(C'est toujours d'actualité ? On peut s'incruster ? )

Pasiphaé et Galeï avaient combattus chaque jours de leurs voyages à cheval quand ils ne dormaient pas et étaient, en tout cas pour Pasiphaé, à bout de souffle quand ils arrivèrent à Teirm. Mais quelqu'un venait de sortir de je ne sais où et courait. Il semblait poursuivit. De dos, cette personne lui disait quelque chose... Elle galoppa alors de sorte de barrer la route aux personnes qui s'étaient déjà bien fait distensée par la silhouette familière. Puis elle zigzaga pour aller rejoindre la personne. Mais le soleil éblouissait et Pasiphaé ne put rien voir.

*Ca va aller ?* dit-elle mentalement à l'inconnu qu'elle semblait connaitre.

Quelque chose lui inspirait confiance dans cettre personne dont sa vision n'appercevait pourtant que les contours. Ses yeux étaient assez sensibles à la lumière et elle dut cligner des yeux pour ne pas avoir le regard brillant. Mais qui était donc cette personne ?

(Hop comme ça je reconnais personne et si tu n'es plus là bah je ferait style que je n'ai pas bien vu XD)

(oui tu peux tant qu'on y est^^)

Pasiphaé resta sans voix (enfin encore plus que d'habitude ) quand elle entenda celle de son apprenti.

*Sabretran ! Euh...*

Ignorant que ses deux amis se connaissaient déjà, elle les présenta.

*Galeï, Sabretran. Sabretran, Galeï.*

Puis sans plus attendre, elle donna un léger coup de talon au flanc de son cheval...

*Je t'accompagne... Que tu le veuilles ou non.*

La jeune femme était surement en train de faire la plus grosse bétise de sa vie, car elle ne savait pas vraiment se battre très bien... Mais elle se débrouillait avec la magie... peut-être qu'elle avait une chance de rester en vie... Et puis, si son apprenti y allait, elle y allait aussi.

Pasiphaé rougit mais espèra que ça passerait inaperçut. Elle n'aimait pas mentir, mais ne voulait pas paraitre faible devant son apprenti... Il ne devait pas se faire de soucis pour elle...

*Bien sur, n'ai-je pas l'allure d'une guerrière ?*

Elle montra son épée et sa dague et se tint le plus droite possible avec dans les yeux un air de noblesse emprunté pour le moment aux personnes habituées aux combat. Mais tout celà n'était que simulation et au fond, elle mourrait de peur rien qu'à tuer... Elle détestait ça... De lourds souvenirs revenaient à chaque fois... Mais pour ne pas avoir le poids d'autres morts, elle préférait se battre et tuer plutôt que de savoir des amis tués dans une bataille où elle n'avait rien fait... Elle préférait encore ça. Alors peut importe si elle mourrait sur le champs de bataille, se serait avec honneur. Mais pour l'instant, elle avait la trouille... Pourtant elle ne voulait pas que Sabretran sache ses côtés faibles... Elle n'aimait pas du tout ça...

[Ok merci^^
Et il s’agit du Nomins, pas du Neomins, mais j’arrive toujours pas à mettre l’accent sur le o…]

Ghillem suivait le groupe de jeunes gens du regard. Il n’était pas spécialement discret, comme type, d’ailleurs, il n’essayait pas d’être discret. Il en était venu à la conclusion, un jour, que plus on essayait de passer inaperçu, et plus on se faisait remarquer.
Il faut aussi dire que ceux-là n’avaient pas fait en sorte de passer inaperçus non plus. Ghillem était là quand le chat-garou avait passé les portes la veille. Il avait tout vu, sauf que lui était plus attentif que les gardes. Lui avait l’œil sur tout, et voir un homme se muer en chat et se faufiler entre les passants lui avait mit la puce à l’oreille : peut-être que ce jeune être était un chat-garou…
Bien entendu le « peut-être » est en option, il était convaincu d’avoir trouvé un chat-garou. Il n’avait pu le suivre, et n’avait pu trouver sa trace non plus, même en faisant le tour des tavernes et des auberges les plus proches.
En désespoir de cause, il avait entrepris d’attendre le chat-garou à sa sortie. Il était venu le matin, caressant l’espoir naïf de retrouver le chat-garou. Quelle n’avait pas été sa surprise de le voir débouler sur une monture racée au pas de course ! Il avait bêtement éclaté de rire avant de bouger sa vieille carcasse. Les gardes lui jetaient des œillades courroucées, mais Ghillem de Roseraie n’en avait cure.
Il s’était élancé dans un laborieux trottinement sur les pas du chat-garou et des deux personnes qui venaient de les rejoindre.
Ghillem n’était pas magicien, mais après une vie passée à étudier cet art, après avoir rassemblé plus de connaissances que quiconque en ce monde, ou presque, il concevait très aisément que deux personnes puissent deviser par pensée, et la façon qu’avaient ces deux-là de se regarder comme en pleine conversation, mais tout en restant silencieux, lui indiquait qu’ils parlaient par télépathies. Donc qu’ils étaient mages…
« Bien le bonjour, jeunes gens » leur lança-t-il quand il les eut rattrapés (heureusement qu’ils étaient passés au pas rapidement).
« Puis-je vous accompagner sur votre chemin ? Je ne suis pas de ceux qui manient la lame, et les routes ne sont plus sûres aujourd’hui. Pas pour les vieilles gens tels que moi, en tout cas… »
Il fit en sorte de se maintenir au niveau des canassons. Malgré son allure de vieillard, et des années passées à étudier dans des bibliothèques obscures, le manciologue conservait une certaine forme. Enfin, ‘fallait pas non plus lui demander de piquer un sprint hein…
Si les voyageurs prenaient la peine de lui adresser un regard, comme de moins en moins de cavaliers le faisaient quand ils étaient interpelés par un vieillard piéton, ils verraient un homme avec un visage émacié et ridé, dont les cheveux pendaient en une queue argentée dans son dos, battant une cape pourpre et or épaisse en-dessous de laquelle il était vêtu d’un manteau bigarré aux manches bouffantes, camaïeu de rouge par-dessus un pantalon de lin blanc et une chemise noire.
Mais le plus intriguant était le chapeau de l’homme, un couvre-chef en cuir jaune moutarde, à larde bord et pointu, comme les chapeaux de sorciers dans les contes pour enfants, avec une plume multicolore fichée. Large et grosse, elle ressemblait à un arc-en-ciel dépassant de la foule d’hommes et de femmes qui entraine ou sortaient de la ville portuaire. Au loin dans la plaine, on voyait un campement, et des militaires qui s’affairaient comme autant de fourmis grosses comme l’ongle du pouce.
« Sale temps pour les voyageurs hein ? » déclara le manciologue désireux d’engager la conversation.

