[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia

Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia

▬ ft. les derniers héros de l'Alagaësia

(ça fait plaisir de vous revoir)

* Shyvaldalanos… Écoute-nous…*

Un frissonnement d’énergie pure parcourut le corps du jeune voleur, alors qu’il caressait du doigt l’étole colorée qu’il se résignait à utiliser comme ceinture après que la disette qu’il subissait depuis plusieurs mois ait fait fondre son corps, pourtant déjà pas bien gras. Il n’avait eu aucun pincement au cœur à l’idée d’utiliser le puissant artefact couvert de symboles ésotériques comme un simple objet du quotidien. Après tout, quand la nécessité se faisait sentir, on ne pouvait décemment pas se permettre ce genre de minauderies. De toute manière son ancienne ceinture, en cuir de qualité, s’était faite grignoter par un jour de trop grande faim et l’étole avait cet avantage indiscutable de n’être absolument pas comestible… Ou du moins était-ce ce qu’elle lui avait dit lorsqu’il avait franchement envisagé d’y planter les crocs.
Les murmures de l’étole avaient mis du temps pour faire tomber les barrières qui encerclaient l’esprit du voleur et il avait fallut encore plus de temps pour que ce dernier accepte la possibilité d’être devenu complètement frapadingue. En les laissant pénétrer dans sa tête, Shyvaldalanos, poursuivi à travers l’Alagaësia par une troupe de Premiers Hommes à qui il avait subtilisé l’artefact, avait compris qu’il était entré dans la marche de l’Histoire elle-même. Depuis, il se sentait transporté par une force mille fois plus grande que lui, pour laquelle il n’aurait pas hésité à sacrifier l’intégralité de son être et même plus encore tellement les conséquences d’un échec le terrifiaient. Noué autour de ses hanches maigres se trouvait plus qu’un espoir : c’était la confirmation de l’existence d’un véritable remède contre la corruption. L’artefact était imbibé d’une panacée ultra-puissante, capable de guérir des enfants corrompus à la naissance d’un simple contact, de mettre des monstres hauts comme des maisons à genoux… C’étaient des miracles que le jeune voleur avait longtemps cru l’apanage des mages les plus puissants du monde, mais qui s’étaient révélés à sa portée une fois le lien avec l’étole établi. Ensemble, ils avaient sauvé des villages. Ils avaient mis des hordes vociférantes à terre. Ils… N’avaient pas réussi à dissiper les vapeurs de démence d’une ville entière avant que ses habitants ne s’entre-dévorent… Mais ils avaient essayé !

* Quoi ? Tu as senti Ellenwen ?
-Oui. Mais trop loin de nous. Le temps nous est compté, Shyvaldalanos, ils arrivent pour nous tuer. *

Le voleur serra les poings si fort qu’il s’entailla les paumes avec ses ongles cassés. Les murmures de l’artefact sonnaient trop juste pour qu’il puisse les balayer d’un revers d’optimisme forcé. L’étole ne se trompait jamais. Mais il s’en fallait de si peu… Quelques heures, tout au plus, et la cure contre ce mal contre-nature aurait pu se répandre…
Il avançait à travers la cohue des survivants depuis la veille, vers ce qui semblait être un gigantesque dragon corrompu. La présence de la reine des elfes était faible, mais un je-ne-sais quoi intimait au voleur d’avancer dans cette direction.

* Ils sont si nombreux… murmuraient les voix, étonnamment calmes.
-On a vu pire, non ?
-Non. Les centaures fous du Hadarac sont revenus mille fois plus nombreux. Les goules que tu as tuées…
-Les corrompues ricanantes de la dernière fois ?
-Oui. Nous ne sommes pas sûrs, mais… Nous sentons quelque chose de pire.
-Pire ?! Pire que ces trucs-là ?! Mais on avait déjà failli y laisser ma peau !
-Oui. Nous croyons que c’est leur mère.
-Quoi ?! *

Une image d’un monstre haut comme un château, aux entrailles ouvertes au vent, dansa un instant dans l’esprit du voleur. L’abomination secouait la tête à chacun de ses pas lourds et des lambeaux de sa peau se détachaient d’elle sous l’effet des vibrations. Ce fut en visualisant un de ces morceaux immondes se relever et se joindre à la horde qu’il comprit qu’il s’agissait bel et bien d’une goule nouvellement née, déjà prête à trucider les derniers alagaësiens restant.
Il secoua la tête pour dissiper la vision.

* Bon sang c’est immonde !
-ça arrive vers nous. Ça sera là bientôt. *

Jamais le voleur n’avait remis en cause l’origine de l’étole. Qu’elle soit sortie des Failles, que les elfes l’aient créée il y a des millénaires de ça, ou que les Premiers Hommes l’aient apportée avec eux lorsqu’ils avaient envahi l’Alagaësia, une seule chose était sûre : elle possédait en elle des pouvoirs non affectés par les fluctuations de la magie qui frisaient avec la divinité. Sentir qu’elle avait accepté sa fin était à la fois bouleversant et terrifiant…
Lui qui pourtant y avait cru dès le début. Dès que les voix avaient senti ce qui se passait et lui avaient commandé de se rendre dans les Beors, alors même qu’ils s’apprêtaient à quitter l’Alagaësia à bord d’un navire. Elles lui avaient parlé de mages surpuissants, de héros légendaires, en train de creuser la roche pour créer le passage qui devait sauver l’humanité… Ellenwen… Si seulement il avait transmis l’artefact à l’ancienne reine des elfes lorsqu’il en avait eu la possibilité… La puissance de la reine des elfes, restaurée par l’étole chatoyante, aurait peut-être pu lui permettre de répandre le remède à travers le monde et même d’empêcher la catastrophe, qui sait ? Mais il se battait encore inconsciemment contre la pression de l’artefact qui essayait maladroitement d’établir une communication entre eux et il avait fui. Du coin de l’œil, dans la cohue des survivants, il avait cru apercevoir l’elfe légendaire, mais le temps qu’il pose à nouveau ses yeux à l’endroit où elle semblait se trouver, elle avait déjà disparu.

Maintenant il était trop tard et ils allaient tous mourir.

-----------------------------------------------------------------------------

"ILS SONT LA !!!"

Le cri le tira de ses pensées morbides. Autour de lui chuintait l'acier qu'on tirait de son fourreau alors que la dernière caravane de l'humanité s'apprêtait à défendre chèrement la vie des siens.

La foule était si dense qu'elle n'avait pu s'approcher que de plusieurs centaines de mètres de ce qu'elle avait baptisé la "colline des héros", qui bordait la "sortie". Oui, on baptisait à tour de bras, et c'était ainsi qu'on appelait le passage.

Elle commençait à regretter sa taille de petite fille qui lui permettait de se glisser entre le jambes des "grands". Peut-être en se mettant à quatre pattes...? Oui, l'espace laissé par les bagages lui permettait de se faufiler sans trop se prendre de coup de genoux. Elle s'en était tout de même ramassé un en pleine machoire qui l'avait sonnée quelques instants, assez pour quelle s'affale sur le marcheur suivant, trop hagard pour s'en émouvoir.

Et puis d'un coup, tout s'était figé. Un grondement s'était mis à monter, se rapprochant de plus en plus vite. Personne ne se faisait d'illusion sur son origine : l'arrière pressait l'avant... d'avancer. Quelle qu'en soit la raison, une urgence avait émergé, et elle seule surferait sur les corps compressés, piétinés. Le plus terrible était de sentir la résignation ambiante. Il y aurait des morts, c'était certain. Mais nulle échappatoire à... ce merdier. Mieux valait une bonne grossièreté face à la tragédie en route, non? Pour dédramatiser.
Elle avait gardé son calme jusqu'au moment où bruits et vrombissements s'étaient accordés pour ne plus laisser place à la moindre pensée. A leur ampleur, Trésor aurait cru qu'elle était déjà au milieu de la mêlée. Mais non, la panique n'avait pas encore gagné son rang. Les cris et les pas semblaient monter indéfiniment.

Un jour, lors d'un discours, elle avait entendu un prêtre vanter la beauté de la foule se mouvant à l'unisson. Si elle avait pu, elle se serait probablement demandé si celle-ci avait au moins ce mérite. Une mer de monde en plein ouragan... Dommage que sa condition de goutte ne lui permette pas un tel luxe.

Quand le ciel avait commencé de bleuir, aux toutes premières lueurs du jour, la rumeur de l'armée de monstres en marche avait commencé à arriver à nous, la vibration portant à travers le sol de la vallée et douchant sournoisement l'enthousiasme de la nuit, de nos retrouvailles. Les conversations s'étaient taries et puis nous nous étions levés les uns après les autres et avions remonté la file de caravanes qui avançait encore inexorablement, sans ordre ni sans se grouper. Yarrock était parti devant, volant jusqu'à la première ligne de défenseurs. J'avais marché avec Ellen', en lui tenant la main, en silence et crispé… Un silence de mort.

« ILS SONT LÀ ! » avait alors crié quelqu'un, et ça avait été le signal de départ du chaos.

La tension qui habitait les réfugiés, exacerbée par l'épuisement, la faim, la peur… avait éclaté, hommes et femmes s'étaient mis à mourir, fouetter leurs chevaux et leurs bœufs pour les faire avancer plus vite malgré la foule, se pousser et se piétiner. Pendant la première minute de cette dernière bataille, les Alagaësiens firent plus de mort parmi les leurs que les Créatures des Failles.
J'étais encore trop loin pour le voir directement mais j'entendais le choc des épées, les cris et ça et là une explosion de flammes ou un rocher qui volait m'indiquait un magicien : le combat avait réellement commencé. Je commençai à tirer l'un de mes sabres de son fourreau… avant de jurer et le laisser retomber.

« Il faut qu'on mette de l'ordre dans ce bordel, fis-je à l'intention d'Ellen', sinon toute cette bataille ne servira à rien. »

Je ravalai l'envie de violence, de tirer mes lames et trancher, et sautai sur le dos d'un cheval de trait qui avait réussi à s'extraire de la foule d'Alagaësiens paniqués en ruant et chargeant. Sans une once de douceur j'intimai des ordres à l'esprit terrorisé de l'animal qui se mit à remonter les caravanes au galop, m'éloignant des combats.

« On avance dans le calme ! je me mis à hurler. Dans le calme, tout le monde passera ! »

Étrangement, mes exhortations - des mensonges, au demeurant - ne convainquaient plus tant que ça les survivants.

« DU CALME ET DE L'ORDRE ! »

Les mots amplifiés par magie firent trébucher les réfugiés les plus proches de moi mais cette fois le chaos se calma quelque peu.

* Yarrock, laisse tomber le combat, j'ai besoin de toi.
- Je crois qu'on a besoin de moi ici aussi Laïaga, répondit la voix profonde du dragon d'un ton pressant.
- Si personne ne peut plus avancer dans le défilé, tout notre combat ne servira à rien, répétai-je. J'ai besoin de toi !
-... je viens te récupérer. *

Quelques secondes encore et je voyais la forme émeraude Yarrock s'élever de la zone des combats et remonter la colonne de survivants en rase-motte. La traversée était si longue que la plupart étaient là depuis assez longtemps pour avoir appris à le connaître et j'espérais qu'ils trouvent sa vue plus rassurante qu'effrayante. Je me mis péniblement debout sur le dos du cheval de plus en plus terrorisé et, au moment où Yarrock nous survolait, je sautai et m'agrippai aux écailles de ses flancs et à la selle qu'il portait pour moi, glissai un pied par-dessus son aile pendant qu'il reprenait de l'altitude et finalement me rétablis sur son dos.
Je pus enfin prendre la pleine mesure de la situation. Au nord les combats étaient terribles, les monstres étaient une véritable marée qui faisait presque de l'ombre au fleuve interminable d'Alagaësiens qui fuyaient dans le désordre vers le sud. Mais le défilé était étroit et encaissé, réduisant considérablement l'avantage du nombre, et surtout, ce jour plus que tout autre, personne ne faisait plus grand cas des troubles de la magie, c'était une débauche de sortilèges plus ou moins contrôlés comme je n'en avais plus vu depuis longtemps. Pour l'instant, mes amis tenaient la ligne de front loin de la queue de la caravane, mais c'était un « loin » bien relatif, de l'ordre de la dizaine de mètres.

Je dus me retenir encore une fois de plonger dans la bataille à leurs côtés. La magie crépitait, emplissait l'air de cette odeur crépitante que j'avais appris à reconnaître entre mille ; jamais je n'avais pu la sentir d'aussi loin. Yarrock repassa en rase-motte, relevant une caravane renversée ici, me déposant pour calmer un mouvement de panique particulièrement violent qui menaçait d'endiguer toute l'avancée, et pendant ce temps nous essayions d'organiser le flot, contactant les magiciens qui étaient là depuis le début de l'entreprise, ceux d'entre eux qui n'étaient pas déjà aux prises avec les Monstres, leur donnant des ordres et des indications pour, finalement, réguler l'embouteillage le plus dramatique que l'Alagaësia n'ait jamais connu.

<><><><><>

Au front pendant ce temps-là, il n'y avait, comme dans chaque bataille, plus aucune forme d'ordre. La plupart des défenseurs n'étaient pas des soldats de métier, et malgré l'arrivée inespérée des vieilles légendes qui avaient forgé le pays, malgré aussi les quelques mercenaires et anciens soldats qui étaient restés, le semblant d'organisation que les Alagaësiens avaient tenté de mettre en place avait explosé au contact de leurs ennemis.
Maintenant, c'était un carnage, les lames rencontraient les griffes et les crocs, les dragons tournoyaient et crachaient des torrents de flamme, endiguant et canalisant les Monstres. Les Alagaësiens formaient de petit groupe qui se défendaient entre eux jusqu'à tomber les uns à la suite des autres ; parfois un groupe de Monstres traversait la ligne de front et des magiciens les traquaient et les abattaient.
Contre toute attente le front tenait, les plus puissants mages et guerriers du pays étaient là et pour l'instant faisaient la différence… mais les Monstres étaient innombrables, ils emplissaient le défilé jusqu'à ce qu'il disparaisse à la vue derrière les replis des contreforts des Béors.

Dernière édition par Marek le Lun 9 Mar 2020 - 15:33, édité 2 fois

Par le feu et le sangMarek & Leyra

Ils furent sentis bien avant d'être là. Une horde de monstres en marche, que rien n'arrêterait. Personne n'était dupe ici: ce combat ne cherchait pas la victoire, mais seulement à gagner du temps. Eux, les héros de jadis, réduits à de la chair à canon pour sauver une poignée de réfugiés qui mourraient peut-être quelques jours après leur voyage vers l'inconnu. Une cause désespérée à laquelle ils s'étaient tous résignés, avec le même manque d'entrain.
La première épée fut tirée. Le chuintement de la lame contre le cuir. Puis une autre. Puis une autre. Les premiers cris. Marek ouvrit les yeux. Il était assis en tailleur près d'un feu dont les flammes avaient virées rouge rubis, comme la plupart des foyers autour de lui. Il soupira. Ni lui ni Leyra, dont la tête reposait sur sa cuisse, n'avait dormi cette nuit. A vrai dire, c'était le cas pour très peu de personnes.

"Déjà? soupira la jeune femme.
- Enfin, répondit son mari, qui commençait à remettre ses brassards. Leyra ouvrit également les yeux et se releva en le fixant de son regard azur.
- Tu es pressé de mourir mon amour? Il y avait une pointe d'inquiétude dans ses paroles.
- Cette attente. Cette tension. Je vais finir par tuer tout le monde ici si je ne me défoule pas sur ces machins..."

Leyra décocha un léger sourire, et vint lui caresser la joue de sa main, avant de déposer un baiser sur ses lèvres, qu'il lui rendit, avant autant d'amour qu'il manquait de sourire. Ils se prirent dans les bras, une dernière fois, et alors qu'Elthanyn et Faeryl s'approchaient, ils se levèrent pour finir de s'équiper, au milieu du chaos ambiant et des gens qui courraient.
Armure mise et armes fixées, le couple grimpa sur leurs montures respectives, qui s'envolèrent, dévoilant le spectacle de la bataille à venir. Sous eux, une colonne de civils qui tentaient de fuir alors qu'au loin, bien trop proches au goût de chacun, une marée noirâtre de chair, de crocs et de griffes, dévorait tout sur son passage.
Ils entendirent la voix amplifiée d'un Laïaga qui tentait de calmer les gens.

*On essaie de l'aider?* dit Leyra à son mari, télépathiquement, pour être sûre d'être entendu dans le chaos qui régnait à présent.
*Autant essayer d'arrêter cette horde à mains nues...*

Il talonna Faeryl, et la pygargue géante fonça vers le front, suivie de près par la dragonne d'ivoire et sa cavalière.

Beaucoup trop près. Ce truc était passé beaucoup trop près de son épaule. Voilà que certains de ces monstres tiraient des espèces de jets d'acide à présent! Faeryl faisait des acrobaties aériennes pendant que son cavalier tirait des boules de feu depuis les airs, mais à présent la pygargue se montrait beaucoup plus prudente, et Marek ne pouvait pas lui en vouloir.

*Marek!*

La voix de sa femme éclata dans son esprit. Il la chercha du regard, et la vit, chevauchant sa dragonne, au prise de ce qui ressemblait à trois chauves-souris géantes et difformes. Elle leur décochait des flèches, tirait des éclairs, pendant qu'Elthanyn griffait et crachait ses flammes argentées, dans des positions qui menaçaient de désarçonner sa dragonnière. Les éclairs ricochait sur la peau étrangement chitineuse des monstres.
Faisant foncer son aigle, Marek passa au dessus de la bataille, et sautant, épées en avant, décapita une des chauves-souris, qui commença à amorcer une chute mortelle. C'est là que Marek se rendit compte de l'imprudence de son plan.

"Meeeeerde !" hurla-t-il.

La pygargue, entendant son maître, fonça pour le rattraper en vol. Elle y était presque quand une des chauves-souris, s'étant désintéressée d'Elthanyn, la chargea au niveau du flanc. C'est en regardant la scène, presque au ralenti, de sa monture luttant contre son agresseur, que Marek se rendit compte qu'il ne tombait plus. Il flottait, littéralement, à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol. Il leva la tête, et vit Leyra, la main tendue vers lui, le visage crispé par l'effort, tandis qu'elle utilisait son lien étroit avec la magie du vent pour le rapprocher d'elle et sa dragonne, qui d'un coup de crocs venait d'arracher l'aile de la dernière monstruosité ailée.
Libérée de son agresseur, la dragonne blanche mit fin aux efforts de sa dragonnière et alla attraper Marek au vol, qui se cala derrière sa femme sur son dos.

"Merci... dit-il en posant sa tête sur l'épaule de Leyra. Cette dernière soufflait sous l'effort. Elle tourna la tête vers lui, l'embrassa sur la joue.
- Ne... refait... plus... jamais ça..."

Alors qu'il la serrait dans ses bras, comme pour s'excuser, un cri perçant, déchirant, se fit entendre non loin. Ils tournèrent la tête, juste à temps malheureusement pour voir Faeryl, le ventre ouvert, se faire dévorer vivante par la chauve-souris qui lui avait foncé dessus, ses boyaux et son sang tombant sur le combat en-dessous dans une pluie macabre.

"FAERYL!"

Le flot des pensées de Marek, à présent relié à Leyra et à Elthanyn, s'embrasa. Comme répondant à cette haine qu'elle ressentait presque comme la sienne, la dragonne ouvrit large sa gueule, et déversa un torrent de feu argenté. Les flammes virèrent soudain au rouge à mi-chemin, gagnant en intensité, avant de frapper la créature et son repas, et la pluie de sang fit place à une pluie de cendres.

Des larmes coulaient à présent sur les joues de Marek. Plus qu'une monture, plus qu'un animal de compagnie, il avait perdu une amie fidèle sur qui il avait toujours pu compter. C'était, à moindre mesure, comme avoir à nouveau perdu son dragon...

L’esprit et le regard fixé sur son ancien amant, la drow laissa son corps se mouvoir par lui même alors que les dragonnières se mêlaient au groupe. Quelques secondes à peine plus tard, elle assista à une scène qui, bien que familière, l’enchantait toujours autant. Nimrod s’extirpait du corps de son semi-elfe, et ne mit que quelques secondes à remarquer leur présence. L’instant d’après, il se posait sur l’imposante dragonne, dont un bruit sourd semblable à un ronronnement s’échappa de ses naseaux, décrochant un sourire à Djenka. Dark frotta son museau contre le corps du dragon, soulagée de le voir, et fière de constater qu’il était devenu une puissante créature malgré la touche de corruption en lui.

* Nous sommes bien vivantes, il en faut un peu plus pour en venir à bout de mon elfe ; et soulagées de voir que les dieux nous ont une nouvelle fois menés à vous. Nous n’avions presque plus espoir. Ca sera un grand honneur de voler en ta compagnie pour sauver notre terre, tu es devenu un puissant dragon *

Son regard toujours posé sur Akkan, la drow n’avait pas vu le petit reptile s’approcher d’elle, mais porta immédiatement son attention sur lui lorsque ses écailles vinrent la toucher. Une vague de sérénité remplaça son angoisse permanente. L’esprit de Nimrod étant si similaire à celui de son dragonnier, le sentir et le toucher la calma instantanément. Elle s’accroupit, prit la tête du dragon dans ses mains, vint poser son front contre le sien et murmura :

- Tu ne peux imaginer le bonheur que c’est de vous retrouver, après tant de temps

Elle se redressa, et reporta de nouveau son attention sur Akkan. Leurs regards se croisèrent, et avec un pincement au coeur, elle remarqua qu’il ne semblait pas la reconnaître immédiatement. Elle fronça les sourcils, s’avançant d’un pas vers lui, résignée. Il reprit rapidement ses esprits, l’enlaçant la seconde d’après. Elle se retrouva contre lui, son visage enfoui dans sa nuque, respirant dans sa crinière. A son contact, son odeur, ses sentiments remontèrent à la surface, la submergeant complètement. Malgré ces années de distance, tout ce qu’elle ressentait pour lui était aussi fort et intense qu’au premier jour. De manière presque imperceptible, elle serra un peu plus son étreinte, ne voulant plus le laisser partir. Leur séparation lui avait été beaucoup trop douloureuse, le manque se mêlant à l’incertitude, la peine, la peur de l’avoir perdu à jamais.
Rapidement - trop au goût de la drow - il se recula, et balbutia des excuses. D’un geste vif, elle l’arrêta en posant ses doigts sur les lèvres de l’elfe.

