'était pas doué, il travaillait avec ardeur à son nouveau métier. Dès la fin de matinée il était devenu méconnaissable. Son employeur lui avait proposé de partager son repas avec son nouvel employé et Akkan fut reconnaissant envers son employeur. Il reprit donc en début d'après-midi, avec de nouvelles instructions. Il allait devoir se déplacer jusqu'à des terres appartenant à son employeur de l'autre côté de la ville et y transférer sa marchandise. Akkan bien que doué pour le maniement des armes méconnaissait certains aspect de la vie et il fut rapidement dépassé par les évènements.

En arrivant vers la place du marché la marchandise de son employeur pris la décision de se disperser, étant nombreuses elle déclencha un véritable raz-de-marée parmi les badauds présent sur la place ce jour-là. En effet, les voyageurs, commerçants et clients se firent envahir par une foule de porc en furie tous plus sale les uns que les autres.

C'est ainsi que très rapidement le marché fut transformer en véritable champs de bataille ou s'affrontait cochon et commerçants. Les produits les plus coûteux (nourriture, étoffe, ...) furent chèrement défendu, tandis que les passants furent "proprement" souiller de la tête au pied si ils étaient par malheur tombés au sol. Akkan poursuivit ses cochons à travers la place et tenta de les rassembler.

A chaque fois qu'il en rassemblait 1 ou 2, dès qu'il s'attaquait au suivant celui-ci s'enfuyait avec ces 2 autres congénères vers un autre endroit de la place. Akkan était répugnant, ses habits s'étant salis à une vitesse impressionnante, il donnait l'impression d'un éleveur un peu simple d'esprit pourchassant ses bêtes au milieu d'une foule qui s'énervait de plus en plus ...

Akkan se mit à jurer, lui qui n'aimait pas être le centre de l'attention se retrouvait au centre du mécontentement de la population locale, sans oublié son employeur qui n'oublierait pas de sitôt qu'on engage pas le premier venu...

Maeglin été déconcerté ....cela fesait fort peu de temps qu'il était au service de la reine et il en était tout à fait honoré, jusqu'a ce qu'il apprenne que la reine l'envoyait en mission de reconnaissance.Certe c'était un privilège , lui tout juste bon à manier l'épée et l'arc !
Enfin c'est ce qu'il pensait jusqu'à ce qu'il apprenne que rien d'extraordinaire n'avait lieu ici, à Carvahall .cC'est donc complètement dépité qu'il s'apprétait à faire du tourisme visitant les ruines de la fameuse "ferme de Garrow" devenu presque un lieu de culte depuis la chute de Galbatorix , ou bien encore le centre ville qui était tout à fait unique car de toute l'Alagësia c'était la seule ville entièrement rebatie depuis la fin du roi tyranique soit:une ville neuve !
Certe une ville neuve est rarement jolie et sont attrait laisse à désirer mais c'était tellement exeptionel !
Au moins la reine ne lui aura pas intimé l'ordre de traverser tout l'empire , car auparavant il était posté à Lighgow,pour rien !

En effet , il eut alors l'occasion unique voir carrément inespéré d'assister au marché et de voir des cochon combattre...cela le laissa plus que perplexe ....puis balayant une breve envie d'exploser de rire il courrut porter assistance au pauvre marchand (du moins le supposait il) à qui le bétail jouait un sale tour, juste pour garder la forme !

Ellenwen marchait d'un pas vif, quoique légèrement moins rapide qu'à l'accoutumée. Elle avait toujours eu l'habitude de marcher ainsi et avait beaucoup de mal à respecter l'allure des humains, bien plus lentes que la sienne. Elle ne savait toujours pas ce qu'elle était venue chercher dans ce village aussi décida-t-elle avec un petit sourire ironique de laisser les choses se passer sans intervenir. A la recherche de souvenirs anciens, à demi effacés de sa mémoire, la jeune elfe tournait sans cesse la tête, à droite puis à gauche, enregistrant les détails et les cataloguant jusqu'à les faire pénétrer dans un tourbillon confus duquel ils ne devaient jamais sortir. Elle savourait le calme paisible dans lequel elle était plongée et qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps... le même calme que lorsqu'elle était enfant et qu'elle vivait à Ellesméra, dans une insouciance frisant l'inconscient. Tout semblait propre et à sa place dans le petit village, organisé selon une symphonie imperceptible mais rodée par le temps et les usages. Lorsqu'elle se rendit compte de ses pensées, la jeune femme manqua d'éclater de rire et dut se mordre les lèvres pour se retenir. Voilà qu'après tant de guerre, tant de sang versé, elle devenait fleur bleu comme la jeune et frêle jeune femme qu'elle avait cessé d'être depuis bien longtemps. Si elle continuait ainsi elle allait bientôt déambuler dans les rues de Treim, au bord du port et de la mer bleue, main dans la main avec un beau jeune homme à la chevelure flamboyante, qui lui baverait des mots d'amour à l'oreille, tout en respirant l'air iodé qui convenait si bien à son délicat teint de rose. Et lorsqu'elle imagina successivement ses amis - Pierrot, Zell et Julyan - dans le rôle du beau jeune homme elle dut se retenir au mur d'une maison pour ne pas s'effondrer de rire en hoquetant. Elle n'avait vraiment aucune chance... et n'en voulait d'ailleurs pas. Les histoires d'amour, entre deux guerres, avaient une fâcheuse tendance à se finir en larmes. Sans compter que, l'eut-elle voulu, elle n'aurait probablement pas eu le temps de la mener à bien. Pendant quelques minutes plein d'une agréable détente elle continua de rire, profitant de pouvoir à nouveau le faire, tout en sachant que cela ne durerait probablement pas. Elle ne s'arrêta qu'en remarquant les regards parfaitement interloqués et légèrement inquiets que lui lancèrent bon nombre de passants. Avec une petite grimace moqueuse à leur attention elle se redressa et reprit sa route, sans trop savoir ce qu'elle cherchait. Ce ne fut qu'en passant près d'un étal de nourriture et en sentant son ventre gargouiller qu'elle songea, pour la première fois depuis longtemps, qu'elle n'avait rien mangé d'autre depuis deux jours que du pain sec et de la viande séchée. Les délicates arômes de pain au miel, de volailles qui rôtissaient doucement au dessus d'un petit feu de bois, la vue de pot de miel géant et de bolées de cidre fort prometteuses lui arrachèrent un petit soupir. Elle s'empressa d'acquérir un peu du tout, dilapidant ses dernières pièces d'argent, vestige d'un ancien passage dans sa demeure pour se ressourcer. Elle fit un grand sourire au marchant, un vieil homme qui la regardait d'un air intrigué, la moustache frémissante de soupçons et ses cheveux blancs en bataille, avant de s'éloigner de quelques pas tout en tentant avec plus ou moins de bonne fortune, de fourrer ses achats dans la grande besace en cuir qu'elle portait éternellement en bandoulière et qui battait ses flancs. Elle était en pleine bataille avec une bouteille récalcitrante lorsque des cris aigu et le son d'une étrange cavalcade lui firent dresser les oreilles. Intriguée elle se dirigea vers ce qui lui semblait être l'épicentre de l'agitation, se fiant aussi bien à ses oreilles qu'à son esprit. Arrivée au centre du marché, à l'intersection de deux larges rues, elle se fraya un chemin entre la foule qui criait et put découvrir, à sa grande surprise, un spectacle comme elle en avait rarement vu. Un marchand, apparemment nouveau dans la profession, couvert de boue et gesticulant avec bien peu d'effet, tentait de rassembler un troupeau de porcs, bien plus intéressés par la nourriture qu'offrait les étals que par les ridicules sommations de leur maitre. Une nouvelle fois l'elfe éclata de rire et rit jusqu'à ce que les larmes lui viennent aux yeux. Il n'y avait nul trace de moquerie sur son visage ou dans le son de sa voix, simplement un franc amusement devant une situation qui ne manquait pas de piquant. Elle rit si bien que, lorsque l'un des animaux se rua vers elle, elle ne ressentit pas son arrivée. Déséquilibrée par le choc lorsqu'il la percuta de plein fouet elle alla à son tour s'étaler dans la terre meuble. Elle en hoqueta de rire avant de se relever souplement, d'un petit bond. Elle se débarbouilla le visage de sa manche, ne réussissant en réalité qu'à étaler un peu plus la terre qui la macula puis décida de prendre les choses en main. Elle était apparemment la seule magicienne et, même privée de ses pouvoirs, elle était encore la seule à pouvoir se rendre réellement utile. Se coulant entre les passants épouvantés elle rallia en quelques pas rapides, presque des sauts, le marchant qui s'égosillait en vain. Puis elle lia son esprit avec celui de tous les porcs présents. Après quelques longues secondes elle leur envoya des pensées apaisantes et parvins peu à peu à les calmer. Lorsque tous se tinrent légèrement tremblant au milieu de la rue, les uns encore maculés de nourriture, les autres parsemés de morceau de tissus arrachés à quelque étal, la jeune femme chercha autour d'elle un lieu près duquel elle pourrait les rassembler. Visualisant une vieille grange, un peu en retrait elle se concentra sur son image et la transmit à tous les animaux, les pressant par un sentiment d'urgence. Et bientôt tous les villageois eurent la surprise de voir les porcs, dociles, se diriger à pas lent et mesuré vers la vieille bâtisse de bois. Lorsqu'ils y furent rassemblés Ellenwen se tourna vers l'apprenti marchant, un léger sourire aux lèvres tout en songeant qu'elle devait faire bien piètre figure, revêtue d'une carapace de terre.

- Et bien... ou allons nous ?

Akkan se releva et s'épousseta. Il fit mine de se débarbouiller mais abandonna bien vite. Il faillit tendre la main pour remercier son sauveteur, quand il vit que sa main était tout aussi boueuse que ses habits. Il finit par relever la tête et alors qu'il s'apprêtait à remercier son sauveteur, il remarqua que celui-ci n'était autre qu'une femme et plus spécialement une Elfe.
Il finit par bégayer une sorte de remerciement, tandis qu'il reculait légèrement, il salua par ailleurs son 2e sauveteur.

- Je crois qu'étant donné la situation, il vaut mieux que je ne reste pas ici. Si vous voulez bien m'attendre à la sortie Sud de la ville je vous rejoindrais pour convenir d'un prix pour votre aide.

Il s'en fut sans attendre la réponse, Il rejoignit à pas de loup la résidence de l'éleveur et entra discrètement, sa femme était apparemment sorti. Il put donc se débarbouiller et récupéra ses affaires. Il prit sa paye en passant, 2 pièces d'argent. Cela ne lui durerait pas bien longtemps, mais ça lui permettra de tenir jusqu'à la prochaine ville. Il partit donc en direction de la porte sud sans attendre l'éleveur en furie qui l'aurait sans doute rossé.
Arrivé à la porte de la ville il reconnut les 2 voyageurs de tout à l'heure. Il les rejoignit et leur présenta à chacun une pièce d'argent. Il n'avait rien de mieux à proposer.
Il fit le tour de son équipement et se prépara à nouveau à partir sur les routes.

Maeglin n'avait pas trop réfléchit avant de venir en aide à cet éleveur ...d'ailleur sont acton avait pour ainsi dire été inutile étant donné qu'il ne maitrisait pas la magie bien qu'il espérait l'apprendre par la suite .C'est donc boueux de la tête au pied qu'il se rendit à l'endroit indiqué par le marchand bien que l'idée d'y recevoir une récompense ne l'enchantait guère car d'une part il ne semblait pas la mériter et d'autre part ce pauvre marchant risquait bien d'être renvoyé, il n'aurait donc plus de moyen de subsistance .Maeglin décida donc qu'il préférait ne pas affaiblir d'avantage quelqu'un qui visiblement allait avoir de sérieux problèmes d'argent, quelque fût la récompense , sa décision était prise ,il l'a refuserait ! D'autant plus qu'il s'était amusé comme il n'en avait pas eu le loisir depuis longtemps !
Arrivé au lieu de rendez vous, il déclina donc d'un geste de la tête l'offre de l'homme et lui demanda d'une manière fort distingué peu appropriée à sa tenue où il pourrait trouver de l'eau en abondance afin de lui permettre de ce laver lui et ses vêtements .
Le marchand lui montra rapidement le chemin des chutes de l'Igualda .

-"Merci humble machand , sé onr sverdar sitja hvass!"

Puis il commença à s'éloigner.

