Myad releva des yeux sanglants vers Hally, le visage plein d'une résolution terrible. Elle fixa la jeune femme comme si elle ne la voyait pas, ses iris rubis figés au loin dans une contemplation désolée. Cela ne dura qu'une seconde.
Et un sourire d'excuse innocente fendit son visage de sa clareté. Myad posa son front contre celui de son amie, l'embrassa - ses lèvres étaient enflammées par quelque frustration contenue - et se tourna vers Marek qui avait parlé.

*C'est mon humeur de l'instant. Je réalise en entrant ici que cette demeure aurait pu appartenir à mon père. Noble, hautain, mystérieux, dangereux, froid... Et à Mumak. Il me manque tellement. Sans lui, je suis au milieu d'une grande salle vide et silencieuse, où mes pas résonnent. Comme ici.*

Rien, hormis ses pensées, ne trahissait le reflux des souvenirs. Myad suivit le majordome jusqu'à la salle de bal, où elle entra en sautillant d'un pas de danseuse, avec un éclat de rire.

- Tu n'as plus aucune excuse pour ne pas redonner la vie à ce lieu, et faire une grande fête, Marek-elda ! clama-t-elle.

Le suffixe s'était ajouté afin d'assurer à son meilleur ami la profondeur de son affection.

[je viens de voir la citation de ta signature. Et mes droit d'auteur hein? ]

Marek souria à Myad pour la consoler.

*Crois-moi, à moi aussi il me manque. J'ai comme la douloureuse impression qu'il a quitté l'Alliance à cause de moi.*

C'était vrai au fond de lui. Mumak avait rejoins la guilde quelque jour après l'avènement de Marek en temps que Chef de l'Alliance. Pourtant, Marek s'était toujours bien entendu avec Mumak. Que s'était-il donc passé?

Sa soeur de coeur le fit sourire quand elle parla de faire la fête ici.

Tu as raison, Myad Svit-Kona!

Il avait choisis le suffixe avec le même soin que Myad. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas utiliser ce genre de mot, Tenel Ka n'étant pas enclins à ce genre de marque de respect.

Marek avait froid. Le manoir était grand et vide. Il regarda la cheminée: vide. Les torches? Eteinte. Seul les bougies d'un luste près du haut plafond illuminait magiquement la salle.

Fait froid ici. lança le dragonnier.

D'un geste de la main, toute les torches s'allumèrent. Tendant sa main gauche vers la cheminée, il lança une boule de feu qui vint enflammé tout l'âtre. Le brasier s'appaisa un peu et de grosse flamme brûlait maintenant dans la cheminée.

Souriant, Marek se tourna vers les autres:

C'est pas mieux maintenant?

En effet, la température avait sensiblement augmenté.

La visite aboutit dans une grandiose sale de bal, où un silence pesant régnait. Comprenant qu'il s'agissait sans doute de conversations privées, la jeune femme ne chercha pas plus loin, et se mit à arpenter la salle, observant les somptueux décors, la tête ailleurs. Comme à son habitude, le monde autour d'elle semblait avoir disparu, sans pour autant inquiéter la grande rêveuse. Ses pensées divaguaient, venait et repartaient, comme les lourdes vagues d'une mer calme.
Alors qu'elle quittait ses rêveries, Leyra vit Marek devenir plus las, dans un monde à part. N'ayant pas l'habitude de le voir ainsi, la belle humaine s'approcha du dragonnier, une main sur son épaule.

"Ca va ? Tu sembles...ailleurs..."

La jeune femme n'insista pas plus suite à la réponse rassurante de Marek. Si il avait quelque chose à lui dire, il le lui dirait, elle en était certaine ; c'est pourquoi Leyra passa à autre chose. Moroes continua de leur faire visiter le manoir. Mais combien de pièces détenait-il ? Passant devant la cuisine, la magicienne salua les cuisiniers d'un signe de tête, pensant déjà aux bons desserts qu'ils pourraient leur servir plus tard.
Un escalier en colimaçon suivit d'un petit couloir les menèrent à la bibliothèque. Leyra se crut dans un rêve. Depuis sa plus tendre enfance, la lecture était une passion pour elle. Jamais elle n'aurait pu imaginée une aussi grande quantité de livres réunis dans la même pièce. Avec un geste émerveillé, l'humaine aux longs cheveux noirs effleura la tranche des livres qui paraissaient plutôt anciens. Elle se fraya un chemin, et continua à arpenter la bibliothèque. Reconnaissant un bouquin qu'elle avait redécouvert il y a peu, Leyra le tendit à Marek, un sourire éblouissant aux lèvres.
Sur la couverture était inscrit soigneusement : "Les trois Petits Dragons".