- Shh..

Pourquoi ? L’avoir prit dans ses bras, chose qu’elle désirait depuis tant d'années ? Des excuses, nul besoin. Elle n’en voulait pas. Ils n’avaient, de toute façon, pas le temps pour ça. Elle aurait pu, elle aussi, passer des heures, voire des jours à s’excuser, et expliquer son départ, mais elle ne souhaitait perdre le peu de temps restant pour des choses qui lui semblaient maintenant si futiles.
Délicatement, elle remonta sa main pour la poser sur la tempe du semi-elfe, mêlant ses doigts dans sa crinière. Avec ce contact, elle pénétra dans l’esprit d’Akkan, et en quelques secondes seulement, lui transmit ses souvenirs, en guise d’explication.
Sa blessure peu après leur séparation, qui l’avait plongé dans un état inconscient pendant plusieurs jours. Dark, impuissante, qui l’a ramena au clan d’elfes noirs le plus proche pour la guérir. L’attaque des Premiers Hommes sur le clan qui les força à migrer au nord, toujours plus au nord. La corruption qui avait ensuite entourée le Du Weldenvarden, les enfermant hors de l’Alagaesia. La peur, de ne plus le revoir, la peine qui déchirait son coeur, la haine qu’elle avait contre cette force inconnue qui les séparait. Les dizaines de messagers qu’elle avait envoyé pour le retrouver, en passant par la forêt elfique et d’autres chemins inconnus, probablement tous morts en le cherchant. Sa magie, plus qu’aléatoire qui l’avait empêché de le contacter par importe quel autre moyen. Dark, créature faite de magie, qui avait dû fuir encore plus loin pour échapper à la corruption, et aucune d’elles ne comprenant ce qu’elle était. Et des années plus tard, après avoir eu vent de ce qu’il se passait, sa première pensée étant pour lui. Mort, ou pire, victime de cette force sombre ? Corrompu ? Vivant, ayant fui le continent des mois plus tôt, ou en route pour ce dernier combat ? Et si elle le retrouvait, quel serait son état d’esprit ? La colère de n’avoir jamais eu d’explications pour sa disparition ? Ou pire, l'indifférence totale, l’ayant remplacé, oublié, alors que de son côté, pas un jour ne passait sans qu’elle ne pense à lui ?
Elle relâcha son emprise, un sourire triste se dessinant sur ses lèvres, reflétant son conflit intérieur. Elle aurait aimé le savoir vivant, loin d’ici, mais parallèlement, elle ne pouvait s’empêcher égoïstement d’être heureuse d’avoir pu le revoir, une dernière fois. Il lui avait tellement manqué.

- Profitons de ces dernières heures, comme si ces longues années de séparations n’existaient pas. Je suis heureuse d’avoir traversé ces terres inconnues, et toute l’Alagaesia une dernière fois, si ce n’est pour mourir en sauvant les miens, pour te retrouver.

Dark s'éloigna, laissant les elfes entre eux, et Kaminari et Eluna se retrouver. A son humble avis, l’heure n'était pas aux reproches, mais certains dragons, comme les deux-pattes, pouvaient parfois se laisser contrôler par leurs émotions, et elle ne souhaitait pas se retrouver mêlée à ce genre de situation.
Elle se concentra plutôt sur Nimrod, et les petits dragons qui les rejoignirent peu après. Rapidement, elle comprit qu’ils étaient les petits de Szanghai, une dragonne atypique qu’elle avait eu le plaisir de rencontrer des années plus tôt. Etrangement, les dragons sauvages avaient souhaité combattre en leur compagnie, pour sauver l’Alagaesia. Que ce soit par solidarité ou simple territorialité, le résultat était le même après tout.

Elle posa sa lourde tête sur ses pattes avant, et fixa son regard sur le groupe de deux pattes en rabattant sa queue sur son museau. Leurs attitudes étaient bien étranges en cette veille d’affrontement final, mais rien de surprenant de leur part. Elle ressentait plus que jamais le conflit intérieur de Djenka, son immense bonheur d’avoir retrouvé cette famille qu’elle s'était créé une décennie plus tôt, se mêlant à la fatalité de leur mort prochaine. Etrangement, elle arrivait assez bien à mettre ses craintes de côté pour se concentrer essentiellement sur l’instant présent, cette soirée ensemble, le partage de souvenirs, du passé, et finalement l’expression de leurs sentiments. S’il était un moment pour exprimer leurs émotions, c'était bien ce soir. Avec cette menace du lendemain, les mauvais souvenirs de guerre, ou batailles qu’ils avaient fait ensemble ne leur semblaient plus si sombre désormais.
Une soirée tous ensemble, comme ils en avaient fait des dizaines, cette fois-ci pour célébrer leur terre, leurs vies, leurs exploits et échecs, leurs amitiés, l’amour qui les unissait tous, et donnait cette force infaillible dont ils avaient besoin une dernière fois.

Oubliant toutes ses inquiétudes, Djenka se resservit un verre avant de rejoindre Akkan, determinee a rattraper le temps perdu, et quitter ce monde sans regrets.

* * *

- ILS SONT LA !!!

Depuis des heures déjà, la dragonne guettait l'avancée ennemie, ses yeux d’argent fixés sur les immondices qui s’approchaient lentement, mais sûrement. Allongée sur une plateforme creusée dans la falaise, elle pouvait également observer la foule qui s'empressait et s'agglutinait de plus en plus dangereusement pour rejoindre la brèche, mettant leurs compagnons en péril. Elle s'étira de tout son long, et soupira. Un combat sur deux fronts, exactement ce dont ils avaient besoin.

D’un calme surprenant, Djenka lança un dernier regard vers la caravane des survivants, et continua d'avancer vers ce qui serait le front de cette dernière bataille. Autour d’elle, les dragonniers s’agitaient, certains préférant rester avec leur compagnon, d’autres se séparant, que ce soit pour affronter les envahisseurs, ou mettre de l’ordre dans les rangs. Dark se posa à quelques dizaines de mètres, et s'avança du petit groupe au moment ou Marek et Leyra décollaient.

- Je reste à terre. Avec une magie relativement limitée, je serais plus utile aux armes. Et les humains auront probablement besoin de renfort.
Sage decision, bien qu’elle ne m’enchante pas plus que ca.
- Ne t'éloignes pas trop.
Jamais

Elle frotta son museau tendrement contre sa dragonnière, et sans un mot, décolla. En quelques battements d’ailes, elle avait rejoint ses frères et soeurs d’armes. Au sol, beaucoup d’humains non entraînés aux arts du combat tentaient tant bien que mal de tenir. N’ayant plus grands choses à perdre, ils se donnaient corps et âmes pour cette dernière bataille, dans l’espoir de survivre un autre jour, et peut être entamer une nouvelle vie. Etrangement, l’espoir vain des deux-pattes la contamina, et avec un effroyable rugissement, plongea vers ces créatures qui avaient volées ses terres, sa vie, son futur. Un puissant jet de flammes s'échappa de sa gueule, son mauve se mêlant aux sombres couleurs des créatures. Bien que n’ayant pas l’effet qu’un feu draconique aurait dû avoir sur des hommes normaux, ils y étaient vulnérables. Satisfaite, Dark concentra ses efforts sur des groupes relativement isolés pour ne prendre le risque de blesser les Alagaesiens. Très souvent, elle prit de l’altitude pour les survoler, et cibler des créatures qui forcaient les rangs, soulageant les humains. Soutenir les soldats était primordial, autant pour leur moral, que pour leur survie.

Au sol, non loin de la, Djenka était mêlée à un chaos total, entre ennemis et alliés, ayant parfois du mal à les distinguer dans la frénésie du combat. Les créatures corrompues émanaient d’elles une sorte d'étrange magie qui les rendait pourtant uniques. Cette vague de corruption affaiblissait la drow, la submergeant. Sans vraiment comprendre comment, se protéger de cette présence néfaste la fatiguait beaucoup plus qu’elle ne devrait
Ne pouvant se reposer entièrement sur sa magie qui était dorénavant trop instable, Djenka avait passé ses dernières années à étudier et travailler une magie plus ancienne, que les drows pratiquaient toujours. D'Ancestrales runes décoraient ses armes et son armure de cuir, liée à son énergie et celle de Dark, canalisant leur magie, se déclenchant d’elles mêmes, ou par l’ancien langage. Bien plus efficace et sûr en ces temps incertains. Les drows étaient même allés jusqu à en graver sur les écailles de la dragonne, pour etre prets a affronter tous les dangers.

Une longue épée de dragonniers dans chaque main, Djenka tranchait toute corruption qui s’approchait de près ou de loin du groupe d’humains qui l’accompagnait. Son agilité lui permettait de parer la plupart des attaques, mais elle s'étonnait de la puissance de ses ennemis, qui égalait la sienne, et la surpassait parfois. Sans communiquer son inquiétude, elle se demandait comment de simples humains pouvaient encore leur faire face, mais bien que faiblement, ils tenaient, habités d’une rage sans égal. Furtive, elle serpentait parmis les rangs, offrant le coup d'épée fatal, bondissant entre les humains pour achever leurs cibles, les gardant en vie ne serait-ce que quelques minutes de plus. Égoïstement, elle garda pour elle les créatures les plus imposantes, appât volontaire pour donner un peu plus de temps aux Alagaesiens. Par chance - ou bien était-ce une quelconque stratégie du camp adverse ? - ses adversaires étaient pour la plupart des humanoïdes, ou de gros animaux, tous déformés, agressifs, victimes de cette corruption qui les contrôlait. Un défi, mais rien que l’elfe ne pouvait surmonter.

Les minutes passèrent, meurtrières et menaçantes. Au loin, Djenka pouvait entendre et reconnaître les cris de ses amis, et pour l’instant, rien de trop alarmant. Achevant ce qui semblait être un félin, qui faisait bien deux fois sa taille, elle s’accroupit au sol, reprenant son souffle. Recouverte de sang, transpiration, et cendres, elle regarda avec effroi le champ de bataille. Le groupe de soldats avec qui elle combattait avait réduit de plus de moitié, les corps des humains gisant au sol, mélangés aux créatures corrompues. Aveuglée par ses propres combats, elle n’avait même pas vu, ni senti les hommes mourir. Un faible sentiment de culpabilité l’envahit, et elle se promit de faire plus attention, bien que n'ayant que très peu de contrôle sur ce qu’il se passait. Cette bataille n’avait rien d’une guerre comme les autres, ou les humains étaient les siens, qu’elle pouvait diriger, protéger.
Comme pour confirmer ses pensées, un cri, qui n’avait rien de ce qu’elle avait pu entendre par le passé, retentit au dessus d’elle, suivit d’une effroyable sensation de brûlure. Autour d’elle, les hommes hurlaient, un son à glacer le sang, pendant que leur peau fondait sous les yeux de la drow. D’un geste, elle se retourna, et se retrouva face a face à un immense reptile. Un serpent, presque aussi long que Dark, la surplombait, la gueule ouverte dévoilant ses crocs menaçant, la tête en arrière, prêt à bondir. L'étrange collerette qu’il avait autour de la gueule se mit à vibrer, signalant qu’il utilisait une nouvelle fois son venin, et Djenka bondit à la dernière seconde pour l'éviter. Ses enchantements l’avaient protégé une fois, mais elle préférait ne pas compter dessus. La créature jaillit, et attrapa dans sa gueule l’elfe en plein vol, enfonçant ses crocs dans sa chair, lui arrachant un hurlement de douleur. Ignorant l’effroyable sensation de brûlure qui envahit son corps, elle fit pivoter son poignet et planta une de ses épée dans la gueule du reptile, qui la relâcha instantanément. La drow s'écrasa lourdement au sol, trop faible pour bouger. Avec horreur, elle regarda la créature s’approcher. Son corps tout entier se paralysa, de douleur, du venin, alors qu’elle continuait de se vider de son sang la ou le serpent l’avait mordu.
Elle rassemblait ce qui lui restait d'énergie pour tenter de l’achever par magie, lors qu’une ombre passa au dessus d’elle, un grondement de défiance et de haine retentissant. La seconde d'après, Dark toujours en vol, saisit dans sa gueule la créature corrompue avant de s'écraser au sol, rabattant ses ailes brutalement, et déversant un jet de flammes meurtrières. Elle fit claquer sa mâchoire d’un coup sec, coupant en trois le corps de l'étrange serpent, qui n'était désormais plus une menace pour personne.
Reconnaissante et soulagée, Djenka reposa sa tête sur le sol, reprenant ses esprits. La dragonne se rapprocha de son elfe, la protégeant de toute menace pendant qu’elle soignait ses blessures, ce qui lui prit plus longtemps qu’elle ne l’aurait voulu. Soudainement exténuée, elle puisa dans ses pierres l'énergie nécessaire pour continuer. Sans Dark, elle n’aurait probablement pu venir à bout de cette créature corrompue, et elle réalisa avec effroi que des centaines d’autres arrivaient. Elle se releva difficilement, son corps pleins d’entailles superficielles, et vint s’appuyer contre sa dragonne, profitant de ces quelques secondes de calme, s’enveloppant de l’amour et la puissance de Dark, ce qui lui donna suffisamment de force pour continuer.

Le cri de Marek, un mélange de surprise, douleur, et haine, la sorti de sa torpeur,et la ramena douloureusement à la réalité. Effrayée, elle regarda autour d’elle, cherchant la source de la détresse de son ami. Les humains du petit groupe de soldats qu’elle accompagnait étaient tous morts et désintégrés. Elle avait cherché à les protéger, sans même se demander où étaient les siens. D’un bond, elle se positionna sur le dos de la dragonne, cherchant désespérément un visage familier dans le tumulte de la bataille. Étant tous plus ou moins liés dans cet ultime combat, si l’un d’eux était en danger, elles l’auraient sentis ? Hally, Akkan, ou même ceux dont elle était moins proches? Déterminée, elle abandonna les dizaines de corps, pour partir à leur recherche, et se battre à leurs côtés. Quitte a mourir ici, elle le ferait en leur compagnie.

L'endroit empestait tout un tas d'odeur et Szanghai le sentait encore plus que les quelques elfes présent. Même ses petits, d'habitude si curieux et qui seraient déjà en train d'aller voir tout le monde en frétillant d'excitation, restait auprès de leur mère. Ce serpent de réfugié sans faim, avançant avec l’énergie du désespoir, les bêtes de sommes que seul l'instinct de survie animait encore leur corps semblait sans fin et n'accordait presque aucun regard aux dragons présent. En temps normal, ils les regarderaient avec crainte et admiration. Mais aujourd'hui, il ne s'agissait pas d'un temps normal. Une pensée folle lui vint alors. Elle en rit joyeusement, sous le regard de Moïrya et Kolaghan. Le destin avait fait en sorte qu'elle puisse éclore a temps, avant tout ce foutoir. Le destin avait décidé, dans la précipitation de lui faire vivre la vaste palette des choses qui peuvent arriver dans une vie de dragon. Naitre faible, être abandonnée, devenir dragonne de dragonnier, plusieurs fois, redevenir une fière dragonne sauvage, avoir un partenaire, une famille. Et aujourd'hui...aujourd'hui, tout cela allait s’arrêter. Son cœur se trouvait meurtrie, comme si on lui arrachait ce qu'elle avait de plus précieux. Elle devait mettre fin a cela et parler a ses petits.

* Écoutez moi bien. Ici, cela va devenir très dangereux. Votre place n'est pas ici, elle ne l'est plus. Vous en êtes je pense déjà conscient. Je vous est élevé tous les deux afin que vous sachiez vivre par vous même, je vous ai appris a chasser, a pêcher et a vous battre. Mais maintenant, vous allez faire une chose de totalement nouveau. Vous allez suivre ces deux pattes et vous ne revenez pas...NON Kolaghan! Tu vas obéir. Regardez ces deux pattes. Ils vont avoir besoin de protecteur sur ces nouvelles terres exempt de pourriture. Ils vont avoir besoin de sources d'inspirations. Aidez les mais ne soyez pas leurs serviteurs. Vous êtes des dragons libres, leur nouveau foyer a aussi besoin de dragons et je me doutes que certains y sont déjà. Restez ensemble le temps que les choses se stabilise la bas. Je vous rejoindrais plus tard, je vous retrouverais et on sera a nouveau une famille unis. Allez maintenant, volez de vos propres ailes. Ne vous retournez sous aucun prétexte.*

Pour la première fois, Szanghai mentait a ses petits. Elle savait que son destin n'était pas sur ces terres nouvelles. Elle devait rester pour combattre et tenir le plus longtemps possible. Par fierté, la fierté toute draconique, elle savait comment elle voulait finir. Elle enlace tendrement et longuement Moïrya et Kolaghan. Elle avait portée et pondu deux magnifique petits. Sa fierté, son bonheur, ils devaient avoir un nouveau départ, un futur. La jeune mère vit dans leurs yeux qu'ils savaient son choix, son vrai choix. Un coup de langue sur leurs joues puis d'un geste du museau, elle leur intime l'ordre de partir maintenant.

Quelques minutes passèrent, qu'elle passe a les regarder partir au loin. Une larme lui vint aux yeux, rare spectacle d'un dragon pleurant et comme un coup de fouet, l'alerte sonne. Son destin s'approchait comme une proie venant vers elle tapit dans le buisson. Elle devait aller demander quelque chose a Ellenwen avant d'aller se battre. Si elle devait mourir ici, en aucune manière la dragonne dorée ne voulait qu'une seule poussière de son corps ne soit récupérée par ces immondes créatures. S'approchant de l'elfe chef de meute, elle salue Finwe d'un coup de langue, lui ébouriffant le poil et s'adresse alors a l'elfe.

* J'ai besoin d'un petit service Ellenwen chef de meute. Pourriez vous me donnez un sort a utiliser quand je jugerais le moment opportun? Je ne sais pas pour vous ou les autres mais je refuse qu'un seul minuscule morceau de mon corps ne soit utilisé par cette horde maudite. Or, il parait que chaque cellule de notre corps peut être convertie en énergie pour créer une explosion. Je veux en emporter un maximum avec nous tous en une fois. Comme l'a fait cet elfe autrefois lors de la chute des Dragonniers. *

Étant ainsi piégée, Szanghai était en paix avec elle même, l'esprit complétement clair malgré la peur qui vous prend au cœur, malgré l'instinct qui lui disait, lui hurlait de rejoindre ses petits. La masse d'ennemi était telle qu'une fois dans la mêlée, chaque pas, chaque coup de patte, de queue fauchait des ennemis. Ce n'était même pas du combat se dit t'elle. Juste un immense charnier. Même aveugle, elle aurait put faire la même chose. C'était donc un combat d'endurance, elle tachait d'aller aider un groupe de défenseur a un autre quand le besoin s'en faisait sentir.

Akkan avait craint beaucoup de chose et la première était que son amante ait changé. Il était passé par tant de tristesse et de sombres pensées que les quelques instants dont il profita à son contact lui rendit son énergie aussi bien que son sourire. Cette terre lui avait pris beaucoup de choses, mais elle avait été capable aussi de lui rendre le sourire à de nombreuses reprise. Et c'est donc avec grand plaisir qu'il sentit ses bras lui rendre son étreinte et même s'il se sentait idiot, l'index de la drow posé sur ses lèvres finit de le calmer et de le rassurer. Des milliards de questions lui passèrent en tête, comme les tempêtes sur le Hadarac.

Le seul contact de ses doigts sur son visage et la vue de ces deux pupilles dorées finit de le convaincre qu'il ne s'agissait en aucun cas d'une illusion, mais bien de la seule et unique personne pour qui il avait retourner l'Alagaësia entière. Le contact de son esprit le laissa en transe, en extase, il se sentait de nouveau lui-même, il sentait désormais qu'il n'accepterait plus que de mourir à ses côtés. Rien ne déchirerait le lien qui se tissait à l'instant. Le lieu, les épreuves passées et à venir et la mort proche, ne serait que l'avènement de leur histoire.

Il suivit les souvenirs de la drow avec tristesse, il ressentait enfin le plaisir de son retour et comprenait petit à petit son long voyage et ses peurs. Ses sentiments trouvaient un écho puissant chez lui qui javait vécu pareil angoisse. De nombreux évènements avaient émaillés cette séparation, l'arrivée des Premiers Hommes, l'apparition de la corruption et des failles. Les premiers Stryges et le lent désagrégement de la magie, le délitement des Etats, des empires, des villes et villages. Le lent processus qui les avaient amenés en ce lieu, en cette fatidique journée.

Akkan lui fit part de ses propres souvenirs, les courses aux quatres coins du continent, à la recherche de la moindre rumeur pouvant coïncider à sa description ou à celle de Dark, les batailles sans relâche contre la corruption, les recherches pour sauver la nature et l'environnement, les déceptions et enfin les pertes. D'abord son père qui avait été déraciné du DuWeldenvarden et qui avait tenté de se faire une place au Surda avant d'être retrouvé en partie dévoré dans les ruelles de la capitale, puis sa soeur alors qu'Akkan tentait de l'amener en lieux sûr. Et alors qu'il lui semblait que plus rien de bon ne pouvait découler de cette terre, cet appel ... L'appel de ceux qui ne peuvent renoncer sans un dernier combat. Nimrod à ses côtés, ils avaient fait le chemin jusqu'ici, avec le seul espoir de mourir parmi ceux et celles qui le connaissait.

Les mots qui sortirent de sa bouche était doux et amère, profiter de ce temps ensemble, alors que nous savions que qu'il ne resterait que des cadavres. Akkan eut pour la première fois de sa vie envie de fuir, de quitter la folie de cette terre avec elle. Mais il ne pouvait vivre en sachant que sa famille, avait péri ici.

- Ce sont d'excellentes paroles, je suis comblé de me battre une dernière fois à tes côtés. Ces quelques heures de répit sont plus que je n'ai jamais espéré.