Alors qu'elle attendait la réponse de l'homme, Ellenwen vit arriver vers eux un guerrier elfe, qui s'empressa de l'aider à rassembler les animaux. La jeune femme regarda le nouveau venu arriver, les sourcils légèrement froncés. Il ne faisait nul doute à sa tenue comme à son attitude que celui-ci était probablement au service de la reine des elfes, la plus vieille et la pire amie de la jeune elfe. Les deux femmes s'étaient connues, 1500 ans auparavant quand elles étaient nées toutes deux à Ellesméra, capitale du peuple elfe. Elles avaient grandi ensemble, avec Nelthor, mort depuis longtemps. Tout trois, étant les seuls enfants de la cité, s'étaient liés d'une amitié indéfectible qui s'était poursuivie, bien longtemps après qu'Ellen fût rejetée au ban de la société, sur les prédictions d'une vieille voyante qui avait lu dans le futur de l'enfant qu'elle trahirait son peuple. Ce qui c'était révélé absolument faux. Quoiqu'il en soit tous les trois avaient passé leur enfance ensemble, à jouer dans les rues. Jusqu'au jour où Nelthor était mort, mort parce qu'il voulait prouver que son amie était innocente du crime dont on l'accusait. Aussi Ellenwen c'était-elle retrouvée responsable de cette mort aux yeux de la reine, qui ne lui avait jamais pardonné. Voir à nouveau un guerrier elfe était pour la jeune femme une cruelle réminiscence d'un passé qu'elle préférait et qu'elle avait encore bien du mal à accepter. Lorsque tout votre peuple vous rejette et que vous passez quelques siècles de votre vie réfugiée dans la forêt avec pour seules ressources ce que vos flèches pourront bien débusquer, en pleine guerre contre Galbatorix, les souvenirs qu'ils vous restent ont pour le moins tendance à être désagréables... Sans mot dire elle dévisagea l'inconnu, inconsciemment sur ses gardes puis se traita d'idiote. Il n'était pas venu pour l'arrêter, elle avait regagné sa place parmi les siens depuis longtemps, et il ne la connaissait probablement pas. Il semblait jeune. Elle laissa donc son sourire habituel flotter sur ses lèvres et se déplaça légèrement. Maintenant que tous les animaux étaient arrivés elle s'empressa de les enfermer dans la grange, tout en continuant de les inonder de pensées apaisantes. Elle s'arcbouta contre les lourdes portes de bois et, après quelques secondes pour les décoincer de la terre dans lesquelles elles s'étaient embourbées, elle réussit à les fermer lentement. Laissant le soin à son compagnon de fermer les fermer à l'aide d'une solide barre de bois elle se tourna vers lui avec un petit hochement de tête.

- Merci pour l'aide...

Puis, tentant vaguement d'ôter un peu de la terre qui la recouvrait elle se dirigea à petit pas sautillant vers le marchant qui semblait dans le même état qu'elle. Elle le regarda tenter de se débarbouiller en riant doucement, dans un tintement à peine audible. Elle le vit esquisser un mouvement pour lui tendre la main sans la regarder avant de se rendre compte que celle-ci était noire de crasse. Elle eut un petit mouvement qui ne voulait rien dire mais qui ressemblait vaguement à un haussement d'épaules. Elle ne tenait pas à être remerciée... Elle était la seule sur la place qui pouvait résoudre le problème sans créer d'avantages de difficultés, elle le savait. Son esprit, toujours ouvert lui disait qu'il n'y avait aucun autre magicien autour d'elle, dans un rayon de plusieurs kilomètres. Même si l'expression semblait éculée et désuète la jeune femme considérait qu'elle n'avait fait que son devoir. Elle continuait donc de s'épousseter, avec négligence, lorsqu'elle remarqua, à sa grande surprise, que le marchand était un elfe. Ou plus probablement un demi-elfe. Ses oreilles étaient plus arrondis, ses traits moins fins et son corps moins svelte qu'un elfe. Elle était donc entourée de personnes de son peuple... alors qu'elle n'en avait plus vu depuis quelques mois. Elle haussa légèrement les sourcils, intriguée, en attendant avec impatience la suite des évènements. Elle vit le jeune homme se relever lentement et croiser son regard. Elle fit surprise, une nouvelle fois, de sa réaction. Elle vit ses yeux s'agrandir pendant que son esprit, encore ouvert à tout vent, dissipait à qui voulait le sentir un sentiment de gêne si important que même la jeune elfe, qui faisait toujours attention à respecter les pensées de chacun, put le sentir. Pendant un court instant elle en fut presque fâchée, blessée d'être une source de crainte avant de réaliser qu'elle n'était probablement pas le centre même du problème. La réaction du jeune homme avait été bien trop excessif pour la mettre sur le seul compte de l'aspect peu commun de l'elfe... Il devait probablement être beaucoup trop timide. Ellenwen esquissa un léger sourire, se rappelant sa première entrée dans le monde des humains, où elle dévisagea la foule avec une peur irrépressible. Elle allait le rassurer quand il balbutia quelques mots avant de s'enfuir. Elle le regarda partir et se tourna vers le guerrier elfe. Celui-ci était déjà parti vers le point de rendez-vous. Avec un haussement d'épaules la jeune femme se dirigea vers ce qui, dans ses souvenirs, étaient une vaste ferme, un peu à l'écart de la ville. Elle traversa donc les rues, nonchalamment, pendant que les badauds s'écartaient sur son passage avec une répugnance visible. La jeune femme poursuivit son chemin, sans s'en formaliser.Quelques minutes plus tard elle franchissait l'arche de pierre qui délimitait l'entrée de la vieille ferme et s'arrêta pour l'observer. Celle-ci avait visiblement été abandonnée. Des herbes folles poussaient entre les pierres disjointes du dallage de pierre, les volets de bois claquaient dans le petit vent que la chaleur avait levé du sol. Quelques fenêtres avaient été cassée, probablement par quelque enfant des environs. Après un long regard un peu triste sur ce qui n'était que des ruines de ses souvenirs, l'elfe se dirigea rapidement vers un vaste abreuvoir auquel était associé une pompe à eau. Actionnant le manche de fer rouillé la jeune femme y fit couler une eau, légèrement jaunie par son long passage dans des tuyaux tout aussi rouillé. Puis, se déshabillant, elle entreprit de se laver le corps avant de faire subir le même traitement à ses affaires. Lorsqu'elle se jugea propre elle se rhabilla, coiffa ses longs cheveux avant qu'ils ne sèchent et s'échappent en boucles incontrôlables.Elle les attacha par deux petites pinces d'argent, jugea l'effet du plat de la main puis se jugea satisfaite. Elle s'étira profondément, étouffa un baillement puis se remit en route. Elle avait une rétribution à refuser... Lorsqu'elle arriva au Sud de la ville elle s'installa sur un talus, tout en prenant garde que sa robe mouillé ne se salisse pas dans la poussière du chemin et attendit. Elle fut bientôt rejointe par l'elfe, qui attendit à ses côtés, en silence. Quelques longues minutes plus tard elle vit le demi elfe, qui paraissait bien moins ressembler à un marchand dans ses habits de forestier, un marteau de guerre dans le dos. Il vint jusqu'à elle, sans oser croiser son regard, et posa dans sa main une pièce d'argent. Un instant interdite elle resta à regarder la monnaie, les sourcils froncés. Puis, se reprenant elle se releva d'un bond et courut jusqu'à lui avant de lui saisir la main. Le regardant bien en face elle y déposa avec douceur la pièce.

- Je ne veux pas d'un salaire. Je vous ai aidé parce que vous en aviez besoin... Mais je ne veux aucun argent.

Akkan vit la main de l'elfe sa saisir de la sienne. Il resta interdit pendant quelques secondes avant de reculer vivement comme si il avait été brûlé. Le contact n'avait pas été désagréable, mais il ne se sentait pas à l'aise. S'étant vu refuser par deux fois son remerciement, il eu du mal à comprendre, d'habitude n'importe qui aurait empoché l'argent sans faire d'histoire et aurait continué sa route. Il regarda alors rapidement la femme elfe puis son homologue masculin. Il était perturbé d'avoir une femme aussi proche de lui. Il préférait quand les femmes ne faisaient pas attention à lui. Il n'y avait que celle qui lui avait donné accès à sa bibliothèque avec qui il avait finit par s'habituer à sa présence. Mais ça avait mis quelques mois avant qu'il se sente à peu près à l'aise.

Il se reprit donc et formula donc sa première phrase. Il avait encore la gorge sèche, suite à sa course et a l'utilisation trop rare de la parole. Sa voix l'étonna presque tellement il s'en servait peu. Elle mêlait à la fois la beauté des voix elfiques, la force et le côté rassurant des voix humaines.

- Vous êtes bizarre ... Je me nomme Akkan. Vu que vous refusez ce remerciement vous me voyez obligé de vous accompagné le temps de pouvoir vous rendre la pareil. Évidemment ce n'est pas discutable.

Il finit sa phrase comme si parler plus le dérangeait. Il n'était pas courant pour lui d'avoir plusieurs personnes avec lui. Il préférait voyager seul.
Il se maudit d'avoir lâcher ses porcs, maintenant il se sentait redevable et était obliger par le sens de l'honneur que lui avait transmis son père de rendre un service en contre partie. Il sacrifierait donc le temps de se voyage sa sacro-sainte solitude.

Maeglin était en chemin vers les chutes , il repensait aux événements qui venaient de se dérouler ....
*Ce marchand n'en était pas un , c'était pour lui une certitude :d'abord un véritable éleveur ne laisse pas ainsi s' échapper son bétail en outre il aurait certainement pu les rattraper sans se ridiculiser de la sorte !Et voilà désormais qu’il revient armé et habillé en trappeur .Qu’était-il donc à la fin ?
Plus intriguant encore, cette elfe, aux allures nobles et expérimentés, qui l’a aidé en utilisant la magie. Que fait-elle ici ? Est-ce la reine qui l’a envoyé ? Afin de vérifier si j’étais digne de ma tâche ? Mais quelle tâche ? Il n’y a rien ici !Rahh…que de questions sans but !*
Arrivé devant les chutes , Maeglin se lava rapidement pour ne pas trop faire attendre le « marchand-trappeur » dont il ne connaissait même pas le nom d’ailleur.Puis il se remit en marche vers le lieu du rendez vous quand un doute l’assaillit, si cette elfe était envoyée par la reine alors au moment de faire son rapport elle serait obligée de dire qu’il avait déserté son poste et il serait certainement renvoyé aux tâches ingrates.
Qu’allait-il faire ? Il ne désirait pas non plus laisser à cet homme une dette sur le cœur , même si de son point de vue il ne lui devait rien .
Puis il apparut à Maeglin que s’il s’agissait de dette d’honneur la reine serait peu être indulgente d’autant plus que rien d’extraordinaire ne se passait à Carvahall ces temps-ci.
Arrivé au rendez-vous, sa décision était prise :il accompagnerait ce trappeur quand il connaîtrait ses motivations ainsi que le nom de l’elfe si elle les accompagnait.

Il prit donc la parole :
« Bien trappeur je t’accompagnerait quand tu m’auras dit tes motivations . »
Puis, il se tourna vers l’elfe :
« Atra esterni ono thelduin « dit-il en plaçant ces deux doigts sur ses lèvres.
Ensuite, il ajouta :
« Puis-je connaître votre nom ? »

Ellenwen resta quelques secondes interloquée quand le jeune homme retira sa main - qu'elle avait prise sans arrière pensée aucune - de la sienne, comme s'il venait d'être vivement brûlé. Pendant un bref instant elle chercha désespérément ce qu'elle avait bien pu faire pour que son interlocuteur ai une réaction si vive, bien peu appropriée à la situation et au geste de sympathie qu'elle venait d'avoir. Sachant qu'elle n'avait rien de particulier pour inspirer le dégout - elle ne bavait pas d'immondices, n'avait pas de pustules purulentes sur le visage ou les mains - elle excluait la possibilité de l'avoir effrayé de cette manière. S'inspectant les mains avec incrédulité elle dut finir par conclure qu'elle ne l'avait pas non plus blessé, de quelque manière que ce soit. Restait le fait qu'elle devait être effrayante de par sa qualité première, être vivante... seulement des êtres vivants, le jeune forestier devait en avoir croisé une quantité importante et semblait avoir survécu à toutes ces apparitions potentiellement cauchemardesques... Lorsque son idée la plus brillante lui vint à l'esprit pour expliquer son geste, l'elfe le considéra d'un oeil amusé, un fin et imperceptible sourire sur les lèvres. Le jeune homme devait probablement éprouver une profonde peur devant ses semblables qui paraissaient le mettre fort mal à l'aise... et les femmes devaient, à ses yeux, jouer le rôle du serpent inconnu et invisible qui se glisse dans vos chaussures pour mieux vous mordre. Avec un petit rire intérieur Ellen songea que cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas connu de jeune homme et elle était heureuse de constater qu'un peu d'innocence candide subsistait dans ce monde où, elle ne le savait que trop bien, il restait peu de place pour ce genre de sentiment. Cela lui faisait l'effet d'un baume rafraichissant sur des blessures à vif, blessures dont, jusqu'à cet instant, elle ne s'était pas rendu compte qu'elles la faisaient autant souffrir. La joie et la naïveté des enfants qu'elle n'avait plus connu depuis la mort d'Illecamie, avec laquelle elle avait monté des complots tous plus absurdes les uns que les autres - comme de fabriquer des épouvantails avec des balais, des légumes et de vieilles affaires avant de les baptiser et de leur donner un nom - lui manquaient terriblement. La candeur rougissante de General, qui ne pouvait s'empêcher de bafouiller légèrement à chaque mot qu'il lui adressait, ses chamailleries perpétuellement taquine avec Pierrot, ses courses poursuites avec Siri, tous ces souvenirs lui semblaient si lointains qu'ils avaient rejoint dans son esprit ceux de son enfance dans la capitale. Elle secoua la tête avec douceur, toujours souriante et attendit que son interlocuteur prenne la parole. Ce qu'il ne manqua pas de faire, avec une voix étonnante et qui mêlait les harmonies elfique à la rudesse humaine. Lorsqu'elle entendit sa réponse, la jeune femme éclata franchement de rire, amusée. Bizarre... c'était la première fois que quelqu'un avait le courage de le lui dire bien en face... Décidément... elle aimait bien ce garçon... Il sacrifiait sa tranquillité pour se mettre à leur service parce qu'il se sentait redevable. Un sentiment en voie de disparition... Surtout que lui qui semblait si peur sur de lui quelques instants auparavant, si pressé de fuir, paraissait soudainement bien déterminé à ne pas revenir sur son absurde et charmante décision.

