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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia

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L'Aléa

Maître du Jeu

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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

L'Aléa
Maître du Jeu
Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Sam 25 Juil 2020 - 1:12


Il y avait des flammes, il y avait des explosions, des cris, du sang, de la foudre et du tonnerre, il y avait des arbres immenses qui jaillissaient du sol, broyant et écrasant entre leurs racines.
Dans l’air flottait l’odeur piquante, électrique, de la magie, plus forte que jamais, entêtante. La réalité fluctuait par endroits, comme un mirage tremblotant dans la chaleur du désert, il y avait des combattants qui disparaissaient à un endroit pour réapparaître ailleurs l’instant d’après, il y avait des pans de roche qui se déchaussaient comme de leur propre chef et écrasaient sans discrimination hommes, monstres, stryges, elfes…

Tout autre jour, dans toute autre bataille, la folie se serait arrêtée. Les combattants s’en seraient retournés devant le déferlement surnaturel, même les mages auraient fui tant ils ne contrôlaient plus rien.

Mais ce n’était pas un jour comme les autres, n’est-ce pas ? Les monstres ne cessaient d’affluer, mus par l’instinct et la haine, et les Alagaësiens continuent de se battre, de moins en moins nombreux, ils mourraient d’une fort flamboyante mais mourraient quand même.

Pourtant et contre toute attente, le flux de Créatures des Failles qui semblait ne jamais finir se tarit. Les monstres se firent moins nombreux, les Stryges reculèrent. Il y eut comme un flottement, les Alagaësiens qui tenaient encore sur leurs jambes au milieu du charnier se regardaient, hagards, sans bien comprendre ce qu’il se passait.
Il n’y eut pas de clameur de victoire et pas d’effusion. Quand ils comprirent la situation, les survivants s’éloignèrent en silence du charnier, essuyant le sang et pansant les plaies. Certains s’assirent simplement là où ils étaient, au milieu des morts, et ceux dont la volonté était la plus inébranlable remontèrent pesamment la vallée pour rejoindre le cortège d’exilés qui continuait d’avancer dans le défilé.

Ceux-là enfin se laissèrent tomber au sol quand ils virent les piles de cadavres piétinés jetés sans cérémonie sur les bords du canyon, dans les congères, sur les rochers…
La caravane avançait, certes, le peuple de l’Alagaësia survivait, mais cette survie se faisait dans la douleur.

<><><><><>

Quelques minutes à peine plus tard, les rares dragons qui sillonnaient encore le ciel apportaient la nouvelle : le calme inespéré n’était qu’un répit, les Créatures des Failles se rassemblaient à nouveau et se préparaient à revenir à l’assaut.
La défense désespérée et fabuleuse des dragonniers et mages d’Alagaësia n’avait fait que repousser la première vague.
Ils étaient maintenant dans l’œil du cyclone, et la tempête qui allait de nouveau s’abattre serait pire encore que tout ce qu’ils avaient vécu depuis le matin.

Le soleil, haut dans le ciel, commençait doucement de décliner.
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Laïaga

Dirigeant du Cam Serarna

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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

Laïaga
Dirigeant du Cam Serarna
Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Mar 18 Aoû 2020 - 19:36


Il ne restait plus qu’une quinzaine de survivants en bas de la vallée. La plupart de nos soldats de fortune avaient profité de l’accalmie pour rejoindre la colonne d’exilés, et fuir avec eux. Difficile de leur en vouloir.
Ellenwen, Akkan, Max… quelques autres, je ne les connaissais pas tous. Une femme, recouverte de cicatrices et de sang, et un jeune homme tout juste sorti de l’adolescence, dans un gambison trop grand pour lui, étaient en train de rire… C’était le seul bruit dans notre campement dérisoire, ça en était incongru. C’était un miracle que ce gamin soit encore en vie, et une folie que cet imbécile et son amie refusent de partir malgré l’occasion inespérée, mais j’étais bien trop las pour essayer d’y changer quelque chose.
Et pour être honnête, entendre ces deux idiots rire me faisait du bien. Je cherchai Ellen’ des yeux, me levai péniblement pour aller m’asseoir auprès d’elle. Je pris ma main dans la sienne, entrelaçant nos doigts sans rien dire. Puis, après un moment :

« On dirait qu’on a fini par y arriver, contre toute attente… »

La deuxième vague arrivait, une marée grouillante qui recouvrait les plateaux et les canyons en convergeant vers notre vallée. Mais plus haut, là où les parfois se rapprochaient pour former l’étroit défilé que nous avions ouvert à travers les Béors, les derniers survivants étaient en train de traverser. Il y avait des cadavres d’hommes et d’animaux par centaines, il y avait des chariots renversés, toutes sortes de reliques de notre peuple en fuite éparpillées, abandonnés, perdus pendant la fuite éperdue… Le haut de la vallée avait été un champ de bataille tout autant que le bas.
Mais ceux d’en haut allaient vivre, et pas ceux d’en bas.

« Et on dirait que tu avais raison, on repartira pas d’ici... Fait chier. »

Pas si on voulait que ces derniers connards de traînards s’en sortent aussi, je pensai avec amertume. Moins d’une centaine, une goutte d’eau par rapport aux milliers déjà passés, mais c’étaient eux ou nous, jusqu’à la fin.

« Ça aura quand même été une sacrée vie qu’on a eue, Ellen’, je continuai avec de la mélancolie dans la voix. Merci de l’avoir partagée avec moi. Et, je crois que je peux sereinement affirmer que… »

Je me levai, un mince sourire tremblant en-travers du visage.

« …que je t’aimerai jusqu’à la fin de mes jours. »

Je déposai un tout dernier baiser que j’eus du mal à rompre sur les lèvres de ma compagne.