Nimrod quant à lui observait cette foule avec délectation, retrouvant nombre de ses congénères et trouvant une grande diversité dans sa race. Sa propre apparence n'avait rien d'étrange parmi tant de variété, seul sa taille faisait pensé à sa jeunesse, car son esprit était désormais celui d'un adulte. Il fit le tour des grandes personnalités de sa race, leur présentant ses respects, Kaminari, Szanghai, et tout ceux qui étaient présent. C'était étrange, toute cette force réunit au même endroit dans un seul but. Les deux pattes semblaient prendre plaisir à cette réunion et Nimrod qui avait quasiment vécu uniquement au contact d'Akkan avait gardé un esprit très proche des humanoïdes. Ses congénères le fixait parfois avec surprise, bien qu'il ne fut pas le seul à avoir développer une pensée proche des bipèdes.

Akkan passa la soirée au sein de cette grande famille et c'est avec un grand plaisir qu'il pu passer la plus belle nuit de son existence.

***

Le réveil fut difficile, mais les cris avaient déjà retentis, nous étions nombreux sur le qui-vive, armes et armures prêtes. Nimrod était déjà partis en éclaireur, son agilité lui permettant de se faufiler jusqu'au première ligne sans craindre d'être attaquer. Laïaga tentait déjà de reprendre le dessus sur la peur qui avait gagne bon nombre des civils. Je n'avais pas réfléchis que déjà je m'élançait vers la ligne de défense armé de mon éternel marteau à deux mains.

Nimrod déjà sur le front avait démarré les hostilités, sa petite taille le protégeait de la plupart des créatures, humanoïdes ou animales, celles-ci n'ayant que faire d'un petit animal. Une erreur que ne cessait de leur rappeler le petit dragon, se faufilant entre les pattes et jambes des horreurs broyant d'un coup de mâchoire un tibia, montant sur les flancs d'une créature pour lui rompre le cou. Les horreurs s'inquiétaient trop tardivement de ce petit dragon, celui-ci protégeant efficacement les rangs des survivants.

- Akkan, j'ai besoin de ton aide, ici, les survivants se font démolir !
- Je suis en route, la foule est dense et il me faudra un peu de temps pour te rejoindre.

Akkan bousculait les gens sa stature lui permettait de voir par-dessus la plus grande partie de la foule et il fendait la foule, les gens poussant des jurons sur son passage. Il voyait d'ici le ballet aérien des combattants et craignait pour la vie de ses compagnons. Il vit la chute fatale de Marek et son sauvetage in extremis par sa compagne. Et Laïaga chevauchant Yarrock et calmant les réfugiés.
Il sut qu'il atteignait la ligne de front quand il atteint les blessés qui fuyait, il ne pouvait leur demander plus. c'était la bousculade, les combattants tentaient de retenir les créatures toujours plus nombreuses, celles-ci ne cherchait même plus à se battre elles passaient simplement en force, le nombre leur permettait de passer outre la défense, les écrasants sous le poids de créatures toujours plus nombreuses.

Akkan se jeta alors dans la mêlée avec une rare férocité, ses puissants coups de marteau brisant l'échine des créatures les plus grosses, il laissait soin a ses compagnons d'armes de se débarrasser des créatures plus chétives, sont marteau ne convenant pas. Ce qui devait être un ours se dressa sur ses pattes arrières et d'un coup de patte, broya un elfe et projeta le bouclier d'un défenseur à plusieurs mètres de lui. La ligne rompu par cet assaut, Akkan s'élança pour prendre la place du pauvre et projeta son marteau contre le bassin de la bête. Un bruit d'os brisé et de chair broyé se fit entendre et la créature poussa un hurlement à faire frissonner les plus courageux avant de s'affaler au sol. Akkan ne lui laissa pas le temps et l'abattit d'un coup de masse sur le crâne, broyant la tête de la bête.

Akkan releva la tête à temps pour voir un loup se jeter sur la queue de Nimrod, le dragon siffla sa fureur avant de se retourner et de cracher un petit feu concentré qui brûla l’œil de la créature et s'enfonça dans le crâne de créature. Celle-ci hurla de douleur avant de s'effondrer. Akkan se jeta sur une assez grosse bête qui s'apprêtait à broyer Nimrod et sauta sur le dos de celle-ci étranglant la créature avec le manche de son marteau. La créature tenta d'attraper Akkan alors que Nimrod se faufila entre ses jambes griffant et mordant les pattes de la créature et la forçant à s'occuper du petit dragon. Akkan relâcha alors son étreinte et se laissa tomber pour reprendre ses appuis. Il repoussa une attaque de la créature avec le manche de son arme et dégagea l'attaque déstabilisant la créature, Nimrod grimpa sur le dos de la créature pour mordre la nuque et Akkan percuta la tête de la bête avec son marteau avant de frapper au tronc la créature broyant côtes et équivalent au passage. La créature bava un sang noirâtre avant de s'écraser au sol.

Une bête immense percuta Akkan avec sa queue et le projeta dans les défenseurs. Sonné il s'aida de son marteau pour se relever, les miliciens l'aidèrent à se relever, plusieurs avaient chutés avec lui, parfois avec un membre brisé. Akkan vit l'ampleur de la tâche ... Cette bête qui n'était pas la dernière faisait 4 à 6 fois sa taille et bien 10 fois son poids, un bon dragon adulte serait de taille, mais pour les fuyards ...

Des hommes, des femmes, des enfants. Des milliers d'entre eux, rassemblés, au même endroit. Ellenwen en avait la tête qui tournait, à mesure que cette multitude était rejointe par des têtes connues. Elle ne comptait plus les rires, les larmes, les engueulades, les poignées de main, l'alcool et la nourriture qui passaient de main en main. Elle ne comptait plus les longues embrassades qu'elle distribuait, un vague sourire émerveillé aux lèvres. Les heures n'étaient pas des heures. Elles étaient suspendus dans un temps qui était trop court et trop long, qui s'éternisait un instant avant de filer. Elle avait vu d'anciens amants se retrouver et s'embrasser, d'anciens amis s'insulter et se pardonner. Elle ne s'étonnait plus de rien. Son esprit était prêt à dériver, noyé dans la masse d'informations qui s'échangeaient et qu'elle essayait d'attraper pour ne rien perdre de ces précieux instants. Seuls Laïaga et Finwë la retenaient, ancraient son esprit dans ce tourbillon. Elle sentait que, malgré elle, un peu de ce qu'elle avait été revenait. Elle souriait, retrouvait les gestes apaisants d'une guérisseuse, la politesse d'une reine, la solidité d'une guerrière. Ils allaient mourir. Tous. Aucun ne partirait tant que tout ne serait pas fini et rien ne serait fini tant qu'ils ne seraient pas morts pour refermer la brèche.

Max y croyait-il encore ? Elle ne le pensait pas. Il savait qu'il ne pourrait faire effondrer la brèche à lui seul. Il savait qu'il ne suffirait pas d'un éboulement et que, quelle que soit son affinité avec la terre, il ne pourrait défaire des mois de travail effectué par les plus grands magiciens. Car il ne fallait pas juste la combler. Il fallait créer une nouvelle montagne pour sceller à tout jamais la brèche et les vallées avoisinantes. Personne ne comptait survivre. Elle en était certaine. Mais tous se battrait comme s'ils en avaient l'espoir. Elle souriait. Ils étaient tous fous.

Seule l'arrivée de Szanghai, qu'elle avait perçu de loin, lui arracha un pincement au coeur. Elle avait ses petits, elle les avait laissé. Pourquoi elle plus que tous ceux qui laissaient leurs enfants l'émut-elle ? Elle ne saurait le dire. Peut-être parce que pour elle la décision n'avait jamais été prise dès le départ. Szanghai n'avait jamais voulu être une héroïne. Et pourtant elle le deviendrait. Elle frotta sa tête contre le museau de la dragonne et la regarda gravement.

- Je te le promets, Szanghai. Nul ici ne servira la frénésie de ces êtres.

L'aube se levait.

*****
- ILS SONT LA !

L'aube était là. Les monstres aussi.

Au cri lancé, ce fut un immense frisson qui parcourut la foule. Ce fut un choc et un vent de panique. Atterrée, Ellenwen vit hommes, femmes et enfants mourir écrasés par la foule, sous les sabots d'un cheval, le dos brisé par la roue d'une charrette. Elle vit les combattants lever les armes et se résigner à tenir. Pas un n'était fier, comment auraient-ils pu l'être ? Ils étaient là, parce qu'ils n'auraient pu aller nulle part. Ils tiendraient, parce qu'il ne leur restait plus rien à faire. Le chaos était de retour dans la tête qui l'elfe qui resta médusée quelques instants. Tout allait trop vite, se bousculait sous ses yeux, agressait ses oreilles. Elle vit une stryge se dresser face aux siens, pour défendre la terre qui l'avait accueilli et que les siens souillaient. Elle lui effleura la main, la remerciant du regard de cette étrange et dernière surprise. Elle vit Djenka, Dark, Marek et Leyra se préparer pour le combat. Akkan. Ce fut Laïaga qui la sortit de son état lorsqu'il lia son esprit au sien, accompagnant ses mots de pensées. De l'ordre dans le bordel. Elle avait toujours été douée à ça.

Laissant les siens courir au combat, Laïaga talonner un cheval, l'ancienne reine s'assit au milieu de la cohue, plantant ses doigts dans la terre. Il était une magie que la corruption avait épargnée. Une magie aussi ancienne et profonde que les runes des Premiers Hommes. Le chant des elfes. Où qu'ils soient, ils l'entendraient, le reprendraient. Arbres, herbes folles, fleurs, tout ce qui s'accrochait et croissait dans ce désert de pierre le reprendrait. Alors Ellenwen chanta, la voix amplifiée de magie. Elle chanta pour le calme et le courage. Pour la décision, l'audace et la retenue. Elle entendait, en écho, le chant repris par quelques gorges d'elfes, d'humains et de Premiers Hommes sensibles à ses harmonies. La foule s'apaisait. Elle n'était pas calme. Comment l'aurait-elle pu ? Mais peu à peu, elle semblait trouver de l'ordre et de la discipline, comme un cheval effrayé qui se concentre sur le but à atteindre sans écart inutile.

Ellenwen chantait, attendait où Laïaga reviendrait pour l'amener jusqu'au front, à cinq cents mètres, un kilomètre de là tout au plus, à l'étroite entrée de la vallée pour endiguer le flot jusqu'à ce que la brèche n'avale son dernier réfugié.

Lumiere…. Tenebre….
Vie…. Mort….

Des significations diamétralement opposées qui sont pourtant liées a jamais et il suffit d’un pat, d’une griffe, d’une seconde pour basculer de l’autre côté….

Bientôt l’un de ces thermes allait avoir plus d’importance que les autres de façon irrévocable….

************************************

Alors que Kami attendait ELuna pour ensuite lui parlait. Bien des choses se produisaient. Certains continuaient de se battre, d’autres se retrouvaient, les derniers profitaient autant qu’ils pouvaient des derniers moments calmes. Il y avait tant de chose à dire, tant à faire et si peu de temps. La nuit passait beaucoup trop vite…. Comme les dernières années en faites….

Occuper ou suffisamment trop seins d’esprit pour tenter le suicide. Jusqu’à présent personne n’avait osé toucher ou même approcher de la pierre précieuse qu’avait déposé le dragon corrompu. L’ELundari n’avait pas bouger d’un millimètre et Kami ne comptait le reprendre que si cela était réellement nécessaire….

Par contre durant son tète a tête avec son actuelle, ou ancienne, amante. Le dragon avait été surpris de voir une consœur arriver. Szanghai…. Que faisait elle ici accompagné de ses petits ?! Le mâle noir connaissait bien les dragonnets les ayant vue presque éclore. De plus ils avaient passé tout leur temps en compagnie de Ciela et Shiron…. Revoir les jeunes et leur mère ne déranger pas bien au contraire…. Mais pas dans ses conditions ! La famille aurait dû quitter le continent ! Rien ne les retenait ici alors pourquoi être venue en ce lieu ou seule la mort attends ceux qui décide de rester !

Kami allait faire part de ses pensées jusqu’au moment ou il croisait le regard de la dragonne dorée. A partir de là l’esprit du mâle sauvage c’était vidé… Elle était venue pour se battre et en finir elle aussi… Alors qu’elle aurait pu fuir avec les siens. Elle avait elle aussi choisie la voie de l’affrontement…. Aucun doute. Elle était prête à mourir au combat ! Szanghai allait donc rejoindre ceux qui lutterai pour la survit des leurs et ceux des autres espèces…. Aussi pour ne pas trop alarmé Kolaghan et Moirya. Kami souriait en les saluant et en leur promettant que Shiron et Ciela les rejoindront plus tard…. Personne n’était dupe. Surtout les deux dragonnets dorés. Mais il fallait être fort. Pour eux, pour les autres. Pour nous-mêmes….

Laissant ensuite la famille sauvage poursuivre leur chemin. Kami regardait les alentours ainsi que sa la belle ELuna. Devant lui se produise diverses seines importantes ou touchantes…. Cela renforcer sa conviction qui jusque-là était effacer par une épaisse couche de colère, de haine et de vengeance….

**********************************

-Ils sont là !

Kami avait bien sur attendu le cri, mais ce n’était pas cette nouvelle qui lui avait appris que l’heure était venue. A l’intérieur de lui il avait ressenti la présence des bestioles corrompu. La sensation était forte mais il refoulait cette envie de se jeter sur les survivants….

Au même moment tout s’agitait. Ceux décidé à se battre rejoignait l’arrière du convoie alors que les autres se précipité pour avancer écrasant presque les leurs…. La race humaine et celles similaires semblaient si faible et primitive dans une telle situation…. Valaient-elles réellement le sacrifice ultime ? Ne fallait-il pas en finir pour de bon, mais avec ces individus plutôt que la corruption elle-même ?

Comme pour répondre à l’interrogation secrète du dragon corrompu. La voie du gardien de la terre retentissait. Il s’excusait pour son absence et signaler qu’il était prêt à donner sa vie pour protéger tout le monde…. A cela s’ajoutait ceux qui voulaient protéger leur famille. Sans forcément avoir de l’expérience de combat. Ils prenaient les armes. De plus tous les autres grands noms, regroupaient ici, s’organisaient pour défendre les survivants ou les guidés en sécurités.

Voilà le genre de chose qui réchauffait l’âme noir de Kami. Ce dernier avait souvent douté de lui-même. Mis à plusieurs reprises la légitimité des hommes en doute. Il les tenait même pour responsable de son malheur et du chaos sur le monde. Son esprit et son être lui disait d’éradiqué l’infection qu’ils étaient. Mais quelque chose au fond de son cœur le poussait à continuer le combat avec eux malgré tout ce qui c‘était produit…. Laissant libre cours à ce qu’il était devenu, son corps se nappait de la même noirceur des créatures. Son être se retrouvait bientôt baigne dans un voile nuageux de corruption typique de strydges…. Avec un sourire ironique il lâchait…

-Tant que le tonnerre continuera à gronder. Je serai là pour éclairer cette obscurité….

Une phrase que lui seul comprenait surement mais qui avait de l’importance. Elle lui rappelait sa mère qu’il n’avait pas eu d’autre choix que de la tuée afin d’abréger ses souffrances éternels….

****************************

Kaminari survolait la bataille comme beaucoup d’autres dragons. La seule différence est que lui libérait un souffle électrique plutôt qu’enflammé. Sans réellement savoir si l’électricité avait plus d’efficacité que le feu. Il ne ménageait pas ses efforts pour détruire ses cibles. Toutefois il visait des zones sans aucun rescapé. Non pas qu’il ne cherchait plus à protéger ceux encore vivant mais ainsi il n’avait pas a faire la distinction entre les « ennemies » et les « alliés ». Par contre il y avait plus de mochetés volantes qu’a leur apparition lors de la guerre avec les premiers hommes !

Aussi nombreuse qu’une volée de corbeau, mais bien plus grosses et rapide, les créatures corrompues ailées étaient un réel danger en vol comme au sol. Elles attaqués en bande les dragons et hommes avec le même acharnement faisant ainsi des ravages…. La priorité de Kaminari changeait donc et il cherchait à détruire ces choses en premiers.

Manœuvrant du mieux possible pour en prendre certaine de vitesse. Il croyait constater quelque chose. Bien que dangereuse et mortelle. Ces trucs semblaient visés en priorité les individus dépourvus de magie ou d’élément non naturel. Une simple idée mais sur les quelques-unes qu’il avait réussi à foudroyer. Elle visait surtout des guerriers normaux ou isolé sans défense. Elles n’avaient pas réellement cherché à s’en prendre aux mages !

Gardant ça pour lui car c’était trop tôt pour l’affirmer. Kami manquait de peu de percuter de plein fouet un assaillant. Il avait évité de justesse pour ensuite la grillée littéralement. C’est à ce moment-là qu’il remarquait en dessous de lui un truc énorme et affreux aux prises avec des bipèdes. Il avait pris pour objectif de neutralisé les forces aériennes ennemies. Mais là il devait intervenir sinon cela allait être un massacre au sol !

Pliant ses membres il allait s’écrasé sur cette grosse masse. Enfin s’écrasé… Il allait amortir sa chute en dépliant ses ailes tout de même et s’appuyait sur la bestiole pour ne pas se tué bêtement…. Cela fut plus ou moins un succès… Occupé par les individus au sol et cherchant à les attaqués. La bébête ne l’avait pas vue venir mais elle était plus costaud que prévu ! Le choc produisait donc un son brutal qui projeter les deux êtres corrompues a quelques mètres l’un de l’autre. Sonner il avait fallu quelques secondes a Kami pour se remettre tout comme sa futur victime ! Une fois a peu prêt stable. Le dragon libérait un souffle électrique aussi mortel que possible tout en se jetant sur elle. S’en suivait alors un combat a l’aide de la force brute et des armes naturels.

Combien de temps avant que les deux combattants ne se calme. Des secondes ? des minutes ? Impossible à dire. Après plusieurs rouler boulet et quelques portés. Kami avait réussi a maintenir le crane de son adversaire et a l’aide des épines dorsales de sa queue au niveau du cou pour tout trancher, il avait séparé la tête du reste du corps dans un grand cri d’agonie poussait par la bestiole.

Le corps inanimé s’écroulait d’un coup alors que le dragon restait figé quelques secondes. Il respirait fortement et il était couvert de sang, autant du siens que celui de cette chose hideuse mais impossible d faire la différence car les deux étaient aussi sombres que la nuit…. Il était blessé c’est sur mais fort heureusement il n’allait pas succomber de suite et ses ailes n’avaient pas morfler….

Ce n’est qu’après qu’il remarquait qu’on l’observait attentivement et dans ceux qui l’entourait se trouver Akkan… ça pour une surprise…. Une connaissance ! Mais la joie, si on peut dire, fut courte. Un cri de rage retentissait et Kami l’avait reconnu. Marek ! Que c’était-il passé ?! Cherchant brièvement, le dragon ne voyait pas le gardien feu. Son intention se reportait donc à nouveau sur l’elfe.

-AKkan…. Tout va…. Bien ? j’ignore si c’est vrai ou non…. Je crois que les plus petites cherchent à s’en prendre uniquement au démuni ! Les plus grosses sont réservé à ceux plus dangereux !

Une information qui n’en était peut-être pas une. S’il n’était pas le seul à le constater cela était possible…. Mais en parlant de gros truc. Une masse noire et épaisse attirer de nouveau le regarde du reptile volant. Haut dans le ciel et encore loin de la zone de bataille. Quelque chose d’immense approchait doucement mais surement !

-Je n’aime pas du tout ça…

Spoiler:

*Ça sent vraiment le moisi hein ? se dit Dandelo à lui-même.*
Le bretteur n'avait aucune aptitude à la communication mentale. C'était même plus que ne pas en être capable : il y était absolument fermé, et donc bien évidemment, le discours de Max, et même beaucoup de ce que s'échangeaient les magiciens sur le front, lui passait au-dessus de la tête. C'était handicapant, mais il compensait cela par une imagination très fertile.
*Qu'est-ce que tu racontes, ils ne peuvent pas être infini... se répondit-il. On va finir par en venir à bout.*
Ou bien par une santé mentale défaillante, la question était ouverte. Quoi qu'il en soit, il n'avait pas besoin de mages qui parlent dans son esprit pour jouir d'une conversation.

Dandelo dansait dans son manteau de plumes arc-en-ciel. Les soldats autour de lui se défendaient comme ils pouvaient, tentaient de maintenir une ligne de front et de compenser le sous-nombre par une bien insuffisante discipline. Dandelo lui sautait d'un nœud de l'affrontement à l'autre, et partout où il apparaissait ses lames fantomatiques jaillissaient de nulle part et découpaient les créatures des Failles.
Ses doigts tissaient des fils invisibles, ses mains étaient celles d'un marionnettiste fou et ses pantins étaient les épées, les lances, les hallebardes qui sortaient du néant.

« Ouf ! » fit Dandelo en réceptionnant un type immense - plus grand que lui encore - et couvert de fourrure, qui venait de se faire projeter en arrière. « Ça va all-... »

Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase, l'énorme créature qui avait projeté l'elfe avec son énorme marteau de guerre abattit une de ses queues, et la bretteur arc-en-ciel, peut-être pour la première fois de sa vie, fut un tout petit peu trop lent : il était un homme artificiel, une magnifique machinerie de chair de sang mais aussi de magie... quand celle-ci fluctuait, lui aussi vacillait.
La queue bardée de pointe manqua sa tête mais fracassa son bras gauche, arracha le manteau qui avait traversé le monde avec lui, déchira les muscles et les os.
*T'as perdu le rythme mon vieux Dandelo... fit Dandelo.
-Ta gueule !
-Notre chorégraphie a du plomb dans l'aile.
-Tu vas voir... *
Avant que le monstre n'ait eu le temps de retirer sa queue, une lame apparut dans la main du spadassin manchot : pas une lame diaphane de pure énergie non, une épée de métal, un espadon que Dandelo enfonça à travers le cuir et la chaire et la roche en-dessous en hurlant. Le monstre tenta de se dégager et une deuxième lame vint rejoindre la première.

« Maintenant, » criait Dandelo à l'intention de l'étrange elfe à fourrure, « tue-le ! »

Il n'y avait plus la moindre trace ni de grâce ni de jovialité dans Dandelo : l'air de bouffon qu'il avait toujours à part lui avait disparu disparu.