- Oh, je suppose que l'on peut dire ça en effet... C'est même très probablement le cas... mais je vous pourrais retourner le compliment. Mais ne vous donnez pas la peine de vous accompagner. Comme je vous l'ai dit, vous n'avez pas à vous sentir redevable. J'étais la seule à plusieurs kilomètres à la ronde qui pouvait vous aider aussi rapidement et aussi surement que je l'ai fait. J'aurais été bien peu gentille de ne rien faire... Enfin bref, quoiqu'il en soit c'était mon devoir de vous aider et je l'ai fait parce que cela me faisait plaisir de rendre service. Ne vous embêtez pas à m'accompagner, vous avez surement beaucoup de choses plus importantes à vos yeux que cela.

Elle lui fit un grand sourire gentil et se retourna vers l'elfe qui se rapprochait d'eux. Elle s'écarta légèrement afin de le laisser parler au forestier. Lorsqu'il la salua, elle eut un très léger et imperceptible mouvement de surprise. Elle ne s'était pas attendue à ce qu'il tienne compte de sa présence. Après tout ils ne se connaissaient pas vraiment... Mais ce qui la surprit le plus, bien qu'au fond elle savait qu'elle aurait du s'y attendre, fut qu'il la salua selon la tradition des elfes. Cela faisait de très nombreuses années que nul ne l'avait salué ainsi, pas depuis que Pierrot l'avait mené devant la reine des elfes pour sa réhabilitation. Et cela faisait bien plus de temps encore qu'elle avait renoncé à adopter les traditions rigides des salutations elfiques... En réalité elle avait renoncé à presque toutes les choses qui la rattachaient aux elfes et, sans avoir réellement renié son identité, elle avait pris une grande distance envers son propre peuple. Sans compter que, puisque le jeune guerrier l'avait salué en premier, cela voulait dire que soit il se considérait comme d'un rang inférieur au sien - elle qui avait été déchue et réduite à une abjection - ou qu'il souhaitait lui rendre hommage, ce qui paraissait fort peu probable puisqu'il ne la connaissait pas, comme le prouvait la question qui suivit. Que quelqu'un de son peuple puisse voir en elle quelqu'un d'un rang supérieur laissait la jeune elfe quelque peu estomaquée, ce qui arrivait très rarement. Ainsi donc pour quelqu'un qui ne la connaissait pas il était si clair que ça qu'elle avait eu une enfance plus qu'aisée et qu'elle avait côtoyé les personnes les plus importantes de son époque ? Un léger frisson intérieur la secoua... elle qui avait tant fait pour se détacher de tout son passé, voilà qu'elle était rattrapée par lui, d'une façon soudaine et bien imprévue. Et qui faisait naitre en elle des sentiments forts mitigés. Pendant une poignée de secondes elle dévisagea le nouveau venu, s'interrogeant sur la pertinence de lui répondre de la même manière ou bien de laisser tomber toute formule de politesse, ainsi qu'elle l'avait toujours fait. Du moins, lorsque ces formules étaient aussi rigides que celles-ci. Mais, après un nouveau coup d'oeil à l'elfe, elle conclut que celui-ci était encore jeune et que, si elle ne le saluait pas comme elle devait le faire, celui-ci risquait de ne pas comprendre et de se fâcher. Aussi porta-t-elle deux doigts à ses lèvres étirés en un bien curieux sourire alors que ses yeux se teintaient d'une lueur étrange et prononça clairement :

- Mor'ranr lifa unin hjarta onr. Je me nomme Ellenwen. Et vous ?

Elle avait prononcé son nom sans hésitation, certaine que nul parmi le peuple elfe ne connaissait plus son nom à l'exception de quelques vieillards et, bien entendu, de la reine. Quant à son nom de famille... elle ne l'avait plus jamais donné depuis qu'elle avait été banni... Non parce qu'elle reniait ses parents, bien au contraire, mais parce que renonçant aux manières figées des elfes, elle avait aussi souhaité que nul ne puisse prendre un ton trop formaliste envers elle en la nommant autrement que par son prénom. Par ailleurs, elle s'en moquait parfaitement. Personne ne la connaissait autrement que comme Ellenwen ou Ellen, l'elfe qui ne ressemblait pas à une elfe, un peu folle, un peu rieuse.

Akkan ne changea pas d'avis face à l'elfe, que son geste la fasse sourire ne fit que le gêné davantage, cependant il n'abandonnerait pas son honneur aussi facilement. Il aimait rendre service quand cela lui était possible et son honneur était tout ce qui lui restait. De toute façon il n'avait plus réellement de contact avec qui que ce soit. Il n'avait donc rien de pressé. Il se devait juste de progresser pour que son père, que les dieux protège son âme, puisse - être fier de lui. Bien sur il considérait son père humain. En effet Akkan n'éprouvait que mépris pour ses parents génétique. Ceux-ci l'avait abandonné chacun de son côté. Cette Elfe, lui rappelait à quoi sa mère devait ressembler. Cela le rendait à la fois furieux et mélancolique. Il ne comprenait pas ses parents. Ne connaissant pas grand chose à part la forêt, il était intéressant de suivre cette Elfe qui semblait en savoir bien plus long sur ce pays que n'importe quel personne qu'il est rencontré jusqu'a présent.

- Je refuse de garder cette dette. De toute façon je n'ai rien à faire, je n'ai pas de passé. Je viens de juger important de vous accompagnez.

Akkan se retourna après l'échange des Elfes vers le guerrier et énonça cette simple phrase sans méchanceté.

- Je ne vous ai pas demandé vos motivations, je n'ai donc aucune raison de vous donnez les miennes.

La discussion des Elfes l'avait interloqué, ils avaient utilisés un langage qui lui paraissait familier, il lui paraissait intuitif, mais cependant, il était sur de ne jamais l'avoir entendu auparavant. De plus il regardait plus attentivement cette femme Elfe qui avait réussit à rassembler les animaux sans parler. Il se demandait si ce pouvoir était propre au peuple elfique ..
Akkan s'assit sur la barrière et attendit que les deux Elfes ait finit leur présentation ..
La forêt commençait déjà à lui manquer. Les bruissements du vent sur les feuilles. les animaux qui se baladait. Quelque part il se sentait chez lui dans cet environnement. Les animaux l'avait adopté et il ne tuait les animaux que faible ou malade, et ceci en dernier recours. Ceux-ci avait finit par l'adopter et rare était les animaux à s'enfuir à son approche. Il avait finit par s'attacher à cette vie paisible. Rare était les personnes avec qui il s'attachait. Il les trouvait généralement irrespectueux, bruyant et profondément ennuyeux. Il sortit son épée et l'affûtât, il vérifia ainsi tout son équipement. Il s'était promis un jour de changer son équipement, cependant, il n'en avait pas les moyens et de toute façon il préférerait créer de ses propres mains ce qu'il utilise. Il n'aimait pas faire confiance à un tiers.

Ellenwen ...un joli nom qui pourtant était inconnu à Maeglin, ça ne lui disait absoluement rien et il ne put s'empêcher de se demander se qu'elle pouvait bien faire ici ! Mais bon ,après tout ça ne le regardait pas vraiment et il s'absteint donc et il resta silencieu jusqu'à ce qu'elle lui demanda son nom. Un voile s'abattit sur les yeux de Maeglin, son nom, tout et rien à la fois, il signifiait tant et pourtant venu de nul part! Maeglin signifiait "regard vif" et pourtant il n'était qu'un piètre chasseur pour deux raisons, la première est que comme c'est un elfe il est végétarien et de plus il n'a pas appris de magie.Après un ong temps perdu dans ses pensées il consentit à répondre :

"je me nomme Maeglin et puisque vous me paraissez d'un rang supérieur au mien je tenterais de vous servir de la façon qu'il convient le mieu pour notre peuple"

Akkan ne voulant expliquer ses motivations, Maeglin se tourna vers lui et lui dit :

"je comprend ta méfiance, sache que je ne peu malheureusement pas te révéler ce qui m'amène ici. Cependant, malgrès tes rétisences tu sembles être un brave Homme et je ne doute pas que notre sang y ait contribué. Soit, j'accepte de t'accompagner sans plus de question "

Maeglin se retourna alors vers Ellenwen et lui demanda en language ancien si elle était bien sous le commandement de la reine et chargée de le surveillé. Il était près à assumer l'échec de sa missions s'il le fallait.

Ellenwen regarda Akkan avec un brin de surprise. De tous les humains qu'elle avait rencontré celui-là était l'un des plus têtus et des plus soucieux de son honneur. Elle avait l'habitude que ce que nul ne lui résiste ou la contredise. Ou plutôt, pour être exacte, elle avait l'habitude que personne ne conteste lorsqu'elle disait qu'elle n'avait pas besoin d'aide et que ceux qui lui en offraient ne soient pas aussi déterminés et profitent du moindre prétexte pour ne pas avoir à s'en occuper. Celui là était apparemment une exception. C'était peut-être son sang elfique qui faisait ressortir en lui des envies de dévouement aussi sympathique qu'inutile... peut-être tenait-il de ses parents la fâcheuse tendance qu'avait les elfes de se monter grand seigneur en toute occasion. Quoiqu'il en soit la jeune femme lui lança un long regard, le jugeant en silence sans hostilité mais sans amitié non plus. Elle ne tenait pas réellement à l'emmener avec elle. Non qu'elle craignait que sa présence ne fût désagréable ou inopportune. Bien au contraire, elle n'aurait pas craché sur un peu de compagnie nouvelle qui n'aurait rien su d'elle, n'aurait rien attendu de ses pouvoirs qu'elle avait perdu, qui ne l'aurait pas traité avec déférence... Elle craignait plutôt une quelconque attaque de la part d'ombre contre sa personne. Même si pour le moment elle voyageait paisiblement incognito elle savait qu'elle pourrait facilement être retrouvée et que capturée pour servir un des desseins inconnus de son neveu ou de ses confrères. Et même si elle ne doutait pas des compétences bien réelles du forestier dans le maniement du marteau de guerre elle savait qu'il n'avait aucune chance face à un déchainement de magie. Tout ce qu'il pouvait espérer dans ces cas là, c'était se désolidariser de sa cause pour être laissé en paix. Mais au vu de son sens de l'honneur il y avait peu de probabilité qu'il le fasse et ne pourrait résister aux vagues d'énergie qui s'abattraient sur lui. Elle-même, privée de magie comme elle l'était, malgré toute son expérience en la matière, n'aurait probablement aucune chance non plus. Elle n'aurait d'ailleurs jamais du s'aventurer seule, sans un magicien à ses côtés. Si Pierrot avait appris ce qu'elle faisait on l'aurait probablement entendu hurler d'un bout à l'autre de l'Alagaësia, avant qu'il ne lui fasse subir un de ses interminables sermons dont il avait le secret et qu'elle aurait conclu par un des haussements d'épaules dont elle avait également le secret. Quoiqu'il en soit elle ne tenait pas à avoir la capture d'un jeune forestier sur la conscience, elle en avait bien assez avec l'accident de Zell lorsque celui-ci s'était porté à son secours. Elle cherchait donc quelques arguments pour décourager le jeune homme lorsqu'elle remarqua le regard qu'il portait sur elle. Elle ne savait trop quelles émotions s'y glissaient, et elle ne tenait pas à fouiller son esprit pour le savoir, mais celles-ci étaient importantes et brûlantes. Elle comprit que, à moins de lui signifier clairement que sa présence l'importunait - ce qui n'était pas à faire avec quelqu'un d'aussi timide que lui - le moindre de ses arguments ne ferait que renforcer sa décision de l'accompagner. Il serait toujours temps, si un combat se profilait à l'horizon de trouver une solution. Elle resta donc silencieuse quelques secondes supplémentaires puis elle hocha lentement la tête, avec sérieux.