(Oh fait, Galeï est un homme )
Je le sais ! Pour qui tu me prends >< *oups...*

Pasiphaé se mordit l'interrieur de la joue jusqu'au sang quand elle s'apperçut que son mensonge allait bientôt être mis à jour...

*Si seulement Sabretran pouvait parfois être moins... gentil...* pensa-t-elle.

Puis un autre homme agé à l'allure étrange... même bizarre s'incrusta mais la jeune femme le salua d'un signe de tête, même si elle ne le connaissait pas.

*Oui, sale temps pour voyager...*

Elle lança à ses deux amis un regard de SOS car elle ne savait vraiment pas si la conversation allait aller bien loin avec elle et le type qui n'avait pas des questions pertinentes ( )

(Oups désolé pour le court post j'ai pas trop le temps...)

Ghillem entendit la voix de la femme qui parlait avec le chat-garou dans sa tête. Il n’en fut pas surpris, il s’y attendait un peu. Il lui rendit son salut, s’abstenant de répondre. La femme eut-elle été un marchand ou un vagabond qu’elle aurait sauté sur l’occasion de déballer ses rancœurs quant aux insécurités grandissantes dont souffrait le pays, maintenant sous la férule du Nomins Ageati (bien qu’il soit versé dans l’Ancien Langage, Ghillem ne comprendrait jamais cet engouement des chefs de clan pour les noms en parler elfique. Nomins Ageati, Du Vanyali Ebrithil…C’était tellement plus simple « l’Empire »…).
Enfin, il y avait aussi la possibilité qu’il soit tombé sur une jeune femme peu loquace, mais les gens peu loquaces était tellement ennuyeux quand on pensait tellement de temps plongé dans des livres qu’on en finissait par oublier quel effet ça fait, d’entendre parler, que Roseraie se refusait à envisager cette éventualité.
Le chat-garou lui répondit pour sa part à voix haute. Ghillem sourit, d’un large sourire enfantin qui le rajeunissait significativement.
« Votre interlocuteur se nomme Ghillem Rozalian, érudit et vagabond. Je vais et vais encore de ville en ville en louant mes services comme précepteur, et parfois aussi je gagne ma vie en répondant aux questions de l’Académie Impériale d’Urû’baen. Plusieurs de mes essais rédigés à cette intention sont devenus célèbres vous savez ! »
Il avait menti, bien entendu. Il n’avait rien d’un érudit vagabond, et ne s’appelait pas Rozalian, mais annoncer à quelqu’un qu’on était un chercheur désireux de l’étudier était le meilleur moyen de jeter un froid, ou, au mieux, de modifier durablement leur relation. Il préférait que le chat-garou se montre le plus naturel possible. En espérant que ce ne soit pas une espèce de brigand sans foi ni loi…
Par ailleurs s’inventer une vie et un nom lui procurait un subtil plaisir dont il ne saurait se lasser. Il remarqua alors que le chat-garou gardait une main sur le pommeau de son épée, comme s’il craignait une fourberie du vieil homme. Décidément, le petit jeune le surestimait beaucoup…
« Et vous-même, voyageur, reprit-il, comment dois-je vous appeler ? Comprenez que je n’ai nul dessein belliqueux, continua l’érudit en désignant l’épée d’un signe de tête. Non simplement, je vous ai vus armés, tous trois, et j’ai pensé que vous accepteriez peut-être d’autoriser un vieil homme à cheminer avec vous. Un vieil homme qui saurait se faire discret. Et qui en plus fait la cuisine. »
Son sourire s’élargit. La nourriture était un point important. Est-ce que les chats-garous sont omnivores au même titre que les humains ? Ou bien carnivore, comme les chats ?
Il s’en voulait franchement de considérer un être doué de raison comme un sujet d’études. Mais c’était là l’accomplissement de toute sa vie, et il aurait suivi ce chat-garou jusqu’au bout du monde, s’il avait fallu.