<><><><><>

Les mêmes scènes se répétaient tout du long de la ligne de front. La bataille était devenue un immense chaos en quelques minutes à peine. Les soldats de fortune se regroupaient en unités improvisées qui tentaient de retenir la vague irrésistible des monstres et tombaient les uns après les autres.

Il y avait peut-être deux cent mètres entre le front fluctuant et la queue de la caravane en fuit, et seule l'étroitesse du défilé où se déroulait le combat avait permis de maintenir cette distance.
Pourtant, le plus dur était encore à venir. Ce qui avait commencé comme un assaut désordonné des premiers monstres à avoir, essoufflés, atteint les défenseurs devenait de plus en plus coordonné et soutenu. Il n'y avait plus seulement des hommes et des femmes rendus fous par la Corruption, plus seulement des animaux distordus et furieux, il y avait maintenant des Stryges qui guidaient, organisaient, et bien sûr, se battaient. Bien plus que sur les soldats, la défense des Alagaësiens reposait sur les quelques magiciens encore capable d'utiliser leurs sorts et de faire des ravages, et sur les dragons qui dominaient les cieux au-dessus de la ravine encaissée.

On glissait et on trébuchait dans la bouge rougeâtre de sang et de neige fondue. On se lançait dans des défenses héroïques et on mourrait. On jetait son arme, on courait jusqu'à un chariot et on fuyait : personne n'avait l'audace de vous juger. On pleurait on hurlait et parfois même on riait, mais ceux-là étaient peu nombreux.

Les Alagaësiens n'avaient pas attendu la fin les bras croisés en tout cas : dès que la ligne de front se fut un tant soit peu stabilisée, les quelques armes d'artillerie improvisées, faites de contrepoids et de cordes, se mirent à tirer, les magiciens restés en arrière concentrèrent leurs efforts pour saper des pans entiers de la marée de monstres.

Pendant un instant, un tout petit instant suspendu au milieu des Béors, on aurait pu croire que l'espoir changeait de camp, et puis les dragons corrompus apparurent à l'horizon, une nuée immense qui projetait son ombre comme un nuage d'orage sur les Alagaësiens.

<><><><><>

*Ok... Ils sont peut-être infinis...*
Dandelo ne prit même pas la peine de se répondre : il haletait et avait du mal à focaliser sa vue et à se concentrer. Il s'était éloigné du combat le temps de reprendre des forces, mais même son formidable métabolisme semblait arriver à ses limites. Putain de magie...
Dandelo avait le visage couvert de sang, et une grande partie était le lien. Les perles qui décoraient ses longs cheveux étaient arrachées depuis longtemps, et le peu que l'on voyait de sa peau était cadavérique.
*On a quand même pas dit notre dernier mot, si ?*
Le bretteur secoua la tête : non, certainement pas. Il poussa un soupir et - il s'était laissé tomber contre un rocher - se releva péniblement, en s'appuyant sur le bras qu'il lui restait.

Il n'y avait plus que la magie qui le faisait tenir debout, la partie biologique de son être était dépassée depuis longtemps. Tout le reste disparaissait petit à petit, tout s'éteignait : il oubliait la vie qu'il avait construite depuis qu'il avait rejoint l'Alagaësia, celle d'un homme comme les autres, il oubliait les amis qu'il s'était faits et les petits boulots à Urû'baën pour survivre, il oubliait enfin Laïaga et Liv de Sula qui l'avaient aidé à fuir ses créateurs et le destin qu'ils planifiaient pour lui, petit à petit il oubliait même pourquoi il avait décidé de venir se sacrifier ici, l'invasion, la fuite d'Urû, il oubliait les sourires et la bonté, il ne savait plus qui étaient ces gens qu'il défendait, pourquoi il les défendait. La lumière s'éteignait doucement. Les voix dans sa tête s'étaient tues.
Ses doigts continuaient de danser pourtant, et ses lames, de tuer.

Un stryge tenta de se dresser face à ce feu-follet maléfique, Dandelo ne sentit même pas les griffes qui ouvraient son ventre tandis qu'il décapitait son ennemi.

Un monstre lui planta les crocs jusqu'à l'os dans la jambe avant que Dandelo ne le découpe en morceaux, mais il continua d'avancer, d'abord en claudiquant puis à genoux. Il était entouré de créatures des Failles maintenant mais il ne voyait plus rien, il n'avançait plus non plus. Il était au centre d'une pile de cadavres, les lames diaphanes disparaissaient les unes après les autres tandis que la danse de ses doigts ralentissait.
Le bras de Dandelo tomba inerte le long de son corps, et tout enfin s'arrêta.

Sous leurs yeux, le combat faisait rage, mais toujours aucune trace de leurs compagnons. Il était bien plus facile de voir les dragons et magiciens en vol, que les soldats qui se mélangeaient à la noirceur de leurs ennemis à terre. Après quelques secondes - qui semblaient interminables - à regarder les alentours, Dark repéra Akkan au loin, qui semblait en mauvaise posture face à une créature corrompue. Elle pensa à Nimrod, et d’un bond, se retrouva en l’air, battant des ailes pour arriver avant que le petit dragon ne décide de s’en prendre à cet adversaire bien trop imposant pour lui. Alors qu’elles étaient encore trop loin pour intervenir, un autre corrompu s’approcha d’eux, et se jeta sur la première créature, comme défendant le semi-elfe. Surprise, mais néanmoins soulagée, Djenka se demanda pourquoi les corrompus s’attaquaient désormais à leurs congénères, eux qui semblaient étrangement bien organisés et préparés au combat.

* C’est Kami - précisa tristement la dragonne - pas un corrompu*

La drow ne répondit rien, mais acquiesça mentalement. Le changement d’apparence, et même d’aura du dragon sombre la perturbait quelque peu, n’ayant été que très peu exposée à la corruption. Néanmoins, il restait à ses yeux le jeune dragon pleins de fougue à qui Dark avait enseigné la discipline, et apporté du calme à son esprit sauvage.

Elles arrivèrent au moment où Kami acheva l’étrange créature, sans subir de blessures trop importantes. La drow bondit au sol, couverte de sang et d’autres substances dont elle préférait ignorer la source, et s’approcha d'eux. Ils avaient l’air tout aussi mal en point qu’elle, mais avec cette même détermination. Ils étaient loin d’en avoir finit. Le regard du dragon semi-corrompu sembla s’attarder sur l’horizon, et le duo sombre se retourna pour voir ce qui le perturbait autant. Au loin, une nuée de dragons corrompus, ainsi qu’une autre forme impossible à distinguer pour le moment s’approchait à grands coups d’ailes.
Ils étaient nombreux, bien trop nombreux pour le peu de reptiles que les dragonniers avaient dans leurs camps. Comme figés au milieu des combats, le petit groupe regardait avec appréhension les dragons s’approcher, bien trop rapidement.

Comme pour apaiser cette tension palpable, une douce mélodie elfique se mit à résonner autour d’eux, et également, dans leurs esprits. Bien que complètement insensible aux chants elfiques de par sa nature drow, Djenka ne put s'empêcher de se détendre, aux sons étranges qui résonnaient de la gorge de Dark. Distraitement, la dragonne suivit la mélodie, comme ronronnant aux paroles des deux pattes, ses yeux d’argents toujours fixés à l’horizon.

Djenka soupira, s’arma de ses deux épées, et tourna la tête pour sourire tristement à Akkan. La dernière fois qu’elle avait eu à affronter un dragon, c’était en sa compagnie. Leçon retenue, les ailes, et les yeux pour faire le plus de dégâts possible.
Dark s’étira de tout son long, se préparant à prendre son envol et rejoindre Elthanyn, la seule dragonne en l’air, qui attendait impatiemment ses congénères pour attaquer les dragons corrompus.

Battant des ailes pour ne pas perdre d’altitude, le reptile blanc se dressait fièrement face à la nuée sombre qui s’approchait, Marek et Leyra sur son dos, prête à attaquer à tout moment. Elle les laisser approcher, inutile de prendre de risques inutiles et d’aller trop profondément derrière les lignes ennemis. Bien qu’ils étaient la menace la plus dangereuse à l’heure actuelle, ils n’étaient malheureusement pas la seule.
Une immense tentacule se dressa soudainement des créatures au sol, et profita de la distraction pour saisir la queue d’Elthanyn, et l’attirer violemment vers le sol. Surprise, la dragonne tourna rapidement sur elle même pour mordre, et brûler. Difficile de distinguer le feu draconique de celui de Marek, mais la créature corrompue ne semblait pas apprécier ce traitement brûlant, et une nouvelle tentacule apparut, alors que la première renvoya la dragonne en l’air. Une s’enroula autour du cou écailleux de la dragonne renfermant sa gueule, pendant que l’autre, se terminant par une pointe menaçante, visa la poitrine du reptile, transperçant d’une facilité effrayante son armure, pour se plonger violemment dans sa chair.
Un grondement de surprise s’échappa tant bien que mal de la gueule d’Elthanyn, et au même moment, Leyra hurla, de détresse, de douleur. Un cri, bien trop méconnaissable et tristement redouté de la plupart des soldats présents. Le cri d’un dragonnier subissant la mort de sa moitié. Les hurlements de Leyra étaient encore audibles, la colère se rajoutant difficilement à une détresse écrasante, alors que la créature rétracta sa tentacule, et jeta au loin le corps sans vie de la dragonne blanche, n’y voyant plus d’intérêt.

Un deuxième rugissement se fit entendre au loin, et tristement, Djenka se retourna, reconnaissant le grondement d’Eluna, qui venait d’assister, impuissante, à la mort de sa soeur. Son coeur se serra en pensant à Yenlui, et Myad, qui avaient probablement du également ressentir cette perte.

Alors que toute l’attention était portée sur la dragonne, Dark bondit soudainement en l’air, et se précipita vers Marek et Leyra, qui pendant tout ce temps, étaient restés sur le dos d’Elthanyn. Propulsé au loin, le corps du reptile perdait de l’altitude et menaçait de s’écraser violemment sur le sol d’ici une dizaine de secondes. Ayant perdu tout sens logique, Leyra resta accrochée à la selle de sa dragonne, alors que Marek, qui semblait avoir ressenti cette perte comme celle de son propre dragon, cherchait tant bien que mal un moyen de sauver sa bien aimée. Sans attendre l’arrivée de Dark, qu’il n’avait probablement pas vu arriver, il se jeta en l’air, entraînant Leyra avec lui. Voyant les deux petits points noirs s’éloigner l’un de l’autre, et se rapprocher dangereusement du sol, la dragonne sombre redoubla d’efforts, et attrapa tant bien que mal l’humaine dans sa gueule, et Marek de sa patte.
De quelques coups d’ailes, elle regagna difficilement de l’altitude, laissant au Gardien du Feu le temps de remonter jusque sur son dos, pour y poser délicatement Leyra à ses pieds, qui n’avait manifesté aucun désir de bouger.
Non loin, un bruit sourd indiqua à tous que le corps d’Elthanyn venait de s’écraser au sol, le faisant trembler par la puissance de l’impact.

Au sol, Djenka avait assisté à cette scène qui n’avait duré que quelques secondes, et qui pourtant semblait avoir figé le temps. Ses épées pendant tristement de ses bras, elle se retourna vers Kami, Akkan et Nimrod. Cette mort rendait cette dernière bataille désormais réelle. Ils n’étaient pas invincibles. Une seconde d'inattention, et ils n’étaient plus. Les dragons, majestueuses et dangereuses créatures, tomberaient aux mains des corrompus, tout comme eux.

Autour d’eux, les ennemis commençaient à les encercler de nouveaux, alors que les dragons se rapprochaient dangereusement. Ils allaient désormais devoir se battre sur tous les fronts, ayant perdu l'avantage aérien, qui semblait être le seul point positif de cette bataille.
Sentant la mort s'approcher de plus en plus, Djenka frissona, et d'un pas en arrière se rapprocha du semi-elfe. S'il y avait bien un seul point positif à tout ça, c'est qu'elle mourrait au combat, comme elle l'avait toujours voulu, et probablement en sauvant les siens. Que demander de plus ?

L'embrasementMarek & Leyra

La mort. Brutale. Implacable. Elle s’abat à nouveau sur eux, frappant en plein cœur. Le cri de souffrance inhumain que lance Leyra couvre le vacarme de la bataille pendant quelques secondes. Marek ne voit même pas le tentacule passer à quelques centimètres d'eux, transperçant le corps d'Elthanyn. Tout ce qu'il voit n'est qu'un voile rouge de souffrance. Celle de la dragonne, ressentie par sa femme, son amour, sa flamme, qui fait vibrer tout son corps. Il la serre fort contre lui, espérant peut-être absorber la souffrance, le chagrin, la colère. C'est peine perdue, il le sait. Tout l'amour qu'il envoie à la dragonnière ne suffira pas à effacer sa peine.
Elle s'accroche à la selle, espérant un miracle, n'y croyant pas. Marek essaye de soigner la plaie, mais rien n'y fait. Sa magie ne répond pas. C'est trop tard.
Soudain, il sent le corps de la dragonne se faire propulser au loin. La créature en a finit avec son jouet. Ils s'envolent, avant que la descente ne se fasse sentir. Tôt ou tard, ils tomberont, et mourront écrasés par le corps sans vie de la sœur d'Eluna.

"Leyra ! hurle-t-il. Il faut sauter! Elle ne répond pas. "Si on meurt aussi, elle sera morte pour rien !"

Il la sent frémir entre ses bras. Elle lâche la selle, suffisamment pour que Marek se propulse dans le vide. Dans la précipitation il n'arrive pas à la tenir, et elle commence à tomber, seule, sans volonté de s'arrêter. Il jure, hurle, et comme une réponse à ses appels, il sent une énorme patte l'attraper. Il n'a aucun mal à reconnaître Dark.
Quelques secondes plus tard, il est sur le dos de la dragonne, Leyra près de lui. Il tapote le dos de l'ancienne compagne de son dragon.

*Merci...* envoie-t-il par pensées.

Un bruit sourd fait trembler les environs. La dragonne d’ivoire vient de toucher le sol. Leyra sursaute, comme si elle-même s'est écrasée.

"Shhhh... souffle le Gardien. Ça va aller... Il n'y croit plus, mais il ne peut pas pas abandonner. Je vais arranger ça... Je vais..."

Il soupire. C'est trop tard. Il a échoué. Encore. Il se penche sur sa femme, dépose un baiser sur son front.

"Je t'aime." Il ajoute à Dark, par pensée: *Je reviendrais.*

Et il se laisse glisser le long du flanc de la dragonne, avant de tomber, deux ailes enflammées se formant dans son dos.

Il touche le sol, dans une gerbe de flammes rubis. Il relève la tête. Les ailes se détachent, et s'enroulent autour des épées qu'il vient de tirer de leurs fourreaux. Et soudain, le silence. L'obscurité. Toute la bataille autour de lui, les morts, les monstres, ses amis... tout avait disparu. Il n’y avait plus qu’un vide sans fin.

M'Ehiatê...

Il se retrouve il y a une trentaine d’années, chez lui, à Dras’Leona. Caché dans un placard, du haut de ses douze ans. Et par la mince ouverture des portes, il voit ses parents, Nimrida et Periel, se faire tuer par quelqu’un dont, à l’époque, il ignore encore l’identité: Arès, son oncle.
Il se retrouve dans la bibliothèque chez ses grands-parents, huit ans plus tard. A lire des livres qu’il n’aurait jamais dû lire.
Et soudain, il se voit, comme un fantôme suivant son propre corps. Forme déformée par la haine, devenue Ombre. Il se voit tuer ses grands-parents, Mathaleron et Volama.
Il se voit, chevauchant son cheval Rejän dans le Hadarac, droit vers le campement d’Arès. Il se retrouve devant son oncle et sa tante, Pandore. D’un geste, d’un mot, il brise la nuque de cette dernière, qui s’écroule. Elle sera plus tard rejointe par son mari, dont il s’empare de l’épée avant de partir.
Alors qu’il se voit, fuyant un campement rempli de cadavre, deux petits visages sortent de la tente d’Arès. Etait-ce?... Sûrement. Il avait rencontré ses cousines, Lilitha et Eva, il y a des années de celà. Les seules survivantes d’un carnage que lui, Marek Krayt, avait perpétué. Certains diraient “Ce n’était pas toi. C’était Wyyrlok, l’Ombre.” Mais qui avait invoqué Wyyrlok?...

Raï...

Il se voit, trois ans plus tard. Visage contre terre. Tenel Ka, la dragonnière, venant de briser Wyyrlok et de libérer son hôte. Obligé de compter sur l’aide d’une inconnue pour être sauvé… Peu avant que sa vision ne réintègre son corps, il les voit. Les portions de l’esprit de Wyyrlok, partir dans Rejän et dans l’améthyste qui serre de pommeau à son épée.
Il se retrouve dans de nouvelles scènes enfouies dans son esprit. Sa rencontre avec des gens comme Mumak le nain dragonnier, ou comme Myad. Il ne savait pas à l’époque le lien étroit qu’il entretiendrait avec la demi-elfe…
Il se retrouve dans une salle, apprenant la magie du feu auprès de Tenel Ka devenue son mentor, et sent un frémissement au niveau de sa poitrine. Un sentiment de… puissance.
Il revoit Breich. Une jeune voleuse, devenue apprentie, amie… puis amante. Avant que la mort ne les sépare. Kaylan… Il n’avait pas su protéger son élève, son amie, son amour. Il n’avait jamais pu la venger. Qui sait ce qu’était devenu l’Ombre meurtrier à présent ?
Il se retrouve ensuite, serrant la main de Hally, scellant un nouveau pacte maître-apprentie avec celle qui maîtrisait la magie de l’eau. Il sent une onde glacée lui traverser le corps. De la répulsion…

Tu...

Il se retrouve à Carvahall, tenant entre ses mains une pierre noire ovale. Un oeuf. L’éclosion. Un petit dragonnet noir. Hathir… Un bref moment de joie, qui vole en éclat. La vie suit son court, tragique. Tenel Ka est enlevée par Brexinga, encore un Ombre, et voilà Marek propulsé à la tête du Du Vanyali Ebrithil.
Il se retrouve debout dans son bureau, entouré par Samoth, qu’il avait nommé second, et Myad, maintenant toujours à côté de lui, devenue Ambassadrice.
Il se retrouve au milieu d’une bataille où, dans une tentative désespérée, il se laisse emprisonner par Brexinga pour délivrer Tenel Ka. Échec, évidemment, et une nouvelle fois il est aidé par quelqu’un qu’il ne connaissait pas: Laïaga. Il avait mis sa vie et celles de ses amis en danger pour un plan voué à rater…
Il revoit des visages. Leyra évidemment… C’est à cette période que son coeur brisé s’était remis à battre. Il revoit également ensemble Hathir et Dark, dont la dragonnière, Djenka, était une espionne du Vanyali.
Il revoit le Manoir qu’il vient d’hériter d’un oncle inconnu. Il revoit les visages de ses amis à son mariage avec Leyra. Ils sont tous là. Myad, Tenel Ka, Samoth, Hally, Al’Sohan… Son ventre se noue…

As...

Le tableau idyllique vole rapidement en éclat. Myad est partie, devenant l’apprenti de Brexinga. L’Empire que ce dernier dirige prend de plus en plus d’importance, et commence à mordre sur ses propres terres… Il se retrouve, alors qu’il se cache parmi les arbres car n’ayant pas le courage d’approcher, à regarder de loin la scène du départ de sa soeur de coeur, dans une clairière enneigée. C’était sa faute si elle était partie. Il avait faillit la tuer. Et avait tenté de tuer l’homme qu’elle aimait...
Il se retrouve sur son balcon, de nuit. Accompagné du légendaire Athor, le Gardien de la Mort et père de Myad. Il revoit dans sa main le rubis, et accepter ce don qui fait de lui le Gardien du Feu.
Une vague de chaleur parcourt alors son corps. De la fierté. Un sentiment de puissance. Brute. Aggressive. Indomptable.
Il se retrouve dans son bureau, à craquer sous la pression des responsabilités, à lâchement abandonner son poste pour le confier à Samoth. Il se retrouve, seul au Manoir, dans la tourmente. Et soudain, sa vision quitte à nouveau son corps.
Vadrael, l’elfe noir renégat, vient de s’emparer de son être, à cause d’un rituel hasardeux du Gardien du Manoir, Nielas. Une nouvelle fois, Marek perd le contrôle. Il se revoit, le corps déformé par une magie drow, tuer des innocents. Avant que Myad et Leyra n’interviennent et le sauvent. Une nouvelle fois, il n’a pas pu se sauver lui-même. Une nouvelle fois, sa faiblesse a mis des êtres chers en danger.
Et il le voit. Hathir. Sombrer dans une léthargie dont il ne se relèvera pas. Il voit Dark, se poser sur la Terrasse du manoir, hurler, pleurer. Sa tristesse le touche au plus profond de son être. Sa main le brûle. La douleur traverse son corps, brise son coeur.

Encore...

Dras Leona. Il se retrouve sur les toits de la cité, en armure, face à face avec Myad, alors qu’il est venu avec d’autres pour tenter de libérer Ellenwen, la reine des elfes, capturée par Brexinga.
Il se retrouve à affronter sa soeur Gardienne, sa soeur de coeur. La lacérer, alors qu’elle-même sent son dragon en train de mourir. Il sent la bile remonter dans sa gorge. Comment avait-il pu faire ça ? Comment avait-il pu porter la main sur la Gardienne Absolue ? Comment avait-il pu la trahir ainsi ? Comment avait-il pu trahir l’ensemble des Gardiens ?
Il se revoit, plus tard, utiliser le moindre prétexte pour prendre de ses nouvelles. Mais alors qu’il l’a presque atteinte, il se retrouve ailleurs. Leyra vient d’accoucher des jumeaux. Hally de son fils. Il sent le pouvoir du père de Leyra, devenu Ombre lui aussi, tenter de tuer sa fille pendant l’accouchement…
Il revoit le monde sombrer dans le chaos avec la résurgence de Nuit. Il voit Myad devenue Impératrice. Il se voit remonter sur le trône du Du Vanyali Ebrithil. Et il revoit ses hommes se faire massacrer par l’Empire.