- Bien... alors je serais heureuse de vous avoir à mes côtés... si toutefois vous acceptez de ne plus parler de dette mais plus simplement d'une étrange envie de tenir compagnie à la jeune femme solitaire et perdue que je suis, conclut-elle avec un grand sourire.

Elle se retourna légèrement vers l'elfe qui se tenait à son côté et qui, visiblement, attendait que les deux autres aient fini de parler pour se présenter. Ce qu'il fut bien vite. Ainsi il s'appelait Maeglin... Un prénom qui, s'il n'était pas excessivement fréquent, était pourtant couramment utilisé à la capitale lorsque la jeune fille y vivait encore. Regard vif... beaucoup d'elfes possédaient ce prénom, ce vrai nom plutôt. Et pourtant il semblait que le jeune homme semblait presque gêné de le révéler, non parce qu'il désignait qui il était et qu'il pouvait le faire reconnaitre comme étant une personne fautive mais plutôt... elle n'arrivait pas à le déterminer. Cataloguant cette information dans un coin de son cerveau, elle continua d'écouter la discussion qui, cette fois, manquèrent de lui faire ouvrir de grands yeux étonnés. D'un rang supérieur ? Se mettre à son service ? Mais de quoi pouvait-il bien parlé... Elle allait répliquer lorsque le jeune homme prononça quelques mots en ancien langage qui, cette fois, la laissèrent proprement ébahie. Il croyait qu'elle était sous le commandement de la reine... et qu'elle avait été envoyée pour le surveiller ? Pendant quelques secondes elle tourna et retourna cette information dans sa tête sans pouvoir y croire. Elle avait donc l'air à ce point d'être ce que ses parents avaient été avant de se faire tuer, de proches conseillers de l'ancienne reine... Elle sentit les larmes lui monter aux yeux, prise d'une tristesse et d'un dégout qu'elle ne comprenait pas entièrement. Malgré tout elle garda un visage impassible... Le jeune homme avait-il tant d'importance pour que la reine envoie quelqu'un le surveiller ? Et celle-ci avait-elle tant changé pour ne plus faire confiance à l'un des siens qui, visiblement était à ce point soucieux de lui plaire ? Après quelques secondes de réflexion la jeune femme conclut qu'il ne s'agissait là que d'une inquiétude de jeune garde, fraichement promu au service de la reine et qui s'était vu confié une mission quelconque et qui craignait beaucoup trop pour son grade. Rassurée, malgré un arrière gout désagréable au fond de la bouche et qui ressemblait fortement à de la tristesse mêlée à de la peur, elle éclata de rire longuement, les yeux à demi fermé, et la tête légèrement renversée en arrière. Puis elle regarda bien en face le jeune homme, soudainement plus sérieuse et lui dit doucement en ancien langage.

- Je ne suis nullement au service de la reine, Maeglin-vodhr. Je n'ai pas revu celle-ci depuis des années, lors d'un bref passage dans la capitale. Et cela fait bien longtemps que je ne suis plus sous son commandement. Je ne suis pas venue ici pour vous espionner, jusqu'à il y a quelques minutes j'ignorais tout de votre existence. Je suis venue à Carvahall pour des raisons personnelles qui n'ont rien à voir avec votre mission. Mais vous devriez vous rassurer. Je ne pense pas que la reine vous fasse surveiller. Il n'y a autour de nous aucun elfe à plusieurs kilomètres de nous. Quant à votre mission je ne sais en quoi elle consiste mais sachez que nul ne vous fera de reproche tant que vous vous conformer à ce qui vous semble être juste. Vous avez aidé ce forestier parce qu'il en avait besoin, vous avez refusé une récompense... vous pouvez être fier de vous. Elle lui sourit. Et détrompez vous... je ne suis nullement d'un rang supérieur au votre...

Son sourire était devenu ironique... Comment aurait-elle pu être d'un rang supérieur à celui du jeune homme alors qu'elle n'avait officiellement plus aucun rang dans la société des elfes ? Ou plutôt, à sa réhabilitation elle avait probablement regagné le rang qu'occupaient ses parents auparavant, conseillers de la reine, mais le point n'ayant jamais été abordé officiellement la jeune femme en avait déduit que pour l'instant nul ne souhaitait qu'elle refasse son entrée à la cour. Et comme elle-même ne le souhaitait nullement... elle n'en avait tenu aucun compte. C'était la première fois depuis longtemps qu'elle pensait qu'elle avait encore quelque chose à faire dans la hiérarchie des elfes et qu'elle avait fait son retour parmi son peuple... Une pensée bien troublante qu'elle avait du évacuer à l'époque. Elle était alors chef des Vardens et ne pouvait donc être subornée à la reine des elfes sous peine que son clan ne perde son autonomie. Mais maintenant qu'elle avait abandonné son poste, elle ne savait plus trop quel était exactement ses obligations envers sa supérieure... Pendant quelques secondes fort dérangeantes la jeune elfe se plongea dans ses considérations avant de les chasser d'un mouvement d'épaule. Ce n'était pas le moment de s'en préoccuper. Elle tourna son regard vers le forestier dont elle ne connaissait toujours pas le nom et qui polissait ses armes avec soin. Elle lui sourit gentiment puis déclara, s'adressant à ses deux compagnons qui paraissaient déterminés à voyager avec elle :

- Et bien puisque nous sommes tous d'accord pour cheminer ensemble, pourquoi ne pas commencer à le faire, sans trop s'éloigner du village. Je pense que nul ne tient à ce que le marchand de porc ne nous retrouve et n'essaye de nous tanner la couenne pour nous apprendre à égarer son troupeau dans une vieille grange... En plus je ne sais pas pour vous mais je suis affamée... je n'ai pas mangé depuis... enfin peu importe. Tout ce qui compte c'est qu'avant notre regrettable incident, ses yeux pétillèrent malicieusement, j'ai juste eu le temps d'acheter de quoi nous offrir un somptueux festin pour aujourd'hui. Je propose que nous montions un petit campement dans la forêt avant d'acheter tout ce qu'il nous faudra pour voyager demain, au marché.

Akkan sauta de son perchoir et atterrit avec souplesse. Il rangea son marteau. Il n'était pas décidé à échanger ses motivations, mais il était normal qu'il sache au moins son prénom après tout il connaissait le leur.

- ... Akkan ...

Il souffla à peine son prénom, il n'aimait pas parler de lui. Mais il concevait qu'étant donné sa situation, il faudrait bien s'y habituer.

Il prit alors la tête de la procession pour trouver un endroit confortable à proximité de la ville ou ils pourraient s'installer sans risque de tomber sur l'éleveur.
Il aperçut au détour d'une butte, un petit bosquet permettant de les mettre à l'abri cette nuit. Il pénétra dans le bosquet et dénicha rapidement un terrain suffisamment spacieux pour se loger à 3, il déposa alors son sac et ses armes, rassembla quelques grosses pierres pour faire un feu, puis prépara sa couverture. Il avait pris l'habitude de tout préparer. La vie en solitaire l'avait préparé à ce genre de préparatif. C'est donc sans un mot qu'il se désigna volontaire pour aller chercher du bois mort afin de faire un feu pour la nuit. Une fois le feu allumé, il s'assit le dos contre un tronc, son épée à ses côtés et ses deux autres armes non loin il avait mis sa couverture sur lui et semblait prêt à dormir, cependant il gardait ses yeux ouverts.

Maeglin est trop heureux qu'Ellenwen ne soit pas un agent de la reine pour se préoccuperde ce qu'elle lui dit ensuite ...d'ailleur cela parraissait proprement insencé, comment une elfe capable d'utiliser la magie et d'entrer en contact avec des animeaux pouvait être d'un rang inférieur car pour lui si elle n'était pas supérieur à lui, suivant sa logique elle était soit égale soit inférieur ...
*cela ne se peut* se répétait il en vain et en boucle .
*au moins suis-je sur de ne pas manquer à mon devoir* se dit il afin de se réconforter ...et puis il aimait l'aventure , ce sera sans doute plus interressant de suivre ce forestier plutôt que de rester à Carvahall.

c'est donc l'esprit serein et avec un large sourir si rare chez les representants de son espèce -du moins lorsqu'ils sont loin du Du Weldenarden-qu'il suivit Akkan et Ellenwen à la recherche d'un endroit pour camper.

Arrivés à un endroit convenable,Akkan fit quelque chose qui semblait rare chez ceux de son espèce: il prépara le campement tout seul et se proposa même pour aller chercher du bois .Après un court instant de réflexion, Maeglin se rappela qu'il avait déjà fais montre de cette qualité fort peu commune en leur demandant de l'accompagner.
Soit, Maeglin ne s'attarda pas sur ce point et installa sa couchette, puis il sortit une pierre à aiguiser ainsi qu'une brosse métalique et un chifon et il entrprit de nettoyer et d'affûter son épée de gestes lents et affectueux un sourir lui fendant le visage, ses yeux presques tels ceux de l'amoureux qui déclame ses premiers vers à l'objet de ses désirs avat que ce denier ne lui rappella qu'il n'en été pas un. Puis, il entrprit de lustrer son bouclier d'acier, qui ne portait d'ailleur aucune armoirie, à l'aide de son chifon et de la mousse qui recouvre les arbres.
Quand il eût fini, il rangea ses armes de manières à toujours les avoir à porté de mains puis releva brusquement la tête vers Ellenwen, et lui dit dans l'ancien language:
"je ne comprend toujours pas , enfin veuillez pardonner mon indscretion qui va suivre mais cela m'intrigue tellement:pourquoi ne vous considérez vous pas comme mon supérieur ?"
Quand cette discution fût terminé Akkan revint, nous mangeames sans un bruit et je décidai de prendre le premier tour de garde.

Voyant que sa proposition semblait tacitement appréciée par ses deux compagnons, Ellenwen esquissa un petit sourire. Se laissant légèrement distancée elle resta debout dans le chemin poussiéreux quelques minutes et se retourna vers le village dont montait encore quelques cris d'enfants, des bruits de marteaux, de meuglements et de grognements. Elle détailla les maisons de pierre recouvertes d'un toit de chaume, les petites venelles qu'elle entrapercevait entre deux pans de murs. Elle espérait qu'un jour elle pourrait les revoir sans y être obligée par une mission quelconque. Puis, sans s'en préoccuper davantage elle rejoignit les deux hommes qui ne semblaient pas s'être aperçus de son retard. Elle les rejoignit en quelques grandes enjambés, sans pouvoir s'empêcher de grimacer. Le tissus mouillé de sa robe frottait contre sa peau et l'irritait. Elle allait devoir trouver un moyen de la faire sécher... sans choquer la pudeur de ses compagnons. Elle esquissa un sourire malicieux en songeant à la réaction qu'aurait Akkan en la voyant nue, lui qui avait esquissé un geste de recul alors qu'elle l'avait simplement touché... Si elle faisait cela il y avait fort à parier pour que, non seulement il s'évanouisse mais qu'en plus il n'y survive pas. Et n'ayant plus accès à la magie elle serait incapable de le sauver. Malgré tout l'expérience pourrait être amusante à tenter... Toute à ses pensées plutôt machiavéliques, la jeune femme ne vit pas la racine d'un grand chêne, planté au sommet du talus qui séparait le chemin de la forêt et dont quelques racines ressortaient dans la petite route, la cabossant et la gonflant. S'emmêlant les pieds dans l'une d'elle elle manqua de tomber et ne dut qu'à son habitude de ces situations grotesques de pouvoir s'en tirer sans plus d'autres dégâts qu'un peu de rougeur aux joues et un nouveau point d'irritation. Elle leva les yeux au ciel et, pour la millième fois depuis le début de l'année, elle maudit les forces invisibles qui ne pouvait s'empêcher de mettre des obstacles de tout poil sur son chemin. Puis elle reprit sa route sans parler, respectant le silence que ses compagnons avaient décidé de faire planer. Après quelques minutes elle se désintéressa de ce qui l'entourait et repartit une nouvelle fois dans ses pensées. C'est ainsi qu'elle faillit ne pas entendre le simplement murmure du forestier... Akkan... pendant un instant la jeune femme en resta surprise puis elle sourit... Au moins maintenant elle connaissait le nom de tous ses compagnons. Elle allait peut-être pouvoir faire quelque chose des calamités qu'ils semblaient tous être. Brutalement prise d'un accès de bonne humeur elle se mit à chantonner, à voix très basse, une des vieilles chansons à boire qu'elle avait tant entendu dans la taverne que tenait Pierrot à Uru Baen et où elle allait souvent le voir. Elle avait laissé Akkan et Maeglin prendra la tête de leur petit cortège pendant qu'elle-même restait quelques pas en arrière. Elle avait étendu son esprit tout autour d'elle et pouvait sentir la présence de ses compagnons - bien qu'elle se garda de percevoir leurs pensées - celles de divers animaux qui allaient et venaient tout autour d'eux et celles, bien sur, des arbres de la forêt qui devenait de plus en plus dense à mesure qu'ils avançaient. Quelques branches d'arbres, qui auraient du être taillées depuis longtemps, s'abaissaient jusque sur le chemin, obligeant les voyageurs à courber la tête ou à faire un écart pour les éviter. L'elfe poussa un petit sourire de contentement en retrouvant son milieu naturel qu'elle avait du quitter depuis bien longtemps et elle ne contesta pas la décision d'Akkan de s'enfoncer dans un vaste bosquet qu'ils avaient rencontré après avoir contourné une petite colline. Devant eux les grandes arbres si denses s'étaient clairsemés pour laisser place à de petits buissons, pour la plus part épineux, à une herbe verte et épaisse et à des arbres de taille plus modeste. S'ils réussissaient à trouver une clairière suffisamment grande pour les contenir tous les trois, ils auraient là un abri tout à fait correct pour passer la nuit et le reste de la journée qu'il leur restait. Après quelques minutes de recherche, pendant lesquelles la jeune femme jura allègrement à voix basse lorsque quelques ronces déchirèrent le tissus de sa robe et sa peau, se fut à nouveau Akkan qui trouva le lieu idéal. Tous y posèrent leurs affaires, en s'éloignant le plus possible les uns des autres remarqua Ellenwen avec un petit sourire de bonne humeur. Avec un peu de surprise elle regarda Akkan préparer tout ce qu'il fallait pour faire du feu. Elle rit doucement et lui dit gentiment :

- Vous êtes bien serviable, Akkan... mais vous devriez apprendre que lorsque l'on se déplace en groupe les taches sont réparties entre tous les membres du groupe. Vous vous êtes donné bien de la peine, nous aurions pu vous aider. Enfin... je vous remercie profondément... et puisque vous avez eu l'amabilité de bien vouloir préparer le feu il ne me reste plus qu'à aller chercher de l'eau.