[Ah j'ai trouvé le bon post ]

Galeï soupira. Lui qui n'avait pas parlé depuis le début, il ressentait une envie irrésistible de dire quelque chose. Il se tourna vers le vieux qui les avait rejoins et s'apprêtait à la conversation quand Sabrétran l'interrogea sur sa destination. Il se tourna alors vers l'humaine et sortit son épée. Même essoufflée, elle devait être capable de reprendre une ou deux séances d'entrainement.. Il hoqueta de surprise en la voyant suivre Sabre et Ghillem.
L'elfe grogna, rangea son épée et talonna Löhrin, son cheval elfique. La route promettait d'être longue et non dénuée de dangers..

"Quand est-ce qu'on mange? lâcha-t-il à tout va."

Pasiphaé lança un regard l'érudit dont elle n'arrivait pas à retenir le nom et un rictus apparut sur ses lèvres.

*Et bien je vais vous appeler Gil. Moi c'est Pasiphaé.* transmit-elle par pensée.

La jeune femme remarqua aussi l'air de Sabretran... Il ne faisait pas confiance au vieu, et en même temps il avait raison. Aucuns d'eux ne le connaissait et il débarquait comme ça... Peut-être avait-il une maladie grave et peu de temps à vivre alors il essayait de vivre pleinement ses derniers instants (bah quoi ça aurait put être vrai )... Elle entendit alors un grognement venant de derrière elle : Galeï. Ce voyage, peut-être qu'il n'était pas attrayant pour lui... Alors, elle commença une conversation en la bloquant pour tous ceux qui n'étaient pas Galeï.

*Ecoute... Euh... Tu... n'es pas obligé de m'accompagner... En plus, tu n'as pas la magie pour t'aider dans le combat. Et tu ne veux peut-être pas y participer. Pour être franche, moi non plus mais beaucoups de mon clan y sont et maintenant mon apprenti y va... Alors je ne peux pas rester là à espérer qu'il n'y aura aucun morts que je connais. Que j'y participe ou pas, il y aura beaucoups de sang de versé et peut-être le mien mais je n'ai pas le choix. Si je n'y vais pas et que Sabretran est blessé au combat, je ne me le pardonnerais pas. J'ai comme un sentiment de responsabilité. En fait, je ne t'encourage pas du tout à participer au combat. Je ne veux pas non plus qu'il t'arrive quelque chose. Je sais c'est bête mais je suis comme ça. Alors je ne veux pas que ma décision influe ton choix...*

Puis comme si de rien n'était, elle garda la même expression de joie qu'elle avait réussit à faire sur son visage pour paraitre bien. Ou pour tout simplement paraitre. Puis à la question de Galeï, elle hocha les épaules. Ses ressources étaient bien épuisées à cause du voyage précédent.

*Peut-être que notre ami George... Non Gil. Enfin peut-être que notre vieu compagnon a de quoi manger...* adressa-t-elle mentalement à tous cette fois ci.

*Je grogne parce que j'ai faim, transmit Galeï à l'humaine. Je t'accompagnerais au Surda car je n'ai nulle part où aller. Et puis, j'ai toujours rêver de visiter ce bastion. Enfin, va falloir que j'achète une épée. La mienne se désagrège, n'oublie pas que je l'ai volée à un brigand et qu'elle est plus rouillée qu'une faux de paysan après les premières neiges.*

Sur ce, il rattrapa le chat garou et Gillhem au petit trot. Il sortit son arc et le posa sur l'encolure de sa monture. Les routes n'étaient plus très sûres en ces temps de guerre. Il se posa soudain une question qu'il aurait déjà dû éluder il y a longtemps:

"- Qui oppose qui? demanda-t-il. Je sais que le Nómins Ageati se battra, mais avec et contre qui?"

[Pour plus d’infos sur les Résurrectionnistes de mon post, cf la fiche de Feu-follet, où on trouve un petit résumé des événements et leur épilogue.]