Hally se sentait toute petite dans ce manoir. Cette sensation ne fit que s'agrandir quand Morores leur montra la bibliotheque. Hally n'avait jamais immaginé qu'un jour elle verrait une si grande salle, remplit seulement de livre. Elle savait lire depuis peu, et était très pressée de voir si elle avait perdu un peu de se savoir. Elle s'avanca vers Marek et Leyra qui avait déjà un livre en main juste au moment ou un homme nommé Nielas Aran se presenta comme le bibliothécaire. Hally le salua, et demanda :

- Vous arrivez à vous retrouver dans tous ces livres ?? La salle est immense ! Il faudrait surement plus d'un vie pour tous les lire !

Samoth avait porté son intérêt total sur ces livres. Lui même avait presque vécu dans la bibliothèque de la capitale, Uru'baen. Il était familier aux bibliothèques grandes ou petites et à ce qu'elles contenait, mais était toujours agréablement surprit d'en voir de conséquente là où il ne s'y attendait pas. lui même avait lu beaucoup, autant sur la magie, sur l'histoire que sur tout ce qui attrait au monde, comme le permettait sa vie d'elfe, mais il était vrai que autant d'ouvrage étaient étonnant dans la demeure d'un seul homme. Bien que son intérêt pour cette salle fut transcendantal, l'esprit de Samoth ne put être indifférent à ce qu'il ressentit alors. Il tourna brusquement la tête. Marek, qui semblait certes tendu, parlait avec Myad sans paraitre pour autant désemparé. Le dragonnier du dragon à la couleur de crépuscule plissa les yeux, canalisant sa concentration. Il y avait quelque chose d'étrange autour de Marek, et pourtant, rien dans ce que le dragonnier captait de son esprit ou dans celui de Myad ne se trouvait en être l'origine. C'était comme une puissance magiques invisible, comme de la magie noire, à moins que ce ne soit du à la grande quantité que Samoth percevait, mais il était persuadé que cela venait d'ailleurs. Il allait questionner Marek qu'il savait également ressentir ceci - car de surcroit, c'était à Marek que cette énergie semblait s'intéresser -, si ce dernier savait ce qu'il en était, mais il répondait déjà à Myad qu'il n'y avait rien. Sans chercher à comprendre le silence de son ami, Samoth tenta de déplisser son front.

- C'est vraiment un belle bibliothèque.

Jetant un coup d'œil furtif au nouveau propriétaire de la demeure, Samoth envoya un message mental à ce dernier, message que lui seul pouvait entendre et comprendre, un message d'un discours implicite de par son intonation et sa tonalité.

* Marek... *


[PS : Marek, belle imitation de l'accent allemand]

[C'était plus russe que j'ai voulu^^ Mais va rouler les r en écrivant toi^^ rlrlrlrlr? ça fait murloc^^]

Nielas Aran souria à Hally. Des vies? Il en avait une bonne dizaine devant lui!

Oh ye ne peut pas me venter d'avoirrrr déjà tout lu c'est vrrrrai! dit-il.

C'est alors que Marek entendit la voie de Samoth résonné dans son esprit. Le Chef de l'Alliance savait de quoi son ami voulait parler. Mais comme à Leyra, il ne pouvait rien lui dire. Alors il fit mine de ne pas comprendre:

*Oui?*

Samoth resta un instant dubitatif. Il transmit d'ailleurs sa perplexité à Marek par une vague de sensation magiques. Cependant, il savait que Marek ressentait ce qui se passait, et qu'il avait compris où Samoth voulait en venir. S'il feignait de ne pas comprendre l'implicite question du dragonnier, c'est qu'il y répondait en fait en affirmant savoir ce qu'il en était. S'il ne voulait pas en parler, c'est que ce ne devait pas être si grave, et que le chef de l'alliance maitrisait la situation. Ainsi Samoth respecta-t-il ce choix, en un soupir tout de même révelateur.