<><><><><>

Le cadavre de Yarrock gisait à mes pieds. Je ne ressentais pas encore tout à fait le vide qui, je le savais, allait apparaître. Le compagnon de ma vie de dragonnier, la moitié de mon âme, venait de disparaître. Six fois déjà nous nous étions faits abattre en plein vol, et six fois j’avais remonté le temps pour sauver Yarrock. Cette fois, j’avais beau me concentrer, les yeux rivés sur sa grand tête écailleuse, le temps continuait obstinément de s’écouler dans le bon sens. Je sentais ma vision se brouiller, le monde trembloter un instant, et puis la douleur fulgurante sous mon crâne me mettait à genoux. Je continuais, pourtant, je sentais mes larmes qui coulaient sur mes joues, qui se mélangeaient à ma bave tandis que je m’effondrais au sol, mais le temps refusait de plier à ma volonté, je n’avais plus la force… Le monde autour de moi s’effaça dans un voile noir.

<><><><><>

C’est un Stryge qui m’éveilla. D’un coup de pied dans les côtes pour vérifier si j’étais bien mort. Des yeux monstrueux dans un visage humain qui se rétrécirent tandis qu’un rictus haineux se dessinait sur sa figure.
Lui se mit à crier sa trouvaille, leva sa main aux doigts effilés comme des rasoirs pour m’achever.
Moi je hoquetai de douleur tandis que tout me revenait à l’esprit comme un coup de poing à la figure… Yarrock Marek Dandelo … Tous mes amis étaient morts.
Plusieurs autres Stryges arrivaient rapidement, mon prince charmant était en train de plonger sur moi… Plus grand-chose à perdre, pas vrai ?

Le temps s’arrêta alors que les lames-ongles déchiraient mes vêtements, puis, lentement, il se mit à couler à rebours. Ça faisait encore mal, un mal de chien, je n’en sortirais pas indemne je le savais mais de toute façon, je ne vivrais pas un jour de plus.
Une seconde plus tôt, le Stryge décocha un coup de pied dans le cadavre d’un dragonnier, pour vérifier qu’il était bien mort, mieux vaut être sûr avec cette sale engeance. Ses yeux trop humains dans son visage de monstre s’écarquillèrent quand il apparut que la réponse était non, je n’étais pas mort, tandis qu’un rictus haineux se dessinait sur ma figure.
Je lui sautai à la gorge… pas d’arme, pas de magie, je le fis tomber avec moi et frappai, et frappai encore et encore, les Stryges étaient résistantes mais mes poings s’enfonçaient dans la chaire comme dans de la glaise, mes doigts déchiraient la peau et même les os comme du bois tendre. Je n’avais encore jamais vu de la terreur sur le visage d’une de ces saloperies, c’était une première et, pendant un instant hors du temps, j’y pris un plaisir immense et malsain. Le cadavre mutilé ne bronchait plus depuis un moment déjà quand je finis par me relever, couvert de sang et d’humeurs.
J’arrachai les derniers lambeaux de chemise qui pendait sur mes épaules en regardant autour de moi. J’étais à la périphérie du champ de bataille. Je n’avais pas dû m’évanouir bien longtemps, le soleil était encore visible, bas au-dessus de la crête des Béors. Et il y avait encore quelques Alagaësiens debout. Je fermai les yeux de mon dragon mort, sentant la rage bouillonner de nouveau.

« Je vais vous faire une guerre comme vous n’en avez jamais vue, » je murmurai au cadavre en posant une main au sol.

La terre remua autour de moi, puis des filaments de lumière jaillirent de ma paume, dessinant des arabesques sur le champ de bataille, traçant des symboles intriqués et complexes qui se rejoignaient et s’éloignaient de nouveau. Il y eut bien quelques Stryges qui, au milieu de la mêlée, réalisèrent ce qu’il se passait, mais pas assez vite : le pentacle immense se mit à pulser doucement.
Je n’avais pas fait de sorcellerie depuis des années, depuis qu’Ellen’ avait guéri les sortilèges gravés à même ma chaire, mais les vieux réflexes étaient toujours enfuis en moi. J’avais appris enfant, dix siècles plus tôt. J’en étais devenu un Ombre. Pas facile à oublier, la possession. Partout sur le champ de bataille, des armures et des armes se relevèrent de leur propre chef. Certaines avaient encore un cadavre en elles et d’autres étaient si détruites qu’il ne restait plus que des débris de lame qui flottaient en l’air et se battaient. Dandelo aurait aimé. Les Stryges essayaient de fondre sur moi, attirés par le sort démentiel, mais mes gardes possédés les déchiquetaient, et de plus en plus se levaient et reprenaient le combat.
Mes centaines d’yeux voyaient, enfin, une étincelle de doute dans le regard de ceux qu’ils étripaient, et je souriais comme un dément en déchaînant ma légion.

<><><><><>

Pour une guerre à nulle autre pareille, ça en était bien une… Le soleil était passé derrière la ligne de pics des Béors, mais le crépuscule était éclairé par les brasiers que le déferlement de magie avait déclenchés, par les explosions, par les flammes des dragons corrompus, la neige écarlate fondait et avait transformé le fond de la vallée en le lit d’un ruisseau de boue sanglante, il y avait des portions de sol vitrifiées par la chaleur. Oh et un arbre géant qui, de temps en temps, attrapait un Stryge qui passait trop près et le broyait dans ses branches. Deux approches différentes du problème.

Nous avions remonté la vallée petit à petit, de moins en moins nombreux et de plus en plus repoussés par les hordes de Créatures des Failles jusqu’à l’entrée. Nous étions moins d’une dizaine maintenant, mais la passe était plus étroite, on était presque aux falaises déchiquetées que nous avions ouvertes par magie.
Et soudain ça me frappa : il n’y avait plus aucun Alagaësien à portée de vue, à part ceux qui se battaient. Ça me frappa si fort que je me mis à rire au milieu du champ de bataille. Une colonne de flammes éclot du bout de mes doigts, nettoyant une fois de plus une vague de Créatures des Failles, embrasant jusqu’aux rochers et aux armures animées qui se battaient et tentant de remonter le long de mes bras pour me consumer au passage.