L’exil. Les Lames de la Paix. La vengeance. Le Chaos. Tout s’accélère. Il ne voit plus que du sang qu’il verse, des larmes qui coulent. Il se revoit s’enfermer à jamais dans son Manoir, attendant que l'Alagaësia brûle autour de lui, abandonnant ce monde qu’il n’a pas réussi à sauver. Lâche, il a fuit.
Myad était partie vers un autre continent. Athor était mort. Hally, Samoth, Djenka, les autres Gardiens… Il n’avait plus de nouvelles. Il ne restait que lui, Leyra et les enfants, cachés, repliés… lâchement.

Échoué.

Et aujourd'hui... Tant de morts... Faeryl.. Elthanyn... Ceux à venir encore... Il n'a pas pu les sauver. Il a encore échoué.

Le vide à nouveau. Puis l’embrasement. Du feu, partout. Tout n’est que flammes rouge rubis.
Il sent les os se briser sous ses pieds, la chair se déchirer sous ses mains, la vie se consumer sous son souffle.
Il a échoué. Il a encore échoué. Il ne sauvera pas ce monde. Il ne sauvera personne. Il va réduire ce monde en cendres. Et ainsi, il n’échouerait plus...

Là où se trouvait il y a quelques minutes le Gardien du Feu se dresse à présent... un monstre. Gigantesque. Une forme humanoïde de feu, de lave et de roche en fusion. Une entité élémentaire consummée par le doute, le désespoir, la violence, la colère, la peur, la haine. L'orgueil.
Un dragon passe trop près. Corrompu ? Non-corrompu ? Il n'en sait rien et s'en fiche. Il l'attrape par le cou d'une main, et de l'autre lui arrache les ailes et la tête, comme un enfant s'amusant avec un papillon, avant d'envoyer le corps au sol, tuant sûrement des soldats ou des monstres. Ou les deux. Il piétine. Il arrache. Il consumme. Il détruit. Amis. Ennemis. Ces notions n'existent plus désormais. Il n'y a plus que la mort en marche. Que le feu pour consummer.

Akkan se releva à côté d'un être étrange humain et tout sauf humain, il venait de lui sauver la vie et Il n'avait pas le temps de connaître cette créature, mais son acte lui avait fait chaud au coeur. Il s'aperçut que la créature corrompue avait été broyé par les serres de Kaminari et dans ce carnage, le sourire de Djenka lui fit reprendre ses esprits. Elle regardait fixement le ciel avec un air d'incrédulité et de tristesse infinie, son regard suivit le sien pour observer la chute de la dragonne et l'apparition quelques minutes plus tard 'un géant de feu consumant tout sur son passage.

Akkan réagit par instinct et saisit Djenka par le poignet l'entraînant à l'écart du passage de l'avatar du gardien du feu.

*Nimrod on s'écarte !*

Le petit dragon se faufila jusqu'à eux et ils se firent un chemin à travers les créatures et leurs propres lignes de défenses pour s'écarter du chemin de Marek. Ils sentirent la température monté alors que le géant s'approchait à grand pas de leur zone, ils se battaient comme des diables broyant par ici une créature, Djenka réalisant des prouesses hors du commun. Nimrod servant de diversion et empêchant des attaques sur leurs flancs. Les gens tombaient autour d'eux, le chant de l'elfe leur permettait ne serait-ce que de ne pas attendre la mort en se pissant dessus, l'ombre des dragons corrompus et autres horreurs qui arrivait, les stryges, rien n'était encourageant et la fatigue se cumulait aux estafilades et autres blessures, prélevant lentement mais sûrement l'énergie pourtant peu commune d'Akkan.

Nimrod brûla la tête d'une chimère qui s'apprêtait à pourfendre de son dard Djenka, Akkan abattit son marteau de guerre sur le pied d'une sorte de géant avant de frapper violemment le genou de celui-ci qui produisit un bruit écœurant d'os brisés et de chairs déchirées, la créature tomba sur un genou, Akkan se jeta pour achever la créature et il ne vit pas le dard d'une sorte de manticore plonger sur lui, il sentit juste la douleur du dard plongeant dans sa chair. Il frappa de douleur sur la tête du géant qui explosa littéralement sous la violence du choc, projetant le contenu de la tête de la créature sur d'autres combattants. La manticore sauta sur lui et il se retrouva projeté au sol le manche de son arme entre les crocs de la créature alors que ses pattes griffus lui lacerait le ventre. La douleur et le poison l'affaiblissait, l'animal en lui prit le relais et il relâcha d'un coup sa résistance laissant le marteau et la créature se jeter sur sa gorge. Il prit la créature de vitesse et ses griffes se firent un chemin dans la gorge de la créature alors qu'Akkan donna un coup de tête dans la machoire de la créature sonnant celle-ci alors qu'il s'entaillait sérieusement le visage. La créature faiblissait plus vite que lui le sang de la blessure celle-ci aspergeant Akkan. Akkan perdit connaissance au moment où la créature s'affala sur lui.

Nimrod se jeta et consuma de son feu une créature, puis il chercha dans l'esprit d'Akkan si celui-ci était encore en vie. Il trouva l'étincelle au creux de son âme et chercha à l'atteindre pour l'aider à se soigner, mais il était trop loin, il n'arrivait pas à faire le lien. Il interpella Djenka :

*J'ai besoin de ton aide, je vais me fondre en lui pour l'atteindre, mais je vais utiliser la force qu'il me reste pour l'aider à évacuer le poison, après cela il faudra le ramener à la réalité et je n'aurais plus la force de le faire*

Puis il se fondit dans le corps d'Akkan, il se battit contre le poison et la douleur trouva l'étincelle de vie qui animait encore Akkan et purifia le corps d'Akkan la force de Nimrod se réduit petit à petit à la même étincelle alors qu'Akkan voguait dans les limbes de l'inconscience ...

Je me présente à vous. Accusé d’avoir voulu assurer l’ascendance des dragons. D’avoir tenté de nous épargner ce destin qui nous oblige à nous éteindre. A céder….

Nous éclairons les ténèbres ! Mais nous pouvons obscurcir a jamais la lumière….

************************************

Des dragons corrompus arrivaient et pas seulement deux ou trois…. Des dizaines ! Plus ou moins gros visiblement il paraissait évident qu’ils avaient tous succomber à la noirceur et a la corruption. Kami regardait ce déploiement avec plusieurs sentiments. Lui qui croyait, espérait ou désirait être le seul…. Voilà qu’il c’était planter lourdement ! Il n’était même plus sûr d’être parmi les premiers…. Quoi que… en y pensant réellement si puisque sa mutation avait commencé le jour même ou les failles c’étaient ouvertes pour la première fois…

Mais si ce renfort aérien n’annonçait rien de bon ce n’était pas le pire…. Sans expliquer comment ni pourquoi. L’ancien dragon sauvage ressentait quelque chose en lui. Comme un appel…. Quelqu’un ou quelque chose lui ordonnait de venir, mais pour aller où ?! A l’endroit même qu’il fixait…. Cette masse obscur et anormal qui accompagnait les dragons déchus…. C’était elle qui l’appelait ! Cette requête était bien plus forte que le chant des elfes don la mélodie n’arrivait même pas à atteindre ce qui lui restait d’âme….

Malgré les quelques douleurs et les envies de l’ancien élève de Dark. Ce dernier ne réagissait plus, il devait résister mais à ce rythme il allait céder ! Son regard avait juste bougé quelques secondes en voyant approché la dragonne sombre et Djenka à proximité de Akkan et lui…. Mais aucune écaille ne c’était déplacé d’un millimètre…. Ce n’était pas un combat mental que Kaminari livrait. Il luttait contre sa propre nature a présent….

Au loin un cri glaçant retentissait alors. Des sons il y en avait des centaines. Pourtant celui-ci il l’avait entendu. Peut-être était-il le seul à l’entendre…. Mais… C’était bien ça… cette saloperie de créature corrompu, qui était apparu des premières failles lors de la grande guerre avec les premiers hommes et qu’il avait affronter, elle était présente ! C’était d’elle que provenait l’appel qu’il ressentait !

Puis d’un coup ce fut le silence dans la tête du dragon…. Son esprit c’était vidé… Son corps n’agissait plus du tout… il ne se contrôlait plus !

-Elthanyn…. Leyra….

Des mots…. Kami avait prononcé ces deux prénoms doucement. Seul une personne a l’ouïe fine comme l’elfe aurait pu les entendre…. Puis quelques secondes à peine après….

-Eluna… !

L’ancien dragon sauvage, actuel amant d’eluna et ancien membre de la cam Serrena, c’était à nouveau réveiller ! Il avait fallu la mort de sa belle-sœur, le cri de souffrance de dragonnière et le rugissement de douleur de son amour pour qu’il revienne à lui !

Reprenant la possession de ses moyens Kami se crispait de rage. La perte de la jumelle d'Eluna l'affectait au plus haut point bien sur mais pas seulement... Il était resté planté la pendant que les siens sombrés ! Il n’avait pas bougé la moindre griffe quand Dark avait décollé et que Djenka ou Akkan se faisait attaquer juste à côté de lui ! L’amant de la Drow avait d’ailleurs subi des blessures graves !

Le premier geste du dragon était de faucher mortellement les assaillants qui se diriger vers les bipèdes. Malheureusement il ne pouvait pas les aidés éternellement…. Il le voulait, mais il avait une tache bien plus importante….

D’une patte avant Kami agrippait quelque chose au niveau de ses épines dorsales pour le lancer en direction de son amie tout en lui parlant directement….

-Djenka prend le. Ne l’utilise qu’en extrême recours ! Je ne pense pas qu'il puisse sauvé Akkan.... Transmet a Dark également que personne ne doit approcher de là-haut !!!

A peine avait il fini sa phrase qu’il prenait la voie des airs, droit sur les corrompus et sur ce qui était la grosse saleté d’il y a plusieurs années…. Il abandonnait Djenka et Akkan dans un moment crucial. Akkan était au porte de la mort, mais il ne pouvait pas l'aidé en restant planté là et il avait laissé un présent a la femme elfe noir… Un cadeau qui pouvait les aidés comme les détruire….

***********************************************

Kami zigzaguait entre ce qui était autrefois ses confrères et consœur. Ces dragons, si ont peut encore les appelés ainsi, n’avaient même plus l’apparence de créature sublime et puissante. Ils semblaient tout droit sortis de l’imagination d’un enfant effrayer. Et encore…. Même là ils étaient surement plus beau….

Puisque son souffle de feu n’était plus. Kami faisait usage de la foudre en essayant de se débarrasser au maximum de ces nouveaux venues. Au début cela marché bien car il était ignoré…. Peut être que les ennemies le considéraient comme l’un de leur avec la corruption….

Mais pour en revenir aux flammes. Si lui ne pouvait plus en produit. Il y’en a un, plus bas, qui en fournissait bien trop ! Kami en profitait pour utiliser les courants d’air chaud mais ce géant de feu n’avait rien de normal…. N’ayant pas pu tout observé lors de son ascension. Il découvrait avec une grande surprise et une pointe de soulagement que Marek péter littéralement le feu là… La magie du gardien était perceptible bien qu’elle aussi anormal…. Bien sur a ce moment précis Kami ignorait qu’il ne fallait pas s’approché de son ancien chef et compagnon d’arme au risque de finir en poulet grillé…. Mais la chaleur allait être utile…. Sans le savoir Marek apportait une aide précieuse même si flambé le gros truc volant aurait été plus utile que la création de cumulonimbus….

Mais Kami n’avait pas le temps d’apprécier la vue. Il avait fait une promesse et s’il voulait la tenir c’était le moment ou jamais. Cette fois fini d’attaquer les petits, bien qu’ils étaient de la même taille que lui, la cible c’était l’énorme ver possédant de multiple tentacules…. Encore plus gros et long que lors de leur dernière rencontre, c’était à se demandé comment cette chose pouvait voler. Elle n’avait pas d’elle. Elle ondulait juste dans l’air comme une anguille dans l’eau. Il n’y avait donc pas d’endroit précis où attaquer.

La première fois Kami avait vue que le feu gêner mais il ne suffisait pas. Peut-être que l’électricité allait faire plus de dégât ! Mais a ce moment là pour atteindre sa cible il devait juste esquiver quelques tentacules. Là… il y’en avait plus et les dragons déchus cherchaient à présent a l’éliminé, comme si la créature corrompue le leur avait ordonné….

Kami ne pouvait plus reculer. Il avait fait son choix… Sa gueule libérer les étincelles à la chaine pour faire le plus de ravage. Autant sur les gardes du corps que sur la groupie…. En contre partie cependant le dragon subissait des blessures…. Pour l’instant elles ne l’avaient pas mis hors-jeu mais a ce rythme il n’allait pas s’en sortir vivant….

Mais il avait une dernière surprise à offrir et il la tenait concentré entre ses pattes avant. Un nouveau cadeau visible même depuis la terre ferme et cela malgré les nuages noirs dans lequel il se battait…. Il lui fallait juste de la préparation et quelques secondes de plus…. Sauf si Marek continuait de faire monter la chaleur….

Combien de temps avait-elle chanté, elle ne le savait pas. Elle avait perdu toute notion des minutes et des heures qui passaient. Elle s'était absorbée dans le chant de pouvoir, tentant de canaliser le chaos d'émotions et de corps. Les doigts enfoncés dans la terre, elle avait senti chaque écho, chaque choc résonner dans sa chair et dans ses os, faisant claquer ses dents lorsqu'un choc plus violent que les autres la faisait trembler. Elle avait peu à peu senti la cohorte s'organiser, le combat se durcir et gagner en puissance. Les réfugiés fuyaient, presque en ordre, courant pour sauver leur vie et celle de leurs proches. Les combattants formaient une ligne compacte et dense qui les protégeait et continuerait de les protéger jusqu'à ce qu'ils soient tous saufs, le chant le leur promettait. Ils devaient tenir la journée. Au crépuscule tout serait fini.

Lorsque l'elfe rouvrit les yeux, le soleil était déjà haut dans le ciel. Elle était presque seule dans la petite vallée, Finwë enroulé autour d'elle pour lui transmettre sa puissance. Les réfugiés s'étaient organisés en une longue file, massée le plus près possible des montagnes et de la brèche. De l'autre côté, dans l'étroit goulot qui permettait d'accéder à la vallée, les combats faisaient rage. Les morts avaient commencé, comprit Ellenwen avec un pincement au coeur et une larme aux yeux. Elle sentait la mort, la douleur et la tristesse saturer l'air comme elle aurait senti l'odeur d'un brasier. Elle se releva lentement, étirant chacun de ses muscles tétanisés par sa longue veille assise. Qui avait-elle perdu ? Elle tâtonnait parmi les multiples esprits qui l'entouraient, cherchant ceux qu'elle aimait. Pas Laïaga. Pas Akkan. Pas encore Akkan songea-t-elle avec une vague de nausée qui lui fit arrêter ses investigations. Finwë gémit et la regarda de ses grands yeux gris.

Elle ferma les yeux, contenant une crise de larmes qui lui broyait le ventre, et se mit en mouvement. En quelques pas, elle rejoignit son paquetage et en sortit deux lames brillantes et affûtées plus anciennes encore qu'elle ne l'était. Les lames de ses parents, gardiens du Weldenvarden. Elle souffla profondément et coupa son esprit de ceux qui l'entouraient, refoulant sa peine, sa peur et sa colère comme on le lui avait appris si longtemps auparavant. Ils avaient chanté. Ils allaient danser maintenant.

Les lames à la main, elle rejoignait le combat dans une foulée régulière lorsqu'elle sentit le galop d'un cheval dans son dos. Bientôt, une main se tendit et en une poignée de secondes, elle était assise derrière Laïaga dont elle enserra la taille d'un bras. Profitant de ces quelques secondes, elle enfouit son visage dans son cou, sans un mot, respirant son odeur familière et rassurante. Lui aussi avait senti le tournant, l'apaisement du chaos chez les survivants et l'urgence des défenseurs. Ils ne pouvaient rien faire sinon le rejoindre. Finwë hurla, l'écho de son cri rebondissant contre les flancs des montagnes. Mais même pour eux le spectacle les laissa un instant stupéfait.

- Marek...

Ellenwen murmura-t-elle en un souffle pendant que Finwë gémissait. Le combat était si sérieux. Pendant un instant, les trois restèrent figés puis, en un regard, se jetèrent vers la cohue. Rapidement, ils furent entourés d'ennemis, des monstres comme ils n'en avaient jamais vu. Des tentacules frappaient l'air et les chairs, des dards tentaient d'empoissonner ceux qui passaient à leur portée et la terre elle-même semblait touchée. L'herbe était noire et flétrie, les arbres semblaient soudainement privés de leur sève. Dans le tourbillon de bêtes et d'hommes, Finwë, Ellenwen et Laïaga combattaient presque dos à dos pour surveiller leur environnement autant qu'ils le pouvaient. Les larmes tournoyaient, tranchaient à mesure qu'ils gagnaient en vitesse et en efficacité.

L'elfe perdait à nouveau toute notion du temps. Elle ne voyait plus que le rouge du sang, n'entendait plus que les cris des monstres qu'elle affrontait. Les sens de Finwë étaient aussi saturés que les siens, noyés dans les odeurs trop puissantes de défécations, de sang coagulés et de puanteur de la corruption. Sa gueule était visqueuse d'un sang épais et noir qui commençait à l'empêcher de respirer. Il sentait la corruption pulser dans l'esprit de sa compagne, menaçant de transformer le calme froid du combat en une rage dévastatrice pour elle-même et ses compagnons. Concentrés comme ils l'étaient tous les deux, ils mirent plusieurs longues minutes avant de réaliser le vide à leurs côtés et à fouiller anxieusement la foule du regard. Laïaga semblait avoir disparu, avalé par le nombre. Une même vague de terreur les fit trembler de la tête aux pieds. Tout deux connaissaient son esprit de chevalier blanc et, dans ce massacre, les occasions ne manquaient pas pour se faire joyeusement massacrer sous prétexte de porter secours à un futur mort en sursis.

Minutes, heures? Combien de temps avait passé depuis son arrivée ici et maintenant? Szanghai ne s'en souciait même plus, elle se contentait de frapper avec le plus de férocité possible. Les hordes de pourriture venaient sans cesse, caricatures de vie désarticulé dont la seule volonté semblait être de l'exterminer elle, d'exterminer Ellenwen, Laïaga, Akkan, Kaminari et tout les autres encore. Et tout cela pour quoi. Pour sauver la vie de quelques troupeau de deux pattes qui semblait incapable de se presser plus. Maudits soient ils pesta t'elle. Pourquoi n'étaient t'ils pas capable d'aller plus vite ces fichus deux pattes? Décidément, Szanghai ne comprendra jamais comment cette espèce a put survivre autant de temps tout en s'entretuant entre eux pour des motifs aussi futile.
C'est alors qu'une bête hideuse qui aurait put ressembler autrefois a un dragon lui fit face alors qu'elle venait de donner du répit a un groupe de soldats en difficulté. Rugissant de défi envers cette adversaire a sa taille - enfin - la dorée se demandait si des souvenirs de sa vie d'avant avait parcouru l'esprit corrompu de la créature. S'était il dit que Szanghai, cette dragonne dorée, lui rappelait sa sœur ou sa mère, ou encore un ancien amour, temps heureux où l'on pouvait se soucier de rien, mis a part d'un nid et d'un ventre bien rempli. C'est certes beau de rêver mais partant du postulat que c'était des corrompu, ils doivent bien se souvenir de leur vie d'avant, au moins un peu. Trois secondes cependant, le corrompu se jette sur Szanghai qui en fit de même. Après tout, ils étaient la pour s’écharper, pas pour une séquence nostalgie et causette.
Le contact fut violent, même pour eux, deux prédateurs s'échangeaient coup pour coup. Szanghai avait cependant la chance d'avoir son épaisse cuirasse d’écaille, ce qui la protégeait quelque peu. Et même si la jeune mère n'était pas du genre a avoir peur en combat, son instinct de préservation l’empêchait de foncer dans le tas comme le faisait son adversaire. Lui était déjà probablement mort avant d'avoir été forcé d'accomplir ce qu'il accomplit aujourd'hui. Était ce au fond une pulsion suicidaire, une sorte d'appel a l'aide venant du monstre, tentative abstraite de communication pour dire a la dragonne doré de le libérer de tout cela. Szanghai était décidément bien pensive pour une dragonne au tempérament sauvage et direct. Cela ne lui ressemblait pas.
Il fallait en finir, d'autre groupes de résistance devait avoir besoin de son aide et elle ne parvenait pas a se défaire de ce monstre. Pour ne rien arranger, il y'avait des groupes de décérébrer qui venait interférer dans son duel mais jamais elle ne mettait longtemps a les expédier ad patres. Encore une fois. La dragonne bondit sur le monstre qui l'attendait, nouveau choc dont elle se serait bien passé. Les mâchoires claquaient, avide de trouver le corps de l'autre et en particulier la base du cou, les coups de pattes voulaient déstabiliser l'un et l'autre tandis que les deux créatures, en quête de dominance, se dressait poitrail contre poitrail sur leur pattes arrière pour être au dessus de l'ennemi. Mais les deux bêtes, de taille équivalente, ne sauraient se départager ainsi. Pourtant, écaille d'or eut une idée. Il voulait être plus haut, soit. La dragonne dorée se servit de ses pattes avant pour pousser la partie haute du corps de l'opposant vers le haut tandis que ses ailes tirait la partie basse de celui ci vers elle. A la verticale, son équilibre vacille et il s’écroule a la renverse. Szanghai ne perdit pas une seconde et mordit de toute ses forces a la base du cou, secouant brutalement dans les rugissements de douleur de son adversaire, jusqu’à ce qu'enfin cela cède et que la tête se décroche complétement.
Sa victoire, dans un rugissement glorieux, redonne courage, même si cela ne sera que provisoire. Elle avait ça et la quelques blessure superficielle a pas bien grave mais elle avait quand même besoin de souffler un peu. S'élevant au dessus de la mêlée, elle observe brièvement le champ de bataille et ce n'était pas la joie mais au moins, cela tenait. Chacun faisant de son mieux dans ce chaos et quand son regard se pose sur la reine des elfes, encore une fois, elle se sent le besoin irrépressible de l'aider. C'est donc vers elle que son vol se dirige et alors que la dragonne dorée allait atterrir, un monstre volant grotesque apparut dans son champ de vision, semblant vouloir fondre sur l'elfe. Tant pis pour la douceur. Szanghai repris de la vitesse et attrape l'elfe dans une patte avant. A peine attraper, ses trois autres membres touchèrent le sol pour la propulser d'un bond en arrière, laissant le monstre passer devant elle de quelques centimètre. Le voyant revenir a la charge et ne pouvant utiliser une de ses techniques préféré avec une patte occupé, la belle d'or choisit d'attendre qu'il soit juste a portée pour violemment se retourner, donnant un violent coup de queue. Pour faire bonne mesure, Szanghai rôtie l'adversaire. Et enfin, apres tout cela, elle se préoccupe d'Ellenwen, la regardant d'un œil dorée.