Ghillem observa la main gracieusement tendue par le chat-garou. Il ne se départit pas de son sourire en l’attrapant, surpris de constater la force que pouvait développer ce jeune homme malgré une musculature qui n’avait pas l’air exceptionnelle.
L lui fut infiniment reconnaissant de lui fournir une monture, et reconnaissant aussi envers Veinndor de porter une double charge sans renâcler.
« Merci bien, jeune homme, répondit-il en prononçant les paroles dans sa tête. C’est un agréable répit que vous offrez là à mes membres fatigués »
Nul doute qu’il aurait pu continuer à marcher longuement, poussé par une folle passion qui le rajeunissait sérieusement, mais il n’allait tout de même pas cracher sur une monture. Par ailleurs, c’eut été pure forfanterie que de continuer à pieds.
La question du chat-garou le prit au dépourvu. Où est-ce qu’il allait ? Au même endroit que lui, pardi ! Il se mit à réfléchir toute vitesse, malheureusement, le chat-garou n’avait pas donné sa destination. Pas à voix haute en tout cas. Le jeune homme aux cheveux argent avait acheté une épée pendant son séjour en ville. Une épée grand luxe qui plus est, ce qui confirmait le fait qu’il soit un mage.
Un mage qui s’arme subitement, où est-ce qu’il peut se rendre ? Peut-être sur le théâtre d’une guerre ? C’est la première chose qui vint à l’esprit du vieil homme : il allait probablement à la guerre. Au Surda donc.
Mais partant de là, où est-ce qu’il se rendait ? Des informations avaient filtré selon lesquelles Petrovya était en pleine bataille. Il se rendait peut-être là-bas. Ou à Cithri. La prochaine cible serait immanquablement Cithri. Si les armées du Nord raisonnaient comme lui. Il avait une chance sur deux de trouver la destination du chat-garou. Il prit la troisième solution :
« Je me rends à Aberon, répondit-il avec une parfaite assurance qui rendait caduque la seconde de silence nécessaire à sa réflexion. J’ai de la famille là-bas, et puis, vous savez, la bibliothèque du palais d’Aberon est fameuse. J’ai entendu certaines rumeurs selon lesquels il y aurait un codex des Résurrectionnistes. Vous avez entendu parler des Résurrectionnistes jeunes gens ? Sans doute pas, trop jeunes pour ça ! C’t’une vieille histoire qui s’est terminée dans le sang comme beaucoup d’autre. Des gestes qu’on entend aujourd’hui dans les bouges, certaines parlent d’un chat-garou. Etrange non ? Ces créatures, on pourrait croire qu’ils ont disparu. Qu’est-ce que vous en dites ? »
Le canasson avançait à son allure quand la troisième personne, celle qui s’était tue jusque là, prit la parole, demandant, de manière presque déplacée, quand est-ce qu’on mangeait. Ghillem se rendit compte que son ventre gargouillait à cette évocation. Malgré ses atours tapageurs, il ne roulait pas sur l’or, et malgré son gout pour les archives poussiéreuses et les vieux livres, il ne vivait pas exactement d’amour et d’eau fraîche.
Il allait répondre quand Pasiphaé lui donna son nom. Le chat-garou ne s’était pas encore présenté, lui. Est-ce qu’il lui faisait si peu confiance qu’il ne se nommerait même pas ? Il ne pouvait pas l’en blâmer, en toute connaissance de cause, mais en pratique, il ne comprenait pas pourquoi un jeune homme vigoureux s’inquiétait de la présence d’un vieux bonhomme décrépi.
« Enchanté, Pasi’, rétorqua-t-il avec un certain amusement en détaillant d’un furtif coup d’œil la jeune femme. Appelez-moi donc comme bon vous semble, de toute façon, un nom n’a que peu d’impact sur la réalité. Vous ne parlez pas, Pasiphaé ? demanda-t-il avec une sincère curiosité. »
De fait, il ne l’avait pas encore entendu prononcer une seule parole à voix haute. Ses cheveux flottaient au vent, ses habits se plissaient sous l’action de l’air, mais ses lèvres restaient closes, ce qui était étonnant, il n’avait jamais vu personne deviser uniquement par pensée.
Oh, quoi que si. Une fois, longtemps avant, il avait vu un jeune homme qui ne disait plus un mot. Une sorte de résolution qu’il avait prise de ne plus parler. Tout magicien qu’il soit, il ne s’exprimait que par langage des signes. Un jour, quelqu’un avait découvert son véritable nom, celui en Ancien Langage, et l’avait utilisé contre lui. L’homme en avait définitivement perdu l’usage de la parole tout en perdant sa magie, et était mort peu de temps après. En essayant désespérément de dire un dernier mot avant la fin…
Gil’, nouvellement baptisé, secoua la tête pour chasseur ces vieilles anecdotes poussiéreuses de son esprit. Il rit doucement en entendant les « paroles » de Pasiphaé, et lui adressa son sourire le plus ingénue.
« Moi qui étais convaincu que vous me prodigueriez le peu de nourriture dont ma vieille carcasse se contente…Parce que vous voyez (il écarta les pans de son manteau pour appuyer ses dires), je n’ai que mes frusques et mon esprit avisé pour moi, l’argent et la bonne fortune m’ont abandonné il y a fort longtemps. Quoi que, je voyage en fort agréable compagnie, dirait-on. Peut-être le Destin entend-il me faire une fleur ? »
En fait, il mentait, il avait une trentaine de couronnes d’or dans la doublure de son manteau, invisible, mais ne s’en servirait qu’en ultime recours. Peu porté sur les possessions matérielles, il n’était pas dépensier, mais ses rentrées d’argent auraient paru ridicules à un saisonnier manchot.
La question de l’elfe le remmena à des considérations plus directes. La guerre au Surda, et les guerres en général, n’étaient pas son domaine de prédilection, cependant il avait des contacts par-ci par-là, et se tenait informé de l’évolution des choses.
« Simple, répondit le vieil homme d’un ton peut-être un peu trop docte. Les Drasois ont attaqué le Surda. La situation est un peu flou, d’aucuns disent que le Concile des Ombres a fait sécession auprès de la Guilde des Ténèbres et qu’ils cherchent à s’établir au Surda, mais je ne sais pas à quel point on peut se fier à ce genre d’informations. A mon grand dam, je n’ai jamais réussi à infiltrer ces deux institutions. Trop de magiciens dans le tas, et trop suspicieux. M’enfin bon. A part ça, on a donc une armée du Concile, qui attaque le Surda. Le Surda est fort d’un peu moins de cent mille hommes, ce qui ne représente pas assez pour contrer leurs adversaires, mais je sais que l’Alliance est allée prêter main forte à ce petit pays. Dans quelle mesure ? Je n’ai pas les détails. Mais j’ai entendu dire qu’une forte troupe à l’étendard orange s’était rendue à Cithri. J’attendais des informations complémentaires, mais les messagers qui arrivent toujours à passer sont trop rares et trop longs, une fois à Aberon, je serai plus prêt de tout ça.
En revanche, je n’étais pas au courant de l’intervention du Nomins. Dans ce cas-là, si mes estimations sont justes quant aux troupes que peut déployer chaque camp, je dirais que…Hé bien, les alliés du Surda totalisent environ une fois et demie plus de troupes que le Concile. Mais reste à savoir s’ils ont engagé toutes leurs armées, ce qui est rarement le cas, surtout considérant les nombres énormes que cela impliquerait : deux cent mille hommes pour le Concile et trois cent mille pour les défenseurs du Surda. C’est quand même quelque chose. Mais il y a quand même une chose importante, c’est que le Concile peut compter sur le concours de plusieurs Ombres et dragonniers très puissants. La rumeur a filé comme le vent que deux personnes avaient fait un véritable carnage sur les remparts de Petrovya, et il y en aurait d’autres qui ne seraient pas intervenu.
Et ce genre d’êtres, je crains que les alliés du Surda n’en aient pas à leur disposition. Vous savez, j’ai une connaissance assez poussée des différentes puissances de ce monde, on peut dire qu’à part ceux engagés au service des Drasois, il y a le nain-elfe Pierrot, le Sage Ellenwen, Amayläe du Nomins Ageati, Tenel Ka de l’Alliance, mais cela fait longtemps que celle-ci est discrète, contrairement aux autres. Mais tout ça pour dire qu’au final, le Concile dispose d’un plus grand nombre de magiciens de génie que leurs adversaires, ce qui peut sérieusement faire pencher la balance. »
Le vieil homme se tut enfin. Il fut étonné de l’exposé qu’il venait de déclamer. Il n’avait pas pensé s’étendre à ce point. Il se languissait presque d’être près des champs de bataille. Oui, ça n’avait jamais été son domaine de prédilection, mais il était un manciologue, et même s’il s’était longtemps avant spécialisé dans les créatures magiques, et plus particulièrement les quasi-mythiques chats-garous, l’application de la magie en combat n’en était pas moins intéressante.