Elle eut un petit sourire chaleureux en guise de remerciement puis, avant de partir, elle disposa autour du foyer tous les vivres qu'elle avait acheté. Bientôt un gros pot de miel vint rejoindre une énorme miche de pain de seigle, un poulet rôti qui embaumait l'air de la clairière d'une délicieuse odeur de chair grillée, un sac de fruit de tout genre et deux bouteilles de cidre. Après un regard vers Maeglin, assis sous le tronc de l'un des rares grands arbres du bosquet et qui polissait avec amour ses armes, elle se rappela que ses pareils étaient végétariens, habitude qu'elle avait du oublier lorsqu'elle avait été livrée à elle-même pour ne pas mourir de faim. Incertaine sur la quantité de nourriture qu'il pourrait avaler et de la suffisance de ce qu'elle avait apporté, elle décida de rapporter de son petit voyage quelques racines ou plantes qui pourraient remplir l'estomac de son compagnon. Après un dernier regard pour le groupe qui semblait s'être autant désolidarisé qu'il le pouvait, la jeune femme tourna les talons, deux gourdes à la main, et s'enfonça dans les buissons, non sans jurer à nouveau. Après avoir marché une petite minute elle s'arrêta, ferma les yeux et ouvrit largement ses oreilles, à la recherche du moindre bruissement d'un ruisseau. Elle avait souvenir d'une petite rivière qui coulait, non loin de là, mais aurait été bien incapable de se rappeler avec précision le chemin qu'elle devait prendre pour y arriver. Avec un petit haussement d'épaules elle décida de s'éloigner plus encore du campement. Ce fut avec un franc soulagement qu'elle quitta les buissons épineux pour rejoindre le couvert des arbres. Elle sourit en entendant le bruit feutré de ses pas dans les feuilles mortes qui recouvraient quelques touches d'herbe courageuse. Elle s'arrêta une nouvelle fois et écouta ce qui l'entourait. Cette fois un grand sourire ravi vint éclairer ses traits. L'elfe se remit en route avec une vigueur nouvelle et, quelques minutes plus tard elle arriva jusqu'à une petite falaise d'où chutait une petite cascade qui formait à son pied un grand étang, probablement relativement profond. Quelques grands saules pleureurs entouraient le site, leurs branches basses balayant doucement la surface paisible de l'eau alors qu'une petite brise de fin de journée faisait les faisait bruisser. Quelques énormes galets plats et usés par le temps, et probablement par les semelles de quelques enfants du pays venus pour oublier la chaleur de l'été, étaient éparpillés le long de l'eau, quelques uns y étaient même plongés en partie. Résistant à l'envie de prendre un nouveau bain, la jeune femme sourit et remplit ses gourdes. Puis elle retourna au campement, courant légèrement. Lorsqu'elle poussa le grand buisson qui masqua l'arrivée à la clairière elle retrouva ses compagnons figés dans la même posture que lors de son départ. Elle émit un léger sifflement réprobateur puis les salua d'un grand sourire, un peu gouailleur. Elle posa les deux gourdes près des victuailles et réalisa alors qu'elle avait oublié de cueillir de quoi satisfaire l'appétit de l'elfe. Elle eut un petit mouvement d'épaules... après tout il trouverait probablement son compte dans tout ce qu'elle avait disposé dans l'herbe. Voyant que nul ne semblait décider à bouger, elle interpela ses compagnons en riant :

- Allons, allons, le souper est servi, vous pouvez venir manger. Je vous promet que je n'ai rien empoisonné... Et vous pouvez prendre ce que vous voulez à volonté... Oh, à ce propos, même si ça n'a aucun rapport... Lorsque je suis allée chercher de l'eau je suis tombée sur une cascade qui surplombait un petit lac. Je pense que nous sommes tous encore un peu sales de notre épopée plutôt comique de tout à l'heure ? Que diriez vous d'un bon bain avant d'aller dormir ? Je pense que nous en avons tous besoin...

Elle regarda ses deux compagnons en souriant tout en espérant fermement que l'un deux prendrait l'initiative de l'aider à mettre un peu d'ambiance dans leur petit groupe si morose. Après tout, elle pouvait faire tous les efforts qu'elle voulait, si personne ne l'aidait, elle en serait bientôt réduite à parler toute seule. Non pas que cela la dérangeait vraiment mais elle ne tenait pas à être si vite prise pour une folle par ses compagnons de voyage... et puis... parler seul alors que tous vous regarde avec hostilité avait de quoi effrayer le plus fou de tous les fous qu'elle avait côtoyé - et dont elle était probablement la grande présidente. Avec un nouveau sourire engageant elle s'assit au coin du feu, en priant pour que sa robe daigne sécher quelque peu et, pour donner l'exemple, déboucha une bouteille de cidre et y but une longue gorgée. Puis elle découpa trois tranches de pain. Sur deux d'entre elles elle disposa une épaisse tranche de viande avant de tendre la dernière avec un petit clin d'oeil à Maeglin. Puis elle s'étira voluptueusement, comme un chat, tout en baillant profondément avant de mordre énergiquement dans la tartine improvisée qu'elle venait de se composer. Ce fut seulement à cet instant qu'elle se décida enfin à réfléchir à la question de son rang. La question la dérangeait, bien trop personnelle et bien trop sensible à son gout... Et bien trop compliquée à expliquer sans parler de tout son passé... ce dont elle avait horreur. Elle soupira légèrement et se creusa la cervelle pour trouver une réponse adaptée... ou pour trouver un moyen d'esquiver la question. Elle laissa planer un long silence puis regarda à tour de rôle ses compagnons. Chacun d'eux semblait plonger dans sa propre histoire, peu soucieux de la partager avec ceux qui l'entourait. Avec un petit soupir de profond regret, la jeune femme comprit que si quelqu'un pouvait les amener à se décoincer, à oser parler, d'eux-même ou de n'importe quoi, c'était elle. Elle leur devait la vérité, même si celle-ci lui répugnait. Pendant quelques secondes encore elle garda le silence puis se décida enfin à parler, en langage commun pour que Akkan, qui ne comprenait visiblement pas la langue des elfes, puisse la comprendre.

- Pourquoi je ne me considère pas comme étant d'un rang supérieur au vôtre ? Se tournant vers le forestier elle lui expliqua brièvement : la société des elfes est édifiée selon les rangs de chacun... tout elfe à un rang qui lui est propre. Cela pourrait être comparable aux titres de la noblesse chez vous, les humains. Ainsi le roi aura un rang plus élevé qu'un comte qui lui-même aura un rang plus élevé qu'un baron, et ainsi de suite. A ceci près que les elfes sont beaucoup plus cérémonieux sur l'importance de chacun. Ainsi Maeglin m'a salué le premier parce qu'il s'est estimé inférieur à moi. C'était donc à lui de commencer, et à moi de poursuivre. Toutes ces règles sont figés dans une très ancienne tradition où le rang joue une grande importance. Puisque je suis manifestement plus vieille que lui, que je peux utiliser la magie, du moins en partie, dit-elle, soucieuse de vérité, sans toutefois trop s'étendre sur le sujet il était normal que Maeglin m'honore de sa déférence. Chacun doit s'en tenir au rang qui lui a été assigné... sans quoi je pourrais le punir. Aussi a-t-il été énormément surpris quand je lui ai demandé de ne pas me considérer comme sa supérieure... Elle rit doucement. Et maintenant me voilà bien embarrassée pour lui expliquer le pourquoi du comment... C'est une histoire longue et compliquée... je vous en raconterais les détails si vous le souhaitez... et si nous avons le temps un jour. Quoiqu'il en soit je ne me considère pas d'un rang plus important parce que je n'ai aucune idée du rang qui m'est assigné. Il y a plusieurs années je n'en avais aucun... pour ne pas dire autre chose. Suite à une monumentale erreur j'avais été bannie de mon peuple, depuis quelques centaines d'années. Puis j'ai revu la reine, je me suis entretenue avec elle et j'ai été réhabilitée. J'aurais donc normalement du reprendre le rang de mes parents mais la question ne s'est jamais posée et, à vrai dire, je l'avais complètement oublié. Sans compter que cela m'aurait remis sous l'autorité de la reine, ce que je ne pouvais me permettre à l'époque puisque je dirigeais le clan des Vardens et que ceux-ci devaient garder leurs indépendances. De pus je n'aime pas être considérée comme supérieure... alors je préfère simplement que l'on me considère comme une amie et qu'on abandonne vis à vis de moi tout le cérémonial des elfes que je n'aime pas. Le cérémonial, pas les elfes.Elle rit doucement.

Akkan s'était plongé dans ses pensés et dans son passé. Il regrettait amèrement de ne pas avoir connu ses parents, et ce qui lui tenait le plus à coeur était la disparition de son père. Il doutait d'un jour le retrouver, cependant il gardait espoir, qu'il vivait encore.
En regardant le feu et le lieu ou il était, il se dit que c'était la première fois en plus de 200 ans qu'il quittait la forêt. Il était un peu nerveux et tellement heureux, il esquissa ainsi son premier sourire.
A la proposition de l'Elfe de prendre un bain, il se dit que cela devait bien faire 3 ou 4 jours qu'il n'avait pu faire sa toilette. Il suivrait donc ses conseils avec un plaisir non feint.
Akkan n'avait jamais beaucoup parlé, élevé en forêt par un chasseur et forestier, il n'avait eu que peu d'aperçu de la vie en ville. Il n'avait donc pas pris l'habitude de parler de lui. De plus, les humains qu'il rencontrait préférait toujours parler d'eux-même ce qui ne lui avait pas beaucoup plu.
C'est dans ce cadre qu'il avait pris la décision de ne parler de lui qu'en cas de demande express d'un compagnon.
Il remarqua que seul la femme Elfe faisait un effort pour alimenter la discussion, il s'approcha donc pour se servir, il prit la tranche de pain que lui tendait amicalement
Akkan sourit quand Ellenwen parla en langage commun, elle changeait des étrangers qu'il avait pu rencontrer dans les quelques villes qu'il avait pu traverser.
Il ne comprit tout à fait ce système de caste, mais il comprit l'allusion au système hiérarchique des humains. Encore une fois il se senti mis à part. Considéré par ses Elfes comme un humain et par les humains comme un Elfe ... Il se reprit quand il remarqua que son esprit devenait mélancolique.
Il finit sa tranche de pain et se servit un verre de cidre. Il appréciât grandement ce changement de menu. De la volaille, du pain, du miel et du cidre voila un repas complet. Cela ne vaudrait pas un bon repas dans une auberge comme il avait pu en tester quelques uns mais c'était agréable de d'avoir un peu de diversité.
Quand il eut finit de manger, il s'étira et finalement de bonne humeur, il consenti à parler un peu de lui.

- Je me nomme Akkan et j'habitais la forêt à l'Est d'ici depuis 221 ans. Je n'en suis sorti que rarement et je ne connais donc pas trop le vie en ville. Je m'excuse si j'ai été impoli envers vous tout à l'heure madame ... ? Ellenwen ? Je n'ai guère l'habitude de voir des femmes et encore plus des Elfes. Vous êtes pour ainsi dire les deux premiers que je rencontre.
Je ne suis pas exactement forestier, j'ai été élevé par mon père adoptif qui était chasseur. Ce que je sais je lui dois.