* Je vous dépose quelque part, vous et votre mignon loup? *

La caravane de réfugiés paraissait un peu moins infinie maintenant, tandis que nous galopions Ellen' et moi le long des Alagaësiens qui, miraculeusement, avançaient à peu près en ordre et dans un calme relatif. Le cheval de trait que j'avais volé nous emmenait aussi vite qu'il le pouvait malgré la terreur qui suintait de chaque pore de son esprit à l'approche du front.

La géographie de la vallée était ainsi faite que nous entendions les bruits de la bataille, le choc des lames, les hurlements des mourants, le rugissement des dragons, avant de les voir effectivement. L'ambiance était surnaturelle : tout juste cent mètres plus loin, au détour d'un éboulis, nos amis mourraient, et là des milliers d'Alagaësiens avançaient sur leurs chariots, à pied, à cheval... sans regarder en arrière, sans écouter...

Et puis nous y fûmes, au détour du rocher. Je posai pied à terre, Ellen' aussi, laissant le pauvre cheval fuir dans la direction opposée. Je jaugeai l'affrontement des yeux, les vieilles habitudes revenant au premier plan comme une seconde peau : les mouvements des deux camps comme une marée qui fluctue, ou plutôt un ressac incessant, les points où la ligne menaçait de briser... Magiciens et archers en support étaient à court de projectiles ou d'énergie depuis longtemps, peut-être que si l'on...

L'apparition dans un rugissement de flammes tonitruant d'un géant de feu rubis coupa net le train de mes pensées et remit de toute façon en question toute considération tactique concernant la bataille. Ce truc était Marek, et heureusement, malgré les apparences, il semblait avoir encore conscience de ce qu'il faisait : le géant étendit un bras vif comme l'éclair et attrapa un dragon corrompu au vol et lui brisa le cou.
Il allait avoir fort à faire au vu de la nuée qui volait vers lui et convergeait maintenant pour cracher poison, éclairs, flammes corrompues... Je jurai, cherchai Ellenwen des yeux mais elle avait déjà disparu dans la bataille, jurai encore. D'elle entre tous je pouvais ressentir l'esprit, la présence, et si elle était encore en vie, je la sentais aussi vaciller au seuil de ce que je reconnaissais comme étant la vieille folie que j'avais appris, à travers elle, à connaître.

*Fais attention à toi, je lui murmurai en pensée, aussi futile que ce soit.*

Je tirai mes sabres de leur fourreau, pour de bon cette fois-ci, pas d'arrière pensée. Marek en géant de flammes occupait tout un pan du front, Yarrock était haut dans le ciel et se battait, avec les autres dragons, à un contre dix contre les monstres volants.
Et moi je m'enfonçai dans l'enchevêtrement mouvant, agonisant, criant, sanguinolent du champ de bataille. La fureur habituelle, quelques visages que je reconnaissais - des gens avec qui j'avais passés les derniers jours à organiser la fuite ou les vieux amis revenus la nuit précédente - en était déformés.

C'était un état de quasi-trance dans lequel je me glissais, j'avais vécu sur les champs de bataille, guerroyé pendant des siècles, j'étais ici chez moi. Je repérais du coin de l’œil les points qui menaçaient de céder et j'y courais, j'économisais ma magie mais par moments il était impossible d'y couper, une explosion retentissait, un torrent de flammes jaillissait de ma main... Je sentais la pression sur mes tempes qui me rappelait combien mon contrôle était précaire, mais pour l'instant, j'arrivais à ne pas perdre pied.
L'odeur électrique si particulière de la magie emplissait l'air, d'ailleurs : je n'étais pas le seul à m'en donner à cœur joie. De toute façon, c'était bien la dernière fois que nous en aurions tous l'occasion.

Tout du long je me fermais à mes émotions, je tentais d'oublier tous les amis qui combattaient et tombaient ici aussi, les anciens comme les nouveaux. J'évitais de penser à ce que sa transformation devait coûter à Marek comme énergie vitale l'ennemi était innombrable et il fallait tenir envers et contre tout. J'évitais de penser au monticule de cadavres que nous avions utilisé, avec un groupe de milicien, comme couverture : c'était celui au sommet duquel le corps mutilé de Dandelo gisait. Je l'avais reconnu aux lambeaux de manteau arc-en-ciel...

<><><><><>

Repérer un point qui menace de céder... trancher... avancer... je répétais les gestes inlassablement, dans un état second, je pouvais continuer encore des heures comme ça, je pouvais terminer cette bataille seul s'il le fallait, je...
L'attaque me prit au dépourvu pourtant : tout d'un coup une formidable charge mentale qui submergeait mon esprit. Je voulus dresser des barrières mentales et je me rendis compte que rien ne se passait. Je voulus lancer un sort, enfin je voulus recourir à mon dernier atout, ralentir le temps autour de moi, le remonter pour me tirer d'ici... Ma magie était figée.

"Merde", je soufflai.

La routine sanglante dans laquelle j'étais tombé se dissipa, je regardai autour de moi : j'étais loin de tout ami, loin au milieu de la masse des Monstres des Failles, et étrangement ils ne m'attaquaient plus. C'était comme si j'étais sur un îlot au milieu d'un torrent : ils se séparaient pour m'éviter, ils dégageaient une zone autour de moi. Mais qu'est-ce qu'il se passait...

De la masse des créatures, des silhouettes humanoïdes émergèrent. Cinq en tout, et alors que le reste des Monstres continuait de s'écarter je distinguai le pentacle tracé au sol qui emprisonnait ma magie, à même la terre retournée. Il était grossier mais fait de sang...

"Laïaga Sin'Saïan... fit le premier des cinq Stryges. Qui eut cru que notre petit piège attirerait si facilement une si grosse proie ?"

La réalisation de m'être fait manipuler et entraîner de plus en plus loin derrière les lignes ennemies acheva de me déconcentrer. Je ne vis pas venir le coup, un autre des cinq stryges qui s'était élancé pendant que le premier parlait, ses doigts transformés en longues griffes effilées.
Je me retournai en entendant ses pas dans la terre boueuse, mais trop lentement, privé de ma magie et sous la pression de leur attaque mentale concertée, la lame de mon sabre dévia juste assez ses griffes pour pas qu'elles ne m'éventrent mais le sang gicla et je grognai de douleur. Je ripostai, parai un coup d'un autre Stryge qui se joignait à la curée, tentai de bondir pour m'enfuir du pentacle magique mais un troisième s'interposa et je dus reculer en récoltant une estafilade qui me barrait le visage. Les Stryges resserraient leur cercle autour de moi.
Pour la première fois aujourd'hui, la mort devenait bien plus qu'une simple possibilité, aussi certaine soit-elle. Je sentis la vieille peur qui se mit à me tirailler les entrailles... Je veux vivre putain ! Même un jour de plus, même une heure de plus !

*Yarrock ! je tentai désespérément. Ellen' ! À l'aide...*

Mais il n'y avait que le silence, ils me coupaient de toute communication, j'étais bien livré à moi-même... et condamné. Si seulement je pouvais ne serait-ce que glisser un pied en-dehors du pentacle, ou même en briser une des lignes, je les réduirais en cendres.

"Je vais tous vous emmener avec moi, je crachai à la figure du Stryge en face de moi avec plus de conviction que je n'en possédais, pour gagner du temps à tout prix. On va tous vous anéantir avant le coucher du soleil."

Ils n'avaient pas l'air ouverts à la discussion pourtant. Mes cinq adversaires s'élancèrent d'un même mouvement toutes griffes dehors...

Un festival de chaire et de sang, accompagné du concert des os qui craquent. Ici et là les corps foutent le camp, direction l'au-delà, avec force fluides déversées comme lors d'une bonne baise. Ils se débattent, paysans, moins que rien, avec l'énergie qu'il reste à un pendu. Sans style.

À la fin, Kragh était parmi eux, sachant plus grands chose de la vie, titubant le souffle court, entouré par les morts. Il en était presque devenu un lui-même, tant il était couvert de blessures.

Il ne savait pas quand, ni comment, mais une sorte de trêve s'était imposée. Un peu plus loin, les bêtes corrompues fuyaient les saloperies volante, tentant de se dérober à leur feu.
Ah ! Comme il les comprenaient, ayant dû lui-aussi se carapater de "son" propre dragon bien des fois.
Smaug ? C'était le bon temps...

Il n'eût plus la force de marcher pour rejoindre les survivants, il tenta, en vain, d'appeler à l'aide.
Mais il faut dire, aussi, que c'était sans grande conviction, comme pour seulement faire bonne figure.
Alors il s'écroula.

Les combats faisaient rage autour de la caravane de réfugiés. Chaque soldats s’attelaient à tenir le plus longtemps pour que la cohorte tienne jusqu’au bout de la montagne. En plein milieu de la mêlée, le gardien de la Terre entassait ses victimes au fur et à mesure qu’elles s’avançaient pour le dévorer jusqu’à l’os. Ses amis étaient disséminés dans la clairière et bientôt les premiers grands noms tombèrent.

Pendant ce temps, Athorn nettoyait le ciel à l’aide de ses congénères tant bien que mal ; Les cieux étaient aussi noir d’ennemis que le sol et la victoire s’éloignait peu à peu dans son esprit. Les blessures sur le dragon d’émeraude s’accumulaient ainsi que la fatigue. Il se posa en catastrophe avec ses ailes perforées de toute part et continua de dévorer ces créatures corrompues avec autant d’efficacité. Il transmit l’information à son dragonnier qui commençait à ressentir de la peur au fond de son cœur.
Sans signe annonciateur, l’émeraude de Max se mit à vibrer et à s’affoler autour de son cou. Un court instant et deux victimes plus tard, un halo de chaleur envahit tout le champ de bataille et tout le monde pu admirer le colosse de Feu détruire tout ce qui se trouvait sur son passage. Max essaya de contacter son frère :

*Ne t’enflamme pas aussi vite Mar... !*

La dragonnier ne termina jamais son trait d’humour, remplacé par un cri de douleur qui le mit à genou. Les combats cessèrent l’espace d’un instant pour regarder un dragon de couleur émeraude rugirent, puis s’écrouler dans un nuage de poussière. Athorn venait de faire écran de son corps pour protéger Laïaga d’un énième jet d’acide craché par un de ces dragons corrompus. Le corps de Max laissa juste un tas de sable à l’endroit où il était supposé se trouver pour se matérialiser devant son dragon qui agonisait. Il entoura son corps et lui-même d’un arc électrique si puissant qu’au simple contact de celui-ci, les ennemis finissaient grillés sur place. Le gardien s’agenouilla contre le museau de son ami de toujours alors que son corps se liquéfiait littéralement à cause de l’acide.

*Ne part pas… Pas encore !* hurla mentalement l’homme au dragon.

L’immense reptile souffla avant de lui répondre

*Marek perd le contrôle, tu ne tarderas pas à faire de même... et la caravane n’est pas encore sauvée… Tu sais par quels tourments quoi tu dois passer pour y parvenir. La première étape vient de se terminer, passe à la seconde, le plus longtemps que tu puisses...*

La dragon ouvrit une de ses pattes où brillait son l’eldunari, immense réservoir d’énergie et où la conscience du dragon pourra demeurer.

*Je bloquerais toutes tes peines encore un moment, mais suis le plan...*

Dans un dernier râle de douleur, les yeux du colosse d’émeraude se fermèrent et son coeur cessa de battre définitivement. Les larmes du gardiens de la Terre perlaient contre ses joues avant de s’évaporer par la chaleur que produisaient Marek.

Résigné, Max suivait le plan qu’ils avaient mit en place, sorte de coup de poker. L’eldunari bloqua toutes douleurs que ressentait l’esprit de l’homme pour que ce dernier soit dans un état de trans. Il défit le plastron de son armure pour avoir le torse nu et murmura quelques paroles en ancien langage.Il venait d’abaisser tous ses sort de protection pour les remplacer par une insensibilisation de tout son corps. Chaque terminaison nerveuse ne ressentaient plus rien. De ce fait, il encaissera les coups sans broncher ; C’était la deuxième phase du plan.

L’arc électrique disparu et le Gardien de la Terre fonça dans la foule avec un dernier regard vers Laïaga qui avait assisté à toute la scène malgré lui. Max adressa un message aux héros encore vivants :

* La caravane doit se dépêcher, la montagne se refermera sûrement plus vite que prévue*

L'ex dragonnier ne savait combien de temps il tiendrait, et surtout comment il réagirait lorsqu’il sera dans la même état que son frère en feu.

Il ne reviendra pas. L’absence d’émotion dans la dernière phrase de Marek confirma à Dark que c’était probablement la dernière fois qu’elle entendrait la voix de son ami résonner dans son esprit. La raison la poussait à lui tourner le dos, et s’envoler, pour éloigner Leyra de la scène, mais elle n’arrivait pas à détacher ses yeux d’argent du Gardien, et sentit l’humaine bouger sur son dos, temporairement distraite de sa peine, pour observer son mari. Impuissantes, elles regardèrent le Gardien du Feu s’incarner, et se transformer en monstre de feu. Elle sentit le coeur de Djenka se serrer, un mélange de peur et de rage face à cette incontrôlable magie. Ce n’était pas la première incarnation à laquelle la drow assistait, celle de Myad ayant tué un grand nombre d’elfes noirs, dont l’intégralité de sa famille. Par curiosité, et peut-être également en quête d’un dernier espoir, Dark tenta d’atteindre l’esprit de Marek. Mais son ami n’était plus. Avec un grondement de frustration, la dragonne abandona, et serpenta entre les reptiles corrompus pour s’éloigner le plus possible du monstre de feu, malgré les protestation de Leyra.

A terre, Djenka, choquée, ne pouvait quitter des yeux le Gardien, ressentant l’essence même de la magie drow émaner de lui. Une fois l’incarnation terminée, un puissant souffle chaud les balaya, brûlant le visage de l’elfe noire, qui n’arrivant pourtant toujours pas à bouger. Elle entendit non loin quelques soldats se réjouir de la nouvelle forme de Marek, pensant avoir à leurs côtés un allié sans égal, mais la dragonnière savait ce qu’il en était vraiment. Impossible de faire confiance aux incarnations. S’ils survivaient aux corrompus, le Gardien se chargeraient d’eux.
Akkan lui attrapa le poignet, la ramenant à la réalité, et l'entraîna loin de là. Ils s’éloignèrent le plus rapidement possible de Marek, en sachant que le seul moyen de lui échapper était tout simplement de l’éviter. La présence de Nimrod leur facilitait grandement la tâche, le dragon s’occupant de tout adversaire qui les retarderait de trop. Etrangement, Djenka savoura ses quelques minutes de fuite, se délectant de se battre aux côtés d’Akkan, déversant toute sa force et sa haine sur les créatures corrompues qui croisaient leur chemin. Bien que leurs adversaires semblaient plus puissants, les elfes avaient globalement le dessus grâce à leur agilité, rapidité, et technique. Ils virevoltaient, tranchaient des membres, bondissaient, esquivaient, tout en harmonie avec le petit dragon, et ne semblaient faire qu’un. Armée de ses deux épées, Djenka pouvait attaquer, parer la seconde d’après, ou fuir en un mouvement de poignet, évitant tout geste inutile pour préserver son énergie, qui se consumait pourtant à une vitesse alarmante. Emprise d’une étrange euphorie guerrière, un léger sourire se dessina sur les lèvres de la drow lorsqu’elle sentit Dark non loin. A eux quatres, rien ne pourrait leur arriver, ils étaient invincibles.
Un bruit sourd, et un grondement trop familier la ramena rapidement à la réalité. Avec un saut en arrière pour éviter son adversaire, elle se retourna furtivement, et vit avec horreur Akkan au sol, inanimé, et une étrange créature sur lui. D’un geste rapide et brutal, elle trancha la tête de son corrompu, rangeant ses épées, et bondit vers son elfe, pour s’agenouiller auprès de lui.

- Non, non, non, non, non - gémit-elle d’un murmure -relève toi

Suppliant son compagnon de reprendre conscience, elle psalmodia quelques paroles en ancien langage pour guérir ses blessures superficielles. Rien n’y faisait, le mal était tout autre. Avec une magie trop incertaine, impossible pour Djenka de s’aventurer plus loin.
Elle acquiesça aux paroles de Nimrod, seul être qui pouvait désormais venir en aide à son dragonnier.

Au moment où le petit dragon ne fit qu’un avec le semi-elfe, Kaminari apparut, et fit un étrange cadeau à Djenka. Son coeur des coeurs. Elle attrapa l’Eldunari au vol, et délicatement, accrocha l’énorme pierre sombre à sa ceinture, pour le laisser reposer sur sa hanche. Le dragon avait raison, ça ne serait pas utile pour ramener Akkan, mais ca n’en restait pas moins une énorme source d’énergie, qui pourrait leur sauver la vie, ou du moins leur faire gagner du temps.
Elle remercia son ami en langue elfique, lui assurant qu’elle protégerait son coeur des coeurs comme s’il était celui de Dark, et lui souhaita bonne chance pour ce qu’il allait entreprendre. Elle savait pertinemment qu’il n’aurait pas donné son Eldunari sans raison. Il avait une tâche à accomplir, et ne pensait pas en sortir indemne.
Elle reporta son attention sur Akkan au même moment où Dark posa patte à terre, alors que Kami prenait son envol. Son regard fixé sur son compagnon, elle ne vit même pas une Leyra quasi-hystérique qui bondit au sol, pour se précipiter vers le monstre de feu qu’était devenu son mari. La dragonne sombre l’ignora, et vint poser son museau sur l’épaule de sa drow, suivant son cheminement de pensée. L’esprit d’Akkan était désormais presque imperceptible, et elle ne sentait pas Nimrod. Avec un inquiétude grandissante, Djenka plongea ses prunelles d’or dans le doux regard de la dragonne, à la recherche de réponses.

* Vas-y - lui répondit-elle calmement - Je vous ramènerai, et je protègerai ton corps pendant ton voyage *

D’un sourire triste, elle la remercia, et murmura quelques paroles en langue drow à sa dragonne, sa moitié, lui communiquant son amour, sa gratitude. Elle enlaça sa gueule de ses petits bras, et la serra fort contre sa poitrine, avant de déposer un baiser entre ses yeux. Dark lui répondit d’un doux ronronnement, avant de se dégager délicatement de l’étreinte pour laisser sa drow à sa lourde tâche. Avant d’être dragonnière, Djenka avait été adepte pendant des décennies des voyages de l’esprit, visitant ses congénères en rêves, quittant son corps pour explorer d’autres mondes. Bien qu’étant une pratique peu courante, la drow y excellait, et repoussait toujours ses limites. Seulement, en se dissociant de son corps, on y prenait le risque de ne jamais le retrouver. Jamais encore elle n’avait fait voyager son esprit dans un état de fatigue si avancé, avec un corps blessé, et bien entendu en pleine zone de bataille.
Toujours agenouillée auprès d’Akkan, elle plaça ses mains sur son visage, ses doigts s’enroulant dans sa crinière, ferma les yeux, respira profondément, et avec précaution, pénétra dans son esprit. Elle fit abstraction des bruits, des odeurs, de la désagréable chaleur qui brûlait sa peau, pour ne penser qu’à Akkan, faible lueur dans l’obscurité. Elle dû également ignorer sa dragonne, réduisant leur lien au minimum pour pouvoir se concentrer et ne penser qu'à l’esprit du semi-elfe. Une fois localisé, Djenka s’accrocha à sa faible présence qui semblait s’éloigner d’elle de plus en plus, et se donna entièrement à cette connection, quittant son corps pour rejoindre l’esprit de son bien-aimé et le ramener à elle.

Alors que le corps inconscient de la drow s’effondra sur celui du mâle, Dark s’occupa de dégager entièrement la zone. Les deux dragonniers inconscients, elle devait les protéger aussi longtemps que possible. Elle envisagea rapidement de les prendre dans ses pattes, et se poser dans un endroit plus calme, mais il était désormais impossible de voler, avec Kami en l’air qui électrifiait les cieux.
Étant la créature la plus imposante au sol - sans compter Marek - les corrompus semblaient l’esquiver, et les quelques inconscients qui croisaient son chemin se retrouvèrent rapidement en feu, ou en lambeaux.
Les minutes passèrent, longues et redoutables, sans qu’elle ne sente Djenka. C’était probablement le sentiment le plus déroutant pour la dragonne, de voir sa moitié, mais de ne sentir qu’une faible lueur, comme si elle lui échappait. Elles, qui n’étaient après tout qu’une âme dans deux corps, se séparaient complètement pour la première fois depuis la création de leur lien.
Dark essaya de ne pas se laisser distraire par l’absence de la drow, et de se concentrer sur les créatures corrompues, de plus en plus nombreuses et courageuses, qui n’hésitaient désormais plus à croiser crocs et griffes avec elle. N’ayant aucune liberté de mouvements pour protéger les deux elfes toujours allongés au sol, elle avait de plus en plus de mal à éviter les attaques, et son corps écailleux se décorait désormais de blessures et brûlures. Elle se sentait plus lente dans ses mouvements, et esquivait difficilement. La frustration face à cette faiblesse qu’elle ne se connaissait pas, fît monter en elle une puissante rage, la rage de protéger sa drow. Avec un rugissement puissant, elle riposta à l’attaque d’un reptile à la ressemblance troublante, et bondit à la gorge du corrompu, l'encerclant de ses puissants crocs. Le dragon se tortilla, et lacéra Dark de toutes ses serres, jusqu’à ce qu’elle lâche prise, pour se jeter sur elle. D’une tentative d’esquive, elle roula sur le côté, entraînant le corrompu avec elle, loin de Djenka, et fit claquer ses crocs pour le provoquer. Ignorant totalement les elfes, il bondit sur elle, avant de se prendre sa lourde queue en plein museau qui le coupa en plein vol. Nullement perturbé, comme s’il ne sentait pas la douleur, il se releva pour repartir à la charge. Faiblement, Dark se dressa sur ses pattes arrière et fit claquer ses ailes, avant de prendre son envol. Bien que puissants, les corrompus avait perdu l’agilité draconique, et n’étaient pas de tailles aux dragons en vol.