Pasiphaé était charmé par ce Gil' et sa vivacité d'esprit malgré son age. Tout ça aurait dut l'inquièter mais pas du tout car l'interlocuteur avait les mots pour apaiser ses craintes. Il les complimentait, mais surement qu'une personne exterieur aurait tout de suite vu que c'était pour avoir quelque chose. Quand il posa la question de savoir pourquoi elle ne parlait pas, la jeune femme ne le prit pas mal du fait des flateries.

*J'aimerais bien parlé mais je n'ai pas eut la chance à ma naissance d'être dotée d'une voix...*

Elle passa par dessus la question de nourriture pour aller vers le sujet principal : la guerre.

*Oui des membres de l'alliance y sont et pour certains je les connais. Et croyez moi, qui que soit les ombres qu'ils ont en face d'eux ou leurs larbins, ils vont leur donner du fil à retordre. Qui que soit nos adversaire, ils se battrons jusqu'à mourire s'il le faut... Alors les ombres et leurs magiciens de génies ne gagneront pas si facilement.*

Dans le regard du vieil homme, Pasiphaé crut voir à un moment une lueur d'excitation mais n'y préta pas attention. Quand aux paroles sur les chats-garous, elle ne comprenait pas très bien pourquoi il avait parlé de ça... enfin qui peut comprendre les idées tordues des vieilles personnes ?

Un sourd grondement se fit entendre, ce qui coupa court aux discussions de la troupe hétéroclite. Une caravane apparut au détour d'un sentier, composée de quelques charriots contenant nourriture et objets de première nécessité, de plusieurs mercenaires engagés pour protéger le convoi et de quelques malheureux poulets. Laissant les roulottes et leurs gardes le dépasser, Galeï se pencha sur son cheval, attrapa un poulet par le cou et l'étrangla en silence. Soudain, un garde se retourna et fixa l'elfe dans les yeux. Ce dernier ne cilla pas et s'autorisa même un insolent sourire. Le mercenaire le foudroya du regard et reprit la marche en silence. Galeï regarda le poulet et soupira. Il l'imaginait déjà sur le feu, en train de cuir tel un lapin prit dans la fournaise d'un incendie de forêt. Son ventre émit de nouveau un sinistre grondement.

"- Va falloir se contenter de ça, dit-il en exhibant son poulet, de ça et de quelques fruits ou racines que l'on trouvera."

Galeï avait vraiment faim. Gil reprit sa conversation avec Sabré et l'elfe se tourna vers Pasiphaé:

"- J'ai rien compris à ce qu'a dit le vieux, on va taper sur qui?"

Pasiphaé eut un sourire quand elle vit le poulet. Elle avait imaginée avant même que Galeï le fasse sa réaction vis à vis de la créature. Elle ignora ensuite le petit être plein de plume pour essayer de trouver les mots justes pour décrire les personnes qu'ils allaient affrontés.