* Non, rien... *

Reportant alors son attention en faisait fi de ce qu'il ressentait autour de Marek, le dragonnier observa les grades étagères de bois qui soutenaient de nombreux livres. Samoth se souvint alors de sa longue éducation qu'accueillit sa jeunesse, et se remémora ainsi une discipline que seul peu d'ouvrage de la bibliothèque d'Uru'baen, ou des autres qu'il avait visité, détaillaient. Il s'agissait de l'ouranomancie. L'étude magique des cieux pour en retirer les messages énergétiques. Pour une étrange raison, il semblait que ces ouvrages avaient été détruits ou perdu dans l'histoire, si bien que les rares livres qui en parlaient la mentionnait plus que ne qu'ils ne l'expliquaient. Le dragonnier resta un moment muet et songeur, se replongeant dans son passé pour y revoir tout ce qui correspondait aux indices de cette science disparue. Quoi qu'il en fut, il devait se lancer. Peut-être est-ce que personne dans cette pièce, ni même le bibliothécaire, ne connaissait cette discipline, ne serait-ce de nom, mais ça n'importait pas.

- Nielas, appela d'une voix forte le dragonnier.

Samoth resta un moment sur une phase d'hésitation, mais son interlocuteur en savait peut-être plus que lui.

- Auriez vous l'obligeance de me dire si cette salle contient des ouvrages concernant l'ouranomancie ?

Myad grimaça, sa bouche de rose tordue par l'hésitation. Elle mourrait d'envie qu'on lui dise le titre de ce livre, et ce qu'il contenait, mais elle aurait l'air fin, l'elfe de haut lignée qui ne savait pas lire !... La jeune femme se laissa choir sur un épais et moelleux fauteuil écarlate, et feuilleta les pages, fascinée. Une peinture apparut soudain sous ses yeux, et son visage se durcit.

La légende disait "Les jumelles Jian et Niaj". Il était ajouté une note "An mille neuf. Chacune est Gardienne d'une force opposée. Elles s'entretueront pour la guerre ou la paix (p. 420)"
Page 420.

La ressemblance entre elle et les deux femmes la troubla. Un visage, un corps, une expression... L'une était trop blonde, trop pure, trop innocente, et l'autre trop sombre, trop froide, trop terrible, mais on ne pouvait nier la coïncidence.

*Marek, dis-moi, quel est le titre de cet ouvrage ? Un livre sur la magie ? Regarde ces femmes. On pourrait jurer que ce sont mes soeurs. C'étaient des Gardiennes, elles aussi ! Mais elles sont deux. Tu vois ?*

Les pensées de Myad étaient pleines d'excitation. Elle trouvait un livre qui parlait de ce qu'elle était ! Elle aurait pu embrasser le bibliothécaire pour une telle découverte.

- Qu'en penses-tu ? demanda-t-elle à Hally. On dirait des copies conformes, mais elles sont si différentes... C'est troublant, je trouve.

Hally remarqua la legère grimace que fit Aran quand Samoth lui parla de cet art. Ce n'était apparament pas ce qu'il preferait comme art, mais ne fit aucun commentaire. Elle voulut demander ce que c'était cette chose, mais Myad lui parla. Elle lui demanda si elle trouvait elle aussi que la ressemblance entre l'image de deux femmes était troublante. Hally regarda fixement l'image pendant un petit moment, et acquiesça. C'est vrai qu'elle se ressemblaient, mais elles ressemblaient aussi beaucoup à Myad. Hally leva la tête vers elle et lui repondit :

- Elles se ressemblent c'est vrai, mais bizarrement, elles te ressemblent aussi ! Mais vous etes tout aussi differente que pareil. On voit bien que ces deux femmes sont differente, mais tout en étant identique.

Hally remarqua que ce qu'elle disait n'avait pas de sens. Il en avait pour elle, elle se comprenait, mais ce restait du n'importe quoi ! Elle demanda en fin de compte à son amie :

- Ce livre parle de quoi ??

L'ouranomncie. Ainsi cette bibliothèque en comportait des ouvrages. Avec un peu de chance, si ce manoir était assez vieux pour avoir connu la période de trouble historique - dans laquelle les références à l'ouranomancie avaient été perdue - sans en avoir été atteinte, il se pouvait que ce soit ce que Samoth recherchait. Une chance inespérée. N'écoutant alors plus que son instinct, le dragonnier se dirigea là où le bibliothécaire l'avait indiqué.

* Quatrième rangée, tout en haut à gauche *, se répéta mentalement Samoth.