S’en suivit un combat acharné, les deux dragons se déchirant, lacérant leurs ailes, yeux, s’enroulant autour du corps de l’autre pour atteindre leurs faiblesses, et donner le coup fatal. Puisant dans ses dernière forces, Dark attrapa le corrompu par la queue, et le jeta violemment au sol, et s’écrasa lourdement sur lui en se retournant au dernier moment pour l’empaler de son long. Sentant la vie s’échapper de la créature, elle poussa un profond soupir de soulagement, et tenta de se dégager. La puissance de l’impact rendit la chose impossible, l’autre dragon étant trop profondément empalé sur son dos. Epuisée et résignée, elle n’insista pas, se décalant seulement de quelques centimètres pour pouvoir déployer une aile protectrice, et la poser sur Djenka et Akkan. Elle les rapprocha d’elle, laissant son aile sur leurs corps, pour les garder dissimulés.
Ignorant la douleur des centaines de blessures, elle se concentra sur son lien avec Djenka, nageant en sa compagnie dans l’obscurité qu’était l’esprit d’Akkan, et une fois localisés, puisa dans le peu qu’il lui restait d’énergie pour les ramener à la conscience.

Brutalement, Djenka se retrouva propulsée de nouveau dans son corps, subissant les agressions des bruits et odeurs tout autour. Une vague d’amour la submergea subitement, effaçant le monde autour d’elle. Un amour inconditionnel, puissant, fusionnel, que l’on n’a la chance de trouver qu’une fois dans sa vie. Un amour si pur et rare, que certains donneraient leur vie pour ne le ressentir que l’espace de quelques secondes. Un amour qui vous protège, rassure, soulage. Un amour qui guérit tous les maux, qui donne un sens à l’existence. Un amour qui complète l’âme.
Et soudainement, plus rien. Le vide le plus total dans son coeur, dans son âme. Une solitude étouffante, alors que le coeur se serre, et souffre instantanément de cette soudaine absence. Une folie naissante, d’avoir un amour si transcendant, pour se le sentir arraché la seconde d’après. Impossible pour la drow de comprendre, ou mettre des mots sur cette horrible sensation qu’elle ressentait, cette angoisse grandissante, qui creusait son coeur. C’était comme si on venait de lui arracher une partie de son âme, une partie d’elle.

- Dark !

Maladroitement, elle se releva, recula, pour trébucher sur la grosse patte écailleuse de la dragonne. Réalisant la source du manque, des larmes coulèrent silencieusement sur sa joue, elle se retourna, et se figea à la vue du corps sans vie, et méconnaissable de Dark, qui lui coupa instantanément la respiration. Ses jambes la trahirent, et elle s’effondra au sol, incapable de détacher ses yeux de la dragonne ensanglantée.
Combien de temps Dark avait-elle dû les protéger, alors que Djenka naviguait dans l’esprit d’Akkan pour les ramener, lui et Nimrod ? Combien de blessures avait-elle dû subir, pour sauver leurs vies ? Elle était morte seule, pour une cause perdue, son dernier acte étant de ramener sa dragonnière à la conscience, et la submerger d’amour, une dernière fois.
Toujours sans quitter la dragonne noire des yeux, elle tapota le corps d’Akkan, à la recherche de signes de vie. Il ne manquerait plus que Dark ait donné sa vie en vain.
La peine et la culpabilité se mélangeaient douloureusement dans le coeur de la drow, qui cherchait encore la présence de Dark, pour ne faire face qu’à l’effroyable solitude. Pour la première fois en plusieurs décennies, Djenka était complètement seule dans son esprit.
Cette réalisation étant trop douloureuse pour le corps et l’esprit de Djenka, elle se sentit un nouvelle fois plonger dans l'inconscience, alors qu’à sa hanche, l’Eldunari de Kaminari émanait désormais une étrange énergie.

Lorsqu'Ellenwen fut ramenée à l'instant présent, dégagée de la folie des combats et du carnage, ce fût pour se retrouver entourée de cadavres. Haletante, la poitrine soulevée par une respiration violente et difficile, l'elfe cligna des yeux, repoussant une mèche de cheveux collée de transpiration à son front. Il lui fallut cligner des yeux plusieurs fois pour en dégager le sang qui avait croûté les cils et voir autour d'elle les membres démembrés, pour entendre à nouveau les hurlements, le vacarme des armes et les rugissements des bêtes. Finwë était à ses côtés, le corps lacéré de mille et une griffures, encore superficielles mais qui le ralentissaient plus qu'il ne l'avait jamais été. Elle vit sa fourrure blanche devenue rouge et trembla de la tête au pied en percevant, dans un flash, le reflet déformé et tout aussi ensanglanté du sien dans les yeux gris de son loup. Une brusque nausée lui tordit le ventre, faisant monter un goût de bile amère sur ses lèvres. Ils avaient dû reculer, insensiblement, repoussés par les assauts sans fin et se tenaient derrière un tas de corps, entassés pèle mêle derrière un semblant de barricades.

L'elfe et le loup, d'un même regard, levèrent les yeux vers Marek qui continuait de se battre sans répit. Les consciences alentour étaient surchargés de douleur, semblables à des flèches de feu qui s'enfonçaient dans leur esprit. Akkan n'était plus qu'un pâle lien, si ténu qu'il leur fallu chercher pour le trouver. Leyra, Djenka, Max... Tous ne renvoyaient qu'un sentiment de vide et de douleur. Une nouvelle nausée secoua l'elfe en réalisant qu'ils pleuraient la mort de leur dragon et que, bientôt, elle devrait pleurer la perte de son propre compagnon d'esprit.

*Pas encore, Ellen. Pas encore.*

Finwë pressa sa truffe dans la main de l'elfe, lui léchant les doigts, savourant le sang qui en gouttait. Il lui fit un étrange sourire canin, les babines légèrement tombantes et la langue sortie.

*Occupe toi de Laïaga d'abord.*

Avec un frisson, Ellenwen se souvint de l'étrange prémonition qui l'avait fait sortir de sa rage des combats. Escaladant corps et barricade, trébuchant et tombant, se raccrochait aux cheveux, aux langues, aux dents pour grimper encore, elle jeta un coup d'oeil à l'horizon. Elle explorait frénétiquement leur lien, tâchant de jauger de la distance et de sa position. Ce ne fut qu'à l'ultime moment, alors qu'elle le touchait presque, que tout s'évanouit comme si le lien n'avait jamais existé.

La douleur et la surprise furent si intense que l'elfe tomba à genoux en hurlant, la tête entre les mains. Sa vessie se lâcha de terreur alors qu'elle se recroquevillait sur elle-même. On l'avait privé de son tuteur, privée de l'une de ses deux attaches de stabilité. Quelqu'un retenait son amant, elle le savait. La mort ne laissait pas cet arrière-goût de torture.

Lentement, avec une rage qui déformait ses traits jusqu'à la faire grimacer, l'ancienne reine se releva. Le cri qu'elle lança, amplifié par la magie et par le hurlement de son loup, résonna sur tout le champ de bataille comme un appel au meurtre et à la folie. Elle détacha de son cou le pendentif que Pierrot lui avait donné, si longtemps auparavant et l'embrassa, transmettant à la pierre tout l'amour qu'elle avait eu pour son vieil ami. Puis elle le laissa tomber dans la boue et le sang, laissa tomber ses armes et son humanité.

Protéger. Protéger. Protéger. L'esprit du loup et de l'elfe hurlaient de concert. La meute était emprisonnée et rien ne comptait plus que la vengeance et la protection. La métamorphose fut rapide. En une poignée de seconde, les traits de l'elfe s'était déformés en ceux d'un immense félin aux crocs acérés. Ses ongles étaient devenus des griffes tandis que ses chaussures, lacérées et en miettes, laissaient apparaître des pattes fortes et vigoureuses. Tout n'était plus que blanc et noir, violentes odeurs et besoin de massacre.

Se jetant dans le combat, elfe et loup tracèrent un chemin de sang à coup de griffes, de crocs et de magie brute. Durant des années, l'elfe avait régné sur le Du Weldenvarden. Pendant des années elle avait chanté pour le coeur de la forêt, chantant pour les arbres et ses habitants. Elle avait choyé, soigné, chacune des vies sous sa protection. Elle s'était entraînée à sentir chacune d'elle, à lui insuffler force et santé. Maintenant, ces années de pratique la liait aux monstres qui l'entouraient. Ils mourraient, sans même qu'elle ne les touche, consumés de l'intérieur par sa rage et sa haine. Ceux qui résistaient, affaiblis, mourraient la gorge tranchée.

Tuer. Tuer. Tuer. Ellenwen et Finwë s'approchaient inexorablement de la ligne de front, puis la dépassèrent, s'enfonçant dans les lignes ennemies. Si Laïaga tenait. Juste un peu... Et soudain, ils l'aperçurent entouré de cinq stryges qui le harcelaient, jouaient avec lui comme des chats avec une souris. Ils se délectaient de sa peur, de sa souffrance. Au sol, ils le voyaient un pentacle de sang le retenait. Leur étrange vue, nourrie de magie, en voyant les tentacules noires et sombres qui s'en échappaient pour l'entourer. Une souillure qui brûlait la terre.

Ils rugirent à nouveau et Ellenwen enfonça ses doigts dans le sol jusqu'à en sentir les lignes de force et de puissance. Sous le pentacle, la terre trembla puis se souleva en un geyser qui éclata les lignes du pentacle et son pouvoir. A quelques pas de Laïaga, un arbre immense et vigoureux poussait, comme en accéléré sous l'influence du chant de l'elfe qui faisait vibrer l'air. Les branches fouettaient les stryges, broyaient les os, les racines enlaçaient leurs chevilles, remontaient jusqu'à leur gorge pour s'y enfoncer et chercher les nutriments nécessaires à la croissance de l'arbre.

Repousser. Repousser. Repousser. Puissant sans vergogne dans leurs forces, elfe et loup appelèrent la terre au combat. La poussèrent à se défendre et à se protéger contre la corruption qui, déjà, la faisait muter. Arbres, racines et lianes sortirent du sol, transperçant les corps étrangers, emmêlant les pattes, brisant les gueules. Toute la vallée verdit, se couvrit de ronces et d'arbustes.

Autour de Laïaga, plus aucun monstre ne vivait, que l'elfe et son loup.

Marek a écrit:: "Tu as trahi ce monde. Il cracha chaque mot avec un mélange de colère, de résignation et d'une profonde tristesse. Avant de tourner son visage vers chaque personne présente, et s'attardant sur Kaminari. Nous avons tous trahi ce monde."

Tel fur les mots du gardien du feu avant la bataille final…. Si seulement il n’y avait eu que cela….

Juger mes actes à votre guise…. Mais ne douter pas de réalité…. NOUS AVONS TOUS ECHOUER !

Les gardiens n’ont pas su maintenir l’équilibre du monde…

L’Equilibrium n’a pas réussi a préservé notre univers de la corruption…

La cam Serarna à échouer dans le maintient de la paix si chère a nos yeux…

Les premiers hommes ont failli a leur honneur et leur ambition de conquête….

Et tout ceci n’est que le compte rendu des dernières grandes organisations présentes en Algaesia avant la fin…

Quant a mon existence et ce que j’ai apporté ? Un échec TOTAL !

Pourtant…

----------------------

Encore un peu… Juste un tout petit peu… Kami résistait tant bien que mal afin de gagner de précieuse minute en esquivant du mieux possible et en contre attaquant. La puissance que dégager Marek aidait grandement et dans un petit moment le dragon corrompu allait pouvoir libérer sa surprise !

Malheureusement, comme pour toute surprise. Il y avait un imprévu et celui-ci allait être très gênant… Alors que le mâle sombre rasait de prêt la groupie énorme et toute moche, pour passer devant elle et sa grande gueule, Kami c’était arrêter presque net… Son corps c’était figé totalement ou presque car ses ailes continuaient de se mouvoir pour le maintenir sur place…

Une nouvelle sensation de grand vide c’était empare du dragon. Son esprit c’était de nouveau détaché de son corps pour se mélanger à autre chose. Il avait résisté a l’appel de cette saloperie. Ce n’était pas pour se laisser amadouer si proche du but ! Sauf que cette fois ce n’était pas le ver volant corrompu qui était responsable de ce trouble….

Le vide laissait place a une immense souffrance. Pas physique mais moral. Un mal qu’il n’avait jamais ressenti auparavant ! indescriptible et intense. Il y avait aussi une sensation de vide immense… Le mal était tel que Kami en eu les larmes aux yeux. Pas d’eau, mais de sang noir, il pleurait l’espace d’un instant. Et alors qu’il cherchait une explication et comment s’en sortir. Un mot traversé ses crocs. Un prénom qui était la cause de son trouble….

-Dark…

Comment et pourquoi elle ?! aucune idée car il n’avait pas le temps de réfléchir mais l’explication était simple. Son elundari étant en possession de la dragonnière Djenka. Une partie de son esprit avait dû commencer à s’associer a celui de la dragonne et de la Drow. Ainsi l’absence total de l’esprit de la grande dragonne était la cause de ce maux….

Mais kaminari n’eu pas le temps de se plaindre de la perte de son mentor, son amie, sa consœur…. Un son aigu et sourd sortait alors de sa gueule. Une autre sensation douloureuse apparaissait ! Cette fois la souffrance qu’il ressentait était physique…

Elle provenait de plusieurs parties de son corps et en regardant il pouvait voir trois tentacules entraient dans ses écailles. La plus haute au niveau de sa cicatrice bien marqué sur le torse, la seconde au niveau du ventre au centre et la dernière dans son aile gauche.

Inutile de demander ce qu’il c’était produit…. Même s’il c’était arrêter à peine une seconde ou deux. Sa cible en avait profité pour le frappé violement et elle avait réussi. Il n’allait certainement pas vérifier si son corps était totalement transpercé ou s’il pouvait espérer se libérer. C’était la fin ! Il le savait parfaitement. Il avait juste espéré que d’autres vivent à sa place. Mais en venant ici tous avaient accepté de mourir dans un but précis….

Utilisant ses dernières forces l’ancien dragon sauvage fixait la mochété qui c’était mis à crier en lui crachant presque dessus. Surement un cri de victoire !

Kami avait alors un sourie narquois malgré le sang qui couler de sa gueule. Presque amusé ! C’était bien ça… il rigolait !

-T’es toujours aussi moche !

Puis a l’instant précis ou sa phrase se terminer. Kami avait joint ses deux pattes avant entre lesquels des arcs électriques c’étaient formé et qui à ce moment-là libérer une étincelle. S’en suivi alors un spectacle de son et lumière dévastatrice et continue.

[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 2 58e9b52438338023b1fccc60b0cfc41d

[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 2 58e9b52438338023b1fccc60b0cfc41d

Magie ancestrale des dragons ? Pouvoir caché de la corruption ? Ou simple réaction météorologique ? Aucune importance… ce qui compte c’était le résultat et il était violent…. Plusieurs éclairs partaient en série dans tous le sens réduisant à l’état de cendre tout ce qui se trouvé à proximité.

Malheureusement il n’y avait aucune chance que le dragon noir survive à une telle chose. Mais les chances que quelque chose sorte vivant de cet orage était encore plus basse… Même s’il devait y laisser ses écailles. Kaminari avait juré dé détruire cette menace volante. Le ver géant était responsable du début de l’infection du dragon. Il était donc tout naturel de lui rendre l’appareil….

-------------------------------------

Une forme humaine ? une ombre ? on oiseau ? Un esprit venant d’un autre monde ? Tout était étrange. A la fois en pleine animation mais aussi vide que le néant…. La mort ? la vie ? Rien n’était comme avant…. Plus aucune sensation physique, plus aucun sens ne fonctionner. Seulement une impression d’aura plus ou moins importante tout autour….

-Djenka…

Était-ce bien elle ? Cette présence a la fois proche et éloigner…

-Djenka…..

C’était bien son esprit. Pourtant il ne la voyait pas. Faiblement mais il ressentait son esprit….

-Djenka !

Probablement inconsciente, elle était toutefois vivante. Sans pouvoir décrire réellement ce que c’était. L’âme de Kaminari ressentait celle de l’elfe noir. Et il n’y avait pas qu’elle ! A une distance difficile a déterminé il y avait d’autres esprits familiers !

Combien de temps c’était-il passé depuis les éclairs ? des secondes ? des minutes ? des heures ?! Kami était mort. C’était une évidence. Mais il vivait encore à travers son cœur des cœurs. La sensation qu’il avait n’était pas si atroce que cela mais elle n’était pas non plus agréable. Toutefois il lui était inconcevable de rester enfermé a vie ici… s’il avait offert son trésor. C’était dans le but d’offrir une aide précieuse !

Ne sachant donc pas trop s’il parlait uniquement à l’ancienne dragonniere ou à tous. Il formait des mots a la suite espérant être entendu.

-Je suis sincèrement navré pour ce qui sait produit…. J’aurais tant voulu que tout s’arrête et redevienne comme avant… Avant que nos chemins se séparent que nos cœurs prennent des sens opposées…. Djenka…. Sers-toi de moi sans limite. Venge Dark et les autres ! Brise cette prison si cela peut permettre aux nôtres de vivre. Je ne demande qu’une chose en retour. Puissiez-vous vivre et soyez heureux….

L’esprit de kami s’effacer en avoyant une vague d’affection alors que la pierre se mit à briller d’une lueur sombre. Cette noirceur, car c’était le cas, laissait échapper la même fumée noire que le corps de Kami. L’ancien dragon avait pris la voie des ténèbres pour apporter la lumière. Il fallait à présent que la Drow en tire le plus grand profit en espérant qu’elle ne sombre pas a cause du cadeau empoisonné….

[Last but not least ! J'ai ma p'tite gorge qui se serre !]

Il est particulièrement étrange de recevoir un choc aussi violent. Le corps comme l’esprit semblent se mettre d’accord pour s’aplatir devant une telle souffrance. Ils se recroquevillent comme des fruits séchés au soleil, comme un cactus privé de son eau, ils prennent si peu de place, si peu pour se faire oublier, pour laisser passer la tempête qu’ils ne se savent pas de taille à affronter.

Il en était de même pour Leyra. Le temps n’avait plus vraiment de réalité, le monde autour d’elle était là et pourtant il ne semblait plus avoir d’existence. C’était comme ça, c’était brutal, c’était au-delà de toute idée, quelques instants plus tôt Elthanyn était là, et puis maintenant elle n’était plus.

Elle avait la sensation physique qu’on lui avait arraché un morceau de muscle quelque part par là dans son cœur. Elle avait l’impression que ce cœur meurtri prenait vie indépendamment d’elle-même, et qu’il poussait un long et douloureux hurlement, troué dans sa chair. Son esprit, lui, ne pensait plus, ne réalisait plus, restait bloqué dans son état léthargique.

Elle aurait voulu se recroqueviller sur le côté, enserrer ses genoux contre son ventre, et ses deux bras autour, les tenir si fort pour essayer de rassembler tous ces petits bouts d’elle-même qui semblaient s’échapper et se dissocier d’elle comme la cendre vole doucement loin du feu éteint.

La douleur était insoutenable et brûlante. Elthanyn. Elthanyn., oh non, mon Elthanyn. Où est-tu, ma dragonne, mon amie, ma moitié, mon corps, mon âme, oh ma pauvre Elthanyn, je t’aime, je t’aime, ça ne peut pas être vrai, ça ne doit pas être vrai, pas toi, pas là, pas encore, je ne pensais pas, je n’imaginais pas, je ne peux pas, je suis toi alors où es-tu ?

Elle sentit qu’on la tirait par la taille. Elle entendit des bruits et puis une voix qui s’éleva au-dessus du vacarme, près d’elle, une voix grave et pressante d’un homme fou d’urgence et d’inquiétude.

Leyra ! Il faut sauter ! Si on meurt elle sera morte pour rien !

Ses grands yeux bleus semblèrent voir de nouveau lorsqu’elle attrapa le regard acier de Marek, dans lequel luisait une intense tourmente. La douleur qu’il partageait avec elle la percuta de plein fouet. Elle laissa la selle s’échapper de sa main gauche et partit en arrière, tombant dans le vide, l’inconnu, le désastre, sans elle, mais avec lui.

Le corps sans vie de la créature chutait sans bruit à travers le ciel, ses écailles blanches scintillantes créant le prisme coloré de l’orageuse lumière. Il percuta le sol avec lourdeur, faisant s’élever un épais nuage de terre brune et gronder le sol.

Leyra eut à peine le temps de réaliser leur chute que Dark était parvenue à secourir les deux amants soumis à la gravité. Elle posa son imposante carrure au sol et Marek ne tarda pas à vouloir s’en échapper. Il lui déposa un baiser sur le front, lui murmura avec empressement des mots d’amour et sauta dans le vide entouré de flammes.

La jeune femme se redressa vivement, sortie de sa torpeur. Une peur sans nom lui tenaillait les viscères tandis qu’elle observait les modifications physiques opérant sur le corps de son mari.

Que… Non… NON !!! cria-t-elle du haut de la dragonne.

Cette dernière entreprit de s’éloigner à grands pas du géant de feu.

Marek !! MAREK !!! hurla Leyra, prise d’une folle angoisse. Dark !!! Arrête !! Arrête toi !!!!

La dragonne sembla détourner son attention de l’ancienne dragonnière. Leyra s’élança automatiquement dans le vide. Elle se réceptionna maladroitement et son épaule percuta violemment le sol, émettant un sinistre craquement. La douleur de la fracture ne sembla même pas avoir l’occasion de prendre sa place dans la souffrance qui la poignardait de toute part.