« On l’a fait ! je hurlai à plein poumons. Merde on l’a fait, on referme cette foutue brèche maintenant ! »

Les premières Créatures des Failles commençaient à passer la ligne du combat, les premières après une journée de combat qui s’enfonçaient dans le canyon artificiel. Il n’y avait quasiment plus rien qui volait, mais les monstres étaient trop nombreux, certains grimpaient sur les parois pour nous contourner, d’autres passaient entre les mailles du filet. Aussi formidables que soient les quelques survivants qui restaient, ils étaient juste trop pour nous, ils étaient infinis…
Et il ne nous restait plus beaucoup d’énergie. Mes armures étaient presque toutes redevenues poussière maintenant, mes forces diminuaient aussi. Ma magie me faisait souffrir comme jamais et j’étais couvert de brûlures et de blessures de sorts qui s’étaient retournés contre moi.

<><><><><>

Imaginez la scène : une dizaine, même pas, pas d’Alagaësiens regroupés au pied de la Brèche des Béors, presque dos à dos, au centre d’un nuage d’effets pyrotechniques, et dans la vallée qui grimpe jusqu’à eux, aussi loin que le regard porte, des milliers et des milliers de monstres, des Créatures tout droit sorties des Failles mais aussi des Stryges et des Alagaësiens corrompus, elfes, nains, humains…
Ils ne vont plus tenir bien longtemps, aussi puissants soient-ils, le combat dure depuis le matin, ils sont épuisés affamés et désespérés. Les monstres, s’ils n’arrivent pas encore – et c’est un miracle – à les tuer, commencent à les déborder, à s’enfoncer dans la Brèche, direction un nouveau monde à envahir et des exilés à rattraper et massacrer.

Et puis la montagne toute entière se met à gronder. Les Béors sont vivantes, elles pulsent de leur propre et étrange énergie minérale, et depuis plusieurs semaines elles essaient de refermer la plaie qui bée au-travers de la ligne de pics. Et depuis des semaines, les sorts tissés jusque dans la trame de la réalité par les Alagaësiens l’en empêchaient comme un barrage qui retient un très, très gros fleuve.
Il n’y a aucune finesse dans le contre-sort que forment les survivants : ils étaient un millier quand ils ont fendu la roche d’un revers du bras, ils ne sont plus qu’une dizaine pour la refermer, et la seule arme qu’ils ont et la force brute, quitte à y rester.

Voyez encore : il y a un flottement au sein même de la horde de monstres, l’atmosphère toute entière semble se troubler pendant une seconde, et puis les premières fissures apparaissent. Ils sont des centaines déjà, Stryges et Créatures des Failles, à s’être engagés dans la pénombre de la Brèche, quand des rochers se mettent à tomber, des lézardes à apparaître dans les parois de pierre.
Quelqu’un crie – et c’est rare, les Stryges parlent peu, ils contrôlent leur horde par la pensée et la force de leur volonté – « tuez-les, anéantissez-les ! ». Sur l’îlot que se sont ménagés les Alagaësiens, il y en a qui tombent à genoux d’épuisement mais il est trop tard pour y changer quoi que ce soit : les verrous sont brisés. Les parois de roche se brisent, explosent comme du verre, les Béors se mettent à s’écouler en une éruption de lave dans un vacarme infernal, l’odeur du souffre le dispute à celle de la magie.
Il fait presque nuit maintenant mais la nuit naissante luit, vivante elle aussi, envers et contre tout.
La Brèche des Béors est refermée.

<><><><><>

Après tout ça, le moment où je sentis que le sort m’échappait vint tout de même comme une surprise. Je m’étais fait à l’idée hein… j’y ai cru longtemps, à une idée miraculeuse qui nous tirerait de là au dernier moment, comme d’habitude, mais même moi j’avais fini par accepter qu’il n’y avait pas d’échappatoire, quand j’avais vu Yarrock mort.
Et malgré tout ça…
J’avais tout donné pour briser mon propre sort. Je sentis mes jambes se dérober sous mon poids. Les dernières armures possédées qui se battaient encore tombèrent au sol. Quelle ironie quand même, en mille ans de vie je n’avais pas passé un siècle sans m’approcher d’un champ de bataille, et ce n’était pas une épée qui prenait ma vie, pas un dragon ou le sort d’un autre mage… C’était moi, tout seul, comme un grand.

Quelle putain de bande de héros on fait.

C’est une sensation bien étrange que de se tuer en lançant un sort, ça m’était déjà arriver une fois : on sent le résultat inéluctable en avance, on se sent sur une pente glissante une fois qu’il est trop tard mais avant que l’issue ne soit consommé.

Réfléchis Laïaga, continuait de faire une petite voix en mon for intérieur, réfléchis, merde ! Il te reste une seconde, trouve un truc, une idée, réfléchis ! Une demi-seconde…
Et j’essayai, grands dieux, j’essayai, mais il n’y avait rien à faire. La magie faisait à ce point partie intégrante de mon être que je me sentais me délier tandis qu’elle me quittait. J’ai eu une si longue vie, si remplie, si belle et si affreuse, grandiose et terrible… Comment est-ce que ça peut ne pas être assez ?
Une demi-seconde… Je serrai les dents, ouvris mon esprit, tentait d’absorber l’énergie autour de moi, elle saturait l’air un instant plus tôt, et pourtant là plus rien.
Quelques dixièmes. Plus le temps pour rien. Si un dernier truc. Centièmes, je tendis mon esprit et ma main une dernière fois, millièmes, essayai d’attraper celle d’Ellen’ une dernière fois, de lui dire une dernière fois je t’aime…

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Szanghai


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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

Szanghai
Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Ven 18 Sep 2020 - 7:11