Il se leva et demanda à Ellenwen :

- Vous avez parlé d'une cascade, si ça vous dérange pas j'irais en premier, je n'ai passé qu'une journée à m'occuper des cochons, mais j'ai l'impression d'avoir passer mes deux derniers siècles dans la boue...

Il suivit donc les indications de l'Elfe et fit d'abord le tour du petit étang qui se formait sous la chute, il se déshabilla sur l'autre rive, près d'un amas de rocher encore éclairé par le soleil couchant. Il passa un petit moment à nettoyer ses affaires puis il mélangeât une plante qu'il avait vu pousser non loin du rivage. La poussière de ses vêtements créa un mince filet coloré dans l'eau et le savonnage avec la plante laissa une odeur plus plaisante que sa sueur sans être d'un parfum exquis. Il laissa alors sécher ses habits sur la pierre encore chaude de la journée passé au soleil.
Akkan se retourna alors vers l'étang et y pénétra doucement, l'eau n'était pas à proprement parlé chaude, mais cela lui fit le plus grand bien. Il décida de faire quelques longueur pour se réchauffer, puis une fois réchauffé, il nagea jusqu'au bord de la falaise et trouva un petit coin au soleil pour se relaxer.
Il repensa à tous ses derniers évènement, la disparition de son père adoptif, l'abandon de ses parents et pour finir cette impression d'être perpétuellement rejeté par chacune des races ... Il sentit les larmes monter à ses yeux, mais très vite il refoula sa tristesse et se mit en devoir de rencontrer les nains et toutes les créatures dont il avait entendu parler dans les livres. Un jour, il se l'était promit, il irait à la capitale des elfes essayer de trouver sa mère et de découvrir aussi qui était son père. Peut-être que ses parents savait ce qui s'était passé pour son père adoptifs.
Il finit par s'assoupir dans l'eau.

Maeglin fut encore plus surpris par l’explication d’Ellewen concernant son rang, qu’il ne l’avait été lorsqu’elle lui avait annoncé, visiblement amusée, qu’elle n’était pas supérieur à lui. Ainsi donc elle avait été bannie …bien que cela soit très rare chez les elfes, il n’en avait jamais entendu parler, sans doute était-il trop jeune. Il n’en avait pas le moindre doute, un elfe, avant qu’il n’atteigne 50 ans ne connais rien à la magie –ce qui est négligeable en comparaison à leur étonnante longévité- et sa sagesse laisse à désirer…
Le jeune elfe se sentit alors honteux de n’avoir nullement contribué ni à l’établissement de leur campement ni à la confection de leur repas, il farfouilla dan ses bagages pendant un petits moment durant lequel Ellenwen lui tendit une tranche de pain (il apprécia que son régime végétarien soit accepté et reconnu sans qu’aucune polémique n’en découle), puis il leur tendit une gourde qu’il avait chanté –cela représentait un exercice de difficulté moyenne ,bien qu’acceptable à son âge, du fait que le bois devais devenir imperméable pour éviter au liquide d’être absorbé et à la gourde de pourrir- en mordant dans son pain. Puis il expliqua à Akkan en langage courrant qu’il s’agissait de Faelnirv , une boisson elfique quelque peu énergétique et les pria de bien vouloir s’en servir si le cœur leur en disait.
Quand il eu finit de manger il se mit à chanter une antique chanson de son peuple , une chanson si vielle que l’on avait même oublié se qu’elle signifiait exactement , il se rappelait la première fois qu’il avait entendu cette chanson ,lors du premier Agaeti sanghrem auquel il ait assisté, il ne pensait alors qu’à la merveilleuse erreur qu’avaient fait ses parents durant ces trois jours là…C’est donc d’une voix clair mais mélancolique qu’il déclama :

« Gala O Wyrda brunhvitr,
Abr Berundal vandr-fodhr,
burthro laufsblädar ekar undir,
eom kona daugthleikr ... „

Puis il parla avec Akkan, et lui expliqua qu’il n’avait nullement l’intention de se montrer discourtois à son égard en employant l’ancien langage mais qu’il s’agissait juste d’une habitude car il n’avait encore jamais quitté le Du Weldenvarden et de ne pas lui en tenir rigueur. Il ajouta:

« Par chez nous il est très indiscret de poser des questions sur les gens, cela est très mal vu!
Cependant ça implique toujours que nous connaissions ces personnes car autrement comment pourrions nous faire des rencontre, pour voyager ensemble il faut se connaître les un les autres, accepterais-tu de nous conter ton histoire ? »

Quand Akkan partit pour ce laver il se tourna vers Ellenwen et lui dit:

« Et vous Ellenwen Svit-kona –car je persiste à croire que c’est l’ordre des choses étant donné vos compétences- consentirez-vous à nous en apprendre d’avantage sur vous dès le retour d’Akkan ? »

Après avoir fini ses explications, qu'elle concevait parfaitement compliquées et imbuvables pour quiconque n'avait pas vécu de près ou de loin avec les elfes, ce qui ne semblait pas être le cas de Akkan, la jeune femme mordilla une nouvelle fois vigoureusement dans sa tartine avant de boire de longues et agréables gorgées de cidre à la bouteille. Après avoir du se contenter de pain sec et de viande séchée durant une durée qui lui paraissait sans fin, lors de sa chasse à l'ombre, ce repas lui semblait digne de la table d'un grand roi. Elle eut un petit sourire, fermant à demi les yeux comme un chat, sans chercher à cacher sa profonde satisfaction. Elle se sentait profondément à son aise, dans cet environnement, et profondément bien. Elle venait de manger à sa faim, était parfaitement reposée, était entourée de compagnons qui promettaient de rendre son voyage sans but bien plus intéressant qu'elle ne l'avait cru tout d'abord. Qui plus est elle était dans chez elle dans cette forêt. Elle y retrouvait tous les bruits familiers qui l'avaient accompagné durant quelques siècles alors qu'elle se terrait dans la tanière d'un loup. Avec la nuit montaient le son des animaux qui se réveillaient peu à peu et vaquaient à leurs occupations. Quelque part au loin un cerf brama, probablement pour appeler autour de lui sa femelle et son petit. Quelques animaux que l'on ne pouvait pas voir, ni même reconnaitre, fouissaient dans les buissons, à la recherche d'un peu de nourriture. Quelques oiseaux achevaient leurs derniers vols, puis se couchaient au milieu des feuillages dans un doux et imperceptible froufrou de plumes. L'elfe pouvait sentir leurs esprits, petits et étroits et peureux qui se blottissaient dans leurs habitudes comme certains autres animaux s'enfouissent dans leurs instincts. Le vent chaud, qui s'était levé, faisait bruisser les feuilles des arbres qui, maintenant, commençaient à balayer les buissons alentour. Un soleil blafard, à demi caché par les nuages, commençait doucement à se noyer dans les contours brumeux de l'horizon. Avec un soupir béat de satisfaction la jeune femme pris conscience que tout cela lui avait énormément manqué. Pendant quelques minutes elle tourna son regard vers le ciel, s'absorbant dans la contemplation de quelques nuages poudreux qui striaient le bleu passé de l'azur. Ce fut la voix douce et si particulière d'Akkan qui la ramena sur terre. Ramenant son regard vers le jeune homme elle l'écouta parler de lui-même avec un silence religieux et amusé. Elle avait conscience de l'effort que devait faire le jeune homme sur lui-même pour parler ainsi. Elle était touchée, et fière, qu'il fasse un tel effort pour eux. Quelques mots la firent tiquer... la forêt à l'est de Carvahall... Ainsi donc le chasseur avait vécu dans la forêt Du Weldenvarden... Et apparemment ses parents avaient du l'abandonner, puisqu'il évitait avec soin le sujet et qu'il n'avait connu aucune autre femme à part elle, si elle avait tout suivit. Ou alors son père s'était occupé seul de son éducation... et son père aurait été un humain... Enfin... cela n'avait aucune importance... Mais le fait qu'il n'ai connu aucune femme en 221 ans de vie manqua de faire doucement rire la jeune femme. Elle se retint au dernier moment en songeant combien il serait insultant pour lui d'entendre quelqu'un rire après son récit. Elle ne fit donc aucun commentaire et salua gravement ses paroles d'un petit hochement de tête, non sans le corriger.

- Ellenwen... Le madame est inutile... Comme je vous l'ai dit j'ai renoncé à tout titre depuis fort longtemps et je ne tiens pas à ce que l'on m'en donne... Mon prénom me suffit... Mais je vous laisse volontiers la place à la cascade...

Elle n'osa pas ajouter qu'elle préfèrerait qu'il la tutoie. Trop d'informations brutales risquait de déstabiliser le jeune homme et elle n'était pas certaine que, dans tous les cas, il soit à l'aise encore pour le faire. Juste avant que le jeune homme ne se lève pour partir, Maeglin esquissa un geste. Tournant son regard vers lui, elle le vit légèrement rougir, probablement gêné de ne pas avoir aidé aux corvées pour préparer le campement. Pour se faire pardonner il sortit de son sac deux gourdes de bois, qu'il avait probablement chanté lui-même, rempli d'un liquide qu'elle entendit doucement teinté contre les parois. Elle haussa un sourcil intrigué puis fit une petite moue lorsqu'elle apprit le contenu du récipient. Elle n'avait jamais aimé trop cette boisson, qu'elle jugeait forte. Mais elle savait que beaucoup d'elfes en raffolaient. Elle déclina l'offre de se servir d'un grand sourire et d'un petit mouvement de tête avant de reporter son attention sur Akkan, qui s'était levé. Elle le regarda partir tout en sifflotant quelques notes d'une vieille balade puis se leva d'un bond pour s'étirer de tout son long. Elle fit quelques rapides exercices puis se rassit à nouveau pour se préparer un petit dessert. Taillant deux nouvelles tranches de pain elle les enduisit généreusement de miel avant d'en servir une part Maeglin, qui restait toujours assis. Lorsqu'il commença à chanter elle ferma les yeux et renversa légèrement la tête pendant qu'elle se laissa assaillir par la mélancolie de la mélodie. Quelques larmes lui montèrent aux yeux, sans couler sur ses joues. Cet air lui rappelait tant de souvenirs, tant d'amis passés, tant de rires effacés. C'était comme si le temps qu'elle avait voulu fuir c'était brutalement abattu à nouveau sur elle, la clouait au pilori de la pensée à grand renfort de vieilles nostalgies. Elle se sentait dans la peau d'une exilée qui n'avait pu revoir sa patrie depuis bien longtemps... ce qu'elle était au fond, même si elle aurait préféré se faire tuer et torturer plutôt que de l'avouer... et d'avouer que tout ceci lui manquait. Elle garda le silence pendant quelques longues minutes, puis d'abord avec timidité puis avec plus d'assurance, elle mêla sa voix claire et douce à celle du jeune homme. Jusqu'à ce qu'elle continue seule pour la dernière strophe qui, visiblement avait été oubliée des elfes. Elle eut un petit sourire triste et regarda son compagnon, les yeux secs. Elle eut un petit sourire avant de répondre avec douceur :

- Je vous en prie, je ne veux aucun des titres dont vous m'honorez... Ils ne reflètent aucune réalité... Et ils ne font qu'aviver en moi de vieilles douleurs... Je préfèrerais de beaucoup que vous soyez plus naturel envers moi et que vous oubliez toutes ces considérations de rang qui n'ont pas lieu d'être chez les humains. Si vous le souhaitez je vous raconterais mon histoire, mais je crains qu'elle n'est pas grand chose d'intéressante. A vrai dire je ne l'avais jamais encore vraiment racontée à qui que ce soit... Enfin qu'importe... Si vous le souhaitez je le ferais... Puis, se remémorant l'absence de leur compagnon elle fronça les sourcils. Vous ne trouvez pas qu'Akkan est parti depuis bien longtemps ? Venez... nous devrions le rejoindre...