Puis elle courut, elle courut si vite. Les muscles de ses cuisses la propulsaient puissamment vers son objectif. Des torrents de larmes brouillaient sa vue et son esprit tandis qu’elle criait inlassablement des Marek !!!

Elle sillonnait entre les obstacles, fiévreuse, douloureuse.

Elle se revit toute jeune, enterrant le corps gris et ridé de sa grand-mère, sa seule famille. Elle se revit prendre la route, sans rien d’autre qu’une vieille cape, écrasée par la solitude. Elle se revit faire la rencontre de Tenel Ka, Breich, Hally, Marek. Elle se revit rejoindre leur groupe et doucement tomber amoureuse de lui, son grand homme pour toujours, son guerrier au cœur brisé. Elle se revit s’entraîner sans relâche à manier l’épée, devenir une combattante aguerrie, se ranger aux côtés de l’Alliance pour combattre l’Empire en la qualité d’espionne. Elle se revit découvrir l’œuf d’Elthanyn, magnifique pierre polie d’un blanc immaculé, la voir naître, la voir grandir, et grandir à ses côtés. Elle se revit découvrir la puissance de la magie, fascinée, avec le désir fou de jouer avec elle. Elle se revit en robe de mariée, aux côtés de Hally, Myad, Al Sohan, et tous ses amis, elle se revit débordante de bonheur enceinte jusqu’au cou. Son cœur failli exploser quand elle pensa à ses enfants. L’évidence s’installa brutalement. Elle ne les reverrait plus jamais.

La panique la saisit tandis qu’elle approchait dangereusement de la masse en combustion qui avait remplacé son mari. Alors c’était tout ? C’était comme ça qu’ils finiraient ? Tout ça, toutes ces aventures, tout cet amour, toutes ces découvertes, tout ça était fini, comme ça ? Un calme dégoûtant et froid s’empara d’elle, et elle eut envie de vomir.

L’ensemble de son bonheur tranquille lui semblait bien loin. La mort, partout, la douleur, la souffrance, autour. La destruction. Tout ce qu’elle avait construit était vain. Elthanyn morte, ses enfants loin, Marek-super-géant-tout-feu-tout-flamme-chaud-comme-la-braise – il ne lui restait désormais plus rien.

Aux pieds du géant de feu, Leyra laissa échapper un sanglot. Son regard de saphir brillait de larmes d’argent.

Puis, les traits de son visage se détendirent. Ses paupières ourlées de cils noirs se fermèrent. Elle détacha sa longue tresse de sa main valide, sa chevelure de jais s’envola, reflétant la lumière changeante. Elle saisit la poignée sertie de pierres de son épée, dont le fourreau pendait le long de sa combinaison de cuir drow, et plaça la lame bleutée devant elle. Son visage rayonnait de beauté et de sérénité.

Mon homme, mon amour, pensa-t-elle avec douceur comme une caresse, sans avoir la certitude qu’il l’entendait encore. Merci pour ces nombreuses années de bonheur. Merci pour ces deux merveilleux enfants que tu m’as fait. Je t’aime, intensément, et à tout jamais.

Elle rouvrit les yeux, déterminée.

Elle était prête pour sa dernière bataille.

Elle était prête à mourir.

Keldar courrait.

Tout le monde courrait. L'affolement avait déjà tué une bonne partie de la foule, mais on courrait quand même. Du moins tant qu'on avait pas perdu de vue ses proches, auquel cas on errait. Puis on se faisait bousculer, on tombait et on finissait piétiné. Courrir ou mourir, en somme.

Keldar avait tenu sur ses jambes suffisamment longtemps. La foule était maintenant moins compacte à son niveau et il avait survécu à sa première culbute en se relevant tout de suite. Il monta une côte au hasard, mais terriblement conscient que les hauteurs représentaient ce qui se rapprochait le plus de la sécurité.
L'ascension aboutit sur une vue dégagée sur... le passage. Il était arrivé.

Puis le sol de la vallée bougea et il comprit. La marée humaine formait un gigantesque tapis au fond de la vallée. Il regarda derrière et essaya de juger la distance des combats aux lumières et au sons qui lui parvenaient. Après plusieurs secondes de calculs fumeux, il comprit deux choses : il ne connaissait pas assez les lieux pour se livrer à ce genre d'exercices et il ne passerait sans doute jamais de l'autre côté.

Il y eut un instant de calme, de flottement. Ses yeux furent attirés par un manège étrange en contrebas :
Des personnes étaient portées à bout de bras au-dessus de la foule jusqu'à atteindre l'un ou l'autre bord du convoi. Puis il comprit que ces corps étaient sans vie et que la seule raison de cet étrange phénomène était de dégager le passage. Des charniers commençaient à se former en plusieurs points. Et aucune attaque n'en était la cause. Juste le monde, trop de monde, trop vite.

C'est sur ces pensées que le rocher sur lequel il s'appuyait céda et l'envoya faire une poignée tonneaux quelques étages en-dessous. Sa chute s'arrêta sur un corps qui venait d'être déposé là, enveloppé dans sa cape. Le futur cadavre poussa un gémissement, mais à l'entendre, ses minutes étaient comptées. Il s'appuya dessus pour se redresser. Sa main rencontra un objet dur qui glissa hors de la cape, le renvoyant au tapis. Il n'y aurait pas prêté plus attention si sa figure ne s'était pas retrouvée juste en face dudit objet. Il cilla trois fois. Quelque chose n'allait pas. Ou plutôt au contraire, il avait le sentiment de reconnaître cet objet.
Il l'attrapa prudemment par la ficelle qui le retenait au cou de sa propriétaire, dont la respiration sifflante venait de cesser. Il dégagea doucement le morceau de cape qui la masquait. Il révéla le visage d'une petite fille qui ne lui dit rien. Son cœur ralentit à nouveau. Il revint à sa découverte.
Un morceau de métal accroché au cou d'une jeune fille... Puis l'obscurité se fit. Il le tourna et le retourna dans tous les sens, mais il connaissait trop bien le médaillon qu'il avait porté des années durant pour se tromper. Ce n'en était qu'un fragment, mais largement assez gros pour qu'il n'ait aucun doute. Le médaillon avait donc pu être brisé. Mais quand, comment, pourquoi? Puis ses yeux revinrent sur son ancienne porteuse. Il soupesa toutes les possibilités et arriva à une conclusion.

Trésor n'était pas morte. Elle n'était pas morte parce qu'elle n'avait jamais pu mourir, ni vieillir. Un magicien l'avait sans doute libérée et amenée loin d'ici, en sécurité. Il rabattit la cape sur les mèches blondes.
Oui, c'était le plus probable. Et cette gamine avait récupéré les restes du médaillon offerts par un vieux bonhomme sympathique, voilà tout.
Content de son histoire, il se releva et remonta la colline. Il n'aurait su dire si la bataille s'était rapprochée ou non, mais une chose était certaine : il n'y avait rien de mieux qu'une bonne bagarre pour s'empêcher de réfléchir. Et sa priorité absolue était maintenant de ne pas réfléchir.

Le reste, il verrait après...

Les braisesMarek & Leyra

L'obscurité avait fait place à la lumière. Où était-il ? Aucune idée. Tout était blanc autour de lui, agressant les yeux. Les bruits de mort et de combat autour de ce qu'était l'Incarnation de M'Eihatê Raï s'étaient étouffés. L'odeur de chair brûlée était plus discrète. Ce goût de cendre dans la bouche lui, était cependant bien présent. La chaleur lui caressait douloureusement la peau, sensation que le Gardien n'avait pas eu depuis des années, lui qui endossant cette charge avait perdu toute idée de chaud et froid.

"Est-ce... terminé ? Est-ce comme ça que je vais mourir ?" pensa-t-il.

Ses mots ricochaient autour de lui dans un écho étrange. Et une voix, suave, féminine, qu'il connaissait si bien, lui répondit.

"Ce serait du gâchis, M'Idiyano."

Dans un tourbillon de brume noire et blanche apparut alors devant lui sa soeur de coeur. Myad, la Gardienne Absolue, sous son aspect du Diamant blanc: blonde aux yeux verts. Vêtue d'une très longue robe aussi blanche que le décor autour d'elle, elle s'approchait de lui en souriant.

"M'Idiyano... répéta Marek. Ce mot faisait résonner des souvenirs en lui.
- Tu te souviens de ce mot ? Le sourire sur le visage de la Gardienne s'étira.
- Tu me l'as expliqué le jour où tu m'as présenté Yenlui... Comment aurais-je pu oublier sa signification ?"

L'ancien Dragonnier sourit. Ce mot n'avait pas de traduction propre. Les drows considéraient qu'il existe autre chose que l'amour et l'amitié. Ils appelaient ça Idiyan. Un Idiyano est une personne que l'on adore pour ce qu'elle est, pour ce qu'elle nous apporte, qui nous manque et qui nous est chère. Mais il n'y aucun malentendu. Ni relations sexuelles ni déviances haineuses ne sont possible. L'exemple même de la relation qu'il avait entretenu pendant si longtemps avec la demi-elfe.

Il avait tant envie de serrer sa soeur dans ses bras mais... Elle n'était pas réellement là. Ce n'était que son imagination, au bord de la mort, n'est-ce pas.

"C'est trop tard, finit-il par dire en soupirant. J'ai craqué. J'ai perdu le contrôle. Il leva les mains au niveau ses épaules, comme pour montrer le spectacle autour de lui, qu'on ne pouvait pourtant pas voir. Marek est mort, il n'y a plus que Raï, la fureur du feu... Il baissa violemment les bras, frappant ses cuisses sans un bruit. J'ai échoué..."
"Tu n'es pas le premier Gardien à s'incarner, mon frère. Charlie avant toi à laisser libre cours à la colère de Nux. Et... Elle fit un geste des mains comme pour se présenter elle-même. Ne suis-je pas l'exemple même qu'une incarnation ne tue pas le Gardien ?"

Marek sourit. En effet, Ayahantê s'était incarnée plusieurs fois depuis qu'ils s'étaient rencontrés, et c’était toujours les gens autour d’elle qui en payait le prix. Elle changeait d'aspect à chaque fois: elle passait de cette apparence blonde aux yeux verts à celle d'une brune aux yeux rouges. Son comportement changeait un peu aussi. Il avait toujours eu une préférence pour l'aspect du Diamant Blanc, même s'il ne pouvait s'empêcher de la trouver terriblement charismatique sous l'autre aspect.

"Quand bien même je reprendrais le contrôle... Tout ces morts que j'ai causés... Je les ai entendus... Sentis... Il grimaça. Goûtés...
"Ne pense pas aux morts... Pense à ceux qui vivent encore... pour qui tu comptes..."

Une voix s'éleva alors, plus forte que les autres, de l'autre côté. Une voix féminine qui serra le coeur du Gardien du Feu.

"MAREK! MAREK!"

Leyra... Elle était vivante... Elle l'avait suivi... Comment ne pouvait-elle pas mourir si proche des flammes ?

"Ta part d'humanité, M'Idiyano, dit alors Myad, répondant à sa question muette. Ton amour pour elle va au-delà de ce que peut comprendre Raï... Va la rejoindre.
- Et toi?
- Voyons mon frère, je ne suis même pas là et tu le sais..."

Sur un sourire énigmatique, la demi-elfe disparut comme elle était venue. Marek ferma les yeux. La voix de Leyra continuait de se faire entendre, de plus en plus forte. Il entendit à nouveau les combats, la mort, les flammes, les rugissements. Il ne s'en rendit pas compte mais il hurlait. Le prénom de sa femme, de ses enfants, de sa soeur.
La chaleur fit place à un froid glacial. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était au sol, nu. Les enchantements sur ses vêtements qui les rendaient ignifugés n'avaient pas tenus face à la puissance de l'Incarnation. Même ses épées étaient à présent hors d'usage, à plusieurs mètres de lui. Autour du Gardien redevenu humain, dans un cercle de plusieurs mètres de rayon, tout n'était qu'un tas d'herbe calcinée, de corps meurtris par les flammes, et de chairs corrompues encore fumantes. Il vit Leyra, à quelques pas de lui, ses cheveux volant au vent, son épée devant elle. Sa voix lui parvint dans son esprit, claire, déterminée.

Mon homme, mon amour. Merci pour ces nombreuses années de bonheur. Merci pour ces deux merveilleux enfants que tu m’as fait. Je t’aime, intensément, et à tout jamais.

Les joues de Marek, noircies par les cendres, laissaient parfaitement visible le sillon que traçaient les larmes qui coulaient à présent. Le rubis pendait, totalement inerte, sur son torse.

"Leyra... pensa-t-il en retour, de sa voix rocailleuse et faible. Merci... pour tout ce que tu m'as offert, et ce que tu m'offres encore aujourd'hui. Et pour tout ce que tu m'offriras quand tout ceci sera terminé..."

Il se leva, difficilement, et des flammes commencèrent à parcoururent son corps, formant une armure rudimentaire. Il ne remarqua même pas la couleur étrangement orangée et non rubis du feu qui l'enveloppait. Il posa une main sur l'épaule de sa chère et tendre et lui offrit son plus beau sourire, ses yeux gris de lune brillant d'amour et d'admiration.

"Je t'aime. Hier, aujourd'hui, et tant que ce monde vivra."

Il se pencha vers elle, l'embrassa longuement, faisant fit des combats autour, avant de se tourner dans la même direction qu'elle. Il n'avait plus d'arme, mais il préférait mourir debout, à côté de sa femme. Il se mit en position, et ses poings s'enflammèrent à leur tour.

C'est donc ainsi qu'ils mourraient. Ensemble.

10 ans plus tard...

Le soleil se couchait à l'horizon, parant les nuages paresseux d'orange et de violet, et faisant scintiller la mer de mille feux. Accoudée sur un muret en pierre sculptée, au bord d'une falaise, Siana Krayt regardait le spectacle avec un air mélancolique. La jeune fille était à présent une jolie jeune femme. De sa mère elle avait hérité des longs cheveux noirs, dans lesquels le soleil faisait apparaître des reflets bruns. Libérés de leur lanière de cuir, ils flottaient au grès de la brise marine. Son visage aux traits marqués, ses épaules larges sans être disgracieux, mais surtout ses yeux gris de lune, ça, elle le tenait de son père. Elle était vêtue de sa tenue d'entraînement: un pantalon et une chemise sans manche en lin, couleur chocolat, et des bottes en cuir noir. Ses gants de protection pendaient à sa ceinture, et le soleil se reflétait sur le métal qui ornait ses bracelets en cuir. A côté d'elle, posé négligemment contre le muret, se trouvait un long bâton de bois avec lequel elle venait de s’entraîner.

"Siana ? On t'attends pour le dîner !" cria une voix, masculine, derrière elle.

La jeune fille se retourna et regarda son frère jumeau, Morgan, s'approcher. Il était indéniable que les deux étaient frère et soeur, et pourtant difficile de croire à leur gémellité. Morgan faisait presque une tête de moins que sa soeur. Ses traits étaient beaucoup plus fins, son corps plus svelte. Ses yeux d'azur, héritage maternel, brillaient le plus souvent d'une lueur malicieuse. Ses cheveux tombaient sur sa nuque, et il avait libéré son front grâce à un bandeau de tissu qui maintenait la tignasse en place. Un léger duvet, qu'il se plaisait à laisser pousser en souvenir de son père, recouvrait sa mâchoire.
Il portait également sa tenue d'entraînement, mais il était facile de comprendre qu'il ne s'entraînait pas du tout comme sa jumelle. Un pantalon bouffant bleu nuit, une longue tunique aux tons améthyste qui tombait sur ses cuisses, et des bottes souples qui remontaient aux genoux.. Plusieurs parchemins étaient glissés dans la bande de tissu doré qui lui servait de ceinture. Ses épaules étaient recouvertes d'une longue cape d'un bleu sombre brodé d'or, attachée par un fermoir sur lequel était enchâssée une étrange pierre colorée. Elle luisait d'une douce couleur orangée rappelant le soleil couchant, mais quand Morgan croisa le regard mélancolique de Siana, elle vira au violet.
Alors qu'il traversait la grande cour de la Citadelle, où la jeune fille s'était entraînée toute l'après-midi avec son maître d'arme, cette dernière se retourna et reporta son regard sur l'horizon. Le soleil avait presque disparu, et les étoiles commençaient à se montrer, timides petites perles dans le ciel. Morgan passa une main dans le dos de sa soeur et lui dit de sa voix la plus douce:

"Ça ne va pas frangine ? Siana mit quelques secondes à répondre, d'une voix éteinte.
- Ça fait dix ans aujourd'hui..."
- Oh..."

Le jeune magicien posa sa tête contre l'épaule de sa soeur. Cette dernière passa son bras autour de sa taille pour le serrer contre lui. Ils restèrent moment silencieux. Le soleil avait déjà disparu quand Siana brisa le silence.

"On l'ouvre ?"

Morgan opina en silence et tendit sa main devant lui. Il avait tout de suite deviné de quoi elle parlait. Dans un flash azuré, un étui en cuir apparut dans sa main, scellé. La cire portait le sceau du Cam Serarna. Nicko leur avait confié l’objet il y a maintenant presque cinq ans. "De la part de vos parents. Pour... Quand vous serez prêts". Il avait dû juger qu'ils l'étaient, mais eux ne s'étaient pas encore résolus à l'ouvrir, jusqu'à ce soir là.
Morgan tendit l'étui à sa soeur, qui brisa le sceau et l'ouvrit, en sortant un rouleau de parchemin.

"Tu veux bien faire la lecture ? Je vois un peu flou après l'entraînement..."

Morgan lui sourit: il savait que sa soeur mentait, voyant ses larmes briller à la lueur des torches qui s'allumaient progressivement dans la citadelle.

"Garjzla..." murmura le jeune homme, et une boule lumineuse apparut derrière lui alors qu'il déroulait le parchemin.

Il prit une grande inspiration, sentant sa gorge se serrer dés les premiers mots.

"Les enfants. Si vous lisez ceci, c'est que Nicko et Jenna auront jugé que le temps était venu pour vous, et que nous, nous ne sommes plus là. Si vous saviez comme vous allez nous manquer... Nous vous avons vu naître et grandir, et ne pas vous voir devenir adulte sera notre plus grand regret. Où que nous soyons, nous...

Morgan s'arrêta, et Siana tourna la tête vers lui, les joues humides.

"Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle la voix cassée. Son frère rit du nez, et renifla, pleurant aussi.
"Je crois que c'est papa qui a écrit cette partie, j'ai du mal à déchiffrer..."

Cela arracha un sourire à sa jumelle, qui tendit la tête pour l'aider, Morgan pointant du doigt le morceau de phrase incriminée.

"Hmmm... Nous penserons toujours à vous.
- Aaah oui en effet, merci Sisi.
- Continue la lecture s'il te plait...
- La vie ne fut pas souvent rose pour nous. Nous avons perdu tant d'amis, de familles. Vous nous avez apporté du bonheur, de la lumière, quand notre monde n'était que ténèbres et tristesse. Puissiez-vous continuer d'illuminer la vie de ceux à qui nous vous avons confiés. Peut-être que nous avons sauvé l'Alagaësia, peut-être pas. Mais vous êtes sûrement dans un bien meilleur endroit maintenant, entourés de gens qui vous aiment presque autant que nous vous avons aimés."

Morgan s'arrêta à nouveau, baissant légèrement les bras.

"C'est fini ?"

Le jeune homme secoua la tête négativement avant de fondre en larmes. Sa soeur le prit doucement dans ses bras, avant d'attraper le parchemin, et remarqua que la pierre sur la cape de son frère avait viré au bleu foncé.

"Je vais continuer... Siana... Cette dernière eut un hoquet avant de se reprendre. L'écriture de sa mère lui serrait le coeur. La digne fille de ton père ! J'espère que tu fais bon usage de Nordrassil, et que tu sais écouter ceux qui t'entourent. Ils seront j'en suis sûre moins taciturnes que Moroes ou Nielas... N'oublie pas que celui qui sait obéir saura ensuite commander. Morgan eut un petit rire.
- C'est vrai que tu as eu du mal à écouter ce qu'on te disait... Combien de vitre tu as cassé au Manoir ?"
- Sûrement moins que d'os ici en entraînement, lui répondit sa soeur en lui tirant la langue, avant de reprendre sa lecture. Morgan... Si de ta mère tu as... En effet papa écrit vraiment mal... reçu les yeux et la douceur, nous savons tous les quatre que le calme peut précéder la plus violente des tempêtes. Les moins avisés verraient ta retenue comme une faiblesse, mais n'oublie pas: si l'apparence requiert art et finesse, la vérité elle, ne requiert que calme et simplicité. J'espère également que tu trouveras des joueurs d'échecs à la hauteur de Nielas pour t'aider à progresser.
- Pour ça, c'est raté, ironisa le jeune homme. Sa soeur lui sourit avant de continuer.
- N'oubliez pas qui vous êtes, d'où vous venez. Car d'autres se chargeront d'écrire l'histoire à votre place. Qu'est-ce qu'ils veulent dire par là ?
- Aucune idée... Siana marqua une pause, pensive, avant de hausser les épaules et de continuer.
- Prenez soin d'Illian, tant que vous le pouvez. De Dinath et Nogait, Nicko et Jenna, et de leurs enfants. Vous êtes leurs grands frère et soeur après tout. Et soyez sages avec votre oncle et votre tante. Embrassez les pour nous chaque jour. Rappelez-leur que nous les aimons, eux aussi, avant que vous ne vous rendiez compte que vous ne leur avez pas assez dit. Soyez braves, soyez sages. Continuez de nous rendre fiers comme vous avez toujours su le faire. Avec tout notre amour, Maman et Papa."

C'est Jenna qui les trouva là, endormis l'un contre l'autre, trente minutes plus tard. Voyant le parchemin et l'étui, elle comprit. Elle les réveilla doucement, et les guida lentement vers leurs lits respectifs, mais les jumeaux refusèrent de faire chambre à part. Compatissante, l'ancienne espionne du Cam Serarna les installa dans le lit de Siana, le plus proche, et les laissa dormir, le parchemin serré dans leurs mains.