La rumeur commença d'enfler doucement, les Premiers Hommes, les Premiers Hommes arrivent ! Merde. Tous ces gens ici, tous ces alagaësiens, comment est-ce que tout le monde allait s'en sortir ? Mais, c'était peut-être l'habitude de vivre dans un pays occupé, car nombre des gens ici refusaient l'autorité du Premier Empire, mais malgré la panique les fêtards se dispersèrent avec une remarquable efficacité. Comme si tout le monde, tout du long, n'avait considéré tout ça que comme une bulle de normalité et de passé qui allait éclater d'une seconde à l'autre.

-Laïaga !

J'entendis la voix de la jolie rousse en laquelle s'était déguisée Ellen', presque couverte par le tumulte.

-Là ! répondis-je en criant.

Je fendis la foule à contresens en essayant de ne jeter personne par terre. Nous étions trop près des Failles d'Urû'baen pour utiliser notre magie pour nous enfuir. Brisant la vague des participants qui s'égayaient comme une volée d'étourneau, j'attrapai fermement le bras d'Ellenwen avec soulagement.

-J'ai laissé mon cheval pas trop loin d'ici, viens.

Dire qu'il y avait des jours entiers à Ellesméra où je m'ennuyais et ne trouvais rien qui m'occupasse...


Popol attendait sagement où je l'avais laissé, là où les décombres qui encombraient les anciennes routes devenaient trop denses pour qu'il avance. Nous nous approchâmes en silence, après avoir longuement observé les alentours.

-Comment ça va mon vieux ? Pas trop ennuyé ?

Le cheval de trait hennit, je lui fis un « chut » en regardant à nouveau autour de nous. Il ne payait vraiment pas de mine, avec ses pattes épaisses et poilues, mais il devait vraiment avoir pris le pli de mes coups de pouce magiques, car même une fois Ellen' et moi installés sur son dos, il fila à une allure tout à fait impressionnante, et c'est ainsi que nous nous enfouîmes de la ville.