Sans plus attendre la jeune femme se releva et, d'un petit geste de la main elle invita son compagnon à la suivre. Puis elle s'enfonça dans les bosquets, non sans retenir doucement les branches d'arbres qui encombraient sur passage, afin que celui qui la suivait ne soit giflé. D'un pas assuré et rapide elle franchit à nouveau les quelques mètres qui la séparait du petit lac. Avant de le voir elle fit signe à Maeglin de s'arrêter et elle ouvrit grand son esprit pour guetter un éventuel danger. Mais elle ne rencontra rien à l'exception de quelques animaux et, bien sur, de Akkan. Intriguée elle toucha doucement son esprit... et manqua d'éclater de rire en constatant que le jeune homme s'était purement endormi. Les volutes incompréhensibles et mouvantes de son esprit ne le lui disait que trop bien. Elle secoua la tête, trop amusée pour proférer le moindre son. Ainsi il occupait la place pour lui tout seul, les inquiétait... pendant que lui dormait paisiblement d'un sommeil du nouveau né. C'était trop... trop... loufoque... Pendant quelques secondes la jeune femme, toujours arrêtée, un bras posé sur celui de son compagnon, chercha le meilleur moyen de tirer parti de la situation. Puis avec un grand sourire qui ne cachait rien de sa jubilation elle se tourna vers son compagnon, les yeux pétillant de malice. Elle posa un doigt sur ses lèvres et, le saisissant par la manche, l'entraina silencieusement jusqu'à la pierre où reposaient les affaires du baigneur. Elle approuva en silence son choix en posant sa main sur le rocher, encore gorgé de soleil... Parfaitement ce qu'il fallait pour ses vêtements mouillés. Avec une rapidité qui dénotait de sa longue pratique elle se déshabilla, ne gardant que ses sous-vêtements. Elle ne tenait pas à tuer si rapidement le chasseur qui n'aurait probablement pas manqué de se noyer en voyant une femme nue. Elle fit signe silencieusement à son compagnon de l'imiter puis lui lança un petit clin d'oeil complice en désignant d'un signe de tête l'endormi. Toujours silencieusement elle se déplaça à pas de velours jusqu'à celui-ci, grimpa agilement sur un rocher qui le surplombait... et sauta... ou plutôt elle effectua un plongeon parfait qui atterrit à quelques centimètres du visage d'Akkan, l'éclaboussant copieusement. Les yeux grands ouverts sous l'eau, la jeune femme savoura la fraicheur de l'onde sur sa peau. Nageant avec force dans le fond du lac, son ventre frôlant quelques algues, elle traversa ainsi toute l'étendue jusqu'à se trouver hors de portée de celui qu'elle venait de si brutalement de réveiller. Lorsqu'elle ressortit elle rejeta sa longue chevelure en arrière, dans un geste parfaitement naturel et se retourna vers les deux hommes qu'elle gratifia d'un sourire éclatant, tout en les raillant gentiment.

- Elle est bonne ?

Akkan avait oublier pendant quelques minutes la réalité et c'était plongé dans un rêve magnifique. Dans ce rêve il rencontrait une jeune femme (humaine, elfe ou demi-elfe) dans une grande ville. Il se remarquaient lors d'une réception de grande ampleur. Ils passaient la soirée à se raconter leurs histoire, puis très vite ils se retrouvaient quelques années plus tard avec cette même personne. Ils avaient une jeune fille d'environs 8 ans qui courait partout dans une vaste maison, cependant, il était soucieux et la femme aussi. Quelques instants passe et l'on se retrouve en pleine nuit, le ciel se couvre et la commença un rêve bien moins plaisant. Il était seul et armé, il sortait de sa maison et voyait une vaste ville en proie au flamme, il ne pouvait voir aucune bataille. C'était comme si il pouvait voir le lieu et les ravages sans y voir les personnes. Il continua jusqu'a une place, la s'amoncelait des cadavres, le bruit de batailles continuait sans qu'ils puissent en voir.
A la vue des cadavres mutilés, il eut un haut-le-coeur, il s'approcha de ceux-ci mués par une curiosité mêlée de crainte, quand il vit la femme qu'il aimait éventré et sa fille un peu plus loin sur un bûcher encore fumant il s'effondra en larme. Il perçut pendant quelques instants que les sons s'était tût, il ressenti de la pluie et ce fût la dernière sensation qu'il eut.

Akkan se réveilla en sursaut, il avait les larmes aux yeux. Il était rare qu'il se souvienne aussi clairement d'un rêve. D'habitude c'était plutôt en relation avec ses parents génétiques ou sur son père adoptifs.

Quand il ouvrit les yeux il ne vit tout d'abord que le lac, puis il sentit des mouvements dans l'eau à proximité, il se retourna vivement sur le qui-vive, et recula face à la menace. Ce qu'il vit le relaxa. Ce n'était que Maeglin, pourtant ce n'était pas lui qui l'avait trempé, il se retourna, le torse hors de l'eau et vit au loin une tête émerger et entendit la femme lui demander si l'eau était bonne.

Akkan mit quelques minutes à réfléchir à ce qui c'était passé, il réagit vivement se regardant et observant l'Elfe, il courut alors jusqu'à ses affaires et se rhabilla dans l'ombre d'un buisson. Quand il ressortit il se posa sur les rochers encore chaud.

Il s'exclama :

- Vous m'avez surpris. Vous auriez pu me prévenir avant de sauter dans l'eau.
Il rougit sensiblement. Il remarqua alors qu'a proximité de ses habits traînait ceux des deux Elfes, il rougit de plus belle en remarquant que la femme était quasiment nue, il se retourna d'un mouvement sec.
Il remarqua à cet instant que des larmes continuaient de rouler sur ses joues. Il se dit que vu la distance, personne ne remarquerait, ou on penserait qu'il était encore mouillé, ce qui n'était pas tout à fait faux.

- Vous n'avez donc aucune pudeur ... ? Ni aucun respect, je n'ai jamais vécu dans un milieu de femme, vous pourriez faire preuve d'un peu de retenu ..

Il s'écarta alors du rivage, hors de vue des Elfes et grimpa quelques mètres plus loin la falaise. Pour lui qui avait été élevé dans un milieu naturel, il avait été habitué à escalader les parois abrupt. Une fois en haut il revint vers le lac en restant hors de vue des Elfes et remonta la rivière qui se jetait dans ce lac. A quelques encablures il s'arrêta et se posa. Il laissa alors sa tristesse explosé et un flot de larmes ininterrompu coula le long de son visage. Il avait rarement des sentiments aussi fort. Les contenir était une habitude. Il finit donc de se calmer puis il les rejoints au lac plusieurs minutes plus tard. Il était de nouveau serein, les yeux à peine rougit. Il se posa sur la berge adossé à un arbre et hors de vue d'Ellenwen, il ne pouvait supporter de voir une femme aussi peu habillé. Rien que d'y penser cela fit monter en lui un désir profond, qui se teinta rapidement d'une tristesse infini. Il resta silencieux et conserva son visage serein en attendant que les baigneurs ait finit de se laver complètement.

Il lui vint à l'esprit un air inconnu qui lui paraissait ancien et tout à fait adapté à son rêve, il se mit donc à siffler, préférant ne pas gâcher la mélodie avec un chant disgracieux.

Maeglin était ébahit, cette elfe était décidément très différente de ceux qu’il avait l’habitude de côtoyer. Déjà le simple fait qu’elle n’accepte pas de titre honorifique dues à son rang ou supposé rang c’était étrange mais si en plus elle ne boit pas de faelnirv …c’était tout à fait insensé! Et pourtant, n’était ce pas aussi pour ça qu’il c’était mis au service de la reine ? Découvrir de nouveaux paysages, rencontrer de nouveaux gens et surtout en apprendre plus sur le monde qui est le sien: l’ Alagaësia.
Voilà qu’il commençait fort son périple avec une elfe qui n’en a plus les us et coutumes et un demi-elfe un peu rustre mais sympathique qui aurait vécu plus de 200 ans tous seul …
Soit, voilà qu’il chantait pour ce détendre, visiblement Ellenwen connaissait cette chanson , la voilà qui en était toute troublée, Maeglin était tellement gêné de l’émotion qu ‘il avait suscité chez l’elfe qu’il s’interrompit, perdant le fil de sa chanson qu’elle continua seule.
Décidément il avait fort à parier qu’il serait surpris durant toute cette aventure.
Et la voilà qui maintenant s’inquiétait pour Akkan ! C’est vrai qu’il était absent depuis longtemps mais il avait fier allure, était demi-elfe et connais les bois! Qu’aurait-il eût à craindre ? un Ombre ? mais ils n’avait aucun interêt pour eux il ne connaissaient rien aux intrigues politiques?
Alors pourquoi voulait-elle le déranger ?Quand elle l’entraîna à sa suite il voulut protester mais il fût séduit par l’excitation que cela provoquait. Mais il ne fût pas si surpris que ça de voir qu’il s’était endormit, il avait eu une dure journée avec cette histoire de bétail.
L’elfe fit encore , à ce moment, quelque chose d’inattendu, elle se déshabilla en lui intimant de faire de même et plongea afin de réveiller le baigneur, « ma fois » ce dit Maeglin, »pourquoi pas ? »
Et il l’imita, se glissant de façon fluide et rapide dans l’eau d’une température acceptable.
Quand Akkan se réveilla brusquement, il jura avoir vu passé sur ses yeux un éclair de tristesse et de mélancolie. Mais il ne s’attarda pas là dessus luis demandant gaiement :
»bien dormis ? »

Mais Akkan paraisait toujours dans ses pensées et il sortit vivement de l’eau, se rhabilla et partit seul excalader la falaise.

Maeglin se tourna alors vers Ellenwen et lui dit :

« T’es contente? Pourquoi tu l’as réveillé? Maintenant le voilà de mauvaise humeur!
Allons le voir ! «
Il fit mine de sortir de l’eau.

Ellenwen eut un petit sourire ravi de chat qui aurait renversé un pot de lait avant de le laper avec joie lorsqu'elle constata que son réveil improvisé avait eu l'effet escompté. Lorsqu'il avait posé les yeux sur elle, elle avait vu Akkan rougir de la plus belle façon qu'il lui avait jamais été donné de voir. Mais la vue de lourdes larmes qui roulaient encore sur ses joues donna à sa victoire un petit gout amer. Elle fronça légèrement les sourcils... Il ne lui semblait pourtant pas avoir fait quoique ce soit qui mérita qu'on pleura sur son sort. Certes elle était un peu folle, elle ne semblait pas tout à fait équilibrée elle ne pensait pas que quelqu'un la prendrait autant en pitié. Ne restait plus qu'une solution... qu'elle l'ai réveillé alors qu'il pleurait dans son sommeil. Cette pensée lui fit froncer une nouvelle fois les sourcils. Elle qui, pendant plusieurs centaines d'années avait été visitée par des cauchemars d'une violence et d'un réalisme insoutenable où la mort de ses parents apparaissaient comme un leitmotiv elle était bien placée pour comprendre ce que l'on pouvait ressentir en se réveillant après un tel somme... une grande part d'horreur, beaucoup de peur mâtiné d'un soupçon d'effroi qui finissait par se noyer dans une profonde mélancolie dont les séquelles tardaient à disparaitre. Pendant quelques minutes la jeune femme resta immobile dans l'eau pendant que ses longs cheveux blonds flottaient autour d'elle, portés par les frémissements du vent et des vaguelettes qu'il formait. Quelques mèches plus courtes que les autres étaient restées collées sur son visage, lui chatouilla le nez et voilant en partie sa bouche. D'un geste de main rêveur elle les chassa et les rangea derrière ses fines oreilles pointues. Elle s'interrogea sur ce que le jeune homme avait pu vivre pour être assailli de tels rêves. Rien dans l'histoire toute simple qu'il leur avait compté ne l'avait laissé entrevoir une tragédie quelconque, en dehors du probable abandon de ses parents auquel, depuis le temps, il aurait du être habitué. Ou du moins ne plus en rêver dans des circonstances aussi banales que celles-ci. A moins évidemment que le fait de voyager en compagnie de deux elfes - et, horreur suprême d'une femme - n'ai ravivé en lui la rage et le désespoir de ne rien connaitre de sa famille elfique et sa tristesse d'avoir été rejetée par elle... Oui bien le rêve n'avait-il rien à voir avec tout ceci et dans ce cas la jeune femme venait d'être surprise en flagrant délit de délire sur un évènement qui était peut-être tout à fait anodin. Cessant donc de s'interroger sur ce qui avait bien pu se passer - après tout cela ne la regardait pas et elle ne se sentait aucune vocation pour reprendre le rôle de mère laissé vacant - la jeune fille plongea à nouveau après avoir retenu sa respiration. Pendant quelques secondes elle se débattit, gênée par ses cheveux qui étaient venus s'enrouler autour d'elle comme un invisible filet parfaitement résistant puis, d'un mouvement souple elle se dirigea vers le fond. Cette fois elle avait gardé les yeux fermés et manqua de se cogner le visage contre la roche dure qui formait l'ensemble du bassin. Elle se redressa au dernier moment et, se fiant à ce que ses oreilles pouvaient entendre, elle se dirigea vers la cascade dont elle percevait le bruissement lorsque l'eau tombait dans le lac. Une nouvelle fois elle frôla quelques algues qui lui arrachèrent un sursaut lorsqu'elles vinrent lui chatouiller son ventre nu. Lorsqu'elle eut l'intuition d'être parvenue à destination, et légèrement à cour de souffle, elle posa ses pieds sur le fond et, d'une petite poussée, se dirigea vers la surface. Elle creva la surface de l'eau dans une grande gerbe d'eau tout en reprenant sa respiration. Elle ouvrit alors les yeux et, regardant autour d'elle, elle eut la satisfaction de constater qu'elle était arrivée là où elle l'avait souhaité. Le ruisseau qui dégringolait des falaises lui tombait sur la tête et dans le cou. Avisant une grande roche plate qui semblait posée sur l'eau, elle s'y hissa et savoura la chaleur que le soleil y avait laissé. De là elle aperçu Akkan, qui ronchonnait quelques phrases assassines à son intention. Elle lui répondit d'un léger sourire. Elle savait que le jeune homme ne lui en voudrait pas longtemps... après tout elle n'avait pas fait grand chose... A part le faire rougir plus qu'il ne l'avait jamais probablement fait. Mais malgré tout elle ne l'avait pas taquiné plus qu'il ne l'aurait fallu et était ressortie de l'eau suffisamment loin de lui pour qu'il ne puisse pas détailler tout ce que son peu de vêtements laissait entrevoir. Elle haussa doucement des épaules et, comprenant qu'il ne souhaitait pas qu'il lui réponde elle se contenta de l'observer.... Sans pouvoir s'empêcher de rougir à son tour lorsqu'il sortit du bassin et qu'elle put alors constater qu'il était entièrement nu. Non que le spectacle d'un jeune homme aussi peu vêtu lui soit totalement étranger mais elle n'avait pas pensé que celui-ci serait ainsi... et elle comprenait brusquement une des causes de son rougissement si intense. Elle n'avait pas voulu attenter à sa pudeur. Elle s'en voulut un peu de ne pas y avoir songé, même si, apparemment le jeune homme n'en avait pas trop tenu compte. Il serait toujours temps de s'expliquer plus tard. Elle le regarda donc partir, probablement pour s'immerger dans le chagrin que son rêve lui avait provoqué, sans faire le moindre geste pour le retenir, tout en notant qu'il escaladait très facilement et rapidement la paroi abrupte. Il avait donc hérité de ses parents beaucoup de dons elfiques. Elle eut un léger sourire et renversa la tête en arrière pendant qu'un filet d'eau lui tombait sur le visage et ruisselait jusque dans sa gorge et son ventre avant de venir mouiller la pierre sur laquelle elle était assise. Lorsqu'elle ouvrit les yeux elle découvrit, sans réelle surprise, Maeglin qui était venu la rejoindre et qui la dévisagea avec une forte lueur de reproche dans les yeux. Elle lui sourit et, d'un geste de la tête, le dissuada de partir rejoindre le jeune homme.