*Ce sont des ombres. Des ombres et leurs larbins. Il ont créés ce qu'on appelle le concil des ombres et la guilde des ténèbres. Les deux se sont associés pour attaquer le surda et ils ont engagésq des mercenaires.*

[Ah non, là tu fais erreur, on n’a pas engagé de mercenaires^^On a une armée de métier rescapée des dernières guerre (en partie, 33% de mort depuis sa création). Pas des mercenaires qui se battent à la dégoutée et tirent leur révérence dés qu’on leur propose plus de fric ailleurs ]

*Désolé pour vous, répondit-il à Pasiphaé. J’aurais été curieux de savoir quelle voix peut sortir d’une si jolie gorge…*

Il se prit à regretter de ne pas avoir cent cinquante ans de moins…Par ailleurs, il était vrai que l’idée qu’une personne soit privée de la voix l’avait toujours dérangé. C’était quand même important, comme détail, dans les relations sociales.
Gil’ fut heureux d’entendre le nom du jeune homme. C’était un beau nom, un nom qui coulait bien. Bien sûr, il pensa tout de suite à l’arme homonyme. Mais c’était sans doute un hasard, à moins que le chat-garou ait changé sciemment de nom ; peut-être y avait-il quelqu’un à qui il souhaitait échapper ?
Mais bon, inutile de tirer des conclusions trop hâtives. Il pariait plus sur le hasard. Sabré hein ?

-Je m’en souviendrai, Sabré ! assura-t-il. Vous allez vous battre, sans doute ? continua-t-il, jouant son jeu bien que convaincu d’avoir vu juste. Vous devriez faire attention, prévint-il, sincèrement inquiet. Je n’ai jamais rencontré aucun des belligérants en personne, mais j’ai déjà pu observer leurs rixes, par hasard ou pas. Votre vie est précieuse, prenez-y garde. Il est des choses que personne en ce monde ne devrait être capable de réaliser, et être témoin des ces choses n’a rien d’une bénédiction…

Il pensa au lac Léona en disant ça. Il se rappelait la végétation morte et desséchée, la terre labourée, la sensation d’étrangeté qui donnait envie de détaler à toutes jambes. Quand il était arrivé à cent mètres de l’ancien champ de bataille, la nuit était subitement tombée, alors qu’il devait être midi.
L’idée d’assister à un événement de ce genre le répugnait tout à fait, et l’idée que ceux qu’il accompagnait y soient soumis l’inquiétait non moins.
L’elfe chassa ses sombres pensées (bordel, il fallait vraiment qu’il cesse de se plonger dans ses souvenirs à la moindre occasion !) en le remmenant au problème de nourriture. Il observa le poulet d’un œil critique. Bah, il avait l’air en bonne forme, si on faisait abstraction du fait qu’il était mort. Ghillem pouffa bêtement à ses propres pensées, se disant qu’il devait être bien ridicules, et l’aurait été encore plus s’il avait pensé à voix haute. Des fois, vraiment, on pouvait sérieusement douter qu’il ait l’âge qu’il donnait l’impression d’avoir.

-L’est joli ton poulet, globe-trotter, lui répondit-il, feignant un intérêt qui n’était qu’à moitié vrai. Si j’avais des ustensiles, je pourrais en faire une œuvre d’art, mais si personne ne s’y oppose, je pense que l’on doit pouvoir en faire quelque chose de pas mauvais, même avec un feu de bois et notre bonne volonté…Mais pour les racines…(Il fit la moue) Ce sera sans moi je crois, à part si on tombe sur des patates qui se baladent gaiement, mais à part ça…

Il n’était pas trop friand de ce qui poussait sous terre. Il ne pouvait s’empêcher d’imaginer le confinement immense que cela impliquait. C’était stupide, bien sûr, et il faisait une exception pour les pommes de terre, car c’était économique et bon, mais dans l’ensemble, il évitait les racines et consorts.
Pasiphaé revint à la guerre. Il fit la grimace en entendant les mots dans sa tête. Bien sûr, tout le monde donnait du fil à retordre à tout le monde. Un mage avisé peut mettre toute une troupe en déroute, avec assez de jugeote et de patience. Mais le problème, c’est qu’il y a des mages avisés dans les deux camps. Il ne doutait pas spécialement des amis de Pasiphaé, bien qu’il ne les connaisse pas, si elle leur faisait confiance, elle avait sans doute ses raisons (et cette fille respirait une certaine franchise de bon augure). Mais voilà, ils se battraient jusqu’à mourir s’il le faut. Tout le problème était là.
Après la mort, il n’y a plus rien, jeune Pasiphaé, plus que des amis pour vous pleurer, parfois un amant pour se suicider par amour ; le monde est plein de cons.

*La belle affaire, Pasiphaé, lui répondit-il toujours mentalement, ils auront peut-être la gloire de tomber pour le bien du plus grand nombre ? Allons, il y a bien plus dangereux que des Ombres là-bas. Risquer sa vie pour une noble cause, c’est bien. On entre dans la postérité. Peut-être qu’un jour il y aura des chants sur Pasiphaé maîtresse des Arcanes qui mourut glorieusement sur les remparts de Cithri. Elle y perdit certes la vie, mais grâce à son sacrifice, la ville put tenir les quelques heures de plus nécessaires à l’arrivée des renforts. La jeune femme eut un enterrement digne d’un roi. Mais au final, son corps finit bouffé par les vers, enterré six pieds sous terre, pauvre femme, ce n’était pas encore l’heure pour elle. La guerre est une imbécilité, Pasiphaé, crois-moi, une triste imbécilité. Si tu veux t’affirmer en tant que championne de la lumière, alors sape la Guilde, infiltre la Dras, mets-y des espions, pourris le fruit noir de leur ambition jusqu’à ce qu’il tombe tout seul de l’arbre. Sape leur moral, dénigre la religion qui les pousse à abattre sauvagement tout ce qui se dresse face à eux, fais leur peur, bluff, fais tomber Dras Leona par le manque de confiance. Propagande, mensonges, faux-semblants, ça fait moins de morts et moins de gestes, moins de preux, moins de jours fériés pour commémorer la mémoire de feu les grands de ce monde. Mais ça marche.*