Le dragonnier monta sur une estrade de bois qui l'éleva au niveau des ouvrages qu'il avait longtemps cherché.Des ouvrages d'un enseignement magique qui n'était plus transmis depuis longtemps. Si ceux-ci contenait vraiment un enseignement et que Samoth y consacrait du temps, il pourrait alors probablement apporter de nouveau à l'histoire de la magie des éléments disparus jusqu'alors. Cela était important, mais en en faisant abstraction, c'était pour une curiosité et une attraction personnelle qu'il voulait apprendre à se mettre ne relation avec la magie des cieux. Il tira les trois livres qui s'y référaient, vérifiant bien qu'il n'y en avait pas d'autres, puis redescendit de son perchoir. Absorbé alors par les trois manuscrits, les ouvrant un à un pour en lire les titres et les avants propos, il lui sembla que l'un de ses livres était, par une heureuse providence, un livre de base élémentaire d'enseignement de cet art. Les conseils du sage qui enseigna jadis à Samoth lui revinrent alors à l'esprit. On l'avait mis en garde contre ce qui était perdu parfois pour de bonne raison, lui disant que certains savoirs menaient plus à la corruption qu'à la libération. Si cela pouvait s'appliquer ici, Samoth l'ignorait, et savait que, étant allé jusque là dans sa démarche, il ne pouvait reculer. Il regarda alors les deux autres livres, ceux-ci semblant être de la même ouvre, et portant plutôt sur une étude historique de certaines puissances liée à la maitrise de l'ouranomancie. Samoth ignorait, en ce premier regard, quels pouvaient être le réel sens de tout ceci, mais il songea que,se trouvant dans le manoir de Marek, il pourrait probablement emprunter. Il sentit alors l'intérêt que semblait porter la curiosité de Hally sur les livres que venait de prendre Samoth. Ce dernier y répondit alors de son mieux par pensée.

* L'ouranomancie est une science d la maitrise de la magie qui est parfois considérée comme un mythe, car on n'en a gardé que très peu d'éléments officiels en Alagaësia. Cette science consiste à compréhension et l'optimisation d'un lien entre un individu et la magie générale, et notamment la magie plus fine, que l'on peut percevoir dans le ciel, mais que personne ne peut utiliser. *

Il tourna alors successivement son regard sur Marek et Nielas. S'adressant alors impersonnellement, sans savoir si la décision appartenait plus au bibliothécaire qu'au propriétaire de la demeure, il prit la parole.

- Pourrais-je emprunter ces trois livres ?

Samoth avait du voir qu'elle voulait savoir ce qu'était l'ouranomancie car il lui expliqua du mieux qu'il pu. Hally comprit que cet art était bien trop complipour être expliqué en quelques mots et se contenta donc de cette explication. Si jamais l'envie lui prenait de vouloir comprendre vraiment ce qu'était cet art, elle savait à qui s'adresser, c'était le principale.

- Merci pour l'explication Samoth !

Après un sourire de remerciement, Hally tourna de nouveau la tête vers le livre que Myad avait ouvert, et regarda l'image de deux femmes en attendant la reponse de la jeune femme.

La jeune femme s'était maintenant éloignée du reste du groupe, plongée dans la contemplation des nombreux bouquins qui s'offraient à elle. Cette bibliothèque était si grande qu'elle en paraissait irréelle. Leyra marchait à petits pas, regrettant de n'avoir pas assez de temps pour lire tous les ouvrages. Alors qu'elle se baladait entre les rayons, la tranche d'un livre qui ressemblait fortement à un grimoire attira l'intention de la magicienne ; d'un rouge flamboyant, le dos semblait à la fois précieux et banal. Repérant une longue échelle un peu plus loin, Leyra gravit quelques barreaux pour l'attraper. Une fois le livre entre les mains, la jeune femme caressa la couverture du bout des doigts, intriguée par cette mystérieuse force qui l'avait poussée à regarder ce livre de plus près. Avec une infinie douceur, Leyra ouvrit le livre, dévoilant des pages jaunies par le temps, ornées de belles lettres manuscrites. De toute évidence, il s'agissait d'un récit écrit entièrement en ancien langage. Plongée dans l'écriture fine, la magicienne descendit peu à peu de l'échelle de bois, manquant de justesse de tomber par deux fois.
Elle s'assit contre une étagère, et dévora le grimoire, silencieuse et isolée.

Quand Myad lui parla de Gardienne, et dit qu'elle était elle même l'une d'elle, Hally fut étonnée. Jamais elle n'avait entendue parler de Gardiennes... Et encore moins que l'une de ses amies en était une. Hally avec un air aussi serieux que Myad lui demanda :

- Que signifie Gardienne ? Enfin je veux, dire, qu'es-tu censé faire en tant que Gardienne ?