- Il n'est pas de mauvaise humeur par ma faute. Il est vrai que je l'ai gêné en me mettant à l'eau devant lui car, apparemment, il n'a pas l'habitude des femmes et le fait de me voir en sous-vêtements doit probablement beaucoup le gêner. Mais je pense qu'il ne m'en veut pas pour ce que j'ai fait. Il va probablement ronchonner pendant quelques temps mais ce n'est pas une expérience qui le dérangera durablement. Après tout il aura probablement l'occasion de voir d'autres femmes ainsi, voire moins vêtue que moi. Du moins je le lui souhaite. Non, il y a autre chose. Et je pense qu'il a besoin d'être seul avec ce qui le préoccupe. C'est pour cela qu'il est parti. Ne va pas le déranger, il reviendra, ne t'inquiète pas. Je connais les hommes bien mieux que l'on ne pourrait le croire...

Elle n'avait rien dit des larmes qu'elle avait vu couler sur les joues du jeune homme, certaine qu'il n'aurait pas voulu qu'il le sache. Elle savait déjà qu'elle n'avait pas à connaitre ce détail et ne tenait pas à s'immiscer dans sa vie, en en parlant à tord et à travers. S'il voulait leur raconter son rêve il le ferait, elle le savait. Mais c'était trop tôt. Ils ne se connaissaient pas encore assez pour pouvoir livrer toutes leurs confidences. Il ne le ferait pas, pas plus qu'elle ne le ferait elle. Quoiqu'il en soit elle eut un petit sourire, un peu triste. Elle avait surpris les regards intrigués que lui avait lancé le jeune elfe, probablement complètement décontenancé par la manière de vivre et de faire de celle qu'il considérait toujours comme son ainée et sa supérieure. Il ne pouvait comprendre les séquelles qu'il lui restait de ses longues années d'exil, sa méfiance envers tout ce qui venait de son peuple, sa prudence et son recul par rapport à ce qui avait été ses us et coutumes. Après avoir vécu pendant des siècles parmi les humains, après avoir côtoyé les nains pendant plusieurs décennies, elle avait eu un aperçu bien plus large de ce que pouvait être la vie, des différentes manières de vie, que n'en aurait jamais ses compatriotes qui restaient cloitrer à Ellesmera comme un dernier rempart contre tout ce qui était nouveau. Sans avoir complètement abandonné les habitudes que l'on lui avait inculquées, sans remettre en question la totalité de cet enseignement, elle avait pris une grande distance vis à vis de toutes ces règles qu'elle considérait comme obsolètes. Si elles avaient été instaurées pour préserver la paix et éviter que les elfes ne se battent entre eux, comme cela arrivait parfois chez les humains, et pour maintenir chacun à sa place, la jeune femme avait fini par arriver à la conclusion qu'elles créaient au contraire plus de problèmes qu'elles n'en résolvaient. Elle se souvenait en effet d'un jour, alors qu'elle était toute jeune, où elle avait vu un elfe arriver d'une lointaine ville située au coeur de Du Weldenvarden. Ignorant des grades de ceux qui résidaient dans la capitale il avait malencontreusement oublié de saluer un de ses supérieurs qui, de mise modeste ce jour là, lui avait paru être inférieur à lui. Cette simple erreur lui avait valu de nombreux problèmes. Quoiqu'il en soit, Ellenwen avait fini par adopter, avec le temps, des coutumes qui étaient bien plus proches de celles des humains que celles des siens, même si quelques réminiscences venaient parfois la visiter. Elle eut un petit regard ironique pour le jeune homme qui devait la considérer comme une bête curieuse et s'étira de son long en baillant. La fin de la journée était très belle et elle comptait bien en profiter, quoique ses compagnons en pensent. Elle resta ainsi, les yeux à demi clos lorsque son esprit et un doux froissement de branches lui apprirent le retour d'Akkan. Se redressant rapidement elle le regarda s'installer contre un arbre. Elle reprit son sérieux et le regarda quelques longues secondes puis, se tournant vers Maeglin elle le prévint à mi voix.

- Attend moi ici... Je ne serais pas longue... cela te laissera le temps de méditer sur mon étrange comportement et de préparer toutes les questions que tu voudras me poser.

Elle lui fit un petit clin d'oeil puis, sans attendre, elle plongea une troisième fois dans l'eau qui, cette fois, lui parut plus fraiche. Probablement parce qu'elle était restée trop longtemps sur la pièce chaude. Elle traversa rapidement le lac en surface et se dirigea vers ses vêtements, restés sur la pierre où elle les avait laissé. Elle sortit rapidement de l'eau puis, lorsque ses pieds reposèrent sur l'herbe, elle rassembla tous ses cheveux sur le devant de sa poitrine et, les tordant en une longue torsade elle entreprit de les essorer du mieux qu'elle pouvait. Ce qui les empêcha pendant quelques secondes de dégouliner. En temps normal elle se serait servie de sa magie pour créer un courant d'air chaud qui serait allé la sécher. Seulement, sans magie, la tache était bien plus complexe. Elle marmonna un juron qui ressemblait bien plus à un éclat de rire qu'à un éclat de voix et se dirigea vers sa robe. Elle n'eut pas besoin de la tâter pour se rendre compte qu'elle était loin d'être sèche. Cette fois la jeune elfe esquissa une réelle grimace. Elle ne pouvait pas aller parler à Akkan sans se rhabiller, sous peine de le voir s'évanouir pour de bon ou qu'il la considère comme une file facile, ce à quoi elle ne tenait pas. Et elle ne pouvait tout de même pas repasser des tissus mouillés... ses cuisses meurtries ne le lui rappelaient que trop bien les irritations que cela lui provoquait. Sans compter que la seule tenue qu'il lui restait, sa tenue de combat en cuir noir et souple, était restée dans son sac... qui était lui-même resté au campement. Et elle ne tenait pas à retraverser les buissons épineux aussi peu vêtue. Sa peau laiteuse n'y survivrait probablement pas, pour son grand malheur. Il ne restait donc plus qu'une solution... avec un petit soupir résigné que contredisait un nouveau léger sourire malicieux, la jeune femme se dirigea vers Akkan, dans son dos, sans chercher à cacher son approche. Même si celle-ci était presque imperceptible, la jeune femme ne pouvant s'empêcher de poser ses pieds avec précaution sur le sol, pour éviter de faire le moindre bruit. Toutefois quelques légers bruissements trahissaient sa présence quand, au lieu d'éviter une branche basse elle se contentait de l'esquiver d'un mouvement de tête qui bien souvent ne suffisait pas. Lorsqu'elle fut arrivée suffisamment près du chasseur, assez pour pouvoir lui parler à voix basse elle s'assit, prenant bien soin de rester hors de sa vue, pour ne pas le choquer d'avantage. Pendant quelques minutes elle resta assise, sans parler et laissant le temps au jeune homme de s'habituer à sa présence. Puis elle dit doucement, sans qu'à aucun moment une touche de moquerie ne vienne s'y glisser :

- Je ne voulais pas vous gêner, Akkan. Lorsque j'ai vu que vous dormiez je n'ai pas pu résister à l'envie de vous taquiner gentiment, il n'y avait aucune mauvaise intention derrière mes gestes. Ni aucun manque de pudeur. Je ne me suis pas mise nue par respect pour vous car, chez les elfes, c'est une chose qui se fait sans que quiconque ne se pose trop de question, aussi étais-je sure de ne pas choquer Maeglin. Et j'ai vécu depuis suffisamment longtemps chez les humains pour savoir que, bien que cela soit plus tabou, cela n'est pas aussi dérangeant que vous semblez le croire. Personnellement je n'aime pas cela et j'évite de le faire autant que faire se peut. Mais je n'aurais jamais pensé que le fait de me voir en sous-vêtement vous gênerait à ce point. Vous savez, cela fait plusieurs années, plusieurs décennies même, que j'erre dans un pays pour résoudre les conflits qui s'y déroulent. Quand vous n'avez que cinq minutes pour passer de votre robe de tous les jours à une tenue plus adaptée pour le combat vous ne pouvez pas prendre le luxe de vous dissimuler plus que nécessaire. J'ai perdu l'habitude d'être considérée comme une femme par mes compagnons qui eux ont pris l'habitude de ne pas faire attention à ma tenue. Personnellement je ne vois aucun mal à être ainsi, vous ne pouvez voir que ce qui est identique à votre propre corps mais, si cela vous dérange tant que cela je peux vous promettre que j'essayerais de me montrer plus... prude.

Akkan entendit l'Elfe approcher, il n'esquissa aucun geste et attendit que celle-ci parle. Quand elle eut finit, il répondit à celle-ci en ses termes.

- Je sais je n'y peut rien, je n'ai jamais été habitué, et vu les personnes que j'ai rencontré, je n'ai jamais envisagé quoique ce soit avec une femme, donc cela me perturbe. Mais je sais que vous ne souhaitiez pas mal faire.
Personnellement après avoir vu les vêtements inutiles que certains porte, je préfère à cela des vêtements pratique me permettant à tout moment de réagir. Vu que vous m'en parler à présent je voudrais vous poser une question. La situation est-elle tel que la présente les livres d'histoires. Je n'y est lu que bataille incessante ... N'existerait-il pas de lieu de paix et d'harmonie à part cette forêt que j'ai quitté ?
Je n'ai pas besoin que vous fassiez attention, si ça arrive à nouveau je ferais juste attention à regarder ailleurs. Vous n'avez pas à modifier votre manière de vivre juste pour ma présence.
D'ailleurs vous feriez bien d'aller vous sécher au soleil tant qu'il en reste ou bien de retourner dans l'eau en attendant que votre robe soit sèche. Vous pourriez attraper du mal.
Sinon je dois avoir une couverture qui pourra vous servir de serviette le cas échéant.

Akkan fit un effort il se leva se dirigea vers son paquetage près du campement, puis revint avec la couverture il lui tendit en baissant juste les yeux. Après cela, il fit quelques étirements le long de la berge pour finir de détendre ses muscles, puis il alla se poser non loin de la cascade. Il médita quelques instants sur les derniers évènements et ce qui l'entourait. Il aimait ces moments de parfait équilibre ou il pouvait ressentir ce qui l'entoure, il se sentait plus à l'aise et plus serein. Il se rapprocha ensuite de ses compagnons.

- Veuillez m'excuser mais je souhaiterais finir mes étirements par un entrainement physique contre des adversaires. Vous me semblez l'un comme l'autre expérimenté en combat. Vous pourrez sans aucun doute m'apprendre quelques mouvements.
Au juste je ne pratique aucun style particulier, je n'ai jamais réussit à en apprendre un seul. J'espère seulement ne pas vous décevoir, je pratique l'improvisation et j'agis selon mes sensations.

Il avait remarqué que les deux Elfes sous leur frêles apparence cachait une force peu commune. Si il voulait poursuivre son aventure et se montrer digne des enseignements d'un maitre, il se devait d'avoir appris suffisamment les bases et les différents styles de combats. Il voulait s'entrainer jusqu'au bout il finirait ainsi en beauté cette journée et pourrait dormir paisiblement, enfin il espérait ...

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