Ghillem frissonna. Il était stupide, bien entendu, cette femme n’avait pas l’air de battre des records de bêtise, plutôt, elle semblait savoir ce qu’elle faisait. Elle était sans aucun doute une habituée des combats, elle devait avoir déjà risqué sa vie bien souvent, s’en tirant avec une chance honteuse ou une ingéniosité troublante. Mais quand même bien même, est-ce qu’elle s’était déjà trouvée sur un champ de bataille ? Quand les flammes des dragons lardaient les armées de profondes cicatrices, quand des rochers pleuvaient du ciel et fauchaient des dizaines de vie, quand les hommes tombaient subitement, nuque brisée, sans avoir pu même se rendre compte qu’un mage s’en prenait à eux, quand des inconnus, leurs sentiments bien enfouis au fond d’eux-mêmes, s’en prenaient à votre esprit, tentaient de vous briser, de vous contrôler, et de vous faire tuer vos frères d’armes ? Sans doute pas. La façon dont ils en parlaient le mettait sur les nerfs. « On va taper sur qui ? » Comme si c’était un jeu, « C’est qui le chat ? ».

-Vous faites erreur Pasiphaé. Ce ne sont pas des mercenaires. Ce sont des vétérans qui n’ont d’autre idée que de mourir pour leur dieu. Pas le genre d’hommes qui débandent, pas non plus celui qui fait des quartiers. Et non, elfe, vous ne tapez pas que sur des Ombres pourris jusqu’à la moelle, vous tuez des gens, des types bien, victime d’une dictature qu’ils n’ont pas demandé, de doux pères de familles que la Guilde a transformés en chiens enragés. Ou des prisonniers de guerre forcés de prendre les armes sous peine de se faire torturer, de simples Surdans qui n’ont rien demandé à personne. Il ne s’agit pas que de brasser l’air en tranchant négligemment des trucs mous qu’un appelle « soldats » et qui ne sont que vaguement humains.

(ah, désolé d'avoir dit des bétises. :$ )

Pasiphaé devint sinistre aux paroles de Gil... (évidemment il est toujours obligé de dire des trucs comme ça). Elle ne deviendrait surement pas une femme qu'on citerait dans la bataille pour être une grande guerrière car elle débutait dans ce domaine. Et elle ne comptait pas non plus reposer six pieds sous terre à être mangé par les vers mais ça, c'étiat déjà plus plosible.

*Croyez moi, si je meurs, aucuns chants ne seront en mon honneur, et personne n'aura le coeur brisé. Qui tient à une voyageuse sans voie qui a assez de naïveté pour pensée que sa présence changerait les choses. Mais je ne peux rester à attendre que tous les corps tombent de notre côté. Je ne serais qu'un soldat de plus mais un soldat comme même. Ma conscience me tuera certainement. Mais tant pis, si je meurs maintenant, dans un an, personne ne saura qui je suis, ni même mon nom.*

Puis elle chassa une mèche rebelle de son visage et continua.

*Mais je ne peux infiltrer ses personnes même pour réduire le nombre de mort. Je ne sais pas mentir, et à chaque fois que je le fait, ça a ensuite des conséquences.*

Pasiphaé rougit et évita le regard de Sabretran car elle lui avait mentit à lui. Et il allait bientôt s'appercevoir de ça. Puis la conversation de la nourriture revint.

*Non merci... Je n'ai pas très faim...*

Après les longs discours qu'ils avaient élaborés sur la guerre, tout ça l'avait fait oublié ses propres problèmes et la faim ne paraissait plus rien à ses yeux maintenant. La voyageuse se préparait déjà à subir une mort terrible... A un age comme le sien, ça aurait dut être interdit mais elle n'écoutait rien des autres personnes qui voulait la dissuader de se battre. Elle avait aussi apris une chose sur son apprenti qu'elle ne savait pas avant : il appartenait à un clan.

[Pas grave, sans que je sache pourquoi, tout le monde est convaincu que notre armée engage des mercenaires^^ On a jamais dit ça pourtant ]

Ghillem soupira. Les Ombres n’acceptaient pas de se soumettre. Peu de sorciers étaient enclins à voir leur esprit détruit, parait-il, dans la douleur. En général, les Ombres étaient des erreurs. Ce qui leur allait plutôt bien. Ce qui déroutait Ghillem, c’était que tous les Ombres étaient foncièrement mauvais. Les parjures dans leur ensemble combattaient pour la Guilde, mais gardaient une certaine humanité en eux, mais les Ombres n’avaient nul sentiment que la reconnaissance pour les plus forts et la haine pour les autres. Pourtant tous les esprits n’étaient pas comme ça ! Gil’ en avait rencontré plusieurs, certains étaient de très agréable compagnie. Et dieux ces gens étaient des encyclopédies parlantes !
Mais les paroles de Sabretran étaient tristement censées. Ghillem comprenait bien sûr son point de vue, il avait de toute façon anticipé sa réponse, à peu de choses près, il se doutait de ce qu’il répondrait. Et bien entendu, il avait l’air parfaitement déterminé. Ghillem ne démordait pas qu’ils devaient éviter de participer à cette guerre. Mais il laissa passer quelques secondes pour préparer sa réplique :