Elle avait survécu. Comment et pourquoi, la dorée l'ignorait. Tant de puissants étaient déjà tombés mais elle, elle avait continué a se battre. Cruauté que cette situation. La jeune mère savait qu'elle allait y rester, c'était un fait inéluctable. Ses petits grandiraient et lui survivraient et quelque part, c'était tout ce qui comptait pour elle. Son compagnon, son frère et sa génitrice étaient sans doute mort. Les revoir, savoir qu'une fois morte, elle reverrait ceux qui avaient comptés dans sa vie. Et pourtant, elle était la, sur ces terres maudites a refuser, a continuer de lutter. Savoir que la seule issue revenait a cesser d'exister ne rendait pas l'acceptation plus facile.
Cette première vague, car elle ne se faisait aucune illusion, la seconde suffirait pour en finir, Szanghai en avait vue le bout. La dragonne avait pris malgré elle le commandement d'un petit groupe de défenseurs, sa férocité au combat et sa force leurs avaient permis de survivre jusqu’à maintenant et de rejoindre le reste des survivants sur le dernier point défendu. Et maintenant? Szanghai n'osait pas s'examiner mais elle ressemblait a un poisson mal écaillé. Oui, c'était un descriptif plutôt proche de son état. La dernière fois que la dragonne avait subie autant, c'était lorsqu'elle avait combattu pour Nuit.
Sauf qu'a cette période, tout n'était pas aussi sombre, aussi fatale. La situation aussi mortelle qu’inéluctable. Mais un point commun demeurait. Elle ne fuira pas cet enfer. Avec Nuit, elle avait fui car elle ne se trouvait plus sous le contrôle de son puissant enchantement. Mais si celui ci avait perduré, elle n'aurait pas hésité a se battre jusqu’à la fin. L'histoire cependant, décida de lui offrir un autre destin. Et c'est ainsi que Szanghai se retrouve ici, a défendre les derniers réfugiés passant la faille avant qu'il ne soit trop tard. A défendre des deux pattes qu'elle haïssait habituellement. Eux et leurs misérable existence allaient se poursuivre tandis qu'elle et sa possible vie multicentenaire allait s’arrêter la.
La situation la fit rire. Réaction stupide et incongrue. Pour ceux capable de comprendre qu'elle riait, peut être allait on penser qu'elle avait céder a la folie. Elle riait de la stupidité de la chose, du destin qui l'avait menée par le bout du museau jusqu’à cette fin. Et c'est alors qu'elle sentit un contact inhabituel contre son poitrail. En regardant, elle découvrit une dragonneau d'humain en train de lui faire un câlin. Ses parents l'observaient, nullement terrifié de l'action de leur petite. Auparavant, jamais la dragonne n'aurait permis un tel contact. Sans doute se serait elle montré menaçante, intimidante pour faire comprendre qu'elle ne voulait pas d'un câlin. Hésitante au premier abord, elle finit par serrer l'enfant doucement contre elle. Mais après une minute, retrouvant dans sa mémoire le ton doux qui se veux bienveillant et rassurant.

* Tu dois y aller maintenant dragonneau. Va vite et loin d'ici avec tes parents. Va, et ne reviens jamais ici, sous aucun prétexte. *

Sur ces mots, elle rompt le moment tendre et pousse gentiment du museau l'enfant vers ses parents. Ceux ci s'approchèrent alors et un relent d’exaspération vint a Szanghai. Ils feraient mieux de partir. Pourtant, elle reste calme en les écoutant.

* Nous ne vous oublierons pas belle dragonne d'or. Nous réalisons le tort de notre jugement envers vous. Nous avons remarqué les deux dragons plus petits qui vous accompagnait. Si jamais nous les revoyons, nous ferons tout ce que nous pourrons pour les accueillir si jamais ils le souhaitent. *

Et enfin, ils reprirent leurs routes. Szanghai se dit que finalement, il y'en avait dans le tas un peu plus civilisé que le gros de leur espèce. Il y'a donc encore une lueur d'espoir chez les deux pattes. Nouveau fou rire. Une journée pleine de surprise.
Puis tout les événements se précipitèrent. Le tumulte géologique des montagnes, vivante et faisant comprendre que le sablier du Destin avait fini de couler. Heureusement, les derniers réfugiés étaient passés, il ne restait qu'une poignée de fou pour défendre une dernière fois le passage qui se refermait rapidement. Et ce moment, c'était le moment de Szanghai. Dragonne qui s'était promise a elle même de ne laisser aucune miette, aucune poussière d'elle qui pourrait servir a ces bêtes hideuses. Quelque part, elle se dit que c'était égoïste de se suicider toute seule. De ne rien laisser de sa personne et de laisser les autres en état. Szanghai compris que pour infliger encore plus de dégats, elle devait inclure tout ceux étant tombés, venant de mourir, agonisant. Un beau feu d'artifice en perspective. La magie des dragons, si capricieuse soit elle, n'était elle pas aussi fabuleuse que terrifiante? Mettant en branle son plan, comme un dernier clin d’œil envers les deux pattes, particulièrement le défunt dragonnier de son frère de couvée, elle se mit alors a chanter a la façon des elfes.


*L'aube du temps s'arrête
Voyez le soleil s'élever au ciel
La roue du temps commence à tourner

Puis nous l'avons entendu
Une voix divine venue de nulle part
A parlé à nos coeurs et nous a montré la route

Tout puissant seigneur, nous venons dans ta salle
Illuminez la vie, créateur de tout
Ouvrez votre coeur et vous trouverez un chemin
Le Paradis appelle et entre en ton pouvoir

S'écroulant
Désormais vos âmes reviennent au paradis
7734

La roue tourne encore, les âges arrivent
Notre temps nous est passé
Nous avons vécu dans une harmonie parfaite
Mais puis cela est arrivé
Nos rangs ont diminué rapidement
Désormais ce moment est celui de notre retour


Jadis nous étions nombreux
Mais ce fut il y a si longtemps
Nous ne sommes pas plus de 7734
Nous étions 2 unis pour que faire qu'un
111 ont péri dans les flammes

S'écroulant
Désormais vos âmes reviennent au paradis
7734

Tout puissant seigneur, nous venons dans ta salle
Illuminez la vie, créateur de tout
Ouvrez votre coeur et vous trouverez un chemin
Le Paradis appelle et entre en ton pouvoir

S'écroulant
Désormais vos âmes reviennent au paradis
7734
S'écroulant
Désormais vos âmes reviennent au paradis
7734*


Durant tout le chant, son corps se mit alors a s'illuminer de plus en plus, tandis que le sort destiné a consumer chacune de ses cellules pour en faire une explosion surpuissante se réalisait. Pas seulement son corps mais tout ceux qu'elle avait choisit d'inclure dedans. Le chant l'inspirait tandis que les vers s'écoulaient de ses pensées, les dernières de son existence. Et alors que les dernières tonalités résonnait, l'explosion tant attendues se produisit, violente, destructrice et partout, comme des répliques d'un séismes, d'autres corps changés en énergies pures et aveuglantes laissaient échappé leurs détonations destructrices. Il ne restera rien lorsque ce cataclysme venu d'une simple dragonne se finira. Dans un dernier instant de conscience, Szanghai réalise combien c'est agréable de mourir. Plus de souffrance, plus de soucis. Juste une délivrance. Une acceptation et enfin la paix. Seuls les morts ont connus la fin de la guerre.

( Hrp : Finis pour moi. La chanson est 7734 de Sabaton, j'ai essayé de la traduire du mieux possible. )
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GreyMalkin


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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

GreyMalkin
Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Ven 18 Sep 2020 - 20:46


GreyMalkin était perplexe. Il avait vu mourir quelques uns des plus puissants de ce monde – et encore plus d’inconnus, d’anonymes, dont le seul tort avait été un sens du sacrifice trop grand – et avait raté la chute de la majorité d’entre eux, même si leur magie dévastatrice s’était fait ressentir sur tout le champ de bataille. Et pourtant, il était toujours là, debout face à la deuxième vague qui ne tarderait pas à arriver.

Certes, il n’était pas dans un état fantastique : il avait perdu sa rapière depuis presque le début du combat, sa réserve de carreaux était épuisée elle aussi – mais de toute façon, avec un bras en moins, il aurait été malcommode de s’en servir – et quand à lancer la moindre illusion pour tromper l’ennemi, il ne comptait plus dessus – délicat de se concentrer quand le seul fait de rester conscient demandait toute son attention. Mais au moins, il était vivant. Quelques dizaines de trous dans le corps qui, non traités, conduiraient surement à une mort par gangrène d’ici une semaine, et un étrange gargouillis dans le poumon gauche, en effet, mais rien dont il ne devait s’inquiéter dans l’immédiat, non ?

Quelle déception ! Lui qui s’était décidé à rester à l’arrière, avec tous ces vaillants martyrs – il ne parvenait même plus à mettre la moindre ironie en pensant à tous ces morts – pour mourir plus rapidement. Décidemment, il ratait tout. La tuer, La sauver, La rejoindre…

Le grondement sourd qui s’élevait derrière eux fut le signal qu’ils attendaient tous. Ils avaient réussi ! La chaîne des Beors avait retrouvée son intégrité et préserverait les réfugiés du destin funeste qui les attendaient, eux qui étaient restés du mauvais côté. « Tant pis, il y a de pire façon d’y passer ! »

Quelques minutes plus tard, alors qu’un coup vicieux d’un Stryge le coupait proprement en deux au niveau de la taille, GreyMalkin se corrigea. Si, c’était une des pires façons de partir. La douleur était insupportable, et pourtant, il demeurait conscient. Un reste de réflexe de survie combiné à la magie l’empêchait de partir. Oh, il ne tiendrait pas longtemps et serait probablement piétiné par la horde de monstre, mais si ces quelques minutes lui permettaient d’en emporter encore n’en serait ce qu’un dans la tombe…Mais même cela, il n’y parvint pas.

Alors que sa vue s’obscurcissait, avant-goût des ténèbres dans laquelle il se noierait à coût sur, un étrange phénomène se produisit. Une lueur dorée émanait des corps autour de lui. Et de lui également.

« Si jolie ! » songea GreyMalkin, avant que son être ne s’éparpille dans l’immensité.

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Max


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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

Max
Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Sam 19 Sep 2020 - 15:34


Le chaos… Tel était le champ de bataille lorsque Max transperça une énième monstruosité. Au loin, il pouvait encore voir des survivants dont beaucoup d’amis. Le dragonnier esquissa un sourire avant de reprendre contact avec la réalité lorsqu’il se mit à vomir du sang. Le sort commençait à ne plus faire effet, il fallait faire vite.

Les réfugiés terminaient de passer dans la montagne et déjà ses amis s’attelaient à sceller le passage. Max comprit que le moment était venu. Il se dématérialisa de sa position initiale, laissant un tas de sable à la place pour venir à leur côtés.


*Brisez la roche, je prendrais le relais après. Je ne pourrais plus me protéger par contre...*


Il repensa à Myad, la gardienne absolue et de ce qu’elle lui apprenait sur sa nouvelle fonction de Gardien de la terre :

« Ton corps est métamorphosé comme tous les autres Gardiens, tes organes sont aussi robustes que le cuir d’un sanglier, tes os sont devenus du diamant pur. »

Son plan était basé sur cet échange, son absence pour ouvrir la brèche également. Max avait saturé son squelette de magie pour lui donner une immense réserve d’énergie qui lui permettrait de fusionner avec l’esprit de la terre.

Il se plaça à quelques mètres de ses frères d’armes et s’enveloppa dans un bouclier pour s’isoler et éventuellement protéger ses amis. Durant ces dernières années il avait cherché le meilleur moyen de ne faire qu’un avec son émeraude pendu autour du cou, et il avait trouvé, mais ce serait dans la douleur.

Le gardien était clairement en mauvais état physiquement : des lambeaux de chair pendaient, son squelette de diamant était apparent sur certaines zones mais la douleur avaient était coupé par magie. Max caressa l’eldunari fraîchement ramassé dans les griffes d’Athorn.


*Je pars te rejoindre mon ami… Maintenant, brise moi.*

L’esprit de son dragon déverrouilla en amplifiant toutes ses blessures psychologiques. Tant de tourments en une seule vie… Il commença par la massacre de sa mère sous ses yeux. Un père démon complètement absent. Une première femme, Eärwen, qui est passée de vie à trépas après avoir suivit un Ombre. Une longue dépression sanglante suivit. Le dragonnier avait échoué en tant que chef des Vardens à l’époque. Ses rôdeurs ont tous finit sur le champ de bataille…

Durant quelques minutes son visage restait de marbre durant tous ces souvenirs, alors l’esprit du grand dragon vert appuya un peu plus. Sa seconde, et dernière femme, Equina. Il savait qu’elle était toujours en vie mais ne donnait plus aucun signe de vie. Il avait espéré la voir ce soir là, avant de mourir.

Le gardien en tomba ses armes et resta figé, incapable de bouger jusqu’au moment où une dernière image lui arriva dans l’esprit, sa fille, Hélène: tuée par les derniers Raza’cs. Elle avait à peine 3 ans. Sa tête se tourna au même moment vers Marek, les larmes roulaient le long de ses joues creuse.


*Pour tes enfants... il comprendront ce que leurs parents ont fait quand ils reviendront devant cette montagne. Adieu, mon frère.*

Il envoya une dernière vague de bien-être à ses amis et annula le sort qui coupait toutes ses terminaisons nerveuses.

L’Histoire, si il y en avait une, raconterait que même les Stryges avaient cessé leur avancée lorsqu’elles entendirent les hurlements devant la montagne.
Max souffrait, ses multiples blessures le tuait à petit feu, Il était à genoux, recroquevillé, hurlant et pleurant. Entre deux cris, il réussit à se saisir d’une de ses armes et brisa la l’émeraude qui contenait l’esprit de la terre.


« Ne me fait pas faux bond ! »
gémit-il à l’adresse des éclats de pierre.

Une étrange  poussière se forma, stagnant quelques instants devant la Gardien avant qu’elle ne s’infiltre par la bouche du pauvre homme. Il ne fallut pas attendre longtemps avant de voir la fusion opérer : Un corps aux traits du Gardien grandissait à vue d’œil avant d’atteindre pas loin de 3 mètres. Son corps était désormais fait de sable en perpétuel mouvement, relié au corps du dragonnier qui gisait à présent au sol.

L’entité eut un rire qui semblait provenir d’une profonde caverne avant de regarder la montagne. L’esprit leva les bras et un grondement venant de la terre elle même se fit entendre. On pouvait à présent voir la montagne grandir à vue d’oeil, sa structure changeait aussi ; Des arrêtes acérées comme des lames apparaissaient de toute part. Quelques minutes plus tard, le silence tomba et le colosse de sable mit genoux à terre avant de regarder son œuvre.

Les Beors étaient devenues des monts immense. A leur sommet l’air était si rare que la mort était assurée. Quand à penser de l’escalader, il fallait être suicidaire au point de vouloir être littéralement sectionné en deux au moindre faux pas : les Stryges ne pourront pas suivre la cohorte en passant par dessus la chaîne de montagne.

L’esprit de Max avait laissé une trace de leur combat qu’on ne pouvait pas louper. A la place du passage de la cohorte était gravé une fresque où tous les héros étaient représentés très en détails face aux horreurs des Failles. Voilà pourquoi il avait dit ses derniers mots à Marek.
Il regarda le corps inerte pour savoir le temps qu’il lui restait… Trop peu. Max avait toujours le contrôle de l’esprit, mais plus pour longtemps, l’accord avait été respecté. Il serra ses poings et les frappa aussi fort qu’il pouvait au sol. Une onde de choc fut visible et on put apercevoir des craquelures, qui devenaient rapidement des failles où les entrailles de la l’Alagaësia se trouvaient. De multiples failles de laves en fusion les séparaient à présent de la seconde vague.

L’eldunari qui brillait quelques instants avant explosa violemment. Athorn était définitivement mort,  et Max perdait le contrôle. Le colosse de sable regarda une dernière fois ses amis encore en vie avant de matérialiser un corps de petite taille aux traits parfait, avec des petites oreilles pointues qu’il prit dans ses bras. Il lui caressa tendrement une joue avant de sangloter :

« Papa vient te rejoindre mon ange... »

Un silence de mort s’abattit au pied de la montagne. Deux tas de sable de tailles différentes se trouvaient à la place des entités de sables. Et à côté ? Une émeraude brisé, et un corps étendu au sol où on pouvait apercevoir un grand sourire qui n’y était pas auparavant.
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Ellenwen

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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

Ellenwen
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Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Sam 7 Nov 2020 - 18:35


Les vagues de monstres se succédaient, sans fin. Les combattants soufflaient, le temps d’un bref répit. Parfois même, ils espéraient. Scrutaient le fond de la vallée en refusant de poser les yeux sur les morts qui les entouraient, savouraient le silence de l’après-bataille en fermant leurs oreilles aux cris des agonisants. Mais toujours les monstres revenaient, encore et encore.

Ellenwen et Finwë étaient rouges de sang. Tous leurs membres étaient douloureux. Tout comme chaque souvenir de cette journée. L’elfe réprimait à grand peine une nausée qui lui tordait le ventre, faisait grincer ses dents. Elle avait envie de hurler à la lune, de vider ses poumons de leurs airs jusqu’à s’étouffer elle-même de chagrin et de désespoir. Elle avait senti tant de douleurs autour d’elle, tant de morts. Cela ne ressemblait à aucune bataille qu’elle avait connu. Jusqu’à présent les armées avaient un but. Les combattants préservaient leur vie autant qu’ils cherchaient à prendre celle de leurs adversaires. Mais ce qui se passait là n’avait aucun sens ni aucun mesure. Les doigts dans la fourrure de son compagnon, elle écoutait ses geignements bas se fondre avec les siens. Ils sentaient autour d’eux la terre qui se racornissait, mutait et mourait à mesure que la corruption les gangrenait.

Une main sur l’épaule les fit sursauter. Ils croisèrent les yeux de Laïaga, aussi épuisés que les leurs. Ils se blottirent contre lui, le temps d’un soupir, d’un instant de répit.


« On dirait qu’on a fini par y arriver, contre toute attente... » Ils regardèrent autour d’eux. Fièrement et tristement. Il y était arrivé. Le prix a payé avait été exorbitant. Marek s’était incarné, Max n’allait sans doute pas tarder. Si Akkan n’était pas encore mort, il n’en était pas loin. Pas plus de Djenka, Leyra et les autres.

« Je crois que je peux affirmer sereinement que… je t’aimerai jusqu’à la fin de mes jours. »

Ellenwen eut un petit rire qui étouffa un un sanglot. Elle était au-delà de la tristesse, au-delà du désespoir.

« Idiot », marmonna-t-elle sans conviction. « on se retrouvera de l’autre côté du voile, tu sais bien. Nous n’allons entamer qu’un nouveau voyage vers la mort. Seulement un peu plus définitif celui-là ».

Le temps de quelques battements de coeur, ils se regardèrent dans les yeux, les lèvres se frôlant. Ils avaient sur le visage un même sourire désabusé, triste et tendre. Puis de nouveaux hurlements se firent entendre, repris par les murmures des hommes et des femmes. Ellenwen et Finwë se redressèrent lentement, chacun de leurs muscles protestant. Ils regardèrent autour d’eux, avec lassitude avant qu’un sentiment de fierté ne les relèvent et fasse briller leurs yeux. Devant eux, tous se préparaient au combat. Tous formaient un front unis, le dos tourné à la faille et aux sacrifiés qui en jonchaient le chemin. Tous avaient repris leurs armes et se préparaient à tenir bon dans un combat qui, ils le savaient tous, serait le dernier. Mais pas un seul n’avait tourné les talons pour s’enfuir. Les yeux brillaient de larmes et d’épuisement mais aucun sanglot ne troublait le silence soudain. L’elfe releva son arme, tant bien que mal, le loup dévoila ses crocs et ils se jetèrent, une fois de plus, dans le combat.

Ils dansèrent, sous le sang et les larmes. Ils arrachèrent les vies, broyèrent les souffles alors qu’un hurlement sans nom leur montait aux lèvres. La corruption leur arrachait des larmes, brouillait leur vue et leur esprit. Ils ne se raccrochaient qu’à une certitude, celle de tenir. Ils avaient oublié leurs noms, ils avaient oublié qu’ils étaient deux corps et leur âme s’était soudée l’une à l’autre, plus indissociable que jamais. Du fond de leur folie, les souvenirs jaillissaient.
Ellenwen et Laïaga, main dans la main, qui sautaient du concile des ombres
Et sur le champ de bataille, Yarrock tombait.
Akkan qui sortait de sa forêt et qui rougissait comme un jouvenceau devant les femmes.
Et Nimrod qui s’étouffait.
La maison sous la cascade, perdue dans le Du Weldenvarden.
Et Pierrort qu’elle ne reverrait plus jamais.
La beuverie avec des dragons, un soir de fête.
Et le choc sous de la terre qui tremblait quand ils s’affaissaient, majestueusement.
Les discussions avec Myad, les rencontres des deux reines et leur amitié fragile.
Et Djenka qui hurlait.
Les enfants de Marek qui courait dans l’herbe.
Et l’odeur de la chaire brûlée.
Les cicatrices de Laïaga effacées.
Et les armures qui se relevaient.
Les noms tournaient comme une litanie. Tous ceux qui les avaient rejoint, au dernier moment, et étaient tombés. Tous ceux à qui elle n’avait pu dire au revoir. Mumak, Amaylaë, Tenel Ka, Skarg, Djiminy, Trésor et Keldar, Kellran, Equina, Abysse, Oryon.

Et soudain, la folie se calma. Ils n’étaient plus qu’une dizaine, dans une bulle de silence. Laïaga avait glissé sa main dans la sienne et la serrait, pour une toute dernière fois. Les monstres les avaient dépassés et s’engouffraient dans la faille, se désintéressant presque d’eux. Que pouvait représenter une dizaine de combattants face à une horde ?

La poignée de survivants n’eurent qu’à échanger une pensée. A peine plus qu’un regard furtif. La terre trembla, gronda. Les verrous posés sur les sorts de la faille sautèrent, un à un, laissant un flot de rocs et de pierre emporter les monstres sur leur passage. De la lave jaillit, au loin, empuantissant l’air de l’odeur de chair brûlée et de souffre. Les derniers des Alagaësiens levèrent les yeux vers la nuit qui s’illuminait, attendant la mort qui ne tarderait pas à fondre sur eux.

Ce fut à cet instant précis, au moment figé de l’attente insupportable, qu’une main glissa. Des doigts effleurèrent, une dernière fois, des doigts aimés et retombèrent sur le sol. Seule une elfe les sentit, savoura leur caresse puis comprit.

Ellenwen hurla, alors que la main de son amant quittait la sienne. Elle hurla en voyant ses yeux se voiler et la regarder, morts. Elle hurla du vide à ses côtés, en cherchant de ses doigts la fourrure de son loup qui ne vivait plus que dans sa tête. Elle hurla en se sentant tomber à genoux et en sentant les derniers lambeaux de raison la quitter. Elle hurlait toujours lorsqu’elle accumula le pouvoir de tout ce qui l’entourait, arrachant aux derniers survivants la moindre goutte de puissance en même temps que leur vie.

Il n’y eut pas de lumière. Pas de bruit assourdissant. Il n’y eu que le vide et le silence recouvert de son cri à mesure qu’elle aspirait toute vie autour d’elle. Les monstres tombaient, s’écrasant au sol. Tout près d’elle d’abord, puis de plus en plus loin, jusqu’au milieu de la vallée. Elle plongea ses doigts dans le sol, attrapant la terre à pleine main et y redonna tout ce qu’elle avait pris, chassant la corruption autour d’elle, purifiant les corps. Puis la lumière vint, aveuglante, en même temps que le silence.

Au pied de la brèche, dans un cercle d’herbes folles et drues, un arbre immense se dressait. Son écorce blanche luisait doucement sous les étoiles et ses branches bruissaient doucement. Il ne restait plus rien d’autre de vivant.
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L'Aléa

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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia - Page 3 Vide

L'Aléa
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Message Sujet: Re: [Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia | Lun 23 Nov 2020 - 16:21


Chroniques de la Fin de l'Alagaësia
Ecrites en l'an 18 de l'exil
Conservées à la Bibliothèque de la Nouvelle Teirm et redécouvertes en l'an 123




Les combats faisaient rage lorsque les derniers survivants franchirent l’étroit goulet de la faille. Ils s’étaient rapprochés, inexorablement alors que le flot des monstres ne cessait de croître, menaçant de déborder les défenseurs. Mais ceux-ci avaient tenu malgré les morts et la magie détraquée par trop de puissance.
Les derniers à passer racontent qu’ils avaient dû se frayer un chemin au milieu des cadavres, écrasés par la foule en furie ou morts de leurs blessures au combat. Ils avaient dû courir, pour devancer la horde, le plus possible. Les combattants ne pourraient pas tenir, ils le savaient. Des prières s’élevaient pour que la faille se referme derrière eux, que leur fuite ne soit pas le début d’une vie de fugitifs.
Le grondement que fit la terre soudainement leur arracha une clameur de terreur et de joie mêlées. A moins d’un kilomètre d’eux, la terre se refermait en éboulis infranchissables. Ils tombèrent à genoux, secoués par la violence du choc et du soulagement. Leurs prières avaient été entendues.
Désormais, jamais les Monstres ne pourraient les rattraper. Jamais les héros restés derrière non plus, se dirent-ils ensuite, leur soulagement teinté d'une peine amère.

°°°°°°°

Il tourna la page la page d’une main tremblante et contempla les pages blanches qui suivaient. Il referma avec douceur le vieux livre de cuir. Il caressa d’une main émue la couverture élimée que tant d’hommes et de femmes de sa lignée avaient ouvert, le soir, au pied du lit de leurs enfants. Il était Alagaësien. Descendant des survivants de la faille. Dans sa famille, nul ne l’ignorait et c’était une fierté qu’ils avaient toujours gardée. Certains disaient même que livre avait été rédigé par un de ses aïeux, encore enfant lors de la bataille.

Lui y croyait, depuis toujours. Et aujourd’hui, avec ses compagnons, il allait pouvoir écrire les dernières pages du livre. Derrière cette dernière montagne, il allait pouvoir découvrir la vallée engorgée et même, peut-être, les derniers vestiges de l’union de ces combattants de légende. Il avait fallu près de deux siècles pour que les hommes osent refaire le voyage en arrière et encore un de plus pour trouver un chemin entre les montagnes. Près de trois cents ans de rêves et de légendes. Et maintenant, il y était.

Sur la page vierge, il inscrivit les mots :


Apocryphe aux Chroniques de la Fin de l'Alagaësia
Écrites en l'an 293 de l'exil - An 1 du Retour




L'Alagaësia était bien loin des fantasmes que s'étaient faits ses enfants, exilés depuis des siècles. Les terres que nous découvrîmes, après l'éreintante traversée des Béors, étaient terribles, luxuriantes et en même temps ravagées. Trois siècles après la dernière bataille, après les grandes guerres magiques, les séquelles étaient toujours visibles comme autant de cicatrices sur la terre et la roche, la mer et même la nature du vieux continent.

Nous retrouvâmes la vallée qui avait été le théâtre de la bataille mais ce ne fût pas tâche aisée : au lieu de l'ossuaire en plein air auquel nous nous attendions, champ de squelettes blanchis par les ans, d'armes et d'armures abandonnées, il y avait un arbre, un arbre immense et étrange au cœur d'une lac de verdure qui semblait défier le climat inhospitalier des Béors : une oasis éternelle au milieu de la rocaille et de la neige.

Nous poussâmes l'exploration au-delà des Béors - du moins, pour ceux qui en avaient encore la force après la traversée - jusqu'aux premières villes de ce qui avait été, si l'on en croyait les cartes, le "Surda" ou peut-être le sud de l'Alagaësia elle-même, c'était dur à dire : plus rien ne ressemblait à ce que décrivaient les textes ici. La terre s'était fracturée, des fleuves et des étangs étaient apparus, des collines et des montagnes étaient sortis de terre, des pans entiers de forêt étaient devenus des terres mortes, désertiques, et en d'autres endroits la nature avait si bien repris ses droits qu'elle masquait tout signe distinctif, jusqu'aux ruines de petits villages et campements qui étaient myriade dans la région.

L'Alagaësia était devenue une terre inhospitalière, même la faune était étrange, exotique, et bien souvent surdimensionnée. C'est avec regret que je couche sur le papier la liste de ceux qui partirent avec moi redécouvrir le vieux monde mais n'en revinrent pas :

[S'en suit une liste de noms, mais l'écriture est tremblante et l'encre en partie diluée par des tâches de larmes]

Malgré tout cela pourtant, pour la première fois depuis 300 ans, la voie vers notre terre d'origine est ouverte.
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[Event] Le grand feu d'artifice de l'Alagaësia

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