-Tu le dis toi-même, Sabré, finit-il par dire, c’est un serpent qui se mort la queue. Un fantastique ouroboros brûlant et cruel. Ton intervention ne brisera pas le cycle, tu n’abattras pas la Guilde, au mieux, tu donneras un sursis aux Surdans, mais est-ce que tu peux en être sûr ? Le plus probablement, tu y passeras, jeune homme ! Je conçois que tu te battes pour une noble cause, tu me prends probablement pour un couard sans volonté, mais je t’assure, si tu entends les choses, ce n’est pas en apportant ton corps en plus sur le champ de bataille. Tu n’as pas l’impact nécessaire pour ça. Oui, je pense que le mieux à faire est de laisser les Surdans se faire réduire en esclavage, leurs villes tomber, la Guilde gagner. C’est triste pour eux non ? Quand la guerre sera finie, leur armée sera encore diminuée. Ils pourront encore recevoir de nouvelles recrues de Dras Leona, mais ça prendra un moment. Leurs troupes seront fatiguées pour les soldats de métiers, démotivées pour les prisonniers de guerre, et enclines à l’insubordination ou la fuite. Attends ce moment et frappe, ne laisse pas de répit au Concile ou à la Guilde, harasse une armée éprouvée, sape leur moral, je me répète, mais les fuyards ne combattent pas plus que les morts, sa uf que tu peux faire fuir des milliers de personnes d’un coup en choisissant ton moment. Des attaques éclairs d’archers montés sur les flancs exposés d’une troupe en marche ? Insaisissables, létaux, et rien n’est pire pour le moral des troupes. Sauf les dragons. Mais je ne vois pas de dragon aux alentours. La souffrance est un lot commun, Sabretran, les Surdans n’ont pas choisi d’être Surdans, mais leur souffrance est inévitable.

Gil’ haussa un sourcil en entendant la réponse de la jeune femme. Elle se méprenait sans doute, il aurait mis sa main au feu qu’il y avait au moins deux personnes ici qui tenaient à elle, par ailleurs, il ne risquait pas de l’oublier lui-même.
Quand elle lui dit en revanche qu’elle ne savait pas mentir, ça lui tira un sourire. Tout le monde savait mentir en s’entrainant un peu. A fortiori quand on ne peut parler…

*La magie est la plus dangereuse des armes ; tu peux peut-être changer les choses, peut-être. Mais au final ça reviendrait au même, tu différerais la mort de ces gens, la Guilde attaquerait de nouveau, encore, et encore, et au final, le résultat sera le même. Tu peux changer une bataille mais pas la guerre, et ce n’est pas assez. Maintenant si tu penses vraiment que tout le monde se fiche de ta survie comme d’une guigne, je suppose que tu peux aller au charbon la conscience tranquille en te cachant derrière tes convictions que tu ne manqueras à personne. Mais c’est faux.
Par ailleurs, c’est bien le but, que tes mensonges aient des conséquences. Si tu mens pour leur dire qu’il fait soleil alors qu’il pleut, ça vaut pas exactement le coup…Quoi que. Mais je crois que l’on peut s’accorder sur le fait que tu es muette. Partant de là, tu ne peux pas parler, et dans ces conditions, ta voix ne peut trahir aucune incertitude. Il te suffirait de te composer une expression parfaitement impassible, et tu serais discrète comme une ombre. De plus, infiltrer Dras et le Concile et la Guilde ne signifie pas forcément le faire toi-même. Je n’ai jamais rejoint Du Vanyali Ebrithil, mais je suppose que vous devez bien avoir des espions qualifiés, non ? Le problème ne se règlera pas au Surda, si tu veux mon avis…*

Il se tut, se rendant compte que son discours devenait un peu embrouillé. Il n’avait jamais aimé voir des guerres, quand il y pensait, il se forçait à considérer les hommes qui périssaient comme des unité anonymes, quand il tentait de les analyser, il se détachait de l’horreur pour ne garder que des données, mais quand il s’agissait de personnes qu’il connaissait personnellement, c’était tout de suite une autre affaire. De plus, si pour l’elfe et le chat-garou il était incapable de définir leur âge à partir de leur physique, il ne donnait pas vingt ans à Pasiphaé.

*De plus je ne suis pas d’accord, dans un an, je me souviendrai de toi, et d’autres aussi. Tu te mésestimes.*

Il jeta un œil critique au poulet. Ses discours de mauvais augure lui avaient coupé l’appétit à lui-même. Vraiment, quel imbécile. Il poussa un soupir et remit son chapeau pointu en place, qui avait bougé pendant la chevauchée.

-Pas très faim non plus, dit-il. Désolé de t’avoir coupé l’appétit. Quelqu’un a-t-il réfléchi à notre itinéraire, ou est-ce qu’on y va au petit bonheur la